Le Grand Trail du Nord, pas qu'un Ch'ti Défi !

En cette fin de saison, je tenais à faire un ultra-trail. Il y a un an, je programmais le Ch'ti Défi.
Cette course nature dans le Nord-Pas-de-Calais affiche une distance totale de 150 km pour 2000m de dénivelées positives pour cette 4ème édition : l'épreuve est de taille !

Je quitte donc la Cité Corsaire à l'assaut du plat pays du nord (du moins c'est ce que je pensais au début ) le vendredi midi par le train. J'arrive le soir aux abords de Lille dans un petit hôtel et je finis les préparatifs pour le départ du lendemain.
Le samedi, le réveil sonne tôt et puis de toute façon je n'ai pas bien dormit (comme chaque veille de départ d'une course d'ailleurs ), je me rend à Wambrechies pour prendre la navette qui va me conduire à la ligne de départ, 80 km plus loin, à Leffrinckoucke.

Dès les premiers contacts avec les organisateurs, l'ambiance est détendue, l'accueil sympathique et chaleureux, et le ton est à la plaisanterie. ça n'en reste pas moins sérieux et après quelques présentations, il nous est exposé les consignes de courses ainsi que les différents problèmes liés à l'organisation d'un tel évènement. Il apparait clairement que ce type de course est un monstre de travail pour les organisateurs pourtant rodés pour en organiser sur les 5 continents. Cyril, le principal responsable de l'organisation, avouera plus tard que de toutes les courses, celle-ci est la plus compliquée à mettre en place.

Chaque coureur peaufine sa préparation, dernière sieste, ... puis nous nous rendons à la ligne de départ sur la plage de Leffrinckoucke sous un soleil de plomb.

Top départ à 12h15 !

Je trouve rapidement mes marques sur la plage et une foulée régulière sans trop de gène car la nature du sol est proche de ce que je peux trouver sur mon terrain de jeu à Saint-Malo.
Pendant les 7 premiers kilomètres, j'arpente les dunes avec un petit groupe de 6 coureurs. C'est à ce moment là que je me rend compte que je suis dans mon élément : je sens les autres coureurs peiner un peu sur le sable là où j'ai le sentiment de me promener. à l'issue des dunes, le parcours se prolonge sur une digue ou nous attend un ravitaillement. Je bois un verre et je continue ma course. Je profite du terrain roulant pour réguler ma foulée. Je double des coureurs qui affichent une certaine gène due à la chaleur qui à cette heure doit être autour de 28°C à l'ombre ... et nous sommes en plein soleil !
Après la digue, le parcours s'enfonce dans les terres où je longe un canal. Je reste très prudent et garde toujours un oeil sur mon GPS pour réguler mon allure, l'hydratation et la prise alimentaire.

Au kilomètre 15, 1er Check Point (CP) à Ghyvelde avec ravitaillement. Je fais le plein d'eau, un bout de banane, un quartier d'orange et je repars.
Pendant un moment je cours en duo et nous échangeons un peu durant le parcours. Nous traversons ainsi le parc naturel de la dune fossile à l'issue duquel je distance mon compagnon de parcours.

Au kilomètre 38, c'est le CP de la Ville de Bergues. L'accueil des bénévoles est très chaleureux et beaucoup applaudissent et encouragent. Un pointage est fait à ce niveau : je suis 5ème ! Mince je ne pensais pas être aussi bien classé sur le provisoire. Je me ressaisit après un bref instant de surprise et redouble de prudence afin de ne pas me griller pour la suite de la course. Je refais le plein d'eau, je grignote un peu et repars assez vite.
Au kilomètre 40, je ressent des lourdeurs au niveau des cuisses. Il m'est difficile à partir de maintenant d'être en course à pied en permanence. J'alterne donc plus souvent marche et course à pied. jusqu'au prochain CP, je cours en solo sur un terrain plat mais un sol irrégulier et peu roulant. Le paysage est plutôt monotone ... bref je ne prend pas vraiment mon pied mais le moral est encore très présent et je ne souffre pas de désagréments majeurs. Après plus de 50 km, je ressens une certaine fatigue et marche un bon moment.

J'arrive ainsi au CP de Whormout. L'accueil y est très agréable. Je suis toujours 5ème. le temps de refaire l'approvisionnement, de manger un peu, je recharge ainsi les batteries et repars en courant 5 minutes après m'être rafraîchit le visage et lavé les mains collantes par le sucre de mon alimentation.
Je reste dans le rythme d'alternance marche/course à pied avec le constat que mes cuisses ont bien récupéré. Cependant je commence à avoir des points de côté ! Je dois donc régulièrement m'arrêter pour qu'elles passent !
Le rythme baissant, je suis rejoins par un autre coureur. Nous cheminons un moment ensemble. quand la nuit tombe, nous arrivons aux abord de la ville de Cassel. Là nous loupons le balisage et nous nous trouvons en plein centre ville. Par chance nous croisons un véhicule de l'organisation qui nous redirige et nous retrouvons le droit chemin. Quelques parties du balisage ont été modifiées par des plaisantins mal avisés mais nous arrivons tout de même à suivre la bonne voie vers le prochain CP. La course de nuit est agréable en l'absence de cette chaleur qui nous a accompagné tout le jour. Mes points de côté reviennent et je laisse partir mon collègue devant.

Puis je suis pris d'une quinte de toux, de nausées suivi de vomissements. En quelques secondes je vide le contenu de mon estomac qui était bien mince ma fois. A cet instant je me sens très faible, j'ai les jambes coupées et je perd l'équilibre au moment de me redresser. Je ne suis plus qu'à quelques kilomètre de Terdeghem et décide de les faire en marchant. Pendant la marche, je récupère mais je n'arrive plus à boire où à manger : rien ne passe, même pas l'eau.

J'arrive finalement à mi-parcours au km 75 et me pose un bon moment avant de prendre une décision. Après plusieurs minutes de récupération et le soutient bienveillant des bénévoles, je déclare forfait, me sentant trop faible avec la crainte d'un coup de chaleur. Il est encore tôt dans la soirée et il faudra que j'attende un bon moment avant d'être raccompagné à Wambrechies.

A l'heure actuelle, la récupération est encore de rigueur. Bien que musculairement parlant, je me sente bien, les pieds et les chevilles ont souffert et les douleurs persistent encore aujourd'hui.

Bilan :

A quand le prochain ??! Quoiqu'il en soit, j'ai adoré !!
Cette expérience n'a pas aboutit aux 150 km mais a été très riche d'enseignement pour les prochaines courses que je programmerais la saison qui arrive. J'envisage déjà de nouvelles pistes pour ma préparation que se soit pour l'alimentation, l'équipement, le programme d'entraînement ... enfin bref, ça ne fait que commencer

c'est génial de voir la motivation que tu as et c'était ta premiere expérience sur ce genre de distance. je reste quand meme imrpessione car deja 75km c'est énorme

Tout d'abord un grand bravo à toi ! 75 km avec des classements intermédiaires particulièrement encourageants, c'est fort et c'est surtout riche de promesse pour la suite.

N'ayant pas de nouvelle depuis quelques jours, on commençait même à s’inquiéter un peu. Ça fait plaisir de te retrouver avec en plus un bon moral malgré l'abandon !

J'ai le sentiment que l'alimentation est un problème classique sur l'ultra !? As-tu une idée sur l'origine de tes problèmes de digestion ?

Respect et admiration sont les premiers mots qui me viennent en lisant ton récit. Tu étais sacrément bien parti, en route vers un énorme résultat, mais tu as pris la voie de la sagesse en écoutant ce que ton corps avait à te dire. Je trouve que tu as fait preuve d'une incroyable lucidité pour prendre un choix si difficile après tant d'heures d'efforts.

Félicitations, pour tout et merci pour ton compte-rendu, teinté d'optimisme. J'en conclus donc que tu ne regrettes pas ta décision. Tu sembles au contraire encore plus motivé. Je trouve ça génial.

Récupère bien. J'aurai plaisir à suivre tes prochains exploits.

Je pense que tu as pris la bonne décision, ce n'est que partie remise avec toute l'expérience que tu viens d'emmagasiner tu arriveras au bout et puis 75 km déjà chapeau bas

merci pour ton récit.

sage décision, et quand meme 75 km de fait, c'est pas si mal d'autant qu'avec la chaleur et le soleil, ca devait etre vraiment dur...
c'est pas un début d'insolation que tu as eu par hasard ??
C'est un peu ce qui me fait peur dans ce genre de trail ou la distance est longue mais assez roulant (tout est relatif ) : je trouve que ca peut mettre plus vite dans le rouge que du gros deniv ou tu es obligé de marcher.

quoi qu'il en soit, récupère bien et essaie de comprendre tes erreurs "relatives hein" pour le prochain