Chtriman 226 distance Ironman Terminé
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Réponse de Patrick57 sur le sujet Duathlon Souppes (fini) + Objectifs 2017(maj)
Posted il y a 8 ans 2 semaines #453830
Bravo pour ton duathlon !!
Et un premier semestre 2017 bien rempli déjà !!
Et un premier semestre 2017 bien rempli déjà !!
par Patrick57
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Réponse de Kyogiro sur le sujet Duathlon Souppes (fini) + Objectifs 2017(maj)
Posted il y a 8 ans 2 semaines #453860
@Jean-Marc : mille excuses, je corrige ça tout de suite. Nouveau calendrier 2017 :
- samedi 22 avril : Liège-Bastogne-Liège, ~250 km de vélo
- 27 mai : Triathlon M (ou L ? à une semaine de mon autre L) de Belfort
- 4 juin : Triathlon L (half Ironman) de Troyes
- 2 juillet : Chtriman 226 (distance Ironman).
- w-e du 24 septembre : Rencontre avec le forum CCAP à Tours avec Jean-Marc en maître de cérémonie !
- samedi 22 avril : Liège-Bastogne-Liège, ~250 km de vélo
- 27 mai : Triathlon M (ou L ? à une semaine de mon autre L) de Belfort
- 4 juin : Triathlon L (half Ironman) de Troyes
- 2 juillet : Chtriman 226 (distance Ironman).
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Last Edit:il y a 8 ans 2 semaines
par Kyogiro
Dernière édition: il y a 8 ans 2 semaines par Kyogiro.
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Réponse de Kyogiro sur le sujet Duathlon Souppes (fini) + Objectifs 2017(maj)
Posted il y a 7 ans 6 mois #470823
Je vais essayer d’écrire le CR assez rapidement pendant que c’est encore frais dans la tête. Dans quelques jours, j’aurai sans doute occulté les mauvais souvenirs (une bonne chose en soi) qui font aussi parti de l’expérience.
Je me suis inscrit au LBL assez vite. Je me suis dit “270+ km, c’est bien, ça me fera du foncier en vu de mon Chtriman”. Oui, sauf que je découvre le profil de la course 3 semaines avant, et je prends un peu peur : l’organisation annonce 5.1 km de D+ (même si on tournait autour de 4200 m de D+ avec nos montres/compteurs) et ça n’arrête jamais pendant 273 km. Montée/descente/montée/descente, etc… ad vitam aeternam. Pour couronner le tout, un ami du club me dit “tu verras, après LBL, ton Ironman te semblera facile”. J’ignore encore si c’était pour me rassurer, mais ça donne le ton.
La veille, rapidement : si globalement, la course est très bien organisée (fléchages, ravitos, bénévoles), l’endroit où on retire nos dossards fait un peu pauvre et ressemble à une petite organisation locale d’un 5 km
Bref, le matin de la course, réveil à 5h (dans ma chambre, mais je pense que c’était pareil pour tout le monde) après une nuit agitée où le sommeil ne se trouve pas facilement et quand celui-ci finit par se faire attraper, il reste très fuyant. Cela dit, pas de fatigue particulière le matin, on sent les troupes prêtes à partir au combat.
Quand je la start list (on est 10 du club), pas besoin de vous dire que quand je regardais autour de moi, c’était du très lourd.
C’est le moment de s’élancer et tout le club est Lock & Load. La météo (tous les sites et applications imaginables) annonçait du mauvais temps, finalement on part dans des conditions largement acceptables (pas trop froid, pas de pluie). Sauf que l’illusion n’allait durer que 30 min - 1h, et après, c’était pluie + froid pendant 4-5h (plus ou moins, je n’avais plus la notion du temps). Après quelques km, on sort rapidement de la ville et la course va révéler sa vraie nature : les côtes commencent pour ne jamais finir.
Très vite, je suis la seule stratégie viable à mon niveau : ne pas suivre les copains (qui font une petite montée de plus en ville au départ en manquant un tournant pour se chauffer les jambes). Je les laisse tous partir et je décide de gérer la course au maximum parce que ça va être long. Au départ, il est très facile d’être en peloton, de passer à un autre parce qu’on se fait dépasser ou l’inverse. Mais je veux rester discipliné et ne pas griller de cartouches inutiles. Alors, je rentre en mode “salle du temps” (Dragon Ball Z), je me fais dépasser ou l’inverse, ça n’affectera pas ma gestion, je reste dans ma bulle.
La vue est impressionnante pour l’instant, non pas les paysages, mais cette file ininterrompue de cyclistes. Ca grimpe, mais on est encore frais, alors ça se passe facilement. On arrive assez vite au premier ravito où je ferai la même chose quasiment à chaque fois : on enlève les gants, on passe aux WC faire une petite vidange, on remplit à nouveau mes bouteilles (je boirai 1L (ou un peu plus) d’aptonia par ravitaillement (environ tous les 40 km ou un peu plus)), je mange des trucs salés (parce qu'un ami du club a insisté une bonne partie de la soirée dessus dans notre chambre) et on repart. En 5 minutes, on a bien le temps de se refroidir et le départ de chaque ravitaillement se fait dans la douleur, on sent l’emprise du froid. Je mets bien 15-20 km à me réchauffer. Au 2e ravito (103 km), il y a des sandwichs au pain au lait, mais quand je passe, les premiers ont déjà fini tout le jambon. Donc ça sera pain au lait + fromage pour moi. J’en prends et j’enfourche le vélo, je le mangerai en pédalant vent de face. Le froid se fait plus intense et j’ai les sensations similaires au niveau du nez quand je bois de l’eau froid très vite.
1er ravito
Jusque là, tout va bien et je n’ai vraiment pas l’impression que c’est plus difficile que la vallée de Chevreuse (là où on s'entraîne régulièrement pour le vélo avec le club, région parisienne). En même temps, je suis dans la gestion, donc, je ne suis pas beaucoup entamé (pas comme quand on sort avec le club). Je pensais alors m’en tirer à bon compte et pouvoir finir tranquillement. Le mauvais temps, bien que mauvais, s’oublie aussi un petit peu avec l’effort sauf en descente où déjà, je ne suis pas très doué mais avec la pluie sur les lunettes, j’ai quand même un peu peur et freine plus que de raison avec ma vision limitée et le froid grandissant qui se fait vite ressentir à nouveau.
Sauf qu’au 123e km, il y a la côte de Saint-Roch. Comment vous expliquer le truc quand c’est la première fois qu’on la voit : c’est super pentu ! Et les flèches de direction nous indique que le chemin passe bien par cette ici. Là, pour la seule fois de la course, je prends vraiment peur. Je me demande comment je vais gravir ça. Ma réaction équivaut bien à celle de Luke Skywalker quand il découvre que Darth Vador est son papa. Clairement, un truc comme ce que je vois, je n’ai jamais grimpé ça de ma vie et le souvenir de la vallée de Chevreuse s’éloigne d’un coup.
C’est la deuxième côte répertoriée, la 1ere au km 75 (Côte de la Roche-en-Ardenne), je ne m’en souviens même plus. Je me mets tout de suite sur le petit plateau et je monte les vitesses sur la cassette jusqu’à arriver tout au bout. Faut se mettre en danseuse et pas se poser de question, faut tout envoyer, sinon on tombe : Go Big or Go Home (et je trouvais qu’il était bien trop tôt pour rentrer à la maison). En 34/27, je ne zigzague pas et je vois alors les premiers marcheurs. Tout le monde n’y arrive pas et certains posent déjà le pied à terre. Finalement, je monte à bloc (~105% de la FC seuil). L’effort est supportable et après 2, 3 secondes au bout de la côte, on retrouve très vite son souffle et ses jambes. Donc on repart. A ma grande surprise, je trouve que je grimpe la côte plutôt bien et toutes les sensations de froid ou autre gêne disparaissent. En effet, assez vite dans la course, vers le km 50, je ne sais pas pourquoi mais ma hanche droite tire un peu. Je ne savais pas trop ce que c’était et je me disais que ça devait être psychosomatique. Donc j’ai qu’à ignorer cette sensation et ça devrait partir. Le franchissement de la côte m’apporte de la confiance en moi et je me dis que les autres côtes répertoriées doivent être du même acabit. Je repars avec la certitude de toutes les franchir.
J’arrive au 3e ravito (140 km), je me trouve très bien et encore bien frais. Je fais mon rituel habituel et je me dis qu’il ne reste qu’une sortie club en termes de distance et on est rentré à la maison. Je sors du ravito en confiance et très vite j’accroche les roues d’un gros peloton (+50 coureurs). On arrive à la Côte du Pont (175 km, c’est répertorié, donc c’est dur) en masse. Là, faut pas qu’un mec zigzague trop, sinon tout le monde se casse la gueule. J’arrive tout de même me frayer un chemin et remonter du monde en continu. S’ensuit la côte de Bellevaux 4 km plus loin. Maintenant que je connais la musique, je fais ça de manière automatique, vitesse la plus facile et en danseuse.
J’arrive au 4e ravito (183 km) très rapidement, environ 1h40 après le précédent, j’ai bien accéléré et j’ai bien aimé ce passage où j’ai pu me lâcher un peu plus. Au sortir du ravito, très rapidement la côte de la Ferme Libert se présente (je ne sais plus trop comment elle est), je la franchis de la même manière et quelques km plus loin, vers les 190e km (je devais être à un peu moins de 25 km/h de moyenne jusque là), le drame : mon dos me lâche et j’ai de bonnes douleurs dans le bas du dos comme je n’en avais plus depuis depuis mes débuts en vélo (pré-réglages en août). Je ne peux presque plus me mettre en danseuse, ça me sollicite trop le dos, ni avoir une position correcte en pliant un peu les bras (le dos se penchant un peu), encore moins me mettre sur les drops. Les km vont commencer à être longs et il y en a encore pas mal. Je fais un calcul rapide, la prochaine difficulté est au 202e km, faudra que je récupère un peu “d’aisance dorsale” si on peut nommer cela ainsi. Ca ne sera pas une côte mais le Col des Rosiers, pas aussi pentu mais horriblement long. Je la fais à l’économie comme j’ai pas besoin d’envoyer les chevaux pour y voir la fin. Pareil au prochain au 216e km qui est le Col du Maquisard.
Ces passages ont été très longs et en solo pour moi. J’essaye de me ménager un maximum pour soulager le dos. Par contre, à aucun moment, j’ai l’idée de m’arrêter ou d’abandonner. Tout est encore largement (relativement, entendons-nous bien) gérable et supportable. Se profile le 236e km et la Côte de la Redoute. Ca monte jusqu’à 20% pendant 1.9 km. Je ne crois pas avoir vu des indications sur les autres côtes précédemment, mais j’ai du les manquer (comme j’en manquerai encore une derrière). En ayant les infos, je trouve que ça se passe mieux dans la tête, on sait qu’on va en baver mais pas indéfiniment. A nouveau je donne tout, le dos me tiraille, je lui dis d’aller se faire voir, c’est pas le moment de m’emmerder parce que ça fait 40 bornes que je l’épargne et que j’avance au ralenti. Je serre les dents, et la voix du coach de Rocky (dans Rocky IV et VI, donc en fait le coach d'Apollo Creed) résonne dans ma tête en me disant “no pain” (Adrian vient de rejoindre Rocky en Sibérie pour s'entraîner et la musique “Heart’s on Fire” retentit). Je la monte en 8 minutes et 38 secondes (1ere côte chronométrée) non sans mal.
Le dernier ravito est juste derrière (234 km), je reste un peu plus longtemps pour m’étirer le dos.
Dernier ravitaillement
Ravito fait, 11 km plus loin, j’arrive sur la Côte de La Roche-Aux-Faucons. 2e côte chronométrée. Comme j’ai pu me reposer un peu au ravito, je suis relativement frais, donc je me pose pas de questions, et je monte ça “vite” fait bien fait en remontant tout le peloton qui vient de me passer. 9min30 sur 1.8 km, ça monte jusqu’à 18% au plus fort.
Un peu plus loin, au 259e km, la Côte de Saint Nicolas, je manque le panneau informatif sur la distance et la pente. J’y vais plutôt un peu plus doucement jusqu’à rattraper rapidement un autre cycliste pour lui demander l’info. Je lui demande s’il sait ça monte pendant combien de temps, il me répond “uno”. A partir de là, “j’accélère” (dans ces moments là, 12 km/h, c’est une accélération fulgurante) vu la “faible” distance et je termine la côte en 6min59 et j’ignore ce que mon dos veut me dire parce que je suis en mode “embrace the pain”.
Après, ça n’est pas totalement fini mais presque. Encore une belle côte en ville (sinon ça ne serait pas amusant) qui mène à l’arrivée pro (mais ça n’est pas fini pour nous), la batterie de ma montre qui lâche aux alentour du km 270 (elle affichait 2 km de retard sur le cadran), des feux rouges auxquels je m’arrête vu que tout le monde le fait (je n’avais pas envie d’être le seul sauvage du groupe) et quelques très légers maux de ventre (vers le 250e km) après les 6L (avec le litre du départ + les ravitos) d’aptonia ingurgités (j’ai un métabolisme très peu efficace, il adore gaspiller l’énergie que je lui fournis, un vrai gaspilleur).
A l’arrivée, au bout de 12h de vélo, je suis accueilli comme un roi, Tout le monde m’a attendu pour me doucher et enfin partir dîner pour le debriefing avec les copains. J’étais aux anges, satisfait du devoir accompli.
Certes, j’ai du bien ralentir à partir du 190e km pour pouvoir finir. Frustré sur le moment parce que j’avais encore jambes, c’est bien d’ailleurs tout ce qui me restait à la fin. Après que mon dos en ait eu marre, je n’ai pu plus plier un peu les bras et gainer, c’était donc bras tendu. Il n’en fallait pas longtemps pour que les poignets me lâchent aussi, puis ça a été les fesses. La seule chose sur laquelle je me suis focalisé, c’était de continuer à avancer, faire défiler les km. Mais globalement, ça a été très plaisant malgré le mauvais temps, malgré les surprenantes et effrayantes montées, malgré les parties passées en solo. Passé la frayeur de la Côte de Saint-Roch, jamais je n’ai eu un doute sur ma capacité à finir en gardant cette petite phrase d’Henry Ford en tête : “Whether you think you can or whether you think you can’t, you’re right.” 24h après, le dos va déjà mieux (pas au point de refaire du vélo aujourd’hui, on verra demain) et je ne suis pas fracassé en deux comme au sortir d’un marathon.
Puis, j’en n’oublie pas la meilleure partie : les moments passés avec le club avant et après la course (oui, parce que pendant, c’était juste les premiers km). Rien que pour ça, ça valait la peine de venir parce qu’on avait vraiment une dream team, au-dessus de l’équipe américaine de basket des JO de 92. Les temps réalisés par mes 9 autres compères sont d’un tout autre niveau. En réfléchissant, en faisant des plans sur la comète, j’aurai peut-être pu gagner quoi ? 30 minutes en étant le plus optimiste possible. Trop loin des copains parce qu’à ne pas s’y tromper, j’ai eu le grand privilège d’être parmi des monstres (ils finissent entre 9h42 et 10h40).
Très vite, le peu de regrets que j’aurai pu avoir partent. Aurai-je du me ménager un peu plus sur les grosses côtes et mon dos aurait tenu plus longtemps ? Plus de PPG du dos ? Etre plus relax sur les descentes dès le début ? Ne pas accélérer au 140e ? En réalité, j’en ai rien à cirer de tout ça parce que j’ai FAIT LE LBL.
Je me suis inscrit au LBL assez vite. Je me suis dit “270+ km, c’est bien, ça me fera du foncier en vu de mon Chtriman”. Oui, sauf que je découvre le profil de la course 3 semaines avant, et je prends un peu peur : l’organisation annonce 5.1 km de D+ (même si on tournait autour de 4200 m de D+ avec nos montres/compteurs) et ça n’arrête jamais pendant 273 km. Montée/descente/montée/descente, etc… ad vitam aeternam. Pour couronner le tout, un ami du club me dit “tu verras, après LBL, ton Ironman te semblera facile”. J’ignore encore si c’était pour me rassurer, mais ça donne le ton.
La veille, rapidement : si globalement, la course est très bien organisée (fléchages, ravitos, bénévoles), l’endroit où on retire nos dossards fait un peu pauvre et ressemble à une petite organisation locale d’un 5 km
Bref, le matin de la course, réveil à 5h (dans ma chambre, mais je pense que c’était pareil pour tout le monde) après une nuit agitée où le sommeil ne se trouve pas facilement et quand celui-ci finit par se faire attraper, il reste très fuyant. Cela dit, pas de fatigue particulière le matin, on sent les troupes prêtes à partir au combat.
Quand je la start list (on est 10 du club), pas besoin de vous dire que quand je regardais autour de moi, c’était du très lourd.
C’est le moment de s’élancer et tout le club est Lock & Load. La météo (tous les sites et applications imaginables) annonçait du mauvais temps, finalement on part dans des conditions largement acceptables (pas trop froid, pas de pluie). Sauf que l’illusion n’allait durer que 30 min - 1h, et après, c’était pluie + froid pendant 4-5h (plus ou moins, je n’avais plus la notion du temps). Après quelques km, on sort rapidement de la ville et la course va révéler sa vraie nature : les côtes commencent pour ne jamais finir.
Très vite, je suis la seule stratégie viable à mon niveau : ne pas suivre les copains (qui font une petite montée de plus en ville au départ en manquant un tournant pour se chauffer les jambes). Je les laisse tous partir et je décide de gérer la course au maximum parce que ça va être long. Au départ, il est très facile d’être en peloton, de passer à un autre parce qu’on se fait dépasser ou l’inverse. Mais je veux rester discipliné et ne pas griller de cartouches inutiles. Alors, je rentre en mode “salle du temps” (Dragon Ball Z), je me fais dépasser ou l’inverse, ça n’affectera pas ma gestion, je reste dans ma bulle.
La vue est impressionnante pour l’instant, non pas les paysages, mais cette file ininterrompue de cyclistes. Ca grimpe, mais on est encore frais, alors ça se passe facilement. On arrive assez vite au premier ravito où je ferai la même chose quasiment à chaque fois : on enlève les gants, on passe aux WC faire une petite vidange, on remplit à nouveau mes bouteilles (je boirai 1L (ou un peu plus) d’aptonia par ravitaillement (environ tous les 40 km ou un peu plus)), je mange des trucs salés (parce qu'un ami du club a insisté une bonne partie de la soirée dessus dans notre chambre) et on repart. En 5 minutes, on a bien le temps de se refroidir et le départ de chaque ravitaillement se fait dans la douleur, on sent l’emprise du froid. Je mets bien 15-20 km à me réchauffer. Au 2e ravito (103 km), il y a des sandwichs au pain au lait, mais quand je passe, les premiers ont déjà fini tout le jambon. Donc ça sera pain au lait + fromage pour moi. J’en prends et j’enfourche le vélo, je le mangerai en pédalant vent de face. Le froid se fait plus intense et j’ai les sensations similaires au niveau du nez quand je bois de l’eau froid très vite.
1er ravito
Jusque là, tout va bien et je n’ai vraiment pas l’impression que c’est plus difficile que la vallée de Chevreuse (là où on s'entraîne régulièrement pour le vélo avec le club, région parisienne). En même temps, je suis dans la gestion, donc, je ne suis pas beaucoup entamé (pas comme quand on sort avec le club). Je pensais alors m’en tirer à bon compte et pouvoir finir tranquillement. Le mauvais temps, bien que mauvais, s’oublie aussi un petit peu avec l’effort sauf en descente où déjà, je ne suis pas très doué mais avec la pluie sur les lunettes, j’ai quand même un peu peur et freine plus que de raison avec ma vision limitée et le froid grandissant qui se fait vite ressentir à nouveau.
Sauf qu’au 123e km, il y a la côte de Saint-Roch. Comment vous expliquer le truc quand c’est la première fois qu’on la voit : c’est super pentu ! Et les flèches de direction nous indique que le chemin passe bien par cette ici. Là, pour la seule fois de la course, je prends vraiment peur. Je me demande comment je vais gravir ça. Ma réaction équivaut bien à celle de Luke Skywalker quand il découvre que Darth Vador est son papa. Clairement, un truc comme ce que je vois, je n’ai jamais grimpé ça de ma vie et le souvenir de la vallée de Chevreuse s’éloigne d’un coup.
C’est la deuxième côte répertoriée, la 1ere au km 75 (Côte de la Roche-en-Ardenne), je ne m’en souviens même plus. Je me mets tout de suite sur le petit plateau et je monte les vitesses sur la cassette jusqu’à arriver tout au bout. Faut se mettre en danseuse et pas se poser de question, faut tout envoyer, sinon on tombe : Go Big or Go Home (et je trouvais qu’il était bien trop tôt pour rentrer à la maison). En 34/27, je ne zigzague pas et je vois alors les premiers marcheurs. Tout le monde n’y arrive pas et certains posent déjà le pied à terre. Finalement, je monte à bloc (~105% de la FC seuil). L’effort est supportable et après 2, 3 secondes au bout de la côte, on retrouve très vite son souffle et ses jambes. Donc on repart. A ma grande surprise, je trouve que je grimpe la côte plutôt bien et toutes les sensations de froid ou autre gêne disparaissent. En effet, assez vite dans la course, vers le km 50, je ne sais pas pourquoi mais ma hanche droite tire un peu. Je ne savais pas trop ce que c’était et je me disais que ça devait être psychosomatique. Donc j’ai qu’à ignorer cette sensation et ça devrait partir. Le franchissement de la côte m’apporte de la confiance en moi et je me dis que les autres côtes répertoriées doivent être du même acabit. Je repars avec la certitude de toutes les franchir.
J’arrive au 3e ravito (140 km), je me trouve très bien et encore bien frais. Je fais mon rituel habituel et je me dis qu’il ne reste qu’une sortie club en termes de distance et on est rentré à la maison. Je sors du ravito en confiance et très vite j’accroche les roues d’un gros peloton (+50 coureurs). On arrive à la Côte du Pont (175 km, c’est répertorié, donc c’est dur) en masse. Là, faut pas qu’un mec zigzague trop, sinon tout le monde se casse la gueule. J’arrive tout de même me frayer un chemin et remonter du monde en continu. S’ensuit la côte de Bellevaux 4 km plus loin. Maintenant que je connais la musique, je fais ça de manière automatique, vitesse la plus facile et en danseuse.
J’arrive au 4e ravito (183 km) très rapidement, environ 1h40 après le précédent, j’ai bien accéléré et j’ai bien aimé ce passage où j’ai pu me lâcher un peu plus. Au sortir du ravito, très rapidement la côte de la Ferme Libert se présente (je ne sais plus trop comment elle est), je la franchis de la même manière et quelques km plus loin, vers les 190e km (je devais être à un peu moins de 25 km/h de moyenne jusque là), le drame : mon dos me lâche et j’ai de bonnes douleurs dans le bas du dos comme je n’en avais plus depuis depuis mes débuts en vélo (pré-réglages en août). Je ne peux presque plus me mettre en danseuse, ça me sollicite trop le dos, ni avoir une position correcte en pliant un peu les bras (le dos se penchant un peu), encore moins me mettre sur les drops. Les km vont commencer à être longs et il y en a encore pas mal. Je fais un calcul rapide, la prochaine difficulté est au 202e km, faudra que je récupère un peu “d’aisance dorsale” si on peut nommer cela ainsi. Ca ne sera pas une côte mais le Col des Rosiers, pas aussi pentu mais horriblement long. Je la fais à l’économie comme j’ai pas besoin d’envoyer les chevaux pour y voir la fin. Pareil au prochain au 216e km qui est le Col du Maquisard.
Ces passages ont été très longs et en solo pour moi. J’essaye de me ménager un maximum pour soulager le dos. Par contre, à aucun moment, j’ai l’idée de m’arrêter ou d’abandonner. Tout est encore largement (relativement, entendons-nous bien) gérable et supportable. Se profile le 236e km et la Côte de la Redoute. Ca monte jusqu’à 20% pendant 1.9 km. Je ne crois pas avoir vu des indications sur les autres côtes précédemment, mais j’ai du les manquer (comme j’en manquerai encore une derrière). En ayant les infos, je trouve que ça se passe mieux dans la tête, on sait qu’on va en baver mais pas indéfiniment. A nouveau je donne tout, le dos me tiraille, je lui dis d’aller se faire voir, c’est pas le moment de m’emmerder parce que ça fait 40 bornes que je l’épargne et que j’avance au ralenti. Je serre les dents, et la voix du coach de Rocky (dans Rocky IV et VI, donc en fait le coach d'Apollo Creed) résonne dans ma tête en me disant “no pain” (Adrian vient de rejoindre Rocky en Sibérie pour s'entraîner et la musique “Heart’s on Fire” retentit). Je la monte en 8 minutes et 38 secondes (1ere côte chronométrée) non sans mal.
Le dernier ravito est juste derrière (234 km), je reste un peu plus longtemps pour m’étirer le dos.
Dernier ravitaillement
Ravito fait, 11 km plus loin, j’arrive sur la Côte de La Roche-Aux-Faucons. 2e côte chronométrée. Comme j’ai pu me reposer un peu au ravito, je suis relativement frais, donc je me pose pas de questions, et je monte ça “vite” fait bien fait en remontant tout le peloton qui vient de me passer. 9min30 sur 1.8 km, ça monte jusqu’à 18% au plus fort.
Un peu plus loin, au 259e km, la Côte de Saint Nicolas, je manque le panneau informatif sur la distance et la pente. J’y vais plutôt un peu plus doucement jusqu’à rattraper rapidement un autre cycliste pour lui demander l’info. Je lui demande s’il sait ça monte pendant combien de temps, il me répond “uno”. A partir de là, “j’accélère” (dans ces moments là, 12 km/h, c’est une accélération fulgurante) vu la “faible” distance et je termine la côte en 6min59 et j’ignore ce que mon dos veut me dire parce que je suis en mode “embrace the pain”.
Après, ça n’est pas totalement fini mais presque. Encore une belle côte en ville (sinon ça ne serait pas amusant) qui mène à l’arrivée pro (mais ça n’est pas fini pour nous), la batterie de ma montre qui lâche aux alentour du km 270 (elle affichait 2 km de retard sur le cadran), des feux rouges auxquels je m’arrête vu que tout le monde le fait (je n’avais pas envie d’être le seul sauvage du groupe) et quelques très légers maux de ventre (vers le 250e km) après les 6L (avec le litre du départ + les ravitos) d’aptonia ingurgités (j’ai un métabolisme très peu efficace, il adore gaspiller l’énergie que je lui fournis, un vrai gaspilleur).
A l’arrivée, au bout de 12h de vélo, je suis accueilli comme un roi, Tout le monde m’a attendu pour me doucher et enfin partir dîner pour le debriefing avec les copains. J’étais aux anges, satisfait du devoir accompli.
Certes, j’ai du bien ralentir à partir du 190e km pour pouvoir finir. Frustré sur le moment parce que j’avais encore jambes, c’est bien d’ailleurs tout ce qui me restait à la fin. Après que mon dos en ait eu marre, je n’ai pu plus plier un peu les bras et gainer, c’était donc bras tendu. Il n’en fallait pas longtemps pour que les poignets me lâchent aussi, puis ça a été les fesses. La seule chose sur laquelle je me suis focalisé, c’était de continuer à avancer, faire défiler les km. Mais globalement, ça a été très plaisant malgré le mauvais temps, malgré les surprenantes et effrayantes montées, malgré les parties passées en solo. Passé la frayeur de la Côte de Saint-Roch, jamais je n’ai eu un doute sur ma capacité à finir en gardant cette petite phrase d’Henry Ford en tête : “Whether you think you can or whether you think you can’t, you’re right.” 24h après, le dos va déjà mieux (pas au point de refaire du vélo aujourd’hui, on verra demain) et je ne suis pas fracassé en deux comme au sortir d’un marathon.
Puis, j’en n’oublie pas la meilleure partie : les moments passés avec le club avant et après la course (oui, parce que pendant, c’était juste les premiers km). Rien que pour ça, ça valait la peine de venir parce qu’on avait vraiment une dream team, au-dessus de l’équipe américaine de basket des JO de 92. Les temps réalisés par mes 9 autres compères sont d’un tout autre niveau. En réfléchissant, en faisant des plans sur la comète, j’aurai peut-être pu gagner quoi ? 30 minutes en étant le plus optimiste possible. Trop loin des copains parce qu’à ne pas s’y tromper, j’ai eu le grand privilège d’être parmi des monstres (ils finissent entre 9h42 et 10h40).
Très vite, le peu de regrets que j’aurai pu avoir partent. Aurai-je du me ménager un peu plus sur les grosses côtes et mon dos aurait tenu plus longtemps ? Plus de PPG du dos ? Etre plus relax sur les descentes dès le début ? Ne pas accélérer au 140e ? En réalité, j’en ai rien à cirer de tout ça parce que j’ai FAIT LE LBL.
Last Edit:il y a 7 ans 6 mois
par Kyogiro
Dernière édition: il y a 7 ans 6 mois par Kyogiro.
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: Patrick57
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- joelDi
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Réponse de joelDi sur le sujet Liège Bastogne Liège Fini : la saison est lancée
Posted il y a 7 ans 6 mois #470830
Franchement, un tout gros bravo. Liège-Bastogne-Liège c'est une des classiques les plus éprouvantes, un des monuments du cyclisme. Tu es arrivé au bout, ça mérite un énorme coup de chapeau. Merci pour ton CR.
par joelDi
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- jeanmarc
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Réponse de jeanmarc sur le sujet Liège Bastogne Liège Fini : la saison est lancée
Posted il y a 7 ans 6 mois #470903
Je dit respect
Vraiment pour moi le vélo c'est un truc de fou avec une gestion du temps qui ne me donne vraiment pas envie
Super les gars de ton club qui ont pris la peine de t attendre ça c'est des vrais sportifs
Pour septembre j ai proposer a Christophe de venir à vélo ( c'est son nouveau joujou qu'il a eu à son anniversaire ) comme vous êtes pas très loin je compte sur vous pour organiser ça
PS: il faut que tu arrête le cinéma tu m'a l'air un peu drogué des citations
Vraiment pour moi le vélo c'est un truc de fou avec une gestion du temps qui ne me donne vraiment pas envie
Super les gars de ton club qui ont pris la peine de t attendre ça c'est des vrais sportifs
Pour septembre j ai proposer a Christophe de venir à vélo ( c'est son nouveau joujou qu'il a eu à son anniversaire ) comme vous êtes pas très loin je compte sur vous pour organiser ça
PS: il faut que tu arrête le cinéma tu m'a l'air un peu drogué des citations
par jeanmarc
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Réponse de Mathers sur le sujet Liège Bastogne Liège Fini : la saison est lancée
Posted il y a 7 ans 6 mois #470927
Merci pour le CR. Je suis passionné de cyclisme et j'imagine le bonheur que tu as eu d'avoir pu courir sur le parcours de cette épreuve mythique.
Bonne récupération
Bonne récupération
par Mathers
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