Guéna au MDP: 3 objectifs pour une seule course...
- Guéna
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Guéna au MDP: 3 objectifs pour une seule course... a été créé par Guéna
Posted il y a 12 ans 7 mois #163289
Voilà, ça y est : je suis marathonien
Avant de vous raconter en détail ma course, je vais me permettre un petit retour en arrière ...
Novembre 2011 : Je suis en voyage à New-York avec ma femme et un couple d'amis, Thomas et Charlotte. Depuis l'été, nous avons déjà coché notre objectif de la saison avec Thomas : ce sera le Tour des Glaciers de la Vanoise début juillet. Thomas est un coureur chevronné et s'est déjà inscrit au marathon de Paris, alors que moi (débutant total sur de longues distances) préfère assurer le coup en me concentrant sur une préparation 100% trail. Oui mais l'ami Thomas, tout coureur qu'il est, n'en est pas moins claustrophobe ! Il est catégorique : "Je ne monterai pas dans l'ascenseur de l'Empire State Building !". On négocie, on supplie, on argumente : rien y fait. Je sors alors ma dernière cartouche : "Si tu montes dans cet ascenseur, je fais aussi le marathon de Paris !". Vous imaginez la suite : Thomas est monté ... et j'ai du m'exécuter !
Suite à mon inscription au MDP, je décide de m'offrir les services de gilles pour me coacher : j'ai bien conscience que mon potentiel en CAP est faible et que ma marge de manoeuvre pour réussir mes deux courses (MDP et TGV) l'est tout autant, je vais devoir jouer serré.
La préparation pour le MDP se fera sur 12 semaines précédées de 2 semaines de reprise 100% EF. Lors de cette prépa, j'ai senti une nette progression avec des allures lors des séances de qualité qui m'ont souvent surpris en bien. Le semi de prépa à 4 semaines de l'objectif a lui aussi été très encourageant : j'ai sorti un chrono de 1h45 avec 15 bornes réalisées à une allure marathon et de très bonnes sensations globales. Les deux dernières semaines ont été plus compliquées : une gastro qui m'a bien mis à genoux début avril, les dernières sorties peu rassurantes au niveau des sensations et une douleur persistante au niveau des ischios. J'essaie alors de ne pas trop me focaliser dessus en me disant qu'il est normal de psychoter à quelques jours de la course !
Me voilà donc dans le sas 4h, je suis avec Mathieu et Anthony pour qui c'est aussi le premier marathon. Nous avons abandonné Thomas (enfin non, c'est plutôt l'inverse ) qui est parti pour le sas 3h30 (sa marque 2011 est à 3h37, il espère donc taper 3h30 voire 3h20). Malgré le lever à 6h, les 1h de route depuis Fontainebleau et le froid glacial, je suis très heureux d'être là et pressé d'en découdre ! . J'ai bien déjeuné (100g de la crème « sport-déjeuner » d'aroche ), je me suis bien hydraté (1,2 L d'eau avec sucre et citron depuis le lever) et j'ai envie de savourer le moment : on est sur les Champs Elysées et on va courir le marathon de Paris !
Le coup de feu est tiré à 8h45 précise mais autant vous dire qu'on ne court pas tout de suite ! On discute pour passer le temps et on se dit qu'il est peut-être temps de faire une pause pipi maintenant ! Les toilettes étant prises d'assaut, nous imiterons des dizaines de coureurs pour nous soulager sur la toile de l'estrade des coachs chargés de l'échauffement .
Les quelques minutes qui me restent avant le passage de la ligne de départ sont l'occasion de me rappeler les trois objectifs du jours (ouf ! Toutes ces lignes pour en arriver enfin au pourquoi du titre de ce récit !).
Objectif n°1 : Terminer ! Ben oui : c'est mon premier marathon et c'est bien l'idée de ramener le dossard avenue Foch qui doit me suivre toute la course !
Objectif n°2 : Ne pas trop « taper dedans ». Sur les conseils de Gilles, je ne dois pas m'arracher outre mesure sur ce marathon au risque de mettre en péril la suite de la prépa et les autres objectifs de la saison. L'idée est donc de courir ce marathon en dessous de 80% de ma FCM pour limiter l'impact sur l'organisme. Malheureusement, j'ai bien conscience que l'objectif n°2 est déjà un peu en conflit avec le 1er ! Courir un marathon reste une vraie épreuve physique et l'impact musculaire est beaucoup plus difficilement quantifiable que l'aspect purement cardio.
Objectif n°3 : Faire moins de 4h. Alors là, on est carrément dans de la schizophrénie pure : projeter de faire un chrono en s'économisant, ça semble surréaliste ! En fait, je me base sur mon semi de prépa que j'ai effectué pour les deux tiers à une FC que je voulais tenir sur le marathon. En extrapolant mon allure sur ces 15 premiers kilomètres (5'10/ km) cela me donne un temps possible de 3h40 – 3h45. En ajoutant la marge de manœuvre de l'inconnu, je me dis que l'objectif 4h est jouable. Une de mes préoccupations est de savoir comment je vais gérer le moment où les objectifs 2 et 3 vont être clairement en concurrence : si l'objectif n°3 est possible mais qu'il faut aller le chercher en se tirant un peu dessus, quelle sera alors mon attitude ?
Revenons (enfin !) à la course : après plus d'une demi-heure, nous passons enfin la ligne de départ ! Les premiers hectomètres sont jouissifs : le plaisir d'être sur les Champs et de courir un marathon … dommage qu'il ne fasse pas meilleur ! Sans s'être concerté avec Anthony et Mathieu, nous restons groupés en nous cherchant du regard quand l'un de nous est happé par la foule. Je jette un coup d'oeil régulier au cardio : la FC reste sage à 78% mais je comprends vite que je n'ai pas les mêmes jambes que pour mon semi. À fréquence cardiaque égale, je perds 30s au kilomètre par rapport au semi ! Pour autant je ne panique pas, la course ne fait que commencer et je suis encore sur les bases de 4h (le meneur d'allure est d'ailleurs 100m derrière nous).
Les kilomètres défilent, je profite à fond du parcours, rue de Rivoli, Louvres, etc … et arrivent les premiers ravitos. Je jette un œil rapide à ce qui est proposé et décide d'appliquer de manière systématique la stratégie que j'avais imaginé auparavant : tous les 5 km, je marche, prends une bouteille de 33cL de Vittel dans laquelle je mets trois sucres et que je dois boire en entier d'ici le prochain ravito. Je prends au vol une poignée de raisins secs et deux morceaux de bananes. Je ne me presse pas et fait le pari que les quelques secondes perdues à marcher seront profitables par la suite.
On arrive au bois de Vincennes, Saint Maurice, Charenton, je me sens vraiment bien. On papote avec Anthony et Mathieu, je chauffe un peu le public pour les pousser à nous encourager et le meneur d'allure est toujours en vue.
A posteriori, je pense que la course bascule peu avant le semi. Depuis la sortie de Vincennes, Anthony a une douleur au niveau du genou et ses pulses sont un peu hautes. On temporise donc un peu l'allure et profitons du ravitaillement du 20ème km pour marcher un peu plus longtemps. Malheureusement, sa douleur ne s'estompe pas et courir devient difficile. En voyant ça, je dis à Mathieu de continuer et que je vais rester un peu avec Anthony. On essaie d'alterner marche et course pendant une dizaine de minutes, mais je comprends que le pourcentage de course dans cette alternance va diminuer de plus en plus au fur et à mesure de la course . Dans un élan sûrement un peu égoïste, j'annonce à Anthony que je vais poursuivre à mon rythme (j'avoue qu'à ce moment, je pense qu'il va abandonner quelques hectomètres plus loin). Nous sommes alors au km 23 et je ne reverrai plus Anthony. J'accélère un peu pour remonter à la hauteur de Mathieu que je rejoins vite au ravitaillement du km 25 où il m'attend. Je fais un rapide état des lieux de ma forme : les pulses restent stables (toujours 78% de moyenne) mais je sens que ma foulée est moins souple (il faut dire qu'on arrive ici aux limites de ce que j'ai expérimenté en terme de distance !) et je réalise que l'objectif des 4h est d'ores et déjà mort et enterré. Pour ne rien arranger nous sommes sur les quais avec sa successions de montées / descentes dans les tunnels et je commence un peu à trouver le temps long. Je regarde ma montre régulièrement, toujours un peu dépité de voir que l'on a parcouru que 500m à chaque fois ! À mes cotés, Mathieu semble bien : son cardio est stable aussi et ses jambes commencent à être raides mais il est déterminé. Autour de nous, ça commence à être dur : le nombre de coureurs qui marchent dans les montées ou qui s'étirent en se tenant au rambardes devient très important, on est au km 30 et beaucoup d'entre sont en train de se prendre le mur .
Au ravito powerade (km 33 me semble-t-il), je décide de ne rien prendre (ne pas tester quelque chose de nouveau en course !) mais doit tout de même m'arrêter pour dé-serrer un peu mes laçets qui m'appuient un peu trop sur les tendons depuis quelques km.
Arrive le bois de Boulogne, et la montée d'Auteuil (sur le moment, je n'ai pas trop réalisé que ça montait!) et nous continuons à remonter du monde : nous sommes sur les bases de 4h15 si on tient cette allure jusqu'au bout.
Au km 36, Charlotte et Claire nous encouragent du bord de la route et nous donnent un bon coup de boost : on arrive dans 6km, dans 35min on y est !
Ces derniers km passent relativement vite : je m'accroche à chaque pancarte en m'encourageant « plus que 5 », « plus que 4 », etc … Je saute le ravito des 40km, considérant que je suis assez hydraté / glycémié pour les deux derniers km. Nous en sommes à 3h59 de course et je veux accrocher 4h10 (objectif bien dérisoire au final mais je voulais une fin de marathon en me battant ). Je propose donc à Mathieu d'accélérer jusqu'à la ligne. Alors que j'ai l'impression de tout donner, j'attends la vitesse supersonique de 5'30/km du 41ème au 42ème et 5' /km pour le dernier tronçon ! :lol :
On double des coureurs par dizaines (remontée de 3000 places entre le 25ème et le 35ème puis 2000 places entre le 35ème et l'arrivée!) et la ligne est enfin là !
Je donne tout sur les derniers mètres et stoppe le chrono : ça y est, on est arrivés au bout en 4h 10min 09s ! Mathieu me suit de quelques secondes et on se félicite mutuellement.
MDP ... done !
On rejoint alors le flot d'éclopés/finishers qui boitillent sur l'avenue Foch. On récupère notre maillot, la médaille et l'indispensable coupe-vent qui nous protégera jusqu'à l'arrivée dans la voiture.
On retrouve alors Thomas, qui finit en 3h30 (objectif atteint!) et attendons Anthony avec un peu d'appréhension : a-t-il abandonné ? Va-t-il jouer le finish à tout prix ? Quelque soit son choix, nous savons qu'il a du bien morfler …
On le retrouvera au final près de la voiture : après 13km tout seul à marcher et courir avec sa douleur au genou, il jettera l'éponge au 36ème. Nous sommes très déçus pour lui, surtout après les efforts consentis en course et à l'entrainement mais je crois qu'il ne pouvait guère faire autrement ce jour-là : ce n'est que partie remise Anthony !
24h après l'arrivée, j'essaie de faire le point sur ma course, faire un « check-point » de mes objectifs et d'analyser les points positifs et négatifs.
Objectif n°1 : Atteint ! Je l'ai fait et c'était bien ça le plus important !
Objectif n°2 : Avec une FC moyenne à 78% (plus élevée en course mais compensée par des baisses lors des ravitos), je suis plutôt satisfait sur cet aspect là. C'est plus au niveau douleurs articulaires/musculaires que j'ai souffert... allez, on va dire que l'objectif est atteint !
Objectif n°3 : Raté ! Certes c'était le dernier de ma liste et je savais qu'il allait être en compétition avec le 2ème mais j'espérais pourtant vraiment le réaliser … tant pis : ce sera la prochaine fois !
Points positifs :
Evidemment la réussite des 2 premiers objectifs.
La gestion de mon hydratation / alimentation : j'ai pu tenir le même rythme sur les 7 ravitos du 5ème au 35ème km. Aucun coup de pompe ou sensation de soif, pas de ballonnement où mal au ventre ! C'est good !
.
Pas de grosse baisse de moral. Une fatigue musculaire qui m'a fait attendre la ligne d'arrivée avec impatience mais pas de prémice d'envie d'abandon.
Le « sprint » des deux derniers km : le sentiment d'avoir lutté même sur 2 km, ça fait du bien !
Points négatifs :
Le ratage de l'objectif n°3 que je pensais accessible. Je peux toujours me dire que les quelques minutes par-ci par-là sont rapidement identifiables et éliminables pour une prochaine tentative, mais le fait est que j'ai fait 4h10 et que je ne suis pas sûr que j'aurais pu faire beaucoup mieux !
Une forme du moment en deçà d'il y
a quelques semaines.
Et surtout qu'Anthony n'ait pas pu terminer son marathon.
Allez, place à la suite : finie la route et à nous les chemins !
Une bonne semaine de récup', une reprise en douceur et une prochaine échéance le 13 mai avec le trail des forts du Grand Besançon (28km et 1120mD+) !
PS : Désolé d'avoir fait aussi long et bravo aux courageux qui ont tout lu !
PS 2 : Je suis bien désolé de ne pas vous avoir vu au RDV avant le départ mais nous sommes arrivés vers les sas à 8h30 passées ! J'ai quand même pu voir Gilles et Freddo80 la veille sur le running expo
Avant de vous raconter en détail ma course, je vais me permettre un petit retour en arrière ...
Novembre 2011 : Je suis en voyage à New-York avec ma femme et un couple d'amis, Thomas et Charlotte. Depuis l'été, nous avons déjà coché notre objectif de la saison avec Thomas : ce sera le Tour des Glaciers de la Vanoise début juillet. Thomas est un coureur chevronné et s'est déjà inscrit au marathon de Paris, alors que moi (débutant total sur de longues distances) préfère assurer le coup en me concentrant sur une préparation 100% trail. Oui mais l'ami Thomas, tout coureur qu'il est, n'en est pas moins claustrophobe ! Il est catégorique : "Je ne monterai pas dans l'ascenseur de l'Empire State Building !". On négocie, on supplie, on argumente : rien y fait. Je sors alors ma dernière cartouche : "Si tu montes dans cet ascenseur, je fais aussi le marathon de Paris !". Vous imaginez la suite : Thomas est monté ... et j'ai du m'exécuter !
Suite à mon inscription au MDP, je décide de m'offrir les services de gilles pour me coacher : j'ai bien conscience que mon potentiel en CAP est faible et que ma marge de manoeuvre pour réussir mes deux courses (MDP et TGV) l'est tout autant, je vais devoir jouer serré.
La préparation pour le MDP se fera sur 12 semaines précédées de 2 semaines de reprise 100% EF. Lors de cette prépa, j'ai senti une nette progression avec des allures lors des séances de qualité qui m'ont souvent surpris en bien. Le semi de prépa à 4 semaines de l'objectif a lui aussi été très encourageant : j'ai sorti un chrono de 1h45 avec 15 bornes réalisées à une allure marathon et de très bonnes sensations globales. Les deux dernières semaines ont été plus compliquées : une gastro qui m'a bien mis à genoux début avril, les dernières sorties peu rassurantes au niveau des sensations et une douleur persistante au niveau des ischios. J'essaie alors de ne pas trop me focaliser dessus en me disant qu'il est normal de psychoter à quelques jours de la course !
Anthony, Mathieu et Guéna
Me voilà donc dans le sas 4h, je suis avec Mathieu et Anthony pour qui c'est aussi le premier marathon. Nous avons abandonné Thomas (enfin non, c'est plutôt l'inverse ) qui est parti pour le sas 3h30 (sa marque 2011 est à 3h37, il espère donc taper 3h30 voire 3h20). Malgré le lever à 6h, les 1h de route depuis Fontainebleau et le froid glacial, je suis très heureux d'être là et pressé d'en découdre ! . J'ai bien déjeuné (100g de la crème « sport-déjeuner » d'aroche ), je me suis bien hydraté (1,2 L d'eau avec sucre et citron depuis le lever) et j'ai envie de savourer le moment : on est sur les Champs Elysées et on va courir le marathon de Paris !
Le coup de feu est tiré à 8h45 précise mais autant vous dire qu'on ne court pas tout de suite ! On discute pour passer le temps et on se dit qu'il est peut-être temps de faire une pause pipi maintenant ! Les toilettes étant prises d'assaut, nous imiterons des dizaines de coureurs pour nous soulager sur la toile de l'estrade des coachs chargés de l'échauffement .
Les quelques minutes qui me restent avant le passage de la ligne de départ sont l'occasion de me rappeler les trois objectifs du jours (ouf ! Toutes ces lignes pour en arriver enfin au pourquoi du titre de ce récit !).
Objectif n°1 : Terminer ! Ben oui : c'est mon premier marathon et c'est bien l'idée de ramener le dossard avenue Foch qui doit me suivre toute la course !
Objectif n°2 : Ne pas trop « taper dedans ». Sur les conseils de Gilles, je ne dois pas m'arracher outre mesure sur ce marathon au risque de mettre en péril la suite de la prépa et les autres objectifs de la saison. L'idée est donc de courir ce marathon en dessous de 80% de ma FCM pour limiter l'impact sur l'organisme. Malheureusement, j'ai bien conscience que l'objectif n°2 est déjà un peu en conflit avec le 1er ! Courir un marathon reste une vraie épreuve physique et l'impact musculaire est beaucoup plus difficilement quantifiable que l'aspect purement cardio.
Objectif n°3 : Faire moins de 4h. Alors là, on est carrément dans de la schizophrénie pure : projeter de faire un chrono en s'économisant, ça semble surréaliste ! En fait, je me base sur mon semi de prépa que j'ai effectué pour les deux tiers à une FC que je voulais tenir sur le marathon. En extrapolant mon allure sur ces 15 premiers kilomètres (5'10/ km) cela me donne un temps possible de 3h40 – 3h45. En ajoutant la marge de manœuvre de l'inconnu, je me dis que l'objectif 4h est jouable. Une de mes préoccupations est de savoir comment je vais gérer le moment où les objectifs 2 et 3 vont être clairement en concurrence : si l'objectif n°3 est possible mais qu'il faut aller le chercher en se tirant un peu dessus, quelle sera alors mon attitude ?
Revenons (enfin !) à la course : après plus d'une demi-heure, nous passons enfin la ligne de départ ! Les premiers hectomètres sont jouissifs : le plaisir d'être sur les Champs et de courir un marathon … dommage qu'il ne fasse pas meilleur ! Sans s'être concerté avec Anthony et Mathieu, nous restons groupés en nous cherchant du regard quand l'un de nous est happé par la foule. Je jette un coup d'oeil régulier au cardio : la FC reste sage à 78% mais je comprends vite que je n'ai pas les mêmes jambes que pour mon semi. À fréquence cardiaque égale, je perds 30s au kilomètre par rapport au semi ! Pour autant je ne panique pas, la course ne fait que commencer et je suis encore sur les bases de 4h (le meneur d'allure est d'ailleurs 100m derrière nous).
Les kilomètres défilent, je profite à fond du parcours, rue de Rivoli, Louvres, etc … et arrivent les premiers ravitos. Je jette un œil rapide à ce qui est proposé et décide d'appliquer de manière systématique la stratégie que j'avais imaginé auparavant : tous les 5 km, je marche, prends une bouteille de 33cL de Vittel dans laquelle je mets trois sucres et que je dois boire en entier d'ici le prochain ravito. Je prends au vol une poignée de raisins secs et deux morceaux de bananes. Je ne me presse pas et fait le pari que les quelques secondes perdues à marcher seront profitables par la suite.
On arrive au bois de Vincennes, Saint Maurice, Charenton, je me sens vraiment bien. On papote avec Anthony et Mathieu, je chauffe un peu le public pour les pousser à nous encourager et le meneur d'allure est toujours en vue.
A posteriori, je pense que la course bascule peu avant le semi. Depuis la sortie de Vincennes, Anthony a une douleur au niveau du genou et ses pulses sont un peu hautes. On temporise donc un peu l'allure et profitons du ravitaillement du 20ème km pour marcher un peu plus longtemps. Malheureusement, sa douleur ne s'estompe pas et courir devient difficile. En voyant ça, je dis à Mathieu de continuer et que je vais rester un peu avec Anthony. On essaie d'alterner marche et course pendant une dizaine de minutes, mais je comprends que le pourcentage de course dans cette alternance va diminuer de plus en plus au fur et à mesure de la course . Dans un élan sûrement un peu égoïste, j'annonce à Anthony que je vais poursuivre à mon rythme (j'avoue qu'à ce moment, je pense qu'il va abandonner quelques hectomètres plus loin). Nous sommes alors au km 23 et je ne reverrai plus Anthony. J'accélère un peu pour remonter à la hauteur de Mathieu que je rejoins vite au ravitaillement du km 25 où il m'attend. Je fais un rapide état des lieux de ma forme : les pulses restent stables (toujours 78% de moyenne) mais je sens que ma foulée est moins souple (il faut dire qu'on arrive ici aux limites de ce que j'ai expérimenté en terme de distance !) et je réalise que l'objectif des 4h est d'ores et déjà mort et enterré. Pour ne rien arranger nous sommes sur les quais avec sa successions de montées / descentes dans les tunnels et je commence un peu à trouver le temps long. Je regarde ma montre régulièrement, toujours un peu dépité de voir que l'on a parcouru que 500m à chaque fois ! À mes cotés, Mathieu semble bien : son cardio est stable aussi et ses jambes commencent à être raides mais il est déterminé. Autour de nous, ça commence à être dur : le nombre de coureurs qui marchent dans les montées ou qui s'étirent en se tenant au rambardes devient très important, on est au km 30 et beaucoup d'entre sont en train de se prendre le mur .
Au ravito powerade (km 33 me semble-t-il), je décide de ne rien prendre (ne pas tester quelque chose de nouveau en course !) mais doit tout de même m'arrêter pour dé-serrer un peu mes laçets qui m'appuient un peu trop sur les tendons depuis quelques km.
Arrive le bois de Boulogne, et la montée d'Auteuil (sur le moment, je n'ai pas trop réalisé que ça montait!) et nous continuons à remonter du monde : nous sommes sur les bases de 4h15 si on tient cette allure jusqu'au bout.
Au km 36, Charlotte et Claire nous encouragent du bord de la route et nous donnent un bon coup de boost : on arrive dans 6km, dans 35min on y est !
Ces derniers km passent relativement vite : je m'accroche à chaque pancarte en m'encourageant « plus que 5 », « plus que 4 », etc … Je saute le ravito des 40km, considérant que je suis assez hydraté / glycémié pour les deux derniers km. Nous en sommes à 3h59 de course et je veux accrocher 4h10 (objectif bien dérisoire au final mais je voulais une fin de marathon en me battant ). Je propose donc à Mathieu d'accélérer jusqu'à la ligne. Alors que j'ai l'impression de tout donner, j'attends la vitesse supersonique de 5'30/km du 41ème au 42ème et 5' /km pour le dernier tronçon ! :lol :
On double des coureurs par dizaines (remontée de 3000 places entre le 25ème et le 35ème puis 2000 places entre le 35ème et l'arrivée!) et la ligne est enfin là !
Je donne tout sur les derniers mètres et stoppe le chrono : ça y est, on est arrivés au bout en 4h 10min 09s ! Mathieu me suit de quelques secondes et on se félicite mutuellement.
MDP ... done !
On rejoint alors le flot d'éclopés/finishers qui boitillent sur l'avenue Foch. On récupère notre maillot, la médaille et l'indispensable coupe-vent qui nous protégera jusqu'à l'arrivée dans la voiture.
On retrouve alors Thomas, qui finit en 3h30 (objectif atteint!) et attendons Anthony avec un peu d'appréhension : a-t-il abandonné ? Va-t-il jouer le finish à tout prix ? Quelque soit son choix, nous savons qu'il a du bien morfler …
On le retrouvera au final près de la voiture : après 13km tout seul à marcher et courir avec sa douleur au genou, il jettera l'éponge au 36ème. Nous sommes très déçus pour lui, surtout après les efforts consentis en course et à l'entrainement mais je crois qu'il ne pouvait guère faire autrement ce jour-là : ce n'est que partie remise Anthony !
24h après l'arrivée, j'essaie de faire le point sur ma course, faire un « check-point » de mes objectifs et d'analyser les points positifs et négatifs.
Objectif n°1 : Atteint ! Je l'ai fait et c'était bien ça le plus important !
Objectif n°2 : Avec une FC moyenne à 78% (plus élevée en course mais compensée par des baisses lors des ravitos), je suis plutôt satisfait sur cet aspect là. C'est plus au niveau douleurs articulaires/musculaires que j'ai souffert... allez, on va dire que l'objectif est atteint !
Objectif n°3 : Raté ! Certes c'était le dernier de ma liste et je savais qu'il allait être en compétition avec le 2ème mais j'espérais pourtant vraiment le réaliser … tant pis : ce sera la prochaine fois !
Points positifs :
Evidemment la réussite des 2 premiers objectifs.
La gestion de mon hydratation / alimentation : j'ai pu tenir le même rythme sur les 7 ravitos du 5ème au 35ème km. Aucun coup de pompe ou sensation de soif, pas de ballonnement où mal au ventre ! C'est good !
Pas de grosse baisse de moral. Une fatigue musculaire qui m'a fait attendre la ligne d'arrivée avec impatience mais pas de prémice d'envie d'abandon.
Le « sprint » des deux derniers km : le sentiment d'avoir lutté même sur 2 km, ça fait du bien !
Points négatifs :
Le ratage de l'objectif n°3 que je pensais accessible. Je peux toujours me dire que les quelques minutes par-ci par-là sont rapidement identifiables et éliminables pour une prochaine tentative, mais le fait est que j'ai fait 4h10 et que je ne suis pas sûr que j'aurais pu faire beaucoup mieux !
Une forme du moment en deçà d'il y
Et surtout qu'Anthony n'ait pas pu terminer son marathon.
Allez, place à la suite : finie la route et à nous les chemins !
Une bonne semaine de récup', une reprise en douceur et une prochaine échéance le 13 mai avec le trail des forts du Grand Besançon (28km et 1120mD+) !
PS : Désolé d'avoir fait aussi long et bravo aux courageux qui ont tout lu !
PS 2 : Je suis bien désolé de ne pas vous avoir vu au RDV avant le départ mais nous sommes arrivés vers les sas à 8h30 passées ! J'ai quand même pu voir Gilles et Freddo80 la veille sur le running expo
par Guéna
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- FredX
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Réponse de FredX sur le sujet Re: Guéna au MDP: 3 objectifs pour une seule course...
Posted il y a 12 ans 7 mois #163299
Bravo pour ton marathon et important à retenir : tu n'as pas vécu le mur, tu as pu accélérer à la fin, ce n'est pas donné à tout le monde !
Le prochain sera sans doute sous les 4h00 !
Encore bravo !
Le prochain sera sans doute sous les 4h00 !
Encore bravo !
par FredX
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- astro
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Réponse de astro sur le sujet Re: Guéna au MDP: 3 objectifs pour une seule course...
Posted il y a 12 ans 7 mois #163300
Un grand bravo à vous 3 et une pensé à votre ami qui n'a pas pu terminer. Très bon récit et on a vraiment l'impression que tu as très bien geré la course. L'objectif 3 n'est pas important à mon avis ...
par astro
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- olivier_g
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Réponse de olivier_g sur le sujet Re: Guéna au MDP: 3 objectifs pour une seule course...
Posted il y a 12 ans 7 mois #163305
Bravo Guéna! tu es arrivé au bout sans trop de pb et c'est le principal!
comme le dit Astro, le 3e objectif n'était pas important!
comme le dit Astro, le 3e objectif n'était pas important!
par olivier_g
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- bat
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Réponse de bat sur le sujet Re: Guéna au MDP: 3 objectifs pour une seule course...
Posted il y a 12 ans 7 mois #163312
Bravo pour ta course.
Dans la vie il faut savoir choisir
Quand tu voudras faire sub 4h, (je veux dire en objectif n°1 ), ça devrait bien se passer
Bonne suite de saison !
Dans la vie il faut savoir choisir
Quand tu voudras faire sub 4h, (je veux dire en objectif n°1 ), ça devrait bien se passer
Bonne suite de saison !
Last Edit:il y a 12 ans 7 mois
par bat
Dernière édition: il y a 12 ans 7 mois par bat.
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- robin
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Réponse de robin sur le sujet Re: Guéna au MDP: 3 objectifs pour une seule course...
Posted il y a 12 ans 7 mois #163346
T'es long mais au moins on sait comment tu as vécu ça, c'est sympa...
Merci pour le CR.
Pour le prochain marathon, objectif 3h45
Merci pour le CR.
Pour le prochain marathon, objectif 3h45
par robin
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