Saintelyon 2011, pari fou ou réaliste ?
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Réponse de christine57 sur le sujet Re: Saintelyon 2011, pari fou ou réaliste ?
Posted il y a 12 ans 11 mois #137016
QUEL C.R bravo !
par christine57
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- Mimil
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Réponse de Mimil sur le sujet Re: Saintelyon 2011, pari fou ou réaliste ?
Posted il y a 12 ans 11 mois #137076
La Saintelyon, .... par où commencer ?
Si je vais au bout des choses, ça doit remonter à fin 2008. Et oui, déjà 3 ans. J'avais complètement arrêté le sport depuis 1 an à cause d'un nouveau boulot très prenant dans lequel je mettais toute mon énergie. J'ai fait alors un footing avec Guigou, sur le mont Saint Claire, un soir d'Octobre, qui m'a mis face à la dure réalité : je n'avais plus rien dans les baskets, le cardio avait explosé et je m'étais fait une entorse. Quand on a été sportif toute sa jeunesse, ça fait bien mal de voir que le corps n'est plus aussi performant.
Pour se motiver mutuellement avec Guigou, on fait le raid du Cognac 2009, à 3 avec un super pote et on se fixe la Saintelyon comme objectif pour la fin d'année. N'ayant jamais fait d'ultra, mais déjà un marathon, on voulait plus que 42km, mais que ça reste "raisonnable" (68km, de nuit, en décembre, est-ce bien raisonnable ?). Malheureusement, ça ne se fera pas, à nouveau à cause du boulot (mutation aux Pays bas fin 2009). Et je sombre à nouveau dans le néant du sport pour un an (Guigou la fera en 2010 avec brio).
Début 2011, je reprends le sport. Pour éviter de me mettre la pression, je coach ma femme qui se met très sérieusement à la course à pied. Je fais 3 entrainements par semaine, au feeling, sans chrono, pour le plaisir et pour ne pas être largué non plus !
Après un semi bien sympa, madame commence à parler du marathon d'Amsterdam en Octobre. Je n'avais plus envie de courir un marathon. Ma seule expérience sur 42km, en 2006 à Londres, restait un mauvais souvenir. J'avais explosé à 2 km de la fin alors que je partais avec la ferme intention de faire 3h30. J'étais si près du but pourtant !! J'ai vécu ça comme un gros échec personnel qui me ronge encore aujourd'hui. Par contre, ne pas faire un marathon pour moi, mais pour elle, ça changeait le donne et on s'est lancé, à deux, dans l'aventure qui s'est d'ailleurs très très bien passée.
Et comme la Saintelyon était 7 semaines après le marathon, je me suis dit que ça tombait très bien dans le calendrier. Ma femme comprendrait bien les longues heures d'entrainement à venir.
En Septembre, c'était fait, j'étais inscrit pour la Saintelyon 2011 avec juste l'envie de me surpasser et peut-être " d'effacer" le marathon de Londres 5 ans plus tôt. J'avais beaucoup d'interrogations, d'où l'origine de ce post. Mais j'ai reçu de nombreux conseils qui m'ont vraiment facilités la préparation physique et logistique. Encore merci à tous.
Je ne vais pas reparler de cette préparation qui s'est bien passée, avec un plan basé sur l'entrainement pour les "super trail" du site, avec 4 séances hebdo. La différence notable restait le manque de dénivelé et de séances "offroad". J'ai tenté de compenser avec des montées de cages d'escalier, de ponts d'autoroute, mais les pays bas, c'est plat ! Ça confirme ce que disait Guigou, à savoir qu'il n'est pas indispensable d'être un vrai montagnard pour faire la Saintelyon. Il faut, à mon avis, être surtout endurant pour tenir de longues heures en courant, surtout sur le bitume des 15 derniers kilomètres.
En tout cas, j’ai bien vécu ces 16 semaines. Contrairement à la prépa marathon pendant laquelle j’avais stressé à la moindre entorse au plan ; cette année, c’était sérieux, copieux, mais détendu. Ca change beaucoup l’état dans lequel on appréhende la course.
Donc me voilà, fin prêt, avec 6 kg de moins, avec tout le matos qu'on m'avait recommandé et toute la logistique que je pouvais prendre dans mon sac à dos avant le départ : tapis de sol, duvet, musique, lecture, à boire, à manger, choix des vêtements pour s'adapter aux changements de météo de dernières minutes, etc .... (Moi qui avait peur des 5kg exigés par l'organisation, j'ai vu des sacs encore plus gros que le mien !).
Le Jour J
Après un long périple de 9h j'arrive vers 17h30 au parc des expo avec quelques autres futurs compagnons de souffrance que j'avais croisés dans l'un des nombreux trains que j'ai pris pour me rendre à Saint Etienne (4 trains + 1 tram).
Il n'y qu'à suivre le flot, comme chez Ikea, on n'a pas le choix, on passe par la case départ où on récupère la puce et le dossard, sans aucune attente, et on visite tous les stands des sponsors, avant de trouver un petit coin tranquille dans le Hall B presque vide à cette heure-là de la soirée. J’ai même vu au passage Kilian Jornet, si frêle et si jeune !!
Le petit repos était de rigueur, mais je n'ai pas pu vraiment dormir et c'était encore moins possible au fur et à mesure que le hall se remplissait de 5000 fou furieux (j’ai lu 5000, 7000 et 10000, je ne sais pas combien on était, mais y’avait du monde). Je me joins à la pasta party que j'ai trouvé un peu légère, un "petit plat" de pates et une clémentine. J'avais faim après ça ! Heureusement que mon sac était bien rempli (yaourt au riz, banane), j'ai pu compléter. Mais je m’exposais tout de même au risque d’une mauvaise digestion avant la course ; heureusement pas de souci de transit.
Après je me suis gentiment laissé prendre par l’ambiance avec ces personnes qui s'habillaient dès 20h. Je ne comprenais pas pourquoi si tôt et ça m'a légèrement stressé. Ah tiens, celui-là il met des guêtres, et lui il part en tee-shirt, et ces bas de contention est-ce que ça marche vraiment ?? Et lui jure qu'il ne ferait plus jamais la course avec chaussures de trail. Un peu de doute sur le matos, mais je colle à ce que je m'étais fixé. Une sous couche ML + veste Gore softshell windstopper, chaussures trail (Adidas Riot), gant, bonnet, cycliste long. En bon débutant je mets tout de meme la Nok avant le sparadrap qui ne collera jamais !
A 22h, je ne tiens plus et m'habille, même si le départ est encore loin. Mais j'ai bien fait, car je n'avais pas prévu que tout le monde parte pour une marche de 20 minutes à 23h pour aller sur le point de départ (nouveau cette année si j’ai bien compris). Apres le départ des relais à 23h45, je m'aperçois que je suis proche des premiers, c'est cool, je vais peut-être éviter les bouchons et les bourbiers.
L'attente est un peu longue sous la pluie. Mais c’est pas grave, rien ne peux m’atteindre, ça fait 3 ans que j’en parle de cette course. Mes voisins de galère ne sont pas très causants, ils semblent tous se connaitre et je reste seul dans ma bulle. L'ambiance est presque calme, je m'attendais à plus de bruit, de cris. Seuls les 10 premiers mètres répondent au speeker ; les autres 500m derrière moi n'entendent pas grand-chose. Pour moi, le départ devait être quelque chose de sensationnel, mais pas cette année apparemment. Tant pis, ça ne fait rien, je ne suis pas là pour faire la fête, non plus !!
Départ 5 minutes, je regarde une dernière fois mon plan de course, avec temps de passage: objectif 8h42. C'est précis, c'est Softrun qui me l'a dit !! Et en bon geek, j'avais fait plein de stats sur les résultats des années passées, en prenant les moyennes de tous les coureurs finissant entre 8h30 et 9h, en recoupant avec d'autres perf des mêmes coureurs pour tenter de confirmer ces 8h42. Ca semblait réaliste comme objectif. Et cette fois, je m'étais promis de ne pas sombrer dans la déception si je ne tenais pas le chrono, je voulais finir avant tout.
Depart – St Christo
U2 à donf et c’est parti, enfin ! Je ne suis pas encore dans mon assiette, j’ai chaud, la capuche me gêne et il pleut à peine, j’ai déjà l’envie d’un arrêt pipi et je me fais dépasser de tous les côtés. Mais je savais que je devais partir à 11km/h sur le plat, alors je m’y tiens à la virgule près. Le plat, le plat …. c’est vite dit, dès le premier kilomètre, une bosse, et une seconde, pfiou, je ne m’y attendais pas, ça commence direct et moi qui pensais me chauffer tranquillement. C’est finalement la partie que j’ai le moins aimée de toute la nuit.
Après le 7/8eme kilomètres, je décide finalement de faire mon arrêt pipi, un peu de boisson, de pâte de fruit et là j’ai vraiment commencé la course. Les chemins devenaient plus étroits et on a commencé à voir la gadoue, YES !! Enfin !! Ça glisse, ça dérape, les appuis sont difficiles dans cette montée, mais enfin on est dans le vif du sujet.
La ville n’est plus là, il n’y a plus de lumière ni à gauche, ni à droite, mais seulement devant et derrière, formant ce long serpentin blanc dans la nuit, génial cette vision ! Mais pas le temps de faire du tourisme, il faut y aller. Je suis les conseils et arrête de courir pour marcher d’un bon pas dans les cotes raides. Tout va bien, je suis en pleine forme et je profite pleinement de ce début de course.
Arrivée à St Christo à 1h35 (1h45 prévu / -10min). Attention, il ne faut pas se griller, mais qu’est-ce que je suis bien ! Comme prévu, je ne m’arrête pas. J’avais une banane dans le sac que je prends en marchant pour éviter la cohue de ce ravitaillement très très chargé. Il y a beaucoup de monde pour nous encourager, c’est bien sympa.
St Christo – Moreau
On m’avait dit de profiter et c’est ce que je fais. Je n’ai aucune douleur, aucun signe de fatigue, j’avance avec plaisir. Evidemment, ça monte, ça glisse, les pieds trainent parfois dans 10 cm de gadoue, on me double, je double, mais je suis là pour ça, je veux en baver.
Une des montées vers l’hôpital nous amène sur un plateau bien exposé aux éléments, il pleut et le vent souffle fort. Que je suis content d’avoir ma capuche et une bonne veste. Moi qui avais chaud au début, je suis ravi de me sentir protégé. Je plains ceux qui sont partis en tee-shirt.
Et un peu plus loin, au milieu de nul part, une trentaine de personne, exposée également à ce vent, qui chantent, jouent du tambour, secouent des fumigènes. Ils sont fous eux aussi, mais que ça fait plaisir de les entendre nous supporter.
Un peu avant Moreau, j’ai une révélation sur cette course : la descente. On n’y avait pas encore gouté depuis 2 heures. Mais les premières pentes se dessinent devant nos faisceaux de lumière et je vois que, devant moi, ça hésite, ça glisse, les trajectoires sont désordonnées. Je reste derrière pour ne pas doubler stupidement et risquer une chute. Mais je m’aperçois que ça fait mal aux cuisses de retenir le poids de son corps à chaque pas. Alors dès que ça se dégage un peu devant moi, je laisse aller et je déroule. Je déroule tellement que je cours vite, bien plus vite que je ne l’imaginais, surtout dans les descentes boueuses. Mais je m’éclate complètement, je suis comme un gamin, un appui à gauche, un autre à droite. Le pied !! Evidemment c’est un effort intense de concentration pour anticiper chacun de mes appuis 5m à l’ avance. D’ailleurs, ça m’énerve quand quelqu’un se décale juste devant moi, cachant le relief. Je me tords 3 fois les chevilles sur la course et toujours dans ces circonstances, mais sans gravité, ça a tenu bon.
Arrivée à Moreau en 2h19 (prévu 2h35 / -16min). Je vais trop vite ! Pourtant je ne sens pas que je force. Je viens de passer le gros de la montée que je craignais avec mon manque de préparation montagne. C’est difficile de rationnaliser et de contrôler son effort quand on est bien. Je ne m’arrête pas, je fini ma moitie de banane en marchant et évite à nouveau la cohue un peu moins importante, tout de même, qu’ à St Christo.
Moreau-St Catherine.
Ce descend, c’est le pied, je déroule et déroule et commence à doubler de partout. Seul les relais me passent devant. Que c’est grisant de griller des places.
Tout va pour le mieux, je continue, je ne sens pas de fatigue, je profite, j’ai la pêche.
Arrivée à St Catherine à 2h53 (3h16 prévu / -23min). Je gagne encore du temps … Je me dis que cette vingtaine de minutes me sera utile si je craque sur la fin, ça sera ça de gagné. Il faut gérer maintenant, ne surtout pas se griller et rester en forme jusqu’à Soucieu. On m’a dit que c’est là que ça commence pour de vrai !!!! Facile à dire ! Comme si les 50km passés ne comptaient pas !
Je m’arrête une petite dizaine de minutes, comme prévu. Je m’étire, ressers les lacets, mange, bois et profite de la bonne ambiance des bénévoles et envoie un texto rapide a madame. Il y a du monde, mais c’est tout à fait gérable. Il y a de quoi manger, boire pour tous les gouts, il fait même chaud sous la tente. Et je trouve ce qui me fait envie : banane + coca, ça restera mon alimentation à chaque ravitaillement jusqu’à la fin.
Ste Catherine – St Genoux.
C’est reparti, la digestion est un peu difficile et 30 minutes me seront nécessaires pour ne plus sentir de gêne. Ensuite, il n’y a qu’à lire ce qui précède, je continue sur ma lancée et dévale les pentes comme un fou. J’entends des commentaires négatifs : « il ne va pas aller bien loin ce lui la ! », « le fou, tu paries qu’on le retrouve sur le côté, la cheville en vrac ? ». Mais rien n’y fait, j’ai découvert que j’aimais la descente, alors je descends à fond. Je fais tout de même, bien attention à ne pas bousculer, ni faire tomber ; quand ça bouchonne, je patiente, je ne m’inquiète pas du chrono.
Et cet épouvantail, le bois d’Arfeuille, je n’ai pas réalisé que j’y étais !! Je voyais que ça descendait, mais j’en avais tellement peur que je m’attendais à pire. En regardant la trace GPS, j’étais à 10/11 km/h dans cette descente. Apres coup, je me dis que j’ai peut-être eu du bol de ne pas me blesser !
Arrivée à St Genoux à 4h06 (4h31 prévu / -25min). Encore du temps de gagné. Tant pis, je continue. Je marche au ravitaillement et mange ma banane/coca. La fatigue commence à se faire ressentir pour la première fois. Je n’avais jamais couru aussi longtemps auparavant, déjà 4h de course ! Mais les jambes tiennent bon. Je ne pense même pas au temps final. Je sais bien que si ça continue, je peux accrocher la Sainte de bronze, mais je me refuse d’y croire, rien n’est fait, je n’en suis même pas à la moitie.
St Genoux-Soucieu
The descente !! A donf, a donf tout du long. Si je prends les 11km de descente jusqu’à Le Garon, (et sans la pose du ravitaillement), j’étais a plus de 12 de moyenne avec des pointes à 14. Comment j’ai fait ? Je n’en sais rien ! Je laissais aller le poids du corps sans tenter de me retenir et ça a tenu. J’ai découvert après coup que j’avais pris 200 places sur cette portion.
Depuis Ste Catherine toute cette partie est assez isolée, je trouve, calme, sans trop de spectateurs, dans le bois. C'est l'aventure nature que je cherchais. On est seul avec soi-même, dans la nuit. Mais on commence aussi à voir des blessés sur les côtés, des malades. La fatigue est là, ça devient plus difficile pour tout le monde.
Arrivée à Soucieu à 4h55 (5h38 prévu / -43min). Là, je suis très surpris par le chrono. Sur le coup je me dis que le ravitaillement est plus tôt que sur la carte. Mais on me confirme que tout est à sa place, comme chaque année. Ça devient dur de faire des maths après 5h d’effort. D’ailleurs, je refuse à nouveau de vraiment affiner mes 3 additions et continue d’avancer en me disant que si je craque avant la fin, je pourrai finir en marchant tout en faisant un bon temps.
Je fais à nouveau une pose d’une petite dizaine de minutes avec étirement, banane+coca. Je tente le salé avec un mini sandwich petit pain brioché/viande de grison que je m’étais préparé volontairement pour ce ravitaillement. Sans saveur, je l’avale et repars. Il y a une foule impressionnante pour une heure si tardive (ou si matinale). Chapeau à tous ces courageux bravant la nuit pour nous encourager, ça booste et donne le moral pour continuer. Car la portion à venir est longue, la plus longue du parcours je crois, 13km avant Beaunant. Je repars un peu inquiet.
Avec le recul, je réalise que jusqu'à la, c'est les longues semaines d'entraînement qui ont payé. Mais pour la suite, et jusqu'à la fin, c'est tête qui prendra le dessus pour suppléer les faiblesses du corps.
Soucieu-Beaunant :
On m’avait dit de rester frais jusqu’à Soucieu. Foutaise ! J’ai déjà tapé dans pas mal de réserve. Ça devient dur ! Je fatigue, je n’ai plus la même aisance que sur les 3 premières heures. Mais les jambes semblent encore tenir le choc, je suis juste fatigue de me concentrer sans cesse sur ce petit spot de lumière de 60cm devant mes yeux. Et finalement, le changement de revêtement avec plus de bitume, moins de grosses descentes, me permet de me reposer un peu la tête et les jambes par rapport aux 2 dernières heures depuis Ste Catherine.
Je sens que j’avance moins vite, les faux-plats montants, après le Garon, sont difficiles. J’aimerais bien marcher, mais la pente n’est pas si terrible, ça ne serait pas une bonne excuse, alors je continue à courir, mais avec moins d'entrain. En plus, il y a moins de coureurs, je suis d’avantage isolé dans ces rues vides. J’ai pourtant la chance de me faire dépasser par 2 coureurs qui ont l’air de bien gazer. Je m’accroche et finalement j’arrive à les suivre sur les deux bosses de cette portion. Dans la descente vers Beaunant, je pars devant et les laisse quelques minutes derrière moi.
Arrivée à Beaunant à 6h16 (7h11 prévu / -55min). Incroyable !!! J’ai encore augmenté mon avance. Comment c’est possible ? Pourtant j’ai ralenti. Je me refuse de me torturer l’esprit, pas de math après tant d’effort, je sais simplement que je suis proche d’une grosse perf. Surtout ne pas craquer et ne pas crier victoire trop vite. Je ne veux pas revivre ces 2 derniers kilomètres du marathon de Londres en marchant épuisé, vidé, lessivé.
Beaunant – Lyon
Je retrouve mes 2 compères qui me rattrapent au pied de Ste Foy les Lyons. Ils ont l’air de connaitre, on monte en marchant (comme tout le monde !), mais vite. On dépose beaucoup de monde. Je m’accroche, les cuisses tiennent. ils vont vite mais arrivent même à discuter. Je leur demande où on est et ce qui nous reste à faire. Ils ont fait les maths à ma place et me confirme qu’il reste 10km. C’est quoi 10km ? Facile, non ? Ils plaisantent sur leur perf sur cette distance – 38min !! Ou lala, je me dis que c’est des cadors et que je ne pourrais pas les suivre jusqu’au bout. Avec mes 41min et quelques secondes d’il y a 5 ans, vent dans le dos, je suis loin de leurs niveaux. Mais ils me confirment qu’on tient la Sainte d’argent si on force un peu ! Quoi, qu’est-ce qu’il raconte le monsieur, Sainte d’argent ? Je reste scotché, je ne rêve plus, je suis à moins d’une heure de la course de ma vie. Je retrouve une énergie venue d'ailleurs et dans le faux plat, en haut de Ste Foy, je laisse mes compères d’une nuit. Ils ne suivent pas. Je suis trop fier de lâcher des gars qui sont plus forts que moi.
Une descente à nouveau, yes, je vais pouvoir attaquer ….. et non, c’est fini ce petit jeu. Je ne peux plus faire le fou. Mes cuisses sont cramées, je ne peux plus jouer, je suis cuit. Je m’accroche pourtant à une demoiselle qui descend vite et malgré tout, je double encore du monde.
Arrivée à Lyon à 6h52 (8h08 prévu / -1h16). Je viens de gagner 20minutes ! Pfouf, au point où j’en suis, j’abandonne les explications rationnelles. De toute façon, il n’y a plus aucune logique dans mon temps. Et ce n’est pas après 7 d’heure d’effort que je vais philosopher sur quoi que ce soit. Que c’est bon pour le moral en tout cas. Je souffre, mais je vais quand même assez vite et je laisse la demoiselle derrière moi dès qu’on arrive sur les quais.
Lyon- Palais des Sports.
Je le savais, on m’avait prévenu, la fin, c’est un vrai calvaire. Ces derniers kilomètres sont interminables. Mais je suis là parce que je l’ai voulu, il faut assumer mes conneries.
Tout dans mon corps me crie d’arrêter. Je sais que je vais faire un super chrono quoi qu’il arrive. Alors moins de 8h, c’est déjà impensable et tellement génial. Mais je pense à tout ceux qui me sont chers pour m’arracher, les enfants, ma femme, la famille, les copains qui je sais, m’ont suivi une partie de la nuit sur internet. Je ne leur ferai pas le coup de marcher une deuxième fois sur une fin de course. Je vais finir en courant pour eux (et pour moi aussi quand même !!). Cette fois je savais que je gagnais cette bataille intérieure contre moi même. Je me demande même si ce n'est pas juste pour ce moment sur les quais, terrible et genial a la fois, que j'ai fait cette course.
Arrivée en 7:19:34 (8h42 prévu/ -1h23). 379eme au scratch ! Je n’y crois pas, c’est impossible ! Mais si, mais si, je l’ai fait. A peine passée la ligne, je réveille ma femme et je pleure comme un enfant au téléphone. Toute la tension s’évacue, j’ai mal partout, mais quelle joie immense.
Je retrouve mes deux compères qui finissent en 7h27 avec une bière à la main. Qu’elle est bonne cette bière. Une des meilleures de ma vie. C’est bien la première fois que je me donne autant de mal pour savourer une bière, mais que ça en valait la peine.
Je récupère mon tee-shirt de Finisher, que je ne vais plus quitter pendant plusieurs jours à mon avis. Qu'il est beau ! Il n’est pas né celui qui me le piquera !!
Je prends une douche dans un des vestiaires plein de boue et rentre directement à la maison après 8h de train. Quelle joie de retrouver la famille et de partager ce bonheur avec eux.
Ce que je retiens :
• Course inclassable, ni course sur route, ni trail, ça ne ressemble à rien d’autres, c’est juste la Saintelyon.
• Rien à dire sur l’organisation, le publique, la gentillesse des bénévoles à n’importe quelle heure de la nuit, je n’ai eu que du bon.
• L’alternance de bitume/chemin entre Sorbiers et Soucieu, le vrai panard, c’était varié, je me suis régalé sur ces 40km.
• Les descentes !!! J’adore ça, c’est une révélation pour moi.
• La dernière côte de Ste Foy, c’est là que j’ai compris ce que je réalisais, j’en ai oublié les 20%.
• Le matos, gestion des ravitaillements, tout parfait
• Banane + coca
• J’ai enfin effacé mon échec du marathon de Londres.
• Le soutien de mes proches avant et leur fierté après la course.
• Evidement immense fierté personnelle d’avoir fait une telle course. Même dans mes plus beaux rêves, je ne pensais pas à un tel chrono. Je ne comprends toujours pas d’ailleurs. Mais ce n’est pas grave, je savoure.
Ce que j’ai moins aimé
• Les douches dans un état déplorable avec de l’eau presque froide.
• Le bitume à la fin et ces quais interminables. Mais ça fait partie de la Saintelyon, tout le monde sait que c’est long et difficile à la fin.
• L’ambiance relativement calme des coureurs. Je n’ai pas trop ressenti de joie ambiante. Je m’attendais à mieux.
• Mon sac était bien trop plein, pour rien. Je n’ai pas mangé la moitié de ce que j’avais. On m’avait prévenu pourtant de limiter les victuailles !!
• En lisant des CR, j’ai l’impression que les chronos et classement étaient affiches à chaque check point, mais je n’ai jamais rien vu. C’est peut être mieux ainsi ![/i][/i][/size]
Si je vais au bout des choses, ça doit remonter à fin 2008. Et oui, déjà 3 ans. J'avais complètement arrêté le sport depuis 1 an à cause d'un nouveau boulot très prenant dans lequel je mettais toute mon énergie. J'ai fait alors un footing avec Guigou, sur le mont Saint Claire, un soir d'Octobre, qui m'a mis face à la dure réalité : je n'avais plus rien dans les baskets, le cardio avait explosé et je m'étais fait une entorse. Quand on a été sportif toute sa jeunesse, ça fait bien mal de voir que le corps n'est plus aussi performant.
Pour se motiver mutuellement avec Guigou, on fait le raid du Cognac 2009, à 3 avec un super pote et on se fixe la Saintelyon comme objectif pour la fin d'année. N'ayant jamais fait d'ultra, mais déjà un marathon, on voulait plus que 42km, mais que ça reste "raisonnable" (68km, de nuit, en décembre, est-ce bien raisonnable ?). Malheureusement, ça ne se fera pas, à nouveau à cause du boulot (mutation aux Pays bas fin 2009). Et je sombre à nouveau dans le néant du sport pour un an (Guigou la fera en 2010 avec brio).
Début 2011, je reprends le sport. Pour éviter de me mettre la pression, je coach ma femme qui se met très sérieusement à la course à pied. Je fais 3 entrainements par semaine, au feeling, sans chrono, pour le plaisir et pour ne pas être largué non plus !
Après un semi bien sympa, madame commence à parler du marathon d'Amsterdam en Octobre. Je n'avais plus envie de courir un marathon. Ma seule expérience sur 42km, en 2006 à Londres, restait un mauvais souvenir. J'avais explosé à 2 km de la fin alors que je partais avec la ferme intention de faire 3h30. J'étais si près du but pourtant !! J'ai vécu ça comme un gros échec personnel qui me ronge encore aujourd'hui. Par contre, ne pas faire un marathon pour moi, mais pour elle, ça changeait le donne et on s'est lancé, à deux, dans l'aventure qui s'est d'ailleurs très très bien passée.
Et comme la Saintelyon était 7 semaines après le marathon, je me suis dit que ça tombait très bien dans le calendrier. Ma femme comprendrait bien les longues heures d'entrainement à venir.
En Septembre, c'était fait, j'étais inscrit pour la Saintelyon 2011 avec juste l'envie de me surpasser et peut-être " d'effacer" le marathon de Londres 5 ans plus tôt. J'avais beaucoup d'interrogations, d'où l'origine de ce post. Mais j'ai reçu de nombreux conseils qui m'ont vraiment facilités la préparation physique et logistique. Encore merci à tous.
Je ne vais pas reparler de cette préparation qui s'est bien passée, avec un plan basé sur l'entrainement pour les "super trail" du site, avec 4 séances hebdo. La différence notable restait le manque de dénivelé et de séances "offroad". J'ai tenté de compenser avec des montées de cages d'escalier, de ponts d'autoroute, mais les pays bas, c'est plat ! Ça confirme ce que disait Guigou, à savoir qu'il n'est pas indispensable d'être un vrai montagnard pour faire la Saintelyon. Il faut, à mon avis, être surtout endurant pour tenir de longues heures en courant, surtout sur le bitume des 15 derniers kilomètres.
En tout cas, j’ai bien vécu ces 16 semaines. Contrairement à la prépa marathon pendant laquelle j’avais stressé à la moindre entorse au plan ; cette année, c’était sérieux, copieux, mais détendu. Ca change beaucoup l’état dans lequel on appréhende la course.
Donc me voilà, fin prêt, avec 6 kg de moins, avec tout le matos qu'on m'avait recommandé et toute la logistique que je pouvais prendre dans mon sac à dos avant le départ : tapis de sol, duvet, musique, lecture, à boire, à manger, choix des vêtements pour s'adapter aux changements de météo de dernières minutes, etc .... (Moi qui avait peur des 5kg exigés par l'organisation, j'ai vu des sacs encore plus gros que le mien !).
Le Jour J
Après un long périple de 9h j'arrive vers 17h30 au parc des expo avec quelques autres futurs compagnons de souffrance que j'avais croisés dans l'un des nombreux trains que j'ai pris pour me rendre à Saint Etienne (4 trains + 1 tram).
Il n'y qu'à suivre le flot, comme chez Ikea, on n'a pas le choix, on passe par la case départ où on récupère la puce et le dossard, sans aucune attente, et on visite tous les stands des sponsors, avant de trouver un petit coin tranquille dans le Hall B presque vide à cette heure-là de la soirée. J’ai même vu au passage Kilian Jornet, si frêle et si jeune !!
Le petit repos était de rigueur, mais je n'ai pas pu vraiment dormir et c'était encore moins possible au fur et à mesure que le hall se remplissait de 5000 fou furieux (j’ai lu 5000, 7000 et 10000, je ne sais pas combien on était, mais y’avait du monde). Je me joins à la pasta party que j'ai trouvé un peu légère, un "petit plat" de pates et une clémentine. J'avais faim après ça ! Heureusement que mon sac était bien rempli (yaourt au riz, banane), j'ai pu compléter. Mais je m’exposais tout de même au risque d’une mauvaise digestion avant la course ; heureusement pas de souci de transit.
Après je me suis gentiment laissé prendre par l’ambiance avec ces personnes qui s'habillaient dès 20h. Je ne comprenais pas pourquoi si tôt et ça m'a légèrement stressé. Ah tiens, celui-là il met des guêtres, et lui il part en tee-shirt, et ces bas de contention est-ce que ça marche vraiment ?? Et lui jure qu'il ne ferait plus jamais la course avec chaussures de trail. Un peu de doute sur le matos, mais je colle à ce que je m'étais fixé. Une sous couche ML + veste Gore softshell windstopper, chaussures trail (Adidas Riot), gant, bonnet, cycliste long. En bon débutant je mets tout de meme la Nok avant le sparadrap qui ne collera jamais !
A 22h, je ne tiens plus et m'habille, même si le départ est encore loin. Mais j'ai bien fait, car je n'avais pas prévu que tout le monde parte pour une marche de 20 minutes à 23h pour aller sur le point de départ (nouveau cette année si j’ai bien compris). Apres le départ des relais à 23h45, je m'aperçois que je suis proche des premiers, c'est cool, je vais peut-être éviter les bouchons et les bourbiers.
L'attente est un peu longue sous la pluie. Mais c’est pas grave, rien ne peux m’atteindre, ça fait 3 ans que j’en parle de cette course. Mes voisins de galère ne sont pas très causants, ils semblent tous se connaitre et je reste seul dans ma bulle. L'ambiance est presque calme, je m'attendais à plus de bruit, de cris. Seuls les 10 premiers mètres répondent au speeker ; les autres 500m derrière moi n'entendent pas grand-chose. Pour moi, le départ devait être quelque chose de sensationnel, mais pas cette année apparemment. Tant pis, ça ne fait rien, je ne suis pas là pour faire la fête, non plus !!
Départ 5 minutes, je regarde une dernière fois mon plan de course, avec temps de passage: objectif 8h42. C'est précis, c'est Softrun qui me l'a dit !! Et en bon geek, j'avais fait plein de stats sur les résultats des années passées, en prenant les moyennes de tous les coureurs finissant entre 8h30 et 9h, en recoupant avec d'autres perf des mêmes coureurs pour tenter de confirmer ces 8h42. Ca semblait réaliste comme objectif. Et cette fois, je m'étais promis de ne pas sombrer dans la déception si je ne tenais pas le chrono, je voulais finir avant tout.
Depart – St Christo
U2 à donf et c’est parti, enfin ! Je ne suis pas encore dans mon assiette, j’ai chaud, la capuche me gêne et il pleut à peine, j’ai déjà l’envie d’un arrêt pipi et je me fais dépasser de tous les côtés. Mais je savais que je devais partir à 11km/h sur le plat, alors je m’y tiens à la virgule près. Le plat, le plat …. c’est vite dit, dès le premier kilomètre, une bosse, et une seconde, pfiou, je ne m’y attendais pas, ça commence direct et moi qui pensais me chauffer tranquillement. C’est finalement la partie que j’ai le moins aimée de toute la nuit.
Après le 7/8eme kilomètres, je décide finalement de faire mon arrêt pipi, un peu de boisson, de pâte de fruit et là j’ai vraiment commencé la course. Les chemins devenaient plus étroits et on a commencé à voir la gadoue, YES !! Enfin !! Ça glisse, ça dérape, les appuis sont difficiles dans cette montée, mais enfin on est dans le vif du sujet.
La ville n’est plus là, il n’y a plus de lumière ni à gauche, ni à droite, mais seulement devant et derrière, formant ce long serpentin blanc dans la nuit, génial cette vision ! Mais pas le temps de faire du tourisme, il faut y aller. Je suis les conseils et arrête de courir pour marcher d’un bon pas dans les cotes raides. Tout va bien, je suis en pleine forme et je profite pleinement de ce début de course.
Arrivée à St Christo à 1h35 (1h45 prévu / -10min). Attention, il ne faut pas se griller, mais qu’est-ce que je suis bien ! Comme prévu, je ne m’arrête pas. J’avais une banane dans le sac que je prends en marchant pour éviter la cohue de ce ravitaillement très très chargé. Il y a beaucoup de monde pour nous encourager, c’est bien sympa.
St Christo – Moreau
On m’avait dit de profiter et c’est ce que je fais. Je n’ai aucune douleur, aucun signe de fatigue, j’avance avec plaisir. Evidemment, ça monte, ça glisse, les pieds trainent parfois dans 10 cm de gadoue, on me double, je double, mais je suis là pour ça, je veux en baver.
Une des montées vers l’hôpital nous amène sur un plateau bien exposé aux éléments, il pleut et le vent souffle fort. Que je suis content d’avoir ma capuche et une bonne veste. Moi qui avais chaud au début, je suis ravi de me sentir protégé. Je plains ceux qui sont partis en tee-shirt.
Et un peu plus loin, au milieu de nul part, une trentaine de personne, exposée également à ce vent, qui chantent, jouent du tambour, secouent des fumigènes. Ils sont fous eux aussi, mais que ça fait plaisir de les entendre nous supporter.
Un peu avant Moreau, j’ai une révélation sur cette course : la descente. On n’y avait pas encore gouté depuis 2 heures. Mais les premières pentes se dessinent devant nos faisceaux de lumière et je vois que, devant moi, ça hésite, ça glisse, les trajectoires sont désordonnées. Je reste derrière pour ne pas doubler stupidement et risquer une chute. Mais je m’aperçois que ça fait mal aux cuisses de retenir le poids de son corps à chaque pas. Alors dès que ça se dégage un peu devant moi, je laisse aller et je déroule. Je déroule tellement que je cours vite, bien plus vite que je ne l’imaginais, surtout dans les descentes boueuses. Mais je m’éclate complètement, je suis comme un gamin, un appui à gauche, un autre à droite. Le pied !! Evidemment c’est un effort intense de concentration pour anticiper chacun de mes appuis 5m à l’ avance. D’ailleurs, ça m’énerve quand quelqu’un se décale juste devant moi, cachant le relief. Je me tords 3 fois les chevilles sur la course et toujours dans ces circonstances, mais sans gravité, ça a tenu bon.
Arrivée à Moreau en 2h19 (prévu 2h35 / -16min). Je vais trop vite ! Pourtant je ne sens pas que je force. Je viens de passer le gros de la montée que je craignais avec mon manque de préparation montagne. C’est difficile de rationnaliser et de contrôler son effort quand on est bien. Je ne m’arrête pas, je fini ma moitie de banane en marchant et évite à nouveau la cohue un peu moins importante, tout de même, qu’ à St Christo.
Moreau-St Catherine.
Ce descend, c’est le pied, je déroule et déroule et commence à doubler de partout. Seul les relais me passent devant. Que c’est grisant de griller des places.
Tout va pour le mieux, je continue, je ne sens pas de fatigue, je profite, j’ai la pêche.
Arrivée à St Catherine à 2h53 (3h16 prévu / -23min). Je gagne encore du temps … Je me dis que cette vingtaine de minutes me sera utile si je craque sur la fin, ça sera ça de gagné. Il faut gérer maintenant, ne surtout pas se griller et rester en forme jusqu’à Soucieu. On m’a dit que c’est là que ça commence pour de vrai !!!! Facile à dire ! Comme si les 50km passés ne comptaient pas !
Je m’arrête une petite dizaine de minutes, comme prévu. Je m’étire, ressers les lacets, mange, bois et profite de la bonne ambiance des bénévoles et envoie un texto rapide a madame. Il y a du monde, mais c’est tout à fait gérable. Il y a de quoi manger, boire pour tous les gouts, il fait même chaud sous la tente. Et je trouve ce qui me fait envie : banane + coca, ça restera mon alimentation à chaque ravitaillement jusqu’à la fin.
Ste Catherine – St Genoux.
C’est reparti, la digestion est un peu difficile et 30 minutes me seront nécessaires pour ne plus sentir de gêne. Ensuite, il n’y a qu’à lire ce qui précède, je continue sur ma lancée et dévale les pentes comme un fou. J’entends des commentaires négatifs : « il ne va pas aller bien loin ce lui la ! », « le fou, tu paries qu’on le retrouve sur le côté, la cheville en vrac ? ». Mais rien n’y fait, j’ai découvert que j’aimais la descente, alors je descends à fond. Je fais tout de même, bien attention à ne pas bousculer, ni faire tomber ; quand ça bouchonne, je patiente, je ne m’inquiète pas du chrono.
Et cet épouvantail, le bois d’Arfeuille, je n’ai pas réalisé que j’y étais !! Je voyais que ça descendait, mais j’en avais tellement peur que je m’attendais à pire. En regardant la trace GPS, j’étais à 10/11 km/h dans cette descente. Apres coup, je me dis que j’ai peut-être eu du bol de ne pas me blesser !
Arrivée à St Genoux à 4h06 (4h31 prévu / -25min). Encore du temps de gagné. Tant pis, je continue. Je marche au ravitaillement et mange ma banane/coca. La fatigue commence à se faire ressentir pour la première fois. Je n’avais jamais couru aussi longtemps auparavant, déjà 4h de course ! Mais les jambes tiennent bon. Je ne pense même pas au temps final. Je sais bien que si ça continue, je peux accrocher la Sainte de bronze, mais je me refuse d’y croire, rien n’est fait, je n’en suis même pas à la moitie.
St Genoux-Soucieu
The descente !! A donf, a donf tout du long. Si je prends les 11km de descente jusqu’à Le Garon, (et sans la pose du ravitaillement), j’étais a plus de 12 de moyenne avec des pointes à 14. Comment j’ai fait ? Je n’en sais rien ! Je laissais aller le poids du corps sans tenter de me retenir et ça a tenu. J’ai découvert après coup que j’avais pris 200 places sur cette portion.
Depuis Ste Catherine toute cette partie est assez isolée, je trouve, calme, sans trop de spectateurs, dans le bois. C'est l'aventure nature que je cherchais. On est seul avec soi-même, dans la nuit. Mais on commence aussi à voir des blessés sur les côtés, des malades. La fatigue est là, ça devient plus difficile pour tout le monde.
Arrivée à Soucieu à 4h55 (5h38 prévu / -43min). Là, je suis très surpris par le chrono. Sur le coup je me dis que le ravitaillement est plus tôt que sur la carte. Mais on me confirme que tout est à sa place, comme chaque année. Ça devient dur de faire des maths après 5h d’effort. D’ailleurs, je refuse à nouveau de vraiment affiner mes 3 additions et continue d’avancer en me disant que si je craque avant la fin, je pourrai finir en marchant tout en faisant un bon temps.
Je fais à nouveau une pose d’une petite dizaine de minutes avec étirement, banane+coca. Je tente le salé avec un mini sandwich petit pain brioché/viande de grison que je m’étais préparé volontairement pour ce ravitaillement. Sans saveur, je l’avale et repars. Il y a une foule impressionnante pour une heure si tardive (ou si matinale). Chapeau à tous ces courageux bravant la nuit pour nous encourager, ça booste et donne le moral pour continuer. Car la portion à venir est longue, la plus longue du parcours je crois, 13km avant Beaunant. Je repars un peu inquiet.
Avec le recul, je réalise que jusqu'à la, c'est les longues semaines d'entraînement qui ont payé. Mais pour la suite, et jusqu'à la fin, c'est tête qui prendra le dessus pour suppléer les faiblesses du corps.
Soucieu-Beaunant :
On m’avait dit de rester frais jusqu’à Soucieu. Foutaise ! J’ai déjà tapé dans pas mal de réserve. Ça devient dur ! Je fatigue, je n’ai plus la même aisance que sur les 3 premières heures. Mais les jambes semblent encore tenir le choc, je suis juste fatigue de me concentrer sans cesse sur ce petit spot de lumière de 60cm devant mes yeux. Et finalement, le changement de revêtement avec plus de bitume, moins de grosses descentes, me permet de me reposer un peu la tête et les jambes par rapport aux 2 dernières heures depuis Ste Catherine.
Je sens que j’avance moins vite, les faux-plats montants, après le Garon, sont difficiles. J’aimerais bien marcher, mais la pente n’est pas si terrible, ça ne serait pas une bonne excuse, alors je continue à courir, mais avec moins d'entrain. En plus, il y a moins de coureurs, je suis d’avantage isolé dans ces rues vides. J’ai pourtant la chance de me faire dépasser par 2 coureurs qui ont l’air de bien gazer. Je m’accroche et finalement j’arrive à les suivre sur les deux bosses de cette portion. Dans la descente vers Beaunant, je pars devant et les laisse quelques minutes derrière moi.
Arrivée à Beaunant à 6h16 (7h11 prévu / -55min). Incroyable !!! J’ai encore augmenté mon avance. Comment c’est possible ? Pourtant j’ai ralenti. Je me refuse de me torturer l’esprit, pas de math après tant d’effort, je sais simplement que je suis proche d’une grosse perf. Surtout ne pas craquer et ne pas crier victoire trop vite. Je ne veux pas revivre ces 2 derniers kilomètres du marathon de Londres en marchant épuisé, vidé, lessivé.
Beaunant – Lyon
Je retrouve mes 2 compères qui me rattrapent au pied de Ste Foy les Lyons. Ils ont l’air de connaitre, on monte en marchant (comme tout le monde !), mais vite. On dépose beaucoup de monde. Je m’accroche, les cuisses tiennent. ils vont vite mais arrivent même à discuter. Je leur demande où on est et ce qui nous reste à faire. Ils ont fait les maths à ma place et me confirme qu’il reste 10km. C’est quoi 10km ? Facile, non ? Ils plaisantent sur leur perf sur cette distance – 38min !! Ou lala, je me dis que c’est des cadors et que je ne pourrais pas les suivre jusqu’au bout. Avec mes 41min et quelques secondes d’il y a 5 ans, vent dans le dos, je suis loin de leurs niveaux. Mais ils me confirment qu’on tient la Sainte d’argent si on force un peu ! Quoi, qu’est-ce qu’il raconte le monsieur, Sainte d’argent ? Je reste scotché, je ne rêve plus, je suis à moins d’une heure de la course de ma vie. Je retrouve une énergie venue d'ailleurs et dans le faux plat, en haut de Ste Foy, je laisse mes compères d’une nuit. Ils ne suivent pas. Je suis trop fier de lâcher des gars qui sont plus forts que moi.
Une descente à nouveau, yes, je vais pouvoir attaquer ….. et non, c’est fini ce petit jeu. Je ne peux plus faire le fou. Mes cuisses sont cramées, je ne peux plus jouer, je suis cuit. Je m’accroche pourtant à une demoiselle qui descend vite et malgré tout, je double encore du monde.
Arrivée à Lyon à 6h52 (8h08 prévu / -1h16). Je viens de gagner 20minutes ! Pfouf, au point où j’en suis, j’abandonne les explications rationnelles. De toute façon, il n’y a plus aucune logique dans mon temps. Et ce n’est pas après 7 d’heure d’effort que je vais philosopher sur quoi que ce soit. Que c’est bon pour le moral en tout cas. Je souffre, mais je vais quand même assez vite et je laisse la demoiselle derrière moi dès qu’on arrive sur les quais.
Lyon- Palais des Sports.
Je le savais, on m’avait prévenu, la fin, c’est un vrai calvaire. Ces derniers kilomètres sont interminables. Mais je suis là parce que je l’ai voulu, il faut assumer mes conneries.
Tout dans mon corps me crie d’arrêter. Je sais que je vais faire un super chrono quoi qu’il arrive. Alors moins de 8h, c’est déjà impensable et tellement génial. Mais je pense à tout ceux qui me sont chers pour m’arracher, les enfants, ma femme, la famille, les copains qui je sais, m’ont suivi une partie de la nuit sur internet. Je ne leur ferai pas le coup de marcher une deuxième fois sur une fin de course. Je vais finir en courant pour eux (et pour moi aussi quand même !!). Cette fois je savais que je gagnais cette bataille intérieure contre moi même. Je me demande même si ce n'est pas juste pour ce moment sur les quais, terrible et genial a la fois, que j'ai fait cette course.
Arrivée en 7:19:34 (8h42 prévu/ -1h23). 379eme au scratch ! Je n’y crois pas, c’est impossible ! Mais si, mais si, je l’ai fait. A peine passée la ligne, je réveille ma femme et je pleure comme un enfant au téléphone. Toute la tension s’évacue, j’ai mal partout, mais quelle joie immense.
Je retrouve mes deux compères qui finissent en 7h27 avec une bière à la main. Qu’elle est bonne cette bière. Une des meilleures de ma vie. C’est bien la première fois que je me donne autant de mal pour savourer une bière, mais que ça en valait la peine.
Je récupère mon tee-shirt de Finisher, que je ne vais plus quitter pendant plusieurs jours à mon avis. Qu'il est beau ! Il n’est pas né celui qui me le piquera !!
Je prends une douche dans un des vestiaires plein de boue et rentre directement à la maison après 8h de train. Quelle joie de retrouver la famille et de partager ce bonheur avec eux.
Ce que je retiens :
• Course inclassable, ni course sur route, ni trail, ça ne ressemble à rien d’autres, c’est juste la Saintelyon.
• Rien à dire sur l’organisation, le publique, la gentillesse des bénévoles à n’importe quelle heure de la nuit, je n’ai eu que du bon.
• L’alternance de bitume/chemin entre Sorbiers et Soucieu, le vrai panard, c’était varié, je me suis régalé sur ces 40km.
• Les descentes !!! J’adore ça, c’est une révélation pour moi.
• La dernière côte de Ste Foy, c’est là que j’ai compris ce que je réalisais, j’en ai oublié les 20%.
• Le matos, gestion des ravitaillements, tout parfait
• Banane + coca
• J’ai enfin effacé mon échec du marathon de Londres.
• Le soutien de mes proches avant et leur fierté après la course.
• Evidement immense fierté personnelle d’avoir fait une telle course. Même dans mes plus beaux rêves, je ne pensais pas à un tel chrono. Je ne comprends toujours pas d’ailleurs. Mais ce n’est pas grave, je savoure.
Ce que j’ai moins aimé
• Les douches dans un état déplorable avec de l’eau presque froide.
• Le bitume à la fin et ces quais interminables. Mais ça fait partie de la Saintelyon, tout le monde sait que c’est long et difficile à la fin.
• L’ambiance relativement calme des coureurs. Je n’ai pas trop ressenti de joie ambiante. Je m’attendais à mieux.
• Mon sac était bien trop plein, pour rien. Je n’ai pas mangé la moitié de ce que j’avais. On m’avait prévenu pourtant de limiter les victuailles !!
• En lisant des CR, j’ai l’impression que les chronos et classement étaient affiches à chaque check point, mais je n’ai jamais rien vu. C’est peut être mieux ainsi ![/i][/i][/size]
Last Edit:il y a 12 ans 11 mois
par Mimil
Dernière édition: il y a 12 ans 11 mois par Mimil.
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Réponse de gilles84 [Dum Spiro Spero] sur le sujet Re: Saintelyon 2011, pari fou ou réaliste ?
Posted il y a 12 ans 11 mois #137085
impressionnant en tout points
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Réponse de Ymeguira sur le sujet Re: Saintelyon 2011, pari fou ou réaliste ?
Posted il y a 12 ans 11 mois #137086
Je te renouvelle mes félicitations Mimil.
Tu sors juste une course et un chrono hallucinant, et te découvre une passion pour les descentes!
Un bon trailer m'a dit qu'un trail peut se perdre dans les montées, mais se gagne surtout dans les descentes. A lire ton CR, je crois que l'on peut affirmer que tu feras, et que tu es déjà, un trailer du tonnerre!
Un grand BRAVO à toi!
Tu sors juste une course et un chrono hallucinant, et te découvre une passion pour les descentes!
Un bon trailer m'a dit qu'un trail peut se perdre dans les montées, mais se gagne surtout dans les descentes. A lire ton CR, je crois que l'on peut affirmer que tu feras, et que tu es déjà, un trailer du tonnerre!
Un grand BRAVO à toi!
par Ymeguira
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Réponse de bert sur le sujet Re: Saintelyon 2011, pari fou ou réaliste ?
Posted il y a 12 ans 11 mois #137107
Encore une fois bravo Mimile. Tu as realisé la course dont tout le monde rêve et que plupart d'entre nous, dont moi, ne réaliserons jamais.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
par bert
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Réponse de deru84 sur le sujet Re: Saintelyon 2011, pari fou ou réaliste ?
Posted il y a 12 ans 11 mois #137109
Respect champion.
Tu as sans doute sorti la course de ta vie, tu as bien raison d'en profiter !
Chapeau
Tu as sans doute sorti la course de ta vie, tu as bien raison d'en profiter !
Chapeau
par deru84
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