10 km de Tassin-La-Demi-Lune ( 69 )

Bonjour à tous


Voici le récit de ma seconde participation aux "Foulées Tassilunoises"


Comme d'habitude je n'ai pas suivi de réel plan d'entrainement , enfin si puisque je me le suis personnalisé grâce à la
rubrique "Programmation de l'entrainement en course à pied" de cet excellent site ; et j'ai bien lu les recommandations de
Gilles , comme par exemple la coupure annuelle , mais je la ferai plutôt au mois d'août ( je cours comme un quasimodo quand la température dépasse 25°C )
En fait je ne peux pas faire exactement ce qu'on me dit ( mon côté rebelle ) , mais j'écoute et je lis tous les conseils , en
étant surtout à l'écoute de mon corps

Mais ce n'est pas gagné ( ce qui veut dire aussi que j'ai une bonne marge de progression à ce niveau - positivons ) , puisque début février j'étais vraiment flagada , j'avais du mal à me lever le matin , on me disait " quess't'as t'es tout blanc ? "
et à la séance du samedi avec le club je me trainais loin derrière les coureurs avec qui je tapais la bourre habituellement
Et cerise sur le cageot samedi matin veille de la course je me prends un vilain mal de gorge et je me dis " bon ben tu dois
couver une angine mais vas-y quand même dimanche et fais ce que tu peux " donc pas de pression , je trouve le sommeil
facilement le samedi soir ...!

C'est seulement ces derniers jours que je comprends cette méforme passagère : je crois que je me suis un peu épuisé , en
montant à 3 séances par semaine et en oubliant que le footing doit être la base de l'entrainement ( j'ai dû faire un peu trop
de séances de VMA et d'AS10 ) . Ajoutons à cela un hiver glacial qui agresse l'organisme ; j'apprends par mes erreurs

J'ai quand même eu le bon réflexe de relacher 15 jours avant la course pour "faire du jus"


Première bonne surprise dimanche matin , je n'ai plus mal à la gorge et je me lève facilement , de bonne humeur

Tartines beurre-miel et un grand bol de café noir au petit-déjeuner , puis une bonne camel sans filtre pour déstresser
( j'arrêterai complètement de fumer un jour , peut-être ... )

Il fait très froid sur Lyon ce dimanche matin , mais c'est moins pire que très chaud

J'arrive assez tôt sur place pour avoir le temps de faire un long échauffement car je me suis rendu compte que je mets
vraiment longtemps à bien "monter en température" , échauffement que je termine avec deux accélérations de 200m à AS10
Et là deuxième bonne surprise : je suis dans le coup , puisque je fais ces accélérations à un très bon rythme d'après mon GPS , sans forcer ... je prends confiance ... feel good

Mon objectif : 45' , et ma stratégie cette année sera de partir légèrement "en-dedans" , j'en ai trop bavé l'année dernière
en partant trop vite avec une fin de course douloureuse ( 22'30 + 23'30 )


Plus que quelques minutes avant le départ , j'adore cette ambiance d'avant-course
Le BANG de départ vient lever la tension ambiante
Les fauves sont lachés sous les encouragement de spectateurs courageux venus braver le froid

km 1 : je regarde ma vitesse moyenne : trop rapide ! j'aurais dû m'en douter , à chaque fois c'est pareil ... à chaque fois que l'ambiance est là je me prends pour Békélé dans le dernier tour de la finale olympique , acclamé par une foule en délire ... je ralentis sagement plutôt que de risquer l'explosion

km 3 : première petite difficulté : une montée de 500m à 4 ou 5 % environ qu'on refera en fin de course : pas bien méchante
mais je vais quand même ralentir un peu : on n'est pas encore à mi-course et c'est trop tôt pour se mettre au taquet ,
d'autant que cette montée se fait avec un vent de face , glacial ...
Puis vient la descente , de même pente et distance que la montée : au départ j'avais prévu de ne pas me "laisser descendre" et d'accélérer comme j'ai ralenti dans la montée , en restant concentré sur ma foulée , en poussant légèrement sur les pointes ; mais la périostite , pas bien méchante aujourd'hui , m'empêche quand même de faire un bon déroulé : pas grave , je reste cool , ce ne sont que quelques secondes de perdues

km 5 : 23'02" c'est un peu moins bien que prévu , mais tout va bien , je suis en jambes , et j'accélère progressivement
A partir de maintenant je vais surtout dépasser , c'est l'avantage du "reverse split" ; même si ça prouve qu'on n'est pas à
100% , le fait de doubler procure de bonnes sensations qui font oublier la douleur de la fin de course

km 7.5 : je suis bien , et je rattrappe mètre par mètre une coureuse qui n'abdique pas , puis ensemble on rejoint un jeune
coureur qui lui aussi reste avec nous , on fait environ un kilomètre ensemble à un bon rythme ( 13.8 km/h ) , le jeune
commence à souffrir mais il s'accroche , il est courageux , c'est beau , ça me motive !

km 8.5 : 2ème et dernier passage par la montée avec vent de face : là c'est plus dur , mais plus question de s'économiser car l'arrivée approche

km 9 : j'ai passé la difficulté sur un rythme de 13.3 km/h mais je commence à avoir les poumons en feu ... mais avec une
descente et l'arrivée qui approche , c'est tout bon

km 9.7 : Yes ! le GPS est monté à 13.4 km/h de moyenne : l'objectif est dépassé ! après toutes ces bornes sur le bitume les
300 derniers mètres se font sur la piste du stade Dubot et le revêtement souple est agréable ... feel so good ! je suis cramé
mais content , et je vais chercher les concurrents devant moi , j'en dépasse un de plus , et un autre mais celui-là plus loin
ça va être dur de le doubler avant la ligne ... allez j'essaie : j'accélère : il me sent dans son dos et en remet un coup , j'accélère encore , il sprinte ! ok ok trop rapide pour moi ( je n'ai jamais su sprinter en fin de course , j'ai toujours eu
peur de me déboiter une guibole ) ; belle petite bagarre pour la 181ème place , je le félicite après la ligne

Mon temps : 45'06" ! record pété de 53 secondes ! *
Je suis heureux ! Heureux comme Alain Mimoun à l'arrivée du marathon olympique de Melbourne , victorieux pour ma première et papa depuis la veille ; les journalistes français sont surexcités , je ne leur réponds pas de suite , j'attends l'arrivée de mon ami Emile Zatopek qui me tombe dans les bras pour me féliciter
Oula oula redescendons sur terre je ne suis qu'un amateur qui finit dans le ventre mou du classement d'un 10km régional ,
mais comme disait Thierry Roland un soir de Juillet 1998 : " Putain c'est bon ! "

Prochaine course : le 10 km de Chassieu début mai , très courant , où je vais essayer de m'approcher des 44' , en oubliant le "reverse split" c'est-à-dire en tentant de faire 22' au premier 5000 ... et 22' au deuxième 5000 ...! ce qui est possible
apparemment ...!

@+ , et au plaisir de continuer à vous lire sur ce forum " Récits de courses "

* soit mon Gps n'aime pas le froid et s'est trompé ( normalement 13.4 km/h de moyenne ça doit faire moins de 45 minutes )
soit je n'ai pas pris les bonnes trajectoires pendant la course !

Belle course, comme quoi on ne sait jamais avant d'y être la forme que l'on aura le jour J...

C'est assez perturbant, mais il faut faire avec... Surtout quand la surprise est positive....

Super récit, je m'y croyais!
Je n'ai pas compris le reverse split.

reverse split ou negative split c'est quand tu fais la deuxième moitié de ta course en moins de temps que la première partie

On est dans le même rêve sauter dans les bras d'Emile Zatopek, avec félicitation!

à Fred :
Merci ! oui course agrébale et bonne surprise , et surtout je me suis fait plaisir , je crois que c'est le plus important



à Dédé la frite et Finopat :
Merci du compliment ; j'ai pris tout mon temps et mis tout mon coeur pour faire une belle histoire de ces 45' de course !

oui c'est bien " negative split " et pas " reverse split "
reverse split c'est un terme financier je me suis mélangé ( avant j'étais trader ... non je déconne ! )
voir par exemple ce lien pour les avis , pour et contre , il y a débat ... long mais intéressant
www.courseapied.net/forum/msg/56385.htm
Personnellement , et pour résumer , disons que je suis partagé : content d'avoir fait une belle course quand même , sans soufrir ; mais un peu de regrets parce qu'à l'évidence j'aurais pu faire mieux , et marquer un point de plus pour mon club en passant sous les 45'



à Wilf

On m'a offert à Noël le livre "Courir" qui raconte la vie de Zatopek , que j'ai lu et re-lu , j'ai adoré ... je suis ensuite allé sur internet trouver des images d'époque , et une interview de Mimoun qui raconte cette fameuse victoire , son arrivée dans le stade olympique et cette immense clameur du chaud public australien qu'il décrit comme "une bombe atomique"
Et je dois t'avouer que j'ai toujours gardé ce rêve de gosse moi aussi : arriver dans le stade en tête du marathon olympique , faire le dernier tour à fond avec une foulée majestueuse la plus belle qui soit , porté par les cris du public , passer la ligne en vainqueur en levant les bras , m'agenouiller par terre un instant et pleurer de joie , puis me relever en saluant la foule et repartir pour un tour d'honneur , poursuivi par une meute de photographes ...
Je me fais parfois ce film et ma copine me dit " eh oh t'es où là ? " parce que je dois avoir sur le visage un air béat
c'est bon de rêver !