il diablo au semi de Lyon
- robin
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Je suis un peu confus avant d'écrire ce compte rendu parce que vous m'avez déjà inondé de félicitations sur mon suivi
J'imagine Bladerunner scrutant entre mes lignes comment gagner 2,3 ou 5 minutes sur semi , ces mêmes 5 minutes que j'ai gagné en un an sur la distance.
L'objectif :
Alors finalement, pourquoi un automne sans marathon pour l'amoureux des longues distances que je suis ?
Pourquoi cet objectif sur semi (moins d'1h24) verrouillé depuis avant l'été et que je n'ai pas lâché, même pendant les fortes chaleurs d'été ?
Et bien pour progresser en marathon pardi .
Quelle belle année pour moi (hormis une lourde entorse de la cheville). Je passe les 3h à Annecy et sitôt passé la ligne, le naturel est revenu au galop et je me suis dit que mon temps sur marathon était améliorable. Incorrigible
Le problème, ce n'est pas l'endurance, c'est la vitesse. je n'en avais pas un poil; pour preuve mon précédent record sur 10 km (39'07") à comparer à mon temps sur marathon .
La préparation :
Donc voilà, la préparation était toute programmée : vma, vma, vma, vma, vma..
J'ai été un peu aidé par mon entorse , devant ainsi rester sur terrain stabilisé pendant quelques mois. Cependant le gros travail de musculation des quadris (en statique et concentrique)réalisé durant ma préparation post-marathon pour le TGV aura été bénéfique en guise de préparation physique générale, prépa physique que j'ai donc enlevée en début de prépa 12 semaines.
J'ai réussi aussi (enfin), à passer à 5 séances sans me blesser en intégrant la 5ème séance progressivement, montant ainsi à un volume hebdomadaire de 65-70 km en phase de travail, 40-45km en phase de repos (1 semaine sur 4 où je reviens à 4séances)
Au début du plan, j'ai donc fait beaucoup de vma, 2 par semaines, en pleine chaleur estivale. Les séances sont vite devenues faciles (probablement grâce au travail de muscu, réalisé encore 1 à 2 fois par semaine pour entretenir à raison de 3 circuits de 10' à chaque fois, pas plus). Sans refaire de mesure précise, je réhausse à vue de nez ma vma de 18 à 18,8 km/h et j'effectue en gros mes vma 95-100-105% à 18-19 et 20 km/h respectivement. Très vite les séances se sont bien passées et ça m'a donné une très grande motivation.
Après ce travail là, j'ai dû jongler un peu avec les vacances que j'ai prises où j'ai fait plutôt de l'EF-SL en trail. Une petite remontée des causses en courant avec ma femme en 4 jours, un régal...
Est enfin arrivé le spécifique où j'ai travaillé comme à mon habitude 3'55" qu'il pleuve, vente, que ça descende ou monte... Sur les mêmes terrains assez plats que mon entrainement marathon, j'étais heureux de constater que j'étais aux mêmes pulsations (169) que lors de ma prépa marathon du printemps à 4'12"
J'ai intercalé là dedans sans préparation spécifique un 10 km, pour le moral et pour faire tomber les records (le mien et celui de Gilles84 pris pour cible l'an dernier Tout ça histoire de remettre un peu Gilles84 au boulot sur la route ). 37'50" au final et une découverte plus qu'intéressante. Alors que j'étais assez mal au 9ème, j'ai pris un peu du champ sur mes sensations, réflechissant posément sur l'intensité de la douleur ressentie et ma conclusion fut clairement qu'en fait ça n'allait pas si mal, que ce que je prenais pour de la douleur n'était qu'un inconfort et donc que cette situation était PROLONGEABLE ! Bon, ce jour là, ça n'a duré que 10 secondes; après je me suis ressenti mal et j'ai terminé à l'arrache...
La course :
Ah bin oui, j'en fais des tartines mais que voulez vous, c'était mon objectif de l'automne !!!
Régime sans fibre 2 jours avant la course, ça me réussit bien au niveau intestins... Temps un peu maussade, à peine assez frais. Il fait 15-18°, c'est pas mal mais pas tout à fait idéal. La chaussée est mouillée. Il y a beaucoup de monde (15 000 personnes annoncées : beaucoup trop pour l'organisation défaillante de lyon). Malgré cela, je parviens à retrouver Fifi. Heureusement, j'ai son dossard !!! Il n'est pas stressé, on se met gentiment la pression l'un l'autre. Je sais qu'il va partir vite, à 3'50" minimum. Trop rapide pour moi mais je compte bien le garder en ligne de mire et à ce moment là, ne jamais désespérer de le rattraper.
Je retrouve aussi ma soeur, belle-soeur, beau-frères,... Tout ce petit monde fait aussi le semi (ou encourage) . Béné, ma femme, fait aussi le semi. Elle va mettre d'accord ses 2 beau-frères en 1h48, améliorant ainsi son temps réalisé à Annecy, beaucop plus favorable.
Revenons à nos moutons. Il y en a 15 000 sur le départ. Le coup d'envoi est donné, c'est déjà le bordel (même dans le SAS A). Fifi part assez vite, je suis à 10m derrière. Je slalome entre des coureurs à 10 km/h qui étaient dans le sas élite devant nous
J'ai l'impression que ma montre ne marche pas. Elle m'annonce 3'35" au km alors que j'ai l'impression de me traîner (je me suis fort peu échauffer avouons le). Je décide de ne pas m'en occuper, de faire à la sensation. Erreur à mon avis; je vais faire les 3 premiers km en 3'40" ou 3'47" soit mes allures de 10 km. Mon petit coeur bat déjà à 179 (contre 169-171 à l'entrainement sur les allures cibles)
Ralentir ? Je suis bien obligé, voilà le premier pont sur la saône qui casse déjà bien les pattes.
Ralentir vraiment ? Jamais , je suis joueur, j'aimerai bien aller titiller le chrono sous les 1h23 et pour ça, il faut prendre quelques risques. Je garde Fifi en visu à 50 m devant. le coeur est à 179-180, des puls que je n'atteints que rarement à l'entrainement et pas toujours sur 10 km . mais bon, je souffle un peu et les sensations ne sont pas si mauvaises. je sais aussi d'expérience que sans savoir l'expliquer, j'ai toujours 8-10 puls de plus aux mêmes allures sur mes gros objectifs sans que cela se ressente en terme de sensations. je ne suis pas mal comme d'habitude à 180. Alors je reste comme ça.
km5 : ça monte vers la place de l'hotel de ville et le pont sur le rhône cette fois, 300-400 m un peu durs où je maintiens le sacro saint 3'55" tout en voyant bien que c'est déjà dur et que mes jambes se feraient bien un 4' "tranquille" si je puis dire... Premier ravito, je prends la moitié de mon gel, premiers encouragements de mes nièces et ma soeur et juste après sur le pont d'un collègue et coureur...
On se dirige vers le parc de la tête d'or, très belle partie du circuit mais que je revoyais moins difficile, il y a des faux plats, de la terre battue, des montées casse-pattes. Malgré tout, je maintiens les 3'55" jusque dans le parc de la tête d'or, au 10ème km. c'est quand même déjà dur, dès qu'il y a le moindre faux plat, je perds des secondes, que je récupère en m'accrochant aux coureurs qui me doublent, et ils sont nombreux ! preuve s'il en était besoin, que je suis parti trop vite. Je les tiens un peu et les laisse filer doucement.
je ne vois plus Fifi, au moins 200-300 m devant.
Encouragement à mon intention sur le bord; c'est Rémi, un ami... On peut dire que je suis soutenu aujourd'hui mais à ce stade, je vois mal comment je vais finir sans m'écrouler. Déjà mes allures veulent tomber à 4'10" et je relance pour être entre 3'59" (au mieux) et 4'01".
km10 : je finis mon gel, je bois bien et je rattrape malgré tout UN bonhomme qui m'avait doublé 2 km plus tôt, nous avions échangé quelques mots. je fais un bout avec lui, je sens bien qu'il faiblit doucement et qu'à rester avec lui je vais perdre des secondes. je me force à le lâcher doucement au train, je relance, je suis toujours entre 179 et 182. C'est quand même bon pour le moral même si parallèlement je me fais encore doubler mais de plus en plus j'accroche ceux qui me doublent.
km14 : on sort de ce long mais beau parcours dans le parc de la tête d'or. Je connaissais bien le parcours dans ma tête, vu les demi-tours, zig-zag qui vous désorientent, c'était mieux ainsi, j'ai pu garder le moral jusqu'au km 14 pour aborder une très longue ligne quasi droite de 2 km sur une grande avenue. je maintiens toujours mes 4'01" en gros. Ravitaillement au bout de la ligne, je crois apercevoir Fifi au loin. Encore un demi tour après le ravito (que je ne prends pas, juste de l'eau pour humecter la bouche et refroidir la tête). Ce demi tour est l'occasion de constater que Fifi n'est pas si loin. Je suis quand même en sur-régime depuis longtemps mais je me retrouve un peu d'énergie. Lorsque je le croise, je comprends à sa tête qu'il n'est pas bien du tout. j'essaye de lui redonner le moral. Bon, une fois le demi tour fait, je le vois mais mon dieu qu'il est encore loin. Je prends un coup de bambou aussi avec un 17ème km en 4'06", il faut dire que l'on va reprendre 25m de dénivelée en peu de temps en remontant des quais.
J'essaye alors de retrouver, volontairement cette fois, les sensations furtives de la fin de mon 10km : j'essaye de mettre à distance la douleur, de me dire que c'est juste de l'inconfort, que je peux tenir le rythme. A partir de là, je vais doubler davantage que je ne vais me faire doubler; je remonte à 4'01" puis 3'59" dans la longue ligne droite du 19ème km. Fifi n'est plus très loin, je sais que je vais le rattraper. c'est chose faite quelques mètres après un nouveau demi-tour . il se retourne, marche même quelques pas et chose quand même hallucinante pour un gars cramé, relance quand j'arrive à son niveau. Non pour taper le sprint final (on était encore un peu loin pour ça ) mais, je le sens bien, pour me faire le rythme le temps qu'il pourrait tenir. Il ne pense pas alors à finir sa course au mieux mais à aider le copain. Super moment partagé avec lui, en toute camaraderie. Impossible d'échanger un mot cependant; je lui fais un signe pour lui dire que je suis cuit.
je repasse vite devant voyant bien qu'il ne tient plus le rythme. je reste autour de 4' au km.
km20 : encouragements encore de mes nièces "vas y Robin, tu peux encore gagner ". c'était gentils notez bien mais les premiers devaient être arrivé depuis 1/4 d'heure !.
Je suis libéré, je sais que je vais finir à bonne allure car je parviens à ne pas trop m'occuper de la sensation d'inconfort du moment.
C'est là la clé de futurs progrès, je le sens; il y a des vannes à ouvrir
Je suis monté à 183-184, au taquet, cramé, je suis revenu à 3'52". Dans la dernière ligne droite, comme l'an dernier, le collègue coureur du boulot, Frédéric, m'encourage, me dit de tirer sur les bras. Ce que je fais, d'autant que je sens bien que mon temps ne sera pas si extraordinaire que ça par rapport à ce que j'imaginais et que si je veux être SOUS les 1h24, ça risque d'être à la seconde près... Je fais les derniers hectomètres à 3'25" au km et je tente de récupérer tout concurrent récupérable, juste pour m'entrainer à résister et à avoir faim ; ça marche pas complètement mais je suis content. 1h23'45" à ma montre et même 1h23'37" temps réel
J'attends Fifi, plus d'une minute derrière. il est très déçu.
Je relativise avec lui, ce n'était pas son objectif et il est au milieu de sa préparation, encore loin de son pic de forme. Moi j'étais dessus, ça compte pas . On débriefe un peu, on va se ravitailler et très vite je retourne sur la ligne d'arrivée pour tenter de voir tous les copains ou amis arriver.
Je rate Pierre et Jérôme mais parviens à encourager Béné, Albert, Amandine...
Belle journée quand même pour moi. Je mesure qu'il y a encore du travail. Un jour il faudra tenir cette allure là sur marathon ... c'est le rêve
je sais aussi que ce doit être une belle journée pour Cyril. A 11h54, je reviens sur la ligne et dans l'indifférence quasi générale, arrivent les premiers marathoniens, au milieu quasiment des coureurs qui arrivent encore du semi. 11h54 personne; au vu de ce parcours pas très roulant, je ne m'étonne pas, je pense que Cyril fera moins de 3h mais plutôt 2h57-58. Une grande silhouette noire affutée (style rasoir Gilette ) se pointe au bout de la ligne droite vers 11h58, c'est lui. Je l'encourage, je sais que c'est un super moment qu'il vit là, la concrétisation de mois d'effort. Bravo à lui.
J'imagine Bladerunner scrutant entre mes lignes comment gagner 2,3 ou 5 minutes sur semi , ces mêmes 5 minutes que j'ai gagné en un an sur la distance.
L'objectif :
Alors finalement, pourquoi un automne sans marathon pour l'amoureux des longues distances que je suis ?
Pourquoi cet objectif sur semi (moins d'1h24) verrouillé depuis avant l'été et que je n'ai pas lâché, même pendant les fortes chaleurs d'été ?
Et bien pour progresser en marathon pardi .
Quelle belle année pour moi (hormis une lourde entorse de la cheville). Je passe les 3h à Annecy et sitôt passé la ligne, le naturel est revenu au galop et je me suis dit que mon temps sur marathon était améliorable. Incorrigible
Le problème, ce n'est pas l'endurance, c'est la vitesse. je n'en avais pas un poil; pour preuve mon précédent record sur 10 km (39'07") à comparer à mon temps sur marathon .
La préparation :
Donc voilà, la préparation était toute programmée : vma, vma, vma, vma, vma..
J'ai été un peu aidé par mon entorse , devant ainsi rester sur terrain stabilisé pendant quelques mois. Cependant le gros travail de musculation des quadris (en statique et concentrique)réalisé durant ma préparation post-marathon pour le TGV aura été bénéfique en guise de préparation physique générale, prépa physique que j'ai donc enlevée en début de prépa 12 semaines.
J'ai réussi aussi (enfin), à passer à 5 séances sans me blesser en intégrant la 5ème séance progressivement, montant ainsi à un volume hebdomadaire de 65-70 km en phase de travail, 40-45km en phase de repos (1 semaine sur 4 où je reviens à 4séances)
Au début du plan, j'ai donc fait beaucoup de vma, 2 par semaines, en pleine chaleur estivale. Les séances sont vite devenues faciles (probablement grâce au travail de muscu, réalisé encore 1 à 2 fois par semaine pour entretenir à raison de 3 circuits de 10' à chaque fois, pas plus). Sans refaire de mesure précise, je réhausse à vue de nez ma vma de 18 à 18,8 km/h et j'effectue en gros mes vma 95-100-105% à 18-19 et 20 km/h respectivement. Très vite les séances se sont bien passées et ça m'a donné une très grande motivation.
Après ce travail là, j'ai dû jongler un peu avec les vacances que j'ai prises où j'ai fait plutôt de l'EF-SL en trail. Une petite remontée des causses en courant avec ma femme en 4 jours, un régal...
Est enfin arrivé le spécifique où j'ai travaillé comme à mon habitude 3'55" qu'il pleuve, vente, que ça descende ou monte... Sur les mêmes terrains assez plats que mon entrainement marathon, j'étais heureux de constater que j'étais aux mêmes pulsations (169) que lors de ma prépa marathon du printemps à 4'12"
J'ai intercalé là dedans sans préparation spécifique un 10 km, pour le moral et pour faire tomber les records (le mien et celui de Gilles84 pris pour cible l'an dernier Tout ça histoire de remettre un peu Gilles84 au boulot sur la route ). 37'50" au final et une découverte plus qu'intéressante. Alors que j'étais assez mal au 9ème, j'ai pris un peu du champ sur mes sensations, réflechissant posément sur l'intensité de la douleur ressentie et ma conclusion fut clairement qu'en fait ça n'allait pas si mal, que ce que je prenais pour de la douleur n'était qu'un inconfort et donc que cette situation était PROLONGEABLE ! Bon, ce jour là, ça n'a duré que 10 secondes; après je me suis ressenti mal et j'ai terminé à l'arrache...
La course :
Ah bin oui, j'en fais des tartines mais que voulez vous, c'était mon objectif de l'automne !!!
Régime sans fibre 2 jours avant la course, ça me réussit bien au niveau intestins... Temps un peu maussade, à peine assez frais. Il fait 15-18°, c'est pas mal mais pas tout à fait idéal. La chaussée est mouillée. Il y a beaucoup de monde (15 000 personnes annoncées : beaucoup trop pour l'organisation défaillante de lyon). Malgré cela, je parviens à retrouver Fifi. Heureusement, j'ai son dossard !!! Il n'est pas stressé, on se met gentiment la pression l'un l'autre. Je sais qu'il va partir vite, à 3'50" minimum. Trop rapide pour moi mais je compte bien le garder en ligne de mire et à ce moment là, ne jamais désespérer de le rattraper.
Je retrouve aussi ma soeur, belle-soeur, beau-frères,... Tout ce petit monde fait aussi le semi (ou encourage) . Béné, ma femme, fait aussi le semi. Elle va mettre d'accord ses 2 beau-frères en 1h48, améliorant ainsi son temps réalisé à Annecy, beaucop plus favorable.
Revenons à nos moutons. Il y en a 15 000 sur le départ. Le coup d'envoi est donné, c'est déjà le bordel (même dans le SAS A). Fifi part assez vite, je suis à 10m derrière. Je slalome entre des coureurs à 10 km/h qui étaient dans le sas élite devant nous
J'ai l'impression que ma montre ne marche pas. Elle m'annonce 3'35" au km alors que j'ai l'impression de me traîner (je me suis fort peu échauffer avouons le). Je décide de ne pas m'en occuper, de faire à la sensation. Erreur à mon avis; je vais faire les 3 premiers km en 3'40" ou 3'47" soit mes allures de 10 km. Mon petit coeur bat déjà à 179 (contre 169-171 à l'entrainement sur les allures cibles)
Ralentir ? Je suis bien obligé, voilà le premier pont sur la saône qui casse déjà bien les pattes.
Ralentir vraiment ? Jamais , je suis joueur, j'aimerai bien aller titiller le chrono sous les 1h23 et pour ça, il faut prendre quelques risques. Je garde Fifi en visu à 50 m devant. le coeur est à 179-180, des puls que je n'atteints que rarement à l'entrainement et pas toujours sur 10 km . mais bon, je souffle un peu et les sensations ne sont pas si mauvaises. je sais aussi d'expérience que sans savoir l'expliquer, j'ai toujours 8-10 puls de plus aux mêmes allures sur mes gros objectifs sans que cela se ressente en terme de sensations. je ne suis pas mal comme d'habitude à 180. Alors je reste comme ça.
km5 : ça monte vers la place de l'hotel de ville et le pont sur le rhône cette fois, 300-400 m un peu durs où je maintiens le sacro saint 3'55" tout en voyant bien que c'est déjà dur et que mes jambes se feraient bien un 4' "tranquille" si je puis dire... Premier ravito, je prends la moitié de mon gel, premiers encouragements de mes nièces et ma soeur et juste après sur le pont d'un collègue et coureur...
On se dirige vers le parc de la tête d'or, très belle partie du circuit mais que je revoyais moins difficile, il y a des faux plats, de la terre battue, des montées casse-pattes. Malgré tout, je maintiens les 3'55" jusque dans le parc de la tête d'or, au 10ème km. c'est quand même déjà dur, dès qu'il y a le moindre faux plat, je perds des secondes, que je récupère en m'accrochant aux coureurs qui me doublent, et ils sont nombreux ! preuve s'il en était besoin, que je suis parti trop vite. Je les tiens un peu et les laisse filer doucement.
je ne vois plus Fifi, au moins 200-300 m devant.
Encouragement à mon intention sur le bord; c'est Rémi, un ami... On peut dire que je suis soutenu aujourd'hui mais à ce stade, je vois mal comment je vais finir sans m'écrouler. Déjà mes allures veulent tomber à 4'10" et je relance pour être entre 3'59" (au mieux) et 4'01".
km10 : je finis mon gel, je bois bien et je rattrape malgré tout UN bonhomme qui m'avait doublé 2 km plus tôt, nous avions échangé quelques mots. je fais un bout avec lui, je sens bien qu'il faiblit doucement et qu'à rester avec lui je vais perdre des secondes. je me force à le lâcher doucement au train, je relance, je suis toujours entre 179 et 182. C'est quand même bon pour le moral même si parallèlement je me fais encore doubler mais de plus en plus j'accroche ceux qui me doublent.
km14 : on sort de ce long mais beau parcours dans le parc de la tête d'or. Je connaissais bien le parcours dans ma tête, vu les demi-tours, zig-zag qui vous désorientent, c'était mieux ainsi, j'ai pu garder le moral jusqu'au km 14 pour aborder une très longue ligne quasi droite de 2 km sur une grande avenue. je maintiens toujours mes 4'01" en gros. Ravitaillement au bout de la ligne, je crois apercevoir Fifi au loin. Encore un demi tour après le ravito (que je ne prends pas, juste de l'eau pour humecter la bouche et refroidir la tête). Ce demi tour est l'occasion de constater que Fifi n'est pas si loin. Je suis quand même en sur-régime depuis longtemps mais je me retrouve un peu d'énergie. Lorsque je le croise, je comprends à sa tête qu'il n'est pas bien du tout. j'essaye de lui redonner le moral. Bon, une fois le demi tour fait, je le vois mais mon dieu qu'il est encore loin. Je prends un coup de bambou aussi avec un 17ème km en 4'06", il faut dire que l'on va reprendre 25m de dénivelée en peu de temps en remontant des quais.
J'essaye alors de retrouver, volontairement cette fois, les sensations furtives de la fin de mon 10km : j'essaye de mettre à distance la douleur, de me dire que c'est juste de l'inconfort, que je peux tenir le rythme. A partir de là, je vais doubler davantage que je ne vais me faire doubler; je remonte à 4'01" puis 3'59" dans la longue ligne droite du 19ème km. Fifi n'est plus très loin, je sais que je vais le rattraper. c'est chose faite quelques mètres après un nouveau demi-tour . il se retourne, marche même quelques pas et chose quand même hallucinante pour un gars cramé, relance quand j'arrive à son niveau. Non pour taper le sprint final (on était encore un peu loin pour ça ) mais, je le sens bien, pour me faire le rythme le temps qu'il pourrait tenir. Il ne pense pas alors à finir sa course au mieux mais à aider le copain. Super moment partagé avec lui, en toute camaraderie. Impossible d'échanger un mot cependant; je lui fais un signe pour lui dire que je suis cuit.
je repasse vite devant voyant bien qu'il ne tient plus le rythme. je reste autour de 4' au km.
km20 : encouragements encore de mes nièces "vas y Robin, tu peux encore gagner ". c'était gentils notez bien mais les premiers devaient être arrivé depuis 1/4 d'heure !.
Je suis libéré, je sais que je vais finir à bonne allure car je parviens à ne pas trop m'occuper de la sensation d'inconfort du moment.
C'est là la clé de futurs progrès, je le sens; il y a des vannes à ouvrir
Je suis monté à 183-184, au taquet, cramé, je suis revenu à 3'52". Dans la dernière ligne droite, comme l'an dernier, le collègue coureur du boulot, Frédéric, m'encourage, me dit de tirer sur les bras. Ce que je fais, d'autant que je sens bien que mon temps ne sera pas si extraordinaire que ça par rapport à ce que j'imaginais et que si je veux être SOUS les 1h24, ça risque d'être à la seconde près... Je fais les derniers hectomètres à 3'25" au km et je tente de récupérer tout concurrent récupérable, juste pour m'entrainer à résister et à avoir faim ; ça marche pas complètement mais je suis content. 1h23'45" à ma montre et même 1h23'37" temps réel
J'attends Fifi, plus d'une minute derrière. il est très déçu.
Je relativise avec lui, ce n'était pas son objectif et il est au milieu de sa préparation, encore loin de son pic de forme. Moi j'étais dessus, ça compte pas . On débriefe un peu, on va se ravitailler et très vite je retourne sur la ligne d'arrivée pour tenter de voir tous les copains ou amis arriver.
Je rate Pierre et Jérôme mais parviens à encourager Béné, Albert, Amandine...
Belle journée quand même pour moi. Je mesure qu'il y a encore du travail. Un jour il faudra tenir cette allure là sur marathon ... c'est le rêve
je sais aussi que ce doit être une belle journée pour Cyril. A 11h54, je reviens sur la ligne et dans l'indifférence quasi générale, arrivent les premiers marathoniens, au milieu quasiment des coureurs qui arrivent encore du semi. 11h54 personne; au vu de ce parcours pas très roulant, je ne m'étonne pas, je pense que Cyril fera moins de 3h mais plutôt 2h57-58. Une grande silhouette noire affutée (style rasoir Gilette ) se pointe au bout de la ligne droite vers 11h58, c'est lui. Je l'encourage, je sais que c'est un super moment qu'il vit là, la concrétisation de mois d'effort. Bravo à lui.
Last Edit:il y a 12 ans 1 mois
par robin
Dernière édition: il y a 12 ans 1 mois par robin.
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- rycker
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Encore bravo et merci pour ce CR très complet !
Pour mon semi de dimanche prochain, j'essaierai de garder en tête "que ce que je prenais pour de la douleur n'était qu'un inconfort et donc que cette situation était PROLONGEABLE !". On sens bien que l'un de tes secrets pour tes jolis chronos de l'année 2012 est ta résistance au mal.
Pour mon semi de dimanche prochain, j'essaierai de garder en tête "que ce que je prenais pour de la douleur n'était qu'un inconfort et donc que cette situation était PROLONGEABLE !". On sens bien que l'un de tes secrets pour tes jolis chronos de l'année 2012 est ta résistance au mal.
par Seb35
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- Guéna
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T'es vraiment un grand malade !
Ta capacité à être en burn out total pendant une course est assez stupéfiant , tu n'as décidément pas volé ton surnom !
Tu féliciteras Béné pour son chrono (va falloir que je me sorte les doigts sur bitume si je veux pas qu'elle me mette rapidement une grosse claque à mes chronos
Et sinon, je sais plus trop, c'est quoi ton prochain objo à court terme ?
Ta capacité à être en burn out total pendant une course est assez stupéfiant , tu n'as décidément pas volé ton surnom !
Tu féliciteras Béné pour son chrono (va falloir que je me sorte les doigts sur bitume si je veux pas qu'elle me mette rapidement une grosse claque à mes chronos
Et sinon, je sais plus trop, c'est quoi ton prochain objo à court terme ?
par Guéna
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- AtomHeart
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Félicitations Robin pour ton magnifique chrono, tu t'es bien battu et ton résultat est à la hauteur de ta préparation minutieuse.
Je te remercie également pour ton récit car même si je cours à des milliards d'années lumière de tes allures, je trouve tes analyses très fines et tu décris parfaitement de quelle manière tu peux tirer parti de chaque situation, que ce soit en entrainement ou en compétition. Cela dénote non seulement un mental d'acier - car il faut bien l'admettre, s'auto-convaincre que des sensations épouvantables quand le coeur tape à fond sont uniquement de l'inconfort et pas de la douleur, c'est fort! - mais aussi une vraie intelligence de course.En tout cas, je retire de ton expérience plein de bons conseils pour mes futures épreuves.
Je te remercie également pour ton récit car même si je cours à des milliards d'années lumière de tes allures, je trouve tes analyses très fines et tu décris parfaitement de quelle manière tu peux tirer parti de chaque situation, que ce soit en entrainement ou en compétition. Cela dénote non seulement un mental d'acier - car il faut bien l'admettre, s'auto-convaincre que des sensations épouvantables quand le coeur tape à fond sont uniquement de l'inconfort et pas de la douleur, c'est fort! - mais aussi une vraie intelligence de course.En tout cas, je retire de ton expérience plein de bons conseils pour mes futures épreuves.
par AtomHeart
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- fifi17
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Félicitations, tout mon respect, t'es un vrai chef !!!
par fifi17
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