Premier marathon : Yvelines 24 octobre 2010

Après une prépa de 16 semaines, le jour J approche.

Le soir même de la dernière séance (jeudi), le Marathon a commencé pour moi : rechargement du cardio, choix de la tenue, préparation du sac, établissement "précis" du plan de ravito (1gel aux km 4, 14, 24 et 34, ce qui permet de boire de l'eau nature aux ravitos 5, 15, 25 et 35, le reste du temps, ce sera Hydrixir, avec recharge du bidon au km20), préparation de l'itinéraire (pour y aller - flippé, moi, non, prévoyant ) ...
vendredi soir : (avant) dernière grosse difficulté : pas d'apéro, pas de pizza .... pffffffffff
samedi : journée speed (comme d'hab) avec, en plus, un petit aller-retour pour reconnaître le chemin et récupérer le dossard (et la puce). La pression monte, ainsi que le stress (cœur qui accélère, bouche sèche, boule à l'estomac .... pfiou pfiou ... hého, c'est qu'une course, hein )
samedi, encore, dernière grosse difficulté : soirée monacale - pas de sortie, pas de pif, pas d'apéro .... (moi je milite pour les courses le samedi )
samedi soir. Complètement dans la course. Déjà concentré (voire obnubilé ou même obsédé). Idée fixe : ça fait comment après 25km, après 2h30, après 3h de course ??? je veux finir, je ne veux pas exploser, je ne veux pas abandonner, je DOIS terminer (et en moins[strike] d'1h40 max 1h45[/strike] de 3h40 max 3h45, mais au pire du pire)....

Dimanche matin : réveil à .... ah ben non, les enfants sont réveillés avant 7h. Du coup, je me lève tranquilou, je leur prépare leur petit déj tout en attaquant mon Gatosport (le vrai, avé la marque ). Je vais zyeuter la météo : les prévisions se sont améliorées depuis mercredi. De "temps pourri" on est passé à "risque d'averse isolée". Les T° prévues sont "douces" (au dessus de 10, quand je cours, c'est doux). Je garde quand même l'idée de courir avec mon coupe vent. Je prépare mon bidon d'Hydrixir (la "recharge" a été mise en sachet la veille et est déjà calée au fond de la ceinture porte-bidon, avec les 4 gels). Le sac est complet, je me prépare : short, maillot, crème sur les pieds puis chaussettes-chaussures (avec la puce). Le stress est là mais cette fois, on y est. C'est comme si la course avait commencé : c'est du bon stress, de l'adrénaline, et de la bonne, celle qui fait du bien et qui donne le sourire. Tout le monde est <presque> prêt. Allez, on y va là, faut y aller, hein, c'est bon, on y va.

Parti, sur la route, on arrive, je finis de me préparer (tout se passe tranquillement), le temps est clément pour le moment, les bénévoles sont super sympas.
Me voilà sur la ligne de départ. La FC est déjà au dessus de 100 mais je n'ai plus de mauvais stress. Prêt à en découdre. Prêt, oui, c'est le mot. Je suis PRÊT !!! J'ai scrupuleusement suivi une prépa en laquelle j'ai toute confiance, je n'ai rien oublié, je me sens en forme. Y'APUKA !!!

Départ dans 10minutes. Un petit pipi, deux trois foulées pour vérifier le "confort", derniers bisous à la p'tite famille. Allez, on souffle un coup ... ET C'EST PARTI ....

Bon ben ça commence comme toutes mes course : je ne peux pas me fier à mon cardio. FC > 100 avant le départ, je suis à 172 après 30s, et je ne sprinte pas, hein (psycho oui, mais pas kamikaze). J'essaie de maintenir l'AS42 "au feeling". Résultat, 1er km bouclé en 4'47, 2e en 4'51 et 3e en 4'46 (la FC est repassée en dessous de 160). Un peu rapide mais "dans les clous".
4e km, le "plan ravito" entre en action : 1er gel gobé mais ce que je n'avais pas pris en compte, c'est que ce moment correspond pile-poil à LA côte de la course. Ca tombe mal. Je retarde un peu la prise du gel mais je m'y colle quand même (et pour coller, ça colle ^^). Et je m'arrête au ravito le temps de boire un gobelet d'eau (3 gorgées).
4e km : 5'07 (côte + gel)
5e km : 5'22 (ravito)
et après, ça déroule sans souci : 3 gorgées tous les 2 km (7, 9, 11, 13). Rien à signaler sur cette partie. Allure environ 4'54, FC moy 159-160 (83-84% FCM). De petites douleurs mais qui m'annoncent déjà qu'elles vont m'accompagner "sans intention de nuire" ^^. Le parcours est vraiment sympa. Y'a plus qu'à attendre que ça commence vraiment ("le marathon, ça commence vraiment au 30e km"). Un marathon, c'est une course de 12-15 bornes qui commence après une étape de liaison de 30km ^^
14e km. 2e gel. Cette fois, ça se passe sans que l'allure n'en souffre (juste une petite pointe de FC à 168). L'allure reste stable (4'56) puis, à l'approche du semi, je décide de faire une pause technique (pipi-stop), et au 20e, je fais le plein de mon bidon (avec ma recharge de "poudre blanche", ce qui fait bien marrer les bénévoles du ravito).
Et c'est reparti ... Du coup, les km 20 et 21 sont couverts en 6'25 et 5'36. Ca plombe ma moyenne, ça ! Je passe quand même le semi en 1h45 et des poussières.
Tout se passe bien. Les jambes commencent à souffrir un peu, les douleurs "chroniques" restent sages.

Là, ça devient un peu "barbant". Ben ouais, le plan se déroule comme prévu mais je sais que rien n'a encore vraiment commencé. Je trouve que cette partie est un peu longue (d'un autre côté, comment faire pour que les km entre le semi et le 30e passent plus vite ... ???) Et puis petit à petit, les muscles perdent leur souplesse. La foulée devient mécanique. L'allure fléchit insensiblement. La moindre montée prends des allures de Tourmalet et plombe la vitesse. Les km bouclés en moins de 5min deviennent rares. Et la côte du 5e km "à l'allée" devient la descente du 37e. Mais c'est qu'une descente, avec des jambes dans cet état, c'est un calvaire : j'avais peur à chaque foulée qu'une jambe se dérobe ou se bloque ...
A 36km, je me suis interdit le compte à rebours (reste 6km ... 30 min ... oula, non, c'est trop !!!) A 38, j'me l'autorise : reste 4 km. C'est rien 4 km. Je tente de prendre la foulée d'un feminine que j'accompagne depuis un petit moment et qui là, semble mieux que moi : peine perdue. Aucune accélération n'est possible. J'ai mon rythme, et je m'y tiens. Un type sympa me double et cours un peu à côté de moi. Puis me lâche à son tour.
Les 2 s'arrêtent au ravito du 40e. Moi, j'ai un doute sur ma capacité à repartir si je m'arrête. Du coup, je "file" et je finis mon bidon. Mes 2 compagnons me redoubleront dans les derniers hectomètres et finiront 25 et 14sec devant moi. Les quelques mètres séparant le panneau 42km et l'entrée dans le stade me paraitront très très longs. Mais une fois dans le stade, je vois mes p'tits loulous et ma femme et les douleurs s'envolent. Je finis sur 50 m en lévitation (ça se voit pas sur les photos, mais j'ai eu l'impression que le physique n'était plus un problème) et je franchis la ligne, rejoins pas les enfants tout contents de récupérer une médaille (et d'aller bientôt manger ^^).

Bisous, sourires, photos, grands moments. Et puis, je pars chercher mon sac et voir si je peux me doucher.
Et là, en traversant le gymnase, un sanglot comme une bulle qui s'échappe. Toute les tensions d'avant, toute les difficultés de la course, toute l'émotion de l'arrivée ... bloup une bulle de larmes (avant de fêter ça avec une larme de bulles ^^)

....
Quelques jours plus tard, je réalise enfin que "je l'ai fait". Marathonien !!!
C'est vraiment une sacré aventure. J'y reviendrai (c'est à peu près certain) même si j'ai plein plein d'envies (améliorer mes temps sur 10km et semi, découvrir les trails ...)

Laurent_T écrit:

je veux finir, je ne veux pas exploser, je ne veux pas abandonner, je DOIS terminer (et en moins d'1h40 max 1h45, mais au pire du pire)....

bravo encore laurent !!!

ps: par contre 1h45 au pire, tu t'es pris pour un kenyan là

bon j'ai plein de questions là

quels gels ? Overstim's ? si oui, pourquoi seulement 4 gels alors que overstim's preconise 8 il me semble ?

arrivé combien de temps avant dans le sas (si il y avait un sas) ?

tu as suivi un meneur d'allure ? (là encore si il y avait)

si tu devais refaire cette course , tu changerai quoi là ?

qu'est ce qui ta paru le plus dur ?

ta fc à évolué comment et quand ?



c'est tout ... pour le moment

Encore félicitations Laurent !
Et merci d'avoir pris le temps de relater ton expérience... tout bénéf pour les courses à venir

4 gels Overstim's : 1 antioxydant, 2 energix et un coup de fouet

pourquoi seulement 4 ?
parce que je préfère une boisson énergétique.
Et que sur mon site de càp préféré, notre coach écrit :

- 3eme solution : Boisson énergétique + eau + apports solides
Boire une boisson énergétique (voir composition ci-dessus) 0,4 litre/heure, de l’eau plate 0,3 litre/heure et absorber des carrés de sucre/fruits secs ou un gel à base de polymère de glucoses(ou maltodextrines), fructose toutes les 60 mn correspondant à un apport de 30gr de glucides.

Et donc, avec 4 gels, un gobelet d'eau avec chaque gel et 2 bidons de boisson énergétique, on arrive (à peu près) au total de liquide et de glucose préconisé.

arrivé combien de temps avant dans le sas (si il y avait un sas) ?
tu as suivi un meneur d'allure ? (là encore si il y avait)

Le Marathon des Yvelines est un "petit marathon" au sens non péjoratif, bien sûr. Les années précédentes, il y avait environ 450-500 classés en individuel. Cette année, avec la concurrence du M de Vincennes, on est passé à 283 classés.
Ceci pour dire qu'il n'y a pas de sas, pas de meneur d'allure, pas de temps intermédiaire, etc ...
Juste 150 bénévoles super sympa, un parcours vraiment agréable et 42.195km

si tu devais refaire cette course , tu changerai quoi là ?

La prochaine fois, je partirai moins vite (je le dis à chaque fois, mais un jour, j'y arriverai ... peut-être ).

qu'est ce qui ta paru le plus dur ?

Le plus dur ? le samedi soir (pas de sortie, pas d'apéro)
non, sérieusement, le plus dur, c'est de ne pas savoir ... quand ça va devenir dur, et jusqu'à quel niveau de douleur tu vas devoir aller.
Perso, je n'ai pas eu de coup de mou, pas rencontré LE mur. Je me suis un peu "ennuyé" à un moment, mais c'est plutôt bon signe (je n'étais pas confronté à une vraie difficulté). Et sinon, les 15 derniers km environ. Tu rentres dans le dur, progressivement, sans savoir comment tu vas réagir. Et tu vois d'autres coureurs, plantés, qui boitent, qui marchent, qui s'étirent ... Et tu espères que ça ne va pas t'arriver mais tu sens que tes muscles ont perdu leur "souplesse", que tes jambes tournent seulement par habitude.

ta fc à évolué comment et quand ?

Elle a commencé trop haut (comme d'hab) et est restée (à peu près) stable jusqu'au 24-26e. Après légère augmentation, mais surtout, conjointement, une (petite) baisse de l'allure. Bref, l'un dans l'autre, je suis rentré dans le dur progressivement mais après un puis 2 km à + de 5' avec une FC > 85%, j'ai dit au revoir à mon rêve de finir en moins de 3h30 et je me suis accroché pour finir "au mieux" (rester à 85% puis ne pas dépasser 170bpm - 89%).

merci bcp pour tes infos preciseuses