S'équiper pour la course à pied

Mon Marseille-Cassis 2013

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Mon Marseille-Cassis 2013 a été créé par Aquila

Posted il y a 11 ans 2 semaines #277499
Prélude

Ce dimanche 27 octobre, j'ai couru ma première "classique", que j'avais en point de mire depuis le début de mon entrainement "sérieux" en août 2012. Grosso modo 15000 partants, c'est de très loin inédit pour moi, puisque ma course la plus fréquentée devait en réunir 1300... Mon objectif du jour est fixé à 1h50. C'est ambitieux mais réalisable si certaines conditions sont réunies, mais nous y reviendrons.
Voici le profil de la course pour mémoire:
i57.servimg.com/u/f57/15/81/43/62/sortir10.jpg

Attente, papotage et météo

Debout à 5h30 du matin pour mon traditionnel petit déjeuner pré-course: pain complet maison grillé agrémenté de confiture, et un demi-litre de boisson de l'effort. Voyage en voiture sans histoire jusqu'à Marseille où je récupère un copain, trajet en métro jusqu'au site du départ, dépôt de nos affaires en consigne, et arrivée à proximité de la ligne de départ à 8h. C'est parti pour une longue heure et demie d'attente, mais c'est le prix à payer pour partir pas trop loin de la ligne. J'ai fait ce choix car je ne suis pas fana de la course dans une foule compacte. C'est l'occasion de papoter avec les gens qui m'entourent en vidant 1 litre d'Hépar, et on ne voit guère passer le temps. Au fur et à mesure que l'heure approche, un constat s'impose: c'est le printemps. Et même plutôt la fin du printemps. A 9h, il fait déjà 20°... Mais il fait également humide...

Départ et délires en cardio majeur

A 9h30, ça part. On commence par un faux plat ascendant, et la pente va s'accroitre progressivement jusqu'au col de la Gineste, où ça va grimper franchement. Sitôt la ligne franchie, je parviens à me caler sur l'allure que j'avais prévue: 5:14. Il y a quand même pas mal de monde et il faut un peu slalomer. Au bout d'1 km, un constat s'impose: il fait vraiment lourd. Coup d'oeil au cardio: ça affiche 92%. Et ça, c'est anormal. Dans les mêmes conditions de pente et d'allure, je suis normalement dans les 85%. Et j'ai depuis deux mois énormément de mal à dépasser 88%. Je décide de ne pas ralentir et de me fier à mes sensations pendant 5 km avant d'aviser. Pour être certain de ne pas faire de bêtises, je saisis chaque occasion de discuter avec un concurrent ou de m'adresser au public fort nombreux pour l'encourager (!) à un peu plus de véhémence. Ainsi, en passant sous la passerelle du Redon, j'y ai mis le feu en leur criant "on vous entend pas!". Ma foi, ça fait tomber un peu la pression et ça garantit que je reste en mesure de respirer correctement. Check cardio au km 5 avant la pâte de fruit et la rasade d'Isomachin: 92% toujours. Je vais bien, la guibole est légère, mais je suis littéralement trempé. Bon, bah au diable le cardio, je courrai aux sensations.

La bébête qui monte...
Entre les km 6 et 7, la montée s'accentue et on attaque le col de la Gineste, le vif du sujet, le nœud du problème. Le plan: gérer la montée pour arriver entier au sommet, grosso merdo au km 9,5. Car c'est là que la course commence. Je raccourcis la foulée et monte au train, comme lors d'un entraînement de côte longue, en soignant ma respiration et ma posture. Ca se passe plutôt pas mal mais je trouve que ça n'avance guère. Au plus fort de la côte, je suis à 9 km/h. Je me traîne. Si j'accélère, je vais dans le rouge. Le cardio s'est vaguement calmé, dans les 90%, mais il est globalement incohérent par rapport aux sensations. C'est le terrain qui tranche, je me fie encore et toujours aux sensations. A ce moment-là, je sens que les 1h50 vont être dures à aller chercher.

...et qui redescend

Je fais la bascule au sommet de la Gineste et attaque le plateau, où je je bois un coup fissa au ravito pour pousser une pâte de fruit et franchis le km 10 en 1:00:29h. Inutile de préciser que je ne suis pas ravi, mais ce qui est fait est fait, passons à la suite. Première descente, je déroule et tâche d'aller chercher un rythme de croisière de 4:40, pour voir. Et là, check cardio: c'est dingue, 94% en déroulant en descente... Bref, c'est pas son jour, m'en fous. La mauvaise nouvelle, c'est que pour une fois, il est à peu près cohérent avec mes sensations: si je veux en garder sous le pied pour les 3 derniers km, avec la côte des pompiers et l'ultime descente, je vais devoir réduire un peu la cadence en descente.

C'est la crise mais les ménages ont le moral

Un peu avant le km 11, c'est plat. Je veux me caler à une allure qui me mette juste sous la zone rouge. Coup d'oeil à la montre: ça nous fait du 5:20. Bon, bah c'est écrit: c'est pas mon jour. Rien ne va mal, je n'ai mal nulle part, le souffle est là, la hargne aussi, mais mon moteur a perdu 20 CV entre hier et aujourd'hui. Néanmoins, l'allure moyenne, affichée en haut à gauche du cadran de ma montre, décroit petit à petit. Bon, voilà un truc qui va bien. On va se concentrer là-dessus... Tiens, ça regrimpe un peu au km 12. On va faire mumuse avec le cardio... Tu veux grimper mon salaud? Tu vas grimper. :evil: Je maintiens 5:15, au diable la gestion, je voudrais m'amuser un peu, siouplait! B) Héhéhé! 95% à 5:10, ça doit nous faire 100% à 5:00, non? Oups, perdu. 98%. Séance VMA faite, sommet de côte atteint, c'est parti pour la bascule. Descente du km 12 à 4:40, limite zone rouge, on prend les mêmes et on recommence.

Entracte

Je n'entre pas dans le détail du parcours gondolé qui nous conduit jusqu'aux abords du km 16. Disons juste que j'arrête un peu de faire le xon et tâche de gérer en économie de guerre: on regarde à la dépense, mais dans l'idée de passer la ligne d'arrivée les poches vides. Dès lors que ça ne descend pas, je passe très au-dessus de 5:10 sinon c'est la zone rouge et ça, c'est mauvais signe. Au passage, au km 15, une pâte de fruit est propulsée par ce qui reste d'Isotruc dans la gourde.

Le drame du km 17

Un peu avant le km 16, c'est la descente sur Cassis. Là, baïonnette au canon, on envoie tout. Et on s'amuse. J'adore ça... Malgré mes 20 CV en moins, je reprends régulièrement plein de monde dans les descentes depuis le sommet de la Gineste. Il faut penser à ralentir pour récupérer un peu avant d'attaquer la côte des pompiers. D'ailleurs la voilà. Et là, à ce stade de la course, elle impressionne! Certains veulent profiter de la descente jusqu'au bout, bon sang mais ils vont se casser les jambes en attaquant la montée! :ohmy: D'ailleurs, l'un d'eux, tel un scooter dans les embouteillages, me dépasse par la gauche, se rabat brutalement devant moi pour saisir un intervalle à sa droite, se ravise et repasse à gauche en emportant mon pied gauche avec le sien... Je fais littéralement un salto avant, me reçois sur l'avant bras gauche sur lequel je m'appuie pour finir de tourner sans frapper la tête par terre. Et je me retrouver plat dos, la tête vers Marseille et les pieds vers Cassis. Tout un symbole... Manip réussie. Aujourd'hui, je suis un médiocre grimpeur, un descendeur pas flambant mais un excellent chuteur. Dans ma tête une voix résonne: "que fais-tu couché par terre? Veux-tu qu'on appelle le SAMU social?" Des centaines de pieds me passent à 1mm de la figure et ça me met mal à l'aise, aussi je me relève, aidé par un gentil coureur qui s'est fait engueuler comme un poisson pourri parce qu'il a fait demi-tour pour me secourir. Il invective alors les gueulards en disant "ça vous dérange pas que le mec par terre soit un être humain? Vous craignez que ça vous coûte le podium?". Bonjour l'ambiance... Je le remercie, le rassure et le calme, car il est vraiment en pétard.

Inventaire des pièces détachées et convoyage jusqu'à la ligne

Je redémarre donc. Mon coude me fait mal et affiche une belle écorchure, mais c'est superficiel. Ma hanche me fait également mal mais l'articulation fonctionne bien. Rien ne me fait mal par ailleurs. Je relance. Et là, vlan! une crampe au mollet droit, brutale, violente. Je me suis crispé en tombant et ça fait son effet. J'entame la côte des pompiers à cloche-pied. Il faut que je reprenne une foulée normale. Pour ça, je dois maîtriser cette crampe. Petit à petit, j'y parviens. Mais passé un certain régime, elle revient. Je franchis la côte des pompiers à 8 km/h... Je fais la bascule comme un vieux et essaie de relancer dans la descente. Et vlan, la crampe revient. Je serre à droite pour ne pas gêner les concurrents autour de moi, qui sont logiquement bien plus rapides mais un peu dans le rouge. Ils ne roulent pas très droit et certains pensent de travers. Bien que je sois collé aux barrières, un mec essaie de me passer par la droite. Ca ne passe pas. Il pousse. Je m'écarte. Et hot, hop, hop, trois autres. Je me remets à droite. Je nage dans un aquarium de poissons fous. Un autre gus tente de passer à droite. Ce coup-ci, je me fâche. Ca fait son effet. Petit à petit, je parviens à dompter cette satanée crampe et réaccélérer un peu. 5:30, puis 5:00. Je franchis la ligne. C'est fini. 01:53:00 à mon chrono, 01:55:17 à l'officiel. 01:52:54 au réel.

Générique de fin
J'arrive la tête vide, le coeur aussi. Aucune émotion. Ces 3 km m'ont vraiment atteint, physiquement et émotionnellement. Je déambule dans le port, je me retrouve sur la plage. J'ai trois bouteilles d'eau dans les bras, je bois, je marche, on me bouscule. Je tourne les talons et me dirige vers les camions vestiaires, qu'on m'a mis en haut d'une côte, encore une... Chemin faisant, je m'arrête au stand de ma boîte où je bois et mange. On se congratule autour de moi. Nous avons deux gars dans le top 50, les deux dans les 1h13. Je suis ravi pour eux. Ce sera ma première émotion, environ 20 min après l'arrivée.

Il m'a fallu 5 jours pour digérer et finalement tirer un bilan positif. Le chrono? J'avais certes un petit regret, mais entre le jour sans, la lourdeur du climat, la chute et ses stigmates, ça faisait beaucoup d'obstacles à vaincre. Et le calvaire des 3 derniers km m'a fait oublier quelque temps la beauté du parcours, le plaisir de courir, la relation magnifique avec ce public génial, celui de Marseille, celui de Cassis, et tous ceux qui, à pied ou à vélo, sont venus sur le parcours, dans la cambrousse, nous encourager. Quant à moi, 43 piges, ancien fumeur et ancien surchargé pondéral, bouclant à peine mon 5ème trimestre de CAP, j'ai pris mon pied sur ce 20 km mythique, je l'ai bouclé sous la barre des 2h et j'ai combattu comme un vieux rat sur ces 3 km de misère pour finir la tête haute. Il faudrait être un sacré salaud pour faire la fine bouche, vous ne croyez pas?

Je referai cette course. Pour prendre ma revanche sur mon jour sans et sur mes 3 bornes calamiteuses. Mais aussi et surtout pour le plaisir! Ca y est, j'ai écrit un pavé... :blush: Merci de m'avoir lu!

[Edit] Ce CR est mon 1000ème message! Alors ça pour un signe !!! :laugh:
Last Edit:il y a 11 ans 2 semaines par Aquila
Dernière édition: il y a 11 ans 2 semaines par Aquila.

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Réponse de Cousto91 sur le sujet Re: Mon Marseille-Cassis 2013

Posted il y a 11 ans 2 semaines #277504
Bonjour,

Quel beau roman que voila. Franchement j'ai adoré ton récit. Dommage pour le croche patte, mais celui là faudrait mettre une affiche "Mort ou Vif"

En tout cas, ton roman donne envie d'y aller ;)
par Cousto91

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Réponse de Aquila sur le sujet Re: Mon Marseille-Cassis 2013

Posted il y a 11 ans 2 semaines #277512
Merci, je suis content que ça te donne envie d'y aller, parce qu'il y a de quoi! B)

Pour le croche-patte, il n'y avait pas d'intention de nuire, et je pense qu'il ne s'est pas rendu compte de ma chute. De l'inexpérience, sans doute pas mal de fatigue à ce stade de la course et donc peu de lucidité, un soupçon de pas-de-bol et le tour est joué. Il n'y a pas de gros bobo, et l'erreur est humaine.
Last Edit:il y a 11 ans 2 semaines par Aquila
Dernière édition: il y a 11 ans 2 semaines par Aquila.

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Réponse de Anne-Marie sur le sujet Re: Mon Marseille-Cassis 2013

Posted il y a 11 ans 2 semaines #277517
Bonjour Jean-Marc!

J'avais dont hâte de lire ton C-R!!!! Je vivais cette course avec toi en lisant, ses hauts et ses bas (dans les 2 sens du terme :laugh: ). Je comprends un peu mieux ce qui s'est passé: les FC, la chute, la crampe, etc. Bref, une course unique et difficile à gérer en partant, à laquelle tu as ajouté (ou t'es fait imposé) de nombreux défis additionnels. Honnêtement, 1h53, avec toutes ces péripéties, ce n'est pas si loin de ton objectif non plus.

Aquila écrit:

Il m'a fallu 5 jours pour digérer et finalement tirer un bilan positif. Le chrono? J'avais certes un petit regret, mais entre le jour sans, la lourdeur du climat, la chute et ses stigmates, ça faisait beaucoup d'obstacles à vaincre. Et le calvaire des 3 derniers km m'a fait oublier quelque temps la beauté du parcours, le plaisir de courir, la relation magnifique avec ce public génial, celui de Marseille, celui de Cassis, et tous ceux qui, à pied ou à vélo, sont venus sur le parcours, dans la cambrousse, nous encourager. Quant à moi, 43 piges, ancien fumeur et ancien surchargé pondéral, bouclant à peine mon 5ème trimestre de CAP, j'ai pris mon pied sur ce 20 km mythique, je l'ai bouclé sous la barre des 2h et j'ai combattu comme un vieux rat sur ces 3 km de misère pour finir la tête haute. Il faudrait être un sacré salaud pour faire la fine bouche, vous ne croyez pas?


Voilà ce que j'espérais lire avec un peu de recul!!!


Simplement : Bravo!
Last Edit:il y a 11 ans 2 semaines par Anne-Marie
Dernière édition: il y a 11 ans 2 semaines par Anne-Marie.

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Réponse de Loriguet sur le sujet Re: Mon Marseille-Cassis 2013

Posted il y a 11 ans 2 semaines #277539
Bravo Aquila pour ce compte rendu.
J'ai bien participé à la même course que toi ;-) . J'ai été plus sage en ce qui concerne la partie cardio, jamais au delà de 90% excepté dans la côte des pompiers. Je voulais être sûr (ou presque) de voir le port de Cassis B) .
L'année prochaine j'essaierais de descendre sous les deux heures, ce sera l'objectif.
Encore bravo pour ta course et pour le récit.
par Loriguet

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Réponse de ketshoo sur le sujet Re: Mon Marseille-Cassis 2013

Posted il y a 11 ans 2 semaines #277582
Mise à part la chute, on a quasi la meme course avec les memes sensations. Pour ma part j'ai eu la chance d'avoir un Beau Lievre sexy ( :P ) dans la cote des pompiers que j'ai monté assez vite finalement en explosant la FC max .

Mais j'ai terminé completement vidé physiquement et mentalement.

Quoiqu'il en soit j'avoue envisager de m'y affronter de nouveau :)
Last Edit:il y a 11 ans 2 semaines par ketshoo
Dernière édition: il y a 11 ans 2 semaines par ketshoo.

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