Bazas-Langon : A mille trois cent dix près...
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Bazas-Langon : A mille trois cent dix près... a été créé par AtomHeart
Posted il y a 11 ans 8 mois #219303
8 464.
Huit mille quatre cent soixante-quatre.
Pas d’affolement, il doit bien y avoir une explication. Je vais reprendre calmement le fil du début de ma journée pour comprendre comment cela a pu arriver.
En ce soixante-deuxième jour, j’avais donc monté mon réveil à six heures quarante-cinq très précisément. Et comme souvent en ce genre de circonstance, j’avais ouvert les yeux tout seul bien avant que ne débutent les quatorze minutes et dix-huit secondes de cette mélodie que j’aime tant (Dire Straits - Telegraph Road). Tout semblait encore calme dehors et dedans mais je me décidai tout de même à me redresser pour poser un pied au sol. Puis un deuxième. Il devait être six heures dix-sept environ.
Comme dans un réflexe, j’avais ensuite placé machinalement quelques trente-cinq centilitres d’eau dans la bouilloire. L’appel au petit déjeuner du son de l’eau qui crépitait ne parut toutefois n’intéresser que moi et même Ernesto avec son physique de vedette de la télé ne vint pas réclamer la moindre caresse, trop occupé à dormir, tout comme les autres hôtes de la maison.
Une fois infusé le sachet de trois grammes d’un thé noir de bonne facture, je pus savourer ma boisson et déguster deux tartines d’un pain de campagne grillé et beurré.
Je pris ensuite vingt-neuf minutes pour me préparer et m’habiller d’une tenue de circonstance à la hauteur de l’évènement. Trente ans, tout de même , ça n’arrive pas tous les jours ! Il me fallut également choisir très consciencieusement les chaussures les plus adaptées et j’optai finalement pour une paire de deux-cent-quatre-vingt-quinze grammes. Rouges et légères. Particulièrement adaptées pour porter un châssis de cent quatre-vingt-cinq centimètres et soixante-quatorze kilogrammes.
Dehors, un seul et unique degré et un soleil à peine voilé par un léger brouillard, faisaient déjà la promesse d’une journée idéale pour parcourir les vingt-et-un kilomètres et cent mètres séparant symboliquement pour l’occasion les villes de Bazas et de Langon.
Lorsque le moteur de la voiture paternelle eut enfin pris la mesure de la fraîcheur matinale pour atteindre la température idéale de fonctionnement de quatre-vingt dix degrés Celsius, nous pûmes prendre la route et nous rendre à cinq petits kilomètres de là afin de retirer mon dossard. Ce qui, une fois arrivés sur place, au milieu du parc des vergers de Langon récemment réhabilité, fut fait en une poignée de secondes. Trente, peut-être quarante, tout au plus.
Le trajet véhiculé jusqu’à Bazas me permit d’accrocher à mon maillot avec quatre épingles mon dossard numéroté mille zéro zéro quatre.
Puis, une fois arrivé sur place, au milieu de plus de mille partants, je retrouvai rapidement mon pote François – accompagné de toute sa petite famille – et son dossard mille zéro zéro cinq ainsi que Guillaume mon équipier du Team CCAP et son dossard mille zéro zéro six.
Nous échangeâmes nos impressions sur la course et nos préparations respectives (où Guillaume me parle de faire les Templiers !) quand, au fil de la discussion, François, qui était en préparation du Marathon de Nantes (pour information, il a couru son semi à allure marathon en une heure et quarante-six minutes) me dit une chose qui m’apparut comme une révélation divine :
« Moi, j’ai toujours entendu qu’il ne fallait surtout rien modifier à ses habitudes la veille d’une course. C’est pour ça qu’hier soir, j’ai pris l’apéro ! »
Fort de cet adage valant bien tous les plans d’entrainement du monde et me dispensant de tout calcul inutile, c’est ainsi, qu’à cinq minutes du départ, je fis le point sur la stratégie à adopter durant le semi-marathon à venir. Simple : Sachant que je ne m’étais pas du tout entrainé – ou si peu, trois ou quatre sorties tout au plus – que je manquais de ce fait nécessairement d’endurance et de résistance, que je savais aussi que ma fréquence cardiaque serait difficile à tenir, que j’étais également parfaitement conscient de ne pas m’être correctement hydraté ni alimenté les jours précédant la course – j’avais particulièrement bien apprécié la veille les deux verres de Knockando de quinze d’âge ainsi que les succulentes charcuteries dont je me fis des gourmandises lors du diner– et que le tout m’exposait à un risque d’épuisement, de crampes ou de déshydratation prématuré, une seule chose restait à faire. D’une logique implacable. Aucune autre alternative ne semblait envisageable.
Perdu pour perdu, autant aller chercher mon record.
Et tout allait se passer comme je l’avais prédit. Une gestion de course anticipée en tous points.
Entre les sensations exécrables, la fréquence cardiaque incontrôlable, l’allure déclinante, la perte d’énergie et les pics aux mollets dès le douzième kilomètre, rien ne manqua. C’est ainsi que lorsque je l’arrêtai enfin au passage du portique d’arrivée à Langon, mon chronomètre affichait très précisément , quoi qu’en des termes quelques peu différents : huit mille quatre cent soixante-quatre.
8 464.
Exprimée en secondes, la valeur prit enfin tout son sens.*
Et dire qu’à mille trois cent dix près c’était bon.**
*2h21’04’’ en 2013
**1h59’15’’ en 2012
Huit mille quatre cent soixante-quatre.
Pas d’affolement, il doit bien y avoir une explication. Je vais reprendre calmement le fil du début de ma journée pour comprendre comment cela a pu arriver.
En ce soixante-deuxième jour, j’avais donc monté mon réveil à six heures quarante-cinq très précisément. Et comme souvent en ce genre de circonstance, j’avais ouvert les yeux tout seul bien avant que ne débutent les quatorze minutes et dix-huit secondes de cette mélodie que j’aime tant (Dire Straits - Telegraph Road). Tout semblait encore calme dehors et dedans mais je me décidai tout de même à me redresser pour poser un pied au sol. Puis un deuxième. Il devait être six heures dix-sept environ.
Comme dans un réflexe, j’avais ensuite placé machinalement quelques trente-cinq centilitres d’eau dans la bouilloire. L’appel au petit déjeuner du son de l’eau qui crépitait ne parut toutefois n’intéresser que moi et même Ernesto avec son physique de vedette de la télé ne vint pas réclamer la moindre caresse, trop occupé à dormir, tout comme les autres hôtes de la maison.
Une fois infusé le sachet de trois grammes d’un thé noir de bonne facture, je pus savourer ma boisson et déguster deux tartines d’un pain de campagne grillé et beurré.
Je pris ensuite vingt-neuf minutes pour me préparer et m’habiller d’une tenue de circonstance à la hauteur de l’évènement. Trente ans, tout de même , ça n’arrive pas tous les jours ! Il me fallut également choisir très consciencieusement les chaussures les plus adaptées et j’optai finalement pour une paire de deux-cent-quatre-vingt-quinze grammes. Rouges et légères. Particulièrement adaptées pour porter un châssis de cent quatre-vingt-cinq centimètres et soixante-quatorze kilogrammes.
Dehors, un seul et unique degré et un soleil à peine voilé par un léger brouillard, faisaient déjà la promesse d’une journée idéale pour parcourir les vingt-et-un kilomètres et cent mètres séparant symboliquement pour l’occasion les villes de Bazas et de Langon.
Lorsque le moteur de la voiture paternelle eut enfin pris la mesure de la fraîcheur matinale pour atteindre la température idéale de fonctionnement de quatre-vingt dix degrés Celsius, nous pûmes prendre la route et nous rendre à cinq petits kilomètres de là afin de retirer mon dossard. Ce qui, une fois arrivés sur place, au milieu du parc des vergers de Langon récemment réhabilité, fut fait en une poignée de secondes. Trente, peut-être quarante, tout au plus.
Le trajet véhiculé jusqu’à Bazas me permit d’accrocher à mon maillot avec quatre épingles mon dossard numéroté mille zéro zéro quatre.
Puis, une fois arrivé sur place, au milieu de plus de mille partants, je retrouvai rapidement mon pote François – accompagné de toute sa petite famille – et son dossard mille zéro zéro cinq ainsi que Guillaume mon équipier du Team CCAP et son dossard mille zéro zéro six.
Nous échangeâmes nos impressions sur la course et nos préparations respectives (où Guillaume me parle de faire les Templiers !) quand, au fil de la discussion, François, qui était en préparation du Marathon de Nantes (pour information, il a couru son semi à allure marathon en une heure et quarante-six minutes) me dit une chose qui m’apparut comme une révélation divine :
« Moi, j’ai toujours entendu qu’il ne fallait surtout rien modifier à ses habitudes la veille d’une course. C’est pour ça qu’hier soir, j’ai pris l’apéro ! »
Fort de cet adage valant bien tous les plans d’entrainement du monde et me dispensant de tout calcul inutile, c’est ainsi, qu’à cinq minutes du départ, je fis le point sur la stratégie à adopter durant le semi-marathon à venir. Simple : Sachant que je ne m’étais pas du tout entrainé – ou si peu, trois ou quatre sorties tout au plus – que je manquais de ce fait nécessairement d’endurance et de résistance, que je savais aussi que ma fréquence cardiaque serait difficile à tenir, que j’étais également parfaitement conscient de ne pas m’être correctement hydraté ni alimenté les jours précédant la course – j’avais particulièrement bien apprécié la veille les deux verres de Knockando de quinze d’âge ainsi que les succulentes charcuteries dont je me fis des gourmandises lors du diner– et que le tout m’exposait à un risque d’épuisement, de crampes ou de déshydratation prématuré, une seule chose restait à faire. D’une logique implacable. Aucune autre alternative ne semblait envisageable.
Perdu pour perdu, autant aller chercher mon record.
Et tout allait se passer comme je l’avais prédit. Une gestion de course anticipée en tous points.
Entre les sensations exécrables, la fréquence cardiaque incontrôlable, l’allure déclinante, la perte d’énergie et les pics aux mollets dès le douzième kilomètre, rien ne manqua. C’est ainsi que lorsque je l’arrêtai enfin au passage du portique d’arrivée à Langon, mon chronomètre affichait très précisément , quoi qu’en des termes quelques peu différents : huit mille quatre cent soixante-quatre.
8 464.
Exprimée en secondes, la valeur prit enfin tout son sens.*
Et dire qu’à mille trois cent dix près c’était bon.**
*2h21’04’’ en 2013
**1h59’15’’ en 2012
Last Edit:il y a 11 ans 8 mois
par AtomHeart
Dernière édition: il y a 11 ans 8 mois par AtomHeart.
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- Seb35
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Réponse de Seb35 sur le sujet Re: Bazas-Langon : A mille trois cent dix près...
Posted il y a 11 ans 8 mois #219317
Quelle belle plum ce Boris ! Merci !
J'ai vraiment cru que tu l'avais battu ton record ... Bravo quand même !
J'ai vraiment cru que tu l'avais battu ton record ... Bravo quand même !
Last Edit:il y a 11 ans 8 mois
par Seb35
Dernière édition: il y a 11 ans 8 mois par Seb35.
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- CED37
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Réponse de CED37 sur le sujet Re: Bazas-Langon : A mille trois cent dix près...
Posted il y a 11 ans 8 mois #219319
Excellent!
Bonne recup en tout cas.
Bonne recup en tout cas.
par CED37
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- Hisoka88
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Réponse de Hisoka88 sur le sujet Re: Bazas-Langon : A mille trois cent dix près...
Posted il y a 11 ans 8 mois #219330
A défaut d'une bonne performance sur la course, le récit est lui très bon !!!
Bonne récupération et vivement le prochaine récit !
Bonne récupération et vivement le prochaine récit !
par Hisoka88
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- taek78run
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Réponse de taek78run sur le sujet Re: Bazas-Langon : A mille trois cent dix près...
Posted il y a 11 ans 8 mois #219331
J'espère que tu as pris du plaisir lors de ce semi, peut être as tu plus apprécié l'apéro la veille de la course
par taek78run
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- lude33
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Réponse de lude33 sur le sujet Re: Bazas-Langon : A mille trois cent dix près...
Posted il y a 11 ans 8 mois #219338
excellent ce récit !
donc François était en AS42.....bref il a un meilleur niveau que nous
bonne récup
donc François était en AS42.....bref il a un meilleur niveau que nous
bonne récup
Last Edit:il y a 11 ans 8 mois
par lude33
Dernière édition: il y a 11 ans 8 mois par lude33.
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