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MARATHON D'ANNECY: QUE D'EMOTIONS!!

MARATHON D'ANNECY: QUE D'EMOTIONS!! a été créé par AlanMcPil

Posted il y a 10 ans 6 mois #309259
MARATHON D’ANNECY : QUE D’EMOTIONS !


UNE PREPARATION COMPLIQUEE


Je me suis inscrit au marathon d’Annecy dès le mois de janvier alors que mes pépins physiques n’étaient pas encore complètement résorbés. Avant même d’avoir recommencé à courir. Victime d’un double claquage au mollet lors de la préparation du marathon de Lyon à l’automne dernier, j’ai été contraint de renoncer à ma course quelques jours seulement avant le départ. Par la suite, la blessure, sérieuse, a mis presque cinq mois à se cicatriser. A ce moment-là, je n’avais pas la certitude de pouvoir être prêt à temps. Je dirai même qu’à cette époque, la probabilité de le courir n’était guère plus de 50%.
Cette décision pouvait dés lors apparaître comme une bravade mais c’est surtout l’occasion de forcer le destin non pas par soucis de provocation mais bien par esprit de conviction. Toutefois, même si je n’avais pas été en mesure de prendre le départ, j'aurais été de toute façon à Annecy le week-end du 27 avril pour encourager ma femme, Laurence, qui s’est inscrit pour le semi qui avait lieu le même jour.

Après quelques tentatives infructueuses en décembre, j’ai finalement rechaussé mes runnings le 23 janvier 2014 et jusqu’à fin février, je n’ai cherché qu’à retrouver mes sensations. Du fait de mon inactivité forcée, la reprise a été compliquée et je n’ai pris aucun risque préférant stopper mes sorties dès que les premières douleurs apparaissaient parce que malgré les séances de kiné, mes soins, les douleurs au mollet n’ont jamais totalement disparus. De plus, je suis parti avec un handicap supplémentaire car en cinq mois, je me suis un peu lâché et j’ai grossi de plus de trois kilos passant sur la balance de 56,5 à 60kg ce qui, vous vous en doutez, n’a pas vraiment aidé.
Alors était-ce perdu d’avance ? Je décide que non!
Début mars, je prends la décision de commencer un plan d’entraînement de 8 semaines/4 séances avec l’idée de m’adapter en fonction des circonstances. Rapidement, j’ai l’impression de progresser. Je vais au bout de mes séances de qualité (VMA longues et seuil) avec des allures jamais tenues auparavant. Par contre, mes sorties longues dès qu’elles ont dépassé 2 heures ont été très difficiles. Les douleurs aux mollets puis aux jambes tout entières étaient parfois insoutenables. A chaque fois que j’en faisais une, je m’attendais à tout instant que ça craque. La dernière d’une durée de trois heures à deux semaines de l’objectif a été particulièrement éprouvante puisque j’ai fini victimes de crampes et de fortes douleurs musculaires.
Un passage chez mon médecin du sport a donc été nécessaire. Mon problème réside dans l’état des muscles de mes jambes qui sont trop raides à cause d’un défaut d’étirement. Ce manque de souplesse est rédhibitoire pour les longues distances mais je ne suis pas réellement blessé. Mes muscles sont juste trop traumatisés. Mon médecin estime en conclusion que je ne suis pas prêt pour participer à cette épreuve. Il faudrait que je m’étire au moins trente minutes par jour pendant au minimum six mois pour espérer quoi que ce soit. Il est sûr que si je prends le départ, je ne pourrai pas aller au bout et que les crampes auront raisons de moi malgré toute la conviction dont je semble faire preuve. Loin de me décourager, ce verdict me conforte dans mon idée car après tout, je ne suis pas blessé.
Qu’est ce que je risque ? L’abandon ? Non.
Même si je suis obligé de marcher toute la fin de mon marathon, j’irai au bout. Vous l’avez compris : je ne me désisterai pas, je renonce seulement à toute idée de performance. Mon seul objectif sera de terminer. Coûte que coûte !

UN COURSE DE TOUTES LES COULEURS


A Annecy, Je retrouve Robin, Philippe et des amis dans l’hôtel que j’ai réservé avec ma famille. La veille de la course, Robin m’établit une stratégie que je vais m’efforcer de suivre pendant tout mon marathon. Je dois partir avec le groupe du meneur d’allure pour terminer dans les quatre heures, le suivre le plus longtemps possible, voire peut-être le lâcher si vers le semi, je me sens dans de bonnes dispositions ; Bien boire, ne faire l’impasse sur aucun ravitaillement. Ses encouragements, les mots qu’il emploie pour me rassurer me font un bien fou parce que, malgré tout, plus l’épreuve approche, plus je suis envahi par le doute. Ai-je pris la bonne décision ? Ne suis-je pas encore une fois trop présomptueux ? Pourquoi tenter le diable ? Mille questions m’assaillent et toutes me poussent à penser que je commets une erreur.
Le matin du marathon, nous partons avec Robin, Philippe et Bénédicte, notre conductrice. Les garçons sont très concentrés sur leurs objectifs respectifs ambitieux. Pour autant, je les trouve très sereins. Franchement, ils m’épatent. Pour ma part, je suis crispé et je crains le pire : il pleut beaucoup. Heureusement, la pluie s’arrêtera une demi-heure avant le départ.
Ouf ! Un problème de moins à gérer.
Nous retrouvons Jean-Jacques, le coach de Robin. Il est venu en couple apporter les derniers conseils et soutenir Robin avant le début des hostilités. J’ai appris à le connaître la veille au soir et c’est vraiment une personne très sympathique qui communique sa passion et son savoir sans modération.
Dans le sas de départ, j’échange avec différents coureurs mais le cœur n’y est pas. Je suis tendu comme une arbalète.

C’est parti !
Nous commençons par un petit tour de la ville. Pas très agréable d’ailleurs.
Ensuite, nous partons suivre le lac. Nous disposons de deux meneurs d’allure. Le premier reste aux avants postes prodiguant ses conseils et ses encouragements aux coureurs qui sont proches de lui. Il est le garant de l’allure moyenne. Le second navigue plus entre les coureurs et il s’efforce de passer de l’un à l’autre pour rassurer, trouver à chaque fois les bons mots. A chaque ravitaillement, il a pour rôle d’attendre ceux qui prennent le temps de s’arrêter pour les ramener sur le reste du groupe. Sur les premiers kilomètres, j’ai beaucoup l’occasion de discuter avec ce dernier qui me sera d’une aide utile. Je l’ai chaleureusement remercié et je l’en remercie encore. Nous sommes fixés sur une allure de 5’35’’ au km et nous n’en varions quasiment pas. A chaque ravitaillement, malgré le temps que je perds à me désaltérer, je reviens pour l’instant facilement sur le groupe
Je suis très (trop ?) à l’écoute de mon corps.
Et les renseignements qu’il m’envoie ne sont pas très encourageants. Dès le cinquième kilomètre, mes mollets commencent à se raidir. La douleur, insidieuse, est largement supportable mais c’est un signe pour m’indiquer que je ne vais pas tarder à souffrir.
Qu'importe! Je me sens prêt à en découdre.
Au 15e kilomètre, mes mollets semblent me laisser tranquilles mais en fait la douleur s’est déplacée sur les cuisses. C’est bizarre, cette évolution ! Je ne m’y attendais pas. C’est évidemment inquiétant mais pour l’instant, ça passe. Je croise Robin qui est déjà sur le retour. Malgré son attitude concentrée, il n’en oublie pas de me crier des encouragements. Il semble sur un très bon rythme car franchement, j’ai l’impression qu’il n’est pas si loin des premiers, si on excepte les élites qui ont, il est vrai, creusé déjà des écarts conséquents.
Au 21e kilomètre, une pause pipi s’impose. J’ai peut-être trop bu.
Mon groupe prend une bonne centaine de mètre d’avance et je vais mettre un bon kilomètre à rentrer dans le rang. Je me croirais presque dans une course cycliste. Inconsciemment, je sens que je ne vais pas tarder à payer cet effort.
Au 25e kilomètre, la douleur a de nouveau changé d’endroit. Elle s’est localisée sur les genoux et là, elle est plus difficilement supportable. Je sers les dents mais je suis loin de l’arrivée. Je commence à me demander ce que je fous là.
Au 29e kilomètre, nous rentrons dans un village dont je n’ai pas retenu le nom. La route, plus sinueuse, est surtout composée de petites montées et de descentes successives (30 à 50 mètres chacune). Elles vont m’achever.
Au ravitaillement du 30e kilomètre, je crois pouvoir repartir pour rattraper le groupe mais mes jambes ont du mal à me porter. La douleur s’est propagée partout. La mort dans l’âme, je suis obligé de le laisser partir.

A partir de cet instant commence une autre course : Je ralentis progressivement, 6’07’’ au 30e, 6’26’’ au 31e et 6’54’’ au 32e.
Le combat est de courte durée. Je suis rapidement KO et au 33e kilomètre, je suis obligé de marcher.
Et là, c’est tempête sous un crâne. Qu’est ce que je fais ? Il reste encore 10 kilomètres à parcourir, les plus difficiles. Je marche à 5 km/h. A cette vitesse, je vais mettre 10 minutes par kilomètres soit plus de 100 minutes. J’ai déjà accompli trois heures de course. A ce rythme, je serai de retour en à peu près 5 heures. Ce n’est pas grave. Je continue !
D’aucuns diront que ce n’est plus du jeu, que ce n’est plus du marathon, mais je m’en fous. Sur le bord de la route, tout le monde me pousse, au contraire, à tenir bon. Je leur réponds que ce sera comme je peux mais j’irai au bout.
Le 33e kilomètre est bouclé en 9’19’’. Je retrouve quelques forces et j’arrive à courir le 34e et 35e kilomètre. Oh ! Guère plus vite : A peine 8km/h mais c’est mieux que rien.
Je marche le 36e, je cours le 37e et je remarche le 38e. Ce dernier est effectué en 10’35’’ mais il a été salutaire ! Je rencontre un coureur infortuné comme moi qui s’appelle Pascal. Nous marchons ensemble et nous en profitons pour confronter nos expériences respectives. Elles sont presque identiques !
Au 39e kilomètre, on se dit pourquoi pas essayer de courir un petit peu. D’autant plus que nous abordons une portions relativement descendante. Ensemble, nous allons nous encourager, nous motiver et finalement nous transcender. Nous n’allons plus nous arrêter de courir jusqu’à l’arrivée! Certes, nous ne serons pas très rapides mais quand même, nous soutenons des allures (entre 6’30 et 6’45’’) difficilement imaginables, il y a encore quelques kilomètres.
Et que dire des 500 derniers mètres ! Portés par nos encouragements respectifs, par une foule bienveillante, par ma famille et mes amis qui m’exhortent à en terminer, nous nous sentons pousser des ailes. Finis les douleurs, je savoure la dernière ligne droite à sa juste valeur et je passe sous l’arche d’arrivée le cœur presque léger en 4h 24’ 25’’.
Il est temps de recevoir ma médaille et d’aller rejoindre ma famille et mes amis qui sont aussi heureux que moi. Il est vrai qu’ils s’attendaient à ce que j’arrive aux alentours des 4 heures de course et certains ont craint un moment que j’ai été obligé d’abandonner.

Je ne regrette rien. J’ai obtenu le meilleur résultat possible avec les moyens physiques qui étaient les miens. Je suis heureux d’être allé au bout de mon projet grâce un peu (beaucoup ?) à ma détermination et surtout grâce aux encouragements divers et variés qui m’ont nourris depuis le début l’année. C’est bien grâce à vous, à ma famille, à mes amis que j’ai pu réussir cette performance dont je suis très fier. Je n’oublierai jamais mon premier marathon dont l’enseignement principal est… qu’il y en aura d’autres !
Autre nouvelle importante : Grâce à Bénédicte qui l’a accompagnée et magnifiquement coachée tout au long du parcours, Laurence a accompli son semi marathon en 2h08’ en pulvérisant son record personnel de plus de 9’ ! Bravo à elle.
Last Edit:il y a 10 ans 6 mois par AlanMcPil
Dernière édition: il y a 10 ans 6 mois par AlanMcPil.

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Réponse de Air1 sur le sujet Re: MARATHON D'ANNECY: QUE D'EMOTIONS!!

Posted il y a 10 ans 6 mois #309267
Felicitations, pour ta course et ton CR! Tu as vécu un marathon plein, en passant par toutes les emotions. Le prochain sera certainement encore mieux :)
par Air1

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Réponse de mascagnito sur le sujet Re: MARATHON D'ANNECY: QUE D'EMOTIONS!!

Posted il y a 10 ans 6 mois #309270
Merci pour ce CR, j'aime beaucoup lire les expériences des uns et des autres. Je me lancerai sur mon premier marathon à Marseille en septembre, alors oui je vais essayer de me préparer au mieux, mais je dois avouer que j'imagine quand même très souvent le scénario ou les derniers km seront un vrai chemin de croix ^^

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Réponse de Patrick57 sur le sujet Re: MARATHON D'ANNECY: QUE D'EMOTIONS!!

Posted il y a 10 ans 6 mois #309284
Félicitations Alan pour ta volonté, ton travail, ta course et ton chrono !! :cheer:
Et quelle belle fin de course et cette complicité vécue avec Pascal ! Beaucoup d'émotions dans ce CR :)

Nul doute que tu aurais réussi à passer cette barre des 4h sans ces soucis physiques, mais tu t'en sors très bien au final avec les moyens du jour ! :cheer:


Encore merci pour ce joli récit qui nous permet de bien revivre ta course :cheer:

Bravo également à ta femme pour son semi et son nouveau RP ! :woohoo:

J'espère que ça va déjà un peu mieux aujourd'hui pour tes mollets (cuisses et genoux) ;)

Bonne récup :)
par Patrick57

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Réponse de Mathers sur le sujet Re: MARATHON D'ANNECY: QUE D'EMOTIONS!!

Posted il y a 10 ans 6 mois #309328
Je le dis souvent mais là c'est encore plus vrai que d'habitude, un grand merci pour ce récit !

Tu as réussi à parfaitement faire ressentir ce que tu as vécu au plus profond de toi même dans cette course. Assurément ça donne envie de participer un jour à cette grande fête qu'est le marathon.

Mes félicitations à toi et à ta petite famille venue te soutenir.

J'espère que tes soucis physiques sont terminés et que tu pourras bientôt remettre ça dans de meilleurs dispositions :)
par Mathers

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Réponse de jordan40 sur le sujet Re: MARATHON D'ANNECY: QUE D'EMOTIONS!!

Posted il y a 10 ans 6 mois #309339
Félicitation d'avoir été au bout , tu es marathonien maintenant et tu as le droit d'aller dans le club des marathoniens de Rycker maintenant renseigne toi !!! (avantage fiscale , bien en nature :P )

Encore bravo pour la course et pour ton CR
par jordan40

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