Trail des passerelles du Monteynard (38)

Je franchis la ligne d’arrivée en un peu moins de 4h10, la course s’arrête enfin !!!
Les bénévoles m’enlèvent la puce de chronométrage alors que j’essaie de ne pas m’effondrer d'épuisement… Je souffre aussi bien mentalement que physiquement, j’ai mal partout, je suis déçu par ma course, j’ai l’impression d’avoir échoué dans les profondeurs du classement en faisant un chrono de mer** alors que je prépare cette course depuis 10 semaines et surtout j’ai l’impression d’avoir souffert bien plus que je n’ai pris de plaisir !
Pour finir, je me demande vraiment pourquoi je me suis inscrit en relais 2 pour la SaintéLyon... Je me dis que j'arriverais jamais au bout de mes 45km...
Il me faudra plusieurs minutes et un coup de téléphone à ma copine pour que ça commence à aller mieux. Je lui explique un peu ma course, elle est fière de moi comme d’habitude (même si elle ne peut pas être à l’arrivée) et me demande alors mon classement, le temps du premier… Des choses bien loin de mes préoccupations du moment !

Je me dirige quand même vers le tableau d’affichage pour me faire une petite idée et je vois qu’il y a encore très peu de finishers (moins d’une centaine) et en fin de page, à la 78ème place, je vois mon nom !!! Très grosse surprise, je sais qu’on était plus de 300 au départ et je réalise alors que la souffrance était peut être légitime et en rapport avec ma performance du jour. C’est bête mais à cet instant, devant les résultats et après plus de 4h d’effort, j’ai les larmes qui montent en repensant à la course...

Tout a commencé à 9h du matin sur les bords du lac du Monteynard , accompagné par un de mes collègues de boulot (Olivier qui a un record tout frais sur 10km en 44’30 mais pas de vrai entrainement trail).
On se place dans le dernier tiers du peloton pour ne pas risquer de partir trop vite… Je découvre la distance et je veux arriver au bout !!! Surtout que le profil est assez casse-pâtes !!!
Peu avant le km5 on traverse la première passerelle qui surplombe l’Ebron. Vu qu’il est interdit de courir sur les passerelles (il faut dire qu’en marchant à une cinquantaine en même temps ça tangue pas mal déjà !!!), j’en profite pour bien me ravitailler.
On arrive ensuite sur des terrains qui me sont plus favorables, les sentiers sont moins larges, un peu plus techniques et surtout plus vallonnés. Je prends enfin le relais d’Olivier et je me fais plaisir dans la forêt. On commence à remonter pas mal de monde en particulier dans les secteurs de descente (même si ça reste pas très pentu ni très technique…) ! Parmi les personnes que l’on dépasse dans la descente, un coureur glisse à un de ses amis un petit mot qui me fait bien rire « C’est à ça qu’on reconnait les vrais trailers, ils savent descendre eux… ».
Arrive alors le 1er ravitaillement, un peu avant le km 7. Il marque le point culminant entre les 2 passerelles. Il fait très chaud, on prend donc le temps de bien boire et de s’arroser pour éviter le coup de chaud (et puis on n’est pas à 30 secondes près…) ! On repart pour quelques kilomètres majoritairement de descente bien agréable en sous bois !

Au km 9 on passe la 2ème passerelle (au dessus du Drac), je prends une pâte de fruit car je sais qu’après les 2km de faux plat montant qui suivent la traversée, on attaquera les choses sérieuses !!
La grosse montée commence : 600m D+ pour 4 km soit environ 15% de moyenne dont 2 kilomètres à plus de 19%, autant dire que ça pique bien !! Je marche (comme tout le monde ) en essayant de mettre du rythme malgré la pente. Je remonte beaucoup de coureurs et je distance Olivier. Certains coureurs commencent à avoir des crampes, personnellement je me sens plutôt bien et en plus on a quelques superbes panoramas sur le lac (dommage je n’ai pas pris le temps de faire de photos…).

Autour du km 15, on bascule dans la descente et la folle remontée reprend de plus belle ! Je reste attentif pour ne pas me faire une cheville mais j’aime beaucoup cette descente dans les cailloux (malheureusement peu d’arbres pour nous abriter…). Je descends à un rythme soutenu les 2 kilomètres jusqu’au 2ème ravitaillement (km 17) où je prends mon temps. Espérant voir revenir Olivier, je mange du fromage, je bois, je m’arrose et finalement je repars sans lui… je ne le reverrai plus jusqu’à l’arrivée.

La descente se poursuit pour retourner à la passerelle qui enjambe le Drac. J’ai un peu de mal à digérer le ravitaillement, ça brasse pas mal dans mon estomac et les secousses dues à la descente toujours assez raide n’aident pas à stabiliser le tout…
Je ne mange rien sur la passerelle cette fois. Retour en sous bois, il y a maintenant beaucoup de monde sur le parcours car une randonnée était proposée partant en gros de la passerelle du Drac pour suivre l’itinéraire retour du trail de 29km. La plupart des randonneurs nous encouragent, ça donne un peu de force car la moindre petite côte commence à faire très mal ! Enfin visiblement pas à tout le monde… je me fais doubler par une fusée, je me dis que le mec a bien géré car il a l’air bien frais et qu’il va finir très fort ! J’apprendrais à l’arrivée que c’est le 2ème du grand parcours (45km), ce qui force encore un peu plus le respect !
Passage au 3ème ravitaillement (km 21) où je pends une nouvelle fois mon temps… La chaleur est difficile à supporter et ça se voit bien aux ravitos où tout le monde se jette sur l’eau comme si on allait en manquer !

Après avoir serpenté dans la forêt, j’arrive à la dernière passerelle (km 23). Je souffre depuis le km 19 environ, les montées son très difficiles à gérer du coup je prends un gel en me disant que j’en aurais bien besoin pour les 6 derniers kilomètres vu que les jambes semblent à court de carburant ! Dans ma tête c’est principalement de la descente qui nous attend, sauf que non !!! Je me suis planté et il reste environ 350m D+ !!! (ce qu'on voit d'ailleurs bien sur le profil !!!)
Là ça va faire très mal mentalement (physiquement aussi d'ailleurs) !!! Il a environ 2,5 km de montée, ça semble interminable… J’ai plus de jus et j'ai l'impression de me trainer, je me fais doubler par plusieurs coureurs, j’ai même peur de me faire doubler par des randonneurs… c’est la seule chose qui me pousse à avancer à ce moment (ma fierté m'interdit de me faire doubler par les marcheurs !!!), heureusement les paysages restent superbes !

Je fais une grosse partie de la montée avec un autre coureur, on essaie de relancer dans les replats mais à chaque fois on se retrouve quelques mètres plus loin face à un mur ! Il a déjà couru des trails plus long (dont le 57km de l’ardéchois 2013) et il souffre énormément de la chaleur (on est un peu tous dans le même cas ).
La montée est s'éternise ! Les randonneurs continuent de nous encourager et nous disent bien souvent qu’on a été gâté niveau dénivelé… Finalement on arrive à une croix, on se dit que c’est bon signe qu’on est en haut et on prend quelques instants pour se ravitailler. Je demande à mon compagnon de route s’il peut me prendre en photo (c'est une habitude qu'on a avec ma copine lors de nos randos) !

La pause fait du bien et permet de s’évader un peu mentalement, le problème c’est qu’en repartant on se rend rapidement compte qu’on n’est pas au sommet ! Un ravitaillement est annoncé 500m plus loin, on espère qu'il sera au sommet… Grosse pause au ravito (km 24,5) pour reprendre des forces, s’hydrater et tenter de faire retomber un peu la température corporelle puis c'est reparti à l’assaut de la forêt !
Il reste encore quelques mètres (une centaine) de dénivelé supplémentaires… Les quelques coureurs qui m’entourent semblent eux aussi un peu blasés, on a l’impression de ne pas avancer avec cette côte qui n’en termine jamais !

Un peu avant le km 26, on arrive enfin dans la descente !!! Les bénévoles nous préviennent qu’elle est parfois très raide et assez technique, qu’il faut faire attention car il y a en pas mal de randonneurs qui descendent… Quoi qu’il en soit on attaque enfin la descente vers l’arrivée et ça c’est bon pour le moral !!!
Les bénévoles ne se sont pas trompés, la descente est technique et très raide par moment (environ 300m D- sur 1,5 km !) je double quelques coureurs qui m’avaient repris au ravito, encore une fois je me fais plaisir en descente même si les cuisses commencent à vraiment souffrir. Les randonneurs sont à fond et nous facilitent vraiment la descente, ils crient « coureur ! » dès qu’on arrive et s’écartent aussi tôt du chemin !!!
Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin et on revient sur le plat qui va nous mener à la dernière petite descente puis à l’arrivée. Ce chemin on l’a emprunté à l’aller et il ne présente pas vraiment de difficulté majeure, c’est un peu vallonné mais rien de bien méchant. Sauf qu’après 27 kilomètres c’est plus la même chose ! Toutes les portions montantes me donnent envie de marcher… J’ai l’impression de ne plus avancer, de fournir des efforts surhumains à chaque foulée… J’ai envie que ça se termine ! Bref je subi totalement le parcours...

J’ai l’impression d’être à la dérive : je ne supporte plus la chaleur (il est approximativement 13h, il fait donc pas loin de 30°C à l'ombre sauf qu'il n'y a pas d'ombre !!!), je n’ai plus de jus pour avancer, ma FC frôle les 95% alors que je me traine... bref 2 kilomètres vraiment très longs à essayer de m’accrocher aux autres coureurs, à lutter pour ne pas (trop) marcher et à me demander pourquoi je suis là, pourquoi je m'inflige ça !!!

Et puis enfin la dernière descente, je me rapproche du coureur devant moi, je retrouve un peu de forces, la ligne d’arrivée n’est pas loin les spectateurs (et les encouragements) se font de plus en plus nombreux et il n’y a plus qu’à se laisser aller !!! Je n’essaie pas de passer le concurrent qui est devant moi, c’est pas vraiment dans l'esprit trail et de toute façon je veux juste en finir !

Voilà donc ma course. Finalement c'était pas si mal... La fin a été très éprouvante mentalement (d'où le petit coup de moins bien à l'arrivée) mais le résultat est vraiment bon surtout que ça fait moins d'un an que je me suis vraiment mis à la CAP et je n'aurais jamais imaginer finir ce genre de course à l'époque et encore moins à cette place !
Il n'empêche que ça a été quand même très éprouvant ! La petite coupure après la 3ème étape de mon challenge dans le Vercors va faire du bien !!!

Et maintenant place aux chiffres !

Tout d'abord la course :
Kms 29.46 km
Temps 04:09:04
Allure Moy 8'27"/km soit 7.1 km/h
FC Maxi 197 (101%)
FC Moy 179 (92%)
Dénivelé + 1500 m



Le plan qui m'a amené à la course :
Séances effectuées : 33 sur 37
Nombre total de km : 337.71 km
Nombre total de km VTT : 24.00 km
Volume de travail VTT : 02:00:00
Volume de travail (hors VTT) : 50:33:16
Allure moyenne : 8'58" - 6.68 km/h
Dénivelé total : + 8845 m



J'ai essayé de mettre quelques photos mais malheureusement ce ne sont pas les miennes puisque mon appareil photo a fait le déménagement au Havre avant que je ne récupère les photos de la reco... J'ai donc pioché mes photos sur différents sites :
- www.lac-monteynard.com
- www.trail-passerelles-monteynard.fr
- taillefertrailteam.fr/ (team à l'origine du tracé du parcours)

Un petit mot pour remercier les bénévoles qui étaient (comme souvent) au top !!! Présents sur tout le parcours, parfois en plein soleil pendant de longues heures pour nous indiquer le chemin, nous encourager, nous ravitailler, ils sont des acteurs indispensables d'une belle course !

Pour terminer, merci de m'avoir lu, j'espère que le récit vous aura plu. En tout cas j'ai pris du plaisir à revivre cette course en l'écrivant, ça m'a aussi permis de relativiser les sentiments négatifs de l'arrivée et de me remotiver pour la suite !!!

edit : une petite vidéo résumant les différentes courses.

Bravo pour cette performance
et quel trail ! , il a l'air d'être vraiment superbe .
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et comme quoi l'entrainement cela paie puisque tu finis super bien au classement .

Felicitation Hisoka!! perf pour ton trail et perf pour ton CR qui est très agréable à lire le tout agrémenté de super photos!!

sinon y aurait-il pas un soucis avec le début qui commence par la fin, un peu comme certains films, et petit à petit on commence à comprendre pourquoi l'histoire finit comme cela

mais en fin de compte non, ne touche à rien, c'est pas mal, surtout le passage ou tu appelles ta chérie, très émouvant dès le début!!

La grande classe !!!
Bravo pour ta course et ton classement!
Un trail magnifique (je l'ais fait en rando) mais surment trés dur par cette chaleur !Tu as dus vraiment cuire !!
Bon je vais te ressortir un petit mot de olrik: "J'ai une bonne nouvelle pour toi : tu auras moins chaud à la Saintélyon "
Recupère bien.

Un grand bravo Quentin, beau CR illustré et une super perf !
Tu m'impressionnes par tes FC , à mon avis ta FCmax doit être de 200 mais quand même être si haut et ne rien lâcher durant 30km bravo!
En plus avec cette chaleur, je ne sais pas comment tu as fait pour partir sans gourde (je ne le vois pas sur la photo) et sans casquette
Le plaisir tu l'as après la course , et à la saint-lyon tu souffriras du froid, c'est certainement plus agréable!

Un grand bravo Quentin. Merci également de nous avoir fait profiter de ces beaux paysages.
Comme Jérôme je reste bouche bée devant ta FC. 92% de FCmoy pendant plus de 4 heures.....
Au moins on voit que t'as tout donné. Ce qui se traduit par un très beau classement d'ailleurs.