[Ardéchois] 1er trail long / autopsie d'un échec

Ça devait être une étape importante et un bel accomplissement.
Je cours sérieusement depuis 3 ans, en progressant prudemment sans brûler les étapes. De 10km en semi, trails courts, triathlons, jusqu'au marathon. Dans cette suite logique, mon choix s'était porté sur le 57km du trail l'Ardéchois, j'ai un pote dans le coin et j'adore cette région.

Programme de 11 semaines réalisé correctement, du moins au niveau des sorties longues car j'ai quand même quelques contraintes pro et perso qui certaines semaines m'empêchent de faire du volume en semaine. J'étais plutôt rassuré en fin de programme avec des rando-courses jusqu'à 5h réalisées sans trop de difficultés. Et comme d'habitude, une semaine avant, le plein de glycogène, hydratation et bonne hygiène de vie.

Me voilà la veille de la course à repérer quelques points de passage de la course pour ma copine qui sera présente sur le parcours. Bon, ça me fait stresser et ça me fatigue de faire de la bagnole, c'était pas l'idée du siècle cette reco. On retourne au village de départ, je croise Dawa Sherpa sur des béquilles, je le reconnais même pas ^^.

Le lendemain, levé à 5h, je me prépare et là en remplissant ma poche d'eau, grosse panique, elle FUIT ! Je ne suis pas chez moi, tout le monde dort, c'est la merde, j'essaie tout et n'importe quoi, jusqu'à utiliser un tube de colle à papier dans la trousse du gosse. Je fouille le garage en foutant le bordel jusqu'à trouver un tube de super-glue. je mets un point sur le trou en espérant que ça tienne..
Donc, tout ça ne nous fait pas partir en avance et j'arrive au départ 15min avant et donc je vais partir sans échauffement. La place qui sert d'aire de départ est blindée et je ne sais pas trop comment, mais je me retrouve à partir plutôt en tête de course alors qu'il aurait été préférable que je parte de l'arrière. Je me dis que j'ai l'habitude et que je ne vais pas m'emballer, laisser partir les furieux et ceux du 36km. N'empêche que la première ascension est longue et que je ne vais pas m'économiser. Les 10 premiers km ont déjà laissé des traces, il fait froid au sommet, parfois c'est limite mais le coup vent restera dans le sac.
Oups, j'ai oublié de manger après plus d'une heure, je craque un gel pour patienter jusqu'au ravito. La poche d'eau à l'air de tenir à peu près, j'ai bu correctement et il me reste pas mal de flotte, je refais le plein de liquide et de solide au 23km et attaque la 2e ascension.
Je passe un peu sur les détails du parcours qui est super sympa, notamment le traversée de la ruine de Roquebrune, le paysage sympa, les champs d'éoliennes impressionnants, ça me change des monts du Lyonnais.
Je sens le coup de moins bien arriver autour du 33km, après le séparation des parcours 36 et 57k, j'ai un peu mal au ventre, au dos par moments, et je commence à me demander comment je vais arriver à enchainer tous les km qu'il me reste à faire. Je me fais doubler pas mal, forcement car j'ai carrément ralenti. Pas grave ça me dis-je, je suis la pour finir la course et le coup de moins bien va bien finir par passer.
Le second ravito est là mais je suis sacrement brassé. D'ailleurs j'ai des nausées qui vont fatalement m'empêcher de m'alimenter correctement et suffisamment. Je repars mais je sens bien que quelque chose ne va pas. J'ai déjà parcouru cette distance à chrono équivalent mais je n'en peux plus, la moindre montée est un chemin de croix, j'ai du mal à me relancer et même sur le plat je commence à marcher. Je trébuche parfois, je vois plein d'animaux qui en fait, ne sont que des troncs d'arbres ou des branches, et la tête tourne un peu. J'ai beau reprendre du sucré mais ça fait déjà 1h que je galère. Je fais plusieurs pauses assis, sur les conseils de nombreux coureurs. Au passage, notons que l'esprit trail est toujours là franchement, rares seront les coureurs qui ne s'arrêteront pas vers moi soit pour m'encourager, me proposer à boire, manger. Un autre fera même demi tour pour me donner un tube de crème de marrons C. Faugier, prétextant que c'était bien plus efficace que « tous ces gels de merde ». il a vu juste car j'adore ça et j'arrive enfin à avaler quelque chose sans avoir envie de gerber. Malheureusement le mal est trop profond, je suis en très grosse hypoglycémie et chaque fois que j'essaie de repartir, ça ne dure que 500m maxi.

Je suis à 3km du prochain ravito et je sais qu'après ça, c'est 7km de montée, la plus dure. J'ai pensé plusieurs fois à abandonner au passage d'une route, en croisant un bénévole et je me suis ravisé. Mais là je me dis que ça devient dangereux de continuer, surtout dans les descentes où j'ai déjà failli chuter.
Je vois 2 pompiers arrivant en sens inverse.
-«  Je crois que c'est moi que vous cherchez »
-« on dirait bien, oui... »

Prise de pouls, rapide diagnostic et confirmation d'hypoglycémie bien balèze. Je tente une négociation pour repartir (sans trop y croire) mais non, c'est bel et bien fini, au 42e km, je monte dans le camion la mort dans l'âme.
J'enlève mon dossard moi-même pour éviter l'affront mais même comme ça, c'est juste insoutenable et je m'effondre. Je ne souhaite à aucun sportif de connaître ça...

J'écris ces lignes quelques jours après l'épreuve, pour partager un peu ma galère, et analyser les erreurs que j'ai pu faire avant et pendant. J'ai vu après coup que le stress était un facteur aggravant d'hypoglycémie. Je pense aussi avoir un peu pris à la légère la prise de glucides pendant l'effort.
Il se peut aussi que je soit plus sensible à ce phénomène étant donné que j'ai déjà fait quelques malaises après 2 autres courses dans le passé, juste après avoir coupé l'effort.

A ce jour, je ne sais pas si je dois continuer à faire du long. Mon objectif de fin de saison était la saintélyon mais là du coup, je suis en plein doute. J'ai pourtant très envie de revanche et de ressentir à nouveau des bonnes sensations en courses. Il y a un 42km (tiens, comme par hasard...) nocturne à côté de chez moi dans un mois, l'occasion rêvée pour repartir du bon pied?

Je n'ai pas encore été sur aussi long donc j'ai très peu de conseils à te donner mais tu sembles avoir analysé le pourquoi du comment
Je pense que ta première erreur est d'avoir couru 1h sans commencer à t'alimenter+le petit coup de froid en haut qui n'as pas du t'aider et hop voilà le résultat

Tu as pris la bonne décision en stoppant car tu aurai pu te faire mal.
Maintenant à toi d'apprendre à t'alimenté à l'entrainement pour aller plus loin.

Bon courage pour la suite

Cela peut arriver à n'importe qui sur ce genre de course. 57km trail de l'Ardéchois, c'est déjà costaud et pas à la porté de tous!
Apparemment tu n'as pas dû t'alimenter/boire correctement , en plus tu es parti en sur régime d'après ton CR , bref quelques petites erreurs qui te serviront la prochaine fois !
Ne voit pas cette course comme un échec mais comme une expérience qui te servira pour ton prochain trail.

Comme le dit Jordan, tu as bien fait de t'arrêter parce que manquer de lucidité sur ce type de terrain ça peut être dangereux .

Tu nous as pas dit , l'eau parfumé à la glue c'est bon ?
Je ne doute pas que tu seras remotivé d'ici quelques semaines pour en découdre.

salut,

et oui, ca arrive

hypoglycémie ou déshydratation ? ou peut etre les deux ?
il n'y a qu'un seul ravito au 23 eme sur ce trail?
en théorie, il faut boire 500-800 ml toutes les heures avec de la bouffe... c''etait de l'eau pure ou avec un mélange et a quel dosage ?

ca ressemble à un probleme de vidange gastrique tes symptomes et la premiere cause est la déshydratation...ou une solution trop concentrée, des trucs comme ca quoi...

lis cela , ca t'apportera des éléments de réponse je pense

www.ultratrailmb.com/page/165/Troubles_digestifs.html

Peut-être les 2 mais franchement je pense m'être correctement hydraté (à l'au claire + superglue , c'est excellent). Ton lien est intéressant mais je vois des contradictions avec d'autres vérités trouvées sur d'autres sites...
Je vais quand même essayer de m'en inspirer, notamment pour le petit déjeuner. je me demande si dans mon cas, reprendre un peu de sucres lents ne sera pas bénéfique.
D'habitude je me fais biscottes, miel, cereales, parfois yaourt, orange, bref, tout ce que déconseille le site

Le 1er ravito était bien au 23e oui ! dur

merci pour vos réponses
F