Grand Raid des Pyrénées

Bonjour à tous,



De retour des Pyrénées où je participais ce week-end à l’objectif majeur de l’année : le Grand Raid des Pyrénées (GRP). J’avais coché en Janvier dernier cette date après avoir eu l’accord de ma compagne : quoi de mieux en effet qu’un ultra-trail en version courte (il y a en effet un 240 et un 160 km en parallèle) avec tout de même 80 km et 5000 m de dénivelée, pour fêter le changement de décade qui interviendra dans quelques jours…. Les règles du jeu (très simples dans ce sport…) : partir de Vielle-Aure (à côté de Saint Lary soulan) samedi 5H, franchir 5 barrières horaires sous peine d’abandon forcé (avec passage de 5 cols dont 2 à plus de 2500m et le pic du midi à près de 2900) et arriver à Vielle-Aure avant dimanche 6H. Autant dire que je ne faisais pas le malin.... D'autant plus que je n'avais jamais fais plus de 50 km en moyenne montagne et plus de 3000m de D+....

La météo annoncée n’est pas fameuse – pluie, brouillard et froid – mais quelque part ce sera toujours mieux que canicule et orage…



Départ donc à 5H du matin de Vielle-Aure dans une ambiance tour de France. Nous sommes 1197 inscrits et 1020 au départ rien que pour cette course. Des centaines et des centaines de spectateurs de tout âge sur les 2 premiers km de goudrons (un peu près 4km de bitume sur tout le parcours) alors qu’il fait nuit, froid et qu’il pleut : impressionnant !

Première grosse montée vers le col du Portet de nuit à la frontale, magnifique. A 7H on sort de la mer de nuage et le soleil se pointe sur le sommet du col : magique. J’arrive à 8H à la première barrière (restaurant Merlans – 14km, 1424m de dénivelé positif D+ et 177m de D-) avec une heure d’avance sur celle-ci (cool) en 799ème position.

Traversée ensuite du massif sauvage du Néouvielle avec ces multiples lacs et refuges de montagnes, j’arrive au sommet du col du Bastanet vers le coup des 9H en sentant l’effet de l’altitude sur les 100 derniers mètres de dénivelé. Puis plongée vers la vallée de Bigorre dans une descente très technique dans du caillou où il faut de la prudence, d’autant plus que l’on est dans le brouillard.

Arrivée à Artigues – seconde barrière horaire- sous la station de la Mongie à 11H30 (29 km 1950m D+ et 1550m D-) en 805ème position. Tout va très bien, le moral est bon : il en faut car maintenant c’est la montée vers le pic du midi avec ces 1700m de dénivelé positif à gravir. Plus de 3H de montée dans un décor par moment magnifique, mais on est malheureusement souvent dans le brouillard. Je monte tranquille, mais certain sont déjà dans le dur…. Il fait de plus en plus froid et j’arrive à la surface d’une mer de nuage au sommet du pic du midi (à la terrasse de l’observatoire) vers 15H (3ème barrière horaire – 2H30 d’avance – 40ème km donc mi-course – 3600 m D+ - 2200 m D-, 737ème). En haut je me pose 10 minutes au soleil, j’appelle ma compagne pour lui dire que tout va bien – je parlerai en fait au répondeur –mon amiee ayant une conversation avec sa maman.... En fait elle n’écoutera même pas mon message…. Tout ça pour ça !!

Le moral est très bon, je sens que j’ai les cannes pour finir si je reste concentré et que je continue à bien m’alimenter. Maintenant c’est pas le tout mais il faut rentrer !! Descente du pic du midi et on bascule sur l’autre versant du Tourmalet vers la station de Barèges dans le brouillard. C’est à partir de maintenant que je fais la connaissance d’un certain Manu qui n’y voit que d’al avec ses lunettes et qui a besoin d’un éclaireur (bref-moi). Je ne le sais pas encore, mais on va passer le reste du temps ensemble… Arrivée à Tournabou dans un semblant de civilisation qui sert de base-vie (notre jargon pour désigner une tente médicalisée où on peut un peu se reposer). J’arrive à 17H dans cette tente (50ème km, 3600 m D+ - 3000 m D-) en 729ème position. Pour moi commence l’inconnu, j’ai jamais fais plus de 50 km, plus de 12H de sport d’endurance…

Montée maintenant vers le col de Barèges dans du caillou et encore du caillou. J’arrive au sommet du col sur le coup des 20H (3H30 d’avance sur les barrières horaires). Puis on rebascule dans le massif de Néouvielle dans une descente très technique dans des cailloux et des racines plus bas en rentrant dans une forêt. Il est 21H, il fait nuit, on sort la frontale et on repart. Il faut maintenant monter le dernier col de la journée : le col de Portet que l’on avait passé tôt le matin….

Il est 22H quand je revois le restaurant Merlans (66ème km, 726ème position, 4860m D+, 3600m D-). 10 minutes de poses pour boire une bonne soupe de vermicelle au milieu de Zombies qui se chambrent. On repart pour 40 minutes d’effort pour finir la montée du col de Portet puis on bascule enfin dans la vallée d’Aure pour les 11 derniers km. On commence par une piste de ski (bleu me dit on), puis un chemin VTT tout pourri, plein de boue glissante due à la pluie et aux passages de nos prédécesseurs, enfin on retombe sur le chemin final emprunté 19H plus tôt mais dans l’autre sens. Tout va bien, je suis toujours capable de trottiner quand les chemins ne sont pas trop techniques. Je reçois un SMS de la part de ma compagne qui m’a suivi presque toute la journée sur internet et qui part se coucher en me félicitant par avance : elle sait que j’irai au bout.

On sort du brouillard la dernière heure et on revoit la civilisation dans la vallée. Il est 0H30 quand j’arrive dans le petit village de Vignec avec pas mal de monde dans la rue. Reste encore 1,5 km de route puis c’est l’arrivée magique, indescriptible, dans une ambiance tour de France dans le village de Vielle-aure, 19H48 de marche et de course, 80ème km, 5000m D+, 5000 D-, 698ème position sur 904 finishers).

En résumé, que du bonheur, une gestion de course absolument parfaite : pas une crampe, ni une ampoule.

Maintenant repos avec des images plein la tête : de loin l’épreuve la plus magique à laquelle j’ai eu l’occasion de participer.

Merci de m’avoir lu,

A bientôt,

Franck.

franck écrit:

... 19H48 de marche et de course, 80ème km, 5000m D+...

Le genre de performance qui me laisse sans voix ! BRAVO !

Seb35 écrit:

Le genre de performance qui me laisse sans voix ! BRAVO !

presque 20h d'effort!!!
BRAVO

Félicitations Franck, non seulement tu as dépassé toutes tes précédents barrières de distance, de temps et de dénivelé mais en plus tu semble avoir fait ce GRP en prenant beaucoup de plaisir. C'est beau pour toi... et ça donne envie !

Encore bravo... Repose-toi bien.

Très jolie gestion de course ! Vu de l’extérieur par quelqu'un qui pratique le trail sur des distances courtes, finir 20h d'effort sans crampes ni ampoules pour une première expérience sur du si long et si vallonné ça semble presque irréel.

Dans ton CR, on ne sent que du positif, pas vraiment de souffrance ni de ras-le-bol sur la fin de course juste le plaisir de la course.

Ce qui est sûr c'est que ça montre qu'avec un bon entrainement la transition vers l'ultra est possible et que ça peut très bien se passer.

Merci pour ce CR qui donnerait presque envie de se lancer dans l'ultra et bravo pour ta course.

Bravo à toi, amis finisher des Pyrénées

C'est un très beau parcours, certes technique et souvent très minéral, mais vraiment magnifique comme tu le dis. Ça vaut le coup de venir y faire un tour
La journée de samedi n'aura pas été finalement si "pourrie" que prévue, tu as pu profiter un peut des alentours non?

Parfaite gestion tu as réussis à bien t'y faire plaisir, et c'est le principale et sans crampes ni ampoules en plus!!!

Bonne récup, prends soins de tes guibolles et encore bravo