Traversée Verbier Saint-Bernard 2010
- papadje
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le départ:
Après une nuit sur Verbier ou j'ai été accueilli par un violent orage, le transfert vers La Fouly se passe bien. On arrive bien avant le départ, le temps magnifique, et la vue superbe dans cette vallée encaissée. L'ambiance est bon enfant et j'ai tout le temps nécessaire pour peaufiner mes derniers préparatifs et choisir ma tenue de départ. Mon sac est lourd: entre la poche de 3L remplie, le matériel obligatoire et mon ravitaillement perso, j'ai l'impression d'avoir un morceau de granit sur les épaules. L'heure du départ approche et je remarque que contrairement à d'habitude je ne sens aucune tension: pas forcément bon signe ce manque d'implication... Avec un ami trailer on se cale bien en fin de peloton pour etre sur de ne pas être tenté de partir trop vite et c'est le départ.
La Fouly==>Col de Fenetre (9.70 Km,1128m D+): Le début de la montée est régulière et sur la route. Elle permet d'étirer doucement le peloton et à chacun de trouver sa place tranquillement. Au bout de 30' le temps se dégrade assez brutalement, les nuages arrivent rapidement et le premieres gouttes font leur apparition. Elle sont rapidement suivies par les premiers coup de tonnerre: C'est la première attraction de la journée: ballade en altitude par mauvais temps. Nous décidons de nous arrêter pour "bâcher" et éviter de prendre froid dès le début de la journée. Le reste de l' ascencion par les petits sentiers est ponctuée par de nombreux ralentissement dus au nombre de coureur (700) mais aussi au sol (déjà) glissant. A 2100m d'altitude nous croisons les premieres plaques de neiges et les deux derniers km avant le sommet se font en glissant sur la neige avec la grele mêlée à la pluie. Je passe le col en 1h57 en 413è position déjà bien entamé nerveusement.
Col de Fenetre==>Gd St Bernard (12.90 Km, 1268m D+): le début de la descente nous propose la deuxième attraction de la journée: le ski trail... Imaginez les traces d'une piste de ski de fond mais 40 cm de profondeur. Et bien c'est parti on met les pieds dedans et on essaie tant bien que mal de ne pas emboutir le coureur de devant. La je commence à trouver la journée moyennement drole... De retour sur la boue j'essaie de relancer un peu la machine et je me vautre sur ma 4ème foulée: En plus d'avoir les pieds mouillés je suis maintenant couvert de boue. Ca sent vraiment la bonne sortie.Toute la descente est extremement glissante, refroidi par mes premiers chutes , par la meteo et par l'éloignement de l'arrivée je décide de finir la descente su la réserve en ne prenant aucun risque. L'arrivée au col du Grand Saint Bernard coincide avec l'arret de la pluie. Il y a beaucoup de monde au ravitaillement devant les tables et je suis d'une humeur massacrante, je repars donc tout de suite et passe au pointage en 366è position après 2h27 de course.
Gd St Bernard==>Bourg St Pierre (26.80 Km, 1633 m D+): on repart sur un chemin minéral très etroit dans lequel l'eau degringole à pleins tuyaux, histoire de bine nettoyer la boue restant sur les chaussures... le Soleil sort enfin de derriere les nuages et la temperature remonte d'un coup. J'ote mon coupe vent et termine l'ascencion en traversant de nouveau quelques plaques de neige beaucoup moins imposantes sur cette face Sud. J'entame la descente un peu ragaillardi par l'amelioration de la meteo, amis le retour sur une face nord signifie retour de la neige et la c'est le troisieme atelier de la journée: Luge! après un premier passage sur les fesses d'une cinquantaine de mètres et 200m de descente en courant (si, si j'ai fait aussi !) nous nous présentons avec mon compere d'infortune en haut d'un mur: Il n'y a pas de doutes permis puisqu'une rubalise longue de 2 à 300 mètres suit les couloirs des malheureux qui nous ont précédés dans cette pente à 40~50% couverte d'1m de neige. Mon ami Bruxellois sort donc son appareil photo pour immmortaliser la scene pretextant qu'on ne le croira jamais et j'avoue que moi même j'ai du mal à en croire mes yeux. Après 30 secondes d'hésitation je décide donc de suivre la petite troupe et de me lancer à mon tour. Un cauchemard La neige rentre partout: chaussures, short, t-shirt: Je finis tant bien que mal apres quelques frayeurs et avoir eviter des rochers par arriver en bas. J'ai les mains, les pieds et les fesses en feu et je suis très en colère après l'organisation à ce moment de la course. Je me souviens très bien de la liste du materiel obligatoire et nulle part il n'etait fait référence à une luge ou des raquettes. Je redémarre tranquillement en essayant de retrouver un semblant de concentration quand arrive le quatrième atelier de ce trail à thèmes: La traversée de torrent de montagne. Je regarde le coureur devant moi entrain de traverser torrent d'une petite dizaine de metres de large et qui a de l'eau jusqu'en dessous du genou. Je me dis qu'il ne doit plus etre lucide et qu'il doit y avoir un autre passage, mais en y regardant de plus pret on voit distinctement 20cm sous la surface du cours d'eau un point de peinture laisser pas l'organisation 2 jours auparavant lors du balisage: Les orages des derniers jours ont juste rendu la ballade un peu plus amusante. Je traverse donc dans une eau particulierement fraiche en me disant que j'ai bien fait de prendre des chaussettes de rechange! Le reste de la descente sera moins épique, malgré les fréquents passage à gué, le terrain se fait moins hostile et la temperature plus agreable. Par contre au bout de 3h de course j'ai mon premier passage à vide. Je me suis pourtant alimenté et hydraté de facon systématique depuis le début, mais je sais que sur les courses longues je suis soumis à ces alternances de périodes de grande facilité contrastant avec des gros coups de moins bien. Et puis au bout de 20' les sensations reviennent et je rejoins le premier gros ravitaillement de la journée en 4h33 (304è pos). A ce ravito sont proposés des pates , de la charcuterie, du fromage, etc... le problème c'est que depuis 30' je suis nauséeu, j'ai du mal à m'alimenter. cet arrêt se reduira donc à un changement de chaussettes et à 3 verres de boisson. Je repars juste avec une banane pour compléter mon ravitaillement perso.
Bourg St Pierre==>Cabane de Mille (38.36 Km, 2671 m D+): Je démarre la deuxième longue montée. Elle me convient plutot bien: régulière, pas très pentue au départ, elle me permet d'avoir un pas efficace sans jamais forcé. D'ailleurs on approche les 5h de courses et toujours aucune trace de lassitude musculaire ni de crampes, une première et pour l'instant la seule bonne nouvelle de ce début de course. La ballade se fait un peu plus technique au dessus de 2000 mais offre (enfin!) un superbe panorama. Malheureusement, toutes ces bonnes nouvelles sont rapidement éclipsées par le retour de la pluie. Je fais une pause pour enfiler ma veste et j'en profite pour jeter un coup d'oeil en arrière: Il y a un orage terrible sur au dessus des cols que nous avons passés un peu plus tot, je suis inquiet pour les coureurs de la boucle qui doivent se trouver en haut à ce moment ... Et de nouveau j'ai une nouvelle défaillance, je marche de nouveau lentement, le moral est dans les chaussettes (humides!) et les nombreux cours d'eau à traverser n'arrangent rien. La fin de l'ascension sera laborieuse mais le jus revient sur la dernière demi heure. En arrivant au ravitaillement il fait froid, les coureurs sont massés sous la petite tente. Je m'enfile 2 gobletes de bouillon de poule pour essayer de faire passer ces nausées et je tente de manger des tucs, mais rien à faire, chaque bouchée est une lutte. Heureusement j'arrive toujours à boire...
Je repars de la cabane après 7h12 en 251è position
Cabane de Mille==>Lourtier (49.24 Km, 2749 m D+): Nouveau sentier en balcon, tant pis, j'aurai préféré perdre de l'altitude tout de suite (on est à 2500m d'altitude) histoire de faire remonter les temperatures. Je continue de systematiquement nettoyer mes chaussures dans les torrents que nous traversons, puis juste après le retour du soleil et un nouveau changement de tenue on attaque la descente. Le début est un magnifique chemin de crêtes qui offrent une vue splendide sur les massifs. Puis on plonge dans la foret. Le début est très pentu, les chevilles commencent à donner les premiers signes de fatigue et des douleurs articulaires font leur apparition. Je laisse donc le petit groupe qui me précedait me distancer dans cette partie et je joue la sécurité. Le chemin qui suit est beaucoup plus roulant et comme les sensations sont bonnes je me recommence à trottiner, puis c'est retour sur le bitume. Mes collègues du groupe sur lequel je suis revenu peste, visiblement toute la fin de la descente va se faire sur le goudron et pour eux c'est un calvaire: pour moi c'est une bénédiction, je laisse aller les jambes tranquillement, les muscles et les articulations retrouvent de la souplesse et je me retrouve tout seul pour terminer cette longue portion ou je vais reprendre pas mal de coureurs. Le ravitaillement de Lourtier est bondé: coureurs, accompagnateurs, spectateurs. L'ambiance est très chaleureuse, je décide donc de m'y arrêter le moins possible! Changement express de chaussette, puis remplissage d'1L de ma poche à eau (9h de course pour la vider) et je redémarre après avoir regarder sur le pc de l'orga le classement des premiers arrivés et avoir avaler un nouveau bol de bouillon. J'en suis à 9h05 de course mon record.
Lourtier==>La Chaux (54.12 Km, 3895 m D+): On nous avait prevenu, cette montée est un mur: 1100m en 5km... je l'avais imaginée dure, après 50km de course c'est pire! Les pourcentages sont vraiment élevés et il n'y a aucun moment de répis. Je fais donc une pause toutes les 12' pour boire et reprendre un peu de jus. Mais je suis de nouveau dans un creux... je n'arrive pas à monter en rythme, j'ai beau raccourcir mes pas, impossible de rester régulier. Au bout de 40' je décide de me poser sur le bord du chemin et je me force à avaler une nouvelle barre de céréales. je bois tranquillement et je repars. Mais rien n'y fait, je suis toujours dans le dur. Je me cale derrière une petite dame qui à dépasser la soixantaine et je me laisse "trainer". Pendant un quart d'heure je vais la suivre, elle garde un train qui me va bien. Je suis impressioné qu'après tous ces km elle soit toujours aussi efficace, bravo! Puis à mon grand désappointement elle me laisse passer suivi par un autre trailer accrocher à mes chaussures depuis quelques minutes. Je me retrouve donc en tete à suivre le faisceau de ma frontale, mais je suis mieux. J'ai récupéré, les batteries sont un peu rechargées et je parviens à maintenir mon rythme. D'ailleurs quelques minutes plus tard quand nous sortons enfin de la forêt, mon compère cède et je me retrouve seul pour la fin de la montée. En me retournant j'apercois quelques frontales derriere, mais rien au dessus de moi. Par conte au loin sur les alpes francaises on assiste à un orage monstrueux. Vu d'ici c'est superbe, mais j'ai eu ma dose d'émotions fortes pour la journée et je suis ravi du calme qui règne ici. Enfin au loin j'appercois les lumières du dernier ravito, mais pour le rejoindre il faut passer un ultime torrent, se remettre une fois encore les pieds dans l'eau gelée... puis c'est le dernier raidard . Le poste est quasi désert je discute avec les bénévoles qui ont l'air frigorifié, pour eux la nuit va être longue! Je poursuis mon repas habituel:coca, pain d'epices mais pas de bouillon ici, vraiment dommage. Je repars après 10h57 de course en 226è position
La Chaux==>Arrivée Verbier (60.93 Km, 3965 m D+): Le début de la descente est à plat, un long chemin carossable nous permet de rejoindre le versant de Verbier. Dans le fond de la vallée on appercoit les virages qui montent à la station. Je fais ce premier km en marche rapide, je me sens mieux, je n'ai aucune douleur articulaire, pas un début de crampes, je suis juste usé nerveusement par cette longue journée et ce long mois de juin de trail... Dès le début de la vraie descente je prends mon premier et dernier gel de la course. Je suis dans un bon passage, il faut que j'en profite et que je boucle la course avant mon prochain passage à vide. Dès les premiers lacets je sens que les jambes sont là! Les sensations sont vraiment bonnes, c'est vraiment agréable de degringoler de nuit, seul, dans cette forêt. Malheureusement c'est la première fois depuis le départ que je profite vraiment de la course, ca fait bien maigre... Je reprends quelques coureurs tout au long de la descente, je cours même dans les 2 ou 3 petites montées de cette partie: je profite à plain de mon pic de forme rallier l'arrivée qui ne doit plus être loin.Je passe enfin les premieres habitations, puis j'arrive sur les premieres routes goudronnées, et après un dernier passage en foret j'arrive enfin dans Verbier: Je rentre le dernier km (très roulant ) en 4'30", je vole jusqu'à l'arrivée de mon premier ultra: 12h05 204è
Bilan:
points positifs: l'ambiance, très bon ravito, paysages magnifiques, nombreuses rencontres pour un trail très international, aucun signe de crampes et peu de douleurs physiques malgré le temps de la course.
points négatifs: la météo, les conditions d'enneigement , nombreux gués , le départ à 12h est trop tardif à mon gout.
Ce genre de course demande une très, très grande fraicheur et je suis arrivé trop entamé par mon enchainement de course en Juin pour pouvoir en profiter vraiment. Par contre je sais maintenant que la CCC fin Aout est à ma portée
Après une nuit sur Verbier ou j'ai été accueilli par un violent orage, le transfert vers La Fouly se passe bien. On arrive bien avant le départ, le temps magnifique, et la vue superbe dans cette vallée encaissée. L'ambiance est bon enfant et j'ai tout le temps nécessaire pour peaufiner mes derniers préparatifs et choisir ma tenue de départ. Mon sac est lourd: entre la poche de 3L remplie, le matériel obligatoire et mon ravitaillement perso, j'ai l'impression d'avoir un morceau de granit sur les épaules. L'heure du départ approche et je remarque que contrairement à d'habitude je ne sens aucune tension: pas forcément bon signe ce manque d'implication... Avec un ami trailer on se cale bien en fin de peloton pour etre sur de ne pas être tenté de partir trop vite et c'est le départ.
La Fouly==>Col de Fenetre (9.70 Km,1128m D+): Le début de la montée est régulière et sur la route. Elle permet d'étirer doucement le peloton et à chacun de trouver sa place tranquillement. Au bout de 30' le temps se dégrade assez brutalement, les nuages arrivent rapidement et le premieres gouttes font leur apparition. Elle sont rapidement suivies par les premiers coup de tonnerre: C'est la première attraction de la journée: ballade en altitude par mauvais temps. Nous décidons de nous arrêter pour "bâcher" et éviter de prendre froid dès le début de la journée. Le reste de l' ascencion par les petits sentiers est ponctuée par de nombreux ralentissement dus au nombre de coureur (700) mais aussi au sol (déjà) glissant. A 2100m d'altitude nous croisons les premieres plaques de neiges et les deux derniers km avant le sommet se font en glissant sur la neige avec la grele mêlée à la pluie. Je passe le col en 1h57 en 413è position déjà bien entamé nerveusement.
Col de Fenetre==>Gd St Bernard (12.90 Km, 1268m D+): le début de la descente nous propose la deuxième attraction de la journée: le ski trail... Imaginez les traces d'une piste de ski de fond mais 40 cm de profondeur. Et bien c'est parti on met les pieds dedans et on essaie tant bien que mal de ne pas emboutir le coureur de devant. La je commence à trouver la journée moyennement drole... De retour sur la boue j'essaie de relancer un peu la machine et je me vautre sur ma 4ème foulée: En plus d'avoir les pieds mouillés je suis maintenant couvert de boue. Ca sent vraiment la bonne sortie.Toute la descente est extremement glissante, refroidi par mes premiers chutes , par la meteo et par l'éloignement de l'arrivée je décide de finir la descente su la réserve en ne prenant aucun risque. L'arrivée au col du Grand Saint Bernard coincide avec l'arret de la pluie. Il y a beaucoup de monde au ravitaillement devant les tables et je suis d'une humeur massacrante, je repars donc tout de suite et passe au pointage en 366è position après 2h27 de course.
Gd St Bernard==>Bourg St Pierre (26.80 Km, 1633 m D+): on repart sur un chemin minéral très etroit dans lequel l'eau degringole à pleins tuyaux, histoire de bine nettoyer la boue restant sur les chaussures... le Soleil sort enfin de derriere les nuages et la temperature remonte d'un coup. J'ote mon coupe vent et termine l'ascencion en traversant de nouveau quelques plaques de neige beaucoup moins imposantes sur cette face Sud. J'entame la descente un peu ragaillardi par l'amelioration de la meteo, amis le retour sur une face nord signifie retour de la neige et la c'est le troisieme atelier de la journée: Luge! après un premier passage sur les fesses d'une cinquantaine de mètres et 200m de descente en courant (si, si j'ai fait aussi !) nous nous présentons avec mon compere d'infortune en haut d'un mur: Il n'y a pas de doutes permis puisqu'une rubalise longue de 2 à 300 mètres suit les couloirs des malheureux qui nous ont précédés dans cette pente à 40~50% couverte d'1m de neige. Mon ami Bruxellois sort donc son appareil photo pour immmortaliser la scene pretextant qu'on ne le croira jamais et j'avoue que moi même j'ai du mal à en croire mes yeux. Après 30 secondes d'hésitation je décide donc de suivre la petite troupe et de me lancer à mon tour. Un cauchemard La neige rentre partout: chaussures, short, t-shirt: Je finis tant bien que mal apres quelques frayeurs et avoir eviter des rochers par arriver en bas. J'ai les mains, les pieds et les fesses en feu et je suis très en colère après l'organisation à ce moment de la course. Je me souviens très bien de la liste du materiel obligatoire et nulle part il n'etait fait référence à une luge ou des raquettes. Je redémarre tranquillement en essayant de retrouver un semblant de concentration quand arrive le quatrième atelier de ce trail à thèmes: La traversée de torrent de montagne. Je regarde le coureur devant moi entrain de traverser torrent d'une petite dizaine de metres de large et qui a de l'eau jusqu'en dessous du genou. Je me dis qu'il ne doit plus etre lucide et qu'il doit y avoir un autre passage, mais en y regardant de plus pret on voit distinctement 20cm sous la surface du cours d'eau un point de peinture laisser pas l'organisation 2 jours auparavant lors du balisage: Les orages des derniers jours ont juste rendu la ballade un peu plus amusante. Je traverse donc dans une eau particulierement fraiche en me disant que j'ai bien fait de prendre des chaussettes de rechange! Le reste de la descente sera moins épique, malgré les fréquents passage à gué, le terrain se fait moins hostile et la temperature plus agreable. Par contre au bout de 3h de course j'ai mon premier passage à vide. Je me suis pourtant alimenté et hydraté de facon systématique depuis le début, mais je sais que sur les courses longues je suis soumis à ces alternances de périodes de grande facilité contrastant avec des gros coups de moins bien. Et puis au bout de 20' les sensations reviennent et je rejoins le premier gros ravitaillement de la journée en 4h33 (304è pos). A ce ravito sont proposés des pates , de la charcuterie, du fromage, etc... le problème c'est que depuis 30' je suis nauséeu, j'ai du mal à m'alimenter. cet arrêt se reduira donc à un changement de chaussettes et à 3 verres de boisson. Je repars juste avec une banane pour compléter mon ravitaillement perso.
Bourg St Pierre==>Cabane de Mille (38.36 Km, 2671 m D+): Je démarre la deuxième longue montée. Elle me convient plutot bien: régulière, pas très pentue au départ, elle me permet d'avoir un pas efficace sans jamais forcé. D'ailleurs on approche les 5h de courses et toujours aucune trace de lassitude musculaire ni de crampes, une première et pour l'instant la seule bonne nouvelle de ce début de course. La ballade se fait un peu plus technique au dessus de 2000 mais offre (enfin!) un superbe panorama. Malheureusement, toutes ces bonnes nouvelles sont rapidement éclipsées par le retour de la pluie. Je fais une pause pour enfiler ma veste et j'en profite pour jeter un coup d'oeil en arrière: Il y a un orage terrible sur au dessus des cols que nous avons passés un peu plus tot, je suis inquiet pour les coureurs de la boucle qui doivent se trouver en haut à ce moment ... Et de nouveau j'ai une nouvelle défaillance, je marche de nouveau lentement, le moral est dans les chaussettes (humides!) et les nombreux cours d'eau à traverser n'arrangent rien. La fin de l'ascension sera laborieuse mais le jus revient sur la dernière demi heure. En arrivant au ravitaillement il fait froid, les coureurs sont massés sous la petite tente. Je m'enfile 2 gobletes de bouillon de poule pour essayer de faire passer ces nausées et je tente de manger des tucs, mais rien à faire, chaque bouchée est une lutte. Heureusement j'arrive toujours à boire...
Je repars de la cabane après 7h12 en 251è position
Cabane de Mille==>Lourtier (49.24 Km, 2749 m D+): Nouveau sentier en balcon, tant pis, j'aurai préféré perdre de l'altitude tout de suite (on est à 2500m d'altitude) histoire de faire remonter les temperatures. Je continue de systematiquement nettoyer mes chaussures dans les torrents que nous traversons, puis juste après le retour du soleil et un nouveau changement de tenue on attaque la descente. Le début est un magnifique chemin de crêtes qui offrent une vue splendide sur les massifs. Puis on plonge dans la foret. Le début est très pentu, les chevilles commencent à donner les premiers signes de fatigue et des douleurs articulaires font leur apparition. Je laisse donc le petit groupe qui me précedait me distancer dans cette partie et je joue la sécurité. Le chemin qui suit est beaucoup plus roulant et comme les sensations sont bonnes je me recommence à trottiner, puis c'est retour sur le bitume. Mes collègues du groupe sur lequel je suis revenu peste, visiblement toute la fin de la descente va se faire sur le goudron et pour eux c'est un calvaire: pour moi c'est une bénédiction, je laisse aller les jambes tranquillement, les muscles et les articulations retrouvent de la souplesse et je me retrouve tout seul pour terminer cette longue portion ou je vais reprendre pas mal de coureurs. Le ravitaillement de Lourtier est bondé: coureurs, accompagnateurs, spectateurs. L'ambiance est très chaleureuse, je décide donc de m'y arrêter le moins possible! Changement express de chaussette, puis remplissage d'1L de ma poche à eau (9h de course pour la vider) et je redémarre après avoir regarder sur le pc de l'orga le classement des premiers arrivés et avoir avaler un nouveau bol de bouillon. J'en suis à 9h05 de course mon record.
Lourtier==>La Chaux (54.12 Km, 3895 m D+): On nous avait prevenu, cette montée est un mur: 1100m en 5km... je l'avais imaginée dure, après 50km de course c'est pire! Les pourcentages sont vraiment élevés et il n'y a aucun moment de répis. Je fais donc une pause toutes les 12' pour boire et reprendre un peu de jus. Mais je suis de nouveau dans un creux... je n'arrive pas à monter en rythme, j'ai beau raccourcir mes pas, impossible de rester régulier. Au bout de 40' je décide de me poser sur le bord du chemin et je me force à avaler une nouvelle barre de céréales. je bois tranquillement et je repars. Mais rien n'y fait, je suis toujours dans le dur. Je me cale derrière une petite dame qui à dépasser la soixantaine et je me laisse "trainer". Pendant un quart d'heure je vais la suivre, elle garde un train qui me va bien. Je suis impressioné qu'après tous ces km elle soit toujours aussi efficace, bravo! Puis à mon grand désappointement elle me laisse passer suivi par un autre trailer accrocher à mes chaussures depuis quelques minutes. Je me retrouve donc en tete à suivre le faisceau de ma frontale, mais je suis mieux. J'ai récupéré, les batteries sont un peu rechargées et je parviens à maintenir mon rythme. D'ailleurs quelques minutes plus tard quand nous sortons enfin de la forêt, mon compère cède et je me retrouve seul pour la fin de la montée. En me retournant j'apercois quelques frontales derriere, mais rien au dessus de moi. Par conte au loin sur les alpes francaises on assiste à un orage monstrueux. Vu d'ici c'est superbe, mais j'ai eu ma dose d'émotions fortes pour la journée et je suis ravi du calme qui règne ici. Enfin au loin j'appercois les lumières du dernier ravito, mais pour le rejoindre il faut passer un ultime torrent, se remettre une fois encore les pieds dans l'eau gelée... puis c'est le dernier raidard . Le poste est quasi désert je discute avec les bénévoles qui ont l'air frigorifié, pour eux la nuit va être longue! Je poursuis mon repas habituel:coca, pain d'epices mais pas de bouillon ici, vraiment dommage. Je repars après 10h57 de course en 226è position
La Chaux==>Arrivée Verbier (60.93 Km, 3965 m D+): Le début de la descente est à plat, un long chemin carossable nous permet de rejoindre le versant de Verbier. Dans le fond de la vallée on appercoit les virages qui montent à la station. Je fais ce premier km en marche rapide, je me sens mieux, je n'ai aucune douleur articulaire, pas un début de crampes, je suis juste usé nerveusement par cette longue journée et ce long mois de juin de trail... Dès le début de la vraie descente je prends mon premier et dernier gel de la course. Je suis dans un bon passage, il faut que j'en profite et que je boucle la course avant mon prochain passage à vide. Dès les premiers lacets je sens que les jambes sont là! Les sensations sont vraiment bonnes, c'est vraiment agréable de degringoler de nuit, seul, dans cette forêt. Malheureusement c'est la première fois depuis le départ que je profite vraiment de la course, ca fait bien maigre... Je reprends quelques coureurs tout au long de la descente, je cours même dans les 2 ou 3 petites montées de cette partie: je profite à plain de mon pic de forme rallier l'arrivée qui ne doit plus être loin.Je passe enfin les premieres habitations, puis j'arrive sur les premieres routes goudronnées, et après un dernier passage en foret j'arrive enfin dans Verbier: Je rentre le dernier km (très roulant ) en 4'30", je vole jusqu'à l'arrivée de mon premier ultra: 12h05 204è
Bilan:
points positifs: l'ambiance, très bon ravito, paysages magnifiques, nombreuses rencontres pour un trail très international, aucun signe de crampes et peu de douleurs physiques malgré le temps de la course.
points négatifs: la météo, les conditions d'enneigement , nombreux gués , le départ à 12h est trop tardif à mon gout.
Ce genre de course demande une très, très grande fraicheur et je suis arrivé trop entamé par mon enchainement de course en Juin pour pouvoir en profiter vraiment. Par contre je sais maintenant que la CCC fin Aout est à ma portée
par papadje
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- FredX
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Réponse de FredX sur le sujet Re: Traversée Verbier Saint-Bernard 2010
Posted il y a 14 ans 4 mois #53654
Bravo pour ta course et ton CR hyper précis qui nous fait partager tes impressions !
Finir en 4'30" après 12h de course !!!
C'est vraiment impressionnant !
Finir en 4'30" après 12h de course !!!
C'est vraiment impressionnant !
par FredX
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- Tye
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Réponse de Tye sur le sujet Re: Traversée Verbier Saint-Bernard 2010
Posted il y a 14 ans 4 mois #53658
Impressionnant !
Chapeau bien bas !
Ça commence à me donner envie ces histoires de trail.
Chapeau bien bas !
Ça commence à me donner envie ces histoires de trail.
par Tye
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- guillaume072
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Réponse de guillaume072 sur le sujet Re:Traversée Verbier Saint-Bernard 2010
Posted il y a 14 ans 4 mois #53671
elle a l'air bien sympa cette course , en tout cas félicitation, tu as bien géré tes passages difficiles et tes coups de moins bien...au contraire de moi, , ce qui t'as permis de finir en bon état !! malgré ton mois de folie !!!
en revanche, bizarre bizarre de faire partir cette coourse à 12h00 pour finir de nuit ?? c'est pas très prudent de laisser des traileurs en montagne de nuit sous les orages, surtout quand tu peux faire autrement ... au moins ça t'a bien préparé pour les CCC !!!
bonne récup, @+
en revanche, bizarre bizarre de faire partir cette coourse à 12h00 pour finir de nuit ?? c'est pas très prudent de laisser des traileurs en montagne de nuit sous les orages, surtout quand tu peux faire autrement ... au moins ça t'a bien préparé pour les CCC !!!
bonne récup, @+
par guillaume072
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- bluesy
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Réponse de bluesy sur le sujet Re:Traversée Verbier Saint-Bernard 2010
Posted il y a 14 ans 4 mois #53701
bravo pour ta course et CR !!!
franchement je te tire mon chapeau et c'est vrai que ca donne de plus en plus envie !!!
franchement je te tire mon chapeau et c'est vrai que ca donne de plus en plus envie !!!
par bluesy
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- wilf
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Réponse de wilf sur le sujet Re:Traversée Verbier Saint-Bernard 2010
Posted il y a 14 ans 4 mois #53771
UN grand merci de nous faire partager cette terrible et magnifique course!
Bravo pour le coureur qui remonte dans le classement!
Et à bientôt dans le CCC.
Bravo pour le coureur qui remonte dans le classement!
Et à bientôt dans le CCC.
par wilf
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