S'équiper pour la course à pied

Marathon Nice Cannes 2011: Riche en émotions!

Marathon Nice Cannes 2011: Riche en émotions! a été créé par Ymeguira

Posted il y a 13 ans 2 jours #134178
Hello tout le monde,

Chose promise chose due, je vous devais de faire un CR digne de ce nom de ce premier marathon. Je vais essayer de faire au mieux pour décrire la course et les sensations, mais mes talents d’écrivains sont bien limités, donc pardonnez moi d’avance. :)

Préparation :

Nous sommes courant juin 2011. J’ai couru un peu par hasard la semaine précédente un trail de 18 km en accompagnant des amis sur le marathon des Burons (Aubrac). La soirée est bien arrosée, et on reparle tranquillement de sa course. (le 48 km pour lui, son premier trail long). On rigole. On profite de l’instant. Il m’apprend qu’il vient de s’inscrire sur le marathon de Nice Cannes.
« Allez ! Le marathon ce n’est pas une épreuve difficile ! Tout le monde peut le faire, suffit de 2 3 mois de préparation et le tour est joué franchement… »
« On pari ? »
« Pari tenu ! »
15 mins plus tard, je suis inscrit sur Internet, et sans assurance annulation s’il vous plait.

Je n’ai jamais « vraiment » couru une seule course à pied de ma vie. Et j’aurais mieux fait de tourner ma langue 7 fois dans ma bouche avant de parler… Je ne sais pas dans quoi je me lance, et je sous estime énormément la difficulté d’une telle épreuve. Avec le recul, je suis heureux d’avoir été assez stupide pour me lancer dans cette aventure.
Je me renseigne alors un peu sur Internet. Fou, Oui ! Fou furieux ? Tout de même pas. Je découvre alors CCAP et son forum. Ce sera finalement mon salut.

EF, VMA, SL. Tout cela m’est désormais familier. C’est décidé, je pars sur 16 semaines de prépa avec 3 séances par semaines. Non 20 semaines finalement, j’ai 4 semaines de rab… Quelques doutes m’assaillent, vais-je encaisser l’entrainement ? 3 séances d’un coup et un plan intégrant de la VMA, c’est peu être un peu ambitieux pour un début ? Je décide que je verrai au fur et à mesure, et allégerai si nécessaire.
Je m’équipe : montre, runnings, cuissard… Je suis prêt, le plus dur est devant moi.

Je ne reviendrai pas en détail sur ma prépa, j’en ai assez dis dans mon suivi. Mais j’y ai globalement pris beaucoup de plaisir. Je dirai juste qu’avec le recul, les plans de Gilles me paraissent vraiment adaptés.

Quelques chiffres :

20 semaines de préparation. 60 séances effectuées, et 1 séance abandonnée.
705 km au total et 74h23min et 30 s de CAP. Une allure moyenne de 6’19 / km.


L’avant course :

La semaine précédent la course a été assez éprouvante. Un déplacement à Londres, où je n’ai pu faire qu’une séance d’EF à la place des deux prévues. Les nuits sont courtes et les journées à rallonges... Je me rassure en me disant que le plus dur est fait.
J’arrive avec Mme sur Nice le samedi en milieu d’après-midi. Direction le village marathon pour récupérer le dossard. L’organisation est impeccable, malgré tout ce monde réuni. Dossard OK. Puce OK. Stress ? ……Ok. Tous les ingrédients sont réunis.

On dine tous ensemble avec la petite équipe dans la vieille ville. Pates au menu pour tout le monde bien sûr. L’ambiance est bonne. La petite équipe me charrie gentiment. Certains ont plusieurs dizaines de marathon à leur actif. J’écoute leur dernier conseils, puis nous nous séparons et chacun rejoins son hôtel. Je suis plus stressé que ce que j’aurais pensé, et je peine à trouver le sommeil.

Je repense à vos conseils et me les remémore.
Pierre, Gilles, Laurent, Sergio, Booktopher, Bladerunner, et tous les autres, qu’il me serait trop long de citer ici. « Le marathon, c’est un échauffement de 30 km et une course de 12 km ».
« Allez Yann, c’est 20 km au frein à main, du 20 au 30 ème de gestion, et les 12 derniers le couteau entre les dents ». Je ne le sais pas encore, mais vos conseils m’accompagneront demain pendant une bonne partie du parcours.
Je pense aussi à Robin, YMCA, Spirou, titi ou jcmichel qui courront également la course demain.

Reveil à 5h45. Gatosport, un peu de thé, et on nous decends sur la promenade. Le soleil se lève. La mer est belle. Il fait bon.
Après un rapide échauffement de 10 mins, je rejoins le sas des 4h et abandonne mes manchons pour les laisser à Mme. Un dernier message d’encouragement et je rentre dans ma bulle. Il y a du monde autour de moi. Je souhaite bonne course à mes voisons et leur adresse un sourir. Ils ont l’air heureux. Je le suis aussi.

Un œil sur le cardio : Ouch ! Toujours stressé. Je suis au dessus des 100 puls/min à l’arrêt. J’ai beau me concentrer et respirer, je n’arrive pas à le faire redescendre. Ca y est, le départ est annoncé dans quelques minutes. Les gens tapent dans les mains. Le speaker chauffe le public. On y est. 5 mois d’efforts et c’est la délivrance. Je regarde le ciel, la mer. C’est parti!

0-10 KM : A la recherche de sensations

Le départ a été lancé, mais cette masse de coureur mets quelques temps à s’animer. Comme une énorme machine se mettant en route. Doucement. Je commence par marcher, puis trottiner et franchi la ligne un peu plus de deux minutes plus tard. Départ chrono.
Les 5 premiers kilomètres se font sur la promenade des Anglais. Je slalom un peu et essaye de me caler au mieux sur mon allure cible. J’ai travaillé 5’25 à l’entrainement mais décide de partir sur 5’25/km au vue de mon cardio. Les sensations ne sont pas là, les jambes tirent, les mollets sont durs. « Profite, c’est ton premier marathon. Et il restera toujours le premier ».
Je jette un coup d’œil à la mer. Je me décontracte un peu. Il fait beau. Il fait même chaud en ce matin de Novembre. Les km commencent à dérouler doucement.

Km1: 5’32 , FC 79% km 4 :5’28, 82%
km 2: 5’29, 83% km5 : 5’34, 83%
km 3: 5’32, 82%

Premier ravitaillement au 5ème km. Je choisi d’appliquer une méthode qui semble avoir bien fonctionné pour pas mal de coureurs. Je prends mon gel 200 m avant puis marche une 10aine de secondes en buvant tranquillement. J'appliquerai la même méthode à tous les ravitaillements tous les 5 km.

On repart alors le long de l’aéroport puis on entre sur Cagnes sur Mer. On aperçoit de nouveau la mer, mais également le cap d’Antibes au loin. Mon dieu que c’est loin! Je continue à me détendre progressivement. Les sensations s’améliorent. Je me sens enfin bien après 7 ou 8 km. Il était temps!

Km 6 : 5’31, 81% Km 9 : 5’24, 80%
Km 7 : 5’30, 81% Km 10 : 5’41, 81%
Km 8 : 5’18, 81%

10-20 KM : Au petit trot derrière le drapeau

M’étant inséré finalement dans le sas des 3h45, le porte drapeau des 4h me dépasse un peu avant le 10ème km. Je regarde ma montre un peu effrayé. Je suis toujours aux alentours des 5’30, et décide donc de continuer à mon rythme sans me préoccupé. Je me rappelle encore une fois des écrits de Gilles : « Fais ta course sans te préoccuper des drapeaux. L’année dernière, celui des 3h30 avait fait le yoyo toute la course ! »

Je garde le frein à main bien serré. :) Je me concentre sur mes sensations et essaye de bien respirer. Je vais bien, mais je sais aussi que je ne suis même pas encore au semi. Pas de précipitations. Certains coureurs paraissent déjà en difficulté à ce stade. Je trouve que le drapeau des 4h est un peu rapide, et je les plains en les imaginant au 28ème….

Le parcours est agréable, et la vue est magnifique, bien que ces longues lignes droites soient un peu monotones. J’en profite pour discuter un peu avec les coureurs autour de mois. Une finlandaise qui doit être au moins V10 m’indique que c’est son 22ème marathon ! Elle a un record à 3h04 dans sa jeunesse. J’espère tenir autant la forme qu’elle à son âge.

Un petit passage pas très agréable dans des lotissements. L’organisation devait manquer de quelques km. Il y a de la musique, l’ambiance est bonne. Je tappe dans les mains et remercie les groupes de nous accompagner. Même méthodologie au ravitaillement du 15 ème, puis j’aperçois Mme pour la première fois qui m’encourage. Pause bisous et c’est reparti ! Un passage dans le port. Les voiliers sont magnifiques. Je double alors le porte drapeau des 4h. je ne le reverrai plus. Il commence à faire chaud et l’ombre me fait du bien.

Km 11 : 5’27, 80% Km 16: 5’43, 80%
Km 12 : 5’23, 80% Km 17 : 5’18, 81%
Km 13 : 5’27, 80% Km 18 :5’25, 82%
Km 14 : 5’25, 80% Km 19 : 5’28, 82%
Km 15 : 5’27, 81% Km 20 : 5’31, 82%

KM 20-30 : Fini l’entrée. Place au plat de resistance

Je passe au semi en 1h57. Je repense au semi de prépa, et constate que je suis passé exactement dans les même temps.
Les jambes commencent à tirailler doucement, mais le moral est là. Nous suivons désormais une longue ligne droite, coincé entre la voie de chemin de fer et les amas d’arbres rejeté par la mer lors de la tempête de la semaine précédente. Le paysage est un peu moins agréable, et Antibes ne veut définitivement pas de rapprocher.

On entre enfin dans la vieille ville d’Antibes après le 22ème, avec une première très légère montée. Je suis relativement frais mais les cuisses se durcicent lentement. Un coup d’œil au cardio m’indique que je commence à dériver doucement. Reste calme Yann, et ne dépasse pas les 85% avant le 30ème ! .Je passe le 26ème km et entre dans l’inconnu. Je n’avais jamais dépassé cette distance auparavant. Je souris à mes camarades et échange un peu avec eux sur nos prépa. 1er marathon pour vous aussi? Combien de KM vos SL les plus longues ?
On se rassure mutuellement et on se souhaite bonne chance. Nous commençons tous à avoir hâte d’en découdre avec cette garoupe tant redoutée. Moi également, afin de pouvoir enfin un peu lâché le cardio et me concentrer sur mes sensations.

Km 21 : 5’40, 81% km 25 : 5’21, 83%
Km 22 : 5’32, 83% km 26 : 5’36, 83%
Km 23 : 5’28, 83% km 27 :5’28, 85%
Km 24 : 5’28, 84% km 28 : 5’31, 85%

Après un rapide passage dans Antibes, on attaque enfin notre petit Mont Blanc. Que dis-je, cet Everest ! Encore une fois, je me rappelle de vos conseils. Lacher 30 secondes sur l’allure pour pouvoir mieux relancer après. Des coureurs commencent à craquer et montent en marchant. Je monte au petit trot à l’économie. Le souffle est cours, mais je parviens à garder le cardio sous les 88/ 89%. Je commence à doubler doucement des coureurs, mais me concentre sur ma foulée.

Finalement, la montée se passe mieux que prévu. C’est toujours plus facile en étant averti et en s’y étant préparé psychologiquement. Je relance bien dans la descente et accélère en essayant de relâcher et de faire descendre les puls.

Km 29 : 5’48, 86% Km 30 : 5’09, 84%

KM 30 – 40 : Le couteau entre les dents ;)

Et c’est parti pour les 10 derniers km. La descente m’a fait mal au quadriceps, mais la course commence maintenant. Les jambes sont désormais dures, et j’ai du mal à tenir l’allure naturellement sans forcer. Je décide d’oublier le cardio, et de faire au mieux en fonction de mes sensations. Un seul objectif maintenant, tenir l’allure. Nous pouvons désormais apercevoir Cannes de l’autre coté de la baie. Je tiens tranquillement jusqu’au nouveau ravito bisous au 32 ème. :)

Ces encouragements me font du bien et je repars de plus belle. Mme m’apprends également que je suis juste derrière mes amis, qui malheureusement sont en train d’exploser. Je pense à eux en espérant qu’ils arrivent au bout.

Je me rends compte alors que je vais finir. Je n’en ai plus aucun doute, je ne sais pas en combien de temps, mais je finirai. Une intense sensation de bonheur m’envahi. Je lève les yeux au ciel et je ne sens plus mon corps pendant les 2 prochains km.

Km 31: 5’40, 84% Km 34 : 5’28, 87%
Km 32 : 5’32, 86% Km 35 :5’37, 87%
Km 33 : 5’32, 86%

Le 34 et 35 ème KM me font descendre de mon petit nuage. Ca y est, c’est officiel, je souffre! Les jambes sont dures comme du métal, le souffle est court. J’ai même mal au fesse. :P Tiens, c’est possible en courant çà ??
J’ai envie de marcher. Non ! Je ne marcherai pas ! Je ne vois plus rien. Je ne regarde plus le paysage. Je déconnecte, et me contente de répéter ce geste simple consistant à lever mes jambes à tour de rôle pour les avancer un peu plus loin.

Le Ravito du 36ème arrive, et je lève enfin les yeux. Je le regrette immédiatement. Une petite bosse nous fait face juste après les tables. Elle n’a l’air de rien, mais elle me parait infranchissable. Je l’attaque alors, toujours au petit trot. Je ne gère plus. Je ne contrôle plus. Une seule chose compte alors, maintenir l’allure, ne pas exploser.
Les 3 km qui suivront seront très longs. Je repense encore une fois à ce couteau, et le serre fort entre mes dents. Je n’ai qu’une seule envie, marcher. Beaucoup marchent autour de moi, alors pourquoi pas moi ? Je tiens bon. Ce passage est désagréable, nous sommes sur une voie rapide très passante et les voitures nous doublent sur la droite. Nous apercevons enfin l’hotel le Palm Beach. Courage, plus que deux km.

Km 36: 5’29, 87% Km 39 : 5’33, 87%
Km 37 : 6’02, 87% Km 40 :5’34, 87%
Km 38 : 5’39, 87%

KM 40 – 42,195 : la délivrance :

Je dépasse le Palm Beach et m’engage enfin sur la croisette. Les gens sont de plus en plus nombreux et se massent au bord de la route pour nous encourager. « Allez Yann » me crie un homme. Je le remercie d’un geste de la main et serre toujours les dents. Km 41, Je cours. Je sprint. Je vais aussi vite que mes forces me le permettent. J’ai l’impression de voler. Je ne sens plus rien. Je me rendrai compte plus tard que je n’ai finalement même pas atteint les 12 km/h. :blush:

C’est la fin. La foule se resserre. Je continue à sprinter. 500m. Les flash du portique crépitent. 300 m. 200m. 100m. Je passe la ligne. La souffrance est terminée.

Je lève les bras au ciel. Je suis heureux. On me remet ma médaille, et j’enfile mon Tshirt. J’ai les larmes aux yeux et essaye de les contenir. Un bonheur intense m’envahit. J’ai terminé. Mme crie de l’autre coté de la barrière. :) J’ai une pensée pour elle. Je communie avec les coureurs autour de moi. Nous nous félicitons. Nous sommes tous heureux d'être arrivé au bout, peu importe la performance.

J’ai également une pensée pour le forum. Merci à vous. Je vous dois d’avoir pu terminer ce marathon.

Finisher. Tout simplement.

Km41 : 5’38, 88% Km 43 : 2’36, 92%
Km42 : 5’11, 90%

Temps à ma montre : 3h54mins24s ,
Temps officiel : 3h56mins31s



Merci de m’avoir lu.
Last Edit:il y a 13 ans 2 jours par Ymeguira
Dernière édition: il y a 13 ans 2 jours par Ymeguira.

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Réponse de gilles84 [Dum Spiro Spero] sur le sujet Re: Marathon Nice Cannes 2011: Riche en émotions!

Posted il y a 13 ans 2 jours #134201
tu m'a fait revivre on marathon à nice l'an dernier :blink: :woohoo: (même si j'etais plus mal que toi au 32eme ;) ) ....

Bravo , c'est génial ce que tu as fait sur ton 1er marathon et ta 1ere vraie course :woohoo: Suis heureux pour toi yann !!!

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Réponse de wilf sur le sujet Re: Marathon Nice Cannes 2011: Riche en émotions!

Posted il y a 13 ans 2 jours #134204
Bravo ! bon récit de course on fait la course avec toi! heu... une V10 ça fait quel âge ça! :woohoo: :woohoo:

Aller à la prochaine et: bonne course! ;)
par wilf

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Réponse de plusloin sur le sujet Re: Marathon Nice Cannes 2011: Riche en émotions!

Posted il y a 13 ans 2 jours #134205
Quelle fierté ! Quelle satisfaction ! C'est long, c'est difficile, mais qu'est-ce que c'est beau un marathon :) :) :)
Mes plus sincères félicitations Yann :woohoo: :woohoo: :woohoo:

Bonne récup' B)
par plusloin

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Réponse de papadje sur le sujet Re: Marathon Nice Cannes 2011: Riche en émotions!

Posted il y a 13 ans 2 jours #134206
Bravo!!!

Effectivement: "je ne savais pas que c'etait impossible, c'est pour ca que j'ai réussi" , souvent on se rend compte à posteriori de l'épreuve réussie :woohoo: :woohoo: .

Bonne récup maintenant!
par papadje

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Réponse de Rwaan sur le sujet Re: Marathon Nice Cannes 2011: Riche en émotions!

Posted il y a 13 ans 2 jours #134207
merci pour ton récit !
Très agréable à lire en plus, on s'y croirait : j'ai serré les dents devant mon écran dans les derniers km ;)

ça donne envie :whistle: :whistle:
par Rwaan

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