Dépucelage Marathon : Tout in haut de ch'terril...
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Dépucelage Marathon : Tout in haut de ch'terril... a été créé par Aldo130
Posted il y a 12 ans 6 mois #169383
Bon ben voilà, ça y est, c'est fait!
Après 16 semaines - parfois barbantes - de préparation, j'ai enfin franchi la ligne d'arrivée de mon premier marathon...
La prépa a connu quelques perturbations, notamment à cause d'une grippe carabinée qui a coupé le travail en pleine période de progression. Cet épisode a quelque peu entamé le moral, et les échanges sur le fofo ont permis de recharger les réserves de motivation.
Quelques jours avant la course, je reprend contact avec mon copain de promo Hervé, qui avait couru le 10km de la Route du Louvres l'an dernier, avec Rémi et Book. Cela permet notamment de valider l'emplacement du "village départ" où retirer son dossard. En effet, contrairement à l'an dernier, le retrait des dossard s'effectue au siège du Conseil Régional, mais l'information sur le site internet de l'orga n'est pas très explicite, et le "village" (en fait y'a pas grand'chose à y voir, donc le terme "village" ne semble pas très approprié) n'est pas indiqué à l'extérieur du bâtiment.
Mais bon, on finit par se débrouiller, et je passe la veille de la course retirer mon dossard. Le samedi est ensoleillé, et annonce déjà la météo du lendemain.
J'emmène ensuite mes deux princesses au restaurant (italien, évidemment, faut manger des pâtes...) et l'après-midi est consacrée à un peu de shopping tranquille à Lille.
Depuis trois jours, je suis une cure de gavage glyco au Malto, la bouteille est toujours à portée de main. Mais je suis bien content d'en finir, ça commence à lasser...
Je me couche tôt, la sensation de sommeil est là, mais malgré tout j'éprouve des difficultés à m'endormir. Je ne trouve le sommeil que vers 1h30 du mat'...Les mystères du stress pré-compet'? J'ai pas spécialement l'impression de gamberger pourtant
Le matin, lever vers 7h15. Le matériel a été préparé la veille, le Gatosport aussi. Je n'ai plus qu'à m'habiller et passer à la Boulangerie pour les croissants et au kiosque pour LA VOIX DU NORD. Exceptionnellement, il n'y aura pas de croissant pour moi.
Le petit dej' est avalé tranquillement, et vers 8h30 je prend la route pour Lille. En arrivant sur place, je constate que malgré les annonces faites par l'orga, il n'y a pas (en tout cas c'est très mal indiqué) d'accés à un quelconque parking et après quelques minutes, je finit par me garer "à la sauvage" près des bâtiments de la Communauté Urbaine de Lille, où sont situés Vestiaires et consignes.
Je pars aussitôt me mettre en tenue, récupère le -magnifique- sac consigne, et passe aux toilettes. J'ai auparavant essayé de joindre Hervé pour le prévenir de mon arrivée, et c'est pile-poil pendant ma vidange qu'il décide enfin de me rappeler Heureusement, j'ai du métier, et je gère sans souci. On se retrouve au niveau de la Gare Lille-Europe, puis descendons vers EURALILLE où est située la zone de départ. Je passe un coup de fil à Book pou qu'on se retrouve, mais pas de bol, je bascule sur messagerie...Tant pis je laisse un message, on se retrouvera bien à un moment ou un autre.
Il reste un petit quart d'heure avant le départ. Je papote avec Hervé, sans ressentir une quelconque appréhension. Le temps est frais, pourtant le poncho/sac poubelle n'est pas nécessaire. Tant mieux, j'ai eu la flemme de le mettre.
Aprè passage d'une procession carnavalesque brésilienne sponsorisée par une marque de pare-chocs inconnue mais ma foi fort agréable à regarder , le coup de pistolet retentit. Je trotte un peu avec Véver quelques temps puis lui souhaite bonne chance et le laisse filer. J'allais pas le retenir, lui qui vise les 3h30.
Le départ est un peu confus : j passe la ligne sans trop m'en rendre compte, absorbé par la mise en route de mon lecteur MP3. Le problème rêglé, je percute enfin qu'il faut que je déclenche mon cardio. Bref, je cours mon premier marathon
Le temps est beau et frais, et je me cale après quelques tatonnements sur une allure confortable, en maintenant ma FC autour des 80%FCM. Je me fais un peu doubler durant la traversée de Lille, mais ça cesse assez rapidement lorsqu'on aborde le rond-point au bas du boulevard Montebello.
Peu de monde sur le début du parcours, il faut attendre de traverser les patelins de la banlieue lilloise pour retrouver un peu de public. C'est sympa, les gens t'encouragent en lisant ton prénom, les gamins te tapent dans les mains.
Régulièrement, au passage de certains groupes, lorsque je les entend crier "Allez Sébastien", je leur répond "Plus fort, j'entend rien!", en leur montrant les écouteurs fichés dans mes oreilles. Rigolo, ça fait du bien de faire sa star...
J'ai du mal à suivre la progression du parcours. Je n'ai pas trop de repères, et je traverse les patelins sans vraiment savoir comment il s'appelle. Je suis dans ma bulle.
S'ensuit l'arrivée sur les bords de la Deûle pour une première portion au bords de l'eau. J'avais auparavant cru comprendre que c'était pas terrible, je révise mon jugement su place : en fait le coin est assez joli, mais c'est vrai qu'au final ça devient monotone...
Les ravitos sont répartis tous les 2,5 km. Jusqu'au semi, je ralentis tous les 5 km pour prendre un gel et boire un gobelet d'eau, puis reprend ma course. Le rythme est en dessous de l'objectif (4h30 officieux, l'objectif officiel étant de finir...) j suis sur une allure de 6'41/km pour une FC moyenne stabilisée à 148-79%. Je suis content, j'ai de bonnes sensations, et j'ai l'impression de gérer prudemment ma course. Je suis confiant...
Passage au ravito des 20 km, je passe un coup de fil à Madame pour lui donner des nouvelles. Tout va bien, je lui donne RDV deux heures plus tard...Elle n'est pas sûre de pouvoir se rendre à l'arrivée, mais fait son possible...
J
e passe le semi en 2h18 de mémoire. Cela annonce une arrivée, si tout va bien, autour des 4h40. Je commence à réaliser que je vais à partir de maintenant dépasser la distance la plus longue que j'ai jamais courue. tout va bien, et je commence à doubler certains concurrents au fil de l'eau. Je commence aussi à appréhender le passage au km 30 : "Comment ça va se passer? Est-ce que je vais être encore frais? Comment vont se manifester les douleurs dans les jambes?"
Et en fait, c'est à partir du km 23 que je commence à sentir des raideurs dans le bas des cuisses et les genoux. La foulée devient pénible, et cette sensation augmente petit à petit. Elle reste toutefois gérable...
Je finis par coller aux basques d'un certain Stéphane, et je le suis ainsi pendant quelques km, jusqu'à le remonter puis le dépasser vers le km 27, en traversant un patelin dont j'ai oublié le nom. Je vous en reparlerai plus tard.
Et puis arrive le ravito du km 30, et là les jambes sont vraiment raides, je m'accroche pour continuer à courir. La machine à gamberger se met en route :"Merde, déjà les grosses difficultés? Y'en a encore pour 12 km...Putain, fait chier, comment je vais faire?"
Evidemment je ralentis et marche au passage du ravito, prise de gel et gobelet d'eau...Sauf que pour la première fois, j'ai un mal fou à reprendre le trot (je parle même pas de course, là... ) et je marche bien sur 500m avant de repartir péniblement... A partir de ce moment, je m'arréterai à chaque ravito, soit tous les 2,5km...
Je n'ai plus de souvenir précis du déroulement de la course, juste cette raideur dans les jambes qui rend chaque foulée horrible, et m'oblige à marcher de plus en plus souvent et de plus longtemps. quant à courir, l'allure en prend un coup...
je me souviens juste avoir rejoint un groupe de deux-trois concurrents tachant de récupérer en marchant. après quelques mètres, l'un d'entre eux, arborant un T-shirt décoré par ses enfants ("Aller Papa") reprend le trot. Je me cale sur sa foulée et nous continuons ainsi cote à cote pendant un moment. On ne se parle pas, mais j'ai l'impression que le fait de partager nos foulées suffit. En tous cas, ça m'aide à rebooster le mental. C'est toujours plus facile de maintenir un rythme quand on est accompagné.
Malheureusement mon compagnon d'infortune finit par abandonner et me laisse partir pour de son côté reprendre la marche. Dans mon élan, je continue.
Depuis un moment, les concurrents se raréfient, les moments de solitude sont de plus en plus fréquents et longs. Ca devient vraiment galère de maintenir la motivation pour courir. Le soleil, malgré le temps frais, se fait également sentir, et je bois de plus en plus souvent.
A noter également, qu'autour du km 25, je finis par apercevoir l'un des meneurs d'allure 4h30...sur le trottoir en train de reprendre son souffle. Le gars a l'air un peu éteint...ben merde, si un meneur d'allure se sent mal à ce niveau, comment ça va se passer pour ma gueule? J'ose même pas y penser...et du coup j'y pense à mort
Au passage d'une zone résidentielle vers Wingles (km 33, 34 je pense), je rattrape un petit groupe de concurrents qui marchent. De fait, je me mets encore une fois à marcher. Je commence à discuter avec l'un d'entre eux. Le gars en est à son quatrième marathon...Sauf que c'est le second qu'il enquille depuis un grave accident de moto. Il m'explique alors qu'il est resté plus de douze heures sur la table d'opération, et qu'à trois reprises, le chirurgien a envisagé l'amputation. Il me montre une putain de méga cicatrice sur son mollet gauche. Son chirurgien lui avait annoncé qu'il ne pourrait plus recourir. Pourtant il s'est accroché et a fini par boucler un marathon au bout d'un an. Il a offert sa médaille à son chirurgien, ne lui disnat que c'est grâce à lui s'il a pu y arriver. Je lui fait remarquer que c'est aussi grâce à sa propre volonté qu'il a pu reprendre la CAP.
Il finit par me dire qu'il visait les 4h34 mais qu'avec sa jambe c'est plus la peine d'y compter. Il veut juste finir...Tout ça me rebooste un peu. Je lui souhaite bonne chance puis reprend le trot, en gardant en tête cette rencontre. Autant pendant le premier semi, j'étais détendu, et profitais de chaque passage dans les villages pour rigoler un peu avec les gens sur le côté ("Allez Seb" - "Plus fort j'entend rien" - "Bon Dimenche, hein...", etc...) autant à ce moment j'ai plus du tout le coeur à ça...J'ai juste en tête le temps/la distance restant à parcourir avant l'arrivée, et l'impression de vivre un calvaire...Bizarrement, j'ai aucun problème respiratoire, les difficultés sont uniquement musculaires...
au km 37, on quitte un village pour aborder une zone en plein champs, un chemin qui donne en ligne de mire sur la zone d'arrivée. De là on aperçoit les deux terrils et la tour de la fosse du 11/19 où se situe l'arrivée. Le moral commence à être franchement chancelant. D'ailleurs, juste avant d'aborder le chemin à travers champs, je passe devant une maison. Une dame me crie "Allez Sébastien, tu y es presque, ils sont au bout!(les 42k)", et ses encouragements font monter les larmes, je suis limite de chialer
je serre les dents, et continue mon bonhomme de chemin cahin-caha...A l'approche de l'entrée de Loos-en-Gohelle, je rejoins un concurrent, un certain Paul, dont c'est également le premier marathon. On marche ensemble et on discute un peu, sur l'air de "Mais pourquoi on s'est inscrit? Pourquoi? Quels cons..." On finit par reprendre le trot en entrant dans la ville. Au km 40, on passe le ravito ensemble puis on redémarre. Sauf que lui perd un bidon et doit s'arrêter. Pas le coeur à couper mon élan, je continue un peu en égoïste . Si je m'arrête de courir ici, je sens que je ne repartirai pas...Je ne regarde même plus mon chrono depuis un bon moment, je veux juste arriver...
Le gel Red Tonic pris au km 40 semble faire son effet...J'attend la fameuse montée, qui tarde à arriver. Je finis par la voir, et bizarrement elle me paraît pas si dure que çà. Elle me semble plus courte et moins raide que dans mon souvenir...Je cours toujours...
Au début de la montée, j'entend un groupe de jeunes qui jouent une musique ma foi familière : il ne me faut pas deux secondes pour reconnaïtre "Seek and Destroy" de METALLICA. Ni une ni deux, je fais attention à me rendre bien visible en montrant mon maillot, et pile devant le groupe, je les entend hurler le refrain : "SEARCHIIIIIIIIIIN'...." ,j'embraye alors en hurlant a pleins poumons la suite :"SEEK AND DESTROY!!!!" et en levant bien haut les "Devil Horns", signe de ralliement des metalleux...Les gamins sont morts de rire, et tou ça me rebooste, même si les difficultés à courir se font toujours ressentir
Je passe le portique bleu et crie, comme le veut la tradition marathonienne :"Vive la Reine"....Sauf que, l'esprit embrumé par la fatigue, je capte pas qu'en fait c'est pas le km 40, mais le km 41 que je viens de passer...Quel con!
Allez, il reste un peu plus d'un kilomètre, je serre les dents et décide d'accélérer la cadence pour arriver le plus vite possible. Mais les derniers hectomètres sont une torture, je ne vois pas arriver la ligne, ça tourne à gauche puis à droite. Elle va venir cette putain d'arrivée? Je me cravache en criant "Lâche rien, lâche rien, bordel! " quasiment en continu...Je suis au bord de chialer, j'en ai marre, et en même temps je réalise que je vais bientôt être marathonien...Et puis j'approche enfin de la ligne. Je cherche du regard ma femme et ma fille, mais ne les aperçoit pas. Et puis je franchis ENFIN cette putain de ligne!!!
Je m'arrête aussitôt. J'ai envie de pleurer, je sais plus trop où j dois me mettre. J'attrape une médaille qu'on me tend et la met aussitôt autour du cou. Deux bénévoles me stoppent pour retirer ma puce chrono. Je me laisse faire, je suis même pas en état de me baisser pour l'enlever. Je me dirige aussitôt vers la consigne pour retirer mon sac, puis pars m'isoler un moment. Je suis dans les vapes, je sais même pas où me poser...Je tourne en rond quelques minutes, puis revient sur la zone d'arrivée pour retirer mon T-shirt.
Coup de fil de mon épouse : elle est encore en chemin, et cherche un endroit où se garer. elle arrivera un peu plus tard. Je lui annonce le résultat, et lui dit que je l'attend sur place. Je me pose enfin dans un coin, puis reprend péniblement mes esprits.
second coup de fil de Madame : elle a trouvé une place de parking et remonte les deux derniers kilomètres du parcours pour me rejoindre. Je décide d'aller à sa rencontre. Sur le chemin, je vois le fameux Stéphane, que j'avais collé puis doublé au début du second semi, arriver enfin. Il a près d'une heure de retard sur moi. On se fait signe et je l'encourage...
Je rejoins mon épouse et ma fille, puis on revient sur le site du 11/19 pour boire un soda. On repart trois quart d'heure plus tard, et à ce moment je commence à sentir les premiers stygmates d'un coup de soleil sur le visage
En repartant vers la voiture, on croise...la lanterne rouge! Le dénommé Fabien termine son marathon en marchant, accompagné de la voiture balai et des bénévoles de la Croix-Rouge. En lisant les résultats, j'apprendrai plus tard qu'il a bouclé sa course en 6h31! Chapeau...
Voilà, c'était le récit de ma course...Pas franchement trop de souvenir précis, juste des images, que j'espère vous avoir fait partager. Côté chrono, j'ai aujourd'hui une première marque, que je compte bien améliorer lors d'un prochain 42k. Mais ça sera pour plus tard. Aujourd'hui c'est récup, avant une reprise tranquille qui m'amènera ensuite à préparer le semi de Lille en septembre.
Merci d'avoir tout lu, vous pouvez reprendre une activité normale
Après 16 semaines - parfois barbantes - de préparation, j'ai enfin franchi la ligne d'arrivée de mon premier marathon...
La prépa a connu quelques perturbations, notamment à cause d'une grippe carabinée qui a coupé le travail en pleine période de progression. Cet épisode a quelque peu entamé le moral, et les échanges sur le fofo ont permis de recharger les réserves de motivation.
Quelques jours avant la course, je reprend contact avec mon copain de promo Hervé, qui avait couru le 10km de la Route du Louvres l'an dernier, avec Rémi et Book. Cela permet notamment de valider l'emplacement du "village départ" où retirer son dossard. En effet, contrairement à l'an dernier, le retrait des dossard s'effectue au siège du Conseil Régional, mais l'information sur le site internet de l'orga n'est pas très explicite, et le "village" (en fait y'a pas grand'chose à y voir, donc le terme "village" ne semble pas très approprié) n'est pas indiqué à l'extérieur du bâtiment.
Mais bon, on finit par se débrouiller, et je passe la veille de la course retirer mon dossard. Le samedi est ensoleillé, et annonce déjà la météo du lendemain.
J'emmène ensuite mes deux princesses au restaurant (italien, évidemment, faut manger des pâtes...) et l'après-midi est consacrée à un peu de shopping tranquille à Lille.
Depuis trois jours, je suis une cure de gavage glyco au Malto, la bouteille est toujours à portée de main. Mais je suis bien content d'en finir, ça commence à lasser...
Je me couche tôt, la sensation de sommeil est là, mais malgré tout j'éprouve des difficultés à m'endormir. Je ne trouve le sommeil que vers 1h30 du mat'...Les mystères du stress pré-compet'? J'ai pas spécialement l'impression de gamberger pourtant
Le matin, lever vers 7h15. Le matériel a été préparé la veille, le Gatosport aussi. Je n'ai plus qu'à m'habiller et passer à la Boulangerie pour les croissants et au kiosque pour LA VOIX DU NORD. Exceptionnellement, il n'y aura pas de croissant pour moi.
Le petit dej' est avalé tranquillement, et vers 8h30 je prend la route pour Lille. En arrivant sur place, je constate que malgré les annonces faites par l'orga, il n'y a pas (en tout cas c'est très mal indiqué) d'accés à un quelconque parking et après quelques minutes, je finit par me garer "à la sauvage" près des bâtiments de la Communauté Urbaine de Lille, où sont situés Vestiaires et consignes.
Je pars aussitôt me mettre en tenue, récupère le -magnifique- sac consigne, et passe aux toilettes. J'ai auparavant essayé de joindre Hervé pour le prévenir de mon arrivée, et c'est pile-poil pendant ma vidange qu'il décide enfin de me rappeler Heureusement, j'ai du métier, et je gère sans souci. On se retrouve au niveau de la Gare Lille-Europe, puis descendons vers EURALILLE où est située la zone de départ. Je passe un coup de fil à Book pou qu'on se retrouve, mais pas de bol, je bascule sur messagerie...Tant pis je laisse un message, on se retrouvera bien à un moment ou un autre.
Il reste un petit quart d'heure avant le départ. Je papote avec Hervé, sans ressentir une quelconque appréhension. Le temps est frais, pourtant le poncho/sac poubelle n'est pas nécessaire. Tant mieux, j'ai eu la flemme de le mettre.
Aprè passage d'une procession carnavalesque brésilienne sponsorisée par une marque de pare-chocs inconnue mais ma foi fort agréable à regarder , le coup de pistolet retentit. Je trotte un peu avec Véver quelques temps puis lui souhaite bonne chance et le laisse filer. J'allais pas le retenir, lui qui vise les 3h30.
Le départ est un peu confus : j passe la ligne sans trop m'en rendre compte, absorbé par la mise en route de mon lecteur MP3. Le problème rêglé, je percute enfin qu'il faut que je déclenche mon cardio. Bref, je cours mon premier marathon
Le temps est beau et frais, et je me cale après quelques tatonnements sur une allure confortable, en maintenant ma FC autour des 80%FCM. Je me fais un peu doubler durant la traversée de Lille, mais ça cesse assez rapidement lorsqu'on aborde le rond-point au bas du boulevard Montebello.
Peu de monde sur le début du parcours, il faut attendre de traverser les patelins de la banlieue lilloise pour retrouver un peu de public. C'est sympa, les gens t'encouragent en lisant ton prénom, les gamins te tapent dans les mains.
Régulièrement, au passage de certains groupes, lorsque je les entend crier "Allez Sébastien", je leur répond "Plus fort, j'entend rien!", en leur montrant les écouteurs fichés dans mes oreilles. Rigolo, ça fait du bien de faire sa star...
J'ai du mal à suivre la progression du parcours. Je n'ai pas trop de repères, et je traverse les patelins sans vraiment savoir comment il s'appelle. Je suis dans ma bulle.
S'ensuit l'arrivée sur les bords de la Deûle pour une première portion au bords de l'eau. J'avais auparavant cru comprendre que c'était pas terrible, je révise mon jugement su place : en fait le coin est assez joli, mais c'est vrai qu'au final ça devient monotone...
Les ravitos sont répartis tous les 2,5 km. Jusqu'au semi, je ralentis tous les 5 km pour prendre un gel et boire un gobelet d'eau, puis reprend ma course. Le rythme est en dessous de l'objectif (4h30 officieux, l'objectif officiel étant de finir...) j suis sur une allure de 6'41/km pour une FC moyenne stabilisée à 148-79%. Je suis content, j'ai de bonnes sensations, et j'ai l'impression de gérer prudemment ma course. Je suis confiant...
Passage au ravito des 20 km, je passe un coup de fil à Madame pour lui donner des nouvelles. Tout va bien, je lui donne RDV deux heures plus tard...Elle n'est pas sûre de pouvoir se rendre à l'arrivée, mais fait son possible...
J
e passe le semi en 2h18 de mémoire. Cela annonce une arrivée, si tout va bien, autour des 4h40. Je commence à réaliser que je vais à partir de maintenant dépasser la distance la plus longue que j'ai jamais courue. tout va bien, et je commence à doubler certains concurrents au fil de l'eau. Je commence aussi à appréhender le passage au km 30 : "Comment ça va se passer? Est-ce que je vais être encore frais? Comment vont se manifester les douleurs dans les jambes?"
Et en fait, c'est à partir du km 23 que je commence à sentir des raideurs dans le bas des cuisses et les genoux. La foulée devient pénible, et cette sensation augmente petit à petit. Elle reste toutefois gérable...
Je finis par coller aux basques d'un certain Stéphane, et je le suis ainsi pendant quelques km, jusqu'à le remonter puis le dépasser vers le km 27, en traversant un patelin dont j'ai oublié le nom. Je vous en reparlerai plus tard.
Et puis arrive le ravito du km 30, et là les jambes sont vraiment raides, je m'accroche pour continuer à courir. La machine à gamberger se met en route :"Merde, déjà les grosses difficultés? Y'en a encore pour 12 km...Putain, fait chier, comment je vais faire?"
Evidemment je ralentis et marche au passage du ravito, prise de gel et gobelet d'eau...Sauf que pour la première fois, j'ai un mal fou à reprendre le trot (je parle même pas de course, là... ) et je marche bien sur 500m avant de repartir péniblement... A partir de ce moment, je m'arréterai à chaque ravito, soit tous les 2,5km...
Je n'ai plus de souvenir précis du déroulement de la course, juste cette raideur dans les jambes qui rend chaque foulée horrible, et m'oblige à marcher de plus en plus souvent et de plus longtemps. quant à courir, l'allure en prend un coup...
je me souviens juste avoir rejoint un groupe de deux-trois concurrents tachant de récupérer en marchant. après quelques mètres, l'un d'entre eux, arborant un T-shirt décoré par ses enfants ("Aller Papa") reprend le trot. Je me cale sur sa foulée et nous continuons ainsi cote à cote pendant un moment. On ne se parle pas, mais j'ai l'impression que le fait de partager nos foulées suffit. En tous cas, ça m'aide à rebooster le mental. C'est toujours plus facile de maintenir un rythme quand on est accompagné.
Malheureusement mon compagnon d'infortune finit par abandonner et me laisse partir pour de son côté reprendre la marche. Dans mon élan, je continue.
Depuis un moment, les concurrents se raréfient, les moments de solitude sont de plus en plus fréquents et longs. Ca devient vraiment galère de maintenir la motivation pour courir. Le soleil, malgré le temps frais, se fait également sentir, et je bois de plus en plus souvent.
A noter également, qu'autour du km 25, je finis par apercevoir l'un des meneurs d'allure 4h30...sur le trottoir en train de reprendre son souffle. Le gars a l'air un peu éteint...ben merde, si un meneur d'allure se sent mal à ce niveau, comment ça va se passer pour ma gueule? J'ose même pas y penser...et du coup j'y pense à mort
Au passage d'une zone résidentielle vers Wingles (km 33, 34 je pense), je rattrape un petit groupe de concurrents qui marchent. De fait, je me mets encore une fois à marcher. Je commence à discuter avec l'un d'entre eux. Le gars en est à son quatrième marathon...Sauf que c'est le second qu'il enquille depuis un grave accident de moto. Il m'explique alors qu'il est resté plus de douze heures sur la table d'opération, et qu'à trois reprises, le chirurgien a envisagé l'amputation. Il me montre une putain de méga cicatrice sur son mollet gauche. Son chirurgien lui avait annoncé qu'il ne pourrait plus recourir. Pourtant il s'est accroché et a fini par boucler un marathon au bout d'un an. Il a offert sa médaille à son chirurgien, ne lui disnat que c'est grâce à lui s'il a pu y arriver. Je lui fait remarquer que c'est aussi grâce à sa propre volonté qu'il a pu reprendre la CAP.
Il finit par me dire qu'il visait les 4h34 mais qu'avec sa jambe c'est plus la peine d'y compter. Il veut juste finir...Tout ça me rebooste un peu. Je lui souhaite bonne chance puis reprend le trot, en gardant en tête cette rencontre. Autant pendant le premier semi, j'étais détendu, et profitais de chaque passage dans les villages pour rigoler un peu avec les gens sur le côté ("Allez Seb" - "Plus fort j'entend rien" - "Bon Dimenche, hein...", etc...) autant à ce moment j'ai plus du tout le coeur à ça...J'ai juste en tête le temps/la distance restant à parcourir avant l'arrivée, et l'impression de vivre un calvaire...Bizarrement, j'ai aucun problème respiratoire, les difficultés sont uniquement musculaires...
au km 37, on quitte un village pour aborder une zone en plein champs, un chemin qui donne en ligne de mire sur la zone d'arrivée. De là on aperçoit les deux terrils et la tour de la fosse du 11/19 où se situe l'arrivée. Le moral commence à être franchement chancelant. D'ailleurs, juste avant d'aborder le chemin à travers champs, je passe devant une maison. Une dame me crie "Allez Sébastien, tu y es presque, ils sont au bout!(les 42k)", et ses encouragements font monter les larmes, je suis limite de chialer
je serre les dents, et continue mon bonhomme de chemin cahin-caha...A l'approche de l'entrée de Loos-en-Gohelle, je rejoins un concurrent, un certain Paul, dont c'est également le premier marathon. On marche ensemble et on discute un peu, sur l'air de "Mais pourquoi on s'est inscrit? Pourquoi? Quels cons..." On finit par reprendre le trot en entrant dans la ville. Au km 40, on passe le ravito ensemble puis on redémarre. Sauf que lui perd un bidon et doit s'arrêter. Pas le coeur à couper mon élan, je continue un peu en égoïste . Si je m'arrête de courir ici, je sens que je ne repartirai pas...Je ne regarde même plus mon chrono depuis un bon moment, je veux juste arriver...
Le gel Red Tonic pris au km 40 semble faire son effet...J'attend la fameuse montée, qui tarde à arriver. Je finis par la voir, et bizarrement elle me paraît pas si dure que çà. Elle me semble plus courte et moins raide que dans mon souvenir...Je cours toujours...
Au début de la montée, j'entend un groupe de jeunes qui jouent une musique ma foi familière : il ne me faut pas deux secondes pour reconnaïtre "Seek and Destroy" de METALLICA. Ni une ni deux, je fais attention à me rendre bien visible en montrant mon maillot, et pile devant le groupe, je les entend hurler le refrain : "SEARCHIIIIIIIIIIN'...." ,j'embraye alors en hurlant a pleins poumons la suite :"SEEK AND DESTROY!!!!" et en levant bien haut les "Devil Horns", signe de ralliement des metalleux...Les gamins sont morts de rire, et tou ça me rebooste, même si les difficultés à courir se font toujours ressentir
Je passe le portique bleu et crie, comme le veut la tradition marathonienne :"Vive la Reine"....Sauf que, l'esprit embrumé par la fatigue, je capte pas qu'en fait c'est pas le km 40, mais le km 41 que je viens de passer...Quel con!
Allez, il reste un peu plus d'un kilomètre, je serre les dents et décide d'accélérer la cadence pour arriver le plus vite possible. Mais les derniers hectomètres sont une torture, je ne vois pas arriver la ligne, ça tourne à gauche puis à droite. Elle va venir cette putain d'arrivée? Je me cravache en criant "Lâche rien, lâche rien, bordel! " quasiment en continu...Je suis au bord de chialer, j'en ai marre, et en même temps je réalise que je vais bientôt être marathonien...Et puis j'approche enfin de la ligne. Je cherche du regard ma femme et ma fille, mais ne les aperçoit pas. Et puis je franchis ENFIN cette putain de ligne!!!
Je m'arrête aussitôt. J'ai envie de pleurer, je sais plus trop où j dois me mettre. J'attrape une médaille qu'on me tend et la met aussitôt autour du cou. Deux bénévoles me stoppent pour retirer ma puce chrono. Je me laisse faire, je suis même pas en état de me baisser pour l'enlever. Je me dirige aussitôt vers la consigne pour retirer mon sac, puis pars m'isoler un moment. Je suis dans les vapes, je sais même pas où me poser...Je tourne en rond quelques minutes, puis revient sur la zone d'arrivée pour retirer mon T-shirt.
Coup de fil de mon épouse : elle est encore en chemin, et cherche un endroit où se garer. elle arrivera un peu plus tard. Je lui annonce le résultat, et lui dit que je l'attend sur place. Je me pose enfin dans un coin, puis reprend péniblement mes esprits.
second coup de fil de Madame : elle a trouvé une place de parking et remonte les deux derniers kilomètres du parcours pour me rejoindre. Je décide d'aller à sa rencontre. Sur le chemin, je vois le fameux Stéphane, que j'avais collé puis doublé au début du second semi, arriver enfin. Il a près d'une heure de retard sur moi. On se fait signe et je l'encourage...
Je rejoins mon épouse et ma fille, puis on revient sur le site du 11/19 pour boire un soda. On repart trois quart d'heure plus tard, et à ce moment je commence à sentir les premiers stygmates d'un coup de soleil sur le visage
En repartant vers la voiture, on croise...la lanterne rouge! Le dénommé Fabien termine son marathon en marchant, accompagné de la voiture balai et des bénévoles de la Croix-Rouge. En lisant les résultats, j'apprendrai plus tard qu'il a bouclé sa course en 6h31! Chapeau...
Voilà, c'était le récit de ma course...Pas franchement trop de souvenir précis, juste des images, que j'espère vous avoir fait partager. Côté chrono, j'ai aujourd'hui une première marque, que je compte bien améliorer lors d'un prochain 42k. Mais ça sera pour plus tard. Aujourd'hui c'est récup, avant une reprise tranquille qui m'amènera ensuite à préparer le semi de Lille en septembre.
Merci d'avoir tout lu, vous pouvez reprendre une activité normale
par Aldo130
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Réponse de Maclad sur le sujet Re: Dépucelage Marathon : Tout in haut de ch'terril...
Posted il y a 12 ans 6 mois #169387
tu l'as fait !!
spéciale dédicace :
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par Maclad
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Réponse de Book59 sur le sujet Re: Dépucelage Marathon : Tout in haut de ch'terril...
Posted il y a 12 ans 6 mois #169389
Merci pour cette page d'écriture
Quel beau combat après le 30ème km, tu l'as eu cette médaille et bien mérité
Je suis déçu de ne pas t'avoir vu au départ
Récupère bien Mr le Marathonien
Quel beau combat après le 30ème km, tu l'as eu cette médaille et bien mérité
Je suis déçu de ne pas t'avoir vu au départ
Récupère bien Mr le Marathonien
par Book59
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Réponse de rycker sur le sujet Re: Dépucelage Marathon : Tout in haut de ch'terril...
Posted il y a 12 ans 6 mois #169393
Félicitations Aldo le Marathonien
merci de nous avoir fais partager ta course et tes diverses rencontres de coureurs qui méritent eux aussi du respect et le titre de marathonien
merci de nous avoir fais partager ta course et tes diverses rencontres de coureurs qui méritent eux aussi du respect et le titre de marathonien
par rycker
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Réponse de sur le sujet Re: Dépucelage Marathon : Tout in haut de ch'terril...
Posted il y a 12 ans 6 mois #169398
BRAVOOOOOOOOO
ben du coup tu as mis combien de temps?? tu l'as pas noté ou j'ai zappé???
felicitations.......
ben du coup tu as mis combien de temps?? tu l'as pas noté ou j'ai zappé???
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par
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- Aldo130
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Réponse de Aldo130 sur le sujet Re: Dépucelage Marathon : Tout in haut de ch'terril...
Posted il y a 12 ans 6 mois #169405
Désolé, j'ai zappé...4h58...et 11 secondes
par Aldo130
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