MDP2013 - Récit de Nocnoc

Finalement, j'ai trouvé un peu de temps pour rédiger mon CR.
L'insupportable attente aura été assez courte.

Attention, c’est long… C’est un CR à la RZ.

Contexte :
C’est mon 2ème marathon.
En 2012, j’avais fait le marathon du vignoble d’alsace.

MVA (D+ : 250m): 3h31min05sec / 3 ongles en moins.
MDP (D+ : 183m): 3h31min37sec / 3 ongles en moins : même motif, même punition !

Le pied droit est à peu près dans le même état...


Admirez le fond, façon « couette de l’hôtel Ibis de la défense »

Donc, performance un peu décevante (quoique, on note une régularité déconcertante entre les 2 marathons…).
Je visai 3h20. J’ai fait une performance inférieure à mon premier marathon. Pourtant, au MVA, j’avais fait 2 pauses pipi et le dénivelé était plus important.

Déroulement de la course

Premier semi

Les doigts dans le nez. Je suis mon allure de 4’45 avec une précision millimétrique . Malgré une certaine aisance, je ne me laisse pas emporter.
Début de douleur aux orteils au 16ème mais je m’inquiète pas.
J’arrive au semi à 1h40 pile poil. Je suis très euphorique mais je me maitrise.

Bémol : ça reste la cohue pendant de nombreux k. Surtout aux passages étroits naturellement.
Il faut dire que mon allure est un peu rapide pour mon sas et que visiblement, certains coureurs ont très très mal choisi leur sas…

La longue descente aux enfers…

A partir des km 23 (à peu près), je commence à ressentir des difficultés.
Je m’inquiète pas trop, je me dis que ça va passer, que la stimulation va revenir dans quelques k. Mais voilà les quais de seine, qui n’ont l’air de rien sur le papier mais qui représentent des petits raidillons bien méchants.

Ils vont m’achever.
J’y crois encore un peu. Je me dis que je vais me refaire mais le mal est fait.
Je commence donc à ralentir, faiblement mais régulièrement…

Encore quelques km et le moral n’est plus là, je regarde mon chrono : la messe est dite. "Fini comme tu peux mon gars, tu feras peut être 3h25", puis "essaie au moins de faire moins de 3h30". Puis "essaie de battre ton record de 3h31min05sec de quelques secondes"…

Je reconnais Maclad planté au milieu de la route, tout euphorique et gesticulant à qui mieux mieux. Je lui fais un petit salut.

Les derniers kilos...

Je souffre beaucoup des quadri. Pas loin de l’abandon. Je me fais beaucoup doubler, certainement par des gens que j’ai déjà doublés.
Mais je m’accroche.
Ah! Si j’avais visé 3h30 dès le départ, le résultat final aurait été le même mais peut être avec le sourire en plus. Ça aurait changé beaucoup de choses !
Là, j’ai même plus le courage de saluer le public.

Puis la ligne d’arrivée approche, je fais un semblant de sprint pour l’honneur (rectif: à 4'48 quand même!). Je suis heureux que le calvaire se finisse mais pas fière.
Lorsque j’avais passé la ligne de MVA, j’étais heureux comme tout, j’étais le champion du monde ma tête.

Voilà. C’est fait. Je vais chercher mon poncho. Je suis dégoûté. J’ai les larmes aux yeux.
Je n’arrive même pas à faire mes étirements tellement j’ai mal aux pattes.
J’ai envie de gerber. J’ai l’impression que je n’aurai pas du bouffer tous les gels (pardon d’avance à notre bien aimé sponsors OVERSTIM )



Les raisons de ce cuisant échec  

Excuse bidon numéro 1:

Cette version est défendue principalement par ma femme.
« C’est normal mon chéri, t’étais malade les jours précédents, vu ton état, c’est un exploit ! »

Faut dire que j’avais une pharyngite est que j’ai pris mon dernier antibio samedi soir.
D’ailleurs (gore inside), j’avais encore bien mal à la gorge et j’ai fait pas mal de crachats teintés de sang sur le parcours (comme le petit poucet).

Par ailleurs, j’avais pas trop bien dormi mais ça, je pense que c’est à peu près notre cas à tous !

Ceci dit, j’étais quand même bien dans mes pompes au départ, je me sentais bien reposé par rapport aux jours précédents. Mais peut être que la fatigue était là, tapie dans l’ombre, prête à bondir sur l’homme aux abois, diminué par 25km de courses !

Plus sérieusement : sans vouloir me cacher derrière cette pharyngite, il est raisonnable de penser qu’elle a joué un rôle. Mais sur les 11 minutes qui me manquent pour atteindre ma cible, combien lui sont imputables ? 1min ? 5min ? 25min (non, je déconne) ? Impossible à dire !

Excuse bidon numéro 2:

Les ongles !
J’ai senti les premières douleurs au 16ème. Ceci dit, j’ai vite été anesthésié mais peut être que ça m’a un peu gêné quand même.
D’ailleurs, cette histoire d’ongle me turlupine pas mal…
Zéro problème sur les SL (jusqu’à 30k), zéro problème sur un semi AS42.
Et boom ! Premier symptôme à 16k sur le MDP.
J’avais eu exactement le même problème au MVA. Je l’avais attribué à l’époque à quelques descentes un peu raides où le pied tape dans le fond de la chaussure.
Mais là, j’ai franchement du mal à trouver une explication (pas de dénivelé avant le 16ème)…

Bien sûr, j’avais les ongles bien taillés, limés 1 semaine avant la course (d’ailleurs, j’ai fait mes dernière SL avec des ongles non coupés…)

Mystère !
Faut que j’aille chez le toubib pour qu’il me donne du verni. Je vais en parler avec lui (il fait de la cap) et certainement voir un podologue.
Peut-être qu’il faut que je me coupe les ongles vraiment à ras, chose que je n’ai jamais faite car je laisse toujours un « petit bout blanc » d’à peu près 0,5mm.

La vraie raison:

Je pense que j’ai sous-estimé la difficulté du marathon de Paris. C’est ma principale erreur.
J’avais analysé le dénivelé et j’étais très optimiste :

Dénivelé du MVA


Dénivelé MDP


En comparant ces 2 graphes, on a vraiment l’impression que MDP est plus facile que MVA.
Pourtant l’écart de dénivelé n’est que de 70m (180 vs 250), mais je m’étais dit que ces 70m représentaient quand même +40%. D’ailleurs, un certain nombre de coureurs alsaciens m’avait dit que j’avais toutes mes chances au MDP avec ma marque au MVA.

Donc, je me suis dit : MDP plus facile que MVA donc je vaux peut être 3h20 au MDP avec une bonne préparation (j’avais prévu 3h15 tout au début de plan, mais j’ai revu mes ambitions, pas assez malheureusement..). 5min de gagné par la préparation + 5min de gagné par un dénivelé moindre = 10min !

Peut-être que si j’étais parti à une allure 3h25, j’aurai moins dérivé et j’aurai atteint cette cible.

Conclusion de la belle histoire

J’en avais gros sur la patate à l’arrivée.
Mais je fais un temps qui est tout à fait conforme à mon niveau et qui reste honorable.
J’ai inscrit ce marathon sur mon (petit) tableau de chasse et c’est déjà énorme.
Rétrospectivement, je suis très heureux d’avoir couru cette course mythique et finalement pas temps déçu que ça de ma perf.

Je ne savais pas trop si ma marque acquise au MVA était précise ou pas. Maintenant, je sais qu’elle l’était. J’ai eu beaucoup de chance à mon premier marathon car je l’ai très bien géré sans le faire exprès, juste au feeling !
Mais ça, je ne le savais pas jusqu’à ce dimanche.

J’ai lu quelque part récemment (dommage que je ne l’ai pas lu plus tôt) qu’il est raisonnable d’améliorer sa cible de 5’’ au kilo entre 2 marathons. J’ai tenté 15’’, j’ai échoué !

En tout cas, rien ne sera plus précieux que cette expérience un peu douloureuse pour mon prochain marathon. Ce sera certainement celui de Strasbourg, ville autrement plus charmeuse que cette pâlotte Paris et dont les courses familiales distillent une chaleur humaine incomparable à la froideur industrielle des grands marathons mondiaux…

Je suis déjà chaud bouillant et prêt à remettre le couvert pour effacer ce terrible affront que m’ont fait les dieux de l’Olympe (j’écris vraiment n’importe quoi là: c’est l’émotion).

Le mot de la fin :
«Rater sa cible au marathon, c’est comme se prendre un râteau en boite : inutile d’aller chouiner dans les chiottes, tu repasses vite fait par le bar et t’en attaque un autre »

PS: désolé pour le taux « vannes/nombre de mots » particulièrement faible de ce message ainsi que de la médiocrité des rares vannes !
PPS: je fonce lire les CR, je sais pas si j'aurai le temps de tout lire... Beaucoup de boulot en ce moment.

Bravo pour ta course et merci pour le compte-rendu.
Tout ces petits détails relatés dans vos CR sont instructifs, je trouve.

Nocnoc écrit:

5min de gagné par un dénivelé moindre

Personnellement, j'estime ma perte d'allure au km à environ 1 seconde par mètre de D+.
70 m de D+ supplémentaires, ça ne fait dans ce cas qu'une bonne minute de gagnée.

Impressionnant tes ongles en tout cas. Soigne-les bien et bonne récup.

BRAVO et MERCI pour ce CR .
la photo pour tes ongles est vraiment impressionnante t'as du dérouille quand même ?
repose toi et soigne bien tes pieds pour repartir vers de nouveaux objectifs

Bonsoir Cyrille!! un enorme bravo pour ton CR, ta course et ton Chrono!!

ah oui ce n'est pas facile un marathon, on ne peut pas prévoire ce qu'il va se passer, j'en sais quelque chose maintenant

Ah! Si j’avais visé 3h30 dès le départ, le résultat final aurait été le même mais peut être avec le sourire en plus. Ça aurait changé beaucoup de choses !

moi aussi, à chaque fois que je voyais un meneur d'allure me passer devant le nez....

4h, 4h15, 4hh30, etc... 5h30 et à chaque fois, je m'insultais, mais quel con si j'avais pas eu les yeux [strike]plus [/strike] moins gros que le ventre j'aurais mis au moins 1h de moins pour achever ces 42Km, enfin bon, on peut refaire le monde avec des SI.

oui je pense que tu as raison sur ton explication de ton soi-disant echec lol, le parcours n'est pas si facile que ça, et puis ton excuse bidon 1, peut être aussi responsable après comment mesurer son impact

allez bon repos et au plaisir de lire, voire de te rencontrer un de ces 4

Ps: c'est Trickouze qui a battu tout le monde niveau CR c'est un grand bavard également

Merci Cyrille pour rapide CR toi qui n'avait pas le temps !!
Ravi de t'avoir rencontré même brièvement

Bravo pour ton chrono. Même s'il est supérieur à celui que tu visais, cela reste une jolie marque que beaucoup rêveraient d'avoir.
Et pour les ongles noirs y'a pas de règles malheureusement, et tu n'es pas le seul.