MIB 2013...jusqu'à la déraison...

Voici le récit de ce millésime 2013 du marathon du beaujolais que j'affectionne tant (en même je n'ai jamis fait que celui-là )...

Après un beau début de saison en trail court (25-30 km) et quelques belles prestations, je me suis lancé cet été sur le trail du galibier où j'ai mangé grave (n'est ce pas Robin ?!!!). Dans la voiture, moi qui ne devait pas faire le marathon, je lance "je me rattrape sur le beaujolais !!! Mon orgueil en a pris un coup, je suis vexé et je veux finir l'année fort !!!

A la rentrée septembre je courotte, mais je suis dans un super état d'esprit : bientôt papa d'une petite fille, je suis gonflé à bloc, même si j'ai quelques souvenirs que les nuits vont être raccourcies et que le stress va nous envahir ...

15 septembre : La naissance : le bonheur total !!! autant dire que je courotte plus beaucoup...

22 septembre : je fais une belle sortie avec Robin, je suis bien et je me dis que la préparation du beaujolais, c'est maintenant et à fond !!!

27 septembre : nous passons à deux doigts (voire moins) du drame avec la petite...grands moments de détresse...tout est remis en cause, le marathon est oublié, le quotidien est difficile à gérer, à supporter...

8 octobre : congé paternité + vacances scolaires : du temps pour se poser, reprendre confiance tous ensemble, et recourir un peu surtout pour la tête...

Le temps passe, le temps fait son effet, et la vie est plus forte que tout, on sort la tête de l'eau...

Les jours passent, les sourires reviennent, l'ambiance se détend, notre cocon familial est toujours aussi soudé, on est 4, c'est le plus important, et moi je reprends goût à me faire mal.....d'ailleurs je recherche ce mal en courant, je me mets minable sur certaines sorties, mais je me sens mieux !!!

Fin octobre l'idée du marathon germe dans ma tête....mais je trouve que les choses vont trop vite....je ne veux rien précipiter,....trop d'appréhension encore...

Toutefois, j'en parle, ma femme m'incite à m'y inscrire......j'ai l'impression qu'on doit y vivre qque chose......je prends un dossard.....

Le temps file, je n'ai pas beaucoup couru, je m'enfile qques sorties longues, mais c'est......long ... pas grave, je me promets de donner tout ce que j'ai à donner.....

23 novembre : LE JOUR J
Réveil vers 7h, j'ai bien dormi, bon signe, je suis super détendu, mes parents sont là, je me suis conditionné à ce que ce soit un jour hors norme, alors allons-y...

9h50, on est au café devant le départ avec mon père, qui pudiquement m'encourage, j'ai le coeur gonflé à bloc. Il ressent que cette course est très symbolique pour moi, pas besoin de se parler pour cetaines choses...

Un court échauffement, et je suis dans le sas de départ 3' avant le top...

3,2.1, GO, ça y est le marathon est lancé, j'y suis, c'est bon, je suis très heureux à ce moment...

Le 1ers km vont très vite, passage au km 5 en moins de 19', j'ai des jambes de feu ce matin, tout roule...

Les groupes se font, je suis avec un gars qui a fait 2h48 à Montpellier, il vise 2h50 l bougre, je reste avec lui.....ou plutôt il reste avec moi, je ne lui laisse même pas le relai, je suis bien, je veux faire ma course !!!

Passage au km 10 en 39'20, en avance, c'est clair, mais je me sens en footing. Je le dis à mon acolyte qui lâche prise 2 km plus loin.....je ne l'attends pas, désolé, mais aujourd'hui, c'est pour Moi ! Je reprends plusieurs coureurs, et dois être 25ème au km 17 en bas dune redoutable côte que je passe en incitant les spectateurs à faire un peu de bruit !!!

Le semi se profile, je suis seul sur la route, avec un groupe d'une dizaine de coureurs à portée de fusil, je suis confiant, je vais vous revoir...

Passage au semi, je regarde ma montre 1h23'40''......un peu vite non ? tant pis, pas de demi mesure aujourd'hui...

Je suis du village, beaucoup de monde m'encourage, je suis frais, j'en profite pour faire qques pas, dire à ma famille que je suis bien et qu'on se retrouve très vite à Villefranche...qques sourires et c'est reparti.....mais les km vont se faire plus pesant....je suis toujours dans l'allure, allez Fifi, la tête, c'est dans la tête...

Pour l'instant tout va...je suis en moins de 4'/km et on est au 26ème, les jambes tournent, le moral est bon, ça sent bon...

km27, une douleur apparait d'un coup dans la hanche droite, une pointe, un coup de couteau, ouille, ça craint, je suis attaqué là !!!
Je dois tirer sur ma jambes droites pour courir et à 15 km/h, les mouvements se répètent trop vite...

Je baisse un peu l'allure, mais je passe au km 30 en 2h00 tout pile...bientôt l'escale et ses encouragements, Robin en tête...J'entre dans le stade, où es-tu Robin ? aide moi à avancer... je le vois, il m'accompagne sur qques mètres, me dis que je suis bien ... que certains sont prenables, mais il n'est pas dupe....mon visage s'est transformé en qques km, c'est le masque de la souffrance qui fait surface, le teint gris, le regard éteint je traverse le stade en recoonaissant ques visages...je m'enfonce dans les flammes du beaujolais, mais je n'ai pas peur, je ne lâcherai pas, jamais....

Km 32 : 3 km très très dur m'attendent, ça monte, j'ai l'impression d'être à l'arrêt, je sais que c'est cette partie qui fait la différence sur ce parcours, je serre les dents, j'ai mal aux cuisses....la douleur est toujours relative, je pense à ma fille, mon fils, ma femme, j'ai envie de pleurer, alors je m'arrache, c'est mon combat, même si je perds, je dois me battre le plus loin possible; je voulais en arriver à ce moment, c'est mon moment !!!

Les km sont longs, j'étais 18ème au km 30, je pers deux places dans cette côte, je suis 20èmme, comme depuis deux ans, ça me colle à la peau cette place !!!

Allez, bientôt le sommet,(enfin c'est l'éverest, mais à ce moment ça y ressemble pour moi).

Je bascule, mais le plat me semble toujours montant, ça descend pourtant !!

J'eesaie de calculer, mais mon cerveau est presque HS lui aussi, alors garde tes forces et cours....

Je sens la fin approcher, je n'en peux plus, en même temps je prend du plaisir, j'ai attendu ce moment, je veux profiter de cette souffrance, je deviens fou !!!

Plus que trois bornes, c'est rien, vas-y fonce......mais j'y voisplus rien, si ce n'est gris....je ne reconnais même plus les rues de villefranche, je croyais être arrivé en sortant d'un lycée, mais y en a un deuxième, je plane complet...

Km 41, km 42, des marches (au ralenti) km42,1 je prends la main de mon fils, on franchit la ligne ensemble. Juste pour ce bonheur, j'aurais été capable de souffrir bien plus longtemps !!!
km 42,195 ,c'est, je continue à courir, je pense la ligne plus loin, on m'arrête, stop , stop Philippe, c'est fini, Bravo, bravo................................................je m'assois, m'allonge et reste allongé...............les secouristes arrivent, mon fils est récupéré (ouf !) . "Attendez, je me relève........mais non, je ne peux plus......je suis coincé allongé par terre sans plus pouvoir bouger après avoir couru 42 km......ils m'emmènent au local secouriste......hypotension (normal), hypoglycémie (normal aussi, j'ai grave la dalle les gars !!!) hypothermie (ah ouais quand même !!)

Je reste allogé env 45', pas moyen de me relever...
Je me réchauffe, me rhabille et je peux rejoindre ma famille. Ma hanche m'empêche de marcher, j'ai mal de partout, mais quel bonheur !!
Mon père a eu les larmes aux yeux à l'arrivée en tombant dans les bras de ma femme, quel cadeau, ça vaut des milliers de victoires !

J'apprends que j'ai couru en 2h55'36'', je savais que j'avais battu mon record, j'en suis fier et content, mais le plus important restera le combat que j'ai mené jusqu'au bout de mes forces. Je me l'était promis, je l'ai fait sans tricher face à la douleur !

Maintenant place à un peu de repos, car j'en ai besoin...
Je vous ai livré mon récit en vrac, dans le même état que j'étais à l'arrivée...

pfouuuu
je comprends mieux maintenant ton état d'esprit d'il y a quelques semaines
Battre ton record en n'étant pas aussi bien préparé que les dernières fois (quoique) montre combien le mental est important
bravo

1 seul mot : FRISSON .

Quel beau récit fifi.
ça m'a pris aux tripes et on sent là qu'il s'est passé un truc de fou... c'est vraiment beau ce que tu as fait et je pense sincèrement que ça vaut davantage qu'un record... ça te marque l'homme au delà de toutes communes mesures.

Encore un grand bravo à toi.


PS : j'ai hâte de te rencontrer pour de vrai et de partager un moment avec toi... que cela soit sur le marathon ou à côté.

Au plaisir.

Obliger de mettre les lunettes pour cacher l'émotion lu dans ce récit !
Un GRAND Bravooo a toi sincèrement pour ta course , ton mental , ton récit et ta force de caractère
Prends soin de toi et bon repos maintenant

respect et bravo !