[gyom193] Marathon de La Rochelle - CR p.259 -

Avant:
Vous connaissez l'essentiel... Lassé de ne plus courir après rien de tangible, je décide fin août de repartir sur un objectif qui me fait envie: le marathon.
Une fois compulsé le calendrier des épreuves, mon choix se porte sur La Rochelle; la date est super et me laisse plus de 12 semaines, c'est pas trop loin, il est réputé pour être très sympa.
De plus, mon pote Fabrice, avec qui j'ai déjà fait un marathon en 2012, est partant.
Je tente de recruter Lululemalin, qui ne dit pas oui, mais ne dit pas franchement non (à suivre).

Donc c'est parti pour un plan de 12 semaines à 4x/semaine, que je suivrai scrupuleusement. Les seules modifs que je ferai seront d'ajouter un bon quart d'heure d'EF chaque fois que possible, afin de vraiment accumuler des bornes. C'est je pense ce qui m'avait manqué la dernière fois, et en plus mon été a été assez maigre en kilométrage CàP.
L'ensemble de la prépa se déroulera comme dans un rêve: aucun pépin physique, des ratios qui ne cessent de s'améliorer de semaine en semaine, un semi préparatoire très encourageant, que du bonheur.
Juste une petite frayeur les 15 derniers jours, avec des tendons capricieux à la cheville gauche, me faisant craindre un souci possible pour la course.
Lulu décide finalement de se joindre à nous (je le savais!) et trouve un dossard in extremis. Nous serons donc 4, Lulu et moi, plus Fabrice et son amie Hilde qui court son premier 10km.
On s'organise pour le départ en W-E.

La Rochelle:
On arrive samedi midi dans La Rochelle ensoleillée, après 4 heures de route, les stations d'autoroute sont remplies de mecs qui boivent du Malto ou qui parlent d'allures et de FC!



On retrouve ma filleule rochelaise, et on cherche un resto où il reste de la place, il fait un temps magnifique (11000 inscrits le lendemain, ça fait du monde en terrasse!).




Puis petit tour au village pour la récup des dossards, et en fin d'aprèm on rejoint notre loc sur l'Ile de Ré à 20' du départ.


On s'organise gentiment pour le lendemain (heure du lever, stratégie de parking, etc), on mange nos pâtes, et extinction des feux à 22h30 puisque de toute façon le match France-Japon ne mérite pas franchement qu'on se couche tard...
6h00: Driiing, tout le monde debout! Jus de fruit, Gatosport, crêpes magiques au manioc/pommes/lait d'amandes, et en piste.
7h15: Décollage. Et surprise, la caisse est gelée de chez gelée, il fait -1°C! On s'habille bien, car on connait tous l'attente avant le départ...


Mais le ciel dégagé nous prépare un temps parfait pour la journée.



8h00: On se gare comme prévu la veille, à 500m du départ (Bien vu les bons conseils des bénévoles sur le village!). Enfilage de combinaisons atomiques et de sacs poubelles, et zou, direction les sas. La seule féminine du W-E nous abandonne pour rejoindre son départ qui est plus loin, nous lui souhaitons une bonne course.


On patiente dans un air polaire, au milieu de congénères tous plus ou moins gelés. Heureusement, il y a du soleil, pas un poil de vent.
Je bénis Fabrice d'avoir emmené les combinaisons, mon sac poubelle n'aurait pas suffi!
On papote tranquille dans l'ambiance bon enfant du sas des 4 heures. Ludo est dans le sas juste devant, il courra tout seul.
Mon plan de marche est prêt depuis longtemps, ma FC42 est à 144 (80%), mais je m'interdis au début de courir plus vite que 5'20/km pour ne pas me griller. Et cela le plus longtemps possible. Je table idéalement sur du 5'30", en espère pouvoir me tenir le plus loin possible du 5'40 qui est la limite pour faire 4h00. Quand arrivera la dérive, je verrai bien, et je tenterai de maitriser la montée du cardio pour ne pas exploser avant la fin.
Le speaker nous fait vivre le départ du 10km (à l'autre bout de la ville, une pensée pour Hilde!), puis le départ des handisport, puis l'heure se rapproche... On a droit à du Wagner à donf dans la sono: La chevauchée des Vache-qui-rit... On dépiaute nos combis, ça se tasse un peu...

9h00: PAN!
Les sas s'ébranlent peu à peu, on approche en marchant de l'arche de départ, puis en trottinant, puis... Biiiiip... C'est vraiment parti!

km 0: Du monde partout, mais le départ en 2 endroits séparés fluidifie pas mal le truc. Il y a beaucoup de monde, mais dès les premiers mètres on peut courir. Je perds Fabrice dès les 100 premiers mètres, il a décidé de partir très prudemment, et je me cale comme je peux sur une allure qui me parait convenable, on va laisser chauffer la machine.

km 1-5: C'est tout plat, on est vers de l'aquarium, les jambes tournent toutes seules, et le cardio est en dessous de ma FC cible. Je cours en 5'15 à 75%, je freine donc plutôt l'allure pour ne pas me griller. Je rentre facilement dans mon rythme. Je snobe le premier ravito car j'ai ma gourde et mes gels.

km 5-10: Comme le début, bonnes sensations, allure tout à fait convenable que je limite vers 5'20 puisque ma FC n'est qu'à 77-78%. Au ravito du 10, j'ai une idée lumineuse! Je me dis: tiens, et si j'essayais un truc... Je vais prendre un verre et boire en courant. C'est rigolo de tenter le jour du marathon un truc qu'on n'a jamais fait. Et puis y'a rarement des bénévoles au bord de la route lors de mes entrainements, faut en profiter. Je chope un verre à la volée, et... je me noie les yeux, les oreilles, le nez, les poumons, le cou, je m'en mets partout sauf dans l'estomac! Je tousse et je rote pendant un bon kilomètre avant de me jurer que c'est la dernière fois que je fais une connerie pareille!

km 10-17: La FC est montée tout doucement pour se caler enfin à 144-145 (80%), aidée par les deux montées aux 10 et 17è km auxquelles je ne m'attendais pas trop. C'est pas plat du tout La Rochelle! Et le plus sévère, c'est qu'on a le panneautage de la fin du parcours (puisqu'on fait 2 boucles), et qu'on sait donc déjà qu'on va se les retaper à 32 et 38 km...

km 17-27: Je ne sais plus trop ce qui s'est passé pendant ces 10km là. La FC était dans les clous, pile à 80%, mais les jambes commençaient à piquer un peu. Je passe le semi en 1h56, et je sais donc déjà que ça va être challenge d'attraper les 4h. Fabrice me reprend au 23ème, au moment où les meneurs des 4h nous passent alors qu'on est en 5'30/5'35". Ils vont à mon avis un peu vite (ils doivent anticiper les pauses aux ravitos je pense), et de toute façon, je m'en fous, je fais ma course tout seul. Je perds Fabrice qui va mieux que moi.

km 27-37: Bon, ben là, je sais que la suite va être compliquée... Je pensais avoir à maîtriser la dérive cardiaque, sauf que c'est les jambes qui dérivent! Le cardio reste tanqué à 80%, mais les cannes refusent de l'emmener plus haut. Les quadriceps me font mal, les abdos aussi, et même le bas du dos couine. Ça ne pousse plus guère! Je ne suis pas le seul à en baver, autour de moi ça tombe comme des mouches. Beaucoup de gens marchent, certains s'étirent, c'est dur. D'autant qu'on est dans la partie avec les montées, ça n'aide pas! (remarque, à partir de 30, y'a plus grand chose qui aide! Ou alors des roulettes peut-être?) Je constate impuissant les kilomètres qui défilent à 5'40, puis 5'50, puis 6'... Au 36ème, on arrive au Stade Rochelais, je suis en 6'20 et j'agonise. L'envie d'arrêter s’immisce doucement, sournoisement, mais je fais confiance au travail effectué. Je sais que Gilles fera son job jusqu'au bout et m'emmènera à l'arche d'arrivée. Je m'accroche à la certitude d'être bien préparé.
Puis au km 37 je regarde ma montre: 3h30...

km 37-42: Bon, même le moins lucide des marathoniens arrive à faire ce calcul de tête, 3h30 au 37ème, ça me laisse 30 minutes pour boucler les 5km qui restent en 6' au kilo si je veux rentrer dans les 4h.
Va falloir se sortir les doigt, et lâcher les chevaux. sauf que des chevaux, y'en a plus! Même pas des poneys, rien! Que dalle, l'écurie est vide! Il reste tout au plus un tas de crottin dans un coin...
Je tente néanmoins de relancer avec l'énergie du désespoir, et je sors le 38ème en 6'06".
Ça ne suffit pas encore! Le cardio monte péniblement à 81%.
Puis 82%, avec le 39ème en 6'05", puis le 40ème en 5'55"!
Les pulses sont à 152 (85%), mais c'est pas le souci, c'est le châssis qui est mort! J'ai le dos en compote, les quadriceps me brulent depuis le 30ème, mais il faut encore accélérer...
Je ne sais plus trop ce qui s'est passé à la fin.
Y'avait du monde partout, ça hurlait dans tous les sens, on était revenu dans la même ville que le départ. En fin je crois.
Je ne suis pas sûr à 100%...
Et puis d'un coup, au milieu de la douleur, entre les deux Tours du port, une énorme arche verte avec un gros 42 écrit dessus!
Enfin!
J'y croyais plus!
Sauf que c'est pas encore l'arrivée! Ces cons ont foutu une arche immense 195 mètres AVANT l'arrivée!
C'est cruel.
Je m'arrache pour finir et passe enfin sur la bande de chronométrage de l'arrivée.
Biiip... 4:00:55

Après
Je suis sub-claquant dans l'aire d'arrivée où c'est l'embouteillage.
Je suis limite en malaise, mais Ludo qui est arrivé quelques minutes avant moi me retrouve et papoter me fait du bien (même si je lui réponds par de rares monosyllabes). Sa présence me fait du bien et m'évite de sombrer.
Je vous passe la suite que vous connaissez si vous avez déjà assisté/vécu la fin d'un marathon... Y'a du monde partout, j'ai froid, j'ai envie de mourir, plus jamais ça, qu'on m'amène une chaise bordel, taisez-vous tous et laissez moi dormir, etc, etc.


Bilan
Déçu? Oui, un peu. Mais pas tant que ça au final. En y réfléchissant, j'ai vraiment tout donné du début à la fin, et je ne vois pas bien où j'aurais pu gagner ces 55 fichues secondes, vraiment.
Et puis c'est un RP, merde! Je mets quand même presque 10 minutes à mon ancien temps!
Aller plus vite au début? Non, j'ai déjà dû me limiter, je sais que plus vite c'était trop vite.
Aller plus vite au milieu (17-27)? Non, j'étais dans mon tableau de marche idéal, mûrement réfléchi pendant toute la prépa.
Cravacher plus entre 27 et 37? J'étais déjà passablement à fond, le risque aurait été d'exploser avant la fin. Et après 37, j'ai vraiment fait le maximum.
Non, vraiment, pas de regret.

Le sub-4h sera pour le prochain.

slt GYOM !
léou ton CR ?
comment s'est passé la journée de boulot ? raidos ?
++

J'étais en train de le finir.
Mais j'ai abrégé la fin, j'ai sommeil!
La journée a été compliquée, je ne peux plus arquer!
J'ai fait 20' de vélo d'intérieur cool ce midi, mais j'ai vraiment les cannes explosifiées, plus rien ne répond, je marche comme un girafon qui vient de naître...

Allez, dodo!

merci pour ton CR Gyom qui m'a fait rire, revivre les bons (et le moins bons) moments de ce week-end... il manque la photo avec la bourriche les coupes et les les médaille
c'est vrai que la flamme au 42eme est un sacré piège à c... et j'ai aussi fait le c... en m’arrêtant qq secondes .. jusqu'au moment ou j'ai réalisé que tout le monde gueulait, "C'EST PAS FINI, C'EST PAS L'ARRIVEE, RESTE 200m !!"...
repose toi..... ++

Bravo.
Une allure plus régulière et c'est dans la poche pour le sub 4h

Merci pour ce CR, ca me manquait de les lire !
J'espère que les cannes arrivent à porter le bonhomme un peu mieux qu'hier !