Et vous, pourquoi vous courez ?

personne écrit:

Mais si l'envie n'est pas la, n'y allons pas.

Je pense également. C'est aussi ce qui est intéressant avec le marathon : il est à la portée de tout le monde mais il est loin d'être gratuit. Il n'est pas offert avec sa dernière paire de runnings, il faut se bouger pour aller le chercher. Mais c'est à la portée de tout le monde qui veut bien se bouger.

Pour ce qui est de ne pas être un coureur tant qu'on n'a pas couru un marathon, c'est une phrase à double sens. Il y a un sens philosophique privé, c'est à dire qu'on ne peut le considérer que pour soi et en aucune manière le généraliser aux autres, sans quoi, à jouer au philosophe, on y commet en même temps la plus grave erreur, se reléguant ainsi au rang des malins crétins.

L'autre sens, c'est celui des puristes. Il a toujours existé et il existera toujours quelqu'un pour dire : oui mais t'es pas un vrai (un vrai coureur, un vrai sportif, un vrai bon père de famille, un vrai marathonien, un vrai peu-importe, conjuguez-le à l'infini). Je l'ai tellement vu, ce phénomène, et dans tellement de domaine, qu'il me sert maintenant à éjecter sans discuter. Mais c'est très formateur pour apprendre à ne pas être influencé outre mesure. Si je devais écouter tout le monde, je n'existe carrément pas car il n'y a rien de vrai chez moi, lol !

Pour la course à l'objectif, c'est une question que j'ai justement en suspend. Une question sociologique. Je suis désolée mais je ne me retrouve pas dans la course à l'armement (ou course à la performance) que l'on trouve majoritairement dans le milieu de la course à pied (et donc aussi sur ce forum). Je ne vois pas où ça mène. Je ressens aussi cette absence de sens de recouvre cette course. Un peu le cache-misère philosophique de la société actuelle : à défaut de ne pas savoir quoi faire du sens de la vie, je vais m'inscrire dans celui que me dicte la société. Oui mais non, je ne becte pas... Ça rime à rien et je ne vais pas me faire imposer un pansement philosophie par une société aussi bancale. Bon, j'abrège, on entre dans du gros hors sujet.

Mouais j'ai l'impression qu'un marathon, c'est "has been".
Il y a qq années, le coureur qui faisait un marathon était presque un héros, c'était un surhomme, un coureur super fort et tout, on lui demandait pas le temps qu'il avait fait, le principal était qu'il ait fait le marathon entier.
Un peu comme il y a un peu plus longtemps les ingénieurs ou les profs, c'était l'élite.

Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
Faire un marathon, c'est une étape facultative, car ce qui fait rêver, maintenant, c'est les ultra trails type UTMB. Et pour les coureurs du dimanche, c'est les machins avec de la boue et du parcours du combattant.
Comme dit Sabrina, il suffit d'avoir une bonne base, de bien se préparer, et on peut faire un marathon. Donc maintenant, quand on fait un marathon, on a droit aux questions genre "t'as fait quel temps ?". Des collègues qui font juste des footings de 5km à 12km/h mais qui sont incapables de courir 10km m'ont dit "ah ouais t'etais en mode rando pour faire la distance marathon en 5h30 ?". J'aurais bien aimé les voir avec moi, car même si c'est vrai que j'étais pas à un gros rythme, j'ai quand meme bouffé la distance.

Après, c'est ptet aussi parce que je suis dans un club où il y a une majorité de traileurs et d'habitués aux distances très longues type 12h ou même 24h, donc pour lesquels un marathon est court ^^

Par contre, pour les perfs, c'est clair que quand je vais pouvoir recourir sérieusement, je vais essayer de me remettre dans le droit chemin pour faire une perf sur 10km Clairement la distance où je m'amuse le plus, pas trop bourrin comme un 5km, mais pas trop long comme un semi, le juste milieu pour aller vite mais pas trop ^^

oeufmollet écrit:

Après, c'est ptet aussi parce que je suis dans un club où il y a une majorité de traileurs et d'habitués aux distances très longues type 12h ou même 24h, donc pour lesquels un marathon est court ^^

Sauf que ce n'est pas parce qu'il y a une donnée commune (un repère en distance) que c'est comparable. Ça ne l'est pas. Ce sont 2 disciplines distinctes et les comparer, non seulement c'est une forme d'abrutisme (oui, je suis pire qu'un rasoir, des fois) mais en plus, on sait très bien là où cela mène toujours : à créer un groupe de personnes supérieur à un autre groupe de personnes. Ça sert systématiquement à échelonner les personnes. Un marathonien, c'est un fœtus de trisomique comparé à un coureur d'ultra-trail. Oui mais bien sûr et moi, mon pépé, il a un porte-avion.

Sabrina Gump écrit:

Mon point de vue est le suivant (en fonction de mon unique expérience + tout ce que j'ai pu glaner depuis) :

Un marathon, c'est à la portée de tout le monde à condition d'être suffisamment en bonne santé. C'est un peu l'argument bidon, mais on aura compris qu'il n'est nul besoin d'être issu de la légion étrangère ou du GIGN pour courir un marathon, monsieur et madame lambda peuvent le faire.

Eh bien, je ne suis pas d'accord.
Le marathon n'est pas à la portée de tout le monde.
S'il est vrai qu'il n'est pas utile d'être un champion ou un as sportif pour le faire, tout le monde même en bonne santé ne peut pas s'y mettre forcément.
Ou bien alors, cela peut se faire quand même, en + de 5h, en arrivant dans un état lamentable. Et ça je trouve que ça ne présente aucun intérêt.
Pour faire un marathon, outre l'entrainement et la bonne santé -la moindre des choses évidemment- il faut aussi en être intrinsèquement capable. Il faut avoir un corps qui accepte ça. C'est génétique. Et ce n'est pas moi qui le dis....
Il y a des gens pour qui ce sera "facile" tout de suite -après un entrainement "classique" (et exigeant). Et il y en a qui auront besoin d'années et d'années d'étapes de progression, et encore....

C'est pour cela, je pense, que cela reste un "exploit"
Et le danger, me semble-t-il, serait de le banaliser....

(comme vous l'aurez compris, je ne suis pas née avec les gênes de la course à pied.... )

dule66 écrit:

Ou bien alors, cela peut se faire quand même, en + de 5h, en arrivant dans un état lamentable. Et ça je trouve que ça ne présente aucun intérêt.

Il y a une troisième possibilité, finir en plus de 5h, par exemple, sans finir dans un état lamentable (donc se préparer). Dans un club, une coureuse a fini son premier marathon en 6h et je n'ai pas souvenir qu'elle ait mentionné avoir fini en ruine. Pour l'intérêt, il lui est personnel. Couvrir la distance mythique, en 5h ou en 7h, en vrac ou pas, peut constituer un défi pour un certain nombre de personnes. On n'a pas à jugé ce qui est un bon ou un mauvais défi. Et manifestement, elle prévoyait d'autres marathons par la suite. Et tu le dis toi-même "ou bien alors, cela peut se faire quand même, en plus de 5h".

Moi, c'est justement l'inverse que je trouve dangereux : faire croire qu'un marathon, c'est hors norme. C'est un énorme défi, mais abordable. Encore une fois, les 96 ou 97% des finishers du MdP (dont je fais partie) sont sans doute pour la majorité des coureurs lambdas (dont je fais partie, bis). Et je suppose que si le taux est aussi élevé, c'est que les coureurs se sont préparés et ont visé un objectif atteignable (même s'ils se sont vautrés de 30 minutes dans les prédictions chronométriques, mais peut importe, sauf s'ils visaient la perf. Mais ici, je crois qu'on parle de primo-marathoniens ?). La médiane du temps au MdP est grossomodo autour de 4h05 ou 4h10. Donc, plus de 20000 (dont je fais partie, encore une fois) font plus que ce temps. 20000, ce n'est pas rien, c'est énorme. Surtout si l'on considère que ceux qui font moins de 4h sont probablement majoritairement des coureurs aguerris, vu leurs temps.

Ce serait dommage de se priver de courir un marathon dans sa vie sous prétexte qu'on a dit (qui est ce "on") que c'était trop dur. C'est justement contre ça que je veux apporter mon point de vue. J'ai vu trop de gâchis dans ma vie par protectionnisme, souvent communautaire, et encore plus souvent, narcissique. Exit les chasses gardées : c'est possible !

Je mets le chiffre comme ça, c'est fait : 97,1% de finishers au MdP cette année.