La belle nuit de la Saintexpress
- Guéna
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Me voilà donc sur la ligne de départ de la Saintexpress 2012. Il fait un froid de gueux et plutôt que me laisser aller au traditionnel « Qu'est-ce que je fous ici ? », je me remémore les raisons de ma présence ici : la Saintexpress sera ma cerise sur le gros gâteau sportif 2012 (j'ai pas dit Gatosport !).
Du point de vue sportif, 2012 aura été une année riche quoiqu'il arrive : un premier semi en mars, premier marathon en avril, un record qui saute sur le trail des forts de Besançon et une première expérience réussie sur le trail long avec le TGV en juillet. La traditionnelle rando en été avec mes deux acolytes (rando dont la difficulté augmente chaque année … comme nos niveaux de forme respectifs : où s'arrêtera-t-on ?) puis la rentrée arrive. Le 8 octobre, je m'inscris sur un coup de tête à la Saintexpress : il m'aura fallu moins d'une demi-heure pour tomber sur le site de l'orga un peu par hasard et m'inscrire. Je sais à quel point les objectifs sont stimulants et je veux clôturer 2012 en beauté. Je dégote rapidement un plan d'entrainement que je suis à peu près correctement. Comme lors de mes plans précédents, c'est lors des SL (2h30 max) que je prends un max de plaisir : j'essaie de trouver des parcours que je ne connais pas et dont le terrain ainsi que le ratio D+/km s'apparente à celui de la Saintexpress. Pour les séances de VMA, le profil globalement descendant de la Saintexpress m'incite à un léger ajustement un ajustement par rapport au plan de Gilles : là où est programmée une séance de côtes, je décide de fractionner en descente (j'espère aussi avoir mangé assez de D+ pendant ma prépa TGV pour profiter de mes acquis). Ainsi ces séances sont l'occasion de travailler la foulée et le rythme dans des descentes variées. J'arrive donc le 1er décembre à Lyon assez serein : je sais que je peux tenir cette distance mais ça reste tout de même un gros morceau ! (et les conditions ne vont pas nous faciliter les choses...)
1er décembre, 17h. Me voici donc au palais des sports de Gerland à Lyon. Je récupère mon dossard et m'isole comme beaucoup d'autres coureurs. Je bouquine, écoute de la musique puis prends mon dernier repas vers 19h. Je prends alors le temps de me préparer au calme. Je m'installe dans les larges travées derrière les tribunes et étale mes affaires pour ne rien oublier.
Niveau matos : Brooks adrenaline au pied + gêtres RL. Collant chaud Kalenji. Tee-shirt ML Quechua + Micropolaire RL + coupe-vent Salomon + veste Top R-light en début de course. Bonnet RL + 2 buffs + Stoots 200 et enfin des gants RL.
Départ en bus pour Sainte Catherine vers 21h. Alors, je sais pas si ils avaient réquisitionné les bus des ramassages scolaires des écoles maternelles mais … à moins d'avoir des fémurs amovibles, c'était impossible de tenir aux places prévues ! J'ai donc passé 1h15 avec les jambes tordues pour faire tenir mon mètre 95 … le bonheur ! En sortant du bus, je sens clairement une pointe en haut des deux adducteurs … et m**** ! Arrivée à Sainte Catherine, je pose mon sac à la consigne, remplis le camel et me rapproche de la ligne. Je prends alors la peine de me placer relativement à l'avant du paquet pour éviter les bouchons lors de la 1ère montée qui arrive 1km après le départ.
Il n'y a pas de raisons de ne pas profiter de l'instant, et pourtant, l'espace d'un instant, je renifle le plan galère : « Mais qu'est-ce que je fous ici ? On se pèle comme à Mouthe, y a plus de glace que pour un remake d'Holliday on ice et on va courir un marathon ?? ». Allez respire mon garçon, et profite : pas un nuage dans le ciel, on repère toutes les constellations visibles en cette saison …. et la lune - quasi pleine- nous laisse voir les collines enneigées des alentours. C'est sublime. Je sais alors que j'ai de la chance d'être là et ne demande qu'à démarrer. C'est parti !
Remarque : Voir en fin de message pour le profil
Sainte Catherine – Saint Genoux
On quitte vite le bitume pour attaquer la 1ère montée après Sainte Catherine. Les chemins sont évidemment enneigés mais la neige est fraiche et tient plutôt pas mal. Les sensations sont correctes (heureusement, on vient de partir!). Les paysages sont sublimes, le serpent des frontales s'étire de plus en plus tandis qu'on aperçoit au loin les lumières de l'agglomération lyonnaise : magique.
Le 1er ravito arrive alors et je me tiens à mon plan de départ : je ne m'arrête pas ici et je ferai le plein à Soucieu. Rapide coup d'oeil sur mon road book : j'ai maintenant 40s d'avance sur le timing 5h ! Je me dis alors que j'ai peut-être trop fait le mariole dans le bois d'Arfeuille mais ne m'inquiète pas plus que ça : j'ai toujours mal dans le haut des ischios, à la jonction avec les fessiers, mais c'est comme ça depuis le début (un petit échauffement n'aurait pas été du luxe après l'épisode du bus !).
Saint Genoux : (9,7km – 1h02 – 370ème)
Saint Genoux – Soucieu en Jarest
J'avoue que j'attends cette portion avec une certaine gourmandise : c'est là que l'organisation a rajouté deux passages « techniques » qui consistent à quitter la route goudronnées des crêtes pour descendre puis remonter dans les deux vallées de chaque coté. J'attaque donc la descente du bois de la Gorge : je suis relâché et double encore pas mal de monde. Mes appuis sont brefs et je réussis à rattraper le coup les 2-3 fois où ma cheville part sur le coté. La remontée se fait d'un bon pas : la pente est telle que tout le monde marche et je suis alors plus à l'aise que sur des portions courables : mes grandes jambes me permettent encore de gratter quelques places en marchant vite. Le bois de la Dame sera dans la même veine et le retour sur la route est le point de repère de mon 3ème checkpoint : 3min15 d'avance sur le chrono 5h:blink : ! Là mon garçon, ça change tout : on change clairement d'objectif et on se lance sur 5h . Il faut maintenant gérer pour ne pas exploser en vol …
La suite du parcours est descendant avec pas mal de portion de bitume sur les crêtes : le vent souffle dans le dos et le windchill doit alors être au plus bas : je commence à avoir grave froid. Le vent est glacé est mon coupe-vent est déjà bien humide … il ne faut pas trainer ! La vigilance doit rester de mise car de larges plaques de verglas se trouvent tout au long de notre chemin. Il faut à chaque fois s'arrêter et marcher trèèèès prudemment. Je profite des moments de calme pour me repasser le « protocole » du ravito qui approche... (un point que je m'étais promis d'améliorer après le TGV).
J'arrive dans le gymnase de Soucieu, jette mon tube de Pom'pote dans lequel j'avais mis mon gel maison, sors le camel, le remplis, avale 2 morceaux de banane + 2 pâtes de fruit … et on repart ! 5Min30 d'arrêt au stand sur les 6 minutes prévues … Yes ! Check Point : 4 min d'avance sur le chrono : on lâche rien !
Soucieu (21,2 km – 2h19 - 325ème)
Soucieu - Beaunant
La sortie du gymnase est cruelle : je suis évidemment trempé de sueur mais déjà un peu refroidi : le choc thermique est violent et je ressens à nouveau le froid . Je décide d'accélérer la cadence pour vite me réchauffer : je sais que si je reste 10 min à grelotter, ça va être très dur de finir. Je profite des rues éclairées de Soucieu pour éteindre ma frontale et faire le point : la FC reste aux alentours de 80 %, pas de dérive observée, pas de fatigue particulière. Les jambes : RAS hormis les ischios douloureux mais ça se gère. Je reste bien dans ma bulle et essaie de garder le même rythme. Lors de la descente en fond de vallée, je me retrouve seul : personne visible devant et personne derrière : mais quel kif ! Cette solitude ne durera que 2 min au max, mais quel pied ! On enchaine avec la traversée de Chaponost et je suis surpris de voir autant de monde dehors : j'essaie de remercier tous ces gens, bénévoles et spectateurs, qui se caillent le c** pour nous ! On redescend vers le parc puis on longe l'étang : 4min30 d'avance. Cette avance est stable depuis quelques km et je sais que rien n'est encore joué : 5min, c'est vite perdu !
La descente vers Beaunant est encore piégeuse : on alterne sentier très boueux (mmmh le bonheur de s'enfoncer de 15cm dans une boue à 0° …) et bitume verglacé. Les chutes sont fréquentes mais heureusement sans gravité pour ceux que j'ai pu voir (à ce stade, je ne suis pas encore tombé!). Dans la dernière descente, une personne de l'orga remonte la file des coureurs en annonçant des nombres … je ne comprends pas bien ce qu'il raconte et je me retourne vers le coureur qui me suit : « qu'est-ce qu'il a dit ? » « Je crois qu'il annonce nos dossards : il a dit 298 et je suis le 10298 » « Ah oui, t'as surement raison, mais j'ai cru entendre **7 et mon dossard est le 11 303 ! » . Je ne comprendrai qu'en arrivant que c'était notre classement, mais j'étais loin d'imaginer que j'étais 297ème. J'arrive ensuite au ravito de Beaunant pour lequel j'avais prévu initialement 5min de pause avec recharge du camel. Je décide de ne pas sortie le camel pour recharger mais de boire à la volée un peu de coca dilué et prendre quelques pâtes de fruit. Bilan : 2min30 d'arrêt et je ressors de la tente avec 5min 45 d'avance ! Il reste 10km … et je sais que sauf accident : c'est gagné !
Beaunant : 33,5km – 3h39 – 296ème
Beaunant – Gerland
À peine la route traversée qu'on attaque la terrible montée des aqueducs : 1km à 15 % de moyenne. Je suis gonflé à bloc et je l'entame en marchant d'un bon pas. Je vois que certains commencent à accuser le coup et j'essaie de le rebooster comme je peux. En haut de la côte, un ravito sauvage est installé par des fêtards qui barrent littéralement la rue : ils nous proposent des verres d'un liquide incolore et transparent … mais vu les bouteilles sur la table, je doute que ce soit de l'Evian ! Dans le plat qui suit, je me fais doubler par deux avions qui filent sur ma gauche à plus de 12km/h. J'oublie alors que je suis une limace sur le plat et essaie de me caler dans leurs foulées : je tiendrai 500m avant de les laisser filer … On entame ensuite l'ultime descente sur Lyon. Il est plus de 3h du matin, et on commence à croiser … des gens qu'on croise le samedi soir à 3h du matin dans les villes ! J'ai une pensée pour le jeune homme particulièrement … fatigué qui remonte en titubant les escaliers au dessus du pont Kitchener et qui a vu débouler des dizaines de gars en collant avec une loupiotte sur le front !
Je fais un dernier point avant de m'élancer sur les quais : 7min20 d'avance au pont Kitchener. Les 5h sont dans la poche, je le sais. Ma motivation sera maintenant de faire ma course jusqu'au bout, avoir le sentiment que je suis allé cherché ce chrono en me battant jusqu'à la ligne. Bon, ça c'est la théorie : j'alterne en réalité les phases de course à 9-10 à l'heure pendant 3 min (!!) avec 15-20 s de marche. On s'encourage les uns les autres, car on sait que tout le monde est dans le dur. Perso, je suis cuit ! Je me fais doubler par un concurrent qui m'exhorte à courir, mais je le laisse s'éloigner une fois de plus. Je relance une énième fois, et je vois enfin les rambardes qui nous guident vers l'entrée de Gerland : j'y suis ! Je savoure les 100 derniers mètres et passe la ligne en 4h51min 28s … à la 258ème place.
Je me dirige hagard vers le stand où je récupère mon tee-shirt de finisher (un beau lafuma tout bleu), avale quelques vers d'eau … je suis complètement groggy. Je sens que je suis vanné et en même temps tout est allé si vite : je n'ai pas du tout vu le temps passer.
Je filerai ensuite récupérer mon sac, profiter d'une bonne douche chaude avant de me faire masser par les élèves kiné présents. Je somnolerai quelques minutes dans le train qui me ramène à Besançon mais je ne m'écroulerai que le dimanche soir à 20h.
À J+3, beaucoup de motifs de satisfactions pour moi sur cette course et même si la fin de saison 2013 est encore loin, je fais une croix (au crayon de papier) pour les 70km !
PS : Pour ceux qui (comme moi ) aiment bien les graphes, chiffres et analyse de toutes sortes ...
Du point de vue sportif, 2012 aura été une année riche quoiqu'il arrive : un premier semi en mars, premier marathon en avril, un record qui saute sur le trail des forts de Besançon et une première expérience réussie sur le trail long avec le TGV en juillet. La traditionnelle rando en été avec mes deux acolytes (rando dont la difficulté augmente chaque année … comme nos niveaux de forme respectifs : où s'arrêtera-t-on ?) puis la rentrée arrive. Le 8 octobre, je m'inscris sur un coup de tête à la Saintexpress : il m'aura fallu moins d'une demi-heure pour tomber sur le site de l'orga un peu par hasard et m'inscrire. Je sais à quel point les objectifs sont stimulants et je veux clôturer 2012 en beauté. Je dégote rapidement un plan d'entrainement que je suis à peu près correctement. Comme lors de mes plans précédents, c'est lors des SL (2h30 max) que je prends un max de plaisir : j'essaie de trouver des parcours que je ne connais pas et dont le terrain ainsi que le ratio D+/km s'apparente à celui de la Saintexpress. Pour les séances de VMA, le profil globalement descendant de la Saintexpress m'incite à un léger ajustement un ajustement par rapport au plan de Gilles : là où est programmée une séance de côtes, je décide de fractionner en descente (j'espère aussi avoir mangé assez de D+ pendant ma prépa TGV pour profiter de mes acquis). Ainsi ces séances sont l'occasion de travailler la foulée et le rythme dans des descentes variées. J'arrive donc le 1er décembre à Lyon assez serein : je sais que je peux tenir cette distance mais ça reste tout de même un gros morceau ! (et les conditions ne vont pas nous faciliter les choses...)
1er décembre, 17h. Me voici donc au palais des sports de Gerland à Lyon. Je récupère mon dossard et m'isole comme beaucoup d'autres coureurs. Je bouquine, écoute de la musique puis prends mon dernier repas vers 19h. Je prends alors le temps de me préparer au calme. Je m'installe dans les larges travées derrière les tribunes et étale mes affaires pour ne rien oublier.
Niveau matos : Brooks adrenaline au pied + gêtres RL. Collant chaud Kalenji. Tee-shirt ML Quechua + Micropolaire RL + coupe-vent Salomon + veste Top R-light en début de course. Bonnet RL + 2 buffs + Stoots 200 et enfin des gants RL.
Départ en bus pour Sainte Catherine vers 21h. Alors, je sais pas si ils avaient réquisitionné les bus des ramassages scolaires des écoles maternelles mais … à moins d'avoir des fémurs amovibles, c'était impossible de tenir aux places prévues ! J'ai donc passé 1h15 avec les jambes tordues pour faire tenir mon mètre 95 … le bonheur ! En sortant du bus, je sens clairement une pointe en haut des deux adducteurs … et m**** ! Arrivée à Sainte Catherine, je pose mon sac à la consigne, remplis le camel et me rapproche de la ligne. Je prends alors la peine de me placer relativement à l'avant du paquet pour éviter les bouchons lors de la 1ère montée qui arrive 1km après le départ.
Il n'y a pas de raisons de ne pas profiter de l'instant, et pourtant, l'espace d'un instant, je renifle le plan galère : « Mais qu'est-ce que je fous ici ? On se pèle comme à Mouthe, y a plus de glace que pour un remake d'Holliday on ice et on va courir un marathon ?? ». Allez respire mon garçon, et profite : pas un nuage dans le ciel, on repère toutes les constellations visibles en cette saison …. et la lune - quasi pleine- nous laisse voir les collines enneigées des alentours. C'est sublime. Je sais alors que j'ai de la chance d'être là et ne demande qu'à démarrer. C'est parti !
Remarque : Voir en fin de message pour le profil
Sainte Catherine – Saint Genoux
On quitte vite le bitume pour attaquer la 1ère montée après Sainte Catherine. Les chemins sont évidemment enneigés mais la neige est fraiche et tient plutôt pas mal. Les sensations sont correctes (heureusement, on vient de partir!). Les paysages sont sublimes, le serpent des frontales s'étire de plus en plus tandis qu'on aperçoit au loin les lumières de l'agglomération lyonnaise : magique.
Bon, on voit pas grand chose, mais c'est juste pour illustrer
En haut de la montée, je fais le point sur mon plan de route : 1min de retard sur le plan 5h30 : normal vu la neige et les plaques de verglas, pas de panique ! Cela fait 40minutes qu'on court et je commence à avoir chaud : je m'arrête une minute pour enlever mon Top R-Light et retirer mes gants. On arrive ensuite dans la descente du bois d'Arfeuille dont j'ai tant entendu parler ! Je me surprends à beaucoup doubler en descente (ce qui constitue en général mon point faible) : le froid a rendu les descentes plus sûres qu'elles n'auraient pu être avec de la boue (merci les fractionnés en descente!). Par contre, là où les autres coureurs relancent bien dans les montées peu pentues, je suis plus à la ramasse …Le 1er ravito arrive alors et je me tiens à mon plan de départ : je ne m'arrête pas ici et je ferai le plein à Soucieu. Rapide coup d'oeil sur mon road book : j'ai maintenant 40s d'avance sur le timing 5h ! Je me dis alors que j'ai peut-être trop fait le mariole dans le bois d'Arfeuille mais ne m'inquiète pas plus que ça : j'ai toujours mal dans le haut des ischios, à la jonction avec les fessiers, mais c'est comme ça depuis le début (un petit échauffement n'aurait pas été du luxe après l'épisode du bus !).
Saint Genoux : (9,7km – 1h02 – 370ème)
Saint Genoux – Soucieu en Jarest
J'avoue que j'attends cette portion avec une certaine gourmandise : c'est là que l'organisation a rajouté deux passages « techniques » qui consistent à quitter la route goudronnées des crêtes pour descendre puis remonter dans les deux vallées de chaque coté. J'attaque donc la descente du bois de la Gorge : je suis relâché et double encore pas mal de monde. Mes appuis sont brefs et je réussis à rattraper le coup les 2-3 fois où ma cheville part sur le coté. La remontée se fait d'un bon pas : la pente est telle que tout le monde marche et je suis alors plus à l'aise que sur des portions courables : mes grandes jambes me permettent encore de gratter quelques places en marchant vite. Le bois de la Dame sera dans la même veine et le retour sur la route est le point de repère de mon 3ème checkpoint : 3min15 d'avance sur le chrono 5h:blink : ! Là mon garçon, ça change tout : on change clairement d'objectif et on se lance sur 5h . Il faut maintenant gérer pour ne pas exploser en vol …
La suite du parcours est descendant avec pas mal de portion de bitume sur les crêtes : le vent souffle dans le dos et le windchill doit alors être au plus bas : je commence à avoir grave froid. Le vent est glacé est mon coupe-vent est déjà bien humide … il ne faut pas trainer ! La vigilance doit rester de mise car de larges plaques de verglas se trouvent tout au long de notre chemin. Il faut à chaque fois s'arrêter et marcher trèèèès prudemment. Je profite des moments de calme pour me repasser le « protocole » du ravito qui approche... (un point que je m'étais promis d'améliorer après le TGV).
J'arrive dans le gymnase de Soucieu, jette mon tube de Pom'pote dans lequel j'avais mis mon gel maison, sors le camel, le remplis, avale 2 morceaux de banane + 2 pâtes de fruit … et on repart ! 5Min30 d'arrêt au stand sur les 6 minutes prévues … Yes ! Check Point : 4 min d'avance sur le chrono : on lâche rien !
Soucieu (21,2 km – 2h19 - 325ème)
Soucieu - Beaunant
La sortie du gymnase est cruelle : je suis évidemment trempé de sueur mais déjà un peu refroidi : le choc thermique est violent et je ressens à nouveau le froid . Je décide d'accélérer la cadence pour vite me réchauffer : je sais que si je reste 10 min à grelotter, ça va être très dur de finir. Je profite des rues éclairées de Soucieu pour éteindre ma frontale et faire le point : la FC reste aux alentours de 80 %, pas de dérive observée, pas de fatigue particulière. Les jambes : RAS hormis les ischios douloureux mais ça se gère. Je reste bien dans ma bulle et essaie de garder le même rythme. Lors de la descente en fond de vallée, je me retrouve seul : personne visible devant et personne derrière : mais quel kif ! Cette solitude ne durera que 2 min au max, mais quel pied ! On enchaine avec la traversée de Chaponost et je suis surpris de voir autant de monde dehors : j'essaie de remercier tous ces gens, bénévoles et spectateurs, qui se caillent le c** pour nous ! On redescend vers le parc puis on longe l'étang : 4min30 d'avance. Cette avance est stable depuis quelques km et je sais que rien n'est encore joué : 5min, c'est vite perdu !
La descente vers Beaunant est encore piégeuse : on alterne sentier très boueux (mmmh le bonheur de s'enfoncer de 15cm dans une boue à 0° …) et bitume verglacé. Les chutes sont fréquentes mais heureusement sans gravité pour ceux que j'ai pu voir (à ce stade, je ne suis pas encore tombé!). Dans la dernière descente, une personne de l'orga remonte la file des coureurs en annonçant des nombres … je ne comprends pas bien ce qu'il raconte et je me retourne vers le coureur qui me suit : « qu'est-ce qu'il a dit ? » « Je crois qu'il annonce nos dossards : il a dit 298 et je suis le 10298 » « Ah oui, t'as surement raison, mais j'ai cru entendre **7 et mon dossard est le 11 303 ! » . Je ne comprendrai qu'en arrivant que c'était notre classement, mais j'étais loin d'imaginer que j'étais 297ème. J'arrive ensuite au ravito de Beaunant pour lequel j'avais prévu initialement 5min de pause avec recharge du camel. Je décide de ne pas sortie le camel pour recharger mais de boire à la volée un peu de coca dilué et prendre quelques pâtes de fruit. Bilan : 2min30 d'arrêt et je ressors de la tente avec 5min 45 d'avance ! Il reste 10km … et je sais que sauf accident : c'est gagné !
Beaunant : 33,5km – 3h39 – 296ème
Beaunant – Gerland
À peine la route traversée qu'on attaque la terrible montée des aqueducs : 1km à 15 % de moyenne. Je suis gonflé à bloc et je l'entame en marchant d'un bon pas. Je vois que certains commencent à accuser le coup et j'essaie de le rebooster comme je peux. En haut de la côte, un ravito sauvage est installé par des fêtards qui barrent littéralement la rue : ils nous proposent des verres d'un liquide incolore et transparent … mais vu les bouteilles sur la table, je doute que ce soit de l'Evian ! Dans le plat qui suit, je me fais doubler par deux avions qui filent sur ma gauche à plus de 12km/h. J'oublie alors que je suis une limace sur le plat et essaie de me caler dans leurs foulées : je tiendrai 500m avant de les laisser filer … On entame ensuite l'ultime descente sur Lyon. Il est plus de 3h du matin, et on commence à croiser … des gens qu'on croise le samedi soir à 3h du matin dans les villes ! J'ai une pensée pour le jeune homme particulièrement … fatigué qui remonte en titubant les escaliers au dessus du pont Kitchener et qui a vu débouler des dizaines de gars en collant avec une loupiotte sur le front !
Je fais un dernier point avant de m'élancer sur les quais : 7min20 d'avance au pont Kitchener. Les 5h sont dans la poche, je le sais. Ma motivation sera maintenant de faire ma course jusqu'au bout, avoir le sentiment que je suis allé cherché ce chrono en me battant jusqu'à la ligne. Bon, ça c'est la théorie : j'alterne en réalité les phases de course à 9-10 à l'heure pendant 3 min (!!) avec 15-20 s de marche. On s'encourage les uns les autres, car on sait que tout le monde est dans le dur. Perso, je suis cuit ! Je me fais doubler par un concurrent qui m'exhorte à courir, mais je le laisse s'éloigner une fois de plus. Je relance une énième fois, et je vois enfin les rambardes qui nous guident vers l'entrée de Gerland : j'y suis ! Je savoure les 100 derniers mètres et passe la ligne en 4h51min 28s … à la 258ème place.
Je me dirige hagard vers le stand où je récupère mon tee-shirt de finisher (un beau lafuma tout bleu), avale quelques vers d'eau … je suis complètement groggy. Je sens que je suis vanné et en même temps tout est allé si vite : je n'ai pas du tout vu le temps passer.
Je filerai ensuite récupérer mon sac, profiter d'une bonne douche chaude avant de me faire masser par les élèves kiné présents. Je somnolerai quelques minutes dans le train qui me ramène à Besançon mais je ne m'écroulerai que le dimanche soir à 20h.
À J+3, beaucoup de motifs de satisfactions pour moi sur cette course et même si la fin de saison 2013 est encore loin, je fais une croix (au crayon de papier) pour les 70km !
PS : Pour ceux qui (comme moi ) aiment bien les graphes, chiffres et analyse de toutes sortes ...
Last Edit:il y a 11 ans 11 mois
par Guéna
Dernière édition: il y a 11 ans 11 mois par Guéna.
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- Xav
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Réponse de Xav sur le sujet Re: La belle nuit de la Saintexpress
Posted il y a 11 ans 11 mois #203954
Et bein, t'as vraiment assuré, un grand bravo !
Et sur les nombreux CR que j'ai lus, tu es le premier à n'avoir jamais chuté !!
Tu sors vraiment une grosse saison, en passant du semi au TGV et à la Saintexpress, quelle progression ! T'as déjà prévu des trucs pour 2013 ?
Et sur les nombreux CR que j'ai lus, tu es le premier à n'avoir jamais chuté !!
Tu sors vraiment une grosse saison, en passant du semi au TGV et à la Saintexpress, quelle progression ! T'as déjà prévu des trucs pour 2013 ?
par Xav
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- Guéna
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Réponse de Guéna sur le sujet Re: La belle nuit de la Saintexpress
Posted il y a 11 ans 11 mois #203956
Xav écrit:
J'en reparle bientôt
Oui, je suis vraiment chanceux (même si le fait de ne pas avoir eu les 28km aide un peu : c'était vraiment galère a priori.Et bein, t'as vraiment assuré, un grand bravo !
Et sur les nombreux CR que j'ai lus, tu es le premier à n'avoir jamais chuté !!
Oui, on va tenter de monter d'un cranT'as déjà prévu des trucs pour 2013 ?
J'en reparle bientôt
par Guéna
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Réponse de deru84 sur le sujet Re: La belle nuit de la Saintexpress
Posted il y a 11 ans 11 mois #203960
Bravo, quelle belle gestion de course !
C'est vrai que 5h00 de course dans ces conditions ça passe vite
Bonne récup' et bravo pour ta belle année
C'est vrai que 5h00 de course dans ces conditions ça passe vite
Bonne récup' et bravo pour ta belle année
par deru84
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- Hadrien35
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Réponse de Hadrien35 sur le sujet Re: La belle nuit de la Saintexpress
Posted il y a 11 ans 11 mois #203965
Impressionnant,
Un bel exemple à suivre!
Et quelques sourires à la lecture de ce compte rendu très vivant!
Bravo!
Un bel exemple à suivre!
Et quelques sourires à la lecture de ce compte rendu très vivant!
Bravo!
par Hadrien35
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Félicitations et repose toi bien!!!
par
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