New-York 2016 : Empire State of Marathon
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New-York 2016 : Empire State of Marathon a été créé par montrezor74
Posted il y a 8 ans 1 semaine #454885
Bonjour à toutes et à tous,
Comme le laisse deviner le titre de mon post, je voudrais partager avec ce forum ma fabuleuse aventure du marathon de New-York 2016.
Mais avant tout, une petite présentation s’impose. Cela fait un an et demi que je viens sur le site CCAP de Gilles et que je parcours ce forum, à la pêche aux infos et avide de lire les récits de tous ces runners passionnés. C’est une mine de métal précieux, celui dont on fait les médailles de finisher de tous horizons, un trésor inestimable.
Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas osé participer à ces discussions, comme un gosse qui écoute avidement parler les grands sans trop savoir quoi apporter à la conversation . Mais toutes ces heures passées à lire et relire les conseils de Gilles et vos posts m’ont tellement aidé, que j’ai envie de rendre un petit peu de ce que j’ai reçu et de partager mon aventure.
Concrètement, j’ai démarré la CAP de zéro ou presque en Juin 2015, avec pour objectif, déjà, le marathon de NY 2016. L’idée était venue en 2013, alors que j’étais en vacances à NY, justement au moment du marathon, et que je me suis retrouvé par hasard à Central Park ce jour-là. J’ai été littéralement fasciné par l’événement, et j’ai lancé à ma femme : « Pour mes 40 ans, je veux le faire ! » . Et puis le temps a passé, le boulot, les enfants ça occupe, jusqu’à 2015 où un alignement des planètes favorable m’a permis de me lancer à fond dans le projet.
Et là, premier réflexe, direction internet, comment on prépare un marathon ? Aïe, y’a plein de sites et d’infos, mais je m’y perds. Jusqu’à tomber plusieurs fois sur le site de Gilles, avec une démarche bien posée, cohérente, expliquée. Tout ce qu’il fallait pour satisfaire mon esprit ultra cartésien. Alors j’ai démarré gentiment, en apprenant à courir doucement, avec une ceinture FC, et en procédant par étapes. Un 10km, une course nature de 21km, un autre 10km, un vrai semi, et puis ça y est, le plan marathon. Je passe les détails, mais globalement, les plans de Gilles m’ont vraiment fait progresser. Entre mes premières sorties en EF à peine à 7km/h et mon marathon, c’est même spectaculaire !
Je me suis aussi régalé en lisant les récits des uns et des autres sur ce forum, en particulier celui de Steph (mezos69) sur NY 2015. Je l’ai lu en entier au moins 3 fois !! Bon, pas sûr que je montre le même talent dans mon récit… mais tant pis.
Voilà, le contexte est posé, place au pavé !!
Comme le laisse deviner le titre de mon post, je voudrais partager avec ce forum ma fabuleuse aventure du marathon de New-York 2016.
Mais avant tout, une petite présentation s’impose. Cela fait un an et demi que je viens sur le site CCAP de Gilles et que je parcours ce forum, à la pêche aux infos et avide de lire les récits de tous ces runners passionnés. C’est une mine de métal précieux, celui dont on fait les médailles de finisher de tous horizons, un trésor inestimable.
Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas osé participer à ces discussions, comme un gosse qui écoute avidement parler les grands sans trop savoir quoi apporter à la conversation . Mais toutes ces heures passées à lire et relire les conseils de Gilles et vos posts m’ont tellement aidé, que j’ai envie de rendre un petit peu de ce que j’ai reçu et de partager mon aventure.
Concrètement, j’ai démarré la CAP de zéro ou presque en Juin 2015, avec pour objectif, déjà, le marathon de NY 2016. L’idée était venue en 2013, alors que j’étais en vacances à NY, justement au moment du marathon, et que je me suis retrouvé par hasard à Central Park ce jour-là. J’ai été littéralement fasciné par l’événement, et j’ai lancé à ma femme : « Pour mes 40 ans, je veux le faire ! » . Et puis le temps a passé, le boulot, les enfants ça occupe, jusqu’à 2015 où un alignement des planètes favorable m’a permis de me lancer à fond dans le projet.
Et là, premier réflexe, direction internet, comment on prépare un marathon ? Aïe, y’a plein de sites et d’infos, mais je m’y perds. Jusqu’à tomber plusieurs fois sur le site de Gilles, avec une démarche bien posée, cohérente, expliquée. Tout ce qu’il fallait pour satisfaire mon esprit ultra cartésien. Alors j’ai démarré gentiment, en apprenant à courir doucement, avec une ceinture FC, et en procédant par étapes. Un 10km, une course nature de 21km, un autre 10km, un vrai semi, et puis ça y est, le plan marathon. Je passe les détails, mais globalement, les plans de Gilles m’ont vraiment fait progresser. Entre mes premières sorties en EF à peine à 7km/h et mon marathon, c’est même spectaculaire !
Je me suis aussi régalé en lisant les récits des uns et des autres sur ce forum, en particulier celui de Steph (mezos69) sur NY 2015. Je l’ai lu en entier au moins 3 fois !! Bon, pas sûr que je montre le même talent dans mon récit… mais tant pis.
Voilà, le contexte est posé, place au pavé !!
par montrezor74
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Réponse de montrezor74 sur le sujet New-York 2016 : Empire State of Marathon
Posted il y a 8 ans 1 semaine #454887
Départ pour New-York bien en avance, le 31/10 avec dans l’idée de voir la parade d’Halloween le soir même (de toute façon on aura l’air de zombies avec le décalage horaire ! ). Bon, on a essayé de voir, mais l’affluence était telle que la police a fini par bloquer tous les accès… Grrrrrr, tout ça pour ça.
Les jours suivants, j’ai bien suivi les recommandations de Gilles : repos, repos et repos. Seulement 80km de marche sur 5 jours, d’après mon téléphone… Ooops… M’enfin, eh, ça sert à quoi d’aller à NY si c’est pour rester dans sa chambre ? Côté régime alimentaire, dur dur de trouver des repas bien adaptés, mais je m’en sors pas trop mal, sans burger, ni bière (c’est possible ça aux US ?). A partir du jeudi, malto avec moi dans le sac toute la journée, ça devrait le faire.
Le mercredi, petite sortie en EF dans Central Park pour le plaisir, avec ma petite femme. Ils sont en train de monter les tribunes, la ligne d’arrivée, les chapiteaux, tout ça tout ça. Ca approche, la pression monte !
Le vendredi, récupération des dossards, un monde fou, la musique à donf, et la pression qui monte encore d’un cran.
Le samedi, il y a cette petite course, organisée en parallèle du marathon et accessible à tout le monde. 5km entre les Nations Unies et la ligne d’arrivée du lendemain dans Central Park. Dernière petite sortie en EF donc, avec ma femme et le groupe France Marathon. Puis après-midi cool, juste un ciné pour penser à autre chose. Le soir, plat de pâtes dans un resto italien qui affiche sur sa porte ‘Eat pasta, run fasta’, j’adore !! Retour à l’hôtel et préparation finale : shoes, tenue, dossard, ceinture, gels, boisson maison, polaire pour l’attente. Et dodo. Et finalement j’ai plutôt mieux dormi que je craignais, même si je me suis réveillé avant le réveil, comme d’hab avant une course.
Un petit mot sur mon objectif, un objectif type fusée à trois étages :
- premier étage = finir le marathon, en courant jusqu’au bout. Pas question de marcher.
- deuxième étage = tenir une allure symbolique de 10km/h - 6min/km, pour un temps final de 4h13.
- troisième étage = le graal, boucler les 42,195km en moins de 4h.
J’ai fait mes séances d’AS42 à 5’35-5’40/km pour coller à l’objectif 4h. Mes ratios étaient très encourageants en fin de prépa, mais je sais que le profil à NY n’est pas plat, et que le jour J, je suis toujours plus haut qu’à l’entrainement.
Le jour J
Ma vague de départ est prévue à 10h15, départ de l’hôtel prévu à 6h (oui, 4h avant le départ… ) en bus pour rallier le village départ sur Staten Island avant la fermeture du pont Verrazano pour la course. Près d’1h30 de trajet finissant dans une interminable file de bus qui déversent chacun un flot de coureurs de toutes nationalités aux abords du village départ. Arrivé sur place, j’avale mon gatosport dans la queue pour l’entrée sur site, et je bois bien pour partir hydraté comme il a dit coach Gilles. Le temps est ensoleillé, mais un vent frais bien désagréable souffle par rafales. Tout le monde a prévu des vieux vêtements par-dessus sa tenue de course, pour rester au chaud avant le départ, vêtements qui seront abandonnés dans des grands bacs pour des associations caritatives. Faut voir le look de certains ! Vieux pyjama du mari, combinaison de travaux de peinture, vieille tenue de ski, ou vieux manteau genre le Père Noël est une ordure ; ah ils ont fière allure tous ces coureurs ! Vu depuis le bus, on dirait presque un camp de réfugiés ! Les organisateurs ont même mis de la paille par terre, ça tient chaud quand on s’assoit !
50000 partants, y’a beau y avoir plein de toilettes et ben ça bouchonne quand même. 45 min de queue ! Du coup en sortant je décide de refaire la queue tout de suite ! Et pendant tout ce temps, je me refroidis pas mal, malgré ma polaire. Ce vent est décidément bien mal venu, ça me crame des réserve avant même le départ, pourvu que je ne le paie pas trop sur la fin.
10h15, le coup de canon est donné pour ma vague, après l’incontournable hymne américain plein pot dans les haut-parleurs, et c’est une déferlante de coureurs un peu engourdis par le froid (dont moi), qui s’élancent au son de New York, New York.
Dès les premiers mètres, ça monte pour franchir le pont Verrazano vers Brooklyn, et les rafales de vent de travers sont glaciales. Je pars prudemment en surveillant ma FC. Il y a un monde fou, c’est difficile de se caler à une allure régulière. Je me rends compte très vite après les 3 premiers km que l’objectif 4h sera hors de portée : je ne peux pas tenir l’allure nécessaire sans frôler le surrégime trop tôt. Aucune importance, je me cale sur prudemment sur 80% de ma FCM pour en garder sous la pédale pour la fin, et on verra ce que ça donne au semi.
Côté ambiance, c’est dingue. Dès la fin du pont Verrazano, en arrivant sur la 4ème avenue dans Brooklyn, c’est la folie ! Un monde fou sur les bords, qui applaudit, chante, crie, encourage, avec des pancartes, des drapeaux, des cloches… Y’a aussi des groupes de musique, et plein d’enfants qui tendent la main pour qu’on tape dedans au passage. Ces gens nous regardent passer comme un spectacle, mais nous aussi, coureurs, on assiste à leur spectacle, c’est extraordinaire !
Je passe aux 5km en 29’39’’, soit avec déjà plus d’1min de retard sur un temps de 4h. Ca confirme ce que je sentais. Et en plus c’est jamais plat ce parcours, et y’a tellement de monde que j’ai du mal à rester calé à une allure constante. Si on ajoute à ça les ravitaillements, auxquels je m’arrête 2 fois sur 3 pour boire (il y en a tous les miles), ce qui m’oblige à ralentir un peu (ben oui, je n’arrive pas à boire dans un gobelet en courant, moi ), je perds régulièrement du temps, mais je sais que l’hydratation est primordiale pour finir un marathon, il l’a dit coach Gilles. Pour l’alimentation, j’ai mes gels que j’avale tous les 5km avant de boire de l’eau, routine bien testée à l’entrainement.
La remontée vers le nord dans Brooklyn est une longue ligne droite, mais je ne la vois pas vraiment passer, je profite de l’ambiance, je regarde, je savoure. Après tous ces mois d’entrainement j’y suis, c’est que du bonheur . Bon, je m’emballe pas, je surveille toujours mon palpitant, 80-81% FCM. ‘Rappelle-toi, un marathon c’est 30km d’échauffement et 12km de course, alors ne te crame pas tout de suite.’
Passage aux 10km en 58’52’’ (5K en 29’13’’).
Je suis bien constant malgré mes variations d’allure, les ravitaillements, et les faux plats. Et pendant tout ce temps, pas un répit côté ambiance, ça crie, ça chante, ça applaudit et ça encourage toujours. Génial ! J’ai même droit régulièrement à des ‘Allez la France’, grâce à mon maillot tricolore. A chaque fois je tourne la tête et je souris. Soudain, vers le km 14, plus rien… Silence complet, plus personne sur les trottoirs, juste le bruit des pas des coureurs. Nous entrons dans le quartier juif orthodoxe de Brooklyn, autant dire un autre monde, étranger à toute cette ferveur. Seuls quelques hommes et femmes avec poussettes et enfants sages, affublés comme on le sait, marchent le regard fermé en se demandant bien comment ils vont pouvoir traverser ce flot de coureurs qui vient troubler leurs habitudes (là j’ai repensé au récit de mezos69 et j’ai rigolé tout seul ! ). C’est impressionnant de contraste, surtout que ça ne dure qu’un bloc ou deux, et puis la foule bruyante reprend de plus belle !
Passage aux 15km en 1h28’14’’ (5K en 29’22’’).
Toujours bien régulier sur ces 5km, les sensations sont bonnes, ma fréquence cardiaque est stable, c’est bon signe. J’ai bien 3-4 min de retard sur l’objectif 4h, mais je l’ai enterré depuis belle lurette celui-là. ‘Sois régulier et fais-toi plaisir, ça va se durcir vers le 30ème mon vieux.’ Côté hydratation et alimentation, ma stratégie s’avère plutôt efficace, même si décidément, je n’aime pas les gobelets, j’en reverse la moitié et j’avale de travers si je ne ralentis pas assez ! Mais ça se passe plutôt bien, et les bénévoles y sont pour quelque chose, ils nous tendent les gobelets, qu’on n’a pas à aller chercher sur les tables, c’est super bien organisé. Sont forts ces américains… Quand je ne m’arrête pas au ravitaillement, je bois dans ma petite bouteille ma préparation maison (eau, sel, sucre, + jus d’orange pour le goût). J’ai pris 2 petites bouteilles de 33cl dans ma ceinture porte bidon, et si mes calculs sont bons, ça doit me permettre de sauter un ravitaillement sur 3 jusqu’au bout, tout en m’apportant un peu de sucre et de sel.
Passage aux 20km en 1h57’19’’ (bloc de 5km en 29’05’’).
Belle régularité, encore, c’est nickel. Bon, c’est pas tout ça, mais avec ma femme, on avait prévu 3 points de passage pour se voir, dont le premier juste après le passage au semi-marathon. Ca va bientôt arriver, et vu le monde sur les bords et dans la course, je me demande bien comment on va se voir … Allez, petit sms en courant pour lui demander de quel côté de la route elle sera placée. Si je ne sais pas, je ne vais pas la voir. Pas de réponse...
Je passe au semi (21,1km) en 2h03’51’’.
C’est bien 4min de retard sur les 4h. A moins de terminer en trombe dans un p… de negative split, c’est bel et bien mort, mais les 4h10 sont possibles si je tiens le rythme. Si je tiens le rythme… Le plus dur reste à venir, alors, on verra, reste concentré sur ta FC. C’est bon, ça bouge pas, toujours 81-82% FCM.
Toujours pas de réponse de ma femme à mon sms. Si ça se trouve elle l’a pas reçu… Zut, on passe un pont, encore un virage et toujours pas d’elle à l’horizon. Allez, je me mets au milieu de la chaussée, et je regarde à droite à gauche, elle devrait pas être loin. Peut-être juste après ce virage à droite. Ahhhhh ! La voilà ! Avec son appareil photo ! Elle m’a vu ! Je fonce vers elle les bras levés devant moi, poings serrés, l’air motivé comme si je m’encourageais moi-même ! Elle m’encourage en criant, ça me booste un bon coup pour relancer après ce virage. Ah, je suis content de l’avoir vue, j’espère la revoir au km 30 comme prévu.
Direction le premier gros obstacle du parcours, le Queensboro bridge pour entrer dans Manhattan, km 25. Punaise, ça monte… ça pique les jambes, et le cardio s’envole, 85-86% FCM, attention. Je ralentis pour garder du jus dans ce moment crucial. Mon allure descend nettement, mais pas ma FC. Des coureurs commencent déjà à marcher. Comment vont-ils finir ? Ou alors ils se préservent eux aussi.
Passage aux 25km en 2h27’36’’ (5K en 30’27’’).
Un peu plus lent sur ces 5km, mais avec le pont, c’est normal. Je suis entré dans l’inconnu, depuis quelques minutes maintenant : je n’ai jamais couru au-delà de ce temps ni de cette distance pendant ma préparation. Mais pour le moment je me sens mieux qu’à la fin de ma plus longue sortie d’entrainement il y a un mois ! Ca c’est bon signe, non ?!
Sur le pont, pas de spectateur, l’accès est interdit, trop dangereux. Mais à la sortie, en arrivant dans Manhattan… Ouaouw ! Un monde de fou ! On dirait une étape de montagne au tour de France ! C’est dément ! Heureusement qu’avec ma femme on n’avait pas prévu de se voir ici, c’aurait été impossible.
Début de la remontée de la First Avenue vers le nord, direction le Bronx. Ca s’annonce comme une longue ligne droite en faux plat, dans cette avenue très large. Du coup la densité de coureurs diminue un peu. Pas la densité de spectateurs, c’est dingue. Je continue mon petit bonhomme de chemin, je maintiens ma FC sous contrôle, même si elle dérive un peu (83-84%FCM), ce qui est attendu à l’approche du 30ème km, mais mon allure reste bien régulière. Les jambes commencent à s’alourdir, sans surprise. De plus de plus de coureurs se transforment en marcheurs, mais je suis étonné de ne pas voir plus de défaillances. Comme dans Brooklyn, cette longue ligne de droite passe plutôt bien, pas de lassitude.
Passage aux 30km en 2h56’44’’ (5K en 29’08’’).
Bien, j’ai repris ma cadence après le Queensboro bridge. Attention, j’arrive dans la zone du fameux mur. Si je le heurte, il va falloir être fort dans la tête et les jambes pour continuer. Pour le moment, ça va, pas l’ombre d’un parapet, mais je sais que ça peut arriver sur 100m… Alors je suis à l’écoute de mes sensations, je bois bien, et je m’accroche pour maintenir mon allure. C’est de plus en plus dur. Et puis je dois voir ma femme bientôt normalement, on avait dit vers la 103ème rue, juste après le km 30, où je savais que ça deviendrait difficile pour moi. Ca y est, la voilà sur la gauche ! Elle m’encourage, me prend en photo et court à côté de moi ! Ah ça fait du bien d’avoir du soutien à ce moment-là ! C’est une bouffée d’oxygène et d’énergie. Je ne sais pas quelle distance elle a couru à côté de moi tout en prenant des photos, plusieurs dizaines de mètres, peut-être 100m… Quel booster ! J’en avais bien besoin. Elle me laisse filer, et juste à ce moment-là, un gars derrière (un français) me demande si on a passé le 30ème km parce qu’il n’en peut plus ! Je lui confirme que oui, tout juste. Il me demande quel temps je vise, je lui dis 4h, mais que c’est cuit pour moi. Il me dit ‘non, non, tu peux encore largement le faire, t’es parti à quelle heure ?’ Lui était parti à 10h40, soit 25min après moi… Il m’avait rattrapé, le bougre, mais il était en plein dans le mur. Au bout de 10 mètres il me dit ‘Putain, j’arrive même pas à te suivre, vas-y sans moi !’ Euh, ben oui, moi je continue comme je peux…
On passe un petit pont vers le Bronx. Il est petit, mais il monte quand même, que c’est dur… La partie dans le Bronx est courte, on fait quelques virages et on repasse un pont (punaise, qu’est-ce que c’est dur cette montée) pour revenir dans Manhattan et la 5ième Avenue. Avant l’entrée sur le pont, une spectatrice déchainée crie à tout le monde : « Last damn’ bridge, guys ! » Oh, j’espère bien, oui !
Ca y est, la fin approche, on redescend la 5ième avenue et on entrera dans Central Park pour les derniers km. Accroche-toi, vieux.
Passage aux 35km en 3h27’40’’ (5K en 30’56’’).
Aïe, aïe, aïe, ça devient très dur. Le moindre faux plat est terrible, alors je vous dis pas les derniers petits ponts… C’est un effort surhumain de maintenir l’allure, mais pour le moment je limite bien la casse. Maintenant je laisse tomber la FC, de toute façon elle ne risque plus de s’emballer, je peux plus accélérer. Je m’efforce juste de tenir comme je peux mon allure.
Je dois revoir ma femme une dernière fois, avant l’entrée dans Central Park, je la guette sur le côté gauche. Qu’est-ce qu’il y a comme monde, encore, c’est continu, c’est extraordinaire ! Et encore une fois, on réussit à se trouver dans cette foule, c’est génial !! Il faut dire qu’elle s’est super bien organisée pour être aux bons endroits aux bons moments, aidée par l’application smartphone officielle qui permet de suivre la position des coureurs en direct à partir des temps mesurés tous les 5km. Encore une fois ça fait un énorme plaisir de la voir, surtout que ça devient horriblement dur. Je n’en peux plus, mes jambes durcissent à chaque foulée, et je me demande comment ça va tenir jusqu’au bout. Je veille à bien boire pour éviter que ces douleurs ne se transforment en vraies crampes, synonymes d’arrêt forcé pour étirer les cuissots. D’ailleurs, sur les côtés, de nombreux coureurs s’arrêtent pour s’étirer dans la douleur. C’est décidé, moi je trace ma route et je maintiens au maximum l’allure.
C’est là qu’arrive le km 37 et vlan ! Le mur ! Les quadriceps se changent en morceaux de bois, la douleur est intense à chaque pas, et l’allure fond. Elle descend même 7’30/km par moments, et rien à faire, je ne parviens pas à relancer la machine. Pourtant la tête voudrait bien, et le cœur aussi, mais les cannes sont trop raides et endolories, ça veut pas. Il s’écoulera plus de 3km, en partie dans Central Park et son ambiance de feu, à lutter contre mes jambes. Je connais la fin du parcours, je sais qu’il y a une dernière montée avant la ligne d’arrivée, et je veux tout donner. Je sais maintenant que je vais le finir, ce marathon , et en courant, et même avec le sourire jusqu’aux oreilles . Des bretons sur le bord, drapeaux Breizh au vent, me lancent un puissant ‘Allez la France’ ! Je leur réponds ‘Merci la Bretagne’ ! et je relance dans un dernier élan d’énergie puisée je ne sais où.
Passage aux 40km en 4h00’59’’ (5K en 33’19’’).
Là on mesure bien la chute de l’allure depuis le 37ème…
On sort sur la 59ième rue pour longer Central Park au sud, avant d’y entrer de nouveau pour la Finish Line. J’ai repris une allure un peu plus digne de ce nom, mais voilà que mes adducteurs durcissent eux aussi ! Je ne les avais jamais aussi bien sentis, ceux-là, fichez moi la paix encore 1km ! Et puis je sens une tape sur l’épaule à droite : mon français du 30ème km qui me reprend ! Il me dit ‘allez, on y est presque !’, et je le laisse partir, je ne peux pas le suivre de toute façon. Mais je vais finir mon premier marathon dans quelques minutes, je suis heu-reux.
Enfin me voilà dans la dernière ligne droite, légèrement montante, avec les rangées de drapeaux de tous les pays de chaque côté, et des spectateurs qui continuent d’encourager tout le monde. Je vois la ligne d’arrivée, je lève les bras comme si j’avais gagné l’Alpe-d’Huez, tout sourire, et j’arrête mon chrono. 4h15 et des brouettes ! OUAOUW !! Quel pied ! On me remet la médaille du Finisher, je l’enfile aussitôt, et je suis le flot des autres finishers.
Au passage, une petite photo, une couverture de survie, et direction la sortie avec un poncho bien chaud et de quoi reprendre des forces (eau, boissons et barres énergétiques, pomme). J’appelle ma femme, et on se retrouve juste après la sortie, sur la 72ème. C’est fort de partager ça ensemble. Très fort.
Il paraît que je n’avais même pas l’air fatigué !! On reprend le métro pour rentrer à l’hôtel, et là c’est drôle, tous les marathoniens sont des zombies bleus (le poncho) qui ont un mal fou à descendre les escaliers !! On en rigole avec un hollandais. Dans le métro, plusieurs personnes me proposent de me laisser leur siège pour m’assoir, en me jetant un regard admiratif. Je leur souris en leur répondant ‘Non merci, j’ai peur de ne pas pouvoir me relever après !’ et ça les fait rigoler !
J’étais très fier et euphorique, c’était une sensation exceptionnelle. J’ai porté ma médaille le soir même, évidemment, mais aussi les jours suivants !! Comme un gamin !
Voilà, c’était une aventure exceptionnelle et inoubliable. J’ai réalisé ce rêve de courir le marathon de New York et j’ai des souvenirs plein la tête. Un grand merci à Gilles pour son site et à tous les membres de ce forum, notamment mezos69, celtics06 (qui était à NY aussi, j'ai vu, je m'en vais lire son récit), jean-marc, patrick57 et j’en oublie.
Et merci à ceux qui auront lu ce récit jusqu’au bout… !!!
Les jours suivants, j’ai bien suivi les recommandations de Gilles : repos, repos et repos. Seulement 80km de marche sur 5 jours, d’après mon téléphone… Ooops… M’enfin, eh, ça sert à quoi d’aller à NY si c’est pour rester dans sa chambre ? Côté régime alimentaire, dur dur de trouver des repas bien adaptés, mais je m’en sors pas trop mal, sans burger, ni bière (c’est possible ça aux US ?). A partir du jeudi, malto avec moi dans le sac toute la journée, ça devrait le faire.
Le mercredi, petite sortie en EF dans Central Park pour le plaisir, avec ma petite femme. Ils sont en train de monter les tribunes, la ligne d’arrivée, les chapiteaux, tout ça tout ça. Ca approche, la pression monte !
Le vendredi, récupération des dossards, un monde fou, la musique à donf, et la pression qui monte encore d’un cran.
Le samedi, il y a cette petite course, organisée en parallèle du marathon et accessible à tout le monde. 5km entre les Nations Unies et la ligne d’arrivée du lendemain dans Central Park. Dernière petite sortie en EF donc, avec ma femme et le groupe France Marathon. Puis après-midi cool, juste un ciné pour penser à autre chose. Le soir, plat de pâtes dans un resto italien qui affiche sur sa porte ‘Eat pasta, run fasta’, j’adore !! Retour à l’hôtel et préparation finale : shoes, tenue, dossard, ceinture, gels, boisson maison, polaire pour l’attente. Et dodo. Et finalement j’ai plutôt mieux dormi que je craignais, même si je me suis réveillé avant le réveil, comme d’hab avant une course.
Un petit mot sur mon objectif, un objectif type fusée à trois étages :
- premier étage = finir le marathon, en courant jusqu’au bout. Pas question de marcher.
- deuxième étage = tenir une allure symbolique de 10km/h - 6min/km, pour un temps final de 4h13.
- troisième étage = le graal, boucler les 42,195km en moins de 4h.
J’ai fait mes séances d’AS42 à 5’35-5’40/km pour coller à l’objectif 4h. Mes ratios étaient très encourageants en fin de prépa, mais je sais que le profil à NY n’est pas plat, et que le jour J, je suis toujours plus haut qu’à l’entrainement.
Le jour J
Ma vague de départ est prévue à 10h15, départ de l’hôtel prévu à 6h (oui, 4h avant le départ… ) en bus pour rallier le village départ sur Staten Island avant la fermeture du pont Verrazano pour la course. Près d’1h30 de trajet finissant dans une interminable file de bus qui déversent chacun un flot de coureurs de toutes nationalités aux abords du village départ. Arrivé sur place, j’avale mon gatosport dans la queue pour l’entrée sur site, et je bois bien pour partir hydraté comme il a dit coach Gilles. Le temps est ensoleillé, mais un vent frais bien désagréable souffle par rafales. Tout le monde a prévu des vieux vêtements par-dessus sa tenue de course, pour rester au chaud avant le départ, vêtements qui seront abandonnés dans des grands bacs pour des associations caritatives. Faut voir le look de certains ! Vieux pyjama du mari, combinaison de travaux de peinture, vieille tenue de ski, ou vieux manteau genre le Père Noël est une ordure ; ah ils ont fière allure tous ces coureurs ! Vu depuis le bus, on dirait presque un camp de réfugiés ! Les organisateurs ont même mis de la paille par terre, ça tient chaud quand on s’assoit !
50000 partants, y’a beau y avoir plein de toilettes et ben ça bouchonne quand même. 45 min de queue ! Du coup en sortant je décide de refaire la queue tout de suite ! Et pendant tout ce temps, je me refroidis pas mal, malgré ma polaire. Ce vent est décidément bien mal venu, ça me crame des réserve avant même le départ, pourvu que je ne le paie pas trop sur la fin.
10h15, le coup de canon est donné pour ma vague, après l’incontournable hymne américain plein pot dans les haut-parleurs, et c’est une déferlante de coureurs un peu engourdis par le froid (dont moi), qui s’élancent au son de New York, New York.
Dès les premiers mètres, ça monte pour franchir le pont Verrazano vers Brooklyn, et les rafales de vent de travers sont glaciales. Je pars prudemment en surveillant ma FC. Il y a un monde fou, c’est difficile de se caler à une allure régulière. Je me rends compte très vite après les 3 premiers km que l’objectif 4h sera hors de portée : je ne peux pas tenir l’allure nécessaire sans frôler le surrégime trop tôt. Aucune importance, je me cale sur prudemment sur 80% de ma FCM pour en garder sous la pédale pour la fin, et on verra ce que ça donne au semi.
Côté ambiance, c’est dingue. Dès la fin du pont Verrazano, en arrivant sur la 4ème avenue dans Brooklyn, c’est la folie ! Un monde fou sur les bords, qui applaudit, chante, crie, encourage, avec des pancartes, des drapeaux, des cloches… Y’a aussi des groupes de musique, et plein d’enfants qui tendent la main pour qu’on tape dedans au passage. Ces gens nous regardent passer comme un spectacle, mais nous aussi, coureurs, on assiste à leur spectacle, c’est extraordinaire !
Je passe aux 5km en 29’39’’, soit avec déjà plus d’1min de retard sur un temps de 4h. Ca confirme ce que je sentais. Et en plus c’est jamais plat ce parcours, et y’a tellement de monde que j’ai du mal à rester calé à une allure constante. Si on ajoute à ça les ravitaillements, auxquels je m’arrête 2 fois sur 3 pour boire (il y en a tous les miles), ce qui m’oblige à ralentir un peu (ben oui, je n’arrive pas à boire dans un gobelet en courant, moi ), je perds régulièrement du temps, mais je sais que l’hydratation est primordiale pour finir un marathon, il l’a dit coach Gilles. Pour l’alimentation, j’ai mes gels que j’avale tous les 5km avant de boire de l’eau, routine bien testée à l’entrainement.
La remontée vers le nord dans Brooklyn est une longue ligne droite, mais je ne la vois pas vraiment passer, je profite de l’ambiance, je regarde, je savoure. Après tous ces mois d’entrainement j’y suis, c’est que du bonheur . Bon, je m’emballe pas, je surveille toujours mon palpitant, 80-81% FCM. ‘Rappelle-toi, un marathon c’est 30km d’échauffement et 12km de course, alors ne te crame pas tout de suite.’
Passage aux 10km en 58’52’’ (5K en 29’13’’).
Je suis bien constant malgré mes variations d’allure, les ravitaillements, et les faux plats. Et pendant tout ce temps, pas un répit côté ambiance, ça crie, ça chante, ça applaudit et ça encourage toujours. Génial ! J’ai même droit régulièrement à des ‘Allez la France’, grâce à mon maillot tricolore. A chaque fois je tourne la tête et je souris. Soudain, vers le km 14, plus rien… Silence complet, plus personne sur les trottoirs, juste le bruit des pas des coureurs. Nous entrons dans le quartier juif orthodoxe de Brooklyn, autant dire un autre monde, étranger à toute cette ferveur. Seuls quelques hommes et femmes avec poussettes et enfants sages, affublés comme on le sait, marchent le regard fermé en se demandant bien comment ils vont pouvoir traverser ce flot de coureurs qui vient troubler leurs habitudes (là j’ai repensé au récit de mezos69 et j’ai rigolé tout seul ! ). C’est impressionnant de contraste, surtout que ça ne dure qu’un bloc ou deux, et puis la foule bruyante reprend de plus belle !
Passage aux 15km en 1h28’14’’ (5K en 29’22’’).
Toujours bien régulier sur ces 5km, les sensations sont bonnes, ma fréquence cardiaque est stable, c’est bon signe. J’ai bien 3-4 min de retard sur l’objectif 4h, mais je l’ai enterré depuis belle lurette celui-là. ‘Sois régulier et fais-toi plaisir, ça va se durcir vers le 30ème mon vieux.’ Côté hydratation et alimentation, ma stratégie s’avère plutôt efficace, même si décidément, je n’aime pas les gobelets, j’en reverse la moitié et j’avale de travers si je ne ralentis pas assez ! Mais ça se passe plutôt bien, et les bénévoles y sont pour quelque chose, ils nous tendent les gobelets, qu’on n’a pas à aller chercher sur les tables, c’est super bien organisé. Sont forts ces américains… Quand je ne m’arrête pas au ravitaillement, je bois dans ma petite bouteille ma préparation maison (eau, sel, sucre, + jus d’orange pour le goût). J’ai pris 2 petites bouteilles de 33cl dans ma ceinture porte bidon, et si mes calculs sont bons, ça doit me permettre de sauter un ravitaillement sur 3 jusqu’au bout, tout en m’apportant un peu de sucre et de sel.
Passage aux 20km en 1h57’19’’ (bloc de 5km en 29’05’’).
Belle régularité, encore, c’est nickel. Bon, c’est pas tout ça, mais avec ma femme, on avait prévu 3 points de passage pour se voir, dont le premier juste après le passage au semi-marathon. Ca va bientôt arriver, et vu le monde sur les bords et dans la course, je me demande bien comment on va se voir … Allez, petit sms en courant pour lui demander de quel côté de la route elle sera placée. Si je ne sais pas, je ne vais pas la voir. Pas de réponse...
Je passe au semi (21,1km) en 2h03’51’’.
C’est bien 4min de retard sur les 4h. A moins de terminer en trombe dans un p… de negative split, c’est bel et bien mort, mais les 4h10 sont possibles si je tiens le rythme. Si je tiens le rythme… Le plus dur reste à venir, alors, on verra, reste concentré sur ta FC. C’est bon, ça bouge pas, toujours 81-82% FCM.
Toujours pas de réponse de ma femme à mon sms. Si ça se trouve elle l’a pas reçu… Zut, on passe un pont, encore un virage et toujours pas d’elle à l’horizon. Allez, je me mets au milieu de la chaussée, et je regarde à droite à gauche, elle devrait pas être loin. Peut-être juste après ce virage à droite. Ahhhhh ! La voilà ! Avec son appareil photo ! Elle m’a vu ! Je fonce vers elle les bras levés devant moi, poings serrés, l’air motivé comme si je m’encourageais moi-même ! Elle m’encourage en criant, ça me booste un bon coup pour relancer après ce virage. Ah, je suis content de l’avoir vue, j’espère la revoir au km 30 comme prévu.
Direction le premier gros obstacle du parcours, le Queensboro bridge pour entrer dans Manhattan, km 25. Punaise, ça monte… ça pique les jambes, et le cardio s’envole, 85-86% FCM, attention. Je ralentis pour garder du jus dans ce moment crucial. Mon allure descend nettement, mais pas ma FC. Des coureurs commencent déjà à marcher. Comment vont-ils finir ? Ou alors ils se préservent eux aussi.
Passage aux 25km en 2h27’36’’ (5K en 30’27’’).
Un peu plus lent sur ces 5km, mais avec le pont, c’est normal. Je suis entré dans l’inconnu, depuis quelques minutes maintenant : je n’ai jamais couru au-delà de ce temps ni de cette distance pendant ma préparation. Mais pour le moment je me sens mieux qu’à la fin de ma plus longue sortie d’entrainement il y a un mois ! Ca c’est bon signe, non ?!
Sur le pont, pas de spectateur, l’accès est interdit, trop dangereux. Mais à la sortie, en arrivant dans Manhattan… Ouaouw ! Un monde de fou ! On dirait une étape de montagne au tour de France ! C’est dément ! Heureusement qu’avec ma femme on n’avait pas prévu de se voir ici, c’aurait été impossible.
Début de la remontée de la First Avenue vers le nord, direction le Bronx. Ca s’annonce comme une longue ligne droite en faux plat, dans cette avenue très large. Du coup la densité de coureurs diminue un peu. Pas la densité de spectateurs, c’est dingue. Je continue mon petit bonhomme de chemin, je maintiens ma FC sous contrôle, même si elle dérive un peu (83-84%FCM), ce qui est attendu à l’approche du 30ème km, mais mon allure reste bien régulière. Les jambes commencent à s’alourdir, sans surprise. De plus de plus de coureurs se transforment en marcheurs, mais je suis étonné de ne pas voir plus de défaillances. Comme dans Brooklyn, cette longue ligne de droite passe plutôt bien, pas de lassitude.
Passage aux 30km en 2h56’44’’ (5K en 29’08’’).
Bien, j’ai repris ma cadence après le Queensboro bridge. Attention, j’arrive dans la zone du fameux mur. Si je le heurte, il va falloir être fort dans la tête et les jambes pour continuer. Pour le moment, ça va, pas l’ombre d’un parapet, mais je sais que ça peut arriver sur 100m… Alors je suis à l’écoute de mes sensations, je bois bien, et je m’accroche pour maintenir mon allure. C’est de plus en plus dur. Et puis je dois voir ma femme bientôt normalement, on avait dit vers la 103ème rue, juste après le km 30, où je savais que ça deviendrait difficile pour moi. Ca y est, la voilà sur la gauche ! Elle m’encourage, me prend en photo et court à côté de moi ! Ah ça fait du bien d’avoir du soutien à ce moment-là ! C’est une bouffée d’oxygène et d’énergie. Je ne sais pas quelle distance elle a couru à côté de moi tout en prenant des photos, plusieurs dizaines de mètres, peut-être 100m… Quel booster ! J’en avais bien besoin. Elle me laisse filer, et juste à ce moment-là, un gars derrière (un français) me demande si on a passé le 30ème km parce qu’il n’en peut plus ! Je lui confirme que oui, tout juste. Il me demande quel temps je vise, je lui dis 4h, mais que c’est cuit pour moi. Il me dit ‘non, non, tu peux encore largement le faire, t’es parti à quelle heure ?’ Lui était parti à 10h40, soit 25min après moi… Il m’avait rattrapé, le bougre, mais il était en plein dans le mur. Au bout de 10 mètres il me dit ‘Putain, j’arrive même pas à te suivre, vas-y sans moi !’ Euh, ben oui, moi je continue comme je peux…
On passe un petit pont vers le Bronx. Il est petit, mais il monte quand même, que c’est dur… La partie dans le Bronx est courte, on fait quelques virages et on repasse un pont (punaise, qu’est-ce que c’est dur cette montée) pour revenir dans Manhattan et la 5ième Avenue. Avant l’entrée sur le pont, une spectatrice déchainée crie à tout le monde : « Last damn’ bridge, guys ! » Oh, j’espère bien, oui !
Ca y est, la fin approche, on redescend la 5ième avenue et on entrera dans Central Park pour les derniers km. Accroche-toi, vieux.
Passage aux 35km en 3h27’40’’ (5K en 30’56’’).
Aïe, aïe, aïe, ça devient très dur. Le moindre faux plat est terrible, alors je vous dis pas les derniers petits ponts… C’est un effort surhumain de maintenir l’allure, mais pour le moment je limite bien la casse. Maintenant je laisse tomber la FC, de toute façon elle ne risque plus de s’emballer, je peux plus accélérer. Je m’efforce juste de tenir comme je peux mon allure.
Je dois revoir ma femme une dernière fois, avant l’entrée dans Central Park, je la guette sur le côté gauche. Qu’est-ce qu’il y a comme monde, encore, c’est continu, c’est extraordinaire ! Et encore une fois, on réussit à se trouver dans cette foule, c’est génial !! Il faut dire qu’elle s’est super bien organisée pour être aux bons endroits aux bons moments, aidée par l’application smartphone officielle qui permet de suivre la position des coureurs en direct à partir des temps mesurés tous les 5km. Encore une fois ça fait un énorme plaisir de la voir, surtout que ça devient horriblement dur. Je n’en peux plus, mes jambes durcissent à chaque foulée, et je me demande comment ça va tenir jusqu’au bout. Je veille à bien boire pour éviter que ces douleurs ne se transforment en vraies crampes, synonymes d’arrêt forcé pour étirer les cuissots. D’ailleurs, sur les côtés, de nombreux coureurs s’arrêtent pour s’étirer dans la douleur. C’est décidé, moi je trace ma route et je maintiens au maximum l’allure.
C’est là qu’arrive le km 37 et vlan ! Le mur ! Les quadriceps se changent en morceaux de bois, la douleur est intense à chaque pas, et l’allure fond. Elle descend même 7’30/km par moments, et rien à faire, je ne parviens pas à relancer la machine. Pourtant la tête voudrait bien, et le cœur aussi, mais les cannes sont trop raides et endolories, ça veut pas. Il s’écoulera plus de 3km, en partie dans Central Park et son ambiance de feu, à lutter contre mes jambes. Je connais la fin du parcours, je sais qu’il y a une dernière montée avant la ligne d’arrivée, et je veux tout donner. Je sais maintenant que je vais le finir, ce marathon , et en courant, et même avec le sourire jusqu’aux oreilles . Des bretons sur le bord, drapeaux Breizh au vent, me lancent un puissant ‘Allez la France’ ! Je leur réponds ‘Merci la Bretagne’ ! et je relance dans un dernier élan d’énergie puisée je ne sais où.
Passage aux 40km en 4h00’59’’ (5K en 33’19’’).
Là on mesure bien la chute de l’allure depuis le 37ème…
On sort sur la 59ième rue pour longer Central Park au sud, avant d’y entrer de nouveau pour la Finish Line. J’ai repris une allure un peu plus digne de ce nom, mais voilà que mes adducteurs durcissent eux aussi ! Je ne les avais jamais aussi bien sentis, ceux-là, fichez moi la paix encore 1km ! Et puis je sens une tape sur l’épaule à droite : mon français du 30ème km qui me reprend ! Il me dit ‘allez, on y est presque !’, et je le laisse partir, je ne peux pas le suivre de toute façon. Mais je vais finir mon premier marathon dans quelques minutes, je suis heu-reux.
Enfin me voilà dans la dernière ligne droite, légèrement montante, avec les rangées de drapeaux de tous les pays de chaque côté, et des spectateurs qui continuent d’encourager tout le monde. Je vois la ligne d’arrivée, je lève les bras comme si j’avais gagné l’Alpe-d’Huez, tout sourire, et j’arrête mon chrono. 4h15 et des brouettes ! OUAOUW !! Quel pied ! On me remet la médaille du Finisher, je l’enfile aussitôt, et je suis le flot des autres finishers.
Au passage, une petite photo, une couverture de survie, et direction la sortie avec un poncho bien chaud et de quoi reprendre des forces (eau, boissons et barres énergétiques, pomme). J’appelle ma femme, et on se retrouve juste après la sortie, sur la 72ème. C’est fort de partager ça ensemble. Très fort.
Il paraît que je n’avais même pas l’air fatigué !! On reprend le métro pour rentrer à l’hôtel, et là c’est drôle, tous les marathoniens sont des zombies bleus (le poncho) qui ont un mal fou à descendre les escaliers !! On en rigole avec un hollandais. Dans le métro, plusieurs personnes me proposent de me laisser leur siège pour m’assoir, en me jetant un regard admiratif. Je leur souris en leur répondant ‘Non merci, j’ai peur de ne pas pouvoir me relever après !’ et ça les fait rigoler !
J’étais très fier et euphorique, c’était une sensation exceptionnelle. J’ai porté ma médaille le soir même, évidemment, mais aussi les jours suivants !! Comme un gamin !
Voilà, c’était une aventure exceptionnelle et inoubliable. J’ai réalisé ce rêve de courir le marathon de New York et j’ai des souvenirs plein la tête. Un grand merci à Gilles pour son site et à tous les membres de ce forum, notamment mezos69, celtics06 (qui était à NY aussi, j'ai vu, je m'en vais lire son récit), jean-marc, patrick57 et j’en oublie.
Et merci à ceux qui auront lu ce récit jusqu’au bout… !!!
par montrezor74
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Réponse de jeanmarc sur le sujet New-York 2016 : Empire State of Marathon
Posted il y a 8 ans 1 semaine #454896
Déjà je vais d engeuler car tu aurais du annoncer ta participation avant et on aurais pu te suivre
Mais bon bravo bravo car un premier marathon à NY ce n est pas le plus facile et tu la fait avec un super chrono
Beaucoup d émotion et de rire en te lisant car tu nous a bien fait partager le fameux moment du marathon
Tu n'a pas a d inquiéter pour ta plume je te place n° 2 ( derrière mon poto mezos mais c est le cœur qui parle ) mais vraiment pas loin du numéro 1
Bravo à madame aussi car moi le premier je connais le réconfort voir la mienne sur le parcours je préférerais avec les baskets avec moi
Maintenant que tu a poste tu n'a plus car créer un suivi pour partager, conseiller , apprendre , rigoler avec nous
Mais bon bravo bravo car un premier marathon à NY ce n est pas le plus facile et tu la fait avec un super chrono
Beaucoup d émotion et de rire en te lisant car tu nous a bien fait partager le fameux moment du marathon
Tu n'a pas a d inquiéter pour ta plume je te place n° 2 ( derrière mon poto mezos mais c est le cœur qui parle ) mais vraiment pas loin du numéro 1
Bravo à madame aussi car moi le premier je connais le réconfort voir la mienne sur le parcours je préférerais avec les baskets avec moi
Maintenant que tu a poste tu n'a plus car créer un suivi pour partager, conseiller , apprendre , rigoler avec nous
par jeanmarc
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Réponse de montrezor74 sur le sujet New-York 2016 : Empire State of Marathon
Posted il y a 8 ans 1 semaine #454908
Ah ah
Merci infiniment Jean-Marc !
Bon, pour ce qui est de prévenir avant pour ma participation, j'avais peut-être un peu peur de la pression... J'avais déjà toute une flopée de supporters dans la famille, qui me suivait en live, alors bon...
J'étais vraiment content de mon chrono, parce que je savais que NY n'était pas le plus facile pour un 1er marathon. Devenir marathonien à NY c'était vraiment ça, le rêve
Côté plume je m'incline volontiers devant Steph, t'inquiète
Bravo à madame, oui, parce que pour couvrir 3 points de passage sur le 2eme semi, c'est chaud chaud. Elle a couru aussi, en fait, dans les rues et les couloirs du métro
Et c'est clair que ça rebooste. Pour être honnête, je pensais pas que ce serait vrai à ce point.
Ce sera avec plaisir que je partagerai plein de choses avec vous !! Pour le moment je n'ai rien prévu pour la suite, je me laisse savourer et récupérer mais ce qui est sûr, c'est que j'en ai pas fini avec la cap
Merci infiniment Jean-Marc !
Bon, pour ce qui est de prévenir avant pour ma participation, j'avais peut-être un peu peur de la pression... J'avais déjà toute une flopée de supporters dans la famille, qui me suivait en live, alors bon...
J'étais vraiment content de mon chrono, parce que je savais que NY n'était pas le plus facile pour un 1er marathon. Devenir marathonien à NY c'était vraiment ça, le rêve
Côté plume je m'incline volontiers devant Steph, t'inquiète
Bravo à madame, oui, parce que pour couvrir 3 points de passage sur le 2eme semi, c'est chaud chaud. Elle a couru aussi, en fait, dans les rues et les couloirs du métro
Et c'est clair que ça rebooste. Pour être honnête, je pensais pas que ce serait vrai à ce point.
Ce sera avec plaisir que je partagerai plein de choses avec vous !! Pour le moment je n'ai rien prévu pour la suite, je me laisse savourer et récupérer mais ce qui est sûr, c'est que j'en ai pas fini avec la cap
par montrezor74
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Réponse de smilk sur le sujet New-York 2016 : Empire State of Marathon
Posted il y a 8 ans 1 semaine #454910
Enorme bravo !
Le 1er marathon est un moment particulier, mais le faire à l'occasion du plus mythique, je dis
Merci pour ce récit et ces moments d'émotion partagés.
C'est sûr qu'avoir un entourage qui nous soutient dans notre pratique et vient nous encourager sur les courses, c'est magnifique
Repose toi bien et profite encore des moments d'euphorie Ensuite viendra le moment de définir de nouveaux objectifs
+1 avec jeanmarc sur l'ouverture du suivi
Le 1er marathon est un moment particulier, mais le faire à l'occasion du plus mythique, je dis
Merci pour ce récit et ces moments d'émotion partagés.
C'est sûr qu'avoir un entourage qui nous soutient dans notre pratique et vient nous encourager sur les courses, c'est magnifique
Repose toi bien et profite encore des moments d'euphorie Ensuite viendra le moment de définir de nouveaux objectifs
+1 avec jeanmarc sur l'ouverture du suivi
par smilk
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Réponse de montrezor74 sur le sujet New-York 2016 : Empire State of Marathon
Posted il y a 8 ans 1 semaine #454912
Merci Smilk
Oui, je me repose et je récupère, mais en fait j'ai même plus de courbatures depuis jeudi dernier, c'était mon dernier souvenir 'physique' de mon marathon, je les regrette presque !!
Bon, bon, bon, pour le suivi... on va attendre qu'il y ait qqch à suivre alors ! Je m'impose encore un peu de repos, je suis les conseils du coach Gilles : une grosse coupure annuelle sans cap du tout... Est-ce que je vais tenir ?
Oui, je me repose et je récupère, mais en fait j'ai même plus de courbatures depuis jeudi dernier, c'était mon dernier souvenir 'physique' de mon marathon, je les regrette presque !!
Bon, bon, bon, pour le suivi... on va attendre qu'il y ait qqch à suivre alors ! Je m'impose encore un peu de repos, je suis les conseils du coach Gilles : une grosse coupure annuelle sans cap du tout... Est-ce que je vais tenir ?
par montrezor74
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