CR de l'Ultra Boucle des Ballons 2021 (208km)
- ynwa
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CR de l'Ultra Boucle des Ballons 2021 (208km) a été créé par ynwa
Posted il y a 3 ans 4 mois #517987
CR de l’U2B 2021. 17 et 18 juillet. 208Km et près de 5000m de D+.
Qu’est-ce qui est le plus difficile, courir 3 épreuves de 208 à 500km en un mois à peine ou rédiger les CR de ces 3 aventures ?
Je préfère être sur la route à courir, mais j’aime partager ces doux moments – très souvent difficiles aussi – où je me retrouve seul face à moi même.
Le but : aller au bout ; les moyens : mon entraînement et mes accompagnateurs, qu’ils soient tout au long du périple à mes côtés (Jean-Paul) ou qu’ils m’aient accompagné jusqu’au départ et revu une seule petite fois sur l’U2B (Pascale, ma femme).
Au retrait des dossards, tout comme les jours précédents, je n’en menais pas large car la météo avait été très fortement pluvieuse et quand Christophe l’organisateur et sa femme Nathalie m’ont remis le pack dossard, t-shirt et programme des festivités du week-end, je pensais déjà à l’état dans lequel je risquais fort de me retrouver à peine parti si les trombes d’eau ne décidaient pas de faire une pause.
Au camping de Munster où Pascale et moi avions profité d’une accalmie, la veille, pour planter notre tente il y avait déjà quelques amis du monde de l’ultra qui étaient installés ; Guillaume et sa famille, Gérard et Nicole, Maurice et sa femme ; d’autres encore allaient arriver dans le courant de la journée et même le lendemain. Après avoir acheté une bâche car la pluie de la première nuit avait profité de petits trous dans notre toit pour s’inviter à l’intérieur de notre habitacle, je préparais fébrilement mes drop-bags ne sachant pas combien je devais en prévoir avec autant de tenues de rechange. Au final, je tablais sur un coup de chance et une météo moins perturbée et je ne prévoyais donc que deux sacs placés aux ravitaillements du milieu de course (km 104) et à celui du Hohneck (km 168) qui devait correspondre à peu près – j’étais quand même un peu optimiste – à mon passage aux 24h voire 25h. Au lever du jour quoi !
Après un repas dans une pizzeria où le hasard fit que nous n’étions pas les seuls coureurs comme clients, nous sommes allés nous coucher assez tôt pour un vendredi soir de juillet mais il fallait prévoir une nuit blanche pour celle de samedi à dimanche. Je préparais tout le matériel de protection des orteils et des pieds là où en juin et juillet il y avait eu quelques ampoules et zones irritées. Je préparais aussi mes tenues pour le départ, une pour temps sec et une pour temps très humide.
4h, la mélodie de mon téléphone programmé pour me réveiller me sortit d’un de ces rêves dont on ne se souvient plus ce qui montre que j’avais néanmoins passé une bonne nuit. Le rituel de la préparation des pieds, de la mise en tenue et du petit-déjeuner m’amenèrent rapidement à l’heure où il fallait rejoindre le lieu du départ qui n’était pas loin et faisable à pied.
Il ne pleuvait pas, l’atmosphère étant toutefois humide. J’optai pour le vêtement de pluie alors que beaucoup d’autres coureurs étaient en t-shirt. Après un court briefing nous sommes allés rejoindre la statue de Poséidon pour le départ réel de cette aventure où il n’allait pas falloir se déballonner.
5h30’ tout le peloton d’une grosse quarantaine de coureurs se mit en route pour un enchaînement d’une grosse quinzaine de cols ou de ballons.
Le premier col le col du Petit Ballon en guise d’échauffement me permit de voir rapidement si j’avais du jus et ce ne fut pas trop mal après quelques hectomètres de plat une fois la montée entamée. J’alternai course et marche afin de bien m’échauffer et de tester le bonhomme avant d’entreprendre de ne plus trop marcher. Le revêtement était grossier et l’humidité se faisait ressentir au fil de la montée. La brume ou les nuages bas vinrent renforcer cette impression pas désagréable au demeurant. Au moins, il ne pleuvait pas, je fus vite trempé mais plus par l’addition de ma transpiration et du taux d’hygrométrie élevé. Je reconnus plusieurs passages où j’étais allé la veille en guise de promenade en voiture, promenade vite abrégée au col du Petit Ballon par de fortes pluies qui ne me permirent que de prendre une photo. Mais le jour de la course, on pouvait dire que nous étions chanceux. Je franchis le col en 1h41’ pour 11,7km et j’entamai la descente en restant prudent au niveau de mon allure et de mes appuis. Je n’avais pas trop de séquelles des deux fois 500km effectués lors des Lilo et MiMilKil, mes orteils étant quand même un peu fragiles au niveau des ongles. Les 10km de descente furent engloutis en 1h02’ et je pointais au CP9 (ravitaillement N°1) en 2h43’ pour 21,7km. À peine 5’ pour me ravitailler et je commençai à gravir les premières pentes de la montée vers le Grand Ballon. En fait, ça grimpait fortement pendant 7km environ (entre 8 et 9 % en moyenne) et une fois au col du Platzewaesel, la route des crêtes s’avéra n’être qu’une succession de faux-plats descendants et montants. Seuls les 1500 derniers mètres refirent gonfler le pourcentage pour atteindre le col du Grand Ballon. 2h51’ pour monter là-haut à 7,5km/h de moyenne, je m’en tirais bien. 43,2km en 5h38’, ce ne sont pas mes 6’ d’arrêt au ravitaillement qui allaient plomber ma moyenne. Jusqu’ici, ça avait bien été pour moi. Le temps était toujours couvert, mais l’humidité ne se faisait plus trop sentir. J’avais côtoyé plusieurs coureurs depuis Munster et à ce petit jeu de l’accordéon le temps avait vite défilé.
La descente fut difficile au début, il fallait réadapter sa foulée à amortir les 8 % de pente moyenne sur près de 7km et essayer de préserver les orteils. Avec le col d’Amic passé, le dénivelé s’adoucit et le parcours redevint plus bosselé jusqu’au col de Herrenfluh où la descente fut à nouveau assez forte. Le CP 7 était placé à l’entrée de Uffholtz, au km 64. J’y arrivai en 8h02’ soit après une descente à 9km/h de moyenne (2h18’ pour 20,7km). Pascale m’y attendait. Le ravitaillement fut assez long afin que je reprenne des forces et que je fasse le point sur mes pieds qui, je pensai alors, avaient de nombreuses ampoules tant j’en ressentais les échauffements. J’ôtai mes chaussures et constatai avec étonnement que je n’avais rien ou presque, en tout cas aucune ampoule comme celles que j’avais eues lors de la MiMilKil. Je renfilai mes chaussettes et mes chaussures et repartis rassuré mais tout de même en claudiquant assez fortement le temps de ne plus ressentir les douleurs. Pascale m’avait aidé à retirer mon vêtement de pluie dans lequel j’avais chaud et elle le fourra dans la poche arrière de mon sac à dos. Le quart d’heure d’arrêt m’avait fait du bien, je m’en rendis compte sur toute la partie courue sur la voie verte où le dénivelé était peu prononcé. Jusqu’à la sortie de Thann, nous allions jouer à saute Thur en franchissant plusieurs ponts sur cet affluent de la Lauch ou de l’Ill. Après cet intermède d’une grosse douzaine de bornes où l’ombre commençait souvent à manquer, les choses sérieuses allaient recommencer avec la montée vers le col du Hundsrück qui démarra dès la sortie de Bitschwiller-les-Thann. 5km de côte de 7 à 8 % puis une portion plutôt en descente pour mener au CP 6 situé à Bourbach-le-Haut au km 85,4 après 11h17’ de « ballonnade ». 3h pour faire 21,5km ce qui me permit de prendre un nouveau quart d’heure pour me ravitailler. J’ai souvent été avec Pierre Zürcher, je voyais Sébastien devant, savais qu’Angel n’était pas loin non plus, je n’étais pas isolé. Le prochain CP constituait le moment pour moi de faire le point, de mettre les choses à plat et d’orienter ma stratégie de course dans une certaine direction selon l’état dans lequel j’en repartirais. La mi-course, c’est la moitié du travail de fait en distance, mais on est loin du compte en ce qui concerne le chrono. Le mental à l’instar des véhicules hybrides devait prendre le relai si le physique défaillait. J’avais rechargé mon mental et il me restait encore un peu de carburant dans l’organisme. Après le Hundsrück, il y avait un autre petit col à franchir, mais tout aussi difficile que les plus prestigieux en raison de la fatigue accumulée : le col du Schirm. Ensuite, la descente à bien négocier devait mener à nouveau sur une voie verte où la tranquillité devait me permettre d’arriver à Sewen avant la remontée vers le CP 7. En fin de voie verte, je fus interrompu dans ma chevauchée par un mariage. On me proposa une bière que j’acceptai avec grand plaisir et je la bus si vite que je fus applaudi par les invités. Je repartis regonflé à bloc pour aller jusqu’au pont sur l’Alfeld, km 104. 14h07’ de course, 2h36’ pour faire les 18km inter-CP, j’étais encore sur du 7km/h. Le ravitaillement tenu par Stéphanie et Esther me permit de me reposer tout en me ravitaillant d’une soupe et de petits toasts au fromage et saucisson et j’appris que plusieurs coureurs avaient abandonné. Je m’équipai pour la nuit qui allait me cueillir avant le prochain CP qui était placé 13km après le Ballon d’Alsace lui même distant de 8km du CP5. J’étais resté plus d’un quart d’heure à ce CP et je devais repartir sans trop perdre de temps. J’enfilai donc une chasuble de sécurité et préparai l’éclairage pour la soirée et la nuit. Je rechargeai aussi mon GPS avec un chargeur mobile placé dans une poche de mon sac à dos. Là, la musique allait quelque peu changer. Quand j’avais réussi à courir dans les montées lors de pratiquement tous les ballons ou cols précédents, maintenant j’étais comme scotché à la route, comme si au ravitaillement j’avais mis des semelles de plomb dans mes chaussures. Je tentai quelques relances mais le corps ne suivait plus la tête alors je me résignai à marcher. Je mis 1h34’ pour effectuer les 9km menant au sommet du Ballon d’Alsace et lorsqu’il fut question d’en redescendre, le corps n’était pas très chaud pour le faire en courant. Le mental reprit un peu le dessus et je « dévalai » à 7km/h les 13km jusqu’au CP 4. Mais je souffrais. Les plantes des pieds ainsi que les orteils me lançaient à chaque foulée en descente, alors qu’en montée ils me laissaient tranquille. Courir la nuit ne me déplaisait pas tant que ça parce que le trafic routier allait en diminuant et les quelques véhicules me croisant était audibles de loin et visibles de par leur éclairage quelques virages avant notre rencontre. Ce n’était pas comme dans la journée où à maintes reprises je dus changer de côté de la chaussée pour éviter les véhicules motorisés, autos et motos, et les non motorisés – vélos et parfois skis à roulettes ou autres engins roulants – certains prenant leur virages tellement près de la corde que j’eus souvent la crainte qu’on s’accroche. Et je ne parle pas des « as du volant » qui se prennent pour des cadors avec leurs motos ou autos de course et qui vous passent à côté à des vitesses telles que le retrait à vie du permis ne serait pas une peine suffisante.
Bussang, CP 4 au km 125 avec les 13 derniers à 7 de moyenne en descente avec quelques moments où le sommeil m’appelait si fort que je dus m’arrêter souvent quelques secondes pour me réveiller et garder les sens en éveil. Le chant des sources alternait avec le silence des forêts en ce début de nuit et je me fis peur parfois en entendant ou en voyant un animal sortir des fourrés ou d’un chemin, un quelconque cervidé ou un renard ou encore un lièvre dont les yeux brillaient dans la lueur de ma frontale… Enfin, eux aussi étaient tellement surpris qu’ils s’enfuyaient. Encore donc un gros quart d’heure d’arrêt à Bussang pour me ravitailler et surtout prendre un café qui me tiendrait – j’espérais – jusqu’au CP 3. Quand je quittai Bussang, ça faisait déjà 18h que j’avais pris le départ de cette U2B et minuit n’était pas encore passé. J’allais peu à peu passer du mode coureur en côte en mode zombie ce ne sont pas les presque 4h (3h52’) mises pour rallier le CP 3 à Wildenstein au km 148, soit après seulement 22,5km du CP d’avant, qui allaient témoigner du contraire. Je rêvais d’un banc sur lequel je me serais assis pour piquer un petit roupillon, mais – heureusement ? - je n’en trouvai point. Le col du Page fut pour moi le plus difficile à passer de toute la course et la descente vers Wildenstein fut aussi la plus difficile descente jusqu’alors de toute mon U2B. Mais il restait encore le Hohneck dont je n’avais pas encore fait la connaissance.
Près de 20’ d’arrêt à Wildenstein puis ce fut la montée vers le col de Bramont à 5 % où je courus la plupart du temps afin de ne pas m’endormir malgré un Nième café au CP précédent. Puis ce fut une brève mais douloureuse descente aux enfers vers la Route des Américains et une nouvelle franche remontée vers la Route des Crêtes où la suite menant au Hohneck fut relativement tranquille. Sauf qu’au pied du dit Hohneck, il fallait se coltiner une de ces côtes à 8 % où je ne pus même pas envisager une seule seconde d’en courir ne serait-ce que 10m. 8 lacets avec le vent tantôt de face tantôt de dos. Il faisait jour depuis un moment, la fraîcheur de l’air se faisait ressentir surtout exposé au vent. Je mis 18’ à monter à la table d’orientation, pris un quart d’heure à manger un Bolino et des gâteaux de riz ainsi qu’à m’hydrater et quand je repris mon chemin vers Munster, je marchai jusqu’à la route au pied du Hohneck. Total aller-retour 45’ pour 3km ! 25h40’ pour 168km plus 15’ qui nous firent presque 26h. Vivement la Schlucht ! Et la suite qu’on en finisse. Car une fois que le soleil est sorti de derrière les nuages, la chaleur remplaça la fraîcheur. 4km plus loin, le col de la Schlucht puis la route en direction du col du Calvaire. Allai-je en vivre un pour ces 36 derniers kilomètres ? Jusqu’au col, la route alternait une fois encore des montées et des descentes, mais j’avais réussi à me rebooster et mon allure certes peu rapide me permettait d’accumuler les bornes et de me rapprocher de l’arrivée. Le CP1 au Lac Noir fut long à atteindre et quand j’y suis passé, mon arrêt ne dura que 5’ et je me remis en route. 3 km de galère car le début grimpait à 9 % pour ensuite amener sur une route très mal entretenue où les appuis faisaient mal et la cerise sur le gâteau fut la descente à 16 % sur seulement 400m mais qui fut sans doute la partie paradoxalement où je mis le plus de temps au km tant je devais me retenir afin de ne pas fusiller définitivement mes pieds et finir en rampant. Une fois passé ce moment douloureux, s’en suivi un autre pas plus plaisant, le reste de la descente qui piquait aussi puis la remontée vers le col de Wettstein puis le Collet du Linge au km 197 qui devait marquer la fin du dénivelé positif de cette U2B. La route vers Munster via Hohrodberg tout en descente, sous un soleil de plus en plus prégnant, avec une circulation un peu plus fréquente que plus tôt ne fut pas de tout repos. Patrick, un des 3 patrouilleurs qui m’avait dépanné à plusieurs reprises en boissons me proposa à nouveau de remplir mes bouteilles, ce que je fis sachant qu’après je devrais tenir jusqu’à l’arrivée. Au dernier village avant Munster, j’aperçus quelqu’un devant en tenue de course et vis que c’était Popol que je rattrapai. Il n’allait pas bien, les quadriceps endoloris ne lui permettaient plus de courir. Il me dit de poursuivre ma route ce que je fis en lui souhaitant bonne chance. La fin de la descente principale nous fit passer par un chemin goudronné évitant de rester sur la route principale afin d’éviter la circulation. Pour rejoindre la piste cyclable il fallait encore s’armer d’un peu de courage, serrer les dents pour descendre une petite portion à 11 % et enfin retrouver le plat pays ou tout au moins le faux-plat pays en légère descente. Je me laissai porter par mon élan jusqu’à l’intersection finale me dirigeant vers la piscine puis la statue de Poséidon dont l’arrivée se faisait au pied… que j’eus du mal à toucher au risque de tomber dans le bassin du parc de la Fecht. Depuis le Hohneck, j’avais mis 6h soit presque du 7km/h.
31h41’, le contrat était rempli, certes avec 2h30’ de plus que l’année passée, mais le principal était bien de terminer ma trilogie estivale : LILO (500km), MiMil’Kil (500km) et l’U2B (208km). Challenge tenté, challenge réussi.
À l’arrivée je retrouvai Pascale, Christophe, Nathalie, David qui m’avait souvent filmé ou pris en photos pendant l’épreuve et que je remercie pour tous ses encouragements, des coureurs qui avaient terminé, d’autres abandonné. Je reçus mon t-shirt de finisher et pus déguster une bière fraîche commençant à réaliser. J’allais pouvoir enfin aller me doucher puis dormir un peu afin d’être vaillant lors du repas de clôture du soir.
NB : je remercie aussi tous les membres de l'organisation, les bénévoles aux postes de ravitaillement, les patrouilleurs sur le parcours qui étaient prêts à nous dépanner au cas où, et bien sûr Christophe et Nathalie qui ont créé et organisé cette superbe course.
à+ynwa
Qu’est-ce qui est le plus difficile, courir 3 épreuves de 208 à 500km en un mois à peine ou rédiger les CR de ces 3 aventures ?
Je préfère être sur la route à courir, mais j’aime partager ces doux moments – très souvent difficiles aussi – où je me retrouve seul face à moi même.
Le but : aller au bout ; les moyens : mon entraînement et mes accompagnateurs, qu’ils soient tout au long du périple à mes côtés (Jean-Paul) ou qu’ils m’aient accompagné jusqu’au départ et revu une seule petite fois sur l’U2B (Pascale, ma femme).
Au retrait des dossards, tout comme les jours précédents, je n’en menais pas large car la météo avait été très fortement pluvieuse et quand Christophe l’organisateur et sa femme Nathalie m’ont remis le pack dossard, t-shirt et programme des festivités du week-end, je pensais déjà à l’état dans lequel je risquais fort de me retrouver à peine parti si les trombes d’eau ne décidaient pas de faire une pause.
Au camping de Munster où Pascale et moi avions profité d’une accalmie, la veille, pour planter notre tente il y avait déjà quelques amis du monde de l’ultra qui étaient installés ; Guillaume et sa famille, Gérard et Nicole, Maurice et sa femme ; d’autres encore allaient arriver dans le courant de la journée et même le lendemain. Après avoir acheté une bâche car la pluie de la première nuit avait profité de petits trous dans notre toit pour s’inviter à l’intérieur de notre habitacle, je préparais fébrilement mes drop-bags ne sachant pas combien je devais en prévoir avec autant de tenues de rechange. Au final, je tablais sur un coup de chance et une météo moins perturbée et je ne prévoyais donc que deux sacs placés aux ravitaillements du milieu de course (km 104) et à celui du Hohneck (km 168) qui devait correspondre à peu près – j’étais quand même un peu optimiste – à mon passage aux 24h voire 25h. Au lever du jour quoi !
Après un repas dans une pizzeria où le hasard fit que nous n’étions pas les seuls coureurs comme clients, nous sommes allés nous coucher assez tôt pour un vendredi soir de juillet mais il fallait prévoir une nuit blanche pour celle de samedi à dimanche. Je préparais tout le matériel de protection des orteils et des pieds là où en juin et juillet il y avait eu quelques ampoules et zones irritées. Je préparais aussi mes tenues pour le départ, une pour temps sec et une pour temps très humide.
4h, la mélodie de mon téléphone programmé pour me réveiller me sortit d’un de ces rêves dont on ne se souvient plus ce qui montre que j’avais néanmoins passé une bonne nuit. Le rituel de la préparation des pieds, de la mise en tenue et du petit-déjeuner m’amenèrent rapidement à l’heure où il fallait rejoindre le lieu du départ qui n’était pas loin et faisable à pied.
Il ne pleuvait pas, l’atmosphère étant toutefois humide. J’optai pour le vêtement de pluie alors que beaucoup d’autres coureurs étaient en t-shirt. Après un court briefing nous sommes allés rejoindre la statue de Poséidon pour le départ réel de cette aventure où il n’allait pas falloir se déballonner.
5h30’ tout le peloton d’une grosse quarantaine de coureurs se mit en route pour un enchaînement d’une grosse quinzaine de cols ou de ballons.
Le premier col le col du Petit Ballon en guise d’échauffement me permit de voir rapidement si j’avais du jus et ce ne fut pas trop mal après quelques hectomètres de plat une fois la montée entamée. J’alternai course et marche afin de bien m’échauffer et de tester le bonhomme avant d’entreprendre de ne plus trop marcher. Le revêtement était grossier et l’humidité se faisait ressentir au fil de la montée. La brume ou les nuages bas vinrent renforcer cette impression pas désagréable au demeurant. Au moins, il ne pleuvait pas, je fus vite trempé mais plus par l’addition de ma transpiration et du taux d’hygrométrie élevé. Je reconnus plusieurs passages où j’étais allé la veille en guise de promenade en voiture, promenade vite abrégée au col du Petit Ballon par de fortes pluies qui ne me permirent que de prendre une photo. Mais le jour de la course, on pouvait dire que nous étions chanceux. Je franchis le col en 1h41’ pour 11,7km et j’entamai la descente en restant prudent au niveau de mon allure et de mes appuis. Je n’avais pas trop de séquelles des deux fois 500km effectués lors des Lilo et MiMilKil, mes orteils étant quand même un peu fragiles au niveau des ongles. Les 10km de descente furent engloutis en 1h02’ et je pointais au CP9 (ravitaillement N°1) en 2h43’ pour 21,7km. À peine 5’ pour me ravitailler et je commençai à gravir les premières pentes de la montée vers le Grand Ballon. En fait, ça grimpait fortement pendant 7km environ (entre 8 et 9 % en moyenne) et une fois au col du Platzewaesel, la route des crêtes s’avéra n’être qu’une succession de faux-plats descendants et montants. Seuls les 1500 derniers mètres refirent gonfler le pourcentage pour atteindre le col du Grand Ballon. 2h51’ pour monter là-haut à 7,5km/h de moyenne, je m’en tirais bien. 43,2km en 5h38’, ce ne sont pas mes 6’ d’arrêt au ravitaillement qui allaient plomber ma moyenne. Jusqu’ici, ça avait bien été pour moi. Le temps était toujours couvert, mais l’humidité ne se faisait plus trop sentir. J’avais côtoyé plusieurs coureurs depuis Munster et à ce petit jeu de l’accordéon le temps avait vite défilé.
La descente fut difficile au début, il fallait réadapter sa foulée à amortir les 8 % de pente moyenne sur près de 7km et essayer de préserver les orteils. Avec le col d’Amic passé, le dénivelé s’adoucit et le parcours redevint plus bosselé jusqu’au col de Herrenfluh où la descente fut à nouveau assez forte. Le CP 7 était placé à l’entrée de Uffholtz, au km 64. J’y arrivai en 8h02’ soit après une descente à 9km/h de moyenne (2h18’ pour 20,7km). Pascale m’y attendait. Le ravitaillement fut assez long afin que je reprenne des forces et que je fasse le point sur mes pieds qui, je pensai alors, avaient de nombreuses ampoules tant j’en ressentais les échauffements. J’ôtai mes chaussures et constatai avec étonnement que je n’avais rien ou presque, en tout cas aucune ampoule comme celles que j’avais eues lors de la MiMilKil. Je renfilai mes chaussettes et mes chaussures et repartis rassuré mais tout de même en claudiquant assez fortement le temps de ne plus ressentir les douleurs. Pascale m’avait aidé à retirer mon vêtement de pluie dans lequel j’avais chaud et elle le fourra dans la poche arrière de mon sac à dos. Le quart d’heure d’arrêt m’avait fait du bien, je m’en rendis compte sur toute la partie courue sur la voie verte où le dénivelé était peu prononcé. Jusqu’à la sortie de Thann, nous allions jouer à saute Thur en franchissant plusieurs ponts sur cet affluent de la Lauch ou de l’Ill. Après cet intermède d’une grosse douzaine de bornes où l’ombre commençait souvent à manquer, les choses sérieuses allaient recommencer avec la montée vers le col du Hundsrück qui démarra dès la sortie de Bitschwiller-les-Thann. 5km de côte de 7 à 8 % puis une portion plutôt en descente pour mener au CP 6 situé à Bourbach-le-Haut au km 85,4 après 11h17’ de « ballonnade ». 3h pour faire 21,5km ce qui me permit de prendre un nouveau quart d’heure pour me ravitailler. J’ai souvent été avec Pierre Zürcher, je voyais Sébastien devant, savais qu’Angel n’était pas loin non plus, je n’étais pas isolé. Le prochain CP constituait le moment pour moi de faire le point, de mettre les choses à plat et d’orienter ma stratégie de course dans une certaine direction selon l’état dans lequel j’en repartirais. La mi-course, c’est la moitié du travail de fait en distance, mais on est loin du compte en ce qui concerne le chrono. Le mental à l’instar des véhicules hybrides devait prendre le relai si le physique défaillait. J’avais rechargé mon mental et il me restait encore un peu de carburant dans l’organisme. Après le Hundsrück, il y avait un autre petit col à franchir, mais tout aussi difficile que les plus prestigieux en raison de la fatigue accumulée : le col du Schirm. Ensuite, la descente à bien négocier devait mener à nouveau sur une voie verte où la tranquillité devait me permettre d’arriver à Sewen avant la remontée vers le CP 7. En fin de voie verte, je fus interrompu dans ma chevauchée par un mariage. On me proposa une bière que j’acceptai avec grand plaisir et je la bus si vite que je fus applaudi par les invités. Je repartis regonflé à bloc pour aller jusqu’au pont sur l’Alfeld, km 104. 14h07’ de course, 2h36’ pour faire les 18km inter-CP, j’étais encore sur du 7km/h. Le ravitaillement tenu par Stéphanie et Esther me permit de me reposer tout en me ravitaillant d’une soupe et de petits toasts au fromage et saucisson et j’appris que plusieurs coureurs avaient abandonné. Je m’équipai pour la nuit qui allait me cueillir avant le prochain CP qui était placé 13km après le Ballon d’Alsace lui même distant de 8km du CP5. J’étais resté plus d’un quart d’heure à ce CP et je devais repartir sans trop perdre de temps. J’enfilai donc une chasuble de sécurité et préparai l’éclairage pour la soirée et la nuit. Je rechargeai aussi mon GPS avec un chargeur mobile placé dans une poche de mon sac à dos. Là, la musique allait quelque peu changer. Quand j’avais réussi à courir dans les montées lors de pratiquement tous les ballons ou cols précédents, maintenant j’étais comme scotché à la route, comme si au ravitaillement j’avais mis des semelles de plomb dans mes chaussures. Je tentai quelques relances mais le corps ne suivait plus la tête alors je me résignai à marcher. Je mis 1h34’ pour effectuer les 9km menant au sommet du Ballon d’Alsace et lorsqu’il fut question d’en redescendre, le corps n’était pas très chaud pour le faire en courant. Le mental reprit un peu le dessus et je « dévalai » à 7km/h les 13km jusqu’au CP 4. Mais je souffrais. Les plantes des pieds ainsi que les orteils me lançaient à chaque foulée en descente, alors qu’en montée ils me laissaient tranquille. Courir la nuit ne me déplaisait pas tant que ça parce que le trafic routier allait en diminuant et les quelques véhicules me croisant était audibles de loin et visibles de par leur éclairage quelques virages avant notre rencontre. Ce n’était pas comme dans la journée où à maintes reprises je dus changer de côté de la chaussée pour éviter les véhicules motorisés, autos et motos, et les non motorisés – vélos et parfois skis à roulettes ou autres engins roulants – certains prenant leur virages tellement près de la corde que j’eus souvent la crainte qu’on s’accroche. Et je ne parle pas des « as du volant » qui se prennent pour des cadors avec leurs motos ou autos de course et qui vous passent à côté à des vitesses telles que le retrait à vie du permis ne serait pas une peine suffisante.
Bussang, CP 4 au km 125 avec les 13 derniers à 7 de moyenne en descente avec quelques moments où le sommeil m’appelait si fort que je dus m’arrêter souvent quelques secondes pour me réveiller et garder les sens en éveil. Le chant des sources alternait avec le silence des forêts en ce début de nuit et je me fis peur parfois en entendant ou en voyant un animal sortir des fourrés ou d’un chemin, un quelconque cervidé ou un renard ou encore un lièvre dont les yeux brillaient dans la lueur de ma frontale… Enfin, eux aussi étaient tellement surpris qu’ils s’enfuyaient. Encore donc un gros quart d’heure d’arrêt à Bussang pour me ravitailler et surtout prendre un café qui me tiendrait – j’espérais – jusqu’au CP 3. Quand je quittai Bussang, ça faisait déjà 18h que j’avais pris le départ de cette U2B et minuit n’était pas encore passé. J’allais peu à peu passer du mode coureur en côte en mode zombie ce ne sont pas les presque 4h (3h52’) mises pour rallier le CP 3 à Wildenstein au km 148, soit après seulement 22,5km du CP d’avant, qui allaient témoigner du contraire. Je rêvais d’un banc sur lequel je me serais assis pour piquer un petit roupillon, mais – heureusement ? - je n’en trouvai point. Le col du Page fut pour moi le plus difficile à passer de toute la course et la descente vers Wildenstein fut aussi la plus difficile descente jusqu’alors de toute mon U2B. Mais il restait encore le Hohneck dont je n’avais pas encore fait la connaissance.
Près de 20’ d’arrêt à Wildenstein puis ce fut la montée vers le col de Bramont à 5 % où je courus la plupart du temps afin de ne pas m’endormir malgré un Nième café au CP précédent. Puis ce fut une brève mais douloureuse descente aux enfers vers la Route des Américains et une nouvelle franche remontée vers la Route des Crêtes où la suite menant au Hohneck fut relativement tranquille. Sauf qu’au pied du dit Hohneck, il fallait se coltiner une de ces côtes à 8 % où je ne pus même pas envisager une seule seconde d’en courir ne serait-ce que 10m. 8 lacets avec le vent tantôt de face tantôt de dos. Il faisait jour depuis un moment, la fraîcheur de l’air se faisait ressentir surtout exposé au vent. Je mis 18’ à monter à la table d’orientation, pris un quart d’heure à manger un Bolino et des gâteaux de riz ainsi qu’à m’hydrater et quand je repris mon chemin vers Munster, je marchai jusqu’à la route au pied du Hohneck. Total aller-retour 45’ pour 3km ! 25h40’ pour 168km plus 15’ qui nous firent presque 26h. Vivement la Schlucht ! Et la suite qu’on en finisse. Car une fois que le soleil est sorti de derrière les nuages, la chaleur remplaça la fraîcheur. 4km plus loin, le col de la Schlucht puis la route en direction du col du Calvaire. Allai-je en vivre un pour ces 36 derniers kilomètres ? Jusqu’au col, la route alternait une fois encore des montées et des descentes, mais j’avais réussi à me rebooster et mon allure certes peu rapide me permettait d’accumuler les bornes et de me rapprocher de l’arrivée. Le CP1 au Lac Noir fut long à atteindre et quand j’y suis passé, mon arrêt ne dura que 5’ et je me remis en route. 3 km de galère car le début grimpait à 9 % pour ensuite amener sur une route très mal entretenue où les appuis faisaient mal et la cerise sur le gâteau fut la descente à 16 % sur seulement 400m mais qui fut sans doute la partie paradoxalement où je mis le plus de temps au km tant je devais me retenir afin de ne pas fusiller définitivement mes pieds et finir en rampant. Une fois passé ce moment douloureux, s’en suivi un autre pas plus plaisant, le reste de la descente qui piquait aussi puis la remontée vers le col de Wettstein puis le Collet du Linge au km 197 qui devait marquer la fin du dénivelé positif de cette U2B. La route vers Munster via Hohrodberg tout en descente, sous un soleil de plus en plus prégnant, avec une circulation un peu plus fréquente que plus tôt ne fut pas de tout repos. Patrick, un des 3 patrouilleurs qui m’avait dépanné à plusieurs reprises en boissons me proposa à nouveau de remplir mes bouteilles, ce que je fis sachant qu’après je devrais tenir jusqu’à l’arrivée. Au dernier village avant Munster, j’aperçus quelqu’un devant en tenue de course et vis que c’était Popol que je rattrapai. Il n’allait pas bien, les quadriceps endoloris ne lui permettaient plus de courir. Il me dit de poursuivre ma route ce que je fis en lui souhaitant bonne chance. La fin de la descente principale nous fit passer par un chemin goudronné évitant de rester sur la route principale afin d’éviter la circulation. Pour rejoindre la piste cyclable il fallait encore s’armer d’un peu de courage, serrer les dents pour descendre une petite portion à 11 % et enfin retrouver le plat pays ou tout au moins le faux-plat pays en légère descente. Je me laissai porter par mon élan jusqu’à l’intersection finale me dirigeant vers la piscine puis la statue de Poséidon dont l’arrivée se faisait au pied… que j’eus du mal à toucher au risque de tomber dans le bassin du parc de la Fecht. Depuis le Hohneck, j’avais mis 6h soit presque du 7km/h.
31h41’, le contrat était rempli, certes avec 2h30’ de plus que l’année passée, mais le principal était bien de terminer ma trilogie estivale : LILO (500km), MiMil’Kil (500km) et l’U2B (208km). Challenge tenté, challenge réussi.
À l’arrivée je retrouvai Pascale, Christophe, Nathalie, David qui m’avait souvent filmé ou pris en photos pendant l’épreuve et que je remercie pour tous ses encouragements, des coureurs qui avaient terminé, d’autres abandonné. Je reçus mon t-shirt de finisher et pus déguster une bière fraîche commençant à réaliser. J’allais pouvoir enfin aller me doucher puis dormir un peu afin d’être vaillant lors du repas de clôture du soir.
NB : je remercie aussi tous les membres de l'organisation, les bénévoles aux postes de ravitaillement, les patrouilleurs sur le parcours qui étaient prêts à nous dépanner au cas où, et bien sûr Christophe et Nathalie qui ont créé et organisé cette superbe course.
à+ynwa
par ynwa
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Réponse de inkonu sur le sujet CR de l'Ultra Boucle des Ballons 2021 (208km)
Posted il y a 3 ans 4 mois #517988
Bravo, superbe et félicitations pour cet enchaînement.
Tout au mental sur ce troisième épisode.
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par inkonu
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Réponse de Patrick57 sur le sujet CR de l'Ultra Boucle des Ballons 2021 (208km)
Posted il y a 3 ans 3 mois #518003
Un grand bravo à nouveau Fabrice pour avoir réussi à boucler cette nouvelle édition de l'U2B (plus compliquée que les 2 premières) !! ... et un énorme Bravo pour cet enchainement LILO - MiMil’Kil - U2B !!
On a eu de la chance avec la météo (même si la chaleur a rendu la course compliquée) en effet car c'était une toute autre histoire en milieu de semaine au moment où on a été baliser le parcours avec Christophe
J'espère que tu as pu profiter un peu de ton séjour du côté de Munster à la suite de cette cousinade
Encore merci pour ton super récit et bonne suite en attendant la DLL; )
On a eu de la chance avec la météo (même si la chaleur a rendu la course compliquée) en effet car c'était une toute autre histoire en milieu de semaine au moment où on a été baliser le parcours avec Christophe
J'espère que tu as pu profiter un peu de ton séjour du côté de Munster à la suite de cette cousinade
Encore merci pour ton super récit et bonne suite en attendant la DLL; )
par Patrick57
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Réponse de trail67 sur le sujet CR de l'Ultra Boucle des Ballons 2021 (208km)
Posted il y a 1 semaine 7 heures #524345
Bonjour,
La pizza en recup j'aime bien, mais je partage ma pépite en récupération que j’ai découvert récemment Blackbelt Punch , ça a changé ma récupération, c’est pratique rapide et efficace !
La pizza en recup j'aime bien, mais je partage ma pépite en récupération que j’ai découvert récemment Blackbelt Punch , ça a changé ma récupération, c’est pratique rapide et efficace !
par trail67
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