Boston Marathon 2016 - L'incroyable expérience
- Anthony94340
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Boston Marathon 2016 - L'incroyable expérience a été créé par Anthony94340
Posted il y a 8 ans 6 mois #421263
Le 18 avril dernier, pour le Patriots Day, j'ai eu la chance de courir le Marathon de Boston, une expérience inoubliable, que ce soit avant, pendant et après la course, que j'ai souhaité partagé avec vous sur ce forum.
Lorsque j'arrive le samedi 16 avril à l'aéroport de Boston, je scanne mon passeport et un officier me demande : "Vous venez pour le Marathon ?". Dès le départ, le ton est donné. Des affiches publicitaires sont présentes partout dans la ville, les gens exhibent fièrement leurs vestes officielles du Boston Marathon 2016 ou des années précédentes.
Je récupère mon sac coureur et je me rends ensuite dans une épicerie pour acheter une banane . Après avoir payé, le caissier me demande avec un petit sourire : "Tu cours le Boston Marathon ? Tu crois que tu peux me battre ?". Un peu surpris, je lui réponds que je n'en sais rien et il me répond : "Alors rendez-vous sur la ligne de départ lundi, à 10h !".
Très clairement, Boston vit pour son Marathon qui est partout, dans toutes les bouches ! L'ambiance est à des années lumières de ce qu'on peut vivre dans une ville comme Paris.
Je décide ensuite de faire un crochet sur Boylston Street, où la ligne d'arrivée est déjà installée et où des fleurs sont disposées en mémoire des victimes des attentats de 2013. L'émotion est là, inévitablement et elle sera également présente le lendemain matin, à l'occasion d'une dernière sortie de 20 minutes dans le Boston Common, à deux pas de Boylston Street. Impossible de ne pas repenser à ce drame et aux centaines de personnes qui ont été touchées !
Lundi 18 avril, Patriots Day, nous y sommes. Placé dans le premier sas, je dois prendre une navette (en réalité un school bus) entre 6h et 6h30 pour arriver à Hopkinton, au Village des Athlètes, à 7h15. Le départ pour la ligne d'arrivée s'effectue à 9h15 donc pendant 2h, je patiente. Des gels et boissons énergétiques sont proposés, certains dorment, d'autres lisent le journal, mangent des bagels au chocolat (!)... Finalement, l'ambiance est plutôt détendue et le nombre incalculable de WC permet même de faire des allers-retours réguliers, sans devoir faire la queue pendant 45 minutes (suivez mon regard...) ! Je croise également quelques looks originaux : un américain a visiblement prévu de courir en slip, un autre affiche un look assez improbable de hipster avec une barbe énorme... C'est amusant mais qu'on ne s'y trompe pas ! Si ces coureurs sont présents aujourd'hui, c'est qu'ils ont forcément réalisé les minimas et obtenu leur fameux BQ ("Boston Qualifier"). Aucun d'entre eux n'est là par hasard !
9h15, c'est l'heure pour le premier sas d'avancer vers la starting line. Il fait assez chaud et sur le chemin, des habitants d'Hopkinton nous offrent de la crème solaire et même des clémentines. L'hymne américain retentit puis, quelques minutes plus tard, le départ est donné. Je connais (ou je pensais connaître) les difficultés de Boston. Un parcours globalement descendant et quatre collines (dont la fameuse Heartbreak Hill) à franchir entre le 26ème et le 34ème kilomètre. Sauf que le problème, c'est le "globalement" descendant. Le parcours n'est jamais plat. Il monte et descend en permanence, casse littéralement les pattes et avec la chaleur, je comprend très vite que cette course va être extrêmement compliquée. Pour la première fois, je décide donc de ne pas regarder ma montre et de courir à la sensation. L'ambiance, elle, est complètement dingue ! On parle d'un million de spectateurs qui proposent régulièrement de l'eau ou des oranges sur le bord de la route, qui tendent leur main pour un "high five", qui hurlent comme des fous-furieux et qui agitent des pancartes comme "Si Donald Trump peut courir, vous pouvez le faire aussi !" ou encore "J'ai plaqué tous les kenyans donc vous avez toutes vos chances !". En somme, un délire géant qui va atteindre son paroxysme peu après la mi-parcours, aux abords du Wellesley College (le fameux "Scream Tunnel"). Là, une foule d'étudiantes totalement hystériques brandit des pancartes "Kiss me" ou même "Marry me", dans un vacarme assourdissant qu'on peut entendre à plusieurs centaines de mètres !
Je poursuis ma gestion de course jusqu'aux quatre collines, que je franchis à mon rythme. Je sais que derrière, le parcours est "globalement" descendant et que théoriquement, je devrais pouvoir reprendre du temps. Je tente donc d'accélérer après Heartbreak Hill mais le parcours a laissé des traces. Je peine à améliorer ma moyenne et je constate que de nombreux coureurs, victimes de crampes, marchent sur le bord de la route. Je finis donc en serrant les dents jusqu'à Boylston Street, où je franchis la ligne d'arrivée après 3h16 de souffrance.
C'est mon plus mauvais temps sur marathon mais au vu de la difficulté du parcours, je m'y étais préparé. Pour battre son record, on va à Berlin, à Londres ou à Chicago. On ne va pas à Boston. La beauté de l'expérience vécue sur cette 120ème édition du plus vieux marathon annuel du monde prend donc aisément le pas sur la relative déception du résultat.
Pour la petite histoire, un Monsieur nommé Patrick Downes a réussi à boucler le Boston Marathon en moins de 6h (limite de comptabilisation des résultats), après avoir perdu une jambe dans les attentats de 2013. Chapeau bas.
De retour à l’hôtel, médaille autour du cou, je constate qu'un cadre a été posé sur la table de ma chambre avec mon nom, mon résultat et un message de félicitations. Une petite carte, signée par l'ensemble du staff de l’hôtel, est également présente. Une attention toute particulière, impensable à Paris ou ailleurs.
Après la course, j'observe que la plupart des finishers affichent fièrement leur médaille en ville. Je décide donc d'en faire de même et les gens m'arrêtent régulièrement dans la rue ou dans le métro pour me féliciter (même le lendemain ou le surlendemain de la course) ! Encore une fois, Boston vit pour son Marathon et ce n'est pas le message "Plus que 362 jours avant le Boston Marathon 2017 !", affiché à l'entrée d'une boutique de running sur Boylston Street quelques jours après la course, qui me convaincra du contraire.
J'ai couru le Boston Marathon 2016 à la fois pour le défi d'obtenir le fameux "BQ" et pour rendre hommage aux victimes de 2013. J'ai été profondément marqué par cette expérience qui, pour moi, a été bien plus qu'une simple course. Je sais qu'il n'est malheureusement pas permis à tout le monde d'y participer (ce qui, il faut le reconnaître, contribue également à sa magie) mais je recommande à quiconque en a les capacité de vivre cette formidable expérience, dont je n'ai finalement reporté ici que les grandes lignes (je suis passé, entre autres, sur la soirée d'après-course organisée au Fenway Park, l'enceinte des Red Sox ou encore sur le certificat que la Boston Athletic Association prévoit d'envoyer au domicile de chaque finisher dans les deux mois qui suivent la course).
J'espère que vous avez pris plaisir à lire ce récit et qu'il renforcera notre passion commune : la course à pied !
Lorsque j'arrive le samedi 16 avril à l'aéroport de Boston, je scanne mon passeport et un officier me demande : "Vous venez pour le Marathon ?". Dès le départ, le ton est donné. Des affiches publicitaires sont présentes partout dans la ville, les gens exhibent fièrement leurs vestes officielles du Boston Marathon 2016 ou des années précédentes.
Je récupère mon sac coureur et je me rends ensuite dans une épicerie pour acheter une banane . Après avoir payé, le caissier me demande avec un petit sourire : "Tu cours le Boston Marathon ? Tu crois que tu peux me battre ?". Un peu surpris, je lui réponds que je n'en sais rien et il me répond : "Alors rendez-vous sur la ligne de départ lundi, à 10h !".
Très clairement, Boston vit pour son Marathon qui est partout, dans toutes les bouches ! L'ambiance est à des années lumières de ce qu'on peut vivre dans une ville comme Paris.
Je décide ensuite de faire un crochet sur Boylston Street, où la ligne d'arrivée est déjà installée et où des fleurs sont disposées en mémoire des victimes des attentats de 2013. L'émotion est là, inévitablement et elle sera également présente le lendemain matin, à l'occasion d'une dernière sortie de 20 minutes dans le Boston Common, à deux pas de Boylston Street. Impossible de ne pas repenser à ce drame et aux centaines de personnes qui ont été touchées !
Lundi 18 avril, Patriots Day, nous y sommes. Placé dans le premier sas, je dois prendre une navette (en réalité un school bus) entre 6h et 6h30 pour arriver à Hopkinton, au Village des Athlètes, à 7h15. Le départ pour la ligne d'arrivée s'effectue à 9h15 donc pendant 2h, je patiente. Des gels et boissons énergétiques sont proposés, certains dorment, d'autres lisent le journal, mangent des bagels au chocolat (!)... Finalement, l'ambiance est plutôt détendue et le nombre incalculable de WC permet même de faire des allers-retours réguliers, sans devoir faire la queue pendant 45 minutes (suivez mon regard...) ! Je croise également quelques looks originaux : un américain a visiblement prévu de courir en slip, un autre affiche un look assez improbable de hipster avec une barbe énorme... C'est amusant mais qu'on ne s'y trompe pas ! Si ces coureurs sont présents aujourd'hui, c'est qu'ils ont forcément réalisé les minimas et obtenu leur fameux BQ ("Boston Qualifier"). Aucun d'entre eux n'est là par hasard !
9h15, c'est l'heure pour le premier sas d'avancer vers la starting line. Il fait assez chaud et sur le chemin, des habitants d'Hopkinton nous offrent de la crème solaire et même des clémentines. L'hymne américain retentit puis, quelques minutes plus tard, le départ est donné. Je connais (ou je pensais connaître) les difficultés de Boston. Un parcours globalement descendant et quatre collines (dont la fameuse Heartbreak Hill) à franchir entre le 26ème et le 34ème kilomètre. Sauf que le problème, c'est le "globalement" descendant. Le parcours n'est jamais plat. Il monte et descend en permanence, casse littéralement les pattes et avec la chaleur, je comprend très vite que cette course va être extrêmement compliquée. Pour la première fois, je décide donc de ne pas regarder ma montre et de courir à la sensation. L'ambiance, elle, est complètement dingue ! On parle d'un million de spectateurs qui proposent régulièrement de l'eau ou des oranges sur le bord de la route, qui tendent leur main pour un "high five", qui hurlent comme des fous-furieux et qui agitent des pancartes comme "Si Donald Trump peut courir, vous pouvez le faire aussi !" ou encore "J'ai plaqué tous les kenyans donc vous avez toutes vos chances !". En somme, un délire géant qui va atteindre son paroxysme peu après la mi-parcours, aux abords du Wellesley College (le fameux "Scream Tunnel"). Là, une foule d'étudiantes totalement hystériques brandit des pancartes "Kiss me" ou même "Marry me", dans un vacarme assourdissant qu'on peut entendre à plusieurs centaines de mètres !
Je poursuis ma gestion de course jusqu'aux quatre collines, que je franchis à mon rythme. Je sais que derrière, le parcours est "globalement" descendant et que théoriquement, je devrais pouvoir reprendre du temps. Je tente donc d'accélérer après Heartbreak Hill mais le parcours a laissé des traces. Je peine à améliorer ma moyenne et je constate que de nombreux coureurs, victimes de crampes, marchent sur le bord de la route. Je finis donc en serrant les dents jusqu'à Boylston Street, où je franchis la ligne d'arrivée après 3h16 de souffrance.
C'est mon plus mauvais temps sur marathon mais au vu de la difficulté du parcours, je m'y étais préparé. Pour battre son record, on va à Berlin, à Londres ou à Chicago. On ne va pas à Boston. La beauté de l'expérience vécue sur cette 120ème édition du plus vieux marathon annuel du monde prend donc aisément le pas sur la relative déception du résultat.
Pour la petite histoire, un Monsieur nommé Patrick Downes a réussi à boucler le Boston Marathon en moins de 6h (limite de comptabilisation des résultats), après avoir perdu une jambe dans les attentats de 2013. Chapeau bas.
De retour à l’hôtel, médaille autour du cou, je constate qu'un cadre a été posé sur la table de ma chambre avec mon nom, mon résultat et un message de félicitations. Une petite carte, signée par l'ensemble du staff de l’hôtel, est également présente. Une attention toute particulière, impensable à Paris ou ailleurs.
Après la course, j'observe que la plupart des finishers affichent fièrement leur médaille en ville. Je décide donc d'en faire de même et les gens m'arrêtent régulièrement dans la rue ou dans le métro pour me féliciter (même le lendemain ou le surlendemain de la course) ! Encore une fois, Boston vit pour son Marathon et ce n'est pas le message "Plus que 362 jours avant le Boston Marathon 2017 !", affiché à l'entrée d'une boutique de running sur Boylston Street quelques jours après la course, qui me convaincra du contraire.
J'ai couru le Boston Marathon 2016 à la fois pour le défi d'obtenir le fameux "BQ" et pour rendre hommage aux victimes de 2013. J'ai été profondément marqué par cette expérience qui, pour moi, a été bien plus qu'une simple course. Je sais qu'il n'est malheureusement pas permis à tout le monde d'y participer (ce qui, il faut le reconnaître, contribue également à sa magie) mais je recommande à quiconque en a les capacité de vivre cette formidable expérience, dont je n'ai finalement reporté ici que les grandes lignes (je suis passé, entre autres, sur la soirée d'après-course organisée au Fenway Park, l'enceinte des Red Sox ou encore sur le certificat que la Boston Athletic Association prévoit d'envoyer au domicile de chaque finisher dans les deux mois qui suivent la course).
J'espère que vous avez pris plaisir à lire ce récit et qu'il renforcera notre passion commune : la course à pied !
Last Edit:il y a 8 ans 6 mois
par Anthony94340
Dernière édition: il y a 8 ans 6 mois par Anthony94340.
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- Tortue géniale
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Réponse de Tortue géniale sur le sujet Boston Marathon 2016 - L'incroyable expérience
Posted il y a 8 ans 6 mois #421278
Plaisir à lire ce récit ? Absolument !
par Tortue géniale
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- Patrick57
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Réponse de Patrick57 sur le sujet Boston Marathon 2016 - L'incroyable expérience
Posted il y a 8 ans 6 mois #421279
Bravo Anthony pour ce très joli marathon et merci de nous avoir relaté ta course sur le forum !!
Une course pas facile au final, mais tu l'as faite et avec un très joli chrono tout de même !
Bravo et respect à Mr Patrick Downes pour son exploit !!
Un bel hommage, avec ta course, rendu aux victimes de cet attentats il y a 3 ans ! Chapeau !!
Une expérience inoubliable dans une ville qui vit son marathon !
Encore bravo Anthony et à nouveau merci pour ton très joli récit !!
Bonne suite de récup !
Une course pas facile au final, mais tu l'as faite et avec un très joli chrono tout de même !
Bravo et respect à Mr Patrick Downes pour son exploit !!
Un bel hommage, avec ta course, rendu aux victimes de cet attentats il y a 3 ans ! Chapeau !!
Une expérience inoubliable dans une ville qui vit son marathon !
Encore bravo Anthony et à nouveau merci pour ton très joli récit !!
Bonne suite de récup !
par Patrick57
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- Marc_M
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Réponse de Marc_M sur le sujet Boston Marathon 2016 - L'incroyable expérience
Posted il y a 8 ans 6 mois #421306
Bravo pour ce résultat et pour avoir tenté et réussi cette aventure ! Clairement ca donne envie.
Merci pour le récit !
Merci pour le récit !
par Marc_M
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- joelDi
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Réponse de joelDi sur le sujet Boston Marathon 2016 - L'incroyable expérience
Posted il y a 8 ans 6 mois #421364
Merci pour le récit plein d'émotions et bravo pour ta course.
par joelDi
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- celtics06
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Réponse de celtics06 sur le sujet Boston Marathon 2016 - L'incroyable expérience
Posted il y a 8 ans 6 mois #421371
Bravo et merci pour ce récit trés intéressant.
je devrais le faire l'année prochaine, cela donne plus qu'envie
je devrais le faire l'année prochaine, cela donne plus qu'envie
par celtics06
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