S'équiper pour la course à pied

Franchir la barre des 3h - mes doutes

Réponse de Air1 sur le sujet Re: Franchir la barre des 3h - mes doutes

Posted il y a 10 ans 7 mois #305132
Je pense que c'est indépendant du niveau, mais plus lié au besoin de se fixer un objectif pour se motiver et pour son égo. Regarde le nombre de posts sur ce forum ou d'autres dans lesquels les coureurs cherchent à estimer (souvent avec une barre très voire trop haute) leur performance sur une distance qu'ils vont courir dans 6 mois? Ceci a été renforcé sur le site par l'apparition des plans par objectif (qui pourraient laisser croire qu'il suffit de faire le plan pour atteindre l'objectif, alors que les plans ne proposent aucune allure). Et le fait de ne pas remplir l'objectif peut être vu comme un échec (et je le comprend très bien car j'ai moi même tendance à raisonner comme ca), et que si échec il y a car objectif hors d'atteinte ca ne sert à rien de souffrir pour terminer la course.
Tout le monde ne court pas pour le même "plaisir": pour certains, regarder les oiseaux suffit à se motiver pour sortir en hiver sous la pluie, pour d'autres la motivation passe par le chrono. Et ils préfèrent abandonner ou ne pas se présenter au départ si le jour J leur chrono n'est pas jouable. Et plus le nombre de courses programmée chaque année est faible (marathon par exemple, à l'inverse de 10 kms), plus elles sont "importantes" car pour essuyer l'échec il faudra patienter au moins 6 mois et rebosser comme un sourd. Pas simple tout ca....
par Air1

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Réponse de krampus sur le sujet Re: Franchir la barre des 3h - mes doutes

Posted il y a 10 ans 7 mois #305142
Bien sûr, je commence à voir clair d'ailleurs. Et quand on n'en est plus aux "premiers" marathons, comme dans mon cas, une déception être mal vécue, je le conçois très bien. De là à cesser sa course, sans blessure, et sans égard pour les efforts consentis de part et d'autre, c'est quand même surprenant. Ernest annonçait déjà son dernier marathon. A mon avis, il y avait déjà un ras-le-bol de la distance et le seul objectif était le chrono: moins de 3h ou au pire record perso. A mon avis, le plaisir des 42.195 n'était déjà plus là et celui des chronos s'envolait -à tort ou à raison - sous ses yeux. Peut-être un prétexte aussi.
Bref, j'ai hâte de lire la suite Ernest, que tu nous en dises plus, car ça m'intéresse beaucoup sur la gestion du mental face aux objectifs.
par krampus

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Réponse de ernest sur le sujet Re: Franchir la barre des 3h - mes doutes

Posted il y a 10 ans 7 mois #305338
Ohlala tous vos messages me font plaisir, et je vais essayer de répondre plus dans le détail à tout ce que j'ai éprouvé avant et pendant la course. Pour bien comprendre tout cela, je fais l'historique de mes aventures course à pieds.

Historique et contexte
En 2008, je n'ai jamais couru avec un chrono, je participe aux 20 km de Paris, je ne fais que du fitness en salle de sport et je cours une à deux fois par semaine (8km), je fais 1h29. L'année suivante, je me dis que je vais faire 1h25 fastoche, je cours un peu pour m'entrainer avant (contrairement à l'année passée), et je termine difficilement (voire assez mal, après la course j'ai eu les mains toutes violettes bizarres pendant plus d'une heure) en 1h31. L'année suivante je ne m'entraîne pas, je pense refaire 1h30 et là j'explose complètement en 1h40 (avec un cardio bloqué sur les derniers km à 192 !). Epuisé, totalement dégouté, je rentre chez moi, et je m'inscris dès mon arrivée à mon premier marathon : "j'y arriverai, je ferai l'entraînement et puis voilà" (un pote a fait en avril son premier et unique marathon de Paris en 2h55, il me dit alors (véridique) "tu verras c'est super facile, dans les entraînements tu cours lentement et le jour J c'est surprenant, tu cours vite").

Les marathons précédents
Premier marathon, je m'entraine en 3h30 (avec un autre pote qui a couru les 20km en 1h34). Je ne regarde pas mon cardio, je cours comme je veux, je respecte à peu près l'entrainement je me fais chier à l'allure 5 minutes au km, je trouve que 4 sorties par semaine c'est trop (le pote à 2h55 en a fait que 3 donc forcément c'est mieux), je passe en plein milieu d'entraînement à un plan 3h15. J'en chie mais c'est pas grave, c'est merdique. Je jour J, ça donne 3h35, et mon pote fait 3h22 … Ok, l'année prochaine je respecte le plan (mon pote est une machine qui suit les plans à la lettre).

Deuxième marathon, je débute l'entraînement sans avoir couru (peut-être une fois par semaine max depuis les 20km) je suis direct sur un plan 3h15 que je suis à la lettre au début (après je rate certaines séances, et comme je sors un peu, il m'arrive de partir pour mes séances longues en marchant pas tout à fait droit ...), mon pote est sur un plan 3h (il a fait 1h21 aux 20km). Je suis le plan à peu près sérieusement sauf que je ne prends aucune précaution alimentaire (je fais mes sorties longues à jeun car je m'en fous, je ne bois qu'un demi-litre sur mes sorties de plus de 2h, sans gel). Marathon passé en 3h13 (sans gel, sans truc alimentaire particulier avant) quasi aucune douleur, et je termine vraiment bien. Mon pote fait 2h56. Conclusion : en suivant les plans ça marche.

Troisième marathon, je reste sur un plan 3h15 (pareil sans avoir couru depuis octobre, mon pote m'appelle le phoenix, car je débute toujours l'entraînement comme une merde et aux alentours de la quatrième semaine mon rythme EF passe de 5min25 au km à 4min55). Mon pote à fait 36min au 10km l'équipe et 1h13 (!!!) aux 20km, il souhaite faire le marathon en 4min au km. Pour moi, au début je suis en dessous du trait et rapidement je passe au dessus (je cours plus vite à FC prévue). Toujours pareil, je suis pas super sérieux sur l'hygiène de vie, je sors mais le jour J je prends des gels, il parait que c'est formidable. Mis à part des maux de ventre j'ai rien vu de plus. Je termine avec un second semi tout en douleur en 3h08. Mon pote fait 2h42, sa course s'est bien passée.

Cette année
J'ai couru le 20km de Paris en 1h25 (je me suis entraîné pour, sachant que l'idée est de ne pas arriver fatigué, pour confirmer que je peux faire 3h), le pote l'a fait en 1h12 (9ème de sa catégorie, sachant qu'il s'entraine seul, tout comme moi). J'arrive un peu fatigué de mon 20km mais sans plus, le cardio est un peu monté mais je suis dans la norme. Je décide que cette année est la dernière, que je vais faire super sérieusement ma préparation, que je vais courir pour entretenir ma forme jusqu'au début de la préparation etc. Je décide également de suivre les préconisations pour tout ce qui concerne les soirées, les apéros etc … Je fais absolument tout comme c'est écrit dans les bouquins, je respecte mes fréquences cardio, je fais toutes les séances, je suis sérieux je prépare tout, pour la première fois je prends du malto avant, je prends des gels pour mes sorties longues, j'investis dans un truc pour boire pendant les sorties longues. Bref je suis un robot, une "machine de guerre". Sur mes sorties tests, c'est bizarre car j'ai pas des super résultats et notamment sur le semi … Je fais juste 20 secondes de mieux que l'année passée (!) mais pour le reste (fractionnés, seuils et EF), je suis bien mieux que l'année dernière - je faisais le 800m en 3min, là je suis à 2min52, le seuil passe en un peu moins de 4min … et le cardio est normal, même si j'ai mes dérives sur les AS42 (sauf que j'ai toujours eu le vent de face, donc j'y crois). Sur la fin, je trouve que l'entraînement est un peu trop lourd (à partir de la fin semaine 8, je cours six jours d'affilée pour terminer sur une séance de fractionné, je trouve ça bizarre mais c'est sur le plan donc je ferme ma gueule et je m'exécute). Cela dit, j'en ai plus que marre de courir … Je prends mon malto, j'y crois quand même (même si sur mes dernières sorties, j'ai des sensations pas bonnes qui me font douter). La veille de la course, je me dis "vivement la fin, j'en ai marre …"

Le jour J
J'ai tout préparé comme prévu, j'ai mes allures en tête, je vais forcément faire bien mieux que l'année passée (c'est évident je n'ai aucun doute là dessus), mais peut-être que je ne vais pas passer les 3h. Et quand je vois la gueule de mon coeur au 6ème km, je pense que c'est peut-être le début de la fin. à partir du km 14, je passe mon temps à gamberger et quelques éclairs de conscience utiles me font dire que peut-être "ça passera". Mais je doute beaucoup beaucoup et je n'ai pas envie de me mettre en danger d'un point de vue santé (mon super pote qui court très très bien a fait un avc trois semaines après son 20km … Heureusement, il s'est super bien remis, n'a aucune séquelle et recours aujourd'hui, sans trop forcer). C'est con, mais je pense à tous ces petits trucs et je sors complètement de la course. J'ai mon coeur toujours aussi haut, ça me stresse de plus en plus, je vois qu'il ne redescend pas, et j'ai beaucoup d'appréhension par rapport à mes souffrances de l'année passée (sur mes courbes cardio, à chaque fois que je souffre mon coeur prend 10 pulsations pour passer à plus de 170 et là je les touche presque alors que je suis juste au semi). Bref, je suis déjà sorti de la course (je ne pense plus à appuyer sur ma montre pour voir mon rythme au km) et je me regarde courir. Et vraiment j'en arrive à me dire "pourquoi je cours ?" … Pour atteindre un objectif … que je ne vais pas atteindre. Et en plus je vais souffrir. Alors autant tout arrêter.

Et après
Sur le moment, je suis super content d'avoir arrêté : "je suis indépendant, j'ai rien à prouver, ça sert à rien de terminer pour faire moins bien et en ayant mal, voire en mettant ma santé en danger". Trois heures plus tard, je commence à décliner et à être très triste ; et si j'avais couru sans cardio (comme un type avec lequel j'ai discuté au 4ème km et à qui je disais "c'est bizarre, je suis un peu haut en cardio") … Et si, et si, et si … J'en ai plein la gueule des questionnements. Pourquoi d'ailleurs un tel cardio ? Le surentrainement + les 3 cafés + la chaleur ? Peut-être. Pourquoi n'ai-je pas continué ? Quel temps aurais-je fait ? Dois-je en rester là ? …

Mais la seule question qui domine tout est "comment est-ce possible ????" : je ne suis pas un adepte des théories, considérant qu'il y a un cadre général duquel toute individualité (comme moi sur toutes mes expériences passées) peut sortir (mais reste quand même dans quelque chose d'admissible par rapport au modèle). Là j'ai tout qui a sauté (sur mon semi d'entraînement - 1h29, j'ai fait 156 de moyenne avec un max à 162) sans explication valable. Bref je suis dans le flou et je n'ai pas du tout envie de terminer sur cet échec.

Au final, je me suis pré-inscrit hier pour l'édition 2015 … Désolé pour ce post très long qui explique un peu plus pourquoi comment :/ (même si je ne sais toujours pas pourquoi je cours).
par ernest

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Réponse de seskap sur le sujet Re: Franchir la barre des 3h - mes doutes

Posted il y a 10 ans 7 mois #305356
Salut, je viens m'immiscer dans la conversation si vous m'acceptez.
Je n’ai pas le quart de la moitié de l’expérience que vous avez tous ici, mais je trouve ce sujet super intéressant.
Si un regard extérieur à la CAP (vu mon peu d’expérience on peut dire que je suis pas encore complètement dedans) t’intéresse, je peux te donner mon avis de psychologue de comptoir sur ce que je viens de lire ici et sur ton blog.

Quand je lisais la préparation que tu faisais avant (chapeau pour les chronos) et celle de cette année plusieurs trucs me sont passés par la tête :
J’ai l’impression que suivre un plan est super contraignant pour toi et que tu as emmagasiné de la frustration pendant ces longues semaines. Cette frustration a-t-elle pu te faire dégoupiller quand ça ne marchait pas et te faire abandonner ? Je me mets à ta place et j’aurais surement réagit pareil.
Comme je disais j’ai pas l’expérience de la CAP, mais lors de mes études et en général dans la vie j’ai toujours été branleur sur les bords. Pour mes études par exemple je révisais vaguement et au dernier moment, j’y allais sans pression et j’avais des bonnes notes. Du coup super content je me permettais même d’être peut être condescendant et de dire voilà je suis libre, il faut pas se prendre la tête. Je parle de moi, je ne suis pas en train de dire que tu es comme ça, je te connais même pas en vrai.
Le jour où on joue sérieusement et ou je veux faire un truc sérieux pour vraiment donner le max, je me mets un max de pression. Dès que quelque chose ne suis plus le plan je stresse, je deviens insupportable pour mon entourage, j’angoisse et je vois tout en noir. Au moment de l’échéance je perds mes moyens et finalement je me vautre. Si ce qui t’es arrivé devais m’arriver, l’explication serait claire pour moi (facile à dire quand on est pas dans le truc).

J’ai pas de solution pour la suite (pour moi en tout cas). Je dois toujours jongler avec ce besoin d’améliorer mes marques (pas que en CAP) pour qu’il y ait de l’intérêt et le stress si je sans qu’il faut que je suive un plan serré. Je pense que mon problème à moi est clairement mental. En sport individuel, dès que ça devient trop chaud j’abandonne et je change de sport/activité. Comme tu dis je ne suis pas une machine et je ne suis pas un compétiteur né : si je sens que c’est inaccessible je laisse tomber et j’encaisse difficilement l’échec si je me suis investi énormément. Pour l’instant j’ai de la marge mais je me demande si quelque chose me poussera à courir une fois que mes marques baisseront.
Peut-être que le Trail est une solution ou alors un truc par équipe ou tu peux partager la pression?

Désolé si je suis allé trop loin ou si je suis à côté de la plaque.
par seskap

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Réponse de ernest sur le sujet Re: Franchir la barre des 3h - mes doutes

Posted il y a 10 ans 7 mois #305370
@Seskap : dans mes études et ma vie pro, j'ai un peu la même attitude que toi donc il est fort possible que ce côté là de ma personnalité soit ressorti le jour de la course ; ça explique ma réaction pour abandonner, mais ça n'explique pas mon cardio à la con :).
par ernest

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Réponse de seskap sur le sujet Re: Franchir la barre des 3h - mes doutes

Posted il y a 10 ans 7 mois #305377
Le stress. Le relachement que tu avais lors des précédentes éditions (pendant la course et les jours avant) est peut etre parti avec la pression de l'objectif?
Apres on peut tous avoir un jour sans, mais ils n'arrivent pas toujours par hasard.

En tout cas ton experience me fait réfléchir sur mes motivations à faire de la CAP. Merci de nous faire partager.
par seskap

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