CR de l'ecotrail 80 km 2014
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Bonjour à tous,
cela fait bien 5 ans que je "consomme" silencieusement sur le site conseils-course, sans y contribuer moi même. J'aime bien notamment de temps en temps lire les récits de vos courses...
Alors je me suis décidé à faire de même à la sortie de ce qui est pour moi la plus grande course de ma vie pour l'instant: le 80km de l'écotrail. Après tant de silence, il me fallait du lourd pour quitter ma position d'observateur!
Et j'ai été bien bavard...
Pour planter un peu le décor, après 5 marathons et un 50km, c'est la première fois que je m'élance sur si long. Je me suis préparé en 4 sorties par semaines pendant 4 mois, en adaptant le plan "trail long" (essentiellement, en allongeant les sorties longues. J'ai fait des sorties de 3h pendant un mois en demi, et une longue balade de 47km en 5h30 un gros mois avant la course).
Sans plus attendre, je vous envoie le pavé qu'est ce CR.
Tous les indicateurs sont au vert avant le départ. La semaine précédent l’épreuve n’a amené ni maladie, ni trouble de sommeil des enfants ; pas de soucis pour s’alimenter comme il faut ; aucun problème pour récupérer le dossard ; tout juste un peu de stress à force d’expliquer à mes proches affolés que je risquais fort peu de chose en tentant cette course. La crise cardiaque est peu probable, les loups sont rares en forêt, et on ne peut se perdre trop longtemps sans tomber sur la civilisation.
Je suis d’autant plus serein que j’ai évité pour une fois les insomnies idiotes la veille de l’épreuve. Sentiment étrange, le matin, que d’avoir du temps à tuer avant de se rendre au départ. J’en profite pour vérifier 25 fois que mon sac est bien complet, et regarder attentivement la reconnaissance virtuelle proposée sous google earth. Ça me permet de bien me mettre en tête quelques points de repère majeurs : 10 petits kilomètres pour le tour de lac inaugural ; début des premières difficultés au 15ème ; premier ravito au 25ème, arrivée sur les limites de mes zones d’entrainement au 30ème; passage en diagonale dans la forêt de Clamart, selon un parcours que je ne connais pas, entre 35 et 45 ; ravito eau au 45, mais surtout j’identifie les vrais gros ravitos-rechargement de batterie du 56 et du 68. Je ne m’inquiète pas trop des difficultés entre les deux ; je les connais bien. Et je me mets dans les prunelles la descente de Saint Cloud, et l’interminable ligne droite finale.
Y a plus qu’à. Privilège du Meudonnais, je me paye le luxe de partir de chez mois après 10h du mat pour retrouver mon premier compagnon de galère Thomas (lui aussi débutant sur la distance) à la station de RER. Nous nous rendons tout confort (RER puis navette) sur la ligne de départ, en écoutant les conseils de l’expérimenté voisin de Thomas, lui déjà multi-récidiviste sur les trails longs. Le temps est si beau que nos discussions parfois anxiogènes (les abandons, les ongles qui se détachent, la course qui ne commence vraiment qu’au cinquantième, toutes ces perspectives joyeuses amenées par le « long ») n’arrivent pas à me stresser outre mesure. Bien que, à la réflexion, mes mains tremblent en ajustant mon dossard...
Mon autre compère de misère et d'entraînement, Nicolas, nous rejoint peu avant le départ. Venu par le TER, il est tombé dans une navette dont le conducteur n’avait pas l’air décidé à partir, ce qui a valu un bon pic de stress à ses passagers. Finalement sans conséquence ; ils arrivent avec un quart d’heure d’avance.
Thomas optant pour une stratégie de course différente de la mienne (pour lui 8km/h constant, arrêt minimal aux ravitos ; pour moi un rythme plus élevé, à l’EF, autour de 9.5km/h sur le plat, mais avec de longs arrêts au ravito), je me rends avec Nicolas sur la ligne de départ. Nous, les nouveaux, scrutons les autres participants. Ils ont l’air prêts, mais n’ont pas tous des allures de coureur de trail de montagne super affûtés. Peut-être certains d’entre eux sont-ils de simples humains comme moi ?
Je m’étonne de voir que leurs sacs sont plus légers en moyenne que le mien, qui est lesté de la petite liste suivante : une poche de 2L d’eau, 15 tubes de poudre isotonique, 10 petits barres sucrées, 3 grosses salées, chaussettes de rechange, gobelet pliant, frontale, balise GPS, et téléphone portable. J’ai peut-être un peu abusé, mais je ne vois pas comme j’aurais pu réduire de beaucoup la charge – sauf à s’appuyer beaucoup sur la nourriture des ravitos. Mais est-ce sage, quand on ne sait pas trop à l’avance ce qu’on va y trouver ?
L’impression de sac trop chargé est aggravée par le fait que j’ai dû, au dernier moment, y attacher mon coupe-vent. N’ayant pas fait une seule de mes sorties longues en T-shirt (sans l’avoir regretté une seule fois), je n’ai même pas envisagé de partir habillé autrement. Mais je dois à me rendre à l’évidence : il fait super bon, et rares sont les partants à s’élancer en manches longues. Craignant la fraicheur du soir, je décide de ne pas abandonner ma protection et l’attache à mon sac. Avec le recul, ce compromis sera le bon.
Et le départ est donné. Comme il est normal pour une course de cette taille (2000 inscrits tout de même, finalement un peu moins de 1600 partants), nous nous trouvons dans une petite marée humaine. Nicolas a des fourmis dans les jambes et part en slalom dès le premier kilomètre (probablement échaudé par le 50km de l’an dernier passé pour une bonne part dans le trafic). Je reste plus prudent, et me force à me caler à un rythme calme (9-9.5) en contrôlant mon cardio. Là aussi, ce choix est le bon : Nicolas finira 1h avant moi, j’aurais de toute façon dû lâcher tôt ou tard, après avoir probablement trop entamé mes réserves.
Malgré mes efforts de contrôle, mon cardio est un petit peu trop haut (autour de 150) alors que mon rythme est assez faible. Je mets ça sur le compte de l’émotion du jour J, reste calé à ce rythme et ne stresse pas outre mesure. Une sérénité sûrement due à l’ambiance détendue qui règne dans cette première boucle autour du lac éclairé par le soleil printanier.
Nous débouchons sur une zone plus urbaine, où je lutte contre mes réflexes de marathonien déterminé à ne pas perdre la moindre seconde, et m’arrête deux fois pour enlever un gravillon glissé dans la chaussure. Qui sait, ces petites pauses m’ont peut-être évité l’ampoule fatale !
Ce tour de chauffe effectué (un petit 15km quand même !), et le peloton quelque peu étalé, nous rentrons pour de bon dans la forêt dont nous ne sortirons que 55km plus loin. Des chiffres auquel un débutant comme moi doit essayer de ne pas trop penser...
Même si on est loin des pentes qui nous attendent 10km plus loin, nous rencontrons nos premières montées le long de la Bièvre. Je commence à réaliser que ma politique de « marche dans les montées importantes, course rapide en déroulant dans les descentes, mais course tranquille partout ailleurs » n’est pas universelle. Nombreux entament la marche à la moindre des petites montées, la maintiennent bien après le sommet, et contrôlent beaucoup plus en descente. Je me demande si mon approche est la bonne, mais je suis tellement remonté que je ne peux me résoudre à aller beaucoup plus lentement. Heureusement, l’histoire montrera que ça va tenir.
Après avoir traversé Buc, j’atteins, en bas d’un joli escalier descendant, le premier ravito. Là aussi une nouvelle expérience : un ravitaillement où on ne se contente pas de passer en trombe en arrachant une bouteille d’eau, où il est tout à fait admissible de prendre quelques minutes pour se retaper !
Je me dirige vers le point d’eau, pour faire en bon élève ma tambouille avec les sticks isotoniques. S’il ne semble pas qu’il y ait de lignes directrices indiscutées sur l’alimentation en trail long, il y a consensus sur le fait que l’eau seule ne suffit pas ; elle doit être enrichie par ce genre de sticks ou de poudre. Je suis heureux de constater que ma petite cuisine n’est pas gênée par des mains trop tremblantes, et peux me remettre en route après 7 minutes d’arrêt sans dégât sérieux. J’ai juste réussi à m’asperger un pied d’eau en ouvrant trop brusquement le robinet, mais vu le soleil environnant, l’incident est oublié en deux minutes. Ça aurait peut-être été une autre histoire par 10 degrés de moins.
Je reprends la route. C’est avec bonheur que je vois que nous rejoignons les confins de mes parcours d'entraînement, entre Buc et Jouy. Ce que je ne réalise pas immédiatement, c’est que nous attaquons aussi la portion la plus difficile du parcours. Les 25 kilomètres qui suivent vont être les plus durs.
Pour l’instant, je suis juste ravi de retrouver un terrain que je connais très bien. Je ne fais pas de zèle dans les montées majeures qui se présentent. Dans mon esprit, si je cesse de doubler des dizaines de participants en y marchant rapidement, c’est parce que je respecte ces longues montées bien connues. Mais en fait, c’est aussi parce que je commence à être entamé…
Je ne le réalise pas dans les 10 kilomètres qui suivent, tout à ma joie notamment de dérouler dans le long faux plat descendant qui serpente dans le bois du pont Colbert. Mais dès que je quitte mon chemin habituel à l’entrée du bois de Clamart, je me rends à l’évidence: tout ne va pas si bien.
C’est probablement classique, mais mon moral souffre, à mi-parcours, de constater que je suis déjà fatigué, alors qu’il reste tant à faire. Cette angoisse est par ailleurs magnifiée par la chaleur. Je la ressens particulièrement dans les montées où, du fait que j’y marche assez lentement, elle n’est plus tempérée par la petite brise qui rafraîchit le coureur. Et évidemment, on ne peut pas trop compter en cette saison sur les feuilles des arbres pour nous protéger!
En outre, mes partenaires de jeu sont, en moyenne, bien plus atteints que moi. Ils sont majoritaires à marcher dans les montées, dans les faux plats montants… mais aussi sur le plat! Il arrive ainsi, même sur des portions plates, que j’ai 10 marcheurs devant, 10 marcheurs derrière… et que je doive donc me faire violence pour continuer à courir!
Et le tracer m’a bien piégé. Quand je passe en footing à Clamart, je joins les mêmes lieux mais par un chemin bien différent. Cette portion, que j’avais mentalement étiquetée comme assez facile, est en fait l’une des plus difficiles du parcours.
Malgré tout, même si l’hypothèse d’un abandon futur m’a traversé l’esprit autour du 35ème, l’idée me passe bien plus vite que le coup de fatigue. Même alors que je suis le plus mal, vers le 45ème, je suis convaincu que je finirai, bon an mal an.
C’est à ce moment, blanc comme un ligne et pétri de doutes, que je croise la femme de mon partenaire Thomas. Quelle impression ai-je dû lui laisser!
Dans ces conditions, le ravito du 45ème est plus que le bienvenu. La vue depuis l’orphelinat y est si belle qu’on pardonne presque les trois séries de marche qui y mènent! Je me recharge en eau, et décide de ne pas y adjoindre les sticks isotoniques tant le goût un peu sucré qu’ils donnent à l’eau m’est devenu insupportable. Je comprends bien mieux l’utilité des sacs à double poche d’eau!
Ce deuxième ravitallement marque ma renaissance. Grâce à la petite pause qu’il permet, mais surtout parce que j’enchaine avec 5 kilomètres à peu près plat à l’Observatoire de Meudon et dans la forêt.
Ce n’est pas tant l’absence de montées qui me soulage, que le fait de pouvoir enfin trouver un rythme que je garde plus de 2 minutes. Un bonheur n’arrivant jamais seul, la température baisse sensiblement (il est 18h). J’ai l’impression de progresser sans efforts entre les arbres, une brise rafraîchissante me glisse sur le visage… enfin, je cours quoi!
Et le moral atteint définitivement le beau fixe lors du troisième ravito. A la différence du 45ème, on y trouve du solide. Je picore de ci de là: saucisson, cacahouettes, banane... Et surtout une soupe qui m’a fait un bien fou. Cette très banale soupe tomate-vermicelles a changé à jamais le regard que le porterai sur les potages!
Je repars gonflé à bloc. Mais sans m’enflammer car je visualise déjà les deux grosses montées qui se profilent, avant et après la traversée de Chaville. Ce n’est pas le moment de griller ses cartouches bêtement; je me contente de marcher doucement, comme tout le monde!
Ces deux difficultés passées, l’obscurité commence sérieusement à tomber. Comme mes voisins, je repousse le moment d’allumer la frontale et passe le long des étangs de Marne la Coquette dans une ambiance de soir estival tombant. Mais l’échéance ne se laisse plus repousser: il faut passer en mode nocturne!
Je suis loin d’être habitué à la course de nuit. Je n’ai en fait de ma vie fait qu’une seule sortie à la frontale: pour l’essayer en préparation du 80 kilomètres! Je découvre vite à quel point j’ai été mal inspiré de choisir le modèle le moins cher. Alors que beaucoup d’autres coureurs projettent un puissant halo, je profite juste d’un petit faisceau qui ne me permet pas bien de voir où je mets les pieds!
Je dois donc bien me concentrer sur mes pas, et j’essaye de faire en sorte de ne pas me retrouver en tête de peloton pour ne pas devoir en plus scruter les balises! Heureusement que je sol est très régulier dans le parc de Saint-Cloud (et plus encore dans Paris).
Bien que je sois au courant du fait que la traversée du parc est assez longue, j’ai du mal à ne pas me laisser abuser par le bénévole qui nous annonce le ravito à 2km (alors qu’il est à 4 en fait!) Il devait être de bonne foi, mais donner de faux espoirs à des meutes de coureurs ayant 65 bornes dans les pattes, c’est presque criminel!
Nous finissons tout de même par atteindre le quatrième et dernier ravito. Superbe vue depuis le belvédère de Saint Cloud sur la capitale. Tout juste terni par le fait qu’on y réalise que la Tour Eiffel est encore bien petite!
C’est pas grave, ça commence à sentir si bon que je m’autorise à envoyer le premier SMS confiant à mes proches. Je picore là aussi, me jette sur l’inoubliable soupe désormais habituelle, et recharge en eau. J’entérine mon divorce des sticks isotoniques en les jetant rageusement dans la poubelle!
Il ne s’agirait pas non plus de se croire déjà arrivé! Heureusement, mon expérience des 30km (en 2012) et des 50 (en 2013) est là pour me mettre en garde. La longue ligne droite le long de la Seine est non seulement moche, mais surtout interminable.
J’encaisse sans trop de problème la première moitié. Soulagé par l’éclairage public, je peux enfin lever en peu la tête et contempler le spectacle mi-comique mi-poétique des colonnes de coureurs avec leur petite loupiotte sur le front…
Mais malgré mes expériences passées, l’illusion d’optique de la Tour Eiffel qui ne semble jamais se rapprocher me déprime. Je refuse de marcher sur du plat. Je résiste encore et encore… avant de finalement craquer à l’entrée de l’Île aux Cygnes. C’est bête, si je l’avais identifiée plus tôt, j’aurais pu serrer les dents encore un peu car j’aurais alors compris que l’arrivée était vraiment proche!
Je débouche de l’île et prends vers Passy. Je constate que les organisateurs ont décidé de nous embêter jusqu’au biyt avec trois séries d’escaliers, le premier d’entre eux, torture suprème, longeant un escalator! Je reste fort (comme tous les voisins) et me paye la montée à pieds, dans les règles de l’art.
Et me voilà enfin au Trocadéro! Cuit, et me méfiant des escaliers que l’organisation pourrait encore nous inventer, je ne prête pas trop attention au joli ballet des jets d’eau. J'enchaîne, concentré. Tiens, voilà trois marches, qu’est-ce que je disais. Je les avale, poursuis, descends les trois suivantes… et me retrouve face à une barrière. L’arrivée était entre les deux séries de marches, je ne l’avais même pas remarquée!
Mais c’est que je l’ai donc fait! 80km en 9h48, nickel! Je savoure…
Et l’heure qui suit n’est que pure euphorie. La joie du travail bien fait, Je retrouve Nicolas, arrivé en 8h50 (et ne vois pas Thomas, qui finit pourtant quasiment dans le même temps en.9h58). Douche chaude, entouré de coureurs raides en ampoulés, mais radieux. Et premier d’une longue série de récit de la course à mon frangin, venu me ramasser pour l’occasion.
Mon Dieu que c’est bon!
cela fait bien 5 ans que je "consomme" silencieusement sur le site conseils-course, sans y contribuer moi même. J'aime bien notamment de temps en temps lire les récits de vos courses...
Alors je me suis décidé à faire de même à la sortie de ce qui est pour moi la plus grande course de ma vie pour l'instant: le 80km de l'écotrail. Après tant de silence, il me fallait du lourd pour quitter ma position d'observateur!
Et j'ai été bien bavard...
Pour planter un peu le décor, après 5 marathons et un 50km, c'est la première fois que je m'élance sur si long. Je me suis préparé en 4 sorties par semaines pendant 4 mois, en adaptant le plan "trail long" (essentiellement, en allongeant les sorties longues. J'ai fait des sorties de 3h pendant un mois en demi, et une longue balade de 47km en 5h30 un gros mois avant la course).
Sans plus attendre, je vous envoie le pavé qu'est ce CR.
Tous les indicateurs sont au vert avant le départ. La semaine précédent l’épreuve n’a amené ni maladie, ni trouble de sommeil des enfants ; pas de soucis pour s’alimenter comme il faut ; aucun problème pour récupérer le dossard ; tout juste un peu de stress à force d’expliquer à mes proches affolés que je risquais fort peu de chose en tentant cette course. La crise cardiaque est peu probable, les loups sont rares en forêt, et on ne peut se perdre trop longtemps sans tomber sur la civilisation.
Je suis d’autant plus serein que j’ai évité pour une fois les insomnies idiotes la veille de l’épreuve. Sentiment étrange, le matin, que d’avoir du temps à tuer avant de se rendre au départ. J’en profite pour vérifier 25 fois que mon sac est bien complet, et regarder attentivement la reconnaissance virtuelle proposée sous google earth. Ça me permet de bien me mettre en tête quelques points de repère majeurs : 10 petits kilomètres pour le tour de lac inaugural ; début des premières difficultés au 15ème ; premier ravito au 25ème, arrivée sur les limites de mes zones d’entrainement au 30ème; passage en diagonale dans la forêt de Clamart, selon un parcours que je ne connais pas, entre 35 et 45 ; ravito eau au 45, mais surtout j’identifie les vrais gros ravitos-rechargement de batterie du 56 et du 68. Je ne m’inquiète pas trop des difficultés entre les deux ; je les connais bien. Et je me mets dans les prunelles la descente de Saint Cloud, et l’interminable ligne droite finale.
Y a plus qu’à. Privilège du Meudonnais, je me paye le luxe de partir de chez mois après 10h du mat pour retrouver mon premier compagnon de galère Thomas (lui aussi débutant sur la distance) à la station de RER. Nous nous rendons tout confort (RER puis navette) sur la ligne de départ, en écoutant les conseils de l’expérimenté voisin de Thomas, lui déjà multi-récidiviste sur les trails longs. Le temps est si beau que nos discussions parfois anxiogènes (les abandons, les ongles qui se détachent, la course qui ne commence vraiment qu’au cinquantième, toutes ces perspectives joyeuses amenées par le « long ») n’arrivent pas à me stresser outre mesure. Bien que, à la réflexion, mes mains tremblent en ajustant mon dossard...
Mon autre compère de misère et d'entraînement, Nicolas, nous rejoint peu avant le départ. Venu par le TER, il est tombé dans une navette dont le conducteur n’avait pas l’air décidé à partir, ce qui a valu un bon pic de stress à ses passagers. Finalement sans conséquence ; ils arrivent avec un quart d’heure d’avance.
Thomas optant pour une stratégie de course différente de la mienne (pour lui 8km/h constant, arrêt minimal aux ravitos ; pour moi un rythme plus élevé, à l’EF, autour de 9.5km/h sur le plat, mais avec de longs arrêts au ravito), je me rends avec Nicolas sur la ligne de départ. Nous, les nouveaux, scrutons les autres participants. Ils ont l’air prêts, mais n’ont pas tous des allures de coureur de trail de montagne super affûtés. Peut-être certains d’entre eux sont-ils de simples humains comme moi ?
Je m’étonne de voir que leurs sacs sont plus légers en moyenne que le mien, qui est lesté de la petite liste suivante : une poche de 2L d’eau, 15 tubes de poudre isotonique, 10 petits barres sucrées, 3 grosses salées, chaussettes de rechange, gobelet pliant, frontale, balise GPS, et téléphone portable. J’ai peut-être un peu abusé, mais je ne vois pas comme j’aurais pu réduire de beaucoup la charge – sauf à s’appuyer beaucoup sur la nourriture des ravitos. Mais est-ce sage, quand on ne sait pas trop à l’avance ce qu’on va y trouver ?
L’impression de sac trop chargé est aggravée par le fait que j’ai dû, au dernier moment, y attacher mon coupe-vent. N’ayant pas fait une seule de mes sorties longues en T-shirt (sans l’avoir regretté une seule fois), je n’ai même pas envisagé de partir habillé autrement. Mais je dois à me rendre à l’évidence : il fait super bon, et rares sont les partants à s’élancer en manches longues. Craignant la fraicheur du soir, je décide de ne pas abandonner ma protection et l’attache à mon sac. Avec le recul, ce compromis sera le bon.
Et le départ est donné. Comme il est normal pour une course de cette taille (2000 inscrits tout de même, finalement un peu moins de 1600 partants), nous nous trouvons dans une petite marée humaine. Nicolas a des fourmis dans les jambes et part en slalom dès le premier kilomètre (probablement échaudé par le 50km de l’an dernier passé pour une bonne part dans le trafic). Je reste plus prudent, et me force à me caler à un rythme calme (9-9.5) en contrôlant mon cardio. Là aussi, ce choix est le bon : Nicolas finira 1h avant moi, j’aurais de toute façon dû lâcher tôt ou tard, après avoir probablement trop entamé mes réserves.
Malgré mes efforts de contrôle, mon cardio est un petit peu trop haut (autour de 150) alors que mon rythme est assez faible. Je mets ça sur le compte de l’émotion du jour J, reste calé à ce rythme et ne stresse pas outre mesure. Une sérénité sûrement due à l’ambiance détendue qui règne dans cette première boucle autour du lac éclairé par le soleil printanier.
Nous débouchons sur une zone plus urbaine, où je lutte contre mes réflexes de marathonien déterminé à ne pas perdre la moindre seconde, et m’arrête deux fois pour enlever un gravillon glissé dans la chaussure. Qui sait, ces petites pauses m’ont peut-être évité l’ampoule fatale !
Ce tour de chauffe effectué (un petit 15km quand même !), et le peloton quelque peu étalé, nous rentrons pour de bon dans la forêt dont nous ne sortirons que 55km plus loin. Des chiffres auquel un débutant comme moi doit essayer de ne pas trop penser...
Même si on est loin des pentes qui nous attendent 10km plus loin, nous rencontrons nos premières montées le long de la Bièvre. Je commence à réaliser que ma politique de « marche dans les montées importantes, course rapide en déroulant dans les descentes, mais course tranquille partout ailleurs » n’est pas universelle. Nombreux entament la marche à la moindre des petites montées, la maintiennent bien après le sommet, et contrôlent beaucoup plus en descente. Je me demande si mon approche est la bonne, mais je suis tellement remonté que je ne peux me résoudre à aller beaucoup plus lentement. Heureusement, l’histoire montrera que ça va tenir.
Après avoir traversé Buc, j’atteins, en bas d’un joli escalier descendant, le premier ravito. Là aussi une nouvelle expérience : un ravitaillement où on ne se contente pas de passer en trombe en arrachant une bouteille d’eau, où il est tout à fait admissible de prendre quelques minutes pour se retaper !
Je me dirige vers le point d’eau, pour faire en bon élève ma tambouille avec les sticks isotoniques. S’il ne semble pas qu’il y ait de lignes directrices indiscutées sur l’alimentation en trail long, il y a consensus sur le fait que l’eau seule ne suffit pas ; elle doit être enrichie par ce genre de sticks ou de poudre. Je suis heureux de constater que ma petite cuisine n’est pas gênée par des mains trop tremblantes, et peux me remettre en route après 7 minutes d’arrêt sans dégât sérieux. J’ai juste réussi à m’asperger un pied d’eau en ouvrant trop brusquement le robinet, mais vu le soleil environnant, l’incident est oublié en deux minutes. Ça aurait peut-être été une autre histoire par 10 degrés de moins.
Je reprends la route. C’est avec bonheur que je vois que nous rejoignons les confins de mes parcours d'entraînement, entre Buc et Jouy. Ce que je ne réalise pas immédiatement, c’est que nous attaquons aussi la portion la plus difficile du parcours. Les 25 kilomètres qui suivent vont être les plus durs.
Pour l’instant, je suis juste ravi de retrouver un terrain que je connais très bien. Je ne fais pas de zèle dans les montées majeures qui se présentent. Dans mon esprit, si je cesse de doubler des dizaines de participants en y marchant rapidement, c’est parce que je respecte ces longues montées bien connues. Mais en fait, c’est aussi parce que je commence à être entamé…
Je ne le réalise pas dans les 10 kilomètres qui suivent, tout à ma joie notamment de dérouler dans le long faux plat descendant qui serpente dans le bois du pont Colbert. Mais dès que je quitte mon chemin habituel à l’entrée du bois de Clamart, je me rends à l’évidence: tout ne va pas si bien.
C’est probablement classique, mais mon moral souffre, à mi-parcours, de constater que je suis déjà fatigué, alors qu’il reste tant à faire. Cette angoisse est par ailleurs magnifiée par la chaleur. Je la ressens particulièrement dans les montées où, du fait que j’y marche assez lentement, elle n’est plus tempérée par la petite brise qui rafraîchit le coureur. Et évidemment, on ne peut pas trop compter en cette saison sur les feuilles des arbres pour nous protéger!
En outre, mes partenaires de jeu sont, en moyenne, bien plus atteints que moi. Ils sont majoritaires à marcher dans les montées, dans les faux plats montants… mais aussi sur le plat! Il arrive ainsi, même sur des portions plates, que j’ai 10 marcheurs devant, 10 marcheurs derrière… et que je doive donc me faire violence pour continuer à courir!
Et le tracer m’a bien piégé. Quand je passe en footing à Clamart, je joins les mêmes lieux mais par un chemin bien différent. Cette portion, que j’avais mentalement étiquetée comme assez facile, est en fait l’une des plus difficiles du parcours.
Malgré tout, même si l’hypothèse d’un abandon futur m’a traversé l’esprit autour du 35ème, l’idée me passe bien plus vite que le coup de fatigue. Même alors que je suis le plus mal, vers le 45ème, je suis convaincu que je finirai, bon an mal an.
C’est à ce moment, blanc comme un ligne et pétri de doutes, que je croise la femme de mon partenaire Thomas. Quelle impression ai-je dû lui laisser!
Dans ces conditions, le ravito du 45ème est plus que le bienvenu. La vue depuis l’orphelinat y est si belle qu’on pardonne presque les trois séries de marche qui y mènent! Je me recharge en eau, et décide de ne pas y adjoindre les sticks isotoniques tant le goût un peu sucré qu’ils donnent à l’eau m’est devenu insupportable. Je comprends bien mieux l’utilité des sacs à double poche d’eau!
Ce deuxième ravitallement marque ma renaissance. Grâce à la petite pause qu’il permet, mais surtout parce que j’enchaine avec 5 kilomètres à peu près plat à l’Observatoire de Meudon et dans la forêt.
Ce n’est pas tant l’absence de montées qui me soulage, que le fait de pouvoir enfin trouver un rythme que je garde plus de 2 minutes. Un bonheur n’arrivant jamais seul, la température baisse sensiblement (il est 18h). J’ai l’impression de progresser sans efforts entre les arbres, une brise rafraîchissante me glisse sur le visage… enfin, je cours quoi!
Et le moral atteint définitivement le beau fixe lors du troisième ravito. A la différence du 45ème, on y trouve du solide. Je picore de ci de là: saucisson, cacahouettes, banane... Et surtout une soupe qui m’a fait un bien fou. Cette très banale soupe tomate-vermicelles a changé à jamais le regard que le porterai sur les potages!
Je repars gonflé à bloc. Mais sans m’enflammer car je visualise déjà les deux grosses montées qui se profilent, avant et après la traversée de Chaville. Ce n’est pas le moment de griller ses cartouches bêtement; je me contente de marcher doucement, comme tout le monde!
Ces deux difficultés passées, l’obscurité commence sérieusement à tomber. Comme mes voisins, je repousse le moment d’allumer la frontale et passe le long des étangs de Marne la Coquette dans une ambiance de soir estival tombant. Mais l’échéance ne se laisse plus repousser: il faut passer en mode nocturne!
Je suis loin d’être habitué à la course de nuit. Je n’ai en fait de ma vie fait qu’une seule sortie à la frontale: pour l’essayer en préparation du 80 kilomètres! Je découvre vite à quel point j’ai été mal inspiré de choisir le modèle le moins cher. Alors que beaucoup d’autres coureurs projettent un puissant halo, je profite juste d’un petit faisceau qui ne me permet pas bien de voir où je mets les pieds!
Je dois donc bien me concentrer sur mes pas, et j’essaye de faire en sorte de ne pas me retrouver en tête de peloton pour ne pas devoir en plus scruter les balises! Heureusement que je sol est très régulier dans le parc de Saint-Cloud (et plus encore dans Paris).
Bien que je sois au courant du fait que la traversée du parc est assez longue, j’ai du mal à ne pas me laisser abuser par le bénévole qui nous annonce le ravito à 2km (alors qu’il est à 4 en fait!) Il devait être de bonne foi, mais donner de faux espoirs à des meutes de coureurs ayant 65 bornes dans les pattes, c’est presque criminel!
Nous finissons tout de même par atteindre le quatrième et dernier ravito. Superbe vue depuis le belvédère de Saint Cloud sur la capitale. Tout juste terni par le fait qu’on y réalise que la Tour Eiffel est encore bien petite!
C’est pas grave, ça commence à sentir si bon que je m’autorise à envoyer le premier SMS confiant à mes proches. Je picore là aussi, me jette sur l’inoubliable soupe désormais habituelle, et recharge en eau. J’entérine mon divorce des sticks isotoniques en les jetant rageusement dans la poubelle!
Il ne s’agirait pas non plus de se croire déjà arrivé! Heureusement, mon expérience des 30km (en 2012) et des 50 (en 2013) est là pour me mettre en garde. La longue ligne droite le long de la Seine est non seulement moche, mais surtout interminable.
J’encaisse sans trop de problème la première moitié. Soulagé par l’éclairage public, je peux enfin lever en peu la tête et contempler le spectacle mi-comique mi-poétique des colonnes de coureurs avec leur petite loupiotte sur le front…
Mais malgré mes expériences passées, l’illusion d’optique de la Tour Eiffel qui ne semble jamais se rapprocher me déprime. Je refuse de marcher sur du plat. Je résiste encore et encore… avant de finalement craquer à l’entrée de l’Île aux Cygnes. C’est bête, si je l’avais identifiée plus tôt, j’aurais pu serrer les dents encore un peu car j’aurais alors compris que l’arrivée était vraiment proche!
Je débouche de l’île et prends vers Passy. Je constate que les organisateurs ont décidé de nous embêter jusqu’au biyt avec trois séries d’escaliers, le premier d’entre eux, torture suprème, longeant un escalator! Je reste fort (comme tous les voisins) et me paye la montée à pieds, dans les règles de l’art.
Et me voilà enfin au Trocadéro! Cuit, et me méfiant des escaliers que l’organisation pourrait encore nous inventer, je ne prête pas trop attention au joli ballet des jets d’eau. J'enchaîne, concentré. Tiens, voilà trois marches, qu’est-ce que je disais. Je les avale, poursuis, descends les trois suivantes… et me retrouve face à une barrière. L’arrivée était entre les deux séries de marches, je ne l’avais même pas remarquée!
Mais c’est que je l’ai donc fait! 80km en 9h48, nickel! Je savoure…
Et l’heure qui suit n’est que pure euphorie. La joie du travail bien fait, Je retrouve Nicolas, arrivé en 8h50 (et ne vois pas Thomas, qui finit pourtant quasiment dans le même temps en.9h58). Douche chaude, entouré de coureurs raides en ampoulés, mais radieux. Et premier d’une longue série de récit de la course à mon frangin, venu me ramasser pour l’occasion.
Mon Dieu que c’est bon!
Last Edit:il y a 10 ans 7 mois
par ZeVinci
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Dernière édition: il y a 10 ans 7 mois par ZeVinci. Raison: Ajout de photo
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Réponse de Hadrien35 sur le sujet Re: CR de l'ecotrail 80 km 2014
Posted il y a 10 ans 7 mois #304412
Super CR,
ça fait du bien de te lire
Tu as fait fort pour une première expérience partagée avec nous!
Un grand bravo pour ta course, ta gestion de course aussi car tu réussi à dérouler jusqu'à quelques centaines de mètres de l'arrivée, si on zappe le petit passage à vide au 45!
Bonne récup, super photos aussi,
et à très vite sur le forum pour un nouveau CR?
ça fait du bien de te lire
Tu as fait fort pour une première expérience partagée avec nous!
Un grand bravo pour ta course, ta gestion de course aussi car tu réussi à dérouler jusqu'à quelques centaines de mètres de l'arrivée, si on zappe le petit passage à vide au 45!
Bonne récup, super photos aussi,
et à très vite sur le forum pour un nouveau CR?
par Hadrien35
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- chris55
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Bonsoir Vincent
Pour un 1er post tu nous sors du lourd , ecotrail de 80km
Felicitation pour ta course et la gestion de celle ci
De ton chrono , qui n'est pas rien , courir presque 10 h c'est Hallucinant
Je suis admiratif quand je vois ce genre de course
MERCI pour ce Compte Rendu imagé
En esperant te voir plus souvent sur le forum
Pour un 1er post tu nous sors du lourd , ecotrail de 80km
Felicitation pour ta course et la gestion de celle ci
De ton chrono , qui n'est pas rien , courir presque 10 h c'est Hallucinant
Je suis admiratif quand je vois ce genre de course
MERCI pour ce Compte Rendu imagé
En esperant te voir plus souvent sur le forum
par chris55
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- Patrick57
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Réponse de Patrick57 sur le sujet Re: CR de l'ecotrail 80 km 2014
Posted il y a 10 ans 7 mois #304518
Et ben dis-donc, pour une première ici tu n'y es pas allé de mains mortes !!
Bravo pour ce superbe chrono et ta gestion intelligente de course !
Tu vises encore plus haut pour ton prochain trail ?
Et aussi merci pour ce très joli CR !
Bonne récup (ou fin de récup) !
Bravo pour ce superbe chrono et ta gestion intelligente de course !
Tu vises encore plus haut pour ton prochain trail ?
Et aussi merci pour ce très joli CR !
Bonne récup (ou fin de récup) !
par Patrick57
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- ZeVinci
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Et bien merci messieurs de vos retours!
Et pour vous répondre quand aux prochains objectifs, je suis en pleine réflexion. Mais une chose est sure, ce ne sera pas plus long tout de suite!
je joue un peu avec l'idée de m'aligner sur la Saintelyon, mais je pense que je vais remettre ça à 2015. Une autre hypothèse serait un 100 bornes, mais plat.
Pour l'instant, je penche pour un scénario moins lourd. Je me dirige vers un petit "trail" de montagne pour sentir ce qu'est un trail plus pentu, et un marathon où j'aimerais approcher les 3h30. Mais rien n'est sûr!
A un de ces quatre!
Et pour vous répondre quand aux prochains objectifs, je suis en pleine réflexion. Mais une chose est sure, ce ne sera pas plus long tout de suite!
je joue un peu avec l'idée de m'aligner sur la Saintelyon, mais je pense que je vais remettre ça à 2015. Une autre hypothèse serait un 100 bornes, mais plat.
Pour l'instant, je penche pour un scénario moins lourd. Je me dirige vers un petit "trail" de montagne pour sentir ce qu'est un trail plus pentu, et un marathon où j'aimerais approcher les 3h30. Mais rien n'est sûr!
A un de ces quatre!
par ZeVinci
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Joli que de finir ce 80km ! J'en reste encore impressionné quand je vois la fatigue que m'a amené le 30km!
Simplement Bravo à toi, beau récit!
Plus qu'une passion, une addiction - www.running-addict.fr
Simplement Bravo à toi, beau récit!
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