La semaine où j'ai pleuré deux fois
- deru84
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Salut,
Il s'agit là de mon premier CR, j'espère passer le test avec succès
Voilà 3 ans que je cours et au fil de ma progression dans ce sport, une distance est devenue une évidence pour moi. Après une dizaine de courses comprises entre 15 et 21 km et deux Sierre-Zinal (31 km, 2200 m D+), je voulais absolument me tester sur la distance mythique : le marathon !
Comme je voulais que ce soit le clou de mon programme annuel, j'ai opté pour le marathon de Lausanne.
La préparation
J'ai suivi depuis mi-août un plan de 10 semaines avec 3 séances (1x football, 1x EF et 1x SL). Je savais d'entrée que je n'atteindrais pas des sommets avec ce plan, mais comme il s'agit de mon premier marathon, mon objectif prioritaire est de finir, mon objectif secondaire étant de le faire en 4h00.
La préparation s'est super bien passée. Il n'y a qu'une SL que j'ai dû raccourcir pour des raisons familiales. Par contre la dernière semaine a été plutôt mouvementée avec la naissance, mardi 25, de mon deuxième fils. C'est donc la première fois que j'ai pleuré cette semaine. Du coup, je n'ai pu faire qu'une séance d'EF cette dernière semaine. Mais vu que le gros de la préparation est passé, ça ne joue pas un grand rôle. Samedi soir, je file chez mes parents pour qu'ils s'occupent du premier fiston. Mon père et ma soeur ont prévu de m'attendre sur la ligne d'arrivée avec lui.
Avant la course
Je pars de chez mes parents vers 8h00 et roule tranquillement vers Lausanne. Coïncidence : je passe par Vevey, qui sera l'endroit où l'on fera demi-tour à mi-parcours. Les kilomètres entre Vevey et Lausanne défilent. Le trajet paraît beaucoup plus long que d'habitude. Quand je me dis qu'il faudra faire 2 fois cette distance, je commence à avoir la boule au ventre.
J'arrive finalement à Lausanne, je récupère mon dossard et mon t-shirt et je retourne me changer à la voiture. 30 min avant le départ, je fais un détour aux toilettes et je participe ensuite à l'échauffement collectif. Je vérifie ensuite une dernière fois mon matériel de guerre (j'ai mes gels et ma flotte, tout va bien).
Vers 10h05, je suis dans mon bloc de départ. Et là surprise, je repère un coureur avec un beau t-shirt Team-ccap.com. Je m'approche et je me présente. Il s'agit de wilf. On papote (course à pied évidemment) et il me dit qu'il avait rendez-vous avec papadjé, mais il ne l'a pas croisé. Plus tard, on comprendra pourquoi... Juste avant le départ, j'avale mon gel antioxydant.
A 10h14, c'est parti ! Je m'élance pour mon premier marathon. On se serre la main avec wilf, en se souhaitant une bonne course...
La course
Comme mon objectif est de faire 4h00, je colle directement aux basques du meneur d'allure. Après quelques hectomètres, nous commençons à discuter, jusqu'au 2e kilomètre. Il me présente son plan de bataille : prendre une à deux minutes lors des 21 premiers km, et ralentir ensuite un peu le rythme. Hum, ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, mais on verra. Il me dit aussi qu'il ne compte pas s'attarder aux ravitaillements, max. quelques secondes. Encore une mauvaise nouvelle : j'avais prévu de m'arrêter 30 secondes à chaque fois.
Les premiers km confirment que le rythme est un peu plus élevé que ce je pensais. Mais je me sens bien et je suis sans peine. Nous sommes un groupe d'une quinzaine de coureurs avec le meneur.
Km 1 : 05'25'' - 80 %
Km 2 : 05'28" - 77 %
Km 3 : 05'36" - 78 %
Km 4 : 05'41" - 79 %
Km 5 : 05'39'' - 79 %
Les premiers km confirment ce que je craignais : le rythme est plus élevé que ce que je croyais. Au ravitaillement du 5e km, je prends de l'eau et repars dans les pattes du meneur d'allure.
Km 6 : 05'48" - 80 %
Km 7 : 05'49" - 81 %
Km 8 : 05'29" - 80 %
Km 9 : 05'34" - 80 %
Km 10 : 05'52" - 80 %
Je foire un peu le ravito du 10e km et au lieu de prendre de l'eau, je prends un truc immonde à la framboise Avec le gel, ça ne passe pas du tout. Bref, on continue sur le même rythme, mais je ne suis pas essouflé, j'arrive à parler, donc je décide de continuer à suivre le meneur d'allure
Km 11 : 05'31" - 82 %
Km 12 : 05'44'' - 79 %
Km 13 : 05'32" - 81 %
Km 14 : 05'30" - 82 %
Km 15 : 05'27" - 82 %
Le parcours n'est pas du tout roulant. C'est très vallonné, avec des faux-plats qui se succèdent. J'atteins parfois des 85 % de FCM, mais j'arrive toujours à redescendre assez vite. Je continue donc.
Km 16 : 05'35" - 83 %
Km 17 : 05'34" - 82 %
Km 18 + 19 : 10'47" - 83 %
J'oublie de "laper" au km 18, donc au km 19 je "lape" deux fois de suite pour retrouver le bon nombre de km. On traverse Vevey, il y a beaucoup du monde qui nous encourage. On arrive à mi-course, pour le moment ça va. Mais je me dis qu'à ce rythme, ça ne peut pas durer.
Km 20 : 05'23" - 85 %
Km 21 : 05'47" - 84 %
On passe à la mi-course en 1h57'46. On a effectivement plus de deux minutes d'avance sur le programme. Et je commence à le ressentir.
Km 22 : 05'31" - 84 %
Un ravitaillement se présente. Comme ça fait trop longtemps que je suis trop haut dans les tours, je décide de bien prendre le temps de m'arrêter. Je marche peut-être 45 secondes. Quand je repars, le meneur est 10 mètres devant. Il s'est aussi arrêté plus longtemps. Comme il est tout près, je décide de refaire le retard. Il me faudra un km pour y arriver. J'y ai laissé de l'énergie et je sens que je vais bientôt le payer
Km 23 : 05'22" - 86 %
Km 24 : 05'34" - 86 %
Km 25 : 06'07'' - 86 %
Il y a de nouveau un ravito au km 25 (vu qu'on est sur le chemin du retour, on peut profiter des ravitos de l'aller). Mais je commence à payer violemment les efforts consentis ces derniers kilomètres, et là je marche en tous cas une minute. Quand je repars, le meneur est 100 mètres devant. Il est évidement exclu que j'essaie de le rattraper. Les jambes commencent à être lourdes. Je me retrouve quasiment seul, et c'est là que mon chemin de croix commence...
Nous sortons à ce moment-là de Vevey. Le peloton est très étiré. La route goudronnée est en plein soleil, elle est large et comporte de longues lignes droites interminables. En plus, il n'y a personne au bord de la route pour nous encourager. Jusqu'au km 36, je vais courir seul. Il y a bien sûr d'autres coureurs, mais personne ne court au même rythme, donc difficile de trouver un partenaire de course. Au fil des km, les jambes s'alourdissent. J'avance de plus en plus difficilement, mais j'essaie de garder le même rythme. Je dépasse sans arrêt des concurrents qui marchent, qui s'étirent, qui sont blessés. C'est un vrai champ de bataille.
Pour me changer les idées et oublier les jambes douloureuses, je fais deux choses :
- Je pense à mes deux fils, celui qui doit m'attendre sur la ligne d'arrivée et l'autre qui est encore à la maternité avec sa maman. Je pense à la médaille qui m'attend à l'arrivée et avec laquelle mon fiston pourra jouer
- Je prie. Je demande à Dieu de me venir en aide, d'être à mes côtés pour aller jusqu'au bout.
Km 26 : 05'48'' - 84 %
Km 27 : 05'44'' - 86 %
Km 28 : 05'33" - 87 %
Km 29 : 05'42'' - 88 %
Km 30 : 06'16'' - 85 %
Km 31 : 06'09'' - 85 %
Km 32 : 06'35" - 84 %
Km 33 : 06'20'' - 83 %
Km 34 : 06'21'' - 83 %
Km 35 : 07'09" - 79 %
Km 36 : 06'55'' - 82 %
Ce km 36 va être le tournant de la course. Je suis au bord de la rupture. Je ne sais pas comment mes jambes avancent encore, bien qu'au niveau du coeur, ça va encore assez bien. Ce sont juste ces jambes qui me font souffrir. Je me demande encore comment j'ai pu repartir après chaque ravitaillement. Et à ce moment-là de la course, - je ne sais pas si c'est Dieu qui a répondu à mes prières... - mais un coureur me rattrape et au lieu de me dépasser, il s'adapte à mon rythme et reste à mes côtés. Il s'appelle Raphaël. Je comprends tout de suite qu'il est aussi dans le dur et qu'il préfère courir à deux. A partir de là, tout change. Les douleurs sont moins vives, les pas s'enchaînent plus facilement. Les deux premiers km, nous ne parlons pas.
Km 37 : 06'32'' - 83 %
Km 38 : 06'43'' - 83 %
Au km 38, je sors ma gourde pour boire un peu d'eau. Comme je vois qu'il n'a pas d'eau, je lui en propose. Il refuse et me remercie. Et nous commençons à parler de la course, des difficultés, de la souffrance. Nous faisons un peu connaissance, parlons des courses à Genève (il y habite et j'y ai habité), etc. Les hectomètres défilent plus facilement.
Km 39 : 07'14'' - 79 %
Km 40 : 06'48'' - 82 %
Km 41 : 06'46'' - 83 %
Km 42 : 06'51'' - 85 %
La dernière ligne droite fait plusieurs centaines de mètres. Elle est interminable, mais le fait de savoir qu'on la fait nous rend heureux. Nous nous congratulons et nous remercions, conscients que sans cette aide mutuelle, nous serions peut-être en train de marcher autour du km 38... Je le laisse partir et profiter de son arrivée. Quant à moi, les larmes commencent à couler. Je cherche mon père, ma soeur et mon fils. Ils sont à 100 m de la ligne. Je prends mon fils dans le bras, lui fais plein de becs et il finit la course avec moi (lui en courant, moi en marchant...). Je pleure en franchissant la ligne, mais je ne sais pas pour quelle raison : est-ce le bonheur d'avoir bouclé mon premier marathon ou les jambes qui me font tellement mal ? Il y a sans doute un peu des deux...
Temps final : 4h10'
L'aire d'arrivée ressemble véritablement à un champ de bataille : coureurs allongés par terre, visages déformés par la douleur, coureurs qui boitent. C'est assez impressionnant.
Avec le recul, je dirais qu'un marathon, plus que toute autre course, est une véritable bataille : une bataille contre soi, contre la douleur, contre la souffrance.
Mais plusieurs éléments permettent de remporter une bataille :
-stratégie prédéfinie à laquelle on se tient
-volonté en fer de gagner
-trouver des alliés comme Raphaël
Quoi qu'il en soit, je suis fier d'avoir fini ce marathon mais je ne suis pas non euphorique. Je ne pense pas vouloir me relancer sur cette distance, en tous cas pas sur ce parcours (peu roulant, peu de monde pour nous encourager). Cette course m'a beaucoup plus éprouvé que Sierre-Zinal, raison pour laquelle je m'orienterai l'année prochaine vers le trail.
Merci pour la lecture et désolé d'avoir écrit un tel pavé, mais les souvenirs sont encore très vivaces
Il s'agit là de mon premier CR, j'espère passer le test avec succès
Voilà 3 ans que je cours et au fil de ma progression dans ce sport, une distance est devenue une évidence pour moi. Après une dizaine de courses comprises entre 15 et 21 km et deux Sierre-Zinal (31 km, 2200 m D+), je voulais absolument me tester sur la distance mythique : le marathon !
Comme je voulais que ce soit le clou de mon programme annuel, j'ai opté pour le marathon de Lausanne.
La préparation
J'ai suivi depuis mi-août un plan de 10 semaines avec 3 séances (1x football, 1x EF et 1x SL). Je savais d'entrée que je n'atteindrais pas des sommets avec ce plan, mais comme il s'agit de mon premier marathon, mon objectif prioritaire est de finir, mon objectif secondaire étant de le faire en 4h00.
La préparation s'est super bien passée. Il n'y a qu'une SL que j'ai dû raccourcir pour des raisons familiales. Par contre la dernière semaine a été plutôt mouvementée avec la naissance, mardi 25, de mon deuxième fils. C'est donc la première fois que j'ai pleuré cette semaine. Du coup, je n'ai pu faire qu'une séance d'EF cette dernière semaine. Mais vu que le gros de la préparation est passé, ça ne joue pas un grand rôle. Samedi soir, je file chez mes parents pour qu'ils s'occupent du premier fiston. Mon père et ma soeur ont prévu de m'attendre sur la ligne d'arrivée avec lui.
Avant la course
Je pars de chez mes parents vers 8h00 et roule tranquillement vers Lausanne. Coïncidence : je passe par Vevey, qui sera l'endroit où l'on fera demi-tour à mi-parcours. Les kilomètres entre Vevey et Lausanne défilent. Le trajet paraît beaucoup plus long que d'habitude. Quand je me dis qu'il faudra faire 2 fois cette distance, je commence à avoir la boule au ventre.
J'arrive finalement à Lausanne, je récupère mon dossard et mon t-shirt et je retourne me changer à la voiture. 30 min avant le départ, je fais un détour aux toilettes et je participe ensuite à l'échauffement collectif. Je vérifie ensuite une dernière fois mon matériel de guerre (j'ai mes gels et ma flotte, tout va bien).
Vers 10h05, je suis dans mon bloc de départ. Et là surprise, je repère un coureur avec un beau t-shirt Team-ccap.com. Je m'approche et je me présente. Il s'agit de wilf. On papote (course à pied évidemment) et il me dit qu'il avait rendez-vous avec papadjé, mais il ne l'a pas croisé. Plus tard, on comprendra pourquoi... Juste avant le départ, j'avale mon gel antioxydant.
A 10h14, c'est parti ! Je m'élance pour mon premier marathon. On se serre la main avec wilf, en se souhaitant une bonne course...
La course
Comme mon objectif est de faire 4h00, je colle directement aux basques du meneur d'allure. Après quelques hectomètres, nous commençons à discuter, jusqu'au 2e kilomètre. Il me présente son plan de bataille : prendre une à deux minutes lors des 21 premiers km, et ralentir ensuite un peu le rythme. Hum, ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, mais on verra. Il me dit aussi qu'il ne compte pas s'attarder aux ravitaillements, max. quelques secondes. Encore une mauvaise nouvelle : j'avais prévu de m'arrêter 30 secondes à chaque fois.
Les premiers km confirment que le rythme est un peu plus élevé que ce je pensais. Mais je me sens bien et je suis sans peine. Nous sommes un groupe d'une quinzaine de coureurs avec le meneur.
Km 1 : 05'25'' - 80 %
Km 2 : 05'28" - 77 %
Km 3 : 05'36" - 78 %
Km 4 : 05'41" - 79 %
Km 5 : 05'39'' - 79 %
Les premiers km confirment ce que je craignais : le rythme est plus élevé que ce que je croyais. Au ravitaillement du 5e km, je prends de l'eau et repars dans les pattes du meneur d'allure.
Km 6 : 05'48" - 80 %
Km 7 : 05'49" - 81 %
Km 8 : 05'29" - 80 %
Km 9 : 05'34" - 80 %
Km 10 : 05'52" - 80 %
Je foire un peu le ravito du 10e km et au lieu de prendre de l'eau, je prends un truc immonde à la framboise Avec le gel, ça ne passe pas du tout. Bref, on continue sur le même rythme, mais je ne suis pas essouflé, j'arrive à parler, donc je décide de continuer à suivre le meneur d'allure
Km 11 : 05'31" - 82 %
Km 12 : 05'44'' - 79 %
Km 13 : 05'32" - 81 %
Km 14 : 05'30" - 82 %
Km 15 : 05'27" - 82 %
Le parcours n'est pas du tout roulant. C'est très vallonné, avec des faux-plats qui se succèdent. J'atteins parfois des 85 % de FCM, mais j'arrive toujours à redescendre assez vite. Je continue donc.
Km 16 : 05'35" - 83 %
Km 17 : 05'34" - 82 %
Km 18 + 19 : 10'47" - 83 %
J'oublie de "laper" au km 18, donc au km 19 je "lape" deux fois de suite pour retrouver le bon nombre de km. On traverse Vevey, il y a beaucoup du monde qui nous encourage. On arrive à mi-course, pour le moment ça va. Mais je me dis qu'à ce rythme, ça ne peut pas durer.
Km 20 : 05'23" - 85 %
Km 21 : 05'47" - 84 %
On passe à la mi-course en 1h57'46. On a effectivement plus de deux minutes d'avance sur le programme. Et je commence à le ressentir.
Km 22 : 05'31" - 84 %
Un ravitaillement se présente. Comme ça fait trop longtemps que je suis trop haut dans les tours, je décide de bien prendre le temps de m'arrêter. Je marche peut-être 45 secondes. Quand je repars, le meneur est 10 mètres devant. Il s'est aussi arrêté plus longtemps. Comme il est tout près, je décide de refaire le retard. Il me faudra un km pour y arriver. J'y ai laissé de l'énergie et je sens que je vais bientôt le payer
Km 23 : 05'22" - 86 %
Km 24 : 05'34" - 86 %
Km 25 : 06'07'' - 86 %
Il y a de nouveau un ravito au km 25 (vu qu'on est sur le chemin du retour, on peut profiter des ravitos de l'aller). Mais je commence à payer violemment les efforts consentis ces derniers kilomètres, et là je marche en tous cas une minute. Quand je repars, le meneur est 100 mètres devant. Il est évidement exclu que j'essaie de le rattraper. Les jambes commencent à être lourdes. Je me retrouve quasiment seul, et c'est là que mon chemin de croix commence...
Nous sortons à ce moment-là de Vevey. Le peloton est très étiré. La route goudronnée est en plein soleil, elle est large et comporte de longues lignes droites interminables. En plus, il n'y a personne au bord de la route pour nous encourager. Jusqu'au km 36, je vais courir seul. Il y a bien sûr d'autres coureurs, mais personne ne court au même rythme, donc difficile de trouver un partenaire de course. Au fil des km, les jambes s'alourdissent. J'avance de plus en plus difficilement, mais j'essaie de garder le même rythme. Je dépasse sans arrêt des concurrents qui marchent, qui s'étirent, qui sont blessés. C'est un vrai champ de bataille.
Pour me changer les idées et oublier les jambes douloureuses, je fais deux choses :
- Je pense à mes deux fils, celui qui doit m'attendre sur la ligne d'arrivée et l'autre qui est encore à la maternité avec sa maman. Je pense à la médaille qui m'attend à l'arrivée et avec laquelle mon fiston pourra jouer
- Je prie. Je demande à Dieu de me venir en aide, d'être à mes côtés pour aller jusqu'au bout.
Km 26 : 05'48'' - 84 %
Km 27 : 05'44'' - 86 %
Km 28 : 05'33" - 87 %
Km 29 : 05'42'' - 88 %
Km 30 : 06'16'' - 85 %
Km 31 : 06'09'' - 85 %
Km 32 : 06'35" - 84 %
Km 33 : 06'20'' - 83 %
Km 34 : 06'21'' - 83 %
Km 35 : 07'09" - 79 %
Km 36 : 06'55'' - 82 %
Ce km 36 va être le tournant de la course. Je suis au bord de la rupture. Je ne sais pas comment mes jambes avancent encore, bien qu'au niveau du coeur, ça va encore assez bien. Ce sont juste ces jambes qui me font souffrir. Je me demande encore comment j'ai pu repartir après chaque ravitaillement. Et à ce moment-là de la course, - je ne sais pas si c'est Dieu qui a répondu à mes prières... - mais un coureur me rattrape et au lieu de me dépasser, il s'adapte à mon rythme et reste à mes côtés. Il s'appelle Raphaël. Je comprends tout de suite qu'il est aussi dans le dur et qu'il préfère courir à deux. A partir de là, tout change. Les douleurs sont moins vives, les pas s'enchaînent plus facilement. Les deux premiers km, nous ne parlons pas.
Km 37 : 06'32'' - 83 %
Km 38 : 06'43'' - 83 %
Au km 38, je sors ma gourde pour boire un peu d'eau. Comme je vois qu'il n'a pas d'eau, je lui en propose. Il refuse et me remercie. Et nous commençons à parler de la course, des difficultés, de la souffrance. Nous faisons un peu connaissance, parlons des courses à Genève (il y habite et j'y ai habité), etc. Les hectomètres défilent plus facilement.
Km 39 : 07'14'' - 79 %
Km 40 : 06'48'' - 82 %
Km 41 : 06'46'' - 83 %
Km 42 : 06'51'' - 85 %
La dernière ligne droite fait plusieurs centaines de mètres. Elle est interminable, mais le fait de savoir qu'on la fait nous rend heureux. Nous nous congratulons et nous remercions, conscients que sans cette aide mutuelle, nous serions peut-être en train de marcher autour du km 38... Je le laisse partir et profiter de son arrivée. Quant à moi, les larmes commencent à couler. Je cherche mon père, ma soeur et mon fils. Ils sont à 100 m de la ligne. Je prends mon fils dans le bras, lui fais plein de becs et il finit la course avec moi (lui en courant, moi en marchant...). Je pleure en franchissant la ligne, mais je ne sais pas pour quelle raison : est-ce le bonheur d'avoir bouclé mon premier marathon ou les jambes qui me font tellement mal ? Il y a sans doute un peu des deux...
Temps final : 4h10'
L'aire d'arrivée ressemble véritablement à un champ de bataille : coureurs allongés par terre, visages déformés par la douleur, coureurs qui boitent. C'est assez impressionnant.
Avec le recul, je dirais qu'un marathon, plus que toute autre course, est une véritable bataille : une bataille contre soi, contre la douleur, contre la souffrance.
Mais plusieurs éléments permettent de remporter une bataille :
-stratégie prédéfinie à laquelle on se tient
-volonté en fer de gagner
-trouver des alliés comme Raphaël
Quoi qu'il en soit, je suis fier d'avoir fini ce marathon mais je ne suis pas non euphorique. Je ne pense pas vouloir me relancer sur cette distance, en tous cas pas sur ce parcours (peu roulant, peu de monde pour nous encourager). Cette course m'a beaucoup plus éprouvé que Sierre-Zinal, raison pour laquelle je m'orienterai l'année prochaine vers le trail.
Merci pour la lecture et désolé d'avoir écrit un tel pavé, mais les souvenirs sont encore très vivaces
Last Edit:il y a 13 ans 3 semaines
par deru84
Dernière édition: il y a 13 ans 3 semaines par deru84.
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- AtomHeart
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Réponse de AtomHeart sur le sujet Re: La semaine où j'ai pleuré deux fois
Posted il y a 13 ans 3 semaines #129837
Félicitations Loïc pour ta course et ton beau compte-rendu. Le marathon est une épreuve mentale tout autant que physique et ton récit le prouve bien. Tu as su trouver les ressources pour aller au bout malgré un semi un peu trop rapide au regard de ta FC mais tu t'es accroché. Bravo à toi ainsi qu'à Raphaël... Que d'émotions à l'approche de la ligne d'arrivée !
Maintenant tu peux profiter de ta récompense: Tu es marathonien !
Je te souhaite une bonne récupération. Au plaisir de lire ton prochain compte-rendu.
Maintenant tu peux profiter de ta récompense: Tu es marathonien !
Je te souhaite une bonne récupération. Au plaisir de lire ton prochain compte-rendu.
par AtomHeart
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- jordan40
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Réponse de jordan40 sur le sujet Re: La semaine où j'ai pleuré deux fois
Posted il y a 13 ans 3 semaines #129845
Fort en émotion ce CR . Comme l'a dit Boris tu es marathonien maintenant ! Profite bien de ta récup . A bientot pour de nouvelles courses et de nouveaux CR
par jordan40
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- forrest_team
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Réponse de forrest_team sur le sujet Re: La semaine où j'ai pleuré deux fois
Posted il y a 13 ans 3 semaines #129850
Toutes mes félicitations pour ton premier marathon.
Maintenant tu sais ce que c'est la souffrance en CAP
Tu verras, cette expérience va beaucoup t'apporter autant au niveau sportif que dans la vie en général.
Au plaisir de te croiser en 2012 dans nos belles montagnes
Maintenant tu sais ce que c'est la souffrance en CAP
Tu verras, cette expérience va beaucoup t'apporter autant au niveau sportif que dans la vie en général.
Au plaisir de te croiser en 2012 dans nos belles montagnes
par forrest_team
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- Ernest FP
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Réponse de Ernest FP sur le sujet Re: La semaine où j'ai pleuré deux fois
Posted il y a 13 ans 3 semaines #129851
Oui, comme tu le dis, un marathon est une course à part.
Il révèle son mystère au cours des kms et il faut dans ce cas tenir ses engagements dès le début.
Concernant la vitesse du meneur d'allure, il faut juste savoir qu'il sera toujours en avance sur son temps car il a un peloton de coureurs derrière lui
A Paris cette année, je l'ai laissé filer sinon c le rouge pour moi.
Pour tes larmes à l'arrivée, on les a tous à notre premier car on a le sentiment d'avoir accompli qqchose d'extraordinaire: courir 42 kms, qui n'est pas donné à tout le monde
Allez bon courage et tu verras, tu mettras un plan marathon bientôt dans ton programme car tu es aussi devenu un accro De la distance.
Il révèle son mystère au cours des kms et il faut dans ce cas tenir ses engagements dès le début.
Concernant la vitesse du meneur d'allure, il faut juste savoir qu'il sera toujours en avance sur son temps car il a un peloton de coureurs derrière lui
A Paris cette année, je l'ai laissé filer sinon c le rouge pour moi.
Pour tes larmes à l'arrivée, on les a tous à notre premier car on a le sentiment d'avoir accompli qqchose d'extraordinaire: courir 42 kms, qui n'est pas donné à tout le monde
Allez bon courage et tu verras, tu mettras un plan marathon bientôt dans ton programme car tu es aussi devenu un accro De la distance.
par Ernest FP
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- gilles84 [Dum Spiro Spero]
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Réponse de gilles84 [Dum Spiro Spero] sur le sujet Re: La semaine où j'ai pleuré deux fois
Posted il y a 13 ans 3 semaines #129860
je pense qu'on a tous revecu tout ou partie de notre 1er marathon dans ton recit ....moi en tout cas j'y ai retrouvé beaucoup ...
Felicitation MARATHONIEN !!!
cette "épreuve" t'aidera bcp pour les autres courses
Felicitation MARATHONIEN !!!
cette "épreuve" t'aidera bcp pour les autres courses
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