Marathon de La Rochelle 2011 (Azaer)

Le marathon de La Rochelle s'est bien passé pour moi. La ville est plutôt sympathique et le marathon en centre-ville est très accessible malgré le nombre important de participants (env. 5000 partants je crois). L'organisation est bonne, on voit que c'est rodé pour cette 21e édition.


Petit soucis, je ne pourrai partir au côté de mon père puisqu'il y a deux zones de départs séparées : l'une pour les séniors et les handisports, l'autre pour les vétérans et les femmes. Les deux départs se rejoignent au bout de 3,3 km. J'ai peu de repères chronométriques, je n'ai pas lancé le chrono de ma montre, je n'ai ni cardio ni accéléromètre, et le départ a été donné vers 8h56 au lieu d'un 9h tout rond, ce qui fait que j'oublie rapidement où j'en suis dans mon temps de course. Cela se fera donc au feeling, ce qui n'est pas pour me déplaire. Le premier kilomètre bouchonne complètement, les deux suivants ne sont guère plus rapides. Ensuite, je poursuis très prudemment, trop sans doute, et les kilomètres défilent lentement. Mario, un habitué des courses du Grand Ouest (il en fait une ou deux par semaine) me double vers le 8e km, en poussant son vieux vélo à clochettes et tout son barda. Puis c'est au tour d'un type sur échasses, mais le sol est humide et il sera obligé de baisser un peu de rythme par la suite.
Je cours seul, en EF, très souple, comme si j'attaquais un trail. Mais ce n'est pas le cas, et au passage du 10, l'estimation du temps d'arrivée est cruelle : ils affichent 4h05! Bon, je me sors les doigts du c**, ou plutôt les orteils des chaussettes et je relance un peu. Ma respiration n'est toujours pas perceptible, j'ai bien progressé de ce côté, mais je sens mes quadriceps tirer gentiment (pour l'instant). La dernière séance de vendredi soir a été un peu trop dur apparemment et je n'ai pas bien récupérer. ça ne m'empêche pas de maintenir une allure que j'évalue proche des 11km/h.

Vers le km17, j'aperçois enfin le meneur d'allure 4h, suivi par l'échassier. Slalom au milieu du troupeau des 4h pour poursuivre sur mon allure. En approchant du semi, j'entends que John Komen est sur le point d'en finir, il est au 39ekm. J'accélère un peu, il est hors de question de se faire prendre un tour, fusse par Gebbre! Non mais! Il finira en 2h07’13 », soit 2’ de mieux que le record de l’épreuve.
Pour moi, ce sera le semi en 1h58'30. Pas terrible du tout. Même à cette vitesse, je m'attendais à le passer en 1h55. Je maudis le départ dans le sas blanc, tout au fond, tout au fond des quais. J'ai un retard dingue et la fatigue commence à se faire sentir. Un peu plus tard, nous repassons sous le même tunnel qu'au premier tour, mais plus personne ne joue avec l'écho, les visages se crispent autour de moi et les premières défaillances arrivent.

Et puis, à l’approche du km24, à la faveur d'une petite côte, je vois la tignasse blanche de mon père à 20m devant moi. Alors là, je rêve, je n'aurai jamais imaginé ça. Je le croyais derrière, et je me disais que s'il avait été devant moi à la jonction du départ, je l'aurai repris depuis longtemps déjà. Je parcours les 20m qui nous sépare en trois enjambées, en pleine côte, et je l'interpelle tout de suite : "Mais qu'est-ce que tu fais là???". A sa tête, il a l'air aussi surpris que moi. Il a parcouru le 1er semi aussi rapidement qu’il a terminé le semi de Rennes quelques semaines plus tôt. Nous parcourons quelques centaines de mètres ensemble, mais il commence à fatiguer et me demande de ne pas l’attendre et de continuer ma course, ce que je fais.
Les kilomètres passent et ça devient logiquement de plus en plus dur. Mes quadri tirent de plus en plus alors qu’habituellement je souffre des ischios et des fessiers. Mon épaule droite me gêne également et je dois la délasser de temps en temps. Malgré tout ça et une foulée qui tape de plus en plus, je maintiens l’allure. Autour de moi, les défaillances deviennent nombreuses et je repense à mon 1er marathon à Vincennes l’année dernière. C’est le jour et la nuit, je souffre mais je ne suis pas du tout en perdition.
Je ne peux relancer au 32e comme je l’escomptais, et me contente d’avancer au même rythme. Comme le savent tous ceux qui ont déjà participé à un marathon, le corps s’use petit à petit et le moral suit. Au km37, on repasse dans le centre avec une « petite » boucle de 5km et le finish. C’est « bientôt » fini. Mais cinq kilomètres, ce n’est pas rien. La lassitude s’installe et je regarde les minutes défiler sous mes pas fatigués.

Km40, plus que deux ! Km40, encore deux ! Cela sonne moins bien dit comme ça, mais cela rend mieux la réalité de la course et des impressions. J’entends le speaker annoncer les moins de 3h55, eut pas pour moi.
Puis vient la flamme rouge, le passage sous l’arche qui annonce le dernier kilomètre. J’accélère, et je ne suis pas le seul, alors je relance encore refusant de me faire doubler. Je n’ai plus à craindre les crampes, ni de coup de mou, alors j’avance comme sur un fractionné de 1000m. Mais dieu que cette dernière ligne droite est longue le long du port, ça n’en finit plus de devoir finir. Je passe sous l’arche du fort et toujours rien. Le temps de relâcher un peu l’effort et je vois enfin le tapis bleu, alors je relance une dernière fois histoire de faire bien pour l’arriver et de gratter une dernière place : 3h58

Temps réel : 03:56:41 - Scratch : 03:58:19 - Classement : 2710
Temps de passage (km --- temps --- intermédiaire --- allure)
km5 --- 00:30:50 --- 00'00 --- 6'10/km
km10 --- 00:58:23 --- 27'33 --- 5'31/km
km15 --- 01:25:09 --- 26'46 --- 5'21/km
km21,1 --- 01:58:33 --- 33'24 --- 5'29/km
km25 --- 02:19:56 --- 21'23 --- 5'29/km
km30 --- 02:48:20 --- 28'24 --- 5'41/km
km35 --- 03:16:23 --- 28'03 --- 5'37/km
km42,2 --- 03:58:19 --- 41'56 --- 5'49/km

L’arrêt est brutal et le corps se refroidit immédiatement. Les jambes deviennent durent et je ne peux plus lever le bras droit, mon épaule me fait souffrir d’un coup d’un seul. Les articulations me rappellent qu’elles ont été largement sollicitées et qu’il est grand temps de se reposer.
Alors je ramasse ma médaille (jolie), un petit sachet de ravitaillement, le coupe-vent correct et la bourriche d’huîtres bien méritée. Je m’assois un instant pour récupérer avant de me rendre au RdV CCAP à la bannière « Ré » et je vois déjà passer mon père devant moi. Le temps de me relever, il est perdu dans la foule toute de coupe-vent blanc vêtue. Je vais à la rencontre de Bruno, avec qui j’échange quelques mots. C’est toujours un plaisir de rencontrer les membres du forum et de pouvoir mettre un visage sur des pseudos maintes fois croisés. Nous nous félicitons de notre performance mutuelle, mais je ne suis pas très prolixe à ce moment là et préfère aller m’assoir un peu à l’écart.

Après un bon quart d’heure de récupération, je retrouverai mon père à la bannière « Aix ». Et oui, il entend Aix lorsque tout le monde dit Ré. La fatigue sans doute ! Il rate de peu les moins de 4h avec un très joli 4h04’23 » au scratch (04:03:05 au réel). Nous sommes satisfaits de notre progression sur un an, nous avions mis 4h17 et 4h23 à Vincennes.
Toujours 6’ entre nous, c’est qu’il s’accroche le Padre. Sur cette course, il a même tenté de me battre en sournois.


Encore un « petit » CR, je ne pensais pas avoir autant à raconter d’un marathon route. Il faut croire que j’aime écrire en plus de courir. Ce MdR (Marathon de La Rochelle et non pas Mort de Rire) m’a réconcilié avec les marathons routes, un parcours sympa, roulant et convivial. Je le conseille vivement à tout ceux qui sont intéressés par un marathon en fin de saison.


PS : Je n’aime pas les huîtres, et bien cette fois-ci, j’en ai mangé une dizaine ! Je vous passerai la recette.

Un marathon au feeling complet en moins de 4h, c'est bien ça !
Bravo Azaer

Félicitations Azaer. Elle est lourde la médaille Et puis ce coupe vent il est bien pratique et toujours aussi joli. Tu vas pouvoir le mettre pour tes prochaines courses hivernales.

Bonne récupération et j'espère que la musique du départ t'as donné quelques frissons.

Merci à vous deux.

Pour la musique, je me suis même dit qu'ils nous la collaient à chaque départ et qu'il était temps de trouver mieux que ça. Il y a eu la même au départs des Templiers. Avant c'était "We are the champions" à toutes les sauces, en course à pieds, c'est Vangelis
Mais ce n'est pas le plus important, loin de là. La musique ne m'a pas donné de frissons, mais il faut reconnaître qu'elle fait tout de même son petit effet.
Le coupe-vent est pas mal, et les huîtres très bonnes. J'ai adoré l'esprit des spectateurs tout le long de la course.

Bravo Azaer!!!
Moins de 4h au feeling et sans avoir souffert à priori!
ENORME BRAVO!!!!

Bravo pour la course, partir aussi lentement faudra que je teste. Beau negative split en tous les cas.

Un plus grand bravo encore à ton père. Je sais pas quel age il a mais plus 30 ni même 40. Impressionnant.

Sinon j'ai vu que t'as fait le tri d'Enghein, tu peux me faire un retour ? (J'hésite à l'inscrire à mon programme 2012)