"humidité : 94%" .. petit PR au MBM

Il pleut, il mouille c'est la fête aux grenouilles mais pas à nous autres pauvres coureurs du dimanche.
Et du mardi, et du mercredi et puis aussi du vendredi.
Et oui cette année j'ai tenté un premier plan à quatre sorties par semaine, au total 500 Km bouclés depuis le premier janvier, pas de grosses douleurs, des cuisses qui ne sont pas encore celles des grenouilles sus-mentionnées mais qui se sont bien galbées au fil des kilomètres, bref je dois être prêt pour mon troisième marathon.

Mais là maintenant, 19h35, à 25 minutes du départ je m’interroge. "où est-ce que j'ai merdé, pourquoi ai-je choisi le marathon nocturne de Bordeaux en mars ?"
on est bien serré dans les SAS, on se tient chaud mais la météo suivi avec appréhension et espoir qui indiquait encore ce midi couvert MAIS sec semble avoir raté son coup : il pleut, il vente, les gouttes passent devant les projecteurs en diagonale.
On baisse la tête, on s'arrondit en espérant être moins mouillés mais c'est en pur perte. Le départ est lancé, les premiers s'élancent, puis les suivant, puis les suivants .. et 14 minutes après enfin c'est nous autre du sas 3h45 qui passons l'arche.
Ca fait du bien de bouger enfin, le vent est heureusement derrière nous, il y a du monde partout sur la chaussée, beaucoup derrières les barrières à encourager, chaudement protégés sous les parapluies et capuches
On commence par 9.5 Km en parcours commun avec les 12 ou 14 000 semi-marathoniens (!!) et ca en fait du monde .. c'est beaucoup de dépassements, pas mal d'attention à ceux qui nous dépassent mais une ambiance plutôt sympa et un rythme qui se pose à 5"30 rapidement.
Le parcours est connu (les bords de Garonne), c'est pour le moment une sortie comme les autres avec un passage au 5km en 27"32. On retraverse la Garonne sous un grand vent et partons nous cacher en ville, où la foule est dense et enthousiaste.
Enfin le kilomètre 9.5 où se séparent les flux, et on retrouve de l'espace pour courir et un rythme qui reste comme prévu 10km en 55"10, cardio stable en moyenne à 157bpm (80% FCM), appro et hydratation bien suivis, jusque là tout va bien.
Kilomètres 10 à 15, un long faux plat pour s'éloigner du centre ville ... où on ne voit plus grand monde, où il pleut, où il vente, où je m'arrête 10 secondes pour renfiler la troisième épaisseur que j'avais prise pour le sas et gardé à la main depuis .. fait trop froid. Les coureurs sont plutôt fermés dans leur bulles anti-pluie, les relayeurs qui assument le premier 'long' relais de 17 Km commencent pour certain à souffrir.
Kilomètres 15 à 20, tout pareil mais avec des relayeurs frais là c'est le petit de relais de 6km et on remarques 2 grands types de relayeurs : ceux qui nous dépassent et ceux qu'on dépasse : des très rapides et des très débutants, c'est perturbant mais ça occupe un peu l'esprit. Le corps va bien, je garde en tête la maxime "le premier semi c'est l'échauffement", je ne cherche pas à accélérer me glorifiant d'un possible négative split si tout va bien et vu qu'on sera plutôt en faux plats descendant dans l'autre sens Passage du semi en 1h57, le point le plus haut est atteint, le corps va bien, les jambes tournent, le cardio est stable vers 158bpm , km10 à km20 en 56 minutes, gels, bananes, pain d'épice et boisson pris régulièrement, si ce n'était ce sale temps et un lacet farceur ce serait une très belle soirée.
Kilomètres 20 à 30 : le retour à la civilisation. La dénivelé est plus favorable, ca déroule et je garde en tête la deuxième saint maxime "la course commence au km 30, il faut y arriver frais", je dépasse une centaine de coureurs sur cette zone sans trop forcer, je suis bien même si un peu de fatigue s'installe.Avez le recul chiffré je vois un cardio déjà un peu haut, je boucle là encore les 10 km en 56 minutes (et 15 secondes) mais avec un cardio à 165 bpm (84%).
Kilomètre 30 à 33 : j'ai le ventre trop plein, je n'ai plus envie de manger ou de boire, je sais que je devrais mais le corps dit non merci alors c'est un peu le service minimum sur ce ravitaillement et une mauvaise pause de pied relance une assez fulgurante douleur sous le pied .. ma bonne vieille aponévrose se rappelle à moi. J'ai lutté pendant 12 semaines de prépa pour la ménager, j'ai eu des tensions sourdes mais pas de douleurs, et là un seul faux pas pour éviter un con de gobelet et voilà que ca fait mal. Respirons, analysons, refaisons aussi ce con de lacet, tiens je deviens grossier
Bon on ralentit un poil le rythme, on respire, on travaille la foulée, aérienne, légère, et gracieuse (enfin le délire me le laisse croire) et après 3 Km ca se passe un peu et je fini par l'oublier, obnubilé par le nouveau bobo : le ventre est vraiment pas top. C'est une première dans ma petite experience de marathons. Plus envie de manger, à peine de boire. Le chrono dans l'oreillette me réveille : "warning luc tu ralentis, tu ralentis, le 4H est jouable mais faut tenir bon encore" . Les moyennes kilométriques montent à 5"45, puis 5"55 et faut vraiment me pousser pour ne pas être encore plus lent.
De mon point de vue je cours toujours aussi vite, la preuve je dépasse encore quelques personnes mais le chrono n'est pas d'accord .. on va le croire et on fait et refait les calculs dans la tête : le sub 4 heures est toujours possible, on ne lâche pas.
km30 à km40 : 58minutes, de ce fait le cardio va mieux 160 bpm (81%), le pied c'est passé, les crampes sont pas loins mais reste à distance tant que je n’accélère pas, et ca tombe bien ce n'est pas possible. Bon je n'ai rien mangé depuis le km 32, à peine bu .. pas cool.
Oh je suis désolé j'ai oublié le coté touristique : c'était très joli ces 10 kilomètres en ville, de beaux monuments mis en valeurs, un peu de monde courageux à nous encourager mais honnêtement le physique ne me permettait pas d'avoir le nez en l'air à regarder
Après le Km 40 : je vous ai parlé de mon ventre et de mon lacet ? pour le lacet c'est facile : je perds 10 secondes à vite le refaire, même si se pencher et utiliser des doigts qui ressemblent à des mister freeze, pour le ventre c'est plus problématique, on arrive sur les 2 kilomètres de finish, en ultra centre, gavé de monde et ca va faire désordre si je ne contrôle pas mon corps (métaphore poétique pour dire que le risque est élevé que je vide mon estomac d'une manière ou d'une autre que la morale réprouve), je sers les dents, je ralentis encore un peu, je suce un quart d'orange dans une croyance farfelue que ca m'aidera à calmer le ventre et en avant pour les 2 derniers kilomètres. La moyenne s'améliore un tout petit peu (facile, ca descend ), le ventre tient, l'autre c*n de lacet (gauche cte fois) se barre à son tour et avec la lucidité dun hérisson traversant la RN7 je décide de finir 500 mètres stylé avec un lacet long comme un lasso mouillé défait et l'autre pied qui saute par dessus pour l'éviter à chaque foulée ... bref je tiens, je surveille mes pieds, je tiens, je cours, j'arrive sur les quais, purée je ne vais pas pleurer quand même, c'est loin, c'est près, ca va être fini, un coup d'oeil à la montre .. oui je dois être tout juste sous les 4 heures .. 3em marathon fini après un abandon en octobre dernier, je tieeeens et finis cette longue séance d'hydrothérapie avec un chrono officiel tout juste sous les 3 heures 59, mon PR à moi.
Je récupère ma consigne, retire mes 3 épaisseurs détrempées pour enfiler un sweat chaud et repars clopi-clopant vers le meilleur moment de la soirée : 10 minutes aux toilettes, 15 minutes sous la douche chaude et 1 heure avec 5 épaisseurs sur moi pour me réchauffer, me réhydrater à l'intérieur et faire partir le violet de mes lèvres et le claquement de mes dents ... promis le prochain c'est le marathon des sables, marre de la flotte et du froid

48 heures après quelle analyse j'en fais : vu les conditions de vents, de pluie et de froid j'ai fait un temps honorable, quelques minutes au dessus du temps espéré mais dans mon objectif de faire un sub 4H et de finir pas blessé.
Qu'aurais je pu faire de mieux ?
- avoir un vêtement technique qui protège de la pluie (ca existe ?) plutôt que 3 épaisseurs de tshirt totalement détrempés bien vite et ne pas croire la météo.
- Peut-être manger un petit peu moins le jour J ou plus tôt pour avoir le temps de digérer et partir le ventre plus léger
Les bons enseignements : 12 semaines à 4 séances passées comme des lettres à la poste, un volume qui continue de croître, pas de crampes, 30 kilomètres à l'allure cible avec peu de fatigue et un lendemain de marathon en bon état.

La suite ? probablement des distances entre 15 et 30 .. au delà c'est long
donc je verrais bien un semi début juillet pour travailler d'ici là la vitesse

Bonsoir, et bravo pour ton marathon réalisé dans des conditions peu évidentes.

Ton analyse d'après marathon, même si je n'en ai jamais fait, me semble pertinente. Ça laisse envisager des progrès pour tes prochains objectifs.

Hello
Super, ce compte rendu.
J'avoue, j'ai bien ri sur certaines situations.
Va falloir faire des doubles noeuds
En tout cas bravo pour ton sub 4h.

Merci de vos retours
J’ai bêtement oublié les doubles noeuds : je les avais fait mais ayant oublié les manchons je devait les refaire
Alors arrivaient les amis coureurs, fraîchement humides et m’informant qu’il pleuvait ((( la recherche d’un grand sac poubelle a monopolisé mon neurone stressé et j’ai fait un peu vite mes simples noeuds .. ça plus la pluie ca a forcément tourné au lacet fuyeur pendant la course
Sinon le ventre a du souffrir d’un ravito liquide au 27em où l’eau était bien froide (température ambiante quoi ) alors qu’avant je buvais ma gourde à 20 degrés ... à retenir

Ah ce satané lacet ... et ce troublant estomac ! ... Bravo Luc pour avoir réussi un RP dans ces conditions et avec un temps bien défavorable !

Voilà un nouveau marathon à ton actif ... et ça progresse toujours !

Merci pour ton sympathique récit et bonne suite de récup !

Sympa le récit et oui cette météo qui nous gave bien et pas que le ventre.
Le coup des lacets c'est dommage et cela monopolise l'attention.

Une bonne course tt de même objectif atteint.