Alex - La revanche - 100km de Millau 2017

Pour débuter ce CR il faut revenir un an est une semaine en arrière.
Il est pas loin de 20h et après avoir été malade un bon moment sur le marathon je vais abandonner à St Affrique.
Les jambes vont bien, le cœur va bien mais pas d'énergie et surtout pas envie de finir en marchant.
Un vrai crève cœur mais la décision est immédiatement prise de revenir en 2017.

Globalement la préparation se passe bien même si je fais moins de kilomètres qu'en 2017 mais c'est aussi un choix.
Je sens d'ailleurs que c'est le bon choix car je suis physiquement sur une pente ascendante pendant tout le mois de Septembre.

Je vais juste m'étendre sur un point qui pourra servir à d'autres.
Au mois de juin lors de mon trail de 55km et 3000m de D+ je me suis fait une petite blessure à l'arrière du genoux mais qui ne sera pas diagnostiquée grave mais m'obligera à courir que sur route.
Pour aider à la récupération, j'ai systématiquement mis les chaussettes de compression après chaque séance et quand je ne les mettais pas je sentais clairement la différence.

Pour ne pas répéter les "erreurs" de l'année dernière j'ai changé d'hôtel pour un hôtrl très sympa qui sera je pense réutilisé dans le futur pour de prochaines courses dans le coin.

Comme l'année dernière je suis accompagné par mon père qui me fera l'assistance à Millau et à St Affrique.

Nous partons donc le Vendredi en milieu d'AM direction Millau et nous passons directement récupérer le dossard.
On ne s'attarde pas et direction l'hôtel.
Le temps de tout décharger, d'organiser le matériel pour le lendemain, manger, il est vite l'heure de se coucher.
Nuit pas terrible mais ça suffit car je me sens bien au réveil.

Niveau organisation j'ai prévu deux changes intégral au cas où que j'ai disposé dans deux sacs plastique.
Un pour Millau contenant une paire de chaussure (Saucony Zealot), une paire de chaussette, un short, un haut de compression, un Tshirt et des barres énergétiques et un pour St Affrique qui contient le même package avec en plus la frontale et des manchettes.
Celui pour Millau est placé dans le sac à dos que me portera mon père à la fin du Marathon.
Dans le sac à dos il y a aussi une veste de pluie, un tube de Nok et du talc.

L'équipement du départ est composé de la manière suivante : short, haut de compression, Tshirt, chaussettes xsocks marathon, Asics Nimbus 19, mon éternelle casquette et mon sac à dos S/Lab sense Ultra.
J'emporte dans le sac deux flasques de 250ml d'eau et quelques barres énergétiques.
Avec des ravitos quasiment tous les 5km pas besoin de partir chargé comme une mule.

Puis direction Millau et le parc de la victoire.
Je laisse le sac avec les vêtements propres pour après la course à la consigne et direction l'entrée du parc pour le départ en fanfare.
Il fait gris mais il ne pleut pas.
A 9h30 départ vers la ligne où le départ sera donné par Mme la Ministre des Sports.

Millau-Millau - première étape
10h pile le départ est donné et comme par enchantement la pluie commence à tomber doucement.
Le peloton est dense mais j'arrive doucement à trouver mon rythme.
Aujourd'hui on a le temps.
Puis vient la première pause pipi après un peu plus d'un quart d'heure.
Je reprends ma route tranquille et je zappe le premier ravito car niveau hydratation j'ai ce qu'il faut sur moi.
Je bois et je mange à mon rythme.
Puis arrive la zone des vélos suiveurs.
C'est toujours aussi impressionnant.
Les kilomètres défilent sans problème entre ravitos et pause pipi.
Je prends environs 1' par ravito pour boire et je prends un petit bout à manger (surtout du pain et des fois du jambons car je sais que ça passe bien).
Puis on arrive à Peyreleau au 20ième kilomètre ce qui annonce que pendant 10 kilomètres les choses vont bien changer niveau profil de course.
Quelques premières petites rampes pour se mettre en jambes.
Je passe au 25ième en 2h20 pour un prévisionnel à 2h25.
La pluie est un peu plus intense depuis un moment mais peu après le 25ième un déluge s'abat sur la course.
Ça va bien durer jusqu'au 30ième kilomètre mais ça ne me gène pas à part les chaussures qui sont complètements trempées.
Elles pèsent plus lourd mais c'est surtout inconfortable au niveau des pieds.
Heureusement à partir du 30ième le parcours est plutôt descendant et surtout je vais pouvoir me changer à Millau.
Il suffit de prendre son mal en patience.
Le retour à Millau est assez quelconque et peu après le retour je retrouve mon père qui me donne le sac à dos et je lui laisse recharger celui que j'ai pour courir.
Direction la salle pour le ravitaillement et pour me changer intégralement.
J'avais prévu d'y être en 4h08'06 (4h07'51 temps officiel) en prenant en compte les diverses pauses et une allure à 5'30/km
Par contre j'avais prévu 10' de pause mais j'y resterai 20' le temps de bien me sécher, remettre de la Nok, du talc, de tout ranger et de tout remettre dans le sac à dos.

Millau-St Affrique
Je repars donc tout sec avec en plus de la tenue de départ les manchettes et j'ai abandonné la casquette pour un buff en bandeau frontal.
Je décide de repartir sans veste de pluie car d'après la météo ça doit s'améliorer.
Ce sera un choix judicieux.
Échange de sacs à dos avec mon père et je repars direction St Affrique.
Les sensations sont bonnes et comme prévu je vais gérer cette partie au cardio car c'est plutôt montant jusqu'au sommet de la côte du viaduc.
Dans ce sens là, le ravito de Creissel arrive vite, je bois un petit coup et je repars car la côte du viaduc se présente bientôt.
Elle finit par arriver cette redoutable côte.
Dans ce sens elle est plus raide mais plus courte et plus régulière.
Elle passe sans problème et j'attaque la descente.
A partir de là rien ne vas plus.
J'attaque la descente plein d'assurance mais j'ai très vite mal aux chevilles et ça commence aussi à tirer dans les mollets.
Je comprends vite que ça va être très long de retourner à Millau.
Une fois la descente finie je prends un peu de temps au ravito de St Georges de Luzençon.
Je ne comprends pas ce qu'il se passe mais à part ça tout est au vert que ce soit niveau énergétique ou mental.
Je reprends la route et je me rappelle très bien de toute cette partie contrairement à la partie du marathon qui est toujours un peu vague.
Le bloc qui m'attends jusqu'à St Rome est long mais en faut plat montant et j'ai moins mal.
Il passera pas trop mal même si l'allure n'est pas terrible.
Je sais aussi que l'on va bientôt commencer à croiser les premiers.
Quand je vois passer Bellanca j'hallucine de voir l'allure qu'il tient.
On l'encourage mais il est tellement concentré qu'il ne nous entend pas mais ses suiveurs feront le job en nous répondant gentillement.
A partir de là la course change niveau ambiance car on s'encourage mutuellement de chaque côté de la route.
Arrivé à St Rome de Cernon, je suis bien touché car le morceau était long mine de rien.
Je ravitaille et un élément simple va changer une patrie de ma fin de course.
Je sens l'odeur de la soupe.
Je n'en prends pas mais je me ravitaille et je m'assieds quelques minutes pour récupérer car un gros morceau se profile : Tiergues.
Pas forcément en grande forme je repars et une fois la monté plus franche je n'ai plus mal.
Je vais reprendre pas mal de monde en montant et quand les lacets arrivent je sais que la fin de la côte est proche.
Le ravito aussi et l'ambiance est sympa mais ça se remets à descendre et les douleurs reviennent.
Le ravito arrive enfin et à partir de là je vais mettre en place une routine qui tiendra jusqu'à la fin.
Un verre de St Yorre et un verre de soupe (un pur bonheur).
Je me serais bien assis mais rien pour ça et je repars vers St Affrique et la longue descente.
Un long calvaire mais je sais que je retrouve mon père en bas et que je vais pouvoir prendre un peu de temps pour souffler.
J'arrive à St Affrique en 7h52'55.
Mon père est là et s'occupe de tout pour moi.
Remplissage des bidons et il va me chercher un verre d'eau et de la soupe.
Je suis cuit et plus vraiment très lucide.
L'impression d'être dans un état second.
A postériori je me demande comment j'ai pu repartir...
Je change de chaussettes et de chaussures.
J'ai remis du talc sur les pieds et la frontale est placée dans le sac à dos.
Je reprends la route mais sans grande conviction.
Mon père me rejoindra à St Rome de Cernon.

St Affrique - Millau
Me voilà donc reparti pour la partie manquante.
Plus que 29 km.
A partir de là je vais guetter tous les panneaux marquants les 5km.
On reprend par la montée de Tiergues en sens inverse.
Moins raide mais bien plus longue.
Comme ça monte je n'ai plus mal et l'énergie semble revenir.
Je reprends pas mal de monde et la monté se passe bien.
Pause ravito tranquille avec un verre de soupe dans lequel je trempe du pain (un vrai bonheur) et un verre de St Yorre.
Il faut alors se remettre en route vers St Rome et surtout se taper la descente.
Je serre les dents mais quand je vois un concurrent en fauteuil roulant dans l'autre sens je relativise les choses.
J'arrive relativement tranquillement à St Rome de Cernon.
Je me pose sur une chaise et mon père m'amène un verre de soupe et un verre de St Yorre.
L'envie de repartir n'est pas folle car il faut retourner à St Georges de Luzençon et il fait nuit.
Mise en place de la frontale et en route.
Je reprends mon leitmotiv : un pied devant l'autre et direction le panneau des 85km.
En temps ça va me paraître long mais ça ne se passe pas trop mal physiquement et le fait d’être de nuit modifie la perception à bien des niveaux je trouve.
Quand j'arrive au panneau des 85 km j'en profite pour un petit pipi (pas dessus ce n'est pas mon genre).
Je sais que le 90 km est dans la monté du viaduc.
Mais avant il faut finir ce morceau et arriver au ravito.
Le fait d'approcher de la fin et de voir la perspective d'y arriver permet de maintenir le moral à flot.
Au ravito de St Georges, je vois que je ne suis pas le seul à être à ramasser à la petite cuillère .
Une soupe, un verre de St Yorre et un petit mot de remerciement aux bénévoles comme à chaque ravito.
Direction la côte du viaduc.
Elle va me paraître interminable et encore plus à partir du moment où je vais commencer à voir le viaduc.
Puis je vois le panneau 90 km.
Je vois aussi un crétin faire un selfy avec un radar.
Je me dis que même si c'est dur ça commence à sentir bon mais que quasi toute la fin est en descente.
Mais le haut de la côte permets de rebasculer vers Millau et visuellement on retrouve de la lumière dans les rues et des repères visuels.
La descente fait encore plus mal mais ça ne compte plus.
Puis à partir du panneau 95 km tous les kilomètres sont affichés.
Je me fais rattraper par les 12h30 qui sont bien en avance et le meneur me dit d'accrocher mais je décline gentillement pour finir à mon rythme.
Je vois le pont se rapprocher et dessus se trouve le 98ième km.
Enfin le dernier tournant pour reprendre la longue ligne droite qui ramène au Parc de la Victoire.
Beaucoup d'encouragements de ceux qui ont fini.
Le panneau 99 km enfin.
La voie de chemin de fer à passer puis on rentre dans le parc.
Je remonte entre les barrières et il me tarde de finir.
Arrive enfin la petite rampe et je suis surpris par le flash de l'appareil.
Je passe la ligne officielle et je suis content d'en avoir fini.
Temps final : 12h21'16.
Pas de joie car je souffre et je suis mort dedans comme dehors.
Je prends mon cadeau et je vais chercher deux bières.
Une pour moi et une pour mon père.
Jamais la kro n'a eu si bon goût.

Pour finir je suis très fier d'avoir fini mais très déçu d'avoir souffert autant.
Surtout que je n'ai jamais eu ce genre de douleurs...

Et en conclusion : Centbornard je suis

Un grand merci à tous pour vos encouragements avant, pendant et après.
Un super grand merci à mon papa car sans lui je ne vais pas au bout.

Merci d'avoir atteint la fin de ce pavé.

Très beau CR !
Bravo encore pour cet exploit, même si tout n'était pas parfait, ça laisse des souvenirs et ça donne de l'expérience

C'est sûr qu'une assistance ça doit peser dans la balance surtout dans les coups durs ...

Récupères bien et place à de nouveaux objectifs

La lecture de ton CR me confirme que si je me lance la dedans je vais en c.... Vu ta prepa et ta forme physique qui est à 100 ( ) lieu de moi

Mais bon malgré les douleurs tu est un centbornards

Encore bravo et merci pour ton CR qui nous fait toucher du doigt cet exploit

PS :as tu trouver la raison de tes douleurs ???

Bravo à toi nouveaux centbornard!Incroyable ce que tu à fait!
Perso, c'est une course que je ne tenterai jamais (à moins qu'un jour je me surprend à trouver le marathon "super easy", mais bon ce n'est pas encore pour aujourd'hui! ).
Tu dit être déçue d'avoir autant souffert! Et bien pour t'aider à évacuer cette déception voilà ce que je te dit:
" c'est dans les plus grandes souffrances qu'ont trouve les plus grandes fiertés"

Voilà, je ne sait pas si je vole haut dans l'inspiration... mais jouer les philosophes c'est pas trop mon truc! même si je m'en suit pas trop mal sortie sur l'épreuve du bac!

Encore un très grand bravo pour ta performance !

C'était ton objectif principal de l'année et il faut surtout retenir le fait d'avoir fini
Du coup, tu as une idée de l'origine des douleurs ?

Prêt pour le marathon dans 15j ?

Merci pour vos messages.

Aucune idée sur l'origine des douleurs car c'est la première fois que je les ai.
La pluie et la température peut-être.
Je vais en parler à mon kiné.

@ Benjamin : prêt ce n'est pas certain mais j'y serai.