Les Citadelles - ou l'enfer boueux!

Bonjour tout le monde !

La prépa et l’avant course :

Après mon premier trail court de 23 km et roulant en février, j’attaque mon premier gros objectif de la saison avec le Trail des Citadelles dans l’Ariège. Au menu 40 km, et 2000m de dénivelé ce qui en fait l’un des trails les plus costaud de la région. Mais aussi l’un des plus beaux du fait des paysages et citadelles cathares en ruines traversées sur le parcours.
La prépa s’est bien passée mais j’ai un peu peur de manqué de volume pour cette première épreuve longue… Advienne que pourra !
La journée de samedi est agréable, et l’on retrouve nos amis du club de Narbonne pour la remise des dossards sur les coups de 16h. Nous serons 8 alignés : 3 filles sur le 20 km/1000mD+ et 5 garçons sur le 40 / 2000mD+, dont deux visant le top 20. Malgré les prévisions météo, il ne pleut toujours pas et le terrain est boueux suite aux précipitations de la semaine mais praticable… Cela ne va pas durer.

La soirée dans une maison de famille non loin de Lavalenet est super agréable, avec au menu bien sûr des pates et une bonne bouteille de rouge. Il commence finalement à pleuvoir et cela ne s’arrêtera plus jusqu’au lendemain matin 8h. ?
Je n’arrive pas à trouver le sommeil et le réveil à 5h30 est donc difficile.. . Au programme du petit dej : Gatosport et Thé. J’ai tourné au Malto ces trois derniers jours et je ne sais pas si c’est cela, le Gatosport ou le stress, mais je commence déjà à avoir mal au ventre… Puis c’est le départ direction Lavalenet.

Il est 7h30 et il s’arrête enfin de pleuvoir. Un petit texto à une connaissance sur le 73km nous indique que tous les passages en sous bois sont devenu quasiment impraticable. De la boue, de la boue et rien que de la boue. Ca s’annonce bien.
On s’approche de la ligne de départ, et la musique des citadelles commence à se faire entendre. Je regarde autour de moi et suis un peu impressionné. Les participants semblent super affutés et sont tous super bien équipés, beaucoup ayant prévu des bâtons… Le speaker commence son compte à rebours, 3 – 2 – 1 - 0 et C EST PARTI !

0-9 km : Montée au château de Montségur :

PUT***** ! MAIS C EST DES MALADES ! Je m’étais mis pas très loin de mes collègues et ils partent comme des fusées à moins 4’ le kilo ! On dirait un départ de 10 km ! Je ralentis immédiatement et me cale tranquille entre 11 et 12 à l’heure. Je pars pour 6h d’effort et je ne suis pas pressé… Je suis tout de même à plus de 85% de FC…

Les 3 premiers km sont en faux plat roulants d’abord en centre ville puis sur des petits chemins. On attaque rapidement la première montée en sous bois et c’est parti pour 250m D+ sur 1,5km. C’est tout de suite la galère, car pour être boueux c’est boueux. Mes pieds s’enfoncent sur 10 cm et chaque appui est glissant. Heureusement on galère tous, mais la progression est lente et surtout réellement éreintante. Je lutte et suis à 93/94% de FC de moyenne! Je vais mettre 20 mins pour faire ce km et demi et on retrouve enfin la route. Je lève les yeux et vois la première Citadelle : Montségur.

FAUT MONTER LA HAUT ? Nan mais sérieux c’est des malades…Les mecs autour de moi en profite en plus pour relancer de partout. J’ai le sentiment à ce moment de ne pas être à ma place, trop en tête de peloton. Mais je m’accroche et relance aussi pour atteindre le départ du sentier montant sur Montségur.
Les premiers finissent leurs descentes lorsque l’on attaque la montée. Ils sont hyper concentrés et paraissent voler au dessus des marches tels de vrais avions ! J’encourage mes amis qui sont bien placé dans le TOP 10 et j’attaque moi aussi les premières marches.

Je prends un premier gel et c’est parti pour 170m D+ en 600m soit sur de grosses marches soit directement à travers la roche. Ca souffle dur, j’ai les mains sur les genoux et pousse de toutes mes forces. Les quadri brulent et je suis à 90% de FC. L’ambiance est bonne et ceux qui descendent encouragent ceux qui montent. J’arrive enfin au château après 1h15 de course. On vient de s’enfiler 650m d’un coup.

Km à 9 – 24 : Montségur – Montferrier – Roquefixade

On fait un petit tour dans le château en ruine et on attaque la descente par le même chemin. Je me concentre et suit le train que me fait un concurrent devant moi qui semble avoir une bonne technique. Je suis impressionné par la vitesse à laquelle on descend et tente de l’imiter. J’éteins le cerveau, ca va vite et je m’éclate. On double pas mal de concurrents. On saute de marches en marches et de rochers en rochers. Je continue à m’alimenter et à boire mais commence à ressentir un fort besoin de m’arrêter. J’ai vraiment mal au ventre maintenant, et la descente n’a rien arrangé.

On retrouve les bois et la boue et on continue à descendre à bon rythme. Je continue à accrocher mon descendeur et prends exemple sur lui, bien penché en avant en hésitant pas à glisser en travers sur quelques mètres de temps en temps. Chaque erreur se paye cash par contre et je me retrouve deux fois sur les fesses pour une séquence tobogan. Remarque je vais presque plus vite qu’à pied. J’aurais du prendre ma luge.
La gêne est maintenant trop présente et j’ai de vrais problèmes gastriques. Je décide de m’arrêter sur le coté pour une pause technique longue… Heureusement j’avais prévu le coup mais cet arrêt fait mal au moral… J’hésite de plus en plus à m’alimenter de peur devoir faire un nouvel arrêt.

On arrive au premier ravito km 13,5 en 1h45. Je refais le plein, et rencontre un tri athlèthe avec qui je sympathise. Il connait le parcours et je vais donc profiter de son expérience sur quelques km. 3 km de montées à 8 / 9% sur route nous attendent. On prend le parti de gérer et de monter en marche rapide, histoire d’économiser un peu nos forces avant la deuxième grosse difficulté nous amenant à la deuxième citadelle. Puis c’est reparti pour de la montée dans la boue pour 3 / 4 km. J’en peux vraiment plu. On essaye de passer à coté du single , sur l’herbe, ou en devers, mais rien à faire. On glisse, on chute et finie à genoux… Pour couronner le tout j’ai de plus en plus mal au ventre. J’essaye de prendre un gel mais il ne passe pas… Je le vomi quelques secondes plus tard… Suivi d’un nouvel arrêt technique long … Plus rien ne passe, je suis malade complet…
Pour couronner le tout, je chute sur les fesses dans une petite descente et éclate la poche à eau de mon Camel. Je suis maudit aujourd’hui, plus d’eau…

Les pourcentages ne sont pas très élevés mais j’arrive fatigué sur le plat précédent le village de roquefixade. Plus mentalement que physiquement d’ailleurs car les jambes répondent mais le moral n’est pas au beau fixe…
Et çà continue de relancer.. Mais ils ne s’arrêteront jamais ? Je serre les dents et reprends la course moi aussi. Les jambes répondent et cela me remonte un peu le moral. Nous doublons quelques concurrents qui paraissent cramés et arrivons au village de Roquefixade.

Km 24 – 35 : Roquefixade – Raissac

Je sors du village où beaucoup de spectateurs sont rassemblés pour nous encourager et j’attaque le single montant vers la deuxième citadelle. La montée se fait cette fois le long d’arrêtes sur un single de terre heureusement à peu près praticable. Même topo que pour la première ruine, mains sur les cuisses, tête baissée et on grimpe.

Je ferai la montée en un peu plus de 11 mins pour 1 km. Cela se passe mieux que je ne le pensais, je double quelques concurrents à l’arrêt et j’arrive même à relancer proprement en haut de la crête. J’ai toujours mal au ventre, toujours pas d’eau mais je serre les dents. Le chrono a ma montre me remonte un peu le moral car je suis bien en avance sur mes temps de passage prévisionnels malgré tous ces ennuis.

S’en suit alors le passage qui avec le dernier mur est considéré par beaucoup comme le plus difficile de la course. Et je dois dire que je suis complètement d’accord avec eux… 4 km de descente en sous bois encore plus boueux que précédemment. Les jambes sont dures. Je descends comme je peux mais je n’ai plus beaucoup de jus et je n’arrête pas de tomber. Je peux plus rien bouffer. Je commence sur certains appuis à avoir des éclairs dans les mollets, signe que les crampes ne sont pas loin. Je continue à prendre de la Sportenine. Je sais que je n’ai pas assez bu mais je n’ai plus d’eau depuis 8 / 9 bornes… Bref j’en ai marre…

J’atteins péniblement le dernier ravito au km 29 en 3h35. J’explique mon cas et ils me trouvent très gentiment une petite bouteille de 50cl qu’ils me laissent. Je retrouve mon camarade tri athlèthe qui me remonte le moral et va me tirer jusqu’à la prochaine montée avant de craquer à son tour. On court péniblement sur les 4 prochains km en faux plat mais toujours dans la boue. 3ème arrêt technique, puis on approche de l’avant dernière bosse. A ce moment arrive le 1er du 73 km, Maxime Cazajoux, qui s’arrête à mon niveau. Il a l’air complètement cramé et se renseigne sur la suite du profil. Il n’a plus d’eau et je lui file donc la fin de ma petite bouteille… Elle lui servira plus qu’à moi de toute façon. On échange un peu et il me dit qu’Iker Karrera (2ème du dernier UTMB) et Julien Chorier (dernier vainqueur du GRR) sont sur ses pas et devraient arrivés d’une seconde à l’autre… Je lui propose de passer mais il refuse et on attaque l’avant dernier coup de cul de 100m. Il a l’air de galérer autant que nous et on file un bon train sur cette bosse à 15/20%. Je me retourne alors et vois Iker frais comme un gardon qui attaque la bosse en trottinant comme s’il faisait un footing, alors que j’ai du mal à marcher avec les mains sur mes cuisses.. Juste IMPRESSIONNANT. Je me décale pour le laisser passer, et il double maxime avec une petite tape dans le dos.

La bosse finie, maxime relance dans les 300m de descente avant que Julien CHORIER ne me double lui aussi comme un avion à 15 à l’heure…

Km 35 – 40 – Le mur de Raissac

J’avais lu pas mal de CR annonçant cette bosse comme un enfer… J’avais donc décidé de garder un tout petit peu de jus pour cette dernière difficulté. Manque de bol tout ne s’est pas passé comme prévu !

Je déconnecte le cerveau et me rappelle de nos discussions de la veille. « Le trail c’est aussi beaucoup dans la tête, il faut savoir se faire mal », me disait certains de mes amis. J’éteins une dernière fois le cerveau et commence à grimper. On en a pour 1km à 25%. Je pense que ce fut le plus long km de ma vie. Juste interminable… Les cuisses sont pleines de lactiques, les fessiers et les lombaires font mal ! Je termine la montée bon an mal an. Beaucoup de coureurs sont arrêtés sur cette crête après cet effort violent.
Un nouveau lièvre me double (décidemment, je vais devoir les remercier), et je décide de lui emboiter le pas pour ces 3 derniers km. Je me remémore mes séances de côtes et refuse d’arrêter de courir. Il me tirera jusqu’à la fin et on reprendra encore quelques concurrents sur ce passage très caillouteux et assez technique. Je serre encore les dents, je pense à vous. Je ne ralentirai pas !

Mon dieu que ces derniers km me paraissent long. On entend enfin le speaker en bas de la vallée. On descend le dernier chemin à fond, un dernier tour de la place où beaucoup de badots se sont rassemblés pour encourager les coureurs. J’essaye de sprinter mais je n’y arrive plus.

Je franchis l’arche et m’allonge sur le coté. Je n ai plus de force. Je me sens mal ! J’ai envie de vomir…

J’arrête mon chrono : 5h14 à ma montre…. Je suis heureux d’avoir terminé, mais mon dieu que ce fut difficile. Je termine à la 69ème place sur 366 finishers pour 400 inscrits. Le vainqueur remporte la course en 3h45!!!

Sur le 73, Maxime finira finalement 3ème derrière Iker Karrera et Julien Chorier qui finira lui 2ème.

Bilan de la course: 5h14, 40,11km, 2035mD+ sous ST, 1857 sous GC, Allure moy: 7'50/km, FC moy: 82%, 69ème/366

connect.garmin.com/activity/166080938

PS: J'attends que plus de photos paraissent et j'essayerai d'agrémenter le CR avec quelques paysages supplémentaires, afin de vous faire profiter un peu de cette magnifique région cathare!

super yann,
en voila un beau de fait, et tu as l'air de tres bien terminé !!
félicitation pour une tres belle place en plus !
comment sont les jambes aujourd'hui ?

Que de galères !
Malgré tous ces problèmes tu peux être très fier de toi, tu fais un super classement !
Respect.

Wow Bravo !
Il a fallu aller la chercher cette course, entre l'estomac qui fait des siennes et le manque d'eau, tu réussis là une très belle performance.

PS : t'as un slash en trop qui traine après l'adresse de tes images, c'est pour ça qu'elles ne s'affichent pas
exemple : http://imageshack.us/photo/my-images/152/montsgur.jpg[color=#FF0000][b]/[/b][/color]

Un CR sponsorisé par immodium
Je n'imagine même pas finir une course dans cet état mon pauvre j'ai eu mal pour toi en lisant ton CR.
T'as chopé une gastro?

En tout cas grand grand bravo et 66 eme dans de telle conditions ça laisse présager de bon futurs résultat!

comme ça me rapelle mon trail de Beaumes de venise l'an dernier sous un déluge et dans la boue l'impression de le revivre là ....et pourtant ça reste un super souvenir
Bon ceci dit , j'avais evité les pb gastrique et la poche pétée

Moi, sur le ventoux je n'ai pas pris de Malto avant car j'ai l'impression que ça me perturbe l'estomac et que ça favorise l'apparition de rejet du sucré pour moi ....et vu que c'est bien passé, je pense que je ferai sans maintenant

bravo pour la perf, le classement .... De bien belles choses à venir pour toi en trail !!!

ps : sportenine, placebo ou pas, j'ai jamais eu de crampes avec pour l'instant