[gyom193] Mon Ecotrail 50km: mission accomplie!
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[gyom193] Mon Ecotrail 50km: mission accomplie! a été créé par gyom193
Posted il y a 11 ans 8 mois #223512
Allez, ça fait quelques jours maintenant que c'est fini, il va falloir s'atteler au CR.
Les douleurs sont parties et ont laissé la place à une graaaaande satisfaction; je suis un peu sur un petit nuage!
L'effet des endorphines peut durer aussi longtemps vous pensez?
Ne vois inquiétez pas, je vais vous mettre des photos, pour ceux qui n'auront pas le courage de tout lire!
Résumé des épisodes précédents:
Je devais théoriquement préparer le marathon de Milan (7 avril), mais mon acolyte Fabrice m'a malheureusement laissé tomber pour des raisons personnelles et professionnelles (pas de bol, le pauvre).
Me voilà donc le 31 décembre sans objectif 2013 après seulement 2 semaines de plan marathon! (car pas beaucoup de fun de se taper tout seul un marathon à l'étranger).
Je passe une ou deux soirées à chercher après quoi courir, et je me retrouve donc inscrit pour l'Ecotrail 50km, qui me permettra de m'initier à la fois au trail et aux distances supérieures au marathon...
Let's go!
La prépa:
Elle se passera globalement sans accroc, si ce n'est les 10 jours de vacances dans l'océan indien en semaine 3 et 4.
Ce plan (basé sur le plan trail 11 semaines du site) a été quand même sacrément plus dense que ce que j'avais fait jusqu'à présent, puisque non seulement je suis passé de 3 à 4 séances, mais en plus les temps de travail sont plus importants pour un trail de cette longueur que pour un 10k ou même un marathon. Et à certains moments, j'ai senti la fatigue.
Mais j'ai toujours fait confiance au savoir-faire de Gilles dasn la construction et la progression des efforts, et j'ai mis l'accent sur mes heures de coucher, pour vraiment privilégier la récup! Eh oui, pendant presque 3 mois je suis passé de 23h30/minuit à 22h/22h30 maxi, et je peux vous dire que j'ai senti les bienfaits des nuits rallongées!
Les détails de cette prépa sont dans mon suivi, mais pour résumer, je me suis senti vraiment "à point" à l'approche de l'épreuve. Mes ratios en EF étaient vraiment rassurants en fin de prépa, avec en plus une allure à 75%K vraiment pas mal (de 20 à 30 secondes plus vite que mon AS42 de mai dernier!!).
Le matériel choisi est lui aussi classique:
-Adidas Riot4 (rodées 120 km) en remplacement des Trabuco qui ne me tiennent pas assez l'arrière-pied
-Chaussettes X-machin spécial trail
-Collant thermique Craft long + callebute DKT
-1ère couche Adidas thermique de compression (j'adore ce haut!)
-TS ML classique
-Veste de vélo Pearl Izumi Windstopper hiver (j'adore les 3 poches dorsales dans lesquelles kje mets mes kleenex spécial goute au nez)
-Mon indispensable bonnet moche (voir ci dessous), dont j'ai récemment redécouvert les bienfaits à la faveur de la perte de mon buff. (c'est génial un bonnet, essayez, vous verrez! Ça remplace une couche de plus en haut!)
-Camelbak Mule avec 2 l. d'Isostar, un mini coupe-vent de vélo sans manche, plus le matériel obligatoire et la ceinture porte dossard.
Je prévois de boire tous les km à partir de 5, puis de manger 1/3 de barre (=33g) tous les 5km à partir de 10.
Je prends en plus 2 gels Energix et un Coup de Fouet (Overstim's)
Mes objectifs resteront cependant ceux définis en milieu de plan début février, je ne veux surtout pas m'emballer!
Objectif officiel: finir! (Ben oui, je ne sais pas ce que c'est de courir plus de 4h, comment se passera la fin de course?)
Objectif officieux: moins de 7h00 (j'ai regardé les temps de l'an dernier, je voudrais arriver avant les premiers du 80)
Objectif secret: plus près de 6h que de 7...(on ne sait jamais, des fois que je trouve un raccourci... )
Après les inévitables périodes de doute de la mi-plan ("j'avance pas", "j'ai pas de jambes", "suis-je fait pour la course à pied" et autres interrogations existentielles que nous connaissons tous... ), j'étais bien obligé d'admettre que le chrono parlait, et que même si je ne me sentais pas particulièrement différent de d'habitude, les chiffres semblaient dire que j'étais prêt!
Y'avait plus qu'à...
Ecotrail de Paris, 50km, 1000D+
Avant:
Ça fait une semaine que je suis super speed... La peur d'oublier quelque chose sans doute...
J'ai fait une liste dans mon portable de toutes les choses qui me passent par la tête, le Comfeel pour les pieds, acheter de l'Isostar, laver le Camelbak, chaussettes de rechange, billet de train, etc. Je relis la liste 50 fois par jour, la modifie, la rallonge... Je suis motivé à bloc, jene veux rien laisser au hasard!
Le W-E précédent, j'ai même été obligé de subir CHEZ MOI une soirée "concours de Mojitos et tapas" avec toute une troupe d'amis! Je ne vous raconte pas le calvaire! Mais j'ai tenu bon quand même (seulement 1 mojito, j'aurais pu faire bien pire! ).
Ça fait aussi 3 jours que je ne bouffe plus que des pâtes, du riz, du blanc de poulet et des yaourts, tout ça arrosé de Malto, j'en peux plus, je commence à avoir envie d'y être!
Dossard 5279 récupéré le vendredi, je rentre tranquille à la maison, et entame le dernier check-up en préparant méticuleusement mes affaires pour le lendemain.
Tout est fin prêt, même mes muffins au Gatosport pour le petit dèj.
Juste un petit ratage qui m'empêche en dernière minute de partager la pasta avec CED37 vendredi soir à la maison, mais tant pis, ej ferai sa connaissance le lendemain matin, juste avant le départ.
Direction le dodo, pour une nuit étonnamment calme et paisible.
Je sais que je suis prêt, y'a pas de raison que ça foire, tout est under control...
Le jour J:
Réveillé comme une fleur à 7h30, je prends mon petit dèj et me prépare tranquillement.
Pansements aux pieds sur les zones à risque, pommade, je relis ma liste pour la douze millième et dernière fois de la semaine, fais un bisou au petit dernier (les 2 grandes dorment encore) et lui promets de lui ramener une belle médaille, puisque, me dit-il "je sais que tu vas gagner papa!".
10 petites minutes de voiture, et Madame me droppe à l'entrée du parc du Château de Versailles, il est 9h45, je rejoins l'aire de départ qui commence à se remplir doucement.
Il fait franchement frisquet!
Le sol est encore par endroits recouvert de la neige qui est tombée 4 jours plus tôt, et ça préfigure un terrain vraiemnt gadouilleux...
J'attends Cédric en sirotant un thé brûlant, et en m'abritant sous la tente ou ça discutaille en tous sens, entre les odeurs de camphre et la chaleur animale.
Je croise des dossards italiens, espagnols, néerlandais, l'atmosphère est très détendue bien que polaire. Je claque des dents rien qu'en voyant des mecs en short et manches courtes!
Je remarque même quelques paires de pompes de route! y'en a qui ont sacrément la foi!
Dring! Ced me téléphone, il est en approche, et le voilà quiarrive, accompagné de sa moitié venue l'encourager.
Présentations, clic-clac:
Sont-ils beaux ces deux athlètes prêts à en découdre!
Presque 200kg de barbaque affûtés comme des [strike]couteaux à beurre[/strike] sabres de samouraï!...
On papote un petit quart d'heure, l'aire de départ est bien dense maintenant.
Ça s'excite un peu vers la sono, on se rapproche de l'arche, il est 10h30, ça ne va plus tarder maintenant...
On écoute distraitement les consignes de course en 3 langues (l'accent espagnol du speaker valait à lui seul le détour!)
Ça se serre un peu.
On est 1735 partants.
Ça couine dans la sono, on braille, on applaudit, l'ambiance monte, et...
PAN!!..
C'est parti!
On a juste le temps de se dire à tout à l'heure avec Cédric, on sait qu'on ne fera pas la course ensemble.
Pas loin l'un de l'autre, certainement, mais lui tient vraiment à partir cool, et moi je me sens en forme.
Ça frotte un peu dans les allées du parc! Y'a de la basket au cm²!
Je prends le temps de faire quelques photos, pour les mettre dans mon CR (eh oui, un vrai geek j'vous dit!)
Km 1
Y'a du monde, ilfaut bien un km ou 2 avant d'avoir un peu de place pour se mettre à sa foulée.
Une petite pause vidange de vessie au bout d'à peine 1500m, et je repars.
J'ai déjà perdu Cédric depuis les premier mètres de course.
Je cherche à tout hasard autour de moi pour voir s'il m'a raccroché à la faveur de mon arrêt pipi, mais y'a vraiment trop de monde!
Il est p-ê repassé devant...
Km 2,5
C'est super impressionnant à voir! On est au bout du Grand Canal, y'a des runners étirés sur quasiment tout le tour de l'eau, ça fait vraiment du monde!
On voit le Château de Versailles au fond... (cliquez l'image pour plus grand)
Km 4:
On passe maintenant devant le Petit Trianon.
Ça y est, ej suis dans mon rythme.
De toute façon, le tour du Grand Canal est plat, ça nous sert d'échauffement.
On sort du parc par la Porte de Matelots, et on a enfin droit à nos premières flaques de boue, dans les terrains militaires nivelés au Caterpilar, pour rejoindre le fond de la Pièce d'eau des Suisses:
Au fond, l'Orangerie et l'aile Est du Château.
MAis on n'est pas là pour faire du tourisme, ça fait 3/4 d'heure qu'on est partis, et ça commence à monter.
Je pense à boire régulièrement tous les km, deux bonnes gorgées d'Isostar.
Je ne mangerai ma première portion de barre qu'au km 10, comme prévu.
Je surveille le cardio, j'ai pour objectif de courir ces 50km à 75%K maxi (=148bpm), en m'autorisant à monter à 80%K dans les côtes (=154bpm) sans jamais dépasser 85%K (=160bpm).
Et pour le moment, je suis dans les clous.
Je me mets donc à marcher à 154 bpm, pour stabiliser la FC, qui ne dépassera pas 156 pour ce coup-ci...
Je gère donc assez facilement cette première montée, qui nous mène au Km 10, puis fais de même pour la seconde bosse qui nous fait passer de Buc au plateau de Velizy.
Je ne le sais pas encore, mais ça sera la dernière fois que je regarderai mon cardio!
Car à partir de 2h de course seulement, ça commence à être dur!
Km 15:
Les incessantes alternances de flaques de boue, de mini-côtes, de branches ou de mini-descentes dans des singletracks étroits sont un vrai plaisir, mais me scient les cannes!
Bienvenue dans le monde du trail mon pote!
Il fait assez froid, mais ça ne me dérange pas, je suis équipé pile-poil. Je gère les écarts de t° liés aux endroits venteux en enlevant/remettant mon bonnet. C'est vraiment magique le bonnet!
Je regarde ma montre, et m'aperçois avec inquiétude qu'on est à peine à 20km de course!
Km 20:
Je ne comprends pas ce qui se passe!
Mon état de forme se dégrade anormalement vite;
Pourtant je bois correctement, et j'ai mangé régulièrement à 10, 15 et 20k, mais ça ne va pas quand même.
J'ai des envies de vomir, alors que je suis habitué depuis bien longtemps aux substances que j'ingère.
Je n'ai même pas dépassé la distance des SL, où je n'ai pourtant jamais eu de telles sensations...
Je rentre rapidement en mode rouge, et perds beaucoup de lucidité...
Je suis dans le dur!
Et est beaucoup trop tôt, je le sais bien.
De cette partie du parcours, je n'ai que des souvenirs partiels, des flashs.
Je me souviens que je reçois un SMS de ma chérie qui me dit que la balise GPS ne fonctionne pas. J'en suis tout désolé et ne peux rien faire pour elle de là ou je suis.
À la faveur d'une ou l'autre des montées où je marche ( de toute façon, plus personne autour de moi ne court en montée depuis quelque temps maintenant) je trouve la force de poster un message sur mon suivi ( en fait, je me trompe et le poste dans le topic Ecotrail).
Je me tors de crampes au bide.
Je suis obligé de m'arrêter pour me plier en deux sur le bord du chemin.
Je crains d'être obligé d'aller me vider derrière les buissons.
Je repars comme je peux.
Je suis bien obligé de penser à l'abandon! Je ne suis même pas à la moitié de la course et c'est déjà l'enfer!
Je ne sais pas comment je vais faire pour rallier le premier ravito de Chaville au km 28.
Les portions boueuses pompent énormément d'énergie
Je bois de manière désordonnée.
À chaque km qui passe, je ne sais plus si j'ai déjà bu ou si je dois boire...
J'avance un peu mon auto-ravito, et décide de prendre un gel énergétique.
Je les avais précis pour la fin de course, et c'est la mort dans l'âme que je dégoupille un Energix vers le km 23, en me disant que je grolle déjà mes cartouches pour la fin.
Tant pis, advienne que pourra...
Km 25:
Ça n'avance pas...
J'ai l'impression que je n'y arriverai jamais à ce putain de ravito!
Le parcours est splendide dans cette partie je crois, mais je n'en profite pas du tout.
Le gel m'a quand même redonné quelques miettes d'énergie, mais je gère toujours ma course foulée par foulée!
Mètre après mètre, je progresse dans un brouillard total, le cerveau ne fonctionne qu'avec le peu d'oxygène que le corps veut bien lui laisser.
Je me force à boire.
Premières crises de larmes.
Ben oui, je suis comme ça, je pleure dans l'effort.
Sauf que d'habitude, c'est pas du tout avant la mi-course!...
Il y a un peu de public dans les bois, on doit être proche d'une route.
Je me souviens confusément d'une blonde qui applaudit, d'une gamine avec une pancarte "allez papa", de gens avec des appareils photo... Je pense de plus en plus à l'abandon...
Km 27, je dois vraiment avoir une sale mine ...
C'est de plus en plsu dur d'avancer
Et puis d'un seul coup, le ravito!
km 28: ravito 1
Je ne l'espérais plus.
Bizarrement, je ne suis ni essoufflé, ni très fatigué.
Mais ça fait près d'une heure maintenant que je suis en galère.
Je me vide d'un trait deux grands verres d eau claire (je n'en n'ai pans pris avec moi), je refais 1 litre d'Isostar pour le camelbak, je marche un peu, prends mon temps, banane, Tuc, je fais 2-3 étirements, mollets, quadriceps.
Je prends quelques secondes pour poster un message sur le forum .
Puis je vois un mec avec un bol de soupe chaude, ça me fait envie!...
Et cet espèce de brouet infâme et trop chaud, au goût indéfinissable me ressuscite littéralement!
J'avale ces vermicelles trop cuits comme si c'était un potage d'Alain Passard!
Je me rends compte qu'il y a de la musique sur le ravito, c'est très sympa. Bonne reprise de "Sex Machine", ils ont la pêche eux!
Je ne me presse pas.
A tout hasard je cherche Ced du regard.
Je réfléchis un instant et réalise que le prochain ravito n'est "que" dans 12 km...
Ça se tente.
Je repars au son de "Jumpin' Jack Flash" et replonge dans le silence et la relative solitude des bois...
Km 30:
Faut avouer que le ravitaillement m'a un peu requinqué, mais ça ne dure pas très longtemps.
J'ai de nouveau les cannes dures, je marche dans toutes les montées, j'ai du mal à boire...
Juste après le ravito, il y a une succession de bosses et de descentes.
On sort du bois de Chaville et on fait un peu de ruelles pour traverser la ville.
Les signaleurs bénévoles sont toujours aussi présents et gentils. Il y en a un nombre impressionnant à chaque passage piéton, à chaque feu rouge, à chaque intersection. Je ne perds jamais une occasion de les remercier.
Des trottoirs, des escaliers, puis un bon raidar pour rattaquer la forêt de Fausses-Reposes.
"Bon courage" nos crie une bénévole. je lui réponds "Le courage c'est d'être ici toute la journée pour nous, merci à vous".
Son immense sourire me réconforte un peu, mais ça ne dure que l'espace d'une foulée...
Et me voilà à nouveau à l'agonie.
On arrive dans le bas de Ville D'Avray, près des étangs, et malgré le replat du chemin au bord de l'eau, je n'en peux plus!
On est au Km 32 seulement, et je suis en train de claquer.
Je marche 10 mètres, tente de recourir, m'arrête aussitôt, remarche, recours 500m.
Et voilà que ça remonte encore.
MAis plus rien ne fonctionne.
Les jambes ne tournent pas, le coeur ne veut même pas monter, j'ai le souffle court...
Je prends mon deuxième et dernier gel en désespoir de cause...
En pleine montée, je poste mon deuxième message en forme de SOS...
La descente est aussi dure que la montée, ça ne va jamais finir...
Km 35:
ET encore une montée!
C'est fini pour moi, je vais marrêter au prochain ravito.
C'est plus possible de continuer comme ça...
Mais ce que je ne sais pas, c'est que c'est la dernière montée...
Et là, alors que je suçotte la fin de mon tube en me trainant lamentablement vers le haut de cette bosse, un gars nous encourage depuis le bord du chemin et nous crie: "Allez, vous entrez dans le Parc de St-Cloud! Ça descend maintenant! 15km et c'est fini! Allez!!"
Mon cerveau (ou ce qu'il en reste ) entre instantanément en ébullition!!
Quoi?? 15km??
Donc dans 5 c'est le ravito, et après c'est plat sur les quais??
Putain c'est pas vrai!
Allez, un dernier coup de collier!
Si j'arive à rejoindre le ravito, ça va le faire!
Je mobilise les derniers picogrammes de glucose qui trainent cachés derrière mon dernier globule rouge disponible, et je serre les dents dans les interminables allées du Parc de Saint Cloud, où je me traine au milieu des quelques promeneuses à chien-chien.
Km40: ravito
Eh bien là, je ne sais plus trop ce qui s'est passé.
J'ai bu, ça c'est sûr.
J'ai mangé une banane aussi, et je me suis assis quelques secondes (au final, j'aurai fait mon 40ème km en plus de 20 minutes! J'ai dû comater un peu sur la chaise je crois)
On voit la tour Eiffel dans le lointain.
Je sais qu'il ne reste plus que 10km de plat.
Je sais que les difficultés sont derrière moi.
Je sais qu'il me reste un gel Red Tonic special coups de mou...
Et puis quoi, 10km, c'est grosso-modo une heure...
Je repars pour la dernière ligne droite en gobant mon gel en deux fois.
Le ravito et la perspective de la ligne d'arrivée m'ont un peu rechargé.
JE n'ai toujours pas beaucoup de physique, mais au moins j'ai les idées claires.
La descente vers Sèvres est extrêmement difficile pour les cannes qui se sont refroidies.
MEs rotules grincent si fort que ça fait fuir les girafes (la preuve, c'est que je n'en ai vu aucune!)
J'enquille les km à un difficile 7'/km environ.
Le parcours devient hyper moche.
On passe au milieu des poubelles et des graffitis, entre les bagnoles et les palissades de chantier...
C'est aussi ça l'Ecotrail.
Je trouve ça vraiment craignos.
J'ai une pensée pour les dossards étrangers vus ce matin au départ, et me dis que leur fin de course est quand même assez limite point de vue tourisme! Quand même, merde! On n'a que ça à leur offrir??
J'ai presque honte d'être un local...
Certes, on a la Dame de Fer en ligne de mire,
Mais c'est mochissime autour de nous (lckgarfield en parle dans son CR, je suis d'accord avec lui)
La fin des quais ne présente pas de détails particuliers.
C'est longuet.
Je souris intérieurement en tombant sur plein de pancartes d'encouragements scotchées sur les réverbères, à l'intention de quelques kikoureurs.
Issy les Moulineaux.
J'ai mal au genou gauche à hurler.
Parc André Citroën.
LE genou gauche va mieux, mais le droit ne se tend plus et je boite en courant.
Port de Javel.
Je ne boite plus, mais mon pied droit est en compote.
Tout s'enchaine au milieu des promeneurs du samedi après-midi.
Quelques encouragement fusent ici et là.
JE lève une main pour remercier à chaque "Allez Guillaume"
Et à chaque fois le même effet pour moi: les larmes.
Je sais que je suis au bout, du parcours ET du rouleau!
Il ne faudrait pas que ça dure beaucoup plus maintenant...
Pont de Bir Hakeim.
Je ne suis plus que douleur de la tête aux pieds.
Une bénévole nous crie "Allez, plus que 500mètres"
C'est presque incroyable.
Je ne sens plus rien.
Je n'avance plsu.
J'ai le sentiment que la Tour s'éloigne à mesure que je m'e approche, comme dans les cauchemars de gamins.
Et puis d'un coup, du monde!
Un tapis rouge, une Tour Eiffel en ballons, une sono et des gens en coupe-vent bleu.
Je lève les bras dans un dernier effort, j'entends un bip quand je passe au dessus du tapis de chrono!
C'EST FINI!
Je stoppe ma montre.
6:18:25
Je m'écroule sur un banc en pleurant le peu de liquide qui me reste dasn le corpS.
J'ai mal partout, mais I did it!
Après
Je vous fais grâce de l'immédiat après-course, du ravito invisible à la fin du parcours (scandaleux), du bordel sans nom pour récupérer mes affaires, des retrouvailles avec CED37 qui marche lui aussi avec 2 compas et est obligé de réfléchir à chaque passage de trottoir.
Je suis fatigué, très fatigué, mais pas comme après le marathon.
Je suis déjà très content d'avoir réussi mon pari.
LE temps que je mets est une très bonne surprise, at au final, quand je regarde les data, je m'aperçois que je me suis arrêté près de 25 minutes aux ravitos! Le 6h00 était jouable!
Mais je suis déjà très content comme ça! Je suis passé tellement près de l'abandon que le seul fait d'avoir fini est une récompense.
Mon petit dernier est déçu que je n'aie pas gagné (ben oui, on n'a même pas eu de médaille), mais moi je suis sur mon nuage depuis samedi.
Un peu comme si j'avais une vie secrète, vous voyez?
Genre comme si de dehors j'avais l'apparence d'un mec normal, mais en fait je suis une vraie machine de guerre surentrainée, capable de courir pendant plus de 6h!
Et ça c'est grisant.
Rien que pour cette sensation étrange et formidable depuis samedi, je ne regrette pas les SL à la frontale dans la bruine gelée, les séances de côtes à se faire péter les quadriceps, le VMA qui te fout un goût de sang dans la bouche.
Tous ces efforts sont oubliés!
Depuis samedi, je ne marche plus tout à fait sur le sol... Si vous regardez bien, je suis quelques centimètres au dessus.
Depuis samedi, je vole...
Finisher.
Les douleurs sont parties et ont laissé la place à une graaaaande satisfaction; je suis un peu sur un petit nuage!
L'effet des endorphines peut durer aussi longtemps vous pensez?
Ne vois inquiétez pas, je vais vous mettre des photos, pour ceux qui n'auront pas le courage de tout lire!
Résumé des épisodes précédents:
Je devais théoriquement préparer le marathon de Milan (7 avril), mais mon acolyte Fabrice m'a malheureusement laissé tomber pour des raisons personnelles et professionnelles (pas de bol, le pauvre).
Me voilà donc le 31 décembre sans objectif 2013 après seulement 2 semaines de plan marathon! (car pas beaucoup de fun de se taper tout seul un marathon à l'étranger).
Je passe une ou deux soirées à chercher après quoi courir, et je me retrouve donc inscrit pour l'Ecotrail 50km, qui me permettra de m'initier à la fois au trail et aux distances supérieures au marathon...
Let's go!
La prépa:
Elle se passera globalement sans accroc, si ce n'est les 10 jours de vacances dans l'océan indien en semaine 3 et 4.
Ce plan (basé sur le plan trail 11 semaines du site) a été quand même sacrément plus dense que ce que j'avais fait jusqu'à présent, puisque non seulement je suis passé de 3 à 4 séances, mais en plus les temps de travail sont plus importants pour un trail de cette longueur que pour un 10k ou même un marathon. Et à certains moments, j'ai senti la fatigue.
Mais j'ai toujours fait confiance au savoir-faire de Gilles dasn la construction et la progression des efforts, et j'ai mis l'accent sur mes heures de coucher, pour vraiment privilégier la récup! Eh oui, pendant presque 3 mois je suis passé de 23h30/minuit à 22h/22h30 maxi, et je peux vous dire que j'ai senti les bienfaits des nuits rallongées!
Les détails de cette prépa sont dans mon suivi, mais pour résumer, je me suis senti vraiment "à point" à l'approche de l'épreuve. Mes ratios en EF étaient vraiment rassurants en fin de prépa, avec en plus une allure à 75%K vraiment pas mal (de 20 à 30 secondes plus vite que mon AS42 de mai dernier!!).
Le matériel choisi est lui aussi classique:
-Adidas Riot4 (rodées 120 km) en remplacement des Trabuco qui ne me tiennent pas assez l'arrière-pied
-Chaussettes X-machin spécial trail
-Collant thermique Craft long + callebute DKT
-1ère couche Adidas thermique de compression (j'adore ce haut!)
-TS ML classique
-Veste de vélo Pearl Izumi Windstopper hiver (j'adore les 3 poches dorsales dans lesquelles kje mets mes kleenex spécial goute au nez)
-Mon indispensable bonnet moche (voir ci dessous), dont j'ai récemment redécouvert les bienfaits à la faveur de la perte de mon buff. (c'est génial un bonnet, essayez, vous verrez! Ça remplace une couche de plus en haut!)
-Camelbak Mule avec 2 l. d'Isostar, un mini coupe-vent de vélo sans manche, plus le matériel obligatoire et la ceinture porte dossard.
Je prévois de boire tous les km à partir de 5, puis de manger 1/3 de barre (=33g) tous les 5km à partir de 10.
Je prends en plus 2 gels Energix et un Coup de Fouet (Overstim's)
Mes objectifs resteront cependant ceux définis en milieu de plan début février, je ne veux surtout pas m'emballer!
Objectif officiel: finir! (Ben oui, je ne sais pas ce que c'est de courir plus de 4h, comment se passera la fin de course?)
Objectif officieux: moins de 7h00 (j'ai regardé les temps de l'an dernier, je voudrais arriver avant les premiers du 80)
Objectif secret: plus près de 6h que de 7...(on ne sait jamais, des fois que je trouve un raccourci... )
Après les inévitables périodes de doute de la mi-plan ("j'avance pas", "j'ai pas de jambes", "suis-je fait pour la course à pied" et autres interrogations existentielles que nous connaissons tous... ), j'étais bien obligé d'admettre que le chrono parlait, et que même si je ne me sentais pas particulièrement différent de d'habitude, les chiffres semblaient dire que j'étais prêt!
Y'avait plus qu'à...
Ecotrail de Paris, 50km, 1000D+
Avant:
Ça fait une semaine que je suis super speed... La peur d'oublier quelque chose sans doute...
J'ai fait une liste dans mon portable de toutes les choses qui me passent par la tête, le Comfeel pour les pieds, acheter de l'Isostar, laver le Camelbak, chaussettes de rechange, billet de train, etc. Je relis la liste 50 fois par jour, la modifie, la rallonge... Je suis motivé à bloc, jene veux rien laisser au hasard!
Le W-E précédent, j'ai même été obligé de subir CHEZ MOI une soirée "concours de Mojitos et tapas" avec toute une troupe d'amis! Je ne vous raconte pas le calvaire! Mais j'ai tenu bon quand même (seulement 1 mojito, j'aurais pu faire bien pire! ).
Ça fait aussi 3 jours que je ne bouffe plus que des pâtes, du riz, du blanc de poulet et des yaourts, tout ça arrosé de Malto, j'en peux plus, je commence à avoir envie d'y être!
Dossard 5279 récupéré le vendredi, je rentre tranquille à la maison, et entame le dernier check-up en préparant méticuleusement mes affaires pour le lendemain.
Tout est fin prêt, même mes muffins au Gatosport pour le petit dèj.
Juste un petit ratage qui m'empêche en dernière minute de partager la pasta avec CED37 vendredi soir à la maison, mais tant pis, ej ferai sa connaissance le lendemain matin, juste avant le départ.
Direction le dodo, pour une nuit étonnamment calme et paisible.
Je sais que je suis prêt, y'a pas de raison que ça foire, tout est under control...
Le jour J:
Réveillé comme une fleur à 7h30, je prends mon petit dèj et me prépare tranquillement.
Pansements aux pieds sur les zones à risque, pommade, je relis ma liste pour la douze millième et dernière fois de la semaine, fais un bisou au petit dernier (les 2 grandes dorment encore) et lui promets de lui ramener une belle médaille, puisque, me dit-il "je sais que tu vas gagner papa!".
10 petites minutes de voiture, et Madame me droppe à l'entrée du parc du Château de Versailles, il est 9h45, je rejoins l'aire de départ qui commence à se remplir doucement.
Il fait franchement frisquet!
Le sol est encore par endroits recouvert de la neige qui est tombée 4 jours plus tôt, et ça préfigure un terrain vraiemnt gadouilleux...
J'attends Cédric en sirotant un thé brûlant, et en m'abritant sous la tente ou ça discutaille en tous sens, entre les odeurs de camphre et la chaleur animale.
Je croise des dossards italiens, espagnols, néerlandais, l'atmosphère est très détendue bien que polaire. Je claque des dents rien qu'en voyant des mecs en short et manches courtes!
Je remarque même quelques paires de pompes de route! y'en a qui ont sacrément la foi!
Dring! Ced me téléphone, il est en approche, et le voilà quiarrive, accompagné de sa moitié venue l'encourager.
Présentations, clic-clac:
Sont-ils beaux ces deux athlètes prêts à en découdre!
Presque 200kg de barbaque affûtés comme des [strike]couteaux à beurre[/strike] sabres de samouraï!...
On papote un petit quart d'heure, l'aire de départ est bien dense maintenant.
Ça s'excite un peu vers la sono, on se rapproche de l'arche, il est 10h30, ça ne va plus tarder maintenant...
On écoute distraitement les consignes de course en 3 langues (l'accent espagnol du speaker valait à lui seul le détour!)
Ça se serre un peu.
On est 1735 partants.
Ça couine dans la sono, on braille, on applaudit, l'ambiance monte, et...
PAN!!..
C'est parti!
On a juste le temps de se dire à tout à l'heure avec Cédric, on sait qu'on ne fera pas la course ensemble.
Pas loin l'un de l'autre, certainement, mais lui tient vraiment à partir cool, et moi je me sens en forme.
Ça frotte un peu dans les allées du parc! Y'a de la basket au cm²!
Je prends le temps de faire quelques photos, pour les mettre dans mon CR (eh oui, un vrai geek j'vous dit!)
Km 1
Y'a du monde, ilfaut bien un km ou 2 avant d'avoir un peu de place pour se mettre à sa foulée.
Une petite pause vidange de vessie au bout d'à peine 1500m, et je repars.
J'ai déjà perdu Cédric depuis les premier mètres de course.
Je cherche à tout hasard autour de moi pour voir s'il m'a raccroché à la faveur de mon arrêt pipi, mais y'a vraiment trop de monde!
Il est p-ê repassé devant...
Km 2,5
C'est super impressionnant à voir! On est au bout du Grand Canal, y'a des runners étirés sur quasiment tout le tour de l'eau, ça fait vraiment du monde!
On voit le Château de Versailles au fond... (cliquez l'image pour plus grand)
Km 4:
On passe maintenant devant le Petit Trianon.
Ça y est, ej suis dans mon rythme.
De toute façon, le tour du Grand Canal est plat, ça nous sert d'échauffement.
On sort du parc par la Porte de Matelots, et on a enfin droit à nos premières flaques de boue, dans les terrains militaires nivelés au Caterpilar, pour rejoindre le fond de la Pièce d'eau des Suisses:
Au fond, l'Orangerie et l'aile Est du Château.
MAis on n'est pas là pour faire du tourisme, ça fait 3/4 d'heure qu'on est partis, et ça commence à monter.
Je pense à boire régulièrement tous les km, deux bonnes gorgées d'Isostar.
Je ne mangerai ma première portion de barre qu'au km 10, comme prévu.
Je surveille le cardio, j'ai pour objectif de courir ces 50km à 75%K maxi (=148bpm), en m'autorisant à monter à 80%K dans les côtes (=154bpm) sans jamais dépasser 85%K (=160bpm).
Et pour le moment, je suis dans les clous.
Je me mets donc à marcher à 154 bpm, pour stabiliser la FC, qui ne dépassera pas 156 pour ce coup-ci...
Je gère donc assez facilement cette première montée, qui nous mène au Km 10, puis fais de même pour la seconde bosse qui nous fait passer de Buc au plateau de Velizy.
Je ne le sais pas encore, mais ça sera la dernière fois que je regarderai mon cardio!
Car à partir de 2h de course seulement, ça commence à être dur!
Km 15:
Les incessantes alternances de flaques de boue, de mini-côtes, de branches ou de mini-descentes dans des singletracks étroits sont un vrai plaisir, mais me scient les cannes!
Bienvenue dans le monde du trail mon pote!
Il fait assez froid, mais ça ne me dérange pas, je suis équipé pile-poil. Je gère les écarts de t° liés aux endroits venteux en enlevant/remettant mon bonnet. C'est vraiment magique le bonnet!
Je regarde ma montre, et m'aperçois avec inquiétude qu'on est à peine à 20km de course!
Km 20:
Je ne comprends pas ce qui se passe!
Mon état de forme se dégrade anormalement vite;
Pourtant je bois correctement, et j'ai mangé régulièrement à 10, 15 et 20k, mais ça ne va pas quand même.
J'ai des envies de vomir, alors que je suis habitué depuis bien longtemps aux substances que j'ingère.
Je n'ai même pas dépassé la distance des SL, où je n'ai pourtant jamais eu de telles sensations...
Je rentre rapidement en mode rouge, et perds beaucoup de lucidité...
Je suis dans le dur!
Et est beaucoup trop tôt, je le sais bien.
De cette partie du parcours, je n'ai que des souvenirs partiels, des flashs.
Je me souviens que je reçois un SMS de ma chérie qui me dit que la balise GPS ne fonctionne pas. J'en suis tout désolé et ne peux rien faire pour elle de là ou je suis.
À la faveur d'une ou l'autre des montées où je marche ( de toute façon, plus personne autour de moi ne court en montée depuis quelque temps maintenant) je trouve la force de poster un message sur mon suivi ( en fait, je me trompe et le poste dans le topic Ecotrail).
Je me tors de crampes au bide.
Je suis obligé de m'arrêter pour me plier en deux sur le bord du chemin.
Je crains d'être obligé d'aller me vider derrière les buissons.
Je repars comme je peux.
Je suis bien obligé de penser à l'abandon! Je ne suis même pas à la moitié de la course et c'est déjà l'enfer!
Je ne sais pas comment je vais faire pour rallier le premier ravito de Chaville au km 28.
Les portions boueuses pompent énormément d'énergie
Je bois de manière désordonnée.
À chaque km qui passe, je ne sais plus si j'ai déjà bu ou si je dois boire...
J'avance un peu mon auto-ravito, et décide de prendre un gel énergétique.
Je les avais précis pour la fin de course, et c'est la mort dans l'âme que je dégoupille un Energix vers le km 23, en me disant que je grolle déjà mes cartouches pour la fin.
Tant pis, advienne que pourra...
Km 25:
Ça n'avance pas...
J'ai l'impression que je n'y arriverai jamais à ce putain de ravito!
Le parcours est splendide dans cette partie je crois, mais je n'en profite pas du tout.
Le gel m'a quand même redonné quelques miettes d'énergie, mais je gère toujours ma course foulée par foulée!
Mètre après mètre, je progresse dans un brouillard total, le cerveau ne fonctionne qu'avec le peu d'oxygène que le corps veut bien lui laisser.
Je me force à boire.
Premières crises de larmes.
Ben oui, je suis comme ça, je pleure dans l'effort.
Sauf que d'habitude, c'est pas du tout avant la mi-course!...
Il y a un peu de public dans les bois, on doit être proche d'une route.
Je me souviens confusément d'une blonde qui applaudit, d'une gamine avec une pancarte "allez papa", de gens avec des appareils photo... Je pense de plus en plus à l'abandon...
Km 27, je dois vraiment avoir une sale mine ...
C'est de plus en plsu dur d'avancer
Et puis d'un seul coup, le ravito!
km 28: ravito 1
Je ne l'espérais plus.
Bizarrement, je ne suis ni essoufflé, ni très fatigué.
Mais ça fait près d'une heure maintenant que je suis en galère.
Je me vide d'un trait deux grands verres d eau claire (je n'en n'ai pans pris avec moi), je refais 1 litre d'Isostar pour le camelbak, je marche un peu, prends mon temps, banane, Tuc, je fais 2-3 étirements, mollets, quadriceps.
Je prends quelques secondes pour poster un message sur le forum .
Puis je vois un mec avec un bol de soupe chaude, ça me fait envie!...
Et cet espèce de brouet infâme et trop chaud, au goût indéfinissable me ressuscite littéralement!
J'avale ces vermicelles trop cuits comme si c'était un potage d'Alain Passard!
Je me rends compte qu'il y a de la musique sur le ravito, c'est très sympa. Bonne reprise de "Sex Machine", ils ont la pêche eux!
Je ne me presse pas.
A tout hasard je cherche Ced du regard.
Je réfléchis un instant et réalise que le prochain ravito n'est "que" dans 12 km...
Ça se tente.
Je repars au son de "Jumpin' Jack Flash" et replonge dans le silence et la relative solitude des bois...
Km 30:
Faut avouer que le ravitaillement m'a un peu requinqué, mais ça ne dure pas très longtemps.
J'ai de nouveau les cannes dures, je marche dans toutes les montées, j'ai du mal à boire...
Juste après le ravito, il y a une succession de bosses et de descentes.
On sort du bois de Chaville et on fait un peu de ruelles pour traverser la ville.
Les signaleurs bénévoles sont toujours aussi présents et gentils. Il y en a un nombre impressionnant à chaque passage piéton, à chaque feu rouge, à chaque intersection. Je ne perds jamais une occasion de les remercier.
Des trottoirs, des escaliers, puis un bon raidar pour rattaquer la forêt de Fausses-Reposes.
"Bon courage" nos crie une bénévole. je lui réponds "Le courage c'est d'être ici toute la journée pour nous, merci à vous".
Son immense sourire me réconforte un peu, mais ça ne dure que l'espace d'une foulée...
Et me voilà à nouveau à l'agonie.
On arrive dans le bas de Ville D'Avray, près des étangs, et malgré le replat du chemin au bord de l'eau, je n'en peux plus!
On est au Km 32 seulement, et je suis en train de claquer.
Je marche 10 mètres, tente de recourir, m'arrête aussitôt, remarche, recours 500m.
Et voilà que ça remonte encore.
MAis plus rien ne fonctionne.
Les jambes ne tournent pas, le coeur ne veut même pas monter, j'ai le souffle court...
Je prends mon deuxième et dernier gel en désespoir de cause...
En pleine montée, je poste mon deuxième message en forme de SOS...
La descente est aussi dure que la montée, ça ne va jamais finir...
Km 35:
ET encore une montée!
C'est fini pour moi, je vais marrêter au prochain ravito.
C'est plus possible de continuer comme ça...
Mais ce que je ne sais pas, c'est que c'est la dernière montée...
Et là, alors que je suçotte la fin de mon tube en me trainant lamentablement vers le haut de cette bosse, un gars nous encourage depuis le bord du chemin et nous crie: "Allez, vous entrez dans le Parc de St-Cloud! Ça descend maintenant! 15km et c'est fini! Allez!!"
Mon cerveau (ou ce qu'il en reste ) entre instantanément en ébullition!!
Quoi?? 15km??
Donc dans 5 c'est le ravito, et après c'est plat sur les quais??
Putain c'est pas vrai!
Allez, un dernier coup de collier!
Si j'arive à rejoindre le ravito, ça va le faire!
Je mobilise les derniers picogrammes de glucose qui trainent cachés derrière mon dernier globule rouge disponible, et je serre les dents dans les interminables allées du Parc de Saint Cloud, où je me traine au milieu des quelques promeneuses à chien-chien.
Km40: ravito
Eh bien là, je ne sais plus trop ce qui s'est passé.
J'ai bu, ça c'est sûr.
J'ai mangé une banane aussi, et je me suis assis quelques secondes (au final, j'aurai fait mon 40ème km en plus de 20 minutes! J'ai dû comater un peu sur la chaise je crois)
On voit la tour Eiffel dans le lointain.
Je sais qu'il ne reste plus que 10km de plat.
Je sais que les difficultés sont derrière moi.
Je sais qu'il me reste un gel Red Tonic special coups de mou...
Et puis quoi, 10km, c'est grosso-modo une heure...
Je repars pour la dernière ligne droite en gobant mon gel en deux fois.
Le ravito et la perspective de la ligne d'arrivée m'ont un peu rechargé.
JE n'ai toujours pas beaucoup de physique, mais au moins j'ai les idées claires.
La descente vers Sèvres est extrêmement difficile pour les cannes qui se sont refroidies.
MEs rotules grincent si fort que ça fait fuir les girafes (la preuve, c'est que je n'en ai vu aucune!)
J'enquille les km à un difficile 7'/km environ.
Le parcours devient hyper moche.
On passe au milieu des poubelles et des graffitis, entre les bagnoles et les palissades de chantier...
C'est aussi ça l'Ecotrail.
Je trouve ça vraiment craignos.
J'ai une pensée pour les dossards étrangers vus ce matin au départ, et me dis que leur fin de course est quand même assez limite point de vue tourisme! Quand même, merde! On n'a que ça à leur offrir??
J'ai presque honte d'être un local...
Certes, on a la Dame de Fer en ligne de mire,
Mais c'est mochissime autour de nous (lckgarfield en parle dans son CR, je suis d'accord avec lui)
La fin des quais ne présente pas de détails particuliers.
C'est longuet.
Je souris intérieurement en tombant sur plein de pancartes d'encouragements scotchées sur les réverbères, à l'intention de quelques kikoureurs.
Issy les Moulineaux.
J'ai mal au genou gauche à hurler.
Parc André Citroën.
LE genou gauche va mieux, mais le droit ne se tend plus et je boite en courant.
Port de Javel.
Je ne boite plus, mais mon pied droit est en compote.
Tout s'enchaine au milieu des promeneurs du samedi après-midi.
Quelques encouragement fusent ici et là.
JE lève une main pour remercier à chaque "Allez Guillaume"
Et à chaque fois le même effet pour moi: les larmes.
Je sais que je suis au bout, du parcours ET du rouleau!
Il ne faudrait pas que ça dure beaucoup plus maintenant...
Pont de Bir Hakeim.
Je ne suis plus que douleur de la tête aux pieds.
Une bénévole nous crie "Allez, plus que 500mètres"
C'est presque incroyable.
Je ne sens plus rien.
Je n'avance plsu.
J'ai le sentiment que la Tour s'éloigne à mesure que je m'e approche, comme dans les cauchemars de gamins.
Et puis d'un coup, du monde!
Un tapis rouge, une Tour Eiffel en ballons, une sono et des gens en coupe-vent bleu.
Je lève les bras dans un dernier effort, j'entends un bip quand je passe au dessus du tapis de chrono!
C'EST FINI!
Je stoppe ma montre.
6:18:25
Je m'écroule sur un banc en pleurant le peu de liquide qui me reste dasn le corpS.
J'ai mal partout, mais I did it!
Après
Je vous fais grâce de l'immédiat après-course, du ravito invisible à la fin du parcours (scandaleux), du bordel sans nom pour récupérer mes affaires, des retrouvailles avec CED37 qui marche lui aussi avec 2 compas et est obligé de réfléchir à chaque passage de trottoir.
Je suis fatigué, très fatigué, mais pas comme après le marathon.
Je suis déjà très content d'avoir réussi mon pari.
LE temps que je mets est une très bonne surprise, at au final, quand je regarde les data, je m'aperçois que je me suis arrêté près de 25 minutes aux ravitos! Le 6h00 était jouable!
Mais je suis déjà très content comme ça! Je suis passé tellement près de l'abandon que le seul fait d'avoir fini est une récompense.
Mon petit dernier est déçu que je n'aie pas gagné (ben oui, on n'a même pas eu de médaille), mais moi je suis sur mon nuage depuis samedi.
Un peu comme si j'avais une vie secrète, vous voyez?
Genre comme si de dehors j'avais l'apparence d'un mec normal, mais en fait je suis une vraie machine de guerre surentrainée, capable de courir pendant plus de 6h!
Et ça c'est grisant.
Rien que pour cette sensation étrange et formidable depuis samedi, je ne regrette pas les SL à la frontale dans la bruine gelée, les séances de côtes à se faire péter les quadriceps, le VMA qui te fout un goût de sang dans la bouche.
Tous ces efforts sont oubliés!
Depuis samedi, je ne marche plus tout à fait sur le sol... Si vous regardez bien, je suis quelques centimètres au dessus.
Depuis samedi, je vole...
Finisher.
Last Edit:il y a 11 ans 8 mois
par gyom193
Dernière édition: il y a 11 ans 8 mois par gyom193.
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Réponse de astro sur le sujet Re: [gyom193] Mon Ecotrail 50km: mission accomplie!
Posted il y a 11 ans 8 mois #223513
La vache je l'ai pas encore lu mais il a l'aire long comme ton trail Allez maintenant la lecture
par astro
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Réponse de astro sur le sujet Re: [gyom193] Mon Ecotrail 50km: mission accomplie!
Posted il y a 11 ans 8 mois #223520
Bon quoi d'autre de dire que Bravo. J’aurais abandonné et je ne sais pas comment tu as fini. Ce qui est vraiment hallucinant c'est pourquoi tu te sentais si mal alors que tu étais habitué à faire des grosses sorties.
Merci pour ton récit. En regardant tes photos je viens de comprendre vos remarques sur la fin du parcours. Les organisateurs aurait mieux fait de changer de parcours quitte à ne pas arriver sous la tour Eiffel. Ou bien modifier la fin du parcours. Je verrai bien une arrivé Porte Dauphine (comme le MDP) avec vu sur l'Arc de Triomphe. Comme ça en sortant du Parc Saint Cloud ils pourrait rallonger à travers le bois de Boulogne et rester sur des chemins en terre... Enfin je ne suis pas l’organisateur.
Merci pour ton récit. En regardant tes photos je viens de comprendre vos remarques sur la fin du parcours. Les organisateurs aurait mieux fait de changer de parcours quitte à ne pas arriver sous la tour Eiffel. Ou bien modifier la fin du parcours. Je verrai bien une arrivé Porte Dauphine (comme le MDP) avec vu sur l'Arc de Triomphe. Comme ça en sortant du Parc Saint Cloud ils pourrait rallonger à travers le bois de Boulogne et rester sur des chemins en terre... Enfin je ne suis pas l’organisateur.
par astro
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Réponse de padawann sur le sujet Re: [gyom193] Mon Ecotrail 50km: mission accomplie!
Posted il y a 11 ans 8 mois #223523
belle aventure :o)
par padawann
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Réponse de RunningZap sur le sujet Re: [gyom193] Mon Ecotrail 50km: mission accomplie!
Posted il y a 11 ans 8 mois #223533
Un énorme merci guillaume pour ton CR pleins d'émotions! Le tout agrémenté de photos, super!
J'ai vécu avec toi ta course! Que ce fut dur le passage ou tu commences a taper dans le dur, ta petite famille qui ne te voit pas sur le suivi, etc... Rien ne va et tu tiens le coup! Merci aux gens qui viennent encourager! Juste une petite phrase et le mental reprend le dessus: "allez plus que 15km"
Tu peux être fier de ta perf, car mentalement ça du être dur, très dur surtout quand tu penses a l'abandon! Et que physiquement tout lâché...
Félicitations !
Sinon je vois que ced aussi a des riot4?, alors ces chaussures? Moi je les trouve génial, super grip même sur la glace.
Bonne journée
J'ai vécu avec toi ta course! Que ce fut dur le passage ou tu commences a taper dans le dur, ta petite famille qui ne te voit pas sur le suivi, etc... Rien ne va et tu tiens le coup! Merci aux gens qui viennent encourager! Juste une petite phrase et le mental reprend le dessus: "allez plus que 15km"
Tu peux être fier de ta perf, car mentalement ça du être dur, très dur surtout quand tu penses a l'abandon! Et que physiquement tout lâché...
Félicitations !
Sinon je vois que ced aussi a des riot4?, alors ces chaussures? Moi je les trouve génial, super grip même sur la glace.
Bonne journée
Last Edit:il y a 11 ans 8 mois
par RunningZap
Dernière édition: il y a 11 ans 8 mois par RunningZap.
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- Maclad
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Réponse de Maclad sur le sujet Re: [gyom193] Mon Ecotrail 50km: mission accomplie!
Posted il y a 11 ans 8 mois #223534
un grand bravo, tu l'as fait !!
quel plaisir aussi j'ai eu à te suivre en direct.
Reposes toi bien !
Encore bravo pour le CR et la perf' !
quel plaisir aussi j'ai eu à te suivre en direct.
Reposes toi bien !
Encore bravo pour le CR et la perf' !
par Maclad
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