Un Paris - Versailles en guise de première !!!

Une petite présentation rapide pour ceux qui ne me connaissent pas (hors suivi des membres). J’ai débuté la CàP il y a 1 an environ (4 octobre 2012), j’avais à l’époque 33 ans, donc 34 aujourd’hui !! Tout allait bien pendant les 4 premiers mois puis mon genou droit a commencé à n’en faire qu’à sa tête. J’ai donc passé une période assez délicate de mars à mai de cette année 2013 avec une vilaine tendinite quadricipitale qui m’a quasiment stoppé dans ma timide progression pendant 3 mois. Après plusieurs passages chez le podologue, j’ai pu reprendre la CàP très sérieusement en juin (il y a donc 3 bons mois). Ma tendinopahtie s’est quasiment éteinte.

Initialement je suis venu à la CàP pour me remettre au sport (coupure quasi-totale pendant 10 ans) et me défouler un peu, puis je me suis pris au jeu en parcourant les divers récits de course sur ce magnifique site qu’est CCAP, et voulant débuter par une grande course populaire pour passer incognito, je suis tombé sur Paris – Versailles et je me suis dit bingo, ma première Course officielle sera PV !!

J’ai donc appliqué le plan disponible sur le site (plan en 8 semaines) durant lesquelles je ne pensais qu’à cette course. Un ½ Cooper effectué en novembre l’année dernière sur le verglas et la neige m’indiquait une VMA de 15. J’ai donc calé l’entrainement sur cette valeur (qui sera à retester quand je serai de nouveau opérationnel).

Après donc ces 8 semaines d’entrainement à raison de 3 séances par semaine, nous voici le 28 septembre 2013. J’embarque toute la petite famille pour Paris où nous logerons chez le beau frère (porte maillot). La pression monte un peu d’autant plus qu’une douleur au niveau de l’aponévrose et du gros orteil est apparue jeudi dans la semaine, soit 3 jours avant la grande date le TOP !!!

Petite balade dans Paris en ce samedi nuageux mais lourd. Je soupçonne la semelle ortho d’être à l’origine de ma douleur à l’aponévrose (une écho a confirmé une lésion sous cutanée certainement liée au frottement sur la semelle). Pour résumer, ma tendinite quadri est à la jambe droite et ma lésion à l’aponévrose est sur la jambe gauche ….. compliqué dans tous les sens du terme …

Je reviens donc sur cette petite balade dans Paris pendant laquelle je remets la semelle d’origine sous le pied gauche, ce qui me soulage la douleur (la semelle étant moins dure et moins épaisse). Après réflexion, je décide donc pour la course du lendemain de laisser la semelle ortho sous le pied droit du côté où j’ai eu ma tendinite et de mettre la semelle d’origine sous le pied gauche, comme ça nickel plus de douleur (et là ça sera le drame ….).
Petite soirée sympathique, pâtes au pesto, 1 petite bière (on ne va pas se priver de tout non plus !!!), dodo vers 23H30. Comme tout le monde, bcp de mal à m’endormir, probablement vers les 1 H du mat !
Réveil le lendemain à 7H00 tapante. Un peu stressé mais je gère (le cardio indique 37% de FCM, plutôt bien). J’ingurgite le Gatosport avec difficulté (pas très faim à vrai dire). Je me force en le faisant passer grâce au jus d’orange et à un bol de compote.

Je suis prêt. Mais gros dilemme, camelbak ou ravito sur place ? Un pote qui l’a déjà fait me dit que c’est la guerre au niveau ravito, je décide donc de prendre le camelbak même si lors des entrainements j’ai toujours été moins performant avec que sans. Tant pis, au moins je suis sûr d’être hydraté régulièrement ….

Voilà tout est prêt. Je prends le métro (porte maillot) vers 8H50. J’arrive au Trocadéro sur les coups de 9H20 au sein d’une rame remplie au ¾ de coureurs, on se sent moins seul, j’aime !!!
Le temps de dévaler les quelques escaliers du Troca me voilà devant la Tour Eiffel où c’est déjà noir de monde. Il y a de tout : des mecs cools adossés aux candélabres, d’autres en transe comme s’ils avaient déjà terminé leur course !!! Pour ma part je fais quelques aller-retours devant la tour Eiffel, quelques étirements et c’est tout, mon pied gauche étant sensible je ne veux pas amplifier la douleur. Et puis pas besoin de se réchauffer il fait plutôt lourd (les premiers Km serviront d’échauffement).

D’ailleurs à ce sujet, ce ne fut pas évident non plus pour choisir ma tenue. J’ai opté pour un dessous Goretex surmonté du maillot jaune du PV, je le regretterai vite, bcp trop chaud !!
Il est 9H45 je me place au milieu de la foule, entouré de personnes que je trouve plutôt sympathiques, ça discute, ça pipelette je suis bien. Bon le cardio indique 58% de FCM, le stress monte, un peu plus haut que ce que je craignais pourtant je suis plutôt zen.

10H00 les premières vagues partent. Pour ma part ce sera la 31ème, départ 10H28 et des bananes….
200 m de course et grosse envie de pipi. Je m’arrête donc le long du quai et j’imite d’autres coureurs qui arrosent joyeusement le mur de béton (20 sec perdues à ce moment …)
Ah oui, je n’ai pas pas évoqué ma stratégie de course. Initialement je voyais ça comme ça : les 6 premiers kilomètres tranquillou (5’00/Km), la cote des Gardes tranquillou (6’00/Km), un petit Km tranquillou après la cote des Gardes pour récupérer, puis je donne tout ensuite ……mais ça c’était dans le meilleur des mondes, quel grand naif que je suis ……
Donc après la pause pipi, je repars tranquillou jusqu’à la cote des Gardes, je double, je me fais doubler, l’avenue est plutôt large, ça avance bien, je suis bien, je perds le signal GPS dans le long tunnel que nous traversons. Je franchis le panneau des 5 Km en 24’56’’ avec une FC variant de 83 à 89 %. Pour l’instant tout va bien sauf la chaleur. Mon Goretex m’étouffe déjà, quelle erreur de ma part. Je craignais le froid pendant l’attente, et c’est finalement la chaleur au bout de 5 Km qui me cause mes premiers tracas !!!

J’arrive au pied de la cote des Gardes en 30’. Pile poil dans le timing. Je suis super niveau cardio !! Tout va plutôt bien …
On attaque les Gardes par un petit virage à gauche on passe sous un pont (SNCF ? je ne sais même plus trop concentré ….) puis grand virage à droite ou on sent le dénivelé !

Et là ça commence à bouchonner, à marcher, je suis obligé de zigzaguer, je double pas mal de monde, je me fais doubler aussi, le cardio commence à réagir. Je me cale sur 92-93% je suis bien autour des 10,5 Km/H. Pas un lièvre devant moi, mais une foule multicolore immense, c’est beau. Des orchestres jouent sur le côté, des gens applaudissent, je kiffe, je me sens bien, l’objectif va être atteint….

Puis ça commence un peu à me tirer sous le pied gauche, les premières grimaces apparaissent. Moi qui pensais avoir « bouffé » de la bonne cote pendant mes 8 semaines, j’avais sous estimé ces Gardes !! La montée n’en finit pas. On arrive sur une zone pavée où j’ai l’impression que la pente s’accentue !! Je continue à doubler même si ma vitesse a bien chuté : j’oublie es 6’00/Km je tourne plutôt autour des 8,5 – 9 Km/H, mon pied gauche me fait souffrir mais je gère. Bcp de monde marche, ça suffoque….Je suis 2 femmes d’une bonne cinquantaine qui gèrent remarquablement, elles arrivent même à se parler en montant, je suis bluffé !!!

La fin de la cote arrive enfin, on pénètre dans la forêt. Bilan : j’ai quand même un peu souffert dans la montée sur la fin, je ne m’attendais pas à une montée aussi longue, bien casse pattes par la variation du dénivelé …Bref c’est franchi
On arrive dans la forêt, c’est très humide, il vient de pleuvoir. Je franchis le panneau des 10 Km en 54’20’’, j’ai perdu du temps finalement dans les Gardes, va falloir accélérer mais c’est entièrement jouable, 30 min pour faire les 6 derniers Km !!!

Je prends une bouteille d’eau au 2eme ravito que je me vide sur la tête (j’ai zappé le 1er ravito avec mon camelbak), ça fait du bien, moi qui suffoque sous mon goretex !!

Et puis au niveau du 11eme Km, dans la descente, c’est le drame, terrible brulure dans le genou droit, mélange de mon ancienne tendinite et d’un début de TFL !!! Et là plusieurs sentiments me traversent l’esprit : plus que 5 km vas-y fonce oui mais c’est 5 km quand même soit 1/3 du parcours t’as le temps d’en chier mecton, j’ai envie de marcher pour faire passer la douleur, mais hors de question marcher et puis quoi encore je suis bien j’ai du jus et je vais marcher …..PUT… De Bor…. De Mer.. c’est pas possible pas maintenant, pas là, pas une douleur au genou pendant mes 8 semaines d’entrainement et là PAF …

Je suis dans mes pensées pendant 500 bons mètres je grimace mais je m’accroche. Paradoxalement ce sont les descentes qui me martyrisent le plus.

C’est pas beau ce que je vais dire, mais une chute d’un mec dans une partie en descente me redonne le sourire et me fait oublier le temps d’un instant la douleur (c’est horrible je sais ne m’en voulez pas j’étais un peu désespéré). Puis 200 m plus loin c’est un mec allongé sur le côté en train de se faire masser par une gars du SAMU, finalement la cote des Gardes a l’air d’avoir fait des dégâts !!

Je franchis le panneau du 13eme Km en 1H10, et là je me dis que l’objectif d’1H25 risque d’être chaud, il reste 3 bornes à faire en 15 minutes sur une jambe ……

Le petit raidillon du cimetière de Viroflay ou Vélizy je ne sais plus est plutôt bien franchi je double beaucoup de monde malgré la douleur, je relance j’en oublie presque la douleur mais arrivé au sommet, elle me rattrape plus que jamais, obligé de ralentir. J’essaye de relancer, mais dés que je franchis les 12 – 12,5 Km/H (en ragardant la montre) la douleur s’accentue, je ralentis donc, je gère…

J’entame donc un véritable chemin de croix en arrivant sur l’Avenue de Paris à Versailles. Bcp de monde devant moi, un genou qui me fait tellement mal que j’ai l’impression de ne plus le sentir, je vois le virage au loin avant la ligne d’arrivée, et là comme un instinct de survie, j’accèlère comme pour fuir un redoutable prédateur derrière moi, je double beaucoup de monde, d’ailleurs je ne fais que doubler, peu de monde me double,je serre les dents (je ne les ai jamais serrés comme ça de toute ma vie). Mon dernier Km est d’ailleurs superbe 4’24’’ (96% FCM) alors que j’ai 15 bornes dans les pattes et un genou en compote et en ayant fait le CON devant les rangées de photographes installés sur les 500 derniers mètres.

Et c’est sur ce dernier Km que je prends le plus mon pied, que je comprends enfin les récits des autres Capistes dans lesquels ils racontaient leur joie au moment de franchir la ligne d’arrivée !!! Je suis super heureux, j’ai même envie de pleurer, d’une part car il s’agit de ma première ligne d’arrivée et d’autre part car j’ai su aller puiser au fond de moi-même pour terminer en trombe malgré la douleur …. Par contre, grosse déception car je n’ai pas vu mes 2 enfants et ma femme (et eux non plus) avant la ligne d’arrivée (j’étais à l’extrême droite de l’avenue et eux étaient à l’extrême gauche, mauvais communication ….), je les retrouve 10 min après malheureusement …

Je franchis donc la ligne, je stoppe la montre : 1H27’30’’ qui sera confirmé par le chrono officiel de la course plus tard.
Je récupère le sac avec ravito, ma médaille et je redonne ma puce …

Je souffre énormément, j’ai du mal à plier le genou, j’ai du mal à marcher, mais je suis bien, heureux d’avoir fini ma première course. Un peu déçu du chrono d’autant que j’avais du jus quand je vois mon dernier Km ….

Je quitte donc Versailles avec une grande fierté mais avec un sentiment mitigé. J’ai également fait quelques erreurs de débutant (le changement de semelles probablement à l’origine de la douleur, le gore tex qui m’a fait suffoquer, le camelbak avec lequel je cours moins bien …) mais c’est en faisant ce genre d’erreurs qu’on apprend pour la prochaine …

Aujourd’hui, mon genou droit me fait toujours aussi souffrir. J’ai glacé et pommadé hier soir et ce matin mais je boite en marchant. Ma voute plantaire gauche est également douloureuse….Dermato et mésothérapie m’attendent donc pour ces prochains jours….Dommage moi qui voulais faire un petit décrassage aujourd’hui …

En tout cas, j’ai envie de revenir l’année prochaine (j’ai une course régionale le Sedan – Charleville à la même période donc je verrais l’année prochaine), mais hormis mes soucis physiques, j’ai tout adoré dans cette course !!!

Merci PV

Bilan :

Distance : 16 Km (normalement car signal GPS perdu sous les 3 tunnels traversés)
Durée : 1H27’30’’
FCMoy : 188 (89%)
FCMax : 203 (96%)
Allure moyenne : 5’27’’/Km pour objectif de 5’18’’/Km (que j’aurai certainement atteint sans la blessure).

Désolé pour la longueur, mais j’avais beaucoup de choses à raconter (j’en ai ptet même oublié …). Merci à ceux qui me liront et vive la CàP !!

sympa ton récit de course. On sent bien que ça n'a pas été simple! Mais félicitation pour cette reprise. Repose toi bien maintenant

Eh bien, beau CR, dommage que tu ais souffert physiquement.

Mais ce n'est que partie remise pour le suite

On devait pas être bien loin l'un de l'autre.

Bravo encore une fois, sans tes bobos, tu aurais pu faire un chrono bien meilleur !
Repose toi et soigne toi bien maintenant!

Salut!

Bravo pour ton chemin de croix, et merci de partager ce récit avec nous.

Ca va peut-être te paraitre vache, mais je vais plutôt insister sur ce qui me semble être des erreurs. Ca n'enlève rien à tout le respect que m'inspire ta hargne dans l'exécution de cette course.

1- Faire PV comme 1ère course quand on est débutant m'apparait comme une erreur. Le coeur, les poumons et le métabolisme s'adaptent vite à la CAP. Mais pas les tendons et articulations. Or, le travail de côtes (comme tu en as certainement fait lors de ton plan) est extrêmement vulnérant pour les tendons au bas des quadriceps. Une saison passée à préparer des 10 km aurait sans doute été plus sage. J'en suis passé par là moi-même, et ça n'empêche pas que ces fichus tendons n'aiment pas les séances de côtes, alors qu'ils s'accommodent fort bien de sorties vallonnées.

2- Ne pas s'arrêter à un ou plusieurs ravitos est, à mon sens, soit une ruse de vieux briscard, soit une erreur de débutant. Quelques secondes de détente musculaire sont plus que profitables par la suite.

3- Se trouver dans les 89% de FC max avant d'avoir atteint la côte des Gardes me semble aussi un peu dangereux en termes de gestion de course. Je crois sincèrement qu'il faut être défensif et prudent en montée (et avant les grosses côtes) pour, arrivé en haut, tout arracher dans la descente. En descente, si on arrive à peu près frais, on peut taper des vitesses qui font très peur au chrono. Pas en côte, même si on est vachement fort.

4- Quand on a peur d'avoir froid sur la ligne de départ, on met, pour supporter l'attente, une vieille fringue qu'on pourra jeter, voire un sac poubelle comme coupe-vent. Mais surtout on ne court pas couvert comme un ours. Ceci a dû précipiter le mauvais sort de tes tendons.

Synthèse: je suis certain que ton objectif correspond à ton potentiel cardio-vasculaire, métabolique et musculaire. Mais je me demande très fort si tes tendons n'auraient pas préféré avoir un peu plus de temps et de progressivité pour supporter le plan et la course, qui ne sont carrément pas de la tarte.

En tout cas je te renouvelle mes félicitations pour ton fighting spirit, mes remerciements pour le CR, tout en te souhaitant une bonne récup. Et surtout soigne vite et bien ces fichus tendons. Après quoi je t'invite à faire un maximum de bornes à bas régime et sans trop de D+. Ca consolidera encore ta carcasse tout en donnant à tes tendons et articulations la progressivité dont ils ont besoin pour descendre un super Paris-Versailles en 2014!

Félicitation cette course classique n'est pas facile pour une première!!!
Bonne récup!!
Mat.