Une leçon de plus !...grand trail du Galibier
- robin
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Une leçon de plus !...grand trail du Galibier a été créé par robin
Posted il y a 11 ans 3 mois #258090
Tout coureur ayant vécu quelques défaillances après être parti trop vite, trop fort a acquis une certaine dose d'humilité vis à vis de cet effort difficile qui engage les jambes, le coeur et la tête.
La course à pied, c'est la vie, c'est l'engagement total.
A force de prendre des leçons sur marathon ou dans des traversées de massifs montagneux en courant, j'ai acquis un peu d'humilité. Mais, visiblement, il m'en manque encore ! Je vais vous conter rapidement la dernière leçon prise en la matière au grand trail du Galibier de dimanche dernier dans lequel m'a entrainé un certain "Fifi la menace"
45km - 2600m D+ annoncé mais 3000 mesuré
ça devrait le faire sans préparation particulière, le TGV (65km) est bien passé et je reviens de 300km dans le Jura.
Habituel et dommageable excès de confiance
L'entrainement post traversée du Jura a donc consisté à remettre une couche de fatigue en casant pas mal de séances de vitesse en côte après le volume réalisé dans ce même jura durant 6 jours. Le tout en vu d'un hypothétique pic de forme début septembre. Impeccable, j'arrive crevé au Galibier . Peu de gniak. Ce trail doit s'inscrire dans l'entrainement global. je dois travailler la poussée de bâton et les parties techniques hors sentier (je vais être servi)
Heureusement, le temps du voyage donne l'occasion de blaguer avec Fifi, de se chambrer gentiment et demain il y aura forcément un peu d'émulation entre les 2 zozos
Le départ est donné. un petit peloton de 130 coureurs part très vite, notamment la tête de course, relativement dense avec 7-8 gros costauds qui font (et gagnent) ce trail sans trop puiser dans leurs réserves, entre la poire et le fromage.
Je pars vite. Très vite Fifi passe devant et court toute la première montée. je marche déjà. j'ai pas les jambes aujourd'hui. Je suis à 165 bpm, c'est trop pour durer 6h. Cette première montée de 350m seulement me paraît interminable, la descente très raide est compliquée, ça revient très fort derrière. je me fais doubler, j'ai l'impression de ne pas être dans le coup, de ne pas avancer. Pffff, ça va être long et pénible, je le sens.
Une deuxième bosse, descente raide, une troisième, redescente raide et les sensations se dégradent, Fifi n'est même plus en vu, il m'a littéralement lâché dans la troisième montée (250m de D+)
Sensation inhabituelle sous le talon : une ampoule s'est formée. Galère. C'est pas mon jour.
Moi qui ne devait pas me blesser sur ce trail, j'ai pas fait 10 bornes et 1000m de D+ que déjà je suis dans le dur.
A peine le temps de prendre le ravito si je ne veux pas perdre trop de place (je dois alors être 22-25ème) que me voilà lancé dans la grande montée du jour vers le plan d'orient. direction les Cerces.
je me dis quand même que si je devais abandonner ce devrait être maintenant. Mais une belle vision sur le lever de soleil sur les arrêts de la Meije à droite, théâtre de mes plaisirs de jeune montagnard, me donne à songer à autre chose. Cette montée dans les alpages est belle et à la montée, mon début d'ampoule se fait oublier.
Enfin, après plus de 1h50 je prends mon rythme et arrête de paniquer sur la place et la forme du jour. Je fais ce que je sais faire. Je marche en plaçant bien le bassin, j'allonge le pas et pousse au mieux sur les bâtons. Fifi tout là haut me prend encore du terrain. il a un moteur d'enfer ce gars là. Mais l'espoir arrivant avec le petit jour, je me dis qu'un peu plus endurant que lui, rien n'est perdu pour minimiser l'écart avec lui. Il est 5 places devant.
Quand je me retourne, 8 gars ne sont pas si loin que ça et me talonnent à 200m près. La trentième place me tend les bras si je coupe l'effort. Mais ça va mieux. J'analyse la situation correctement. je vois bien que doucement c'est moi qui rattrape des gugusses et pas l'inverse, ce sont eux qui souffrent et pas encore moi. Je contrôle mieux ma FC aux alentours de 153-155, idéal pour durer. On bascule vers le camp militaire des rochilles. Je fais une belle descente et rattrape 2 gars qui avaient l'air pourtant costauds à la montée. je vois les données objectives : ça va pas si mal. même si à la descente je sens les ampoules se gorger d'eau et me faire un gentil matelas sous le talon.
Remontée au col des Cerces, superbes lacs lovés parmi les rochers et descente vers plan lachat sur la route du Galibier. Une demi heure de descente et d'inconfort au niveau des talons. Là, j'ai mal et si je tiens la plupart des gars derrière en respect, l'un me double facile, un autre me talonne (ah ! ah! ah!)
-- Abandonne ! La route est là ! T'esquinte pas plus les pieds ! Tu imagines la descente de 14 km comme ça tout à l'heure ? Tu n'y ariveras pas...ou alors les pieds en sang.
-- Bof, maintenant que l'ampoule est là, c'est trop tard. Déjà presque 4h de course et ça tient bon an mal an alors... Il ne reste plus que la dernière montée au galibier, hors sentier. ça va le faire. on verra là haut.
Le dialogue intérieur, toujours.
Bataille avec sa tête quand le corps renâcle.
Je touche la route du Galibier. Un peu moins de 4h de course et je suis mort. Je n'ai pas assez mangé, j'ai presque pas bu. Je suis dans ces réflexions quand j'entends des cris. Ça vient d'où ?
C'est Fifi. Il est sur le flan de la montagne en face et me fait signe.
Putain il est loin...
Mais en analysant plus finement la situation, il a retrogradé par rapport au groupe avec lequel il était car il n'y a plus que 2 personnes entre lui et moi, les 2 qui viennent de me doubler à la descente et qui sont juste là devant moi. Je les rattrape et on finit ensemble avec Fifi.
Tu parles, ils cavalent pas mal dans cette montée très raide et hors sentier. Le parcours de ce trail est dément, on monte droit dans la pente au milieu des rochers et dans des herbes assez hautes.
Les 2 gugusses en blanc me prennent du terrain. Ils discutent entre eux, comme si ils étaient à l'entrainement. Je mesure là qu'ils sont pas si mal.
Suit une longue traversée sur une sente à chamois, très fine, à peine marquée, déversante vers la pente. Impecc, c'est mon terrain ça. Les 2 marchent plutôt là dedans. Moi j'arrive encore à y courir (même si je manque de me vautrer...) et je refais une bonne part de mon retard.
De nouveau une longue montée hors sentier. Cette fois on est sous le petit galibier, je vois où l'on va et essaye de deviner le cheminement et de voir Fifi. Trop loin.
Je ne m'occupe plus de rien, plus que de mes sensations, pas excellentes mais pas catastrophiques. Je monte en force, je reste vers 150-152 bpm et ne regarde que mes pieds et le balisage. On verra bien plus haut.
Au dessus de moi, un ébouli très raide. Au dessus une crête. Fifi se détache sur le ciel plus si bleu que ce matin, les nuages s’amoncellent. L'image est belle.
Fifi est pendu sur ses 2 bâtons.
A l'arrêt !
Ça dure 20-30 secondes.
Allez, gars, y'a un truc à jouer. La terreur du beaujolais a le diable au cul. C'est parti.
Sommet.
Rapide coup d'oeil sur la longue pente en dessous : plus personne, le trou est fait depuis longtemps. Derrière, ça souffre aussi.
On m'annonce 18 ème. 17 ème en fait, un gars vient d'abandonner au col.
Descente sur le col du Galibier. Quelques encouragements mais on n'est pas au tour de France.
Putain que ce sport est dur.
Si il y a 10 min encore je songeais à abandonner au col c'est maintenant terminé. La gniak est là, le diable est sorti de sa boîte.
J'ai rattrapé les deux gugusses en blanc mais ils repartent avant moi du ravito.
Fifi s'est à peine arrêté, il est déjà loin, dans la descente. Et c'est un bon descendeur le bougre.
Le début de la descente est raide et technique. Je sais que c'est sur ces 2 ou 3 km que je dois jouer ma carte. Après, ce sera dur de tenir sur de longs plats et dur de doubler quiconque au train.
J'ai encore des jambes correctes et si les ampoules constituent un petit calvaire à chaque pas, je dispose globalement d'une légère fraicheur physique. Bon point.
Dès les premiers éboulis je double un concurrent. 16Ème. Plus bas dans les gypsières (magnifique endroits où l'on slalome entre les dolines), je talonne le gars plutôt frais de la montée. Il me laisse passé et je rajoute toutes les couches que je peux, je relance tout le temps.
Fin de la partie technique. Philippe est juste en dessous dans une combe. Le sentier remonte un peu. Il marche.
Je cours.
Je suis mort, il me reste un peu de jus mais un peu seulement.
Je mets une petite gomme et rattrape Philippe en trottinant.
On échange un regard et on s'est compris. On est en train de prendre tous les deux une belle leçon : c'est dur, on est vanné. 5H15 de course et on arrêterait volontiers là. Seulement voilà, il reste 1h de course et les premiers sont déjà en train de siroter une bière depuis une demi heure... ça calme. Ils sont très forts.
J'exhorte Fifi à repartir avec moi.
T'es un bon descendeur, on va finir ensemble.
Et il repart comme le lapin duracell, bille en tête. Devant bien sûr. Fifi vous talonnant ? Ça n'existe pas. Il est devant ou il s'écroule...
Plus très lucide malheureusement il rate un balisage. Je l'appelle pour qu'il traverse cette rivière au bon endroit. Je suis de nouveau devant. C'est le jeu. Le petit mano à mano amical est lancé (depuis le galibier en fait). Je cours ce que je peux sans jamais m'arrêter, même dans les relances, je ne me retourne plus. Je sais ce qu'il se passe derrière. Fifi souffre et gère mais ne lâche pas. Jamais. Si je m'arrête un poil, il me rattrape.
Long faux plat, chemin large.
Chaleur lourde.
Pas assez bu.
Les ampoules. L'horreur.
Plus que 8 km.
Faudrait que ça s'arrête.
Je ne peux plus ne plus aller au bout.
Ce grand inconfort qui monte en moi, je l'ais déjà contenu, je vais le contenir.
Ne pas m'arrêter .
7 km, c'est l'affaire de 35 min.
Et le ravito qui ne vient pas.
Des minis côtes viennent me couper les pattes.
Ravito, enfin.
Je n'arrive plus rien à manger. Je me force à boire. Et je repars.
Je suis talonné par le gars frais en blanc. Je n'ai pas inspecté tout le chemin qui précède mais mon bref coup d'oeil ne m'a pas montré philippe.
6km
De trop longs plats, parfois sur la route m'oblige à jouer au marathonien épuisé courant après sa barrière de 3h (souvenir, souvenir...).
3km.
Evidemment, je suis repris par le gars en blanc. J'étais dans l'allure. Plus de gniak me faisait tenir sans doute mais là, c'est beaucoup, la fatigue, les ampoules, tout ce que j'ai déjà donné. Je craque un peu. 10 secondes après qu'il m'ait doublé, je marche. Exténué.
Il faut repartir, derrière ça va revenir.
J'ai toutes les peines du monde. Je donne ce que je peux.
2 km
Et voilà que le sentier remonte vraiment. Une longue côte, une deuxième. Je n'avance plus, je suis obligé de ressortir les bâtons pour pousser un peu dessus.
Dernier km...
C'est bon, j'entends les micros de l'arrivée et je me détends. Je suis pris quelques instants par l'émotion de boucler ce beau trail dont je ne pensais pas qu'il serait si dur à courir.Je passe la ligne sans regret, avec joie et satisfait de mon résultat : 15ème en 6h15.
Comme prévu, Fifi n'a rien lâché. Il arrive à peine 2 min après, exténué lui aussi, lui qui découvrait aujourd'hui le trail de montagne. Bravo à lui. Si peu d'expérience en montagne, assez peu d'entrainement et une place superbe, un combat toute la descente j'imagine...
On va aller en causer, je le rejoins sur la ligne.
Pffffffffff. Crevé.
La course à pied, c'est la vie, c'est l'engagement total.
A force de prendre des leçons sur marathon ou dans des traversées de massifs montagneux en courant, j'ai acquis un peu d'humilité. Mais, visiblement, il m'en manque encore ! Je vais vous conter rapidement la dernière leçon prise en la matière au grand trail du Galibier de dimanche dernier dans lequel m'a entrainé un certain "Fifi la menace"
45km - 2600m D+ annoncé mais 3000 mesuré
ça devrait le faire sans préparation particulière, le TGV (65km) est bien passé et je reviens de 300km dans le Jura.
Habituel et dommageable excès de confiance
L'entrainement post traversée du Jura a donc consisté à remettre une couche de fatigue en casant pas mal de séances de vitesse en côte après le volume réalisé dans ce même jura durant 6 jours. Le tout en vu d'un hypothétique pic de forme début septembre. Impeccable, j'arrive crevé au Galibier . Peu de gniak. Ce trail doit s'inscrire dans l'entrainement global. je dois travailler la poussée de bâton et les parties techniques hors sentier (je vais être servi)
Heureusement, le temps du voyage donne l'occasion de blaguer avec Fifi, de se chambrer gentiment et demain il y aura forcément un peu d'émulation entre les 2 zozos
Le départ est donné. un petit peloton de 130 coureurs part très vite, notamment la tête de course, relativement dense avec 7-8 gros costauds qui font (et gagnent) ce trail sans trop puiser dans leurs réserves, entre la poire et le fromage.
Je pars vite. Très vite Fifi passe devant et court toute la première montée. je marche déjà. j'ai pas les jambes aujourd'hui. Je suis à 165 bpm, c'est trop pour durer 6h. Cette première montée de 350m seulement me paraît interminable, la descente très raide est compliquée, ça revient très fort derrière. je me fais doubler, j'ai l'impression de ne pas être dans le coup, de ne pas avancer. Pffff, ça va être long et pénible, je le sens.
Une deuxième bosse, descente raide, une troisième, redescente raide et les sensations se dégradent, Fifi n'est même plus en vu, il m'a littéralement lâché dans la troisième montée (250m de D+)
Sensation inhabituelle sous le talon : une ampoule s'est formée. Galère. C'est pas mon jour.
Moi qui ne devait pas me blesser sur ce trail, j'ai pas fait 10 bornes et 1000m de D+ que déjà je suis dans le dur.
A peine le temps de prendre le ravito si je ne veux pas perdre trop de place (je dois alors être 22-25ème) que me voilà lancé dans la grande montée du jour vers le plan d'orient. direction les Cerces.
je me dis quand même que si je devais abandonner ce devrait être maintenant. Mais une belle vision sur le lever de soleil sur les arrêts de la Meije à droite, théâtre de mes plaisirs de jeune montagnard, me donne à songer à autre chose. Cette montée dans les alpages est belle et à la montée, mon début d'ampoule se fait oublier.
Enfin, après plus de 1h50 je prends mon rythme et arrête de paniquer sur la place et la forme du jour. Je fais ce que je sais faire. Je marche en plaçant bien le bassin, j'allonge le pas et pousse au mieux sur les bâtons. Fifi tout là haut me prend encore du terrain. il a un moteur d'enfer ce gars là. Mais l'espoir arrivant avec le petit jour, je me dis qu'un peu plus endurant que lui, rien n'est perdu pour minimiser l'écart avec lui. Il est 5 places devant.
Quand je me retourne, 8 gars ne sont pas si loin que ça et me talonnent à 200m près. La trentième place me tend les bras si je coupe l'effort. Mais ça va mieux. J'analyse la situation correctement. je vois bien que doucement c'est moi qui rattrape des gugusses et pas l'inverse, ce sont eux qui souffrent et pas encore moi. Je contrôle mieux ma FC aux alentours de 153-155, idéal pour durer. On bascule vers le camp militaire des rochilles. Je fais une belle descente et rattrape 2 gars qui avaient l'air pourtant costauds à la montée. je vois les données objectives : ça va pas si mal. même si à la descente je sens les ampoules se gorger d'eau et me faire un gentil matelas sous le talon.
Remontée au col des Cerces, superbes lacs lovés parmi les rochers et descente vers plan lachat sur la route du Galibier. Une demi heure de descente et d'inconfort au niveau des talons. Là, j'ai mal et si je tiens la plupart des gars derrière en respect, l'un me double facile, un autre me talonne (ah ! ah! ah!)
-- Abandonne ! La route est là ! T'esquinte pas plus les pieds ! Tu imagines la descente de 14 km comme ça tout à l'heure ? Tu n'y ariveras pas...ou alors les pieds en sang.
-- Bof, maintenant que l'ampoule est là, c'est trop tard. Déjà presque 4h de course et ça tient bon an mal an alors... Il ne reste plus que la dernière montée au galibier, hors sentier. ça va le faire. on verra là haut.
Le dialogue intérieur, toujours.
Bataille avec sa tête quand le corps renâcle.
Je touche la route du Galibier. Un peu moins de 4h de course et je suis mort. Je n'ai pas assez mangé, j'ai presque pas bu. Je suis dans ces réflexions quand j'entends des cris. Ça vient d'où ?
C'est Fifi. Il est sur le flan de la montagne en face et me fait signe.
Putain il est loin...
Mais en analysant plus finement la situation, il a retrogradé par rapport au groupe avec lequel il était car il n'y a plus que 2 personnes entre lui et moi, les 2 qui viennent de me doubler à la descente et qui sont juste là devant moi. Je les rattrape et on finit ensemble avec Fifi.
Tu parles, ils cavalent pas mal dans cette montée très raide et hors sentier. Le parcours de ce trail est dément, on monte droit dans la pente au milieu des rochers et dans des herbes assez hautes.
Les 2 gugusses en blanc me prennent du terrain. Ils discutent entre eux, comme si ils étaient à l'entrainement. Je mesure là qu'ils sont pas si mal.
Suit une longue traversée sur une sente à chamois, très fine, à peine marquée, déversante vers la pente. Impecc, c'est mon terrain ça. Les 2 marchent plutôt là dedans. Moi j'arrive encore à y courir (même si je manque de me vautrer...) et je refais une bonne part de mon retard.
De nouveau une longue montée hors sentier. Cette fois on est sous le petit galibier, je vois où l'on va et essaye de deviner le cheminement et de voir Fifi. Trop loin.
Je ne m'occupe plus de rien, plus que de mes sensations, pas excellentes mais pas catastrophiques. Je monte en force, je reste vers 150-152 bpm et ne regarde que mes pieds et le balisage. On verra bien plus haut.
Au dessus de moi, un ébouli très raide. Au dessus une crête. Fifi se détache sur le ciel plus si bleu que ce matin, les nuages s’amoncellent. L'image est belle.
Fifi est pendu sur ses 2 bâtons.
A l'arrêt !
Ça dure 20-30 secondes.
Allez, gars, y'a un truc à jouer. La terreur du beaujolais a le diable au cul. C'est parti.
Sommet.
Rapide coup d'oeil sur la longue pente en dessous : plus personne, le trou est fait depuis longtemps. Derrière, ça souffre aussi.
On m'annonce 18 ème. 17 ème en fait, un gars vient d'abandonner au col.
Descente sur le col du Galibier. Quelques encouragements mais on n'est pas au tour de France.
Putain que ce sport est dur.
Si il y a 10 min encore je songeais à abandonner au col c'est maintenant terminé. La gniak est là, le diable est sorti de sa boîte.
J'ai rattrapé les deux gugusses en blanc mais ils repartent avant moi du ravito.
Fifi s'est à peine arrêté, il est déjà loin, dans la descente. Et c'est un bon descendeur le bougre.
Le début de la descente est raide et technique. Je sais que c'est sur ces 2 ou 3 km que je dois jouer ma carte. Après, ce sera dur de tenir sur de longs plats et dur de doubler quiconque au train.
J'ai encore des jambes correctes et si les ampoules constituent un petit calvaire à chaque pas, je dispose globalement d'une légère fraicheur physique. Bon point.
Dès les premiers éboulis je double un concurrent. 16Ème. Plus bas dans les gypsières (magnifique endroits où l'on slalome entre les dolines), je talonne le gars plutôt frais de la montée. Il me laisse passé et je rajoute toutes les couches que je peux, je relance tout le temps.
Fin de la partie technique. Philippe est juste en dessous dans une combe. Le sentier remonte un peu. Il marche.
Je cours.
Je suis mort, il me reste un peu de jus mais un peu seulement.
Je mets une petite gomme et rattrape Philippe en trottinant.
On échange un regard et on s'est compris. On est en train de prendre tous les deux une belle leçon : c'est dur, on est vanné. 5H15 de course et on arrêterait volontiers là. Seulement voilà, il reste 1h de course et les premiers sont déjà en train de siroter une bière depuis une demi heure... ça calme. Ils sont très forts.
J'exhorte Fifi à repartir avec moi.
T'es un bon descendeur, on va finir ensemble.
Et il repart comme le lapin duracell, bille en tête. Devant bien sûr. Fifi vous talonnant ? Ça n'existe pas. Il est devant ou il s'écroule...
Plus très lucide malheureusement il rate un balisage. Je l'appelle pour qu'il traverse cette rivière au bon endroit. Je suis de nouveau devant. C'est le jeu. Le petit mano à mano amical est lancé (depuis le galibier en fait). Je cours ce que je peux sans jamais m'arrêter, même dans les relances, je ne me retourne plus. Je sais ce qu'il se passe derrière. Fifi souffre et gère mais ne lâche pas. Jamais. Si je m'arrête un poil, il me rattrape.
Long faux plat, chemin large.
Chaleur lourde.
Pas assez bu.
Les ampoules. L'horreur.
Plus que 8 km.
Faudrait que ça s'arrête.
Je ne peux plus ne plus aller au bout.
Ce grand inconfort qui monte en moi, je l'ais déjà contenu, je vais le contenir.
Ne pas m'arrêter .
7 km, c'est l'affaire de 35 min.
Et le ravito qui ne vient pas.
Des minis côtes viennent me couper les pattes.
Ravito, enfin.
Je n'arrive plus rien à manger. Je me force à boire. Et je repars.
Je suis talonné par le gars frais en blanc. Je n'ai pas inspecté tout le chemin qui précède mais mon bref coup d'oeil ne m'a pas montré philippe.
6km
De trop longs plats, parfois sur la route m'oblige à jouer au marathonien épuisé courant après sa barrière de 3h (souvenir, souvenir...).
3km.
Evidemment, je suis repris par le gars en blanc. J'étais dans l'allure. Plus de gniak me faisait tenir sans doute mais là, c'est beaucoup, la fatigue, les ampoules, tout ce que j'ai déjà donné. Je craque un peu. 10 secondes après qu'il m'ait doublé, je marche. Exténué.
Il faut repartir, derrière ça va revenir.
J'ai toutes les peines du monde. Je donne ce que je peux.
2 km
Et voilà que le sentier remonte vraiment. Une longue côte, une deuxième. Je n'avance plus, je suis obligé de ressortir les bâtons pour pousser un peu dessus.
Dernier km...
C'est bon, j'entends les micros de l'arrivée et je me détends. Je suis pris quelques instants par l'émotion de boucler ce beau trail dont je ne pensais pas qu'il serait si dur à courir.Je passe la ligne sans regret, avec joie et satisfait de mon résultat : 15ème en 6h15.
Comme prévu, Fifi n'a rien lâché. Il arrive à peine 2 min après, exténué lui aussi, lui qui découvrait aujourd'hui le trail de montagne. Bravo à lui. Si peu d'expérience en montagne, assez peu d'entrainement et une place superbe, un combat toute la descente j'imagine...
On va aller en causer, je le rejoins sur la ligne.
Pffffffffff. Crevé.
Last Edit:il y a 11 ans 2 mois
par robin
Dernière édition: il y a 11 ans 2 mois par robin.
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- bambiRun
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Réponse de bambiRun sur le sujet Re: Une leçon de plus !...grand trail du Galibier
Posted il y a 11 ans 3 mois #258108
Vous etes des machines humbles.
Bravo Messieurs.
C'est le genre de CR qui te renvoie direct à l'entrainement.
Tu m'as fais révé avec ces petites lignes, moi qui en est tellement bavé sur le tout petit tout petit parcours.
Bravo Messieurs.
C'est le genre de CR qui te renvoie direct à l'entrainement.
Tu m'as fais révé avec ces petites lignes, moi qui en est tellement bavé sur le tout petit tout petit parcours.
par bambiRun
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- fifi17
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Réponse de fifi17 sur le sujet Re: Une leçon de plus !...grand trail du Galibier
Posted il y a 11 ans 3 mois #258126
J'ai pas la fin du récit ?
En même temps je la connais... je l'avais même prédite la veille !!!
Pour moi, ça reste un super souvenir, même si, sur le coup, j'ai pensé refourger camelback, bâtons, chaussures...au 1er pingouin venu
Félicitations pour ton endurance duracell qui aura eu raison de mes gambettes trop frêles pour le galibier !
En même temps je la connais... je l'avais même prédite la veille !!!
Pour moi, ça reste un super souvenir, même si, sur le coup, j'ai pensé refourger camelback, bâtons, chaussures...au 1er pingouin venu
Félicitations pour ton endurance duracell qui aura eu raison de mes gambettes trop frêles pour le galibier !
par fifi17
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- AtomHeart
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Réponse de AtomHeart sur le sujet Re: Une leçon de plus !...grand trail du Galibier
Posted il y a 11 ans 3 mois #258148
Tout d'abord, bravo Robin pour ta course qui a été loin d'être une partie de plaisir.
Alors, il se trouve que moi aussi je connais la fin - et le beau classement qui va avec - car j'ai déjà lu ton magnifique récit en entier à l'heure du déjeuner. Mais là, je constate qu'il manque une (très) grande partie de ce que tu avais écrit !
Quoi qu'il en soit, je t'adresse toutes mes félicitations ainsi que mes remerciements de nous avoir fait partager tes 6h15 de course:J'ai réellement pris plaisir à te lire.
Bonne chance pour tes prochains objectifs.
Alors, il se trouve que moi aussi je connais la fin - et le beau classement qui va avec - car j'ai déjà lu ton magnifique récit en entier à l'heure du déjeuner. Mais là, je constate qu'il manque une (très) grande partie de ce que tu avais écrit !
Quoi qu'il en soit, je t'adresse toutes mes félicitations ainsi que mes remerciements de nous avoir fait partager tes 6h15 de course:J'ai réellement pris plaisir à te lire.
Bonne chance pour tes prochains objectifs.
Last Edit:il y a 11 ans 3 mois
par AtomHeart
Dernière édition: il y a 11 ans 3 mois par AtomHeart.
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- podoptère
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Réponse de podoptère sur le sujet Re: Une leçon de plus !...grand trail du Galibier
Posted il y a 11 ans 3 mois #258260
La fin ? je tiens plus en place... En tout cas de sacrés défis que tu alignes à la suite. Bravo
par podoptère
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- rycker
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Réponse de rycker sur le sujet Re: Une leçon de plus !...grand trail du Galibier
Posted il y a 11 ans 3 mois #258291
Les ampoules auront elles eues raison de Robin dans la descente de 14 kms ?
Robin rattrapera t'il fifi à la faveur d'un coup de mou de celui-ci ?
Verra t'il d'autres superbes paysages ou la fin du trail se finira sur macadam à travers les voitures ?
Vous le saurez dans notre prochain épisode ( et moi aussi)
Robin rattrapera t'il fifi à la faveur d'un coup de mou de celui-ci ?
Verra t'il d'autres superbes paysages ou la fin du trail se finira sur macadam à travers les voitures ?
Vous le saurez dans notre prochain épisode ( et moi aussi)
par rycker
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