Trail du Cagire - Finisher malgré les éléments

Suite à une prépa hivernale orientée long mais sans course au bout, je me suis posé la question de savoir comment profiter de cette prépa. M'est venue l'idée de regarder le calendrier des courses et voir si un trail de 30/40km pourrait me convenir. J'ai choisi le trail du Cagire, avec 35K et 2300m de D+ annoncé. C'est une nouveauté pour moi, n'ayant jamais couru de trail.
Je me lance donc dans une prépa 13semaines avec 2 courses de préparation : Brassacatrail (13K/600D+) et Trail de Monteils (21K/1100D+). Les 2 courses se passent très bien, je valide le matériel et le ravitaillement.

En gros, tout se passe bien, jusqu'à cette séance de côtes qui me provoquera une contracture au mollet gauche. Je mettrai 2 semaines à m'en remettre, il me reste alors 15j de préparation mais il n'est plus question de faire de grosses séances de travail.

Côté logistique, j'ai loué une cabane la veille dans un petit village à 15' du départ. Les beaux-parents sont venus de Normandie pour passer le week-end avec nous, mon père nous rejoindra sur place le dimanche.
Le samedi, on va chercher le dossard, puis je laisse ma compagne et ses parents en fin d'après-midi partir se balader . Elle m'appelle 30' après pour me dire que la voiture est en panne Ils sont dans un petit village perdu mais plein de gens autour pour les aider. Après appel de l'assistance, arrivée d'un dépanneur et changement de batterie, ils rentrent au bout de 3h...
La nuit précédente, je dors quasiment pas. Le chalet a beau être tout mignon, le lit est horrible, le frigo fait un bruit d'enfer, tout comme les ronflements du beau-père
Le matin, réveil à 5h, petit déj classique sur la terrasse avec lever de soleil sur les Pyrénées.

Maintenant, on passe aux choses sérieuses.
Je me suis imprimé le parcours avec des estimations de temps. Mais compte tenu de la chaleur annoncée, il va falloir moduler.

La course :

Départ/Col de Buret : 8K/500D+ en 1h04
Départ donné à 8h, à la fraîche Je me place en milieu de peloton. Après un tour de stade, on rentre dans la forêt. Ca monte tranquillement en file indienne, je me fais pas mal doubler. La FC est élevée mais j'ai l'habitude. Je gère et je m'hydrate bien, tous les voyants sont au vert. Arrivé au col de Buret, je croise la famille qui m'attend, je refais le plein au ravito et je repars.

Col de Buret/Pic du Cagire : 6,5K/1300D+ en 2h03
On attaque le gros morceau avec l'ascension du pic du Cagire. J'essaie de gérer et pas être trop essoufflé mais c'est pas facile. La première partie de l'ascension est encore ombragée, on aperçoit par moments la vallée et on peut se rendre compte du D+ déjà parcouru. Après un ravito point d'eau où on ne nous laissera prendre qu'un gobelet d'eau, on arrive sur la partie dégagée de l'ascension, on passe sur un replat avec une corniche en léger dévers et le vide en-dessous. Je fais bien attention, une chute est si vite arrivée. Le temps est clair et paysage vraiment magnifique, j'essaie d'en profiter au maximum. Je discute avec un gars qui a déjà participé plusieurs fois à la course, qu'il fait généralement en 6h. A ce moment là, je me dis que je suis encore bien. Il me conseille d'en garder sous la pédale, car une autre course commence après le pic. Je m'en doute bien, mais à ce moment là, je suis loin de la vérité. Je le laisse partir, il est à l'aise.
On passe la dernière partie de l'ascension, un véritable mur, ça grimpe sévère au milieu des pierres, les muscles commencent à se durcir mais il faut bien monter...

J'arrive au pic au bout de 3h07 de course (14,5K/1800m D+). Je suis content d'avoir fini cette montée. Je suis essoufflé, les muscles un peu durs mais globalement ça va.

Pic du Cagire/Refuge de Larreix : 2,2K/450D- en 28 min.
On a droit de boire un peu d'eau là-haut, ça tombe bien parce que je suis à sec et que le ravito n'est que 2km plus loin. Je m'arrête quelques minutes pour m'hydrater, reprendre mon souffle et prendre 2/3 photos.



Le début de la descente est très technique avec pas mal de pierre et des pentes bien raides. Je ne suis vraiment pas à l'aise, je n'arrive pas à me lâcher et je reste très prudent. Malgré tout, les quadri chauffent. Je me fais doubler par quelques avions qui sautent de pierre en pierre avec une facilité déconcertante. Je prie pour que ce soit plus facile après. J'arrive au ravito avec 1h d'avance sur la BH. Je décide de prendre mon temps, 5 minutes, je trempe la casquette dans la fontaine, l'eau est bien fraîche. Je mange et je bois et je fais le plein.

Refuge de Larreix/Col de Buret : 10K/1000D- en 1h37

Je repars tranquillement, tout va bien pendant 1km, la pente est moins raide et je me sens plus à mon aise. D'un coup, une grosse crampe me prend entre le quadri et l'adducteur gauche, puis le droit. Je suis paralysé sur place, c'est la 1ère fois que ça m'arrive. J'attends 2min puis ça passe. Je repars tranquillement mais je sais que la fin de course sera très longue, je ne suis qu'au 18è km... Je reçois un SMS de la chérie qui m'informe que la famille attend au 27è km, ça rebooste un peu.

Je gère la suite, la descente n'est pas hyper raide, technique par endroits mais pas très dure. J'arrive à courir un peu mais il y a aussi pas mal de périodes de marche, y compris sur les portions plates...
J'arrive au ravito de Coué de Casse. Je veux remettre la semelle dans ma chaussure et en me baissant, bim la crampe revient... Je repars. La chaleur est bien présente et je vois que tout le monde souffre beaucoup. J'échange avec d'autres coureurs et encourage ceux qui sont arrêtés, je me fais autant encourager quand c'est moi qui suis à l'arrêt. Certains sont allongés à l'ombre.

J'arrive au ravitaillement du col de Buret avec 45' d'avance sur la BH théorique (je ne sais pas de combien elle a été repoussée). Je prends mon temps, refais le plein.
J'en suis à 5h12 de course, je me sens épuisé, les muscles sont raides et les crampes ne sont jamais loin.
Malgré tout, je sais qu'il ne reste qu'un "petit" bout, 8km, environ 300m de D+ et 400m de D-. Quelqu'un me montre le sommet où on est sensés aller...

Col de Buret/Arrivée : 8km/300mD+ et 400m D- en 1h25

Je repars et la famille est 1km après (je me casse la figure juste avant de les voir...). Je m'arrête un peu, j'essaie de masquer ma souffrance, rigoler un peu, mais ils voient bien que je suis mal. Mme m'accompagne sur 200m, ça fait du bien au moral, elle me dit que je suis environ 140è.

La dernière montée est interminable et très raide, en pleine chaleur, je croise plusieurs personnes en souffrance à l'arrêt. J'essaie de les encourager à me suivre pour avoir un compagnon de route. Je ne sais pas comment j'arrive encore à monter mais je sais qu'il ne faut surtout pas que je m'arrête.
J'arrive au sommet, il reste 6km et quasiment que de la descente. Le problème, c'est que je n'arrive presque plus à courir, je dois vraiment me forcer, j'ai mal partout, plus du tout d'énergie et je n'ai plus aucun plaisir. Il ne me tarde qu'une chose, arriver !
Je croise des bénévoles qui me demandent s'il y a du monde derrière, je leur dis que oui mais je ne sais pas à ce moment qu'il reste quasiment la moitié des coureurs !

J'essaie de me caler sur le rythme d'un coureur qui est autant en souffrance que moi. La batterie de ma montre est à plat, je demande à plusieurs personnes combien il reste. On m'annonce 3km puis 2 puis 1,5 mais le temps passe très lentement. Je trottine dans la descente, je pense qu'une tortue m'aurait doublé. J'ai surtout la crainte que les crampes reviennent. On commence à entendre au loin la voix du speaker et on voit la clarté au bout de la forêt (au bout du tunnel...), annonçant que l'entrée du stade n'est plus très loin. Je laisse mon compagnon d'infortune me distancer. Se profilent les derniers mètres, l'arrivée au stade et les gens qui nous encouragent. Je finis par passer la ligne après 6h37 de course dont environ 3h de souffrance.

Je me dirige vers le ravitaillement et cherche à m'allonger à l'ombre alors que les crampes reviennent. Je mettrai bien 15' à me relever, entouré par d'autres coureurs allongés et les spectateurs nous regardant d'un air médusé. Jezappe même la douche sur, je pense que je n'aurais même pas réussi à la prendre...

La famille me raccompagne, je fais un tour dans la rivière (quel pied !). Je me change (enfin on m'aide un peu), j'ai l'impression d'avoir 120 ans...

Mais je suis heureux d'être finisher !

Je finis 106è/217. Il y avait 270 partants, donc un peu plus de 20% d'abandon. Pour une course de cette distance, ça me paraît énorme, montrant la difficulté des conditions du jour.

Au final, je suis un peu mitigé. Je suis bien sûr très content d'avoir fini la course et c'est le principal, mais je n'étais pas là pour souffrir autant. J'ai pris beaucoup de plaisir sur la 1ère moitié, beaucoup moins (voire pas du tout) sur la fin.
Je tiens quand même à signaler l'organisation parfaite (ravito, gentillesse des bénévoles, balisage nickel) !

La chaleur a forcément rendu les choses plus difficiles (apparemment même le vainqueur est arrivé en titubant et s'est effondré après la ligne). Je pense que j'ai négligé l'apport de minéraux pendant la course et que c'est sûrement la cause principale des crampes.
La prépa tronquée sur les 4 dernières semaines a aussi joué un rôle important.

Malgré tout, la marche était peut-être un peu trop haute. Avant ça, je n'étais pas allé plus loin que 3h45 en course, et je ne suis pas assez habitué aux randonnées en montagne pour pouvoir aborder ce genre de course sereinement.
C'est un trail que je recommande fortement, mais à des personnes un minimum aguerries.

Maintenant place au repos. J'ai pas mal de courbatures aujourd'hui. J'ai prévu 10 à 15j de coupure.
Le 2è semestre sera orienté route avec une prépa assez longue type JD, et quelques 10km prévus en vue de passer sous les 40'.

Bravo à toi, d'avoir réussi à finir même dans des conditions difficiles.
J'ai souffert avec toi sur la fin de ton récit.
Tout comme toi je n'ai pas l'habitude des trails et suis plutôt orienté route même si l'envie de tenter quelques trail me tente.
Encore Bravo!!!

Le profil du parcours n'avait pas l'air simple non plus
Bravo pour cette course ! C'est aussi beaucoup d'expériences de prises

Bravo pour ta course.
Je pense que tu as visé trop long et gros d+ d'un coup, sans expérience intermédiaire. Et ça se paye cher.
Je pense qu'il est très difficile pour des coureurs de nos profils, plutôt route à la base et distance courte, de savoir gérer le rythme de ces profils là. Du coup, on part évidemment trop vite, bien trop vite, tes intermédiaires le prouvent et plus ce qu'il reste est long, plus la note est salée.
Quoiqu'il en soit, c'est une belle expérience. Il faut en tirer les bénéfices. Bonne récup.

ouais, sacrée course dis donc !
A mon avis tu as raison dans ton analyse : minéraux ! Et humilité face à la difficulté des conditions de course.
De toute façon on apprend à chaque course.
Bravo à toi d'avoir su finir et plutôt très bien !

@zherg : merci, j'espère que tu n'as pas trop souffert quand même Le trail c'est vraiment sympa, mais quand il y a du dénivelé, ça devient un effort différent de ce à quoi on a l'habitude.

@Damien : merci. Comme tu dis, c'est toujours de l'expérience de prise, ça me servira pour la suite.

@Olf : merci pour ton retour. Oui j'ai vu gros. Je pense que dans des conditions normales, pas trop chaud et avec une prépa bien menée, j'aurais pu aller au bout sans connaître toutes ces difficultés. Le problème, c'est que je n'avais pas assez de marge, et pas d'expérience pour bien le gérer.
Je suis parti trop vite, c'est sûr. Du coup j'ai regardé le classement aux différents CP :
CP1 (Buret) : 91/268
CP2 (cabane Larreix) : 109/258
Arrivée : 106/219.

Dommage que le CP3 au 2è passage à Buret n'ait pas fonctionné, je pense que c'est là que j'étais le moins bien classé avant de reprendre quelques places sur la dernière partie.

@Stéphane : merci C'est sûr que ça me servira pour la suite.