Un vrai marathon à l'ancienne
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L’origine du pari fou :
La genèse de ce marathon nait il y a 1 an. A ce moment, je viens de franchir la ligne d’arrivée de mon 1er marathon : 3h13’30’’. C’est un joli chrono, mais les participants du forum avaient noté une chose : ça semblait avoir été facile. C’est un raccourci un peu rapide, mais pas si loin de la vérité .
D’ailleurs, qqs minutes après avoir franchi la ligne d’arrivée, je me faisais la remarque suivante : « Il y a moyen de passer sous les 3h »…
La planification de l’année 2013 :
Mon année CAP 2013 serait dont axée sur cet objectif ambitieux, casser cette barre mythique… Pour cela, je me donne 2 moyens :
1- passer à 5 entrainements hebdo
2- battre significativement mes marques perso sur 10 et semi, afin de conforter l’hypothèse de ce pari alors un peu fou. Le raisonnement est très peu scientifique et donc empirique :
Vitesse 10km -1km/h = Vitesse semi
Vitesse semi – 1 km/ = Vitesse marathon, soit en chiffres :
10 km : 16km/h = 37’30
Semi : 15 km/h = 1h24
Marathon 14 km/h = 3h…
J’aurai donc 2 « saisons » dans l’année : le printemps avec l’objectif semi et l’automne avec l’objectif marathon. Pour les 10, on casera ça dans les trous
Je me casserai les dents sur le chrono du 10, puisque j’échouerais en 37’45 …Mais bon, ca reste de la vitesse et comme je suis vieux, je sais que je passerai mieux sur longue distance, je pense être relativement endurant.
Je passerai la barre des 1h24 au semi lors de l’humarathon dans un 1er temps 1h23’30, mais surtout à Dombasle, dans le cadre de ma prépa marathon en 1h22’26’’. Ce chrono était celui dont je rêvais en réalité dès le printemps .
Le plan marathon :
Me voici donc théoriquement capable de passer sous les 3h. Mon plan s’est déroulé sans problème notoire.
2 hics viendront quand même me perturber (je n’en ai que peu parlé dans mon suivi, je ne voulais pas paraître pour celui qui cherche des échappatoires à un objectif peut être pas atteint) :
- 1 pubalgie à semaine -5. Mon kiné du sport soignera l’origine de la pubalgie en même temps que la douleur elle-même, laquelle était réellement invalidante, notamment sur des sorties rapides ! Une barre me cisaillait le bas ventre tout en bas des abdos, l’adducteur droit se raidissait lors des sorties, voire endormait l’intérieur de la cuisse et enfin, le tendon d’Achille était douloureux.
- 1 problème à la cheville droite à semaine -2. Sur un trottoir en devers quelconque, ma cheville ne s’est pas tordue, mais j’ai senti un blocage : la tête du tibia s’est coincée dans l’astragale…Je vous le disais, mes chevilles sont un vrai point faible chez moi…même sur route, alors imaginez en trail…
Mon kiné du sport m’a soigné de main de maître pendant ces 5 semaines avec 2 à 3 séances par semaine. Je peux lui tirer mon chapeau à cette heure-ci.
Je ferai donc une super prépa, cumulant 850km en 12 semaines : le fond est là, reste à voir si la vitesse y sera et si j’arriverai à la maintenir .
Le marathon :
Le jour J, on se retrouve avec Patrick au parking souterrain. Vous le connaissez par ces écrits (voire d’avantage pour quelques uns), mais je dois l’avouer, je suis content de le voir avant la course : c’est un vrai mec bien !!!
On va à la consigne ensemble, je fais ma petite pause dans les toilettes de chantier et on s’échauffe super sommairement : on ne va pas bouffer d’énergie avant la course ! On croise 2 copains : 1 qui fera…2h32 et surtout, un de mes 3 partenaires d’entrainement qui fera 2h38 : comment coulez vous ne pas vous sentir petit avec de tels cadors !!!
Rdv sur la ligne de départ. Là, j’y retrouve un ami qui avait fait le marathon des amis l’an dernier… On avait échangé par tel la veille et on s’était dit qu’on ferait la course ensemble… Je gruge dans les sas pour passer juste derrière les préférentiels, avec les licenciés. Je porte un vieux T shirt car il fait frais et le contrôleur m’a juste demandé si j’étais bien un « dossard bleu ». Moi de lui mentir « oui, bien sur ! ».
En regardant la ceinture de gels d’un concurrent juste devant moi, je suis pris d’un sentiment assez violent :
Je suis déconfit ! Je pense à tous ces efforts accomplis, ces heures d’entrainement, ces milliers de km parcourus depuis le 1er janvier…
Le starter donne le coup d’envoi et je suis toujours en train de cogiter… 2 km passent pendant lesquels je passe progressivement de l’abattement au constructif. Justement, au regard de tout ce que j’ai fait, je ne vais pas me laisser partir en c… Je me fais alors cette remarque :
« Mais, il y a 10 ans, les mecs n’avaient pas de gels ! Et pourtant, ils passaient sous les 3h également ! Il faudra juste que je m’arrête à chaque ravito, à l’ancienne !!! J’ai fait le plein de sucres lents les 3 derniers jours et le malto m’a gonflé le stock…
Ne stresse plus mon gars, cours, ravitaille toi, et tu verras bien ! »
A ce moment débute mon marathon !
On court avec mon ami dans un groupe, mais je les trouve un peu vite…J’avais fait le choix de partir en 4’10 sur le 1er semi. Là, c’est d’avantage dur 4’05 . On parle avec le pote et on décide de laisser partir.
1 autre petit groupe se forme
1er ravito
Je prends de la banane, un morceau de grany et du pain d’épices. Je ne prends pas tout le pain d’épices et le stocke dans la poche se mon short.
Dans l’affaire, je lâche 30 mètres au groupe. Je m’efforce de les rejoindre, mais sans me mettre dans le rouge
« Vas y mollo, ne va pas regretter ces efforts en fin de course ».
Je vais faire comme ça pendant toute la course. Il n’y a qu’au 20è où je ne m’arrêterait pas, car j’avais fait le choix de prendre un peu + aux ravito des 5, 10 et 15 km et de stocker dans le short, et au 40è, car manger ne sert plus à grand-chose…
Dans ce nouveau petit groupe, on tape le bout de gras pour savoir si on doit rentrer dans le groupe de devant. Perso, je pense que non, mon ami, idem. Le groupe nous suivra… On reviendra sur eux si et quand il le faut…
La partie urbaine du marathon est dure : pavés, relances, faux plats et montées. Les élites tiendront le même discours…
Quand on sortira de la ville, c’est un autre ennemi du coureur qui nous tiendra compagnie : le vent… En + des nombreux faux plats montants qui émailleront le parcours, on devra faire avec un vent défavorable…
A ce moment, je constate que ma FC est haute, je dis d’ailleurs au pote :
« Putain, je suis proche d’une FC de semi ».
Il me faut prendre une décision ferme ! Je ne regarderai plus mon cardio de tout le marathon, mais je continuerai à cette allure ! D’ailleurs, je ne regarderais plus mon chrono qu’à l’heure de course et au semi. Je l’oublierai jusqu’à l’arrivée (à 3/4 exceptions quand même, mais pas plus).
Un vrai marathon à l’ancienne : sans gels, sans FC et peu de chrono…
Dans le groupe on s’organise tant bien que mal et c’est surtout mon pote et moi qui assurons les relais : lui encore plus, c’est lui le costaud du groupe, c’est évident. 2/3 fois, on est obligés d’appeler les autres pour relayer, mais souvent, l’allure diminue.
Le groupe qui nous avait distancé a perdu des éléments dans une belle et longue montée au 15è. On les récupère et l’écart fond sensiblement sur le reste du groupe. On les reprendra entre le 20 et le 25è kilo.
On passe au semi en 1h28’10’’…Dans les clous… J’aurais aimé 40’’ de moins, mais avec le parcours urbain délicat, la longue montée du 15è et le vent de face pris jusque là, ça me va…
Quand je passe le semi, je fais un petit chek-up : ben c’est pas la grande forme…L’an dernier, je l’avais passé comme une fleur et cette année, c’est plus tendu : je ne me sens pas terrible. Mais bon, cette année, je me bats pour les 3h : ça ne sera pas facile, « alors continue, tu pleurnicheras plus tard mon gars… ».
Vers le 23è, je commence à sentir que mes ischios sont raides… C’est tôt…mais tu pleurnicheras demain… Je pense aux gels qui doivent aider à prévenir des crampes. Ils auraient pu m’être utiles sur le coup là…
C’est pas grave, réfléchis, rebondis…
Crampes = magnésium = chocolat + bananes…
Voilà ce que je ne louperai plus aux ravitos désormais…
Après l’arrêt au ravito du 30, je ne parviendrai plus à rejoindre mon ami qui a accéléré. J’ai essayé sur un km de forcer l’allure pour le reprendre, mais ça ne marche pas. Je courrais donc à mon allure et rejoindrai le seul rescapé des 2 groupes formés en leur temps. On ira ensemble jusqu’au 38è…
Quand je constate que je ne rejoindrai plus l’ami, je m’autorise une pause pipi, mais pas n’importe où… Je choisis le haut d’une bosse, histoire de repartir le moins mal possible. Je suis content : on est après le km30 et je suis encore lucide.
Dans la descente vers Montigny, je reconnais la foulée particulière de Laurent, qui dirige l’école du marathon. Je le vois en mauvaise posture. Mon objectif : le reprendre. J’y parviendrai vers le 35…
Pourtant, à 2 reprises, j’ai des douleurs au foie terribles ! Des points de côté hyper aigus et violents ! Je ralentis sensiblement 30 sec et ça va un peu mieux ! A force de manger du solide, mon foie m’exprime son ras le bol ! Je décide qu’au 35è je ne prendrai que du chocolat, plus rien d’autre, sinon, je vais vomir : c’est pas grave, ça se gère !
Mon objectif désormais est le km36 où m’attendent mon père et mon fils. Hors de question de ne pas être frais devant eux. Ils deviennent mon leitmotiv !
Je passe le 36 et je les croise ! Mon fils fait 100m avec moi : je suis fier ! Je parle un peu avec lui :
« Ca va le faire bonhomme, je vais réussir ! ». Là, je lui fais remarquer qqc :
« Tu vois devant moi, c’est Clémence que j’ai doublé au semi de Dombasle. C’est la 2è féminine. Je vais la doubler », puis,
« Allez, va rejoindre Papi et rdv à l’arrivée !
Je doublerai effectivement la jolie Clémence et son micro short. Le rescapé du groupe me fera remarquer « C’est dommage qu’on l’ait doublé, c’était motivant de la voir devant nous… »
La fin approche et je suis dans le dur. Mon partenaire d’effort me lâchera. Je me ferai alors doubler par 2 gars (cela faisait une éternité que ce n’était pas arrivé !) : 1 qui faisait partie du 1er groupe et qui est revenu et un autre qui a fait un second semi remarquable !
La longue ligne droite du canal fait son œuvre psychologique : elle fait mal. J’ai mal aux pieds, je trouve mes Boston pas assez confortables…Mais ça sert à rien de se plaindre, ça ne changera rien…J’essaie d’oublier mes chaussures et je ne regarde que mes pieds pour de pas voir la longue ligne droite…
Dernière montée, puis direction la ligne d’arrivée ! Il y a bcp de monde cette fois de chaque côté des barrières. Je ne sais pourquoi mais j’harangue la foule
« Faites du bruit »
« Plus fort »
« Je ne vous entends pas »
Je mets mes mains à mes oreilles pour qu’ils crient ! C’est la fin, je suis heureux, je vois au loin le chrono : je serai dans les 2h55. Je sprinte, me fait mal et top, c’est fait !
2h55’42’’
Je ne vous ai pas parlé de mes chronos intermédiaires. Je ne ménageais aucun suspense qui n’existe pas : je ne savais pas où j’étais. Je savais être sous les 3h (pas de ballon devant moi) et pas loin des 2h55… C’est le cas…
Dans l’ère d’arrivée mon fils me rejoindra. Pour la 1ère fois depuis que je cours, je réprimerais des sanglots…Les nerfs prennent congés de ma personne…Je me retiens pour ne pas inquiéter mon fils, mais voilà, c’est le terme d’un an d’effort…
J’ai été bavard et j’ai jeté sur le clavier mes souvenirs et sensations. Je ne relirai pas mon texte, car je trouve intéressant de vous le livrer brut, seulement filtré par 3 jours de digestion de l’événement…
Je me rends seulement compte maintenant que je n’ai pas remercié Jérôme (Naucala) pour sa présence sur le parcours à vélo (c’était chouette d’avoir du soutien…), ni Sylvain (Kodama) qui était fidèle au poste, comme prévu rue Patrick (ou rue du canal)…
Pour votre info, mon pote fera 2h54'10'' : il était le + fort... Mais en même temps, je ne peux me demander ce qu'e j'aurais fait si je n'avais pas eu à m'arrêter à chaque ravito. S'arrêter et repartir est traumatisant (sans parler de la pause pipi). J'aurais peut être pu répondre à son accélération, voire à celle de mon partenaire final d'effort...On ne saura jamais.
Mais je suis satisfait de ma course. Certes, pour le chrono, mais aussi, voire surtout pas sa gestion mentale, ma capacité de réaction face aux imprévus (les gels), des décisions prises visiblement à bon escient et surtout : j'ai fait une course à l'ancienne...Moi qui fait tout avec cardio et chrono, voilà que sur mon dernier semi et maintenant sur marathon, je les ai mis de côté
Merci de votre patience et de votre courage, car il en faut certainement plus pour lire ce roman que pour courir ne serait-ce un marathon
La genèse de ce marathon nait il y a 1 an. A ce moment, je viens de franchir la ligne d’arrivée de mon 1er marathon : 3h13’30’’. C’est un joli chrono, mais les participants du forum avaient noté une chose : ça semblait avoir été facile. C’est un raccourci un peu rapide, mais pas si loin de la vérité .
D’ailleurs, qqs minutes après avoir franchi la ligne d’arrivée, je me faisais la remarque suivante : « Il y a moyen de passer sous les 3h »…
La planification de l’année 2013 :
Mon année CAP 2013 serait dont axée sur cet objectif ambitieux, casser cette barre mythique… Pour cela, je me donne 2 moyens :
1- passer à 5 entrainements hebdo
2- battre significativement mes marques perso sur 10 et semi, afin de conforter l’hypothèse de ce pari alors un peu fou. Le raisonnement est très peu scientifique et donc empirique :
Vitesse 10km -1km/h = Vitesse semi
Vitesse semi – 1 km/ = Vitesse marathon, soit en chiffres :
10 km : 16km/h = 37’30
Semi : 15 km/h = 1h24
Marathon 14 km/h = 3h…
J’aurai donc 2 « saisons » dans l’année : le printemps avec l’objectif semi et l’automne avec l’objectif marathon. Pour les 10, on casera ça dans les trous
Je me casserai les dents sur le chrono du 10, puisque j’échouerais en 37’45 …Mais bon, ca reste de la vitesse et comme je suis vieux, je sais que je passerai mieux sur longue distance, je pense être relativement endurant.
Je passerai la barre des 1h24 au semi lors de l’humarathon dans un 1er temps 1h23’30, mais surtout à Dombasle, dans le cadre de ma prépa marathon en 1h22’26’’. Ce chrono était celui dont je rêvais en réalité dès le printemps .
Le plan marathon :
Me voici donc théoriquement capable de passer sous les 3h. Mon plan s’est déroulé sans problème notoire.
2 hics viendront quand même me perturber (je n’en ai que peu parlé dans mon suivi, je ne voulais pas paraître pour celui qui cherche des échappatoires à un objectif peut être pas atteint) :
- 1 pubalgie à semaine -5. Mon kiné du sport soignera l’origine de la pubalgie en même temps que la douleur elle-même, laquelle était réellement invalidante, notamment sur des sorties rapides ! Une barre me cisaillait le bas ventre tout en bas des abdos, l’adducteur droit se raidissait lors des sorties, voire endormait l’intérieur de la cuisse et enfin, le tendon d’Achille était douloureux.
- 1 problème à la cheville droite à semaine -2. Sur un trottoir en devers quelconque, ma cheville ne s’est pas tordue, mais j’ai senti un blocage : la tête du tibia s’est coincée dans l’astragale…Je vous le disais, mes chevilles sont un vrai point faible chez moi…même sur route, alors imaginez en trail…
Mon kiné du sport m’a soigné de main de maître pendant ces 5 semaines avec 2 à 3 séances par semaine. Je peux lui tirer mon chapeau à cette heure-ci.
Je ferai donc une super prépa, cumulant 850km en 12 semaines : le fond est là, reste à voir si la vitesse y sera et si j’arriverai à la maintenir .
Le marathon :
Le jour J, on se retrouve avec Patrick au parking souterrain. Vous le connaissez par ces écrits (voire d’avantage pour quelques uns), mais je dois l’avouer, je suis content de le voir avant la course : c’est un vrai mec bien !!!
On va à la consigne ensemble, je fais ma petite pause dans les toilettes de chantier et on s’échauffe super sommairement : on ne va pas bouffer d’énergie avant la course ! On croise 2 copains : 1 qui fera…2h32 et surtout, un de mes 3 partenaires d’entrainement qui fera 2h38 : comment coulez vous ne pas vous sentir petit avec de tels cadors !!!
Rdv sur la ligne de départ. Là, j’y retrouve un ami qui avait fait le marathon des amis l’an dernier… On avait échangé par tel la veille et on s’était dit qu’on ferait la course ensemble… Je gruge dans les sas pour passer juste derrière les préférentiels, avec les licenciés. Je porte un vieux T shirt car il fait frais et le contrôleur m’a juste demandé si j’étais bien un « dossard bleu ». Moi de lui mentir « oui, bien sur ! ».
En regardant la ceinture de gels d’un concurrent juste devant moi, je suis pris d’un sentiment assez violent :
J’AI OUBLIE MES GELS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Quel con !!!!!! Ma ceinture de gels est dans mon sac, dans la consigne !!!!!!! Et le départ est dans 3 minutes ! Impossible d’aller les chercher ! Inutile de vous dire qu’à ce moment j’ai le moral dans les chaussettes ! Comment réussir à faire -3h sans gels !Je suis déconfit ! Je pense à tous ces efforts accomplis, ces heures d’entrainement, ces milliers de km parcourus depuis le 1er janvier…
Le starter donne le coup d’envoi et je suis toujours en train de cogiter… 2 km passent pendant lesquels je passe progressivement de l’abattement au constructif. Justement, au regard de tout ce que j’ai fait, je ne vais pas me laisser partir en c… Je me fais alors cette remarque :
« Mais, il y a 10 ans, les mecs n’avaient pas de gels ! Et pourtant, ils passaient sous les 3h également ! Il faudra juste que je m’arrête à chaque ravito, à l’ancienne !!! J’ai fait le plein de sucres lents les 3 derniers jours et le malto m’a gonflé le stock…
Ne stresse plus mon gars, cours, ravitaille toi, et tu verras bien ! »
A ce moment débute mon marathon !
On court avec mon ami dans un groupe, mais je les trouve un peu vite…J’avais fait le choix de partir en 4’10 sur le 1er semi. Là, c’est d’avantage dur 4’05 . On parle avec le pote et on décide de laisser partir.
1 autre petit groupe se forme
1er ravito
Je prends de la banane, un morceau de grany et du pain d’épices. Je ne prends pas tout le pain d’épices et le stocke dans la poche se mon short.
Dans l’affaire, je lâche 30 mètres au groupe. Je m’efforce de les rejoindre, mais sans me mettre dans le rouge
« Vas y mollo, ne va pas regretter ces efforts en fin de course ».
Je vais faire comme ça pendant toute la course. Il n’y a qu’au 20è où je ne m’arrêterait pas, car j’avais fait le choix de prendre un peu + aux ravito des 5, 10 et 15 km et de stocker dans le short, et au 40è, car manger ne sert plus à grand-chose…
Dans ce nouveau petit groupe, on tape le bout de gras pour savoir si on doit rentrer dans le groupe de devant. Perso, je pense que non, mon ami, idem. Le groupe nous suivra… On reviendra sur eux si et quand il le faut…
La partie urbaine du marathon est dure : pavés, relances, faux plats et montées. Les élites tiendront le même discours…
Quand on sortira de la ville, c’est un autre ennemi du coureur qui nous tiendra compagnie : le vent… En + des nombreux faux plats montants qui émailleront le parcours, on devra faire avec un vent défavorable…
A ce moment, je constate que ma FC est haute, je dis d’ailleurs au pote :
« Putain, je suis proche d’une FC de semi ».
Il me faut prendre une décision ferme ! Je ne regarderai plus mon cardio de tout le marathon, mais je continuerai à cette allure ! D’ailleurs, je ne regarderais plus mon chrono qu’à l’heure de course et au semi. Je l’oublierai jusqu’à l’arrivée (à 3/4 exceptions quand même, mais pas plus).
Un vrai marathon à l’ancienne : sans gels, sans FC et peu de chrono…
Dans le groupe on s’organise tant bien que mal et c’est surtout mon pote et moi qui assurons les relais : lui encore plus, c’est lui le costaud du groupe, c’est évident. 2/3 fois, on est obligés d’appeler les autres pour relayer, mais souvent, l’allure diminue.
Le groupe qui nous avait distancé a perdu des éléments dans une belle et longue montée au 15è. On les récupère et l’écart fond sensiblement sur le reste du groupe. On les reprendra entre le 20 et le 25è kilo.
On passe au semi en 1h28’10’’…Dans les clous… J’aurais aimé 40’’ de moins, mais avec le parcours urbain délicat, la longue montée du 15è et le vent de face pris jusque là, ça me va…
Quand je passe le semi, je fais un petit chek-up : ben c’est pas la grande forme…L’an dernier, je l’avais passé comme une fleur et cette année, c’est plus tendu : je ne me sens pas terrible. Mais bon, cette année, je me bats pour les 3h : ça ne sera pas facile, « alors continue, tu pleurnicheras plus tard mon gars… ».
Vers le 23è, je commence à sentir que mes ischios sont raides… C’est tôt…mais tu pleurnicheras demain… Je pense aux gels qui doivent aider à prévenir des crampes. Ils auraient pu m’être utiles sur le coup là…
C’est pas grave, réfléchis, rebondis…
Crampes = magnésium = chocolat + bananes…
Voilà ce que je ne louperai plus aux ravitos désormais…
Après l’arrêt au ravito du 30, je ne parviendrai plus à rejoindre mon ami qui a accéléré. J’ai essayé sur un km de forcer l’allure pour le reprendre, mais ça ne marche pas. Je courrais donc à mon allure et rejoindrai le seul rescapé des 2 groupes formés en leur temps. On ira ensemble jusqu’au 38è…
Quand je constate que je ne rejoindrai plus l’ami, je m’autorise une pause pipi, mais pas n’importe où… Je choisis le haut d’une bosse, histoire de repartir le moins mal possible. Je suis content : on est après le km30 et je suis encore lucide.
Dans la descente vers Montigny, je reconnais la foulée particulière de Laurent, qui dirige l’école du marathon. Je le vois en mauvaise posture. Mon objectif : le reprendre. J’y parviendrai vers le 35…
Pourtant, à 2 reprises, j’ai des douleurs au foie terribles ! Des points de côté hyper aigus et violents ! Je ralentis sensiblement 30 sec et ça va un peu mieux ! A force de manger du solide, mon foie m’exprime son ras le bol ! Je décide qu’au 35è je ne prendrai que du chocolat, plus rien d’autre, sinon, je vais vomir : c’est pas grave, ça se gère !
Mon objectif désormais est le km36 où m’attendent mon père et mon fils. Hors de question de ne pas être frais devant eux. Ils deviennent mon leitmotiv !
Je passe le 36 et je les croise ! Mon fils fait 100m avec moi : je suis fier ! Je parle un peu avec lui :
« Ca va le faire bonhomme, je vais réussir ! ». Là, je lui fais remarquer qqc :
« Tu vois devant moi, c’est Clémence que j’ai doublé au semi de Dombasle. C’est la 2è féminine. Je vais la doubler », puis,
« Allez, va rejoindre Papi et rdv à l’arrivée !
Je doublerai effectivement la jolie Clémence et son micro short. Le rescapé du groupe me fera remarquer « C’est dommage qu’on l’ait doublé, c’était motivant de la voir devant nous… »
La fin approche et je suis dans le dur. Mon partenaire d’effort me lâchera. Je me ferai alors doubler par 2 gars (cela faisait une éternité que ce n’était pas arrivé !) : 1 qui faisait partie du 1er groupe et qui est revenu et un autre qui a fait un second semi remarquable !
La longue ligne droite du canal fait son œuvre psychologique : elle fait mal. J’ai mal aux pieds, je trouve mes Boston pas assez confortables…Mais ça sert à rien de se plaindre, ça ne changera rien…J’essaie d’oublier mes chaussures et je ne regarde que mes pieds pour de pas voir la longue ligne droite…
Dernière montée, puis direction la ligne d’arrivée ! Il y a bcp de monde cette fois de chaque côté des barrières. Je ne sais pourquoi mais j’harangue la foule
« Faites du bruit »
« Plus fort »
« Je ne vous entends pas »
Je mets mes mains à mes oreilles pour qu’ils crient ! C’est la fin, je suis heureux, je vois au loin le chrono : je serai dans les 2h55. Je sprinte, me fait mal et top, c’est fait !
2h55’42’’
Je ne vous ai pas parlé de mes chronos intermédiaires. Je ne ménageais aucun suspense qui n’existe pas : je ne savais pas où j’étais. Je savais être sous les 3h (pas de ballon devant moi) et pas loin des 2h55… C’est le cas…
Dans l’ère d’arrivée mon fils me rejoindra. Pour la 1ère fois depuis que je cours, je réprimerais des sanglots…Les nerfs prennent congés de ma personne…Je me retiens pour ne pas inquiéter mon fils, mais voilà, c’est le terme d’un an d’effort…
J’ai été bavard et j’ai jeté sur le clavier mes souvenirs et sensations. Je ne relirai pas mon texte, car je trouve intéressant de vous le livrer brut, seulement filtré par 3 jours de digestion de l’événement…
Je me rends seulement compte maintenant que je n’ai pas remercié Jérôme (Naucala) pour sa présence sur le parcours à vélo (c’était chouette d’avoir du soutien…), ni Sylvain (Kodama) qui était fidèle au poste, comme prévu rue Patrick (ou rue du canal)…
Pour votre info, mon pote fera 2h54'10'' : il était le + fort... Mais en même temps, je ne peux me demander ce qu'e j'aurais fait si je n'avais pas eu à m'arrêter à chaque ravito. S'arrêter et repartir est traumatisant (sans parler de la pause pipi). J'aurais peut être pu répondre à son accélération, voire à celle de mon partenaire final d'effort...On ne saura jamais.
Mais je suis satisfait de ma course. Certes, pour le chrono, mais aussi, voire surtout pas sa gestion mentale, ma capacité de réaction face aux imprévus (les gels), des décisions prises visiblement à bon escient et surtout : j'ai fait une course à l'ancienne...Moi qui fait tout avec cardio et chrono, voilà que sur mon dernier semi et maintenant sur marathon, je les ai mis de côté
Merci de votre patience et de votre courage, car il en faut certainement plus pour lire ce roman que pour courir ne serait-ce un marathon
Last Edit:il y a 11 ans 1 mois
par frantz54123
Dernière édition: il y a 11 ans 1 mois par frantz54123.
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Réponse de Book59 sur le sujet Re: Un vrai marathon à l'ancienne
Posted il y a 11 ans 1 mois #272521
Merci pour ce retour de ton Marathon
Tu as bien géré ta course, les ravitos et l'allure. La bonne décision prise assez tôt de laisser partir un wagon plus rapide fût une bonne idée.
Bravo pour ce gain de 20' en 1 an sur cette distance mais le plus costaud est d'être passé largement sous les 3h . Tu as tout d'une grande dixit Renault .
Récupère bien, soigne les bobos et au plaisir de te suivre sur tes prochains objectifs.
Tu as bien géré ta course, les ravitos et l'allure. La bonne décision prise assez tôt de laisser partir un wagon plus rapide fût une bonne idée.
Bravo pour ce gain de 20' en 1 an sur cette distance mais le plus costaud est d'être passé largement sous les 3h . Tu as tout d'une grande dixit Renault .
Récupère bien, soigne les bobos et au plaisir de te suivre sur tes prochains objectifs.
par Book59
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Super CR, normal après une super course Pour les ravitaillements, Cottereau dit dans son livre que si tu fais 2h55 et que tu penses que tu aurais fais moins en ne t'arrêtant pas tu te trompes, tu aurais fait plus. Donc pas de regrets.
par Air1
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Réponse de Nocnoc sur le sujet Re: Un vrai marathon à l'ancienne
Posted il y a 11 ans 1 mois #272532
frantz54123 écrit:
Sinon, j'ai l'impression que ça t'a vachement aidé de courir avec un pote.
C'est cool d'avoir quelqu'un qui court dans le même temps.
On dirait que ça permet de pas décrocher dans le moments difficiles.
J’AI OUBLIE MES GELS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Sinon, j'ai l'impression que ça t'a vachement aidé de courir avec un pote.
C'est cool d'avoir quelqu'un qui court dans le même temps.
On dirait que ça permet de pas décrocher dans le moments difficiles.
par Nocnoc
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Réponse de Maclad sur le sujet Re: Un vrai marathon à l'ancienne
Posted il y a 11 ans 1 mois #272541
encore une fois, bravo François !!
tu as fait un temps tellement extraordinaire, au terme d'une prépa non moins extra...
Tu es un grand, un TRES grand !!
bravo mon copain !
reposes toi un peu (te connaissant je suis sur que ça ne durera pas longtemps) et j'espère à bientôt, sur le MDP au moins.
tu as fait un temps tellement extraordinaire, au terme d'une prépa non moins extra...
Tu es un grand, un TRES grand !!
bravo mon copain !
reposes toi un peu (te connaissant je suis sur que ça ne durera pas longtemps) et j'espère à bientôt, sur le MDP au moins.
par Maclad
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Réponse de Mar2kfait sur le sujet Re: Un vrai marathon à l'ancienne
Posted il y a 11 ans 1 mois #272544
Bravo !!! Je viens de voir ton plan tu as quand même fais une sacré bonne prépa même avec les deux incidents...Excellent CR très instructif d'avoir le retour d'un Sub 3h. Je pense sincèrement que tes arrêts ravitos n'ont pas été préjudiciables voir même bénéfiques.
Au plaisir de lire la suite.
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par Mar2kfait
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