CR de la MiMil'Kil 2021
- ynwa
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CR de la MiMil’Kil 2021. (du 3 juillet au 9 juillet maximum)
Remettre le couvert pour un festin de 500km moins de 10 jours après le précédent, beaucoup devaient penser que j’étais un peu fou de tenter le challenge et sans doute plusieurs croyaient que j’allais me planter. Moi-même, je ne savais pas trop comment j’allais réagir physiquement et psychologiquement à cette nouvelle aventure pédestre. Mais j’avais la certitude que les nombreux kilomètres effectués depuis le début de l’année – plus de 6000 – allaient m’aider à passer les caps difficiles qui n’allaient pas manquer se se présenter à moi.
L’avant-course.
Même location de camion, certes un peu moins spacieux que le premier, même équipage avec Jean-Paul comme fidèle accompagnateur, ravitailleur, motivateur … même lieu de départ, à savoir Lignac, place de la mairie.
Au lieu de nous installer au camping de Chaillac, nous avions le droit de poser notre véhicule autour du terrain de football de Lignac et dans l’après-midi du vendredi veille du départ, le site ressemblait fort à un terrain de camping. Une vingtaine de véhicules étaient stationnées, du fourgon aménagé ou non au camping-car des plus sophistiqués en passant par la simple automobile.
Les retrouvailles avec les autres participants avaient l’air d’une grande réunion de famille car dans ce microcosme de coureurs d’ultra chacun des membres fait partie de la famille. Certains allaient courir en solo et bivouaquaient sous l’abri situé près des vestiaires comme ils le feront tout au long des 500km.
Le briefing en fin d’après-midi, puis le repas du soir et enfin le coucher après avoir bien préparé la tenue pour le lendemain.
Le jour J.
La pluie s’est invitée au moment du départ. Jusque-là, le ciel était couvert et la plupart des coureurs avait revêtu le t-shirt rose donné par JB et que nous devions mettre pour la photo du départ, libre à chacun par la suite de le conserver ou d’enfiler une autre tenue. J’avais le mien, par dessus mon vêtement de pluie – on n’est jamais trop prudent et j’avais l’expérience de la semaine précédente où la pluie m’avais surpris au bout d’une heure de course. 7h sonnèrent au clocher de l’église, c’était le signal du départ et la cohorte de plus de 50 coureurs s’élança. Je m’aperçus que j’étais donc un des seuls à avoir mis le vêtement de pluie et comme il faisait assez bon, je savais que j’allais vite transpirer. Mais quitte à être mouillé « dedans » autant se protéger « dehors ». C’est parti vite et devant j’avais du mal à compter combien de coureurs s’étaient envolés, en tout cas plus de 25. Je m’élançai prudemment avant de trouver l’allure de croisière qui me convenait. J’étais moins rapide que lors de la LILO où j’avais fait les 10 premiers kilomètres avec Alex Forestieri mais j’avançais quand même. Je profitai de me retrouver avec des connaissances pour discuter un peu, chacun allant de ses compliments à mon égard concernant la LILO et au fait que je remettais ça. Je parlai aussi avec des personnes que je ne connaissais pas ; nous n’étions pas encore rentrés dans nos bulles respectives.
Chaillac passé, direction Beaulieu où la pluie continuait toujours de tomber, mais pas comme il y avait 9 jours où elle survint d’un coup peu après le 10ème kilomètre et me trempa m’obligeant à me changer rapidement. Là, elle tombait depuis le départ mais je n’étais pas complètement trempé et l’intérieur de mes chaussures restait sec. La route vers Saint-Sulpice était toujours aussi fréquentée en ce samedi matin, il fallait donc se méfier. Je décidai de ne pas faire d’arrêt à Saint-Sulpice et de continuer en direction de la Souterraine.
Chacun ayant trouvé une allure – son allure – j’avais dépassé quelques coureurs et d’autres m’avaient à leur tour doublé. Toujours la pluie. À Bussières-Madeleine, après un petit ravitaillement nous empruntâmes une petite route peu fréquentée et nous eûmes une vingtaine de minutes de tranquillité. Mon premier « gros » ravitaillement était prévu à St Priest-la-Feuille au km 46,5 soit un peu plus loin que lors de la LILO où je m’étais arrêté à la Souterraine. Je voulais grignoter petit à petit sur mes temps de pause. La pluie se calma peu à peu et devint intermittente puis disparut aux abords de Bourganeuf laissant parfois de belles éclaircies réchauffer l’atmosphère et sécher la tenue. J’avais près d’une heure d’avance à Bourganeuf par rapport à la LILO où un orage m’avait immobilisé 45’ dans le camion avant que je reparte. Je retardai d’autant mon second ravitaillement que je pris une fois la cité aux tours Zizim traversée et le raidillon de plus de 700m qui démarrait la montée vers Royères-de-Vassivière passé. Il était environ 18h, j’étais au kilomètre 88. Pendant ma collation, Markus et François me dépassèrent ; ça allait être mes compagnons de route lors des prochaines heures où nous avons joué au yo-yo au gré des arrêts de chacun. D’autres avaient fait une halte à Bourganeuf, mais je ne les avais pas vus. Je changeai de chaussures et mis aussi des chaussettes sèches après avoir soigné mes pieds et mis de la crème. À ce moment, point d’ampoule ! Juste des ongles meurtris et douloureux en descente.
La montée vers Royères n’est pas uniforme et souvent la route descend avant de remonter ce qui permet d’engranger les bornes sans trop taper dans les réserves. Le km 100 au Compeix fut passé en 12h48’ soit avec près d’une heure d’avance sur mon dernier passage ici même et je voulais faire fructifier cette heure et la transformer en une dizaine de kilomètres de plus pour mettre un terme à ma journée. Pour cela je me devais de rester régulier et ma forme physique me le permit ou tout au moins elle me donna la possibilité de bien avancer sans problèmes particuliers. Lors de la descente vers le lac de Vassivière je m’équipai de ma tenue de nuit avec gilet de sécurité, lampes rouges clignotantes à l’arrière et à l’avant en plus de ma frontale que je n’allumai toutefois pas encore, l’obscurité n’étant pas franche. Autour du lac il semblait y avoir quelques animations en ce samedi soir et je croisais plusieurs véhicules. Ensuite, sur la petite route montante en direction de Faux-La-Montagne je ne vis plus personne, seuls les chiens de garde des troupeaux de moutons aboyaient et me suggéraient de ne pas m’attarder dans le coin. À la lueur de la frontale je cheminai rencontrant parfois de petites zones de brume qui réduisaient la portée du faisceau lumineux de mon éclairage. Les bruits et les bêtes de la nuit, que j’ai appris à apprivoiser, maintenaient mes sens en éveil et comme je n’avais pas sommeil, j’étais prêt à aller beaucoup plus loin, au-delà de Faux-la-Montagne, point d’arrêt de la 1ère journée sur la LILO. J’avais envoyé Jean-Paul au camping de Faux afin qu’il prenne une douche si cela lui convenait et je devais le retrouver peu après le camping pour un dernier petit repas. 23h passées, je voulais avancer et c’est ce que je fis en me donnant comme point final à la journée au moins le pont sur le lac de Chammet. Mon coéquipier stationna sur une aire de repos au kilomètre 128,5 et comme il m’avait préparé une casserole d’eau chaude – devenue tiède entre-temps – je m’arrêtai pour la nuit, fis une petite toilette et me couchai.
2ème jour.
Malgré un coucher tardif la veille (fin de course minuit 20, couchage à 1h) je n’eus aucun mal à me lever quand le téléphone de Jean-Paul sonna vers 4h30. Le temps de me préparer, de crémer mes pieds, d’enfiler ma tenue, je pris mon petit déjeuner : une tasse de café noir et un bol de lait froid avec des céréales. Je repartis à 5h15 pour essayer de passer Peyrelevade avant les 24h de course. 2 coureurs étaient passés pendant que je me préparais, ils avaient passé la nuit au camping de Faux et étaient repartis depuis plus d’une heure : Stéphane Clément, en solo, et François que j’avais vu plusieurs fois la veille. Après Peyrelevade je proposai à Stéphane un café si ça lui disait et il accepta. Ça devait lui permettre de rejoindre une autre commune où il pourrait peut-être trouver quelque chose d’ouvert pour se ravitailler. Je franchis les 24h avec environ 140km au compteur. Le prochain point de ravitaillement pour manger, je l’avais fixé à Combressol, au km 167, soit une quarantaine de kilomètres après notre lieu de repos. Il fallait passer Millevaches puis Meymac. Mentalement j’imaginais le parcours, me projetant souvent bien plus loin connaissant les lieux et je m’étais fixé comme nouvel objectif d’arriver au pont de Saint-Projet sur la Dordogne afin de prendre une nouvelle collation. À cet endroit se situait le km 200. Auparavant j’avais profité de l’absence de douleurs aux pieds pour aller un peu plus vite dans les descentes comme celle pour aller jusqu’à Meymac puis cette autre 7km après Neuvic débouchant sur le pont. Km 200 franchi au bout de 32h32’ de course depuis Lignac.
La remontée vers Mauriac était ombragée au début et j’en profitai car la température montait au fur et à mesure que le ciel se débarrassait de ses nuages. Ma tenue était sèche, mes pieds n’avaient pas trop mariné sur mes semelles qui avaient été très humides à un moment. Je sentais néanmoins quelques petites gènes au niveau des orteils et sur le bord du talon gauche. Avec mon coach ravitailleur nous édifiâmes une stratégie : aller jusqu’au col de Legal pour y prendre une douche et y passer la nuit. Pour cela il ne fallait pas musarder. Alors nous passâmes Mauriac sans nous y arrêter puis nous nous fixâmes des points intermédiaires afin d’effectuer des remises à niveau des bouteilles. Il faisait encore jour au passage à Salers et la descente sur Fontanges ne me fit pas trop mal au bout des pieds. Nous avions convenu d’effectuer un dernier gros ravitaillement avant l’ascension des deux cols, celui de Saint-Georges puis le Legal et quand je repartis, j’avais des jambes pour monter en courant le plus possible. Jean-Paul me laissa une fois le premier des deux cols franchi pour rejoindre directement le Legal où il pouvait aller se reposer en m’attendant. J’ai apprécié la montée dans la nuit, écoutant les bruits des troupeaux ou des sources ou des animaux nocturnes. Des nuées de petites bestioles s’affairaient autour du faisceau de ma frontale, échappant comme par miracle aux chauve-souris qui les pourchassaient. Des petites bêtes lumineuses m’intriguaient sur la route, ce n’étaient pas des lucioles mais plutôt des mouches ou des araignées réfléchissant ma lumière. Bref, encore un bel épisode de la vie des animaux en live ! Et aussi quelques frayeurs quand un bruissement suspect venait d’une haie.
J’arrivai au Legal à 23h35’ soit après plus de 18h de course depuis mon lever.
Accueilli par Jean-Paul et Gilles qui tenait ce point de contrôle et de ravitaillement je profitai de la possibilité de me doucher et par la même occasion je soignai mes ampoules : deux aux orteils (les voisins des pouces) et sur le côté du pied au niveau du haut du talon. Pendant que je mangeais, Jean-Claude Le Gargasson arriva au refuge et s’y arrêta pour se restaurer avant de repartir courir de nuit vers Aurillac. Il avait fait sa pause à Salers quelques heures auparavant.
Nous nous couchâmes peu après minuit, moi plutôt vers une heure, et je dus m’endormir assez rapidement.
3ème jour.
Au réveil, ça allait ; je me mis en tenue et allai prendre mon petit-déjeuner au refuge avant de reprendre la route : il était 5h20, j’avais encore grappillé quelques minutes sur mon temps de repos mais je me sentais bien. Le début de la descente ne fut pas aisé car les bobos commençaient à me titiller mais mon ampoule sur le côté du talon n’était plus douloureuse du tout. C’étaient plutôt du côté de mes ongles que ça « piquait ». Pendant que je courais sur la route des crêtes le jour fit peu à peu son apparition et j’espérais que la traversée d’Aurillac allait être tranquille vu qu’il était plus tôt que lors de mon passage précédent. Elle le fut. J’avais franchi les 48h de course au kilomètre 260 environ et je possédais encore plusieurs heures d’avance sur mon programme. Un arrêt ravitaillement était prévu à Arpajon-sur-Cère au km 280 puis un autre à Cassaniouze (km 310). Passage des 300km entre temps en 54h29’. L’objectif de cette troisième journée était d’arriver à Rodez (km 363) pour y dormir. Après Cassaniouze la longue descente vers le Lot fut assez agréable car ombragée et je ne ressentais pas les douleurs aux pieds autant qu’il y avait une dizaine de jours. Le passage sur le pont de Coursary marqua le début d’une partie assez difficile car le soleil et la hausse de la température allaient faire leur travail de sape et me rendre l’avancée moins aisée que ne l’aurais souhaité. De plus, la circulation peu dense restait néanmoins dangereuse en raison du comportement bestial de nombre de conducteurs qui dépassaient allègrement la vitesse limite de 90km/h et qui débouchaient au détour d’un virage en serrant le bas-côté. En plus ces abrutis protestaient de voir quelqu’un courir sur le bon côté de la chaussée et plusieurs d’entre-eux me klaxonnèrent.
Marcillac, km 344, atteint vers 21h soit plus de 2 heures avant mon passage en juin, ça me laissait la possibilité de monter sur le plateau de jour et de poursuivre ma route jusqu’au chemin empierré situé à une dizaine de kilomètres de Marcillac. Jusqu’au chemin, ça avançait bien, ma frontale m’aidant de temps en temps à éclairer ma route. Quand je parvins au chemin, il y eut comme une cassure dans mon rythme et dans mon envie d’aller beaucoup plus loin vers Rodez. Je mis un temps fou à passer sur les pierres comme si parfois on était dans le lit d’un torrent asséché. Mes appuis étaient précaires et je risquai plusieurs fois de me tordre la cheville ou même de chuter. Interminable chemin qui connut quand même une fin quand je parvins à rejoindre la route. Je cherchai Jean-Paul qui s’était garé un peu plus loin mais à mon goût trop près des habitations. Je lui suggérai de poursuivre quelques centaines de mètres plus loin voir si une aire de repos pouvait nous accueillir. On en trouva une au km 358 peu avant la piste cyclable.
4ème jour.
Il a plu pendant la nuit et au petit matin, vers 4h30 quand nous nous réveillâmes, on entendait toujours les gouttes sur la carrosserie du véhicule. Rituels d’avant course puis attente que la pluie cesse. Je suis reparti peu avant 6h, soit 45’ après les prévisions. 500m de route dangereuse, même à cette heure, surtout à cette heure où les gens partent bosser sans penser une seule seconde qu’ils pourraient croiser des piétons, puis la piste cyclable et son confort de ne rien risquer de la part des automobilistes. Avec Jean-Paul nous avons décidé de nous revoir un peu avant l’entrée dans Rodez puis de se donner rendez-vous après le Monastère. Je passai les 364km en 72h dans la descente vers le Monastère. La suite allait s’avérer quelque peu délicate en raison du retour de la pluie et de l’augmentation du trafic routier sur des routes où les bas-côtés sont inexistants. Jean-Paul m’attendait à l’entrée de Flavin (km 372) et je m’abritai dans le camion quelques minutes. J’étais assez trempé, mais pas encore totalement. Il fallut que je reparte et rencontre un violent orage à peine deux kilomètres plus loin. Obligé de m’arrêter afin de m’abriter sous des sapins qui ne m’empêchèrent pas de recevoir des tonnes d’eau sur le coin du museau. Comme si cela ne suffisait pas, à chaque passage d’un véhicule je recevais une gerbe d’eau m’arrosant copieusement. Complètement déprimé, en état de choc, je ne savais pas quoi faire, comme tétanisé par ce qui m’arrivait. Je repris le contrôle et me remis en route sur une route transformée en gigantesque rivière et peu à peu l’orage cessa. Je préférai ne rien changer de ma tenue et d’engranger les bornes, je verrais plus tard si toutes ces perturbations allaient cesser ou non. L’objectif suivant étant de passer les 400km. Mon avance sur mes temps de la LILO avait fondu et je n’avais plus qu’une heure vingt de marge lors du passage à Trémouilles qui portait aussi bien un nom de circonstance. La route descendait vers Canet-de-Salars, je franchis le pont sur le lac de Pareloup avant de remonter vers Salles-Curan. Entre-temps j’étais passé au kilomètre 400 en 77h20’, m’y étais arrêté près de trois-quarts d’heure afin de procéder à un changement complet de tenue et au soin de mes pieds dont les ampoules avaient bien trinqué. Je m’étais aussi copieusement ravitaillé. En repartant, mon avance avait diminué et je n’avais plus que 30 minutes de marge. Mais le moral était meilleur et je pus me fixer de nouveaux petits challenges : aller jusqu’à Bouloc, puis au col de Vernhette km 414 où je fis un petit somme d’une dizaine de minutes car le sommeil me rattrapait. La descente vers St-Rome-de-Tarn se passa bien, je n’eus pas aussi mal que 10 jours auparavant et me surprenais à passer des kilomètres en 7 minutes au lieu de 8 minutes 30 voire plus. Jean-Paul me tenait au courant de l’avancée des autres coureurs et cela me rassurait de voir que je n’avais pas été le seul dans la difficulté pendant cet épisode orageux. À Saint-Rome, je fis une pause pour me restaurer et pendant ce gros quart d’heure Louis me dépassa, revenant de loin après une seconde journée difficile. La reprise de la course en montée me redonna de l’allant et je ne fis pas beaucoup de pauses pour marcher avant d’arriver à Lauras puis d’attaquer la remontée vers Roquefort au km 443,5. Je poussai jusqu’au col des Aiguières et même un peu plus loin où Jean-Paul m’attendait au croisement avec la route de Fondamente. La partie qui suivit fut longue mais pas trop désagréable car sur une route plate et la nuit n’était pas encore installée. Je dépassai sans le savoir Louis arrêté dans son camping car pour manger et se reposer. Le lieu-dit le Vialaret me rappela que nous avions fait étape ici au km 456. Mais je n’avais pas encore sommeil ainsi je repris la route me fixant Fondamente comme prochain village pour faire le point (km 464). un autre petit somme d’une dizaine de minutes accompagné d’un café me remit sur pied et je poursuivis dans la nuit ma quête vers les moins de 4 jours. Je me répétais : « 36km quand même, ça ne devrait pas me prendre plus de 6 ou 7h et donc ça devrait passer ». La température était encore agréable, le ciel couvert masquait les étoiles et le vent était encore absent.
Dans la nuit, je ne me rendais plus trop compte si la route montait ou descendait mais une fois le col de Pérail passé puis Le Clapier la route se pencha un peu plus pour arriver au pont sur l’Orb qui marque la limite entre l’Aveyron et l’Hérault. J’alternai course et marche lors de la remontée vers Roqueredonde où il ne fallait pas se tromper de route pour tourner vers Lodève et gravir à nouveau la route vers l’endroit où nous allions nous séparer mon accompagnateur Jean-Paul et moi. Les véhicules ne pouvant pas descente par la même route que la nôtre pour raison de travaux, il devrait faire le tour par la déviation. Juste avant de prendre des itinéraires différents, je fis un dernier petit somme d’une dizaine de minutes avant de prendre un dernier café et de recharger mes bouteilles en eau sucrée. Il ne restait plus que 15km, il était environ 4 heures du matin et j’avais 3 heures pour terminer la course pour rester sous les 4 jours. La longue descente fut belle au niveau paysage en cette nuit sans Lune, malgré le ciel couvert. J’apercevais au loin à l’horizon les lumières des villes côtières, reconnaissant Sète et le Mont Saint-Clair, point d’arrivée de ma MilKil de l’an dernier. Je traversai la zone de chantier, d’un pas prudent et mis plusieurs dizaines de secondes à en franchir les barrières et autres obstacles devant empêcher le passage du public. Une fois sorti de cette zone, j’essayai de calculer combien de kilomètres il me restait mais je ne savais pas vraiment à un ou deux près. Ce fut long d’autant plus que la pente était forte et je dus à maintes reprises me freiner pour ne pas me laisser entraîner. J’avais de plus en plus mal aux pieds mais serrais les dents. À environ 5 km de l’arrivée, j’appelai JB pour lui annoncer mon arrivée prochaine et je parvins enfin au lever du jour à Lodève où je retrouvai Jean-Paul. Plus que 3 km avant l’arrivée, je me délestai de mes lumières et repris la course vers le camping où se terminait l’épreuve.
Après 3 jours 23 heures 15 minutes et 24 secondes je passai la ligne d’arrivée, en 5ème position et vraiment ravi d’avoir réussi à améliorer mon chrono de la LILO d’environ 6 heures. C’est dû aux dernières 24 heures où je ne me suis pas arrêté dormir et à mon accompagnateur, Jean-Paul qui a su me rebooster aux moments où ça aurait pu coincer. Merci une nouvelle fois à mon binôme. 3 traversées et trois résultats au-delà de mes espérances.
Je fus accueilli par JB, Xavier, Jean-Paul et Henri le patron du camping qui était admiratif de me revoir une seconde fois franchir la barrière de son camping après un périple de 500km à deux semaines à peine d’intervalle.
à+Fab
Remettre le couvert pour un festin de 500km moins de 10 jours après le précédent, beaucoup devaient penser que j’étais un peu fou de tenter le challenge et sans doute plusieurs croyaient que j’allais me planter. Moi-même, je ne savais pas trop comment j’allais réagir physiquement et psychologiquement à cette nouvelle aventure pédestre. Mais j’avais la certitude que les nombreux kilomètres effectués depuis le début de l’année – plus de 6000 – allaient m’aider à passer les caps difficiles qui n’allaient pas manquer se se présenter à moi.
L’avant-course.
Même location de camion, certes un peu moins spacieux que le premier, même équipage avec Jean-Paul comme fidèle accompagnateur, ravitailleur, motivateur … même lieu de départ, à savoir Lignac, place de la mairie.
Au lieu de nous installer au camping de Chaillac, nous avions le droit de poser notre véhicule autour du terrain de football de Lignac et dans l’après-midi du vendredi veille du départ, le site ressemblait fort à un terrain de camping. Une vingtaine de véhicules étaient stationnées, du fourgon aménagé ou non au camping-car des plus sophistiqués en passant par la simple automobile.
Les retrouvailles avec les autres participants avaient l’air d’une grande réunion de famille car dans ce microcosme de coureurs d’ultra chacun des membres fait partie de la famille. Certains allaient courir en solo et bivouaquaient sous l’abri situé près des vestiaires comme ils le feront tout au long des 500km.
Le briefing en fin d’après-midi, puis le repas du soir et enfin le coucher après avoir bien préparé la tenue pour le lendemain.
Le jour J.
La pluie s’est invitée au moment du départ. Jusque-là, le ciel était couvert et la plupart des coureurs avait revêtu le t-shirt rose donné par JB et que nous devions mettre pour la photo du départ, libre à chacun par la suite de le conserver ou d’enfiler une autre tenue. J’avais le mien, par dessus mon vêtement de pluie – on n’est jamais trop prudent et j’avais l’expérience de la semaine précédente où la pluie m’avais surpris au bout d’une heure de course. 7h sonnèrent au clocher de l’église, c’était le signal du départ et la cohorte de plus de 50 coureurs s’élança. Je m’aperçus que j’étais donc un des seuls à avoir mis le vêtement de pluie et comme il faisait assez bon, je savais que j’allais vite transpirer. Mais quitte à être mouillé « dedans » autant se protéger « dehors ». C’est parti vite et devant j’avais du mal à compter combien de coureurs s’étaient envolés, en tout cas plus de 25. Je m’élançai prudemment avant de trouver l’allure de croisière qui me convenait. J’étais moins rapide que lors de la LILO où j’avais fait les 10 premiers kilomètres avec Alex Forestieri mais j’avançais quand même. Je profitai de me retrouver avec des connaissances pour discuter un peu, chacun allant de ses compliments à mon égard concernant la LILO et au fait que je remettais ça. Je parlai aussi avec des personnes que je ne connaissais pas ; nous n’étions pas encore rentrés dans nos bulles respectives.
Chaillac passé, direction Beaulieu où la pluie continuait toujours de tomber, mais pas comme il y avait 9 jours où elle survint d’un coup peu après le 10ème kilomètre et me trempa m’obligeant à me changer rapidement. Là, elle tombait depuis le départ mais je n’étais pas complètement trempé et l’intérieur de mes chaussures restait sec. La route vers Saint-Sulpice était toujours aussi fréquentée en ce samedi matin, il fallait donc se méfier. Je décidai de ne pas faire d’arrêt à Saint-Sulpice et de continuer en direction de la Souterraine.
Chacun ayant trouvé une allure – son allure – j’avais dépassé quelques coureurs et d’autres m’avaient à leur tour doublé. Toujours la pluie. À Bussières-Madeleine, après un petit ravitaillement nous empruntâmes une petite route peu fréquentée et nous eûmes une vingtaine de minutes de tranquillité. Mon premier « gros » ravitaillement était prévu à St Priest-la-Feuille au km 46,5 soit un peu plus loin que lors de la LILO où je m’étais arrêté à la Souterraine. Je voulais grignoter petit à petit sur mes temps de pause. La pluie se calma peu à peu et devint intermittente puis disparut aux abords de Bourganeuf laissant parfois de belles éclaircies réchauffer l’atmosphère et sécher la tenue. J’avais près d’une heure d’avance à Bourganeuf par rapport à la LILO où un orage m’avait immobilisé 45’ dans le camion avant que je reparte. Je retardai d’autant mon second ravitaillement que je pris une fois la cité aux tours Zizim traversée et le raidillon de plus de 700m qui démarrait la montée vers Royères-de-Vassivière passé. Il était environ 18h, j’étais au kilomètre 88. Pendant ma collation, Markus et François me dépassèrent ; ça allait être mes compagnons de route lors des prochaines heures où nous avons joué au yo-yo au gré des arrêts de chacun. D’autres avaient fait une halte à Bourganeuf, mais je ne les avais pas vus. Je changeai de chaussures et mis aussi des chaussettes sèches après avoir soigné mes pieds et mis de la crème. À ce moment, point d’ampoule ! Juste des ongles meurtris et douloureux en descente.
La montée vers Royères n’est pas uniforme et souvent la route descend avant de remonter ce qui permet d’engranger les bornes sans trop taper dans les réserves. Le km 100 au Compeix fut passé en 12h48’ soit avec près d’une heure d’avance sur mon dernier passage ici même et je voulais faire fructifier cette heure et la transformer en une dizaine de kilomètres de plus pour mettre un terme à ma journée. Pour cela je me devais de rester régulier et ma forme physique me le permit ou tout au moins elle me donna la possibilité de bien avancer sans problèmes particuliers. Lors de la descente vers le lac de Vassivière je m’équipai de ma tenue de nuit avec gilet de sécurité, lampes rouges clignotantes à l’arrière et à l’avant en plus de ma frontale que je n’allumai toutefois pas encore, l’obscurité n’étant pas franche. Autour du lac il semblait y avoir quelques animations en ce samedi soir et je croisais plusieurs véhicules. Ensuite, sur la petite route montante en direction de Faux-La-Montagne je ne vis plus personne, seuls les chiens de garde des troupeaux de moutons aboyaient et me suggéraient de ne pas m’attarder dans le coin. À la lueur de la frontale je cheminai rencontrant parfois de petites zones de brume qui réduisaient la portée du faisceau lumineux de mon éclairage. Les bruits et les bêtes de la nuit, que j’ai appris à apprivoiser, maintenaient mes sens en éveil et comme je n’avais pas sommeil, j’étais prêt à aller beaucoup plus loin, au-delà de Faux-la-Montagne, point d’arrêt de la 1ère journée sur la LILO. J’avais envoyé Jean-Paul au camping de Faux afin qu’il prenne une douche si cela lui convenait et je devais le retrouver peu après le camping pour un dernier petit repas. 23h passées, je voulais avancer et c’est ce que je fis en me donnant comme point final à la journée au moins le pont sur le lac de Chammet. Mon coéquipier stationna sur une aire de repos au kilomètre 128,5 et comme il m’avait préparé une casserole d’eau chaude – devenue tiède entre-temps – je m’arrêtai pour la nuit, fis une petite toilette et me couchai.
2ème jour.
Malgré un coucher tardif la veille (fin de course minuit 20, couchage à 1h) je n’eus aucun mal à me lever quand le téléphone de Jean-Paul sonna vers 4h30. Le temps de me préparer, de crémer mes pieds, d’enfiler ma tenue, je pris mon petit déjeuner : une tasse de café noir et un bol de lait froid avec des céréales. Je repartis à 5h15 pour essayer de passer Peyrelevade avant les 24h de course. 2 coureurs étaient passés pendant que je me préparais, ils avaient passé la nuit au camping de Faux et étaient repartis depuis plus d’une heure : Stéphane Clément, en solo, et François que j’avais vu plusieurs fois la veille. Après Peyrelevade je proposai à Stéphane un café si ça lui disait et il accepta. Ça devait lui permettre de rejoindre une autre commune où il pourrait peut-être trouver quelque chose d’ouvert pour se ravitailler. Je franchis les 24h avec environ 140km au compteur. Le prochain point de ravitaillement pour manger, je l’avais fixé à Combressol, au km 167, soit une quarantaine de kilomètres après notre lieu de repos. Il fallait passer Millevaches puis Meymac. Mentalement j’imaginais le parcours, me projetant souvent bien plus loin connaissant les lieux et je m’étais fixé comme nouvel objectif d’arriver au pont de Saint-Projet sur la Dordogne afin de prendre une nouvelle collation. À cet endroit se situait le km 200. Auparavant j’avais profité de l’absence de douleurs aux pieds pour aller un peu plus vite dans les descentes comme celle pour aller jusqu’à Meymac puis cette autre 7km après Neuvic débouchant sur le pont. Km 200 franchi au bout de 32h32’ de course depuis Lignac.
La remontée vers Mauriac était ombragée au début et j’en profitai car la température montait au fur et à mesure que le ciel se débarrassait de ses nuages. Ma tenue était sèche, mes pieds n’avaient pas trop mariné sur mes semelles qui avaient été très humides à un moment. Je sentais néanmoins quelques petites gènes au niveau des orteils et sur le bord du talon gauche. Avec mon coach ravitailleur nous édifiâmes une stratégie : aller jusqu’au col de Legal pour y prendre une douche et y passer la nuit. Pour cela il ne fallait pas musarder. Alors nous passâmes Mauriac sans nous y arrêter puis nous nous fixâmes des points intermédiaires afin d’effectuer des remises à niveau des bouteilles. Il faisait encore jour au passage à Salers et la descente sur Fontanges ne me fit pas trop mal au bout des pieds. Nous avions convenu d’effectuer un dernier gros ravitaillement avant l’ascension des deux cols, celui de Saint-Georges puis le Legal et quand je repartis, j’avais des jambes pour monter en courant le plus possible. Jean-Paul me laissa une fois le premier des deux cols franchi pour rejoindre directement le Legal où il pouvait aller se reposer en m’attendant. J’ai apprécié la montée dans la nuit, écoutant les bruits des troupeaux ou des sources ou des animaux nocturnes. Des nuées de petites bestioles s’affairaient autour du faisceau de ma frontale, échappant comme par miracle aux chauve-souris qui les pourchassaient. Des petites bêtes lumineuses m’intriguaient sur la route, ce n’étaient pas des lucioles mais plutôt des mouches ou des araignées réfléchissant ma lumière. Bref, encore un bel épisode de la vie des animaux en live ! Et aussi quelques frayeurs quand un bruissement suspect venait d’une haie.
J’arrivai au Legal à 23h35’ soit après plus de 18h de course depuis mon lever.
Accueilli par Jean-Paul et Gilles qui tenait ce point de contrôle et de ravitaillement je profitai de la possibilité de me doucher et par la même occasion je soignai mes ampoules : deux aux orteils (les voisins des pouces) et sur le côté du pied au niveau du haut du talon. Pendant que je mangeais, Jean-Claude Le Gargasson arriva au refuge et s’y arrêta pour se restaurer avant de repartir courir de nuit vers Aurillac. Il avait fait sa pause à Salers quelques heures auparavant.
Nous nous couchâmes peu après minuit, moi plutôt vers une heure, et je dus m’endormir assez rapidement.
3ème jour.
Au réveil, ça allait ; je me mis en tenue et allai prendre mon petit-déjeuner au refuge avant de reprendre la route : il était 5h20, j’avais encore grappillé quelques minutes sur mon temps de repos mais je me sentais bien. Le début de la descente ne fut pas aisé car les bobos commençaient à me titiller mais mon ampoule sur le côté du talon n’était plus douloureuse du tout. C’étaient plutôt du côté de mes ongles que ça « piquait ». Pendant que je courais sur la route des crêtes le jour fit peu à peu son apparition et j’espérais que la traversée d’Aurillac allait être tranquille vu qu’il était plus tôt que lors de mon passage précédent. Elle le fut. J’avais franchi les 48h de course au kilomètre 260 environ et je possédais encore plusieurs heures d’avance sur mon programme. Un arrêt ravitaillement était prévu à Arpajon-sur-Cère au km 280 puis un autre à Cassaniouze (km 310). Passage des 300km entre temps en 54h29’. L’objectif de cette troisième journée était d’arriver à Rodez (km 363) pour y dormir. Après Cassaniouze la longue descente vers le Lot fut assez agréable car ombragée et je ne ressentais pas les douleurs aux pieds autant qu’il y avait une dizaine de jours. Le passage sur le pont de Coursary marqua le début d’une partie assez difficile car le soleil et la hausse de la température allaient faire leur travail de sape et me rendre l’avancée moins aisée que ne l’aurais souhaité. De plus, la circulation peu dense restait néanmoins dangereuse en raison du comportement bestial de nombre de conducteurs qui dépassaient allègrement la vitesse limite de 90km/h et qui débouchaient au détour d’un virage en serrant le bas-côté. En plus ces abrutis protestaient de voir quelqu’un courir sur le bon côté de la chaussée et plusieurs d’entre-eux me klaxonnèrent.
Marcillac, km 344, atteint vers 21h soit plus de 2 heures avant mon passage en juin, ça me laissait la possibilité de monter sur le plateau de jour et de poursuivre ma route jusqu’au chemin empierré situé à une dizaine de kilomètres de Marcillac. Jusqu’au chemin, ça avançait bien, ma frontale m’aidant de temps en temps à éclairer ma route. Quand je parvins au chemin, il y eut comme une cassure dans mon rythme et dans mon envie d’aller beaucoup plus loin vers Rodez. Je mis un temps fou à passer sur les pierres comme si parfois on était dans le lit d’un torrent asséché. Mes appuis étaient précaires et je risquai plusieurs fois de me tordre la cheville ou même de chuter. Interminable chemin qui connut quand même une fin quand je parvins à rejoindre la route. Je cherchai Jean-Paul qui s’était garé un peu plus loin mais à mon goût trop près des habitations. Je lui suggérai de poursuivre quelques centaines de mètres plus loin voir si une aire de repos pouvait nous accueillir. On en trouva une au km 358 peu avant la piste cyclable.
4ème jour.
Il a plu pendant la nuit et au petit matin, vers 4h30 quand nous nous réveillâmes, on entendait toujours les gouttes sur la carrosserie du véhicule. Rituels d’avant course puis attente que la pluie cesse. Je suis reparti peu avant 6h, soit 45’ après les prévisions. 500m de route dangereuse, même à cette heure, surtout à cette heure où les gens partent bosser sans penser une seule seconde qu’ils pourraient croiser des piétons, puis la piste cyclable et son confort de ne rien risquer de la part des automobilistes. Avec Jean-Paul nous avons décidé de nous revoir un peu avant l’entrée dans Rodez puis de se donner rendez-vous après le Monastère. Je passai les 364km en 72h dans la descente vers le Monastère. La suite allait s’avérer quelque peu délicate en raison du retour de la pluie et de l’augmentation du trafic routier sur des routes où les bas-côtés sont inexistants. Jean-Paul m’attendait à l’entrée de Flavin (km 372) et je m’abritai dans le camion quelques minutes. J’étais assez trempé, mais pas encore totalement. Il fallut que je reparte et rencontre un violent orage à peine deux kilomètres plus loin. Obligé de m’arrêter afin de m’abriter sous des sapins qui ne m’empêchèrent pas de recevoir des tonnes d’eau sur le coin du museau. Comme si cela ne suffisait pas, à chaque passage d’un véhicule je recevais une gerbe d’eau m’arrosant copieusement. Complètement déprimé, en état de choc, je ne savais pas quoi faire, comme tétanisé par ce qui m’arrivait. Je repris le contrôle et me remis en route sur une route transformée en gigantesque rivière et peu à peu l’orage cessa. Je préférai ne rien changer de ma tenue et d’engranger les bornes, je verrais plus tard si toutes ces perturbations allaient cesser ou non. L’objectif suivant étant de passer les 400km. Mon avance sur mes temps de la LILO avait fondu et je n’avais plus qu’une heure vingt de marge lors du passage à Trémouilles qui portait aussi bien un nom de circonstance. La route descendait vers Canet-de-Salars, je franchis le pont sur le lac de Pareloup avant de remonter vers Salles-Curan. Entre-temps j’étais passé au kilomètre 400 en 77h20’, m’y étais arrêté près de trois-quarts d’heure afin de procéder à un changement complet de tenue et au soin de mes pieds dont les ampoules avaient bien trinqué. Je m’étais aussi copieusement ravitaillé. En repartant, mon avance avait diminué et je n’avais plus que 30 minutes de marge. Mais le moral était meilleur et je pus me fixer de nouveaux petits challenges : aller jusqu’à Bouloc, puis au col de Vernhette km 414 où je fis un petit somme d’une dizaine de minutes car le sommeil me rattrapait. La descente vers St-Rome-de-Tarn se passa bien, je n’eus pas aussi mal que 10 jours auparavant et me surprenais à passer des kilomètres en 7 minutes au lieu de 8 minutes 30 voire plus. Jean-Paul me tenait au courant de l’avancée des autres coureurs et cela me rassurait de voir que je n’avais pas été le seul dans la difficulté pendant cet épisode orageux. À Saint-Rome, je fis une pause pour me restaurer et pendant ce gros quart d’heure Louis me dépassa, revenant de loin après une seconde journée difficile. La reprise de la course en montée me redonna de l’allant et je ne fis pas beaucoup de pauses pour marcher avant d’arriver à Lauras puis d’attaquer la remontée vers Roquefort au km 443,5. Je poussai jusqu’au col des Aiguières et même un peu plus loin où Jean-Paul m’attendait au croisement avec la route de Fondamente. La partie qui suivit fut longue mais pas trop désagréable car sur une route plate et la nuit n’était pas encore installée. Je dépassai sans le savoir Louis arrêté dans son camping car pour manger et se reposer. Le lieu-dit le Vialaret me rappela que nous avions fait étape ici au km 456. Mais je n’avais pas encore sommeil ainsi je repris la route me fixant Fondamente comme prochain village pour faire le point (km 464). un autre petit somme d’une dizaine de minutes accompagné d’un café me remit sur pied et je poursuivis dans la nuit ma quête vers les moins de 4 jours. Je me répétais : « 36km quand même, ça ne devrait pas me prendre plus de 6 ou 7h et donc ça devrait passer ». La température était encore agréable, le ciel couvert masquait les étoiles et le vent était encore absent.
Dans la nuit, je ne me rendais plus trop compte si la route montait ou descendait mais une fois le col de Pérail passé puis Le Clapier la route se pencha un peu plus pour arriver au pont sur l’Orb qui marque la limite entre l’Aveyron et l’Hérault. J’alternai course et marche lors de la remontée vers Roqueredonde où il ne fallait pas se tromper de route pour tourner vers Lodève et gravir à nouveau la route vers l’endroit où nous allions nous séparer mon accompagnateur Jean-Paul et moi. Les véhicules ne pouvant pas descente par la même route que la nôtre pour raison de travaux, il devrait faire le tour par la déviation. Juste avant de prendre des itinéraires différents, je fis un dernier petit somme d’une dizaine de minutes avant de prendre un dernier café et de recharger mes bouteilles en eau sucrée. Il ne restait plus que 15km, il était environ 4 heures du matin et j’avais 3 heures pour terminer la course pour rester sous les 4 jours. La longue descente fut belle au niveau paysage en cette nuit sans Lune, malgré le ciel couvert. J’apercevais au loin à l’horizon les lumières des villes côtières, reconnaissant Sète et le Mont Saint-Clair, point d’arrivée de ma MilKil de l’an dernier. Je traversai la zone de chantier, d’un pas prudent et mis plusieurs dizaines de secondes à en franchir les barrières et autres obstacles devant empêcher le passage du public. Une fois sorti de cette zone, j’essayai de calculer combien de kilomètres il me restait mais je ne savais pas vraiment à un ou deux près. Ce fut long d’autant plus que la pente était forte et je dus à maintes reprises me freiner pour ne pas me laisser entraîner. J’avais de plus en plus mal aux pieds mais serrais les dents. À environ 5 km de l’arrivée, j’appelai JB pour lui annoncer mon arrivée prochaine et je parvins enfin au lever du jour à Lodève où je retrouvai Jean-Paul. Plus que 3 km avant l’arrivée, je me délestai de mes lumières et repris la course vers le camping où se terminait l’épreuve.
Après 3 jours 23 heures 15 minutes et 24 secondes je passai la ligne d’arrivée, en 5ème position et vraiment ravi d’avoir réussi à améliorer mon chrono de la LILO d’environ 6 heures. C’est dû aux dernières 24 heures où je ne me suis pas arrêté dormir et à mon accompagnateur, Jean-Paul qui a su me rebooster aux moments où ça aurait pu coincer. Merci une nouvelle fois à mon binôme. 3 traversées et trois résultats au-delà de mes espérances.
Je fus accueilli par JB, Xavier, Jean-Paul et Henri le patron du camping qui était admiratif de me revoir une seconde fois franchir la barrière de son camping après un périple de 500km à deux semaines à peine d’intervalle.
à+Fab
par ynwa
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- inkonu
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Félicitations une fois de plus
Impressionnant tu ne t'arrête plus, tu as trouvé le mouvement perpétuel.
Tu n'as pas les pieds abîmés entre les frottements et l'humidité?
C'est un sujet qui revient souvent dans tes récits ,ça ne doit pas être simple a gérer
Impressionnant tu ne t'arrête plus, tu as trouvé le mouvement perpétuel.
Tu n'as pas les pieds abîmés entre les frottements et l'humidité?
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par inkonu
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- ynwa
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Si, ça endommage les ongles qui mettent quelques semaines ou mois à tomber. Mais ils repoussent. Pour les ampoules, de les soigner rapidement leur permet de sécher et de ne plus être douloureuses.
C'est sûr que lorsqu'il pleut, que les pieds sont trempés (ou simplement humides) la peau est plus fragile et l'attention doit être plus grande pour ne pas laisser une infection démarrer.
C'est sûr que lorsqu'il pleut, que les pieds sont trempés (ou simplement humides) la peau est plus fragile et l'attention doit être plus grande pour ne pas laisser une infection démarrer.
par ynwa
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- Patrick57
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C'est impressionnant une nouvelle fois Fabrice !!
Battre ton temps établi à peine 15j plus tôt, alors que tu as failli éventuellement jeter l'éponge au vu des conditions orageuses, c'est très fort encore une fois !!
Merci pour ton superbe récit une nouvelle fois également !
Bravo pour cet enchaînement !! ... et rdv demain (vendredi) à Munster pour un autre morceau assez copieux !
Avec Christophe, nous avons fléché le parcours mardi et mercredi ... je (et lui aussi) le trouve plus compliqué dans ce sens que l'autre (celui que tu as pu faire l'an passé). Ca va bien grimper après à peine 500m de course !!
Bon voyage (si tu n'y es pas déjà) ... et au plaisir de t'y voir ce we donc !
Battre ton temps établi à peine 15j plus tôt, alors que tu as failli éventuellement jeter l'éponge au vu des conditions orageuses, c'est très fort encore une fois !!
Merci pour ton superbe récit une nouvelle fois également !
Bravo pour cet enchaînement !! ... et rdv demain (vendredi) à Munster pour un autre morceau assez copieux !
Avec Christophe, nous avons fléché le parcours mardi et mercredi ... je (et lui aussi) le trouve plus compliqué dans ce sens que l'autre (celui que tu as pu faire l'an passé). Ca va bien grimper après à peine 500m de course !!
Bon voyage (si tu n'y es pas déjà) ... et au plaisir de t'y voir ce we donc !
par Patrick57
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