CCC 2014 veni - vidi - vici
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Courmayeur-Champex-Chamonix 101.1 kms 6092 D+ 6268 D- vendredi 29 août 2014
Préparation
Vous l'avez suivie, je n'y reviendrai pas.
Ce que j'en retire c'est que j'ai dû faire juste car la course s'est bien déroulée et la récupération est bonne.
Pré-course
Comme vous l'avez lu j'ai eu quelques soucis avec mon hébergement.
Celui-ci devait être pris en charge par l'organisation de l'UTMB vu que j'avais la fonction de "reporter" pour le magazine "Zatopek".
Mon dossier a merdé. Celui des 3 ou 4 autres "reporters" a bien fonctionné.
Mon correspondant chez Zatopek a tout tenté, jusqu'à la dernière et, grâce à lui, j'ai tout de même pu avoir une chambre la nuit de jeudi à vendredi dans un des immeubles de l'ENSA (Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme). Bâtiment qui se trouve à deux pas des bus navettes.
Je suis monté le mercredi à Chamonix, en solitaire et en train. Arrivée en début d'après-midi, prise de l'hôtel et départ pour aller chercher mon dossard. 1 heure pile pour faire le tour. Cela a très vite passé. Il y a eu des améliorations par rapports aux précédentes éditions.
Jeudi midi, après mon changement d'hôtel, je retrouve Carole (qui va faire le Tor des Géants tout soudain) et Vincent (qui fera la CCC). Carole sera au départ à Courmayeur et prendra nos affaires. A la fin de la course ce sera direction le chalet aux Houches, où elle est hébergée, pour la douche et le repas d'après course. Que veut-on de mieux ?
Elle nous demande quelle envie particulière nous aurions pour le repas d'après course......sur le moment nous n'en avons aucune idée.
Shopping à l'Expo - rencontre avec Dawa Sherpa que Carole connaît bien.
On se sépare et se donne rendez-vous pour le lendemain à Courmayeur.
Au niveau des navettes, on m'avait conseillé d'obtenir de partir le plus tard possible. Moins d'attente à Courmayeur et minutes de sommeil en plus.
J'avais lu qu'ils donnaient les tickets de bus en fonction du moment de la prise de dossards. Soit 1ers arrivés, derniers partis. J'avais donc toutes mes chances. Cela s'est confirmé, j'ai été convoqué pour 7h00.
J'ai donc pu dormir jusqu'à 6 heures alors que des navettes partaient déjà à ce moment.
J'ai relativement bien dormi toutes ces dernières nuits, ce qui n'est pas anodin.
Jour J
Organisation des bus navettes au top.....un peu comme toute l'organisation d'ailleurs.
Arrivée à Courmayeur un peu avant 8 heures. On est déposé à environ un kilomètre du départ.
Je retrouve Carole et Vincent puis nous sommes rejoints par Anthony, également partant et futur finisher de cette CCC. En route pour la grande aventure.
Nous partons nous placer dans nos blocs respectifs. Je tente vainement de localiser Noldi et ses chaussettes vertes. J'arrive un peu tard, je ne le trouve pas et comme il part avant moi, j'espère ne pas le rattraper sur la course car cela voudrait dire qu'il n'est pas bien
08h55 hymnes nationaux suisse, français puis italien. Briefing de Mme Poletti à l'attention du 1er bloc. Elle fait dégager les photographes car elle ne voit pas les coureurs et comme elle s'adresse à eux elle veut les voir
09h02 départ du 1er bloc (Robin-Papadjé) - 9h12 départ du second bloc (Noldi)
Cela va être mon tour, Mme Poletti nous annonce une météo changeante, nous aurons de la pluie, nous aurons du brouillard, il ne fera pas trop froid.
Je suis très serein. Je ne me demande pas ce que je fais là. Je n'ai pas l'impression que je suis au départ d'une course qui va me prendre plus de 24 heures.
Ce n'est que 10 secondes avant le départ que je sens mon coeur battre un peu plus fort (la musique ?). Je me tourne vers Carole pour une dernière accolade et embrassade.
Guillaume Millet écrit dans son livre "Ultra-trail, plaisir, performance et santé" qu'avant le départ il faut embrasser ses enfants, conjoint, amis ou même une personne au hasard pour autant que ce ne soit pas un trop costaud qui n'a pas le sens de l'humour. Il a mille fois raison, ce baiser du condamné m'a fourni une énergie incroyable.
Et c'est parti
Courmayeur-Tête de la Tronche 10.3 kms 1435 D+ 74 D-
Petit tour dans Courmayeur, montée en direction de Villair puis par la route jusqu'à chalet Ermitage où la route se transforme en chemin de randonnée.
Le rythme de cette montée est lent et plus ou moins régulier. Quelques courts et inévitables arrêts dans cette longue file indienne. 4,7 kilomètres de parcourus dans la 1ère heure.
Soudain un gros bouchon à l'entrée d'un chemin en forte descente. Il me faudra 12'30 pour faire 160 mètres
Puis ça repart, ça monte raide. Le rythme est toujours lent. Je m'y attendais, j'ai bien été mis en garde. Il ne faut pas s'énerver et prendre cette allure comme du bonus pour plus tard. Il n'y a en effet aucun risque de se mettre dans le rouge.
Et pourtant, je dépasse déjà un ou deux coureurs arrêtés et qui ont de la peine à souffler.
Tête de la Tronche (2571 mètres d'altitude) atteinte en 3h04. Ma prévision optimiste me donnait 3h10
Tête de la Tronche - Refuge Bertone 4.4 kms 25 D+ 604 D-
Où je repense aux conseils de Papadjé, courir léger, ne pas trop solliciter les quadris, nous en aurons encore besoin.
Tout bien cette descente. Quelques dizaines de mètres au début et quelques centaines de mètres à la fin en pente un peu raide, le reste roulant au possible.
Un appel téléphonique de Marc, mon assistant de choc, pour me féliciter de mon timing et m'encourager.
Peu avant le refuge, le soleil sort des nuages, c'est le coup de chalumeau. C'est là que l'on se rend compte que nous avons une température idéale pour cette course. Le soleil tout le long aurait rendu cette journée plus difficile.
Un court arrêt au stand pour boire un verre de Coca et c'est reparti.
Le temps est pris à la sortie de ce ravitaillement.
42'. J'en avais prévu 50'
Sachant qu'il me faudrait environ 2h30 pauses comprises pour reparti de Arnuva, lieu de la 1ère BH. Cela me donnerait 40' d'avance sur cette dernière. Je suis d'ores et déjà rassuré à ce niveau et que sauf pépin ou gros coup de mou, je devrai pouvoir garder ces BH à distance.
Bertone - Bonatti 7.4 kms 286 D+ 263 D-
Partie de la course que je n'avais pas reconnu. Parcours de transition où on peut avancer d'un bon pas. Vue plongeante sur le tunnel du Mont-Blanc.
Arrêt à Bonatti pour recharger ma poche à eau et sortir un petit sandwich de mon sac. Préparation personnelle, une tranche de pain tessinois pliée en deux avec du fromage aux fines herbes et deux/trois tranches de viande séchée. C'est léger, digeste et bon.
1h22 pour une prévision de 1h25.
Bonatti - Arnuva 5.2 kms 105 D+ 349 D-
Reprise en mangeant mon sandwich. De la montée d'abord, un peu de plat puis la descente droit bas en direction d'Arnuva et de sa BH.
59' pause de quelques minutes à Bonatti comprise.
Selon le temps officiel je ressors 3' après de ce ravitaillement sur lequel j'ai pris un cocktail Coca eau plate et une soupe aux vermicelles. J'ai également pris un biscuit, un bout de barre aux céréales et deux carrés de chocolats que je mangerai en repartant.
Départ à 15h43 pour une BH à 16h30
Cette avance prise me permettra, si toujours présente, de passer un peu plus de temps aux ravitos où l'assistance est permise.
Arnuva - Grand Col Ferret 4.5 kms 754 D+ 0 D-
Un peu de plat qui permet de finir de me ravitailler puis c'est la montée en direction du Col via le refuge Elena. Direction la maison (la Suisse) comme me l'ont dit plusieurs spectateurs. Notre provenance étant indiquée par la présence du drapeau de notre pays sur le dossard.
Nouveau coup de fil de mon équipe d'assistance aussi heureuse que moi par rapport à mon temps de course.
Et là il est important de le préciser, un temps de course obtenu de manière tout à fait naturelle, dans mon rythme, sans vouloir foncer et forcer pour gagner quelques minutes sur ces BH.
La montée, je la connais pour l'avoir fait en reconnaissance. La grande différence est qu'aujourd'hui le temps est clair et que je vois bien le sommet du Grand Col Ferret.
Je monte à mon rythme, je me souviens que j'y avais souffert lors de mon entraînement et que malgré tout je l'avais effectuée dans un temps correct.
Là je suis bien reposé, je n'ai quasiment rien fait lors des deux dernières semaines.
Bien entendu pendant quinze jours, tout les petits bobos sont ressortis y compris un semblant de mal de gorge et de tête qui persistera jusqu'à la veille de la course.
Prévision optimiste de mon temps sur ce trajet, 1h40, parcours effectué en 1h32
"Mauvaise" surprise en arrivant au sommet, il y a un peu de brouillard du côté valaisan. Ma collègue, valaisanne et fière de l'être, m'aurait donc menti, il ne fait pas toujours beau en Valais
Grand Col Ferret - La Fouly via la Peule 9.7 kms 198 D+ 1122 D-
Direction La Fouly où se trouve la seconde BH fixée à 20h15.
Au col je sors et mange mon second sandwich du sac. Un 1er arrêt pipi et direction la Peule par une descente large et roulante.
Peu avant d'y arriver, la pluie (en Valais ! il faudra vraiment que j'en parle avec ma collègue qui doit avoir les oreilles qui sifflent) s'invite. Apparition de ma veste imperméable qui ne va pas me quitter de sitôt.
Entre la Peule et la Fouly il y a d'abord un interminable bout où cela n'arrête pas de remonter avant de descendre franchement. Il a arrêté de pleuvoir mais le terrain est devenu boueux et donc glissant
Puis une pente plus douce légèrement vallonnée.
J'avais estimé effectuer cette partie en 1h40, j'aurai mis 1h49 pause de 6' comprise.
Départ du ravitaillement de la Fouly à 19h04, BH à 20h15
Déjà presque 10 heures de course. Jusqu'ici tout va bien. La tête, le souffle, l'estomac, les jambes : tout est OK.
La Fouly - Champex 14 kms 555 D+ 701 D-
Cela va descendre gentiment sur environ 8-9 kms. Encore une fois je me rappelle les conseils de Papadjé : "être le plus efficace possible, tenir un train régulier en puisant le moins possible dans les réserves".
La nuit commence à tomber, peu avant Praz de Fort je décide de mettre ma petite lampe frontale qui devrait suffire pour remonter sur Champex.
Nous sommes donc en Suisse et dans les quelques villages que nous traversons, les spectateurs sont là. Le volume de leurs encouragements augmente à la vue du drapeau suisse sur mon dossard
Arrive la montée sur Champex lors de laquelle je m'arrête quelques secondes pour m'hydrater et reposer les jambes qui commencent à se faire sentir.
Un groupe me dépasse, je décide de leur emboîter le pas.
Ils vont un peu plus vite que mon rythme, cela ne fait rien nous ne sommes pas très loin de Champex, je vais m'accrocher.
Mais quel con !
15 courses entre 42,195 kms et 80 kms, une trentaine de courses entre 16 et 31 kms, des dizaines d'autres, je suis à quelques mois d'être un V2 et je commets l'erreur de me mettre dans le rouge au milieu d'une course de 100 kms.
Un instant de lucidité ou tout simplement parce que je n'en pouvais plus je stoppe, respire et reprend la course à mon rythme.
J'entends Papadjé dans ma tête : "il faut arriver le plus frais possible à Champex après c'est une nouvelle course qui commence".
J'y arrive donc un peu plus fatigué que prévu. Et là c'est le grand bonheur de retrouver son équipe d'assistance.
Marc est tout de suite aux petits soins. Je n'ai qu'à m'asseoir et attendre.
Je mange deux sandwichs préparés selon ma "recette" par Alicia, l'épouse de Marc,.
Je passe en mode "nuit", Mets un Odlo léger en 1ère couche et le t-shirt manches longues du marathon de Lausanne.
J'allège un peu mon sac (lunettes de soleil - gels et barres en trop - casquettes - deux/trois autres petits trucs).
L'homme qui repart 31 minutes après être arrivé est un homme neuf et requinqué prêt à attaquer cette seconde moitié de parcours agrémentée de 3 rudes montées dont 2 se feront de nuit.
Une estimation de 3 heures avait été budgétée avec un arrêt de 20', j'aurai fait 3h18 avec 31' d'arrêt
Départ du ravitaillement à 22h22. BH à 23h15, toujours
Champex - Trient via la Giète 16.6 kms 909 D+ 1071 D-
Il pleut. Ce temps va m'accompagner toute la montée.
Avant d'aller chercher cette ascension, il y une portion de plat et de légère descente qui permet de chauffer les muscles de la bête après cet arrêt de 30 minutes.
La montée....monte de plus en plus, elle est très boueuse ce qui ne facilite pas la tâche.
Elle est....interminable. Comme le seront d'ailleurs quasiment toutes les autres portions de cette course.
Il fait nuit, il pleut, c'est boueux et en plus il y a un peu de brouillard qui est accentué par les lampes frontales. C'est pire qu'en voiture.
C'est à ce moment que je pense à naucala et d'autres qui m'envient et aimeraient être à ma plac
Et bien non, malgré tout, je n'échangerai pas ma situation du moment contre un bon lit douillet.
Pendant cette montée j'ai un flash. Je sais ce dont j'aurai envie pour mon repas d'après-course. Une monstre tranche de tresse faite maison avec une bonne couche de Nutella
Je n'ai pas tout suivi. Il y a un nouveau chemin que devait emprunter la CCC et l'UTMB alors que l'OCC passerait par l'ancien mais que pour des raisons administratives nous allons tout de même passer par l'ancien.
Quoi qu'il en soit cela montait très raide. Je n'ai pas vu le refuge de Bovine bien que nous avons dû passer à côté vu le long chemin presque plat et très boueux que nous avons emprunté avant d'effectuer une courte montée qui nous amène au point de basculement.
Arrivée à la Giète, point de contrôle atteint en 1h59. Les quelques bénévoles qui sont là, perdus au milieu de rien, sont les 1ers humains que nous rencontrons que depuis le départ de Champex.
Bon, maintenant c'est parti pour la descente jusqu'au col de la Forclaz avant de fondre sur Trient.
Un des bénévoles nous annonce 40' pour atteindre Trient........5 kms ajoute-t-il..........Mais oui bien sûr nous allons faire du 8' au km sur une descente de nuit, boueuse, avec 14 heures de course dans les jambes et sans compter que nous sommes le dernier tiers du peloton. Nous mettrons 1h10 pour ces 4,9 kms avec 76 D+ et 657 D-
Vous l'ai-je déjà dit ? c'est boueux.
Mes Saucony sont parfaites, ma Nao me fournit un bel éclairage, je descends comme une fleur...bon une fleur de 78 kilos tout de même, sans compter le sac, et dépasse plusieurs concurrents, soit moins bien équipés, soit un peu moins sûrs de leur capacité ou les deux.
Ceci jusqu'à ce que je rattrape une file d'une quinzaine de coureurs qu'il serait difficile et un peu périlleux de vouloir dépasser. Je les suis à un rythme certes plus lent mais tout à fait honorable.
Nous arrivons à Trient, la pluie a cessé. L'assistance est là. Il est 2 heures et demi du matin.
A ce ravitaillement, les assistants n'ont pas accès aux tables boissons et nourritures.
Comme un grand garçon que je suis (1m92) je prends ce qui est devenu mon menu habituel, cocktail eau-coca, soupe aux vermicelles et un peu de pain et fromage.
Mes nom, prénom et lieu de domicile sont cités par le speaker qui cherche à localiser les coureurs suisses. C'est sympa, je me lève donc pour saluer une foule en délire..............euh enfin presque, je me lève afin de saluer....le speaker. Parce que en fait la foule c'est des coureurs harassés, des bénévoles aux traits tirés et des assistants qui doivent faire bonne figure afin de motiver leurs coureurs.
Il a arrêté de pleuvoir, je vais ranger ma veste imperméable qui aura parfaitement rempli son rôle. Elle est chère au gramme mais elle vaut la peine.
Départ après 17' d'arrêt, accompagné sur quelques dizaines de mètres par mon assistance, non sans avoir ramassé au passage quelques biscuits et deux carrés de chocolats.
J'aurai mis 4h15 contre une prévision optimiste de 4h20 avec 10' d'arrêt.
Il est 2h47, la BH est à 3h45.
Trient - Vallorcine via Catogne 10.5 kms 859 D+ 892
J'avais écrit dans le résumé de mes reconnaissances que c'était la moins difficile des montées.
Oui, elle n'est pas difficile mais après 70 kms elle est amplement suffisante pour qu'elle ne soit pas prise à la légère.
Je n'ai pas grand souvenir de cette partie. J'ai été à mon rythme en m'arrêtant quelques secondes à chaque fois que je voulais boire.
Un peu moins de 1h50 pour atteindre Catogne où il y a donc eu un pointage mais dont je n'arrive pas à me souvenir.
Ce que je me souviens par contre c'est qu'un peu plus bas il devait y avoir un panneau qui indiquait Vallorcine à 1h10 mais que nous ne sommes pas aller dans cette direction
Scénario de cette descente similaire à la précédente avec d'abord un bout en solo puis une jonction avec un groupe de coureurs que je suivrai jusqu'en bas.
Après près de 40' de course je vois un nouveau panneau qui indique cette fois Vallorcine à..........50 minutes. Ah ouais quand même, le parcours n'emprunte pas le chemin le plus court.
J'y arriverai tout de même à Vallorcine, peu avant 6 heures.
Une pause de 12', un dernier sandwich, un changement de t-shirt et en route pour le dernier bout.
Estimé à 3h20 dans la colonne "optimiste" cette partie a été effectuée en 3h19, pause comprise de 12' contre 10' prévue.
BH à 7h00, il est 6h06
Vallorcine - Chamonix via Col des Montets, la Tête aux Vents et la Flégère 18.5 kms 962 D+ 1202 D-
Il fait toujours nuit mais le jour ne va pas tarder.
Le temps de grimper au Col des Montets, montée régulière et pas trop raide 200 mètres de D+ pour 3.7 kms. Le pas est rapide....ça tire dans les jambes.
Par rapport à ma reconnaissance le parcours sera différent...et plus long.
1ère modification au haut de col où au lieu de suivre la route on fait le tour par le parking. Bon ça cela va encore.
Et c'est la Montée en direction de la Tête aux Vents. 4 kms 661 D+.
Je lève la tête et je vois du brouillard vers 1700 mètres. Le sommet est à 2127. On va s'y amuser.
Cette montée est moins boueuse car en fait elle est composée de pierres, rochers, cailloux et autres matériaux du même acabit.
J'arrive dans le brouillard. Il n'est pas dense et pas gênant du tout.
Et même vers l'altitude 2000 nous débouchons au soleil
Selon ma reconnaissance c'est peu après que nous allons tirer sur la gauche et longer le flanc de la montagne en direction de la Flégère.
Ben non, on continue à monter, monter, monter. C'est la seule fois de la course où j'ai eu envie de balancer mes bâtons et de m'asseoir.
Enfin je vois un campement avec deux personnes qui nous regardent arriver. Ils nous saluent, encouragent (comme 99,5 % des gens que nous aurons croisés au cours de ce périple), nous disent que nous sommes à environ une heure de la Flégère mais ils n'effectuent pas de pointage. Etonnant !
C'est tout simplement que ce n'était pas encore la Tête aux Vents.
Il faudra encore une dizaine de minutes pour apercevoir une nouvelle tente avec de nouvelles personnes qui nous accueillerons au sommet de cette montée atteinte après 2h30 d'efforts depuis le dernier ravitaillement.
Et maintenant direction la Flégère. Pas du tout par le même chemin que celui que j'avais pris lors de ma reconnaissance, néanmoins tout aussi long et de plus rendu très difficile suite aux chutes de pluies. les rochers sont très glissants et bien entendu en pente. Le seul objectif est de ne pas se casser la gueule. Une chute dans la boue ça va, une chute dans les rochers.............................
Comme nous prenons un chemin qui part de bien plus haut que ce que j'avais effectué je me dis qu'en toute logique nous allons arriver à la Flégère par en-haut et donc éviter cette remontée en Z.
Doux rêveur que je suis. Nous allons descendre encore et encore et nous n'échapperons pas à cette remontée, pas terrible, pas longue, pas difficile, mais pas après 90 kms..........
J'y arrive. Pointage à l'entrée de la tente, 57 minutes. C'était prévu en 50' c'était sans compter sur la prudence dont il a fallu faire preuve.
Je traverse ce dernier ravitaillement (boisson uniquement) sans m'y arrêter et attaque la descente sur Chamonix, descente de 928 D- avec tout de même 99 D+.
Papadjé a écrit : "une fois passé la Flégère c'est gagné, on voit les lumières dans la vallée, il ne reste plus qu'à se laisser descendre".
Je me permets d'émettre deux bémols :
- je n'ai pas vu de lumière...............bon en même temps c'était quasiment 10 heures de matin ;:_)
- ...ne reste plus qu'à....ouais ouais ouais plus qu'à plus qu'à c'est une façon de parler
Allez, ne traînons pas.
On longe la piste de ski puis coupons un virage avant de nous enfoncer dans la forêt sur un chemin en long zig-zag qui fait moins mal aux jambes que si nous avions continué sur la piste mais qui allonge le chemin menant à Chamonix. J'en profiterai pour effectuer mon second et dernier arrêt pipi.
Après avoir traversé la piste nous nous engageons sur un interminable chemin qui doit nous amener jusqu'au chalet de la Floria. Nous traversons sa terrasse puis après c'est une piste carrossable donc large par rapport aux mono-traces que nous aurons emprunté lors d'une bonne partie de ces dernières 24 heures.
Cela sent l'écurie. Elle n'est pas encore toute proche. Environ 2 kms de ce chemin puis 2 dans Chamonix (sur bitume !) Mais qu'est-ce que je serai heureux quand je pourrai y courir.
On y arrive. Certains accélèrent, d'autres marchent encore afin de se garder pour la fin.
Je cours un peu, marche un peu, je cours, je marche, j'arrive à la hauteur du centre sportif où était distribués les dossards, je cours, je marche.
Il va falloir traverser la route. Les bénévoles font la circulation. Je cours. Je passe devant chez Ravanel, virage sur la gauche. Que vois-je ? ma femme qui est là, Alicia et Marc (mon assistance pour ceux qui n'auraient pas suivi) et Carole . 4 personnes sans qui je ne serai pas là, dans ces rues de Chamonix en train de courir, non de voler, porter par les spectateurs qui acclament chaque coureur et scandent nos noms.
Marc et Alicia m'accompagnent jusqu'à la dernière ligne droite.
Dernière ligne droite que j'ai déjà faite de nombreuses fois en m'imaginant ce moment.
Et bien c'est impossible d'imaginer et même de raconter ce que l'on ressent à ce moment, on plane...............
A R R I V E E
mais A R R I V E E......vous vous rendez compte de ce que cela veut dire ?
J'y suis.
J'ai réussi.
Veni, vidi, vici.
[
Une dernière partie effectuée en 4h53, partie que j'avais estimée en 4h55, estimation optimiste.
Temps total 25 heures 35 minutes et 59 secondes. J'avais visé un 4km/h, je fais 3.95. H E U R E U X !!!!
The End.....
..de cette aventure mais je veux en faire d'autres.
48 heures après cette arrivée, je me demandais ce que je pourrai améliorer, modifier, etc...pour un prochain ultra (TDS ?)
Deux hommages à ma précision helvétique :
- j'avais prévu 75' d'arrêt, soit 5' pour les ravitos boissons (3 x), 10' pour ceux avec du solide (4 x) et 20' à Champex. Je me suis arrêté 2' à Bertone, 4' à Bonatti, 3' à Arnuva, 6' à la Fouly, 31' à Champex, 17' à Trient, 12' à Vallorcine et aucune à la Flégère soit un total de......75 minutes.
- dans un e-mail adressé à quelques collègues où je leur avais mis le suivi en lien, j'avais écrit : "arrivée espérée à Chamonix vers 11h00". Je suis arrivé à 10h59
Maintenant grande question qui vous concerne :
- êtes-vous arrivez au bout de cet ultra-texte ? sans louper une étape ? sans prendre de trop longues pauses (raisons familiales et professionnelles tolérées) ?
Oui ? alors vous êtes des finishers potentiels de cette course.
Et je me ferai même un immense plaisir à vous servir de guide sur une éventuelle reconnaissance.......faite à mon rythme
Merci de m'avoir lu, suivi et encouragé.
Préparation
Vous l'avez suivie, je n'y reviendrai pas.
Ce que j'en retire c'est que j'ai dû faire juste car la course s'est bien déroulée et la récupération est bonne.
Pré-course
Comme vous l'avez lu j'ai eu quelques soucis avec mon hébergement.
Celui-ci devait être pris en charge par l'organisation de l'UTMB vu que j'avais la fonction de "reporter" pour le magazine "Zatopek".
Mon dossier a merdé. Celui des 3 ou 4 autres "reporters" a bien fonctionné.
Mon correspondant chez Zatopek a tout tenté, jusqu'à la dernière et, grâce à lui, j'ai tout de même pu avoir une chambre la nuit de jeudi à vendredi dans un des immeubles de l'ENSA (Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme). Bâtiment qui se trouve à deux pas des bus navettes.
Je suis monté le mercredi à Chamonix, en solitaire et en train. Arrivée en début d'après-midi, prise de l'hôtel et départ pour aller chercher mon dossard. 1 heure pile pour faire le tour. Cela a très vite passé. Il y a eu des améliorations par rapports aux précédentes éditions.
Jeudi midi, après mon changement d'hôtel, je retrouve Carole (qui va faire le Tor des Géants tout soudain) et Vincent (qui fera la CCC). Carole sera au départ à Courmayeur et prendra nos affaires. A la fin de la course ce sera direction le chalet aux Houches, où elle est hébergée, pour la douche et le repas d'après course. Que veut-on de mieux ?
Elle nous demande quelle envie particulière nous aurions pour le repas d'après course......sur le moment nous n'en avons aucune idée.
Shopping à l'Expo - rencontre avec Dawa Sherpa que Carole connaît bien.
On se sépare et se donne rendez-vous pour le lendemain à Courmayeur.
Au niveau des navettes, on m'avait conseillé d'obtenir de partir le plus tard possible. Moins d'attente à Courmayeur et minutes de sommeil en plus.
J'avais lu qu'ils donnaient les tickets de bus en fonction du moment de la prise de dossards. Soit 1ers arrivés, derniers partis. J'avais donc toutes mes chances. Cela s'est confirmé, j'ai été convoqué pour 7h00.
J'ai donc pu dormir jusqu'à 6 heures alors que des navettes partaient déjà à ce moment.
J'ai relativement bien dormi toutes ces dernières nuits, ce qui n'est pas anodin.
Jour J
Organisation des bus navettes au top.....un peu comme toute l'organisation d'ailleurs.
Arrivée à Courmayeur un peu avant 8 heures. On est déposé à environ un kilomètre du départ.
Je retrouve Carole et Vincent puis nous sommes rejoints par Anthony, également partant et futur finisher de cette CCC. En route pour la grande aventure.
Nous partons nous placer dans nos blocs respectifs. Je tente vainement de localiser Noldi et ses chaussettes vertes. J'arrive un peu tard, je ne le trouve pas et comme il part avant moi, j'espère ne pas le rattraper sur la course car cela voudrait dire qu'il n'est pas bien
08h55 hymnes nationaux suisse, français puis italien. Briefing de Mme Poletti à l'attention du 1er bloc. Elle fait dégager les photographes car elle ne voit pas les coureurs et comme elle s'adresse à eux elle veut les voir
09h02 départ du 1er bloc (Robin-Papadjé) - 9h12 départ du second bloc (Noldi)
Cela va être mon tour, Mme Poletti nous annonce une météo changeante, nous aurons de la pluie, nous aurons du brouillard, il ne fera pas trop froid.
Je suis très serein. Je ne me demande pas ce que je fais là. Je n'ai pas l'impression que je suis au départ d'une course qui va me prendre plus de 24 heures.
Ce n'est que 10 secondes avant le départ que je sens mon coeur battre un peu plus fort (la musique ?). Je me tourne vers Carole pour une dernière accolade et embrassade.
Guillaume Millet écrit dans son livre "Ultra-trail, plaisir, performance et santé" qu'avant le départ il faut embrasser ses enfants, conjoint, amis ou même une personne au hasard pour autant que ce ne soit pas un trop costaud qui n'a pas le sens de l'humour. Il a mille fois raison, ce baiser du condamné m'a fourni une énergie incroyable.
Et c'est parti
Courmayeur-Tête de la Tronche 10.3 kms 1435 D+ 74 D-
Petit tour dans Courmayeur, montée en direction de Villair puis par la route jusqu'à chalet Ermitage où la route se transforme en chemin de randonnée.
Le rythme de cette montée est lent et plus ou moins régulier. Quelques courts et inévitables arrêts dans cette longue file indienne. 4,7 kilomètres de parcourus dans la 1ère heure.
Soudain un gros bouchon à l'entrée d'un chemin en forte descente. Il me faudra 12'30 pour faire 160 mètres
Puis ça repart, ça monte raide. Le rythme est toujours lent. Je m'y attendais, j'ai bien été mis en garde. Il ne faut pas s'énerver et prendre cette allure comme du bonus pour plus tard. Il n'y a en effet aucun risque de se mettre dans le rouge.
Et pourtant, je dépasse déjà un ou deux coureurs arrêtés et qui ont de la peine à souffler.
Tête de la Tronche (2571 mètres d'altitude) atteinte en 3h04. Ma prévision optimiste me donnait 3h10
Tête de la Tronche - Refuge Bertone 4.4 kms 25 D+ 604 D-
Où je repense aux conseils de Papadjé, courir léger, ne pas trop solliciter les quadris, nous en aurons encore besoin.
Tout bien cette descente. Quelques dizaines de mètres au début et quelques centaines de mètres à la fin en pente un peu raide, le reste roulant au possible.
Un appel téléphonique de Marc, mon assistant de choc, pour me féliciter de mon timing et m'encourager.
Peu avant le refuge, le soleil sort des nuages, c'est le coup de chalumeau. C'est là que l'on se rend compte que nous avons une température idéale pour cette course. Le soleil tout le long aurait rendu cette journée plus difficile.
Un court arrêt au stand pour boire un verre de Coca et c'est reparti.
Le temps est pris à la sortie de ce ravitaillement.
42'. J'en avais prévu 50'
Sachant qu'il me faudrait environ 2h30 pauses comprises pour reparti de Arnuva, lieu de la 1ère BH. Cela me donnerait 40' d'avance sur cette dernière. Je suis d'ores et déjà rassuré à ce niveau et que sauf pépin ou gros coup de mou, je devrai pouvoir garder ces BH à distance.
Bertone - Bonatti 7.4 kms 286 D+ 263 D-
Partie de la course que je n'avais pas reconnu. Parcours de transition où on peut avancer d'un bon pas. Vue plongeante sur le tunnel du Mont-Blanc.
Arrêt à Bonatti pour recharger ma poche à eau et sortir un petit sandwich de mon sac. Préparation personnelle, une tranche de pain tessinois pliée en deux avec du fromage aux fines herbes et deux/trois tranches de viande séchée. C'est léger, digeste et bon.
1h22 pour une prévision de 1h25.
Bonatti - Arnuva 5.2 kms 105 D+ 349 D-
Reprise en mangeant mon sandwich. De la montée d'abord, un peu de plat puis la descente droit bas en direction d'Arnuva et de sa BH.
59' pause de quelques minutes à Bonatti comprise.
Selon le temps officiel je ressors 3' après de ce ravitaillement sur lequel j'ai pris un cocktail Coca eau plate et une soupe aux vermicelles. J'ai également pris un biscuit, un bout de barre aux céréales et deux carrés de chocolats que je mangerai en repartant.
Départ à 15h43 pour une BH à 16h30
Cette avance prise me permettra, si toujours présente, de passer un peu plus de temps aux ravitos où l'assistance est permise.
Arnuva - Grand Col Ferret 4.5 kms 754 D+ 0 D-
Un peu de plat qui permet de finir de me ravitailler puis c'est la montée en direction du Col via le refuge Elena. Direction la maison (la Suisse) comme me l'ont dit plusieurs spectateurs. Notre provenance étant indiquée par la présence du drapeau de notre pays sur le dossard.
Nouveau coup de fil de mon équipe d'assistance aussi heureuse que moi par rapport à mon temps de course.
Et là il est important de le préciser, un temps de course obtenu de manière tout à fait naturelle, dans mon rythme, sans vouloir foncer et forcer pour gagner quelques minutes sur ces BH.
La montée, je la connais pour l'avoir fait en reconnaissance. La grande différence est qu'aujourd'hui le temps est clair et que je vois bien le sommet du Grand Col Ferret.
Je monte à mon rythme, je me souviens que j'y avais souffert lors de mon entraînement et que malgré tout je l'avais effectuée dans un temps correct.
Là je suis bien reposé, je n'ai quasiment rien fait lors des deux dernières semaines.
Bien entendu pendant quinze jours, tout les petits bobos sont ressortis y compris un semblant de mal de gorge et de tête qui persistera jusqu'à la veille de la course.
Prévision optimiste de mon temps sur ce trajet, 1h40, parcours effectué en 1h32
"Mauvaise" surprise en arrivant au sommet, il y a un peu de brouillard du côté valaisan. Ma collègue, valaisanne et fière de l'être, m'aurait donc menti, il ne fait pas toujours beau en Valais
Grand Col Ferret - La Fouly via la Peule 9.7 kms 198 D+ 1122 D-
Direction La Fouly où se trouve la seconde BH fixée à 20h15.
Au col je sors et mange mon second sandwich du sac. Un 1er arrêt pipi et direction la Peule par une descente large et roulante.
Peu avant d'y arriver, la pluie (en Valais ! il faudra vraiment que j'en parle avec ma collègue qui doit avoir les oreilles qui sifflent) s'invite. Apparition de ma veste imperméable qui ne va pas me quitter de sitôt.
Entre la Peule et la Fouly il y a d'abord un interminable bout où cela n'arrête pas de remonter avant de descendre franchement. Il a arrêté de pleuvoir mais le terrain est devenu boueux et donc glissant
Puis une pente plus douce légèrement vallonnée.
J'avais estimé effectuer cette partie en 1h40, j'aurai mis 1h49 pause de 6' comprise.
Départ du ravitaillement de la Fouly à 19h04, BH à 20h15
Déjà presque 10 heures de course. Jusqu'ici tout va bien. La tête, le souffle, l'estomac, les jambes : tout est OK.
La Fouly - Champex 14 kms 555 D+ 701 D-
Cela va descendre gentiment sur environ 8-9 kms. Encore une fois je me rappelle les conseils de Papadjé : "être le plus efficace possible, tenir un train régulier en puisant le moins possible dans les réserves".
La nuit commence à tomber, peu avant Praz de Fort je décide de mettre ma petite lampe frontale qui devrait suffire pour remonter sur Champex.
Nous sommes donc en Suisse et dans les quelques villages que nous traversons, les spectateurs sont là. Le volume de leurs encouragements augmente à la vue du drapeau suisse sur mon dossard
Arrive la montée sur Champex lors de laquelle je m'arrête quelques secondes pour m'hydrater et reposer les jambes qui commencent à se faire sentir.
Un groupe me dépasse, je décide de leur emboîter le pas.
Ils vont un peu plus vite que mon rythme, cela ne fait rien nous ne sommes pas très loin de Champex, je vais m'accrocher.
Mais quel con !
15 courses entre 42,195 kms et 80 kms, une trentaine de courses entre 16 et 31 kms, des dizaines d'autres, je suis à quelques mois d'être un V2 et je commets l'erreur de me mettre dans le rouge au milieu d'une course de 100 kms.
Un instant de lucidité ou tout simplement parce que je n'en pouvais plus je stoppe, respire et reprend la course à mon rythme.
J'entends Papadjé dans ma tête : "il faut arriver le plus frais possible à Champex après c'est une nouvelle course qui commence".
J'y arrive donc un peu plus fatigué que prévu. Et là c'est le grand bonheur de retrouver son équipe d'assistance.
Marc est tout de suite aux petits soins. Je n'ai qu'à m'asseoir et attendre.
Je mange deux sandwichs préparés selon ma "recette" par Alicia, l'épouse de Marc,.
Je passe en mode "nuit", Mets un Odlo léger en 1ère couche et le t-shirt manches longues du marathon de Lausanne.
J'allège un peu mon sac (lunettes de soleil - gels et barres en trop - casquettes - deux/trois autres petits trucs).
L'homme qui repart 31 minutes après être arrivé est un homme neuf et requinqué prêt à attaquer cette seconde moitié de parcours agrémentée de 3 rudes montées dont 2 se feront de nuit.
Une estimation de 3 heures avait été budgétée avec un arrêt de 20', j'aurai fait 3h18 avec 31' d'arrêt
Départ du ravitaillement à 22h22. BH à 23h15, toujours
Champex - Trient via la Giète 16.6 kms 909 D+ 1071 D-
Il pleut. Ce temps va m'accompagner toute la montée.
Avant d'aller chercher cette ascension, il y une portion de plat et de légère descente qui permet de chauffer les muscles de la bête après cet arrêt de 30 minutes.
La montée....monte de plus en plus, elle est très boueuse ce qui ne facilite pas la tâche.
Elle est....interminable. Comme le seront d'ailleurs quasiment toutes les autres portions de cette course.
Il fait nuit, il pleut, c'est boueux et en plus il y a un peu de brouillard qui est accentué par les lampes frontales. C'est pire qu'en voiture.
C'est à ce moment que je pense à naucala et d'autres qui m'envient et aimeraient être à ma plac
Et bien non, malgré tout, je n'échangerai pas ma situation du moment contre un bon lit douillet.
Pendant cette montée j'ai un flash. Je sais ce dont j'aurai envie pour mon repas d'après-course. Une monstre tranche de tresse faite maison avec une bonne couche de Nutella
Je n'ai pas tout suivi. Il y a un nouveau chemin que devait emprunter la CCC et l'UTMB alors que l'OCC passerait par l'ancien mais que pour des raisons administratives nous allons tout de même passer par l'ancien.
Quoi qu'il en soit cela montait très raide. Je n'ai pas vu le refuge de Bovine bien que nous avons dû passer à côté vu le long chemin presque plat et très boueux que nous avons emprunté avant d'effectuer une courte montée qui nous amène au point de basculement.
Arrivée à la Giète, point de contrôle atteint en 1h59. Les quelques bénévoles qui sont là, perdus au milieu de rien, sont les 1ers humains que nous rencontrons que depuis le départ de Champex.
Bon, maintenant c'est parti pour la descente jusqu'au col de la Forclaz avant de fondre sur Trient.
Un des bénévoles nous annonce 40' pour atteindre Trient........5 kms ajoute-t-il..........Mais oui bien sûr nous allons faire du 8' au km sur une descente de nuit, boueuse, avec 14 heures de course dans les jambes et sans compter que nous sommes le dernier tiers du peloton. Nous mettrons 1h10 pour ces 4,9 kms avec 76 D+ et 657 D-
Vous l'ai-je déjà dit ? c'est boueux.
Mes Saucony sont parfaites, ma Nao me fournit un bel éclairage, je descends comme une fleur...bon une fleur de 78 kilos tout de même, sans compter le sac, et dépasse plusieurs concurrents, soit moins bien équipés, soit un peu moins sûrs de leur capacité ou les deux.
Ceci jusqu'à ce que je rattrape une file d'une quinzaine de coureurs qu'il serait difficile et un peu périlleux de vouloir dépasser. Je les suis à un rythme certes plus lent mais tout à fait honorable.
Nous arrivons à Trient, la pluie a cessé. L'assistance est là. Il est 2 heures et demi du matin.
A ce ravitaillement, les assistants n'ont pas accès aux tables boissons et nourritures.
Comme un grand garçon que je suis (1m92) je prends ce qui est devenu mon menu habituel, cocktail eau-coca, soupe aux vermicelles et un peu de pain et fromage.
Mes nom, prénom et lieu de domicile sont cités par le speaker qui cherche à localiser les coureurs suisses. C'est sympa, je me lève donc pour saluer une foule en délire..............euh enfin presque, je me lève afin de saluer....le speaker. Parce que en fait la foule c'est des coureurs harassés, des bénévoles aux traits tirés et des assistants qui doivent faire bonne figure afin de motiver leurs coureurs.
Il a arrêté de pleuvoir, je vais ranger ma veste imperméable qui aura parfaitement rempli son rôle. Elle est chère au gramme mais elle vaut la peine.
Départ après 17' d'arrêt, accompagné sur quelques dizaines de mètres par mon assistance, non sans avoir ramassé au passage quelques biscuits et deux carrés de chocolats.
J'aurai mis 4h15 contre une prévision optimiste de 4h20 avec 10' d'arrêt.
Il est 2h47, la BH est à 3h45.
Trient - Vallorcine via Catogne 10.5 kms 859 D+ 892
J'avais écrit dans le résumé de mes reconnaissances que c'était la moins difficile des montées.
Oui, elle n'est pas difficile mais après 70 kms elle est amplement suffisante pour qu'elle ne soit pas prise à la légère.
Je n'ai pas grand souvenir de cette partie. J'ai été à mon rythme en m'arrêtant quelques secondes à chaque fois que je voulais boire.
Un peu moins de 1h50 pour atteindre Catogne où il y a donc eu un pointage mais dont je n'arrive pas à me souvenir.
Ce que je me souviens par contre c'est qu'un peu plus bas il devait y avoir un panneau qui indiquait Vallorcine à 1h10 mais que nous ne sommes pas aller dans cette direction
Scénario de cette descente similaire à la précédente avec d'abord un bout en solo puis une jonction avec un groupe de coureurs que je suivrai jusqu'en bas.
Après près de 40' de course je vois un nouveau panneau qui indique cette fois Vallorcine à..........50 minutes. Ah ouais quand même, le parcours n'emprunte pas le chemin le plus court.
J'y arriverai tout de même à Vallorcine, peu avant 6 heures.
Une pause de 12', un dernier sandwich, un changement de t-shirt et en route pour le dernier bout.
Estimé à 3h20 dans la colonne "optimiste" cette partie a été effectuée en 3h19, pause comprise de 12' contre 10' prévue.
BH à 7h00, il est 6h06
Vallorcine - Chamonix via Col des Montets, la Tête aux Vents et la Flégère 18.5 kms 962 D+ 1202 D-
Il fait toujours nuit mais le jour ne va pas tarder.
Le temps de grimper au Col des Montets, montée régulière et pas trop raide 200 mètres de D+ pour 3.7 kms. Le pas est rapide....ça tire dans les jambes.
Par rapport à ma reconnaissance le parcours sera différent...et plus long.
1ère modification au haut de col où au lieu de suivre la route on fait le tour par le parking. Bon ça cela va encore.
Et c'est la Montée en direction de la Tête aux Vents. 4 kms 661 D+.
Je lève la tête et je vois du brouillard vers 1700 mètres. Le sommet est à 2127. On va s'y amuser.
Cette montée est moins boueuse car en fait elle est composée de pierres, rochers, cailloux et autres matériaux du même acabit.
J'arrive dans le brouillard. Il n'est pas dense et pas gênant du tout.
Et même vers l'altitude 2000 nous débouchons au soleil
Selon ma reconnaissance c'est peu après que nous allons tirer sur la gauche et longer le flanc de la montagne en direction de la Flégère.
Ben non, on continue à monter, monter, monter. C'est la seule fois de la course où j'ai eu envie de balancer mes bâtons et de m'asseoir.
Enfin je vois un campement avec deux personnes qui nous regardent arriver. Ils nous saluent, encouragent (comme 99,5 % des gens que nous aurons croisés au cours de ce périple), nous disent que nous sommes à environ une heure de la Flégère mais ils n'effectuent pas de pointage. Etonnant !
C'est tout simplement que ce n'était pas encore la Tête aux Vents.
Il faudra encore une dizaine de minutes pour apercevoir une nouvelle tente avec de nouvelles personnes qui nous accueillerons au sommet de cette montée atteinte après 2h30 d'efforts depuis le dernier ravitaillement.
Et maintenant direction la Flégère. Pas du tout par le même chemin que celui que j'avais pris lors de ma reconnaissance, néanmoins tout aussi long et de plus rendu très difficile suite aux chutes de pluies. les rochers sont très glissants et bien entendu en pente. Le seul objectif est de ne pas se casser la gueule. Une chute dans la boue ça va, une chute dans les rochers.............................
Comme nous prenons un chemin qui part de bien plus haut que ce que j'avais effectué je me dis qu'en toute logique nous allons arriver à la Flégère par en-haut et donc éviter cette remontée en Z.
Doux rêveur que je suis. Nous allons descendre encore et encore et nous n'échapperons pas à cette remontée, pas terrible, pas longue, pas difficile, mais pas après 90 kms..........
J'y arrive. Pointage à l'entrée de la tente, 57 minutes. C'était prévu en 50' c'était sans compter sur la prudence dont il a fallu faire preuve.
Je traverse ce dernier ravitaillement (boisson uniquement) sans m'y arrêter et attaque la descente sur Chamonix, descente de 928 D- avec tout de même 99 D+.
Papadjé a écrit : "une fois passé la Flégère c'est gagné, on voit les lumières dans la vallée, il ne reste plus qu'à se laisser descendre".
Je me permets d'émettre deux bémols :
- je n'ai pas vu de lumière...............bon en même temps c'était quasiment 10 heures de matin ;:_)
- ...ne reste plus qu'à....ouais ouais ouais plus qu'à plus qu'à c'est une façon de parler
Allez, ne traînons pas.
On longe la piste de ski puis coupons un virage avant de nous enfoncer dans la forêt sur un chemin en long zig-zag qui fait moins mal aux jambes que si nous avions continué sur la piste mais qui allonge le chemin menant à Chamonix. J'en profiterai pour effectuer mon second et dernier arrêt pipi.
Après avoir traversé la piste nous nous engageons sur un interminable chemin qui doit nous amener jusqu'au chalet de la Floria. Nous traversons sa terrasse puis après c'est une piste carrossable donc large par rapport aux mono-traces que nous aurons emprunté lors d'une bonne partie de ces dernières 24 heures.
Cela sent l'écurie. Elle n'est pas encore toute proche. Environ 2 kms de ce chemin puis 2 dans Chamonix (sur bitume !) Mais qu'est-ce que je serai heureux quand je pourrai y courir.
On y arrive. Certains accélèrent, d'autres marchent encore afin de se garder pour la fin.
Je cours un peu, marche un peu, je cours, je marche, j'arrive à la hauteur du centre sportif où était distribués les dossards, je cours, je marche.
Il va falloir traverser la route. Les bénévoles font la circulation. Je cours. Je passe devant chez Ravanel, virage sur la gauche. Que vois-je ? ma femme qui est là, Alicia et Marc (mon assistance pour ceux qui n'auraient pas suivi) et Carole . 4 personnes sans qui je ne serai pas là, dans ces rues de Chamonix en train de courir, non de voler, porter par les spectateurs qui acclament chaque coureur et scandent nos noms.
Marc et Alicia m'accompagnent jusqu'à la dernière ligne droite.
Dernière ligne droite que j'ai déjà faite de nombreuses fois en m'imaginant ce moment.
Et bien c'est impossible d'imaginer et même de raconter ce que l'on ressent à ce moment, on plane...............
A R R I V E E
mais A R R I V E E......vous vous rendez compte de ce que cela veut dire ?
J'y suis.
J'ai réussi.
Veni, vidi, vici.
[
Une dernière partie effectuée en 4h53, partie que j'avais estimée en 4h55, estimation optimiste.
Temps total 25 heures 35 minutes et 59 secondes. J'avais visé un 4km/h, je fais 3.95. H E U R E U X !!!!
The End.....
..de cette aventure mais je veux en faire d'autres.
48 heures après cette arrivée, je me demandais ce que je pourrai améliorer, modifier, etc...pour un prochain ultra (TDS ?)
Deux hommages à ma précision helvétique :
- j'avais prévu 75' d'arrêt, soit 5' pour les ravitos boissons (3 x), 10' pour ceux avec du solide (4 x) et 20' à Champex. Je me suis arrêté 2' à Bertone, 4' à Bonatti, 3' à Arnuva, 6' à la Fouly, 31' à Champex, 17' à Trient, 12' à Vallorcine et aucune à la Flégère soit un total de......75 minutes.
- dans un e-mail adressé à quelques collègues où je leur avais mis le suivi en lien, j'avais écrit : "arrivée espérée à Chamonix vers 11h00". Je suis arrivé à 10h59
Maintenant grande question qui vous concerne :
- êtes-vous arrivez au bout de cet ultra-texte ? sans louper une étape ? sans prendre de trop longues pauses (raisons familiales et professionnelles tolérées) ?
Oui ? alors vous êtes des finishers potentiels de cette course.
Et je me ferai même un immense plaisir à vous servir de guide sur une éventuelle reconnaissance.......faite à mon rythme
Merci de m'avoir lu, suivi et encouragé.
Last Edit:il y a 9 ans 7 mois
par Olrik
Pièces jointes :
Dernière édition: il y a 9 ans 7 mois par Olrik.
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- Alassea
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merci pour ce cr! ca fais envie... ca fait rever.... peut-etre pour 2015.....
et encore bravo!!!!!!
et encore bravo!!!!!!
par Alassea
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- secalex
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Merci à toi pour ce beau CR.
Tu m'as fait rêver.
J'ai passé la nuit avec toi sans que tu le saches.
Suivi SMS activé donc vibrations à chaque ravito.
Compte tenu de mon niveau ce genre de course n'est pas avant 2017 pour moi.
Mais tu m'as donné encore plus envie.
Bravo pour ta course et ton courage.
Tu m'as fait rêver.
J'ai passé la nuit avec toi sans que tu le saches.
Suivi SMS activé donc vibrations à chaque ravito.
Compte tenu de mon niveau ce genre de course n'est pas avant 2017 pour moi.
Mais tu m'as donné encore plus envie.
Bravo pour ta course et ton courage.
par secalex
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- jordan40
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Réponse de jordan40 sur le sujet Re: CCC 2014 veni - vidi - vici
Posted il y a 10 ans 2 mois #327437
Bravo Olrik Magnifique course pour un magnifique CR. Les photos sont top également J'adore celle de l'arrivée !!
J'espère un jour accomplir cet exploit
Un GRAND BRAVO !!!!
J'espère un jour accomplir cet exploit
Un GRAND BRAVO !!!!
par jordan40
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Je renouvelle mes félicitations pour cette performance et merci de nous avoir fait partagé en détail cette aventure fantastique.
Ta planification est à l'image de ta préparation, minutieuse et efficace, tu avais mis toutes les chances de ton côté et tu as pleinement réalisé tes ambitions et c'est mérité.
En attendant ton passage à Champex (sur mon PC), je relisais ton suivi et j'ai bien souri quand tu mettais que tu craignais les BH et surtout les 7 premières...
Encore bravo et je me réjouis de suivre tes prochaines aventures !
"j'adore quand un plan se déroule sans accroc"
Ta planification est à l'image de ta préparation, minutieuse et efficace, tu avais mis toutes les chances de ton côté et tu as pleinement réalisé tes ambitions et c'est mérité.
En attendant ton passage à Champex (sur mon PC), je relisais ton suivi et j'ai bien souri quand tu mettais que tu craignais les BH et surtout les 7 premières...
Encore bravo et je me réjouis de suivre tes prochaines aventures !
"j'adore quand un plan se déroule sans accroc"
par PHB
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- Cdric
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- Gold Boarder
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Bravo et merci pour ce long récit, j'ai eu l'impression de marcher dans tes pas.
Et BRAVO pour ta course, gérée en toute sérénité.
Et BRAVO pour ta course, gérée en toute sérénité.
par Cdric
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