La Ronde Vaudaise (10km) le 1er avril 2012
6h du matin, le réveil sonne. C'est l'heure de se lever pour déjeuner car la course est dans 3 heures. Toute la famille est sur le pied de guerre mais nos mines ne sont pas belles à voir. Qu'est-ce qui nous a pris de vouloir faire cette compétition alors que c'est le seul jour de la semaine où il nous était possible de faire la grasse matinée ? Je vous jure, il y a des claques qui se perdent.
Pauline n'a pas perdu le nord. A peine sommes nous habillés que nous avons tous un poisson d'avril dans le dos. Je décide de le garder : je vais courir avec !
Comme prévu, il fait froid : A peine huit degrés lorsque nous accomplissons nos formalités d'inscription. Laurence et moi nous participons au 10km. Pour notre peine, nous avons droit à un T-Shirt. Je fais également la Famille Duo avec Pauline qui a lieu quelques minutes après l'arrivée du 10km. Cela devrait le faire et puis ce n'est qu'un 2000m. Ma fille récupère un ballon à gonfler et un jeu des 7 familles comme cadeau. Elle est un peu déçue.
Après un échauffement sommaire, nous voilà sur la ligne de départ. Il fait grand soleil avec peut-être un léger vent qui refroidit l'atmosphère. J'ai tout loisir de me placer parmi les premiers car j'ai l'impression qu'il n'y a pas grand monde : à peine 200 coureurs. Le départ du semi n'est donné qu'un quart d'heure plus tard ce qui nous permet de prendre toutes nos aises.
C'est parti : le coup de pistolet a retenti. J'ai toujours mon poisson d'avril dans le dos que je garderai d'ailleurs toute la course. Dès les premiers mètres, je me cale sur mon allure cible (13km/h) et du coup, je suis doublé de toutes parts. Comment font-ils pour partir aussi vite ? Je ne sais pas combien ils sont mais j'ai le sentiment qu'ils sont au moins une centaine à m'avoir dépasser alors que moi, si je vais plus vite, je suis sûr d'exploser. Il n'en faut pas plus pour que des pensées négatives ne me viennent à l'esprit et effectivement je n'ai pas de bonnes sensations : j'ai l'impression de me traîner ! En moins de 3 kilomètres, je me suis fait dépasser par 3 jolies filles, une black et deux blondes qui m'ont l'air faciles alors que je ne peux pas en dire autant me concernant. Et pourtant mes temps de passage sont corrects (4'38'', 4'38'', 4'35''). Ces 3 gazelles restent néanmoins dans ma ligne de mire.
Devant moi, il y a un coureur qui me semble également déconcertant de facilité ; je n'entends même pas sa respiration alors que moi je fais autant de bruits qu'une locomotive moins la vitesse !
Heureusement, mon chronomètre me redonne du baume au cœur car après 5km, il affiche 23'10'', largement dans mes objectifs : 1'30'' gagnées par rapport à mon record des foulées sanpriotes. Pour un peu je me demande même si ma montre n'est pas en panne. Arrive le ravitaillement et comme à mon habitude, je le saute. Par contre, mon voisin prends un verre d'eau et il s'arrête. Je ne le vois pas repartir et de toute façon, il ne me reverra plus. Finalement, il n'était peut-être pas aussi bien que je le pensais.
C'est fou comme ça me redonne la pêche. J'accélère et en moins de 500 mètres, j'ai dépassé mes trois concurrentes. Seule, la ''panthère noire'' suit mon rythme. C'est le début d'un mano à mano amical entre elle et moi car nous ne nous quitterons plus jusqu'à l'arrivée.
Toutefois, je décide de me raisonner parce que je sais que nous arrivons dans une portion plus délicate entre le 6e et 8e km où 2 côtes nous attendent dont une qui me semble avoir un pourcentage difficile à négocier. Je la franchis avec une moyenne en chute libre (11km/h). Ma partenaire n'a pas les mêmes difficultés et elle en profite même pour prendre ses distances. Je ne veux pas la suivre par peur de devoir le payer plus tard. Tiens, j'aperçois une flèche plantée à même le sol indiquant le 7e km. C'est la seule trace visible que je reconnaîtrais, le marquage ayant été déficient tout au long du parcours.
S'il y a des montées, il y a donc aussi des descentes et à cette occasion, je rejoins mon adversaire du jour. Emporté par ma vitesse, je n'en fais qu'une bouchée mais à son corps défendant, elle ne s'occupait pas du tout de moi. Elle était plutôt concentrée sur des exercices d'assouplissement en vue du sprint final.
Je continue sur ma lancée et j'avale plusieurs concurrents qui, cette fois-ci ne me semblent pas au mieux. Sauf que... j'ai trop présumé de mes forces et j'ai rapidement un point de côté. Je ne comprends pas, je me sentais si bien... Je regarde mon chrono : il indique 15,6 km/h. Tu m'étonnes ! J'étais complètement en sur régime. Ma concurrente me rattrape et nous continuons ensemble sans qu'une seule fois, nous ne nous soyons adressés la parole. Du reste, je ne saurais même pas dire si elle a fait attention à moi de toute la course.
Le 9e km est pénible car c'est une succession de ligne droite où je dois affronter un vent de face bien gênant en cette fin de parcours. Nous abordons la dernière ligne droite en slalomant une série d'immeubles et en quittant le bitume pour des chemins en terre. J'en garde sous le pied car j'ai vu sur internet que la course était plus longue que les 10km (184m de plus exactement) et selon moi, il reste à peu près 500m à parcourir. C'est à ce moment-là que je vois un garçon remonter vers nous et je me dis qu'il a bien du courage d'être revenu si loin sur ses pas car il a manifestement déjà bouclé son 10km. Il s'adresse à mon ''équipière'' en lui annonçant que l'arrivée est juste derrière la palissade, une centaine de mètres plus loin. Je pense qu'il se trompe où alors c'est pour remotiver sa partenaire de club (ils ont le même T-Shirt, élémentaire mon cher Watson!).
Et bien non ! Effectivement, après un virage à droite, j'aperçois l'arche d'arrivée. Je lance donc mon sprint et je prends 20 mètres d'avance mais c'est sans compter sur ma gazelle qui a actionné le turbo. Elle est capable d'accélérer alors que moi je n'en peux plus de sorte qu'elle me passe facilement pour terminer devant moi sans coup férir. Qu'importe : un coup d'oeil à ma montre me comble de joie : 45'19'' (officiellement 45'14''). Que demande le peuple !
Je me rends au ravitaillement sous les vivas de la foule en délire (mes filles au diapason m'accueillent comme il se doit) surtout Pauline qui crient à qui veut bien l'entendre : Tu as encore mon poisson d'avril ! a-t-elle répété plusieurs fois.
Au retour, je croise ma compagne de course que je félicite. Elle me répond simplement par merci mais avec un large sourire. Lorsque je vérifierai les résultats un peu plus tard, je constaterai qu'elle a fini 2e féminine. Toute fausse modestie mises à part, je peux considérer que j'aurais peut-être au moins inconsciemment contribué pour une part à ce bon résultat.
Et Laurence alors ? Elle arrive quelques minutes plus tard, le visage grimaçant mais lorsqu'elle franchit la ligne, elle se jette dans mes bras toute heureuse de m'annoncer qu'elle a accompli 58'08''.
Que du bonheur !
Cette performance ne me surprend guère. J'avais constaté lors du Déci Jogg, il y a un mois, qu'elle avait ce chrono dans les jambes. Seul un dernier kilomètre infernal l'avait empêché d'atteindre ce niveau. Cela n'a été que partie remise.
Il me reste à terminer le Familial Duo avec Pauline avant de partir des images heureuses plein la tête...
Dernière édition: il y a 12 ans 7 mois par
AlanMcPil.
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