Mai 2011 : Le 10km d'Anne-Marie

Partie 1 : Les faits

Je considère que ma préparation était solide. J'étais entrainée, reposée, j'étais prête à courser, etc. un peu nerveuse, mais que positif. J'avais fait un 10km d'entrainement 3 semaine au préalable qui m'a valu un 43 min, sans trop pousser. J'ai finalement pris 2 Advil 2.5 hres avant le départ, pour que ma fesse me laisse tranquille.

Réchauffement de 15 min et qques accélérations.

18h15: je me place dans mon coral
18h30: Coup de départ. Je me rendrai rapidement compte que ma montre n'a pas démarré; Garmin a perdu les satellites pendant l'attente, et je n'ai pas plus de répère. Bon, tant pis, je regarde l'heure comme repère imprécis.
km 5: 20m17s (il y avait un cadran avec le temps, alors je suis certaine de ce temps de passage). Ca va bien. Je continue à ce rythme.
km 6 : Je frappe un MUR! J'ai envi d'arrêter, de marcher, je n'en peux plus. C'est arrivé surnoisement. Je m'accroche, je sais que mon copain m'attend à la prochaine station d'eau pour courir 1 - 2 km avec moi.
km 6.5 à 8.5 : mon copain me rejoint, tente de me faire accélérer légèrement. Je me répète ``C'est dans ta tête, continue, ca va bien, tu vas passer sous 41 min, c'est sûr, etc``. Je continue. Je me bats pour garder le moral, mais je ne suis pas dupe et sais que physiquement, ca va de mal en pire. À un moment, un cri venu de je ne sais où dans ma personne jaillit de ma bouche, et dure, dure, dure au moins 5 secondes : un exutoire de douleur. ``C'est dans ma tête, continue``.
km 8.5 à 10 : Mon copain me quitte. Mon but n'est que de finir le plus rapidement possible.

Je termine la course en vision tunnel. J'ai même oublié de regarder mon temps final!!! Je suis complètement étourdie à l'arrivée. Les médics m'asseoient, puis je pense enfin à regarder ma montre, et il est 19h11 et qques secondes. Ouais, je dois avoir couru en 40min haut ou 41 min bas. C'est bon, je prends, j'ai mal, mais contente de ce temps. Les médics me parlent un peu, je me ressaisis (l'orgueil) et insiste pour marcher vers la zone de transition. Je suis étourdie, je ne sais plus où je dois rejoindre mes amis, et quand je m'en souviendrai, je n'aurai aucune idée comment m'y rendre (géographiquement parlant), malgré que ce soit notre point de rencontre habituel depuis des années et qu'il est à moins de 250m de l'arrivée!

Je prends de l'eau, du gatorade, des quartiers d'orange, etc. Finalement, je parviens à mon point de rencontre, malgré 2 arrêts de 5 minutes pour étirer des horribles crampes aux mollets (qui me font encore mal aujourd'hui). Mon copain me retrouve. Je vois dans son visage qu'il est à la fois inquiet et mal à l'aise : il sait qque chose. Le chat sort du sac : mon temps officiel est 42m39s, iphone à la main. La course a du commencer à 18h28 sur ma montre.

Je suis bouche bée.

Partie 2 : L'analyse et les émotions

Tout ca pour avoir coupé 20 secondes d'un 10km d'entrainement? Tout ca pour 42m39s? Ca n'a pas de bon sens!

Je mentirais si je n'avouais pas avoir penser abandonner la cap. Ce n'est pas tant une question de rapidité ou d'avoir raté mon objectif. Je suis entièrement consciente de ma chance de courir ses temps et parfois gênée de ma déception. Par contre, quand mon loisir génère des émotions et des pensées négatives, j'ai à me questionner. Les sports seront toujours une zone grise entre le plaisir et la compétition malsaine pour moi. Je le constate.

Je n'ai pas de plans à court, moyen ni long terme. Pour l'instant, je suis au repos et j'ai besoin que le goût de courir pour le plaisir revienne. D'une part, les crampes que j'ai eues aux mollets après la course les ont rendus tellement sensibles que 4 jours plus tard, j'ai encore de la misère à simplement marcher! D'autre part, je dois retourner en EF et me concentrer sur des exercices spécifiques pour me débarasser de ma blessure qui me gênait à la fesse dans les dernières semaines. Et je n'ai pas envi de me fixer un objectif maintenant.

Le moment le plus inspirant, le lendemain matin, quand j'encourageais les marathoniens 4h30+, je les ai tous vs terminer leur marathon, sourire de satisfaction aux lèvres. Ce sont eux qui m'inspirent le plus.

FELICITATION d'etre allée au bout de toi même mon Anne-marie ...au final c'est bien ce qui compte

Effectivement à notre niveau, le chrono ne doit pas venir manger le plaisir ...On a pas l'entrainement pour tout miser toujours sur le chrono ....Il faut rechercher le terrain, la distance ou l'on prend ce plaisir ....Toi je t'ai lu rayonnante de bonheur sur ta prépa et ta coruse marathon ....ton plaisir est surement sur ce terrain et tes perf en atteste ...

On passe tous par là à un moment donné tu sais ...

Moi c'etait à mon semi d'Aix l'an dernier ...mal abordé, mal géré ...j'ai passé 20' à vomir à l'arrivée et j'ai eu un mal fou à faire les 100km de retour chez moi en voiture ...Ce jour là, dans ma tête, j'avais abandonné l'idée marathon et la CAP ....ça a duré 2 jours, mais je m'en était dégouté ....
Après le 10 kilo de marseille j'ai eu cette sensation aussi ...Ravi de mon chrono mais justement ce chrono était trop oppressant ...l'allure, l'allure , l'allure ....D'ou un virage plus typé "trail" que je prend actuellement...pour casser ça et regenerer du plaisir ...

Pour le "trou noir" d'après arrivé ...connu ça aussi à un 10 km ou je m'etais mis dans le rouge ....aucun souvenir de l'après arrivé, le ravito, le t shirt ...rien ...j'etais même retourner chercher mon t shirt cadeau 25mn après l'arrivé en voyant les gens passer avec et en fait il etait ...sur ma banquette arrière de la voiture ...aucun souvenir de l'avoir recupéré

Ta prépa était bonne, mais la fin perturbée par ta blessure et tu doutais fortement de toi ....Après , un jour sans ...Peut etre que les 2 cachets ont joués aussi ...

Repose bien tes bobos ... et dès que c'est fait, mets tes running, sans montre ; sans cardio , avec un mp3 sur les oreilles, prend ta voiture et arrete toi courir à un endroit qui te fait envie ...simplement courir, sans allure, sans chrono ....et ça reviendra avec ton sourire.

grosses bises anne-marie

ps : j'ai encore besoin de toi comme "modèle"

Hello "cousine"

Déjà bravo pour cette belle perf, car tout de même, c'est une très jolie performance.
Sais-tu pourquoi tu as connu cette petite défaillance ?
Et avais-tu déjà eu des crampes, car je sais que c'est super pénible à gérer ça.

Bonne récupération

Dur, dur !!

Pour finir au bord du malaise, c'est sur que tu as tout donné, et donc pas grand chose à te reprocher le jour J. Comment étaient les conditions météo ? Chaudes ?
Je crois qu'il ne faut pas incriminer les 20s manquantes dans ta prépa mais faire une prépa avec une blessure est respectable mais au final surement handicapant. Je crois que ton objectif (et même ton temps final) est qualificatif championnat de France. A ce niveau de performance, la marge est faible, et contrairement à un sport avec opposition, on ne peut pas espérer une défaillance du chrono.
Pour tes sentiments d'après course, j'ai l'impression de me retrouver après mon 1er marathon : ca été été tellement dur que je me suis dit qu'on ne m'y reprendrait plus. Il m'a fallu quelques jours pour relativiser, apprécier et décider que j'en ferai d'autres jusqu'à passer sous 3h30.
Je comprends aussi ton conflit entre plaisir et perf. D'ailleurs, au risque de surprendre, je n'éprouve pas de plaisir quand je cours hors préparation/objectif : je ne sais pas courir pour le plaisir !!! Mes besoins sportifs sont la compétition et le défi. Est ce que la compétition contre le chrono est malsaine ? Je ne crois pas, mais chacun son avis.
Le fait que tu as déjà fait moins de 40' sur 10km il y a quelques années, est-ce une motivation (tu veux te prouver que tu en es toujours capable) ou un frein (ton objectif a déjà été atteint une fois) pour retenter ta chance ?

Repose toi bien, régénère toi bien, et j'espère te relire pleine de bonnes intentions.

Sportivement

Je comprends ta déception, c'est vrai que s'investir sur plusieurs semaines d'entrainement et au bout ne pas être récompensé pour ses efforts est décourageant. L'entrainement de la CAP est souvent ingrat, mais ça serait trop facile, juste parce qu'on a suivi un plan d'entrainement qu'on ai la certitude d'arriver à notre objectif. Il y a tellement de paramètres imprévisibles qui rentrent en compte. Dis toi juste que c'était un jour sans et "move on"

Pour m'éviter ce genre de désagréments, je me fixe plusieurs objectifs à court, moyen et long terme. En début d'année c'était terminé mon premier marathon en 3h30, à l'automne j'espère 3h15, en hiver terminer mon premier trail la SaintéLyon. Pour l'année 2012, je vais essayer d'acquérir les 5 points pour l'UTMB 2013, et ainsi de suite. Si je rate un objectif, je passe au prochain.

Comme me disait ma grand-mère : 'Ne mets pas tous tes oeufs dans le même panier !'

Bonne récupération

J'ai envie d'ajouter quelque chose... parce que tu ne peux pas tout mettre sur toi. Je suis à Montréal, mais c'était relativement pareil à Ottawa. Samedi l'humidité frôlait le 90%. Je suis allée faire un 45 min en EF et je sentais mes deux jambes coupées. C'était vraiment des conditions difficiles d'autant plus que c'était la première fois que nous avions des vraies chaleurs d'été alors personne ne pouvait être encore à l'aise avec ça, encore moins une personne qui se défonçait sur un 10km. Anne-Marie était déjà pour moi une championne... et je sais que ton temps te déçoit incroyablement. Mais avec les températures de samedi, tu demeures une très très grande coureuse.

Bon repos Anne-Marie.