Ca y est, nous sommes le 12 avril 2015. Je me suis inscrit, il y a un an, le lendemain du marathon 2014, les récits des participants m'ayant donné envie de me frotter à la distance.
Il est 5h45, j'ouvre les yeux, le réveil sonnera dans 15 minutes. Ce petit quart d'heure au calme me permet de me souvenir des 6 mois qui viennent de passer depuis mon dernier dossard à objectif, les 20 km de Paris. 6 mois, 1200 km parcourus, l'allongement des sorties longues, les blocs au seuil... Je crois être bien préparé pour l'évènement, mais comment réagira le corps après 28,5 km, distance de ma plus grosse sortie jusqu'ici ?
Allez, c'est l'heure de répondre à cette question, 7h45, je quitte l'appartement pour rejoindre l'Etoile. J'ai un tout petit sous-estimé le temps qu'il fallait pour déposer le sac à la consigne et rejoindre le sas, il y a beaucoup de monde. je me sentais mou au réveil, maintenant j'ai envie d'en découdre. Il est 8h30 quand je pénètre dans le sas, je me faufile un peu, puis le départ des handisports est annoncé. Peu de temps après, c'est celui des élites qu'on entend. Au moment où le sas 3h15 avance pour partir à leur tour, je m'aperçois que je suis en 3è ligne de mon sas. Je ne sais pas comment je fais, mais à chaque fois, je me retrouve bien placé au départ de ces courses très populaires ! Malheureusement, le sas est partagé en deux et c'est l'autre côté de la route qui partira en premier. Pas très grave et ça fluidifie pas mal les premiers kilomètres de course. Tout ça est plutôt bien organisé vu le nombre !
9h06, c'est parti pour moi ! Ca fait trois jours que j'y pense, que je suis en mode 12,1 km/h le plus longtemps possible !
Les premiers kilomètres sont simplement fabuleux : descente des Champs, passage sur la Concorde, la rue de Rivoli. Pour reprendre une citation de philosophes : "Paris est magique". De mon côté, je suis averti du fait qu'il ne faut pas s'emballer dans cette descente de 5 kilomètres, je me suis calé sur l'allure que je travaille depuis 3 mois. Passage sous l'arche : 24'45", OK, je suis là où je voulais être ! Petit bémol, j'ai envie (encore) d'uriner, alors que je me suis déjà bien "vidé" avant la course. Tant pis, j'ignore !
Ravitaillement de la place de la bastille, j’attrape une bouteille à la volée, la sortie de la place est en entonnoir, petit ralentissement, rien de grave. Maintenant, on est sur le parcours du semi et notamment la rue de Reuilly, montée qui fait généralement mal aux participants de l'épreuve qui a lieu en mars, mais aujourd'hui, elle arrive tôt, tout le monde est encore frais. Je la passe sans baisser l'allure et verrai après coup que la FC aura à peine monté.
Kilomètres 5-10 : 24'44.
On arrive dans le bois de Vincennes. Pendant 10 kilomètres, je vais me poser la question de savoir si je m'arrête pisser (c'est quand plus pratique dans le bois qu'après, une fois de retour dans le centre de Paris). Je me suis habitué à ce léger mal de bide lié à l'envie. Que faire ? Le château de Vincennes est superbe, même s'il est en rénovation avec quelques énormes bâches sur certaines façades.
Kilomètres 10-15 : 24'32
Le bois de Vincennes va se terminer, il faut prendre une décision et c'est au 19è (la toute fin du bois) que je me décide à m'arrêter. Je lappe pour mesurer le pit stop : 25 secondes. Je repars, ça va mieux, sauf qu'au bout d'une minute, une autre douleur intestinale, bien plus violente, vient barrer le bide. J'ai déjà eu ça, ça m'arrive quasiment à chaque course (kilomètre 4 aux 20 km de Paris, kilomètre 12 au semi il y a un mois), et elle passe vite, remplacée par un point de côté. Je crie intérieurement victoire car je sais gérer un point de côté : il suffit de l'ignorer ! On re-rentrons dans Paris par la très longue avenue Daumesnil.
Kilomètres 15-20 : 25'07 (si on enlève les 25", je suis une horloge...)
Passage au semi en 1h44'33", tout va bien, le point de côté est passé, le bois de Vincennes, un peu monotone, aussi. Je suis en confiance, et cet état durera jusqu'au 24è et l'entrée dans le tunnel sous Chatelet. C'est long, il fait chaud, il n'y a pas d'air, un dj diffuse de la musique à fond, des lumières, et écran géant. Pour moi, c'était assez anxiogène, vraiment pas agréable... On passe Notre Dame sans la voir, c'est un peu dommage. Mais je m'accroche malgré cet inconfort !
Kilomètres 20-25 : 24'50
Les tunnels suivants sont moins longs, mais les remontées commencent à faire mal. Heureusement, voilà mon monument parisien préféré : le grand Palais ! Mais quelle merveille ! On le voit aussi lors des premiers kilomètres, mais là, ça me re-donne un coup de fouet. Cette ville est vraiment belle ! Mais je sens bien que je fléchis un peu. Je me fixe un objectif : au kilomètre 31, mon amoureuse, ma soeur et son copain m'attendent. "Tiens jusque là, passe devant eux en mode guerrier !"
Kilomètres 25-30 : 25'17 (l'horloge retarde un peu...)
Je cherche les têtes connues, je ne les voie pas, et c'est con mais ça me met les larmes aux yeux... Si si ! Ils sont là, je suis content de les voir, je leur fais signe que je sens que je décline, malgré ça, bon coup de boost (et ce sera mon dernier kilomètre en moins de 5 minutes d'ailleurs). Et, un peu plus tard, au kilomètre 34, quelqu'un a débranché mon AS42. Je passe de 5'10 à 5'50, il n'y a plus grand chose dans les jambes. Roland Garros sera le tombeau de mon marathon "performance".
Kilomètres 30-35 : 26'41
Allez, ce n'est pas grave, 1 minute en plus par kilomètre, cela fera sous les 3h40, il va falloir se battre. 6'08", 6'12", je vois deux collègues du boulot alors que ce n'était pas prévu, ils m'encouragent, ça fait bien, 6'26", 6'23"... Allez mon grand, c'est bien accroche toi ! Il est pas si mal géré ce premier mur. Sauf que, sauf que... Mr Marathon m'a réservé une dernière surprise : re-mal au ventre. Cette fois, c'est musculaire par contre, quand je cours, douleur atroce aux abdominaux. Cela m'étais arrivé lors d'une sortie longue, mais c'était passé vite. Là, ça ne passe pas. Pourquoi ça ? Je crois m'être bien hydraté... Le bois de Boulogne est la fin de mon marathon "courage", je suis obligé de marcher.
Kilomètres 35-40 : 33'32
La fin est mon marathon "calvaire", je marche beaucoup, je tente de repartir, mais ça fait mal, vraiment mal, trop mal ! Je maudis les spectateurs qui m'ordonne de courir, les larmes montent, quelle frustration ! Pourquoi n'y a t'il pas 39 km entre Marathon et Athènes ?
Je finis par arriver sur la place de la porte Dauphine, il y a énormément de monde, il reste 300 mètres, je re-cours, rien que parce que j'ai honte de marcher devant tant de spectateurs, je me fais un mal de chien, j'en pleure, mais je termine. Petit coup d’œil à ma montre : 3h47'50" (les 2.2 derniers kilo en 18'20, belle AS marche...).
Marathon, je t'ai aimé, je t'ai détesté, mais on se quitte bons amis, car cette rencontre avec moi-même fut finalement assez belle. J'écris ce récit deux jours après, car il n'aurait pas été le même dimanche. Aujourd'hui, je sais que ce fut une belle course, un bon combat que j'ai à la fois perdu et gagné. Et un truc est sûr, j'y reviendrai !
Reste à faire l'analyse de la course, mais ce sera plus à froid, sur mon suivi.
connect.garmin.com/activity/744214044
Hors Ligne
Auteur du sujet
Hors Ligne
.
Hors Ligne
Hors Ligne
Hors Ligne
Hors Ligne
