Marathon de Bruges sous le soleil
- joelDi
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Pour la première fois depuis que j'ai commencé le running, je fais une infidélité à la course de mon coeur, les Crêtes la hulpoises, pour participer au marathon de Bruges. J'ai un sérieux contentieux à régler avec cette distance car après ma première expérience en 2015, j'ai enchaîné les tuiles avec une prépa qui se termine en angine à 3 jours de l'échéance en 2016, un abandon au 33e km en 2017 et un marathon de Barcelone terminé dans la douleur en 4h05 à Barcelone en mars 2018, en partie à cause d'un rhume contracté au plus mauvais moment.
Cette fois, tous les voyants sont au vert après une préparation basée sur 5 séances / semaine à laquelle mon corps a réagi sans broncher. La dernière semaine, je maximise mon repas et même l'ultime nuit, j'arrive à trouver le sommeil sans peine.
Le dimanche, les conditions s'annoncent idéales : soleil mais sans chaleur excessive (max 14°), vent inexistant et un parcours plat, avec de noirs clochers pour uniques montagnes. Mon objectif minimum est de passer sous la barre des 4 heures, le rêve étant d'accrocher un chrono à 3h45 (soit 5'19/km). A cette fin, je me suis entraîné à un rythme de 5'12/km, histoire de compenser les inévitables mètres supplémentaires du parcours. Plein de confiance, je me place donc juste derrière les meneurs d'allure 3h45 en espérant qu'ils se montrent réguliers.
La meute est lancée
A 9h00 pile, le départ est donné par Koen Naert, récente champion d'Europe du marathon. D'emblée, les sensations sont bonnes mais je constate que les meneurs ont manifestement des fourmis dans les jambes. Je les laisse donc prendre un peu le large, d'autant plus que les rues du centre de la Venise du Nord et les chemins enpierrés des parcs empruntés sont un peu trop étroit pour le groupe compact des prétendants aux 3h45. Je ne m'emballe donc pas et je cours au cardio, à un bon rythme. Les 2 meneurs se montrent un peu irréguliers et par moment je reviens à la hauteur, à d'autres je me fais légèrement distancer. (1-5 km : 25'42).
Aux alentours de la 5e borne, on sort de la ville et on se retrouve sur la seule partie un peu laide du parcours, le long d'une zone industrielle. Je porte mon regard sur l'autre côté de la route, bien plus bucolique avec ses pâtures qui s'étendent au loin. Les meneurs ont désormais trouvé leur rythme de croisière. Pour ma part, constatant que ma FC est totalement sous contrôle, je garde mon allure et insensiblement je distance mètre après mètre le peloton des 3h45. (6-10 km : 26'11 – total 51'53)
En totale aisance
Les kilomètres défilent rapidement, je ne vois pas le temps passer, c'est bon signe. Je me concentre sur mon rythme et sur mon alimentation. Au 15e, j'entends au loin le son d'une cornemuse. On pénètre alors dans le village de Lissewege, que l'on traverse sur de superbes ruelles pavées, au milieu de maisons traditionnelles et entre deux haies de villageois enthousiastes. Ce parfum de Tour des Flandres cyclistes fait chaud au coeur et reste gravé dans ma mémoire. Au niveau de la course, RAS avec une allure toujours sous contrôle et aucun signe de fatigue prématurée. (11–15 km : 25'58 – total 1h17'51).
La seule ombre au tableau est la « dérive GPS ». Les mètres supplémentaires s'accumulent et je me prépare mentalement à tenir 500 mètres de plus à la montre. Les positions commencent à se figer dans le peloton et je cours au même rythme que 2 Français de l'Aisne qui feront encore une longue partie du parcours à mes côtés. Au 17e, je retrouve ma petite famille dont les encouragements sont les bienvenus, de même que le ravitaillement en boisson isotonique que me procure mon fils. On débouche alors sur un partie de parcours où l'on croise les premiers déjà bien engagés sur le chemin du retour. J'admire leur foulée tout en restant concentré sur ma propre allure. (16–20 km : 25'53 – total 1h43'44).
Toujours dans la course
La mi-course s'approche, et je me sens toujours frais. Rien à voir avec les sensations éprouvées à Barcelone. On va alors longer la mer sur la digue et rapidement faire demi-tour pour repartir vers Bruges. Je croise les drapeaux des 3h45 et constate que j'ai 300 à 400 mètres d'avance sur eux. Je suis satisfait d'avoir un petit matelas en cas de coup dur en fin de course. Je suis toujours au contact des 2 Français mais petit-à-petit ils vont creuser un écart de quelques mètres. Je consulte ma montre et vois que ce sont eux qui ont accéléré et que mon rythme reste régulier. (21-25 km : 25'43 – total 2h09'27).
J'ai eu raison de ne pas m'accrocher à eux car au ravitaillement suivant, ils ralentissent alors que moi, grâce à la bouteille que j'ai à la main, je ne dois pas m'arrêter. Je reviens donc sans effort dans leur sillage. Au 26e, je repasse devant ma famille et mon fils me donne une nouvelle bouteille que je garderai jusqu'à la fin. Les 2/3 de la course approchent et le cardio franchit la barre des 150 pulsations. La fatigue s'installe insidieusement, mais la tête est bien décidée à tenir. Maintenant, c'est kilomètre après kilomètre. Chaque panneau franchi en ayant réussi à garder mon rythme me rapproche de l'objectif. Je passe au 30e en me sentant capable d'aller au bout et en étant certain d'y arriver en moins de 4 heures. (26-30 km : 25'44 – total 2h35'11).
Les choses sérieuses commencent
Je poursuis mon décompte kilomètre par kilomètre. Cette fois, ils défilent moins vite dans mon esprit. Je commence à dépasser des concurrents à la dérive et cette fois c'est moi qui distance mes 2 compagnons de route de l'Aisne. Un coup d'oeil derrière moi me permet de constater que la distance qui me sépare du peloton 3h45 s'est agrandie. Je commence à croire aux 3h45. Au 35e, je suis toujours bien dans les temps, mais les jambes se mettent à couiner et je dois forcer pour tenir le rythme. (31-35 km : 25'44 – total 3h00'55)
Le 37e kilomètre marque un tournant car je commence insensiblement à faiblir. Galvanisé toutefois par la perspective de réussir mon objectif le plus ambitieux, je m'accroche, je relance dès que je suis dépassé par un coureur plus frais que moi. Cela devient vraiment dur, mais je me visualise sur la ligne d'arrivée levant les bras au ciel avec mon objectif dans la poche. Cette image mentale positive m'aide un peu à surmonter la douleur qui devient réelle. J'arrive à limiter la casse jusqu'au 40è, même si mon allure flanche un peu. (36-40 km : 27'02 – total 3h27'57)
Le final
La fin, 2,5 kilomètre à peu près à ma montre, n'est plus qu'une bataille mentale. Je sais que si je continue à courir jusqu'au bout, même en craquant, j'aurai atteint mon Graal. Chaque foulée m'amène vers la délivrance et la vue du Beffroi de Bruges qui se rapproche me permet de m'accrocher. Au plus je suis proche de l'arrivée au plus mes jambes me font mal et juste au moment où je franchis la ligne d'arrivée, une crampe m'assaille. C'est donc clopin-clopant que je vais chercher ma médaille et le ravitaillement avant de m'asseoir sur la première bordure libre. Je peux enfin savourer ma course et les larmes de joie me montent aux yeux. (41-42,6 : 15'03 total 3h43'04)
J'aperçois alors ma compagne de route qui a fini dans le même temps que moi, record battu pour elle aussi. Par contre, son compagnon de club a craqué.
Après la course
Mon pote Nico faisait également le marathon et visait 3h30, objectif plus que rempli avec 3h25. Nos femmes vont nous chercher une bière bien mérité et tout en la dégustant nous parlons déjà du prochain... Berlin 2019, si le tirage au sort nous sourit.
Cette fois, tous les voyants sont au vert après une préparation basée sur 5 séances / semaine à laquelle mon corps a réagi sans broncher. La dernière semaine, je maximise mon repas et même l'ultime nuit, j'arrive à trouver le sommeil sans peine.
Le dimanche, les conditions s'annoncent idéales : soleil mais sans chaleur excessive (max 14°), vent inexistant et un parcours plat, avec de noirs clochers pour uniques montagnes. Mon objectif minimum est de passer sous la barre des 4 heures, le rêve étant d'accrocher un chrono à 3h45 (soit 5'19/km). A cette fin, je me suis entraîné à un rythme de 5'12/km, histoire de compenser les inévitables mètres supplémentaires du parcours. Plein de confiance, je me place donc juste derrière les meneurs d'allure 3h45 en espérant qu'ils se montrent réguliers.
La meute est lancée
A 9h00 pile, le départ est donné par Koen Naert, récente champion d'Europe du marathon. D'emblée, les sensations sont bonnes mais je constate que les meneurs ont manifestement des fourmis dans les jambes. Je les laisse donc prendre un peu le large, d'autant plus que les rues du centre de la Venise du Nord et les chemins enpierrés des parcs empruntés sont un peu trop étroit pour le groupe compact des prétendants aux 3h45. Je ne m'emballe donc pas et je cours au cardio, à un bon rythme. Les 2 meneurs se montrent un peu irréguliers et par moment je reviens à la hauteur, à d'autres je me fais légèrement distancer. (1-5 km : 25'42).
Aux alentours de la 5e borne, on sort de la ville et on se retrouve sur la seule partie un peu laide du parcours, le long d'une zone industrielle. Je porte mon regard sur l'autre côté de la route, bien plus bucolique avec ses pâtures qui s'étendent au loin. Les meneurs ont désormais trouvé leur rythme de croisière. Pour ma part, constatant que ma FC est totalement sous contrôle, je garde mon allure et insensiblement je distance mètre après mètre le peloton des 3h45. (6-10 km : 26'11 – total 51'53)
En totale aisance
Les kilomètres défilent rapidement, je ne vois pas le temps passer, c'est bon signe. Je me concentre sur mon rythme et sur mon alimentation. Au 15e, j'entends au loin le son d'une cornemuse. On pénètre alors dans le village de Lissewege, que l'on traverse sur de superbes ruelles pavées, au milieu de maisons traditionnelles et entre deux haies de villageois enthousiastes. Ce parfum de Tour des Flandres cyclistes fait chaud au coeur et reste gravé dans ma mémoire. Au niveau de la course, RAS avec une allure toujours sous contrôle et aucun signe de fatigue prématurée. (11–15 km : 25'58 – total 1h17'51).
La seule ombre au tableau est la « dérive GPS ». Les mètres supplémentaires s'accumulent et je me prépare mentalement à tenir 500 mètres de plus à la montre. Les positions commencent à se figer dans le peloton et je cours au même rythme que 2 Français de l'Aisne qui feront encore une longue partie du parcours à mes côtés. Au 17e, je retrouve ma petite famille dont les encouragements sont les bienvenus, de même que le ravitaillement en boisson isotonique que me procure mon fils. On débouche alors sur un partie de parcours où l'on croise les premiers déjà bien engagés sur le chemin du retour. J'admire leur foulée tout en restant concentré sur ma propre allure. (16–20 km : 25'53 – total 1h43'44).
Toujours dans la course
La mi-course s'approche, et je me sens toujours frais. Rien à voir avec les sensations éprouvées à Barcelone. On va alors longer la mer sur la digue et rapidement faire demi-tour pour repartir vers Bruges. Je croise les drapeaux des 3h45 et constate que j'ai 300 à 400 mètres d'avance sur eux. Je suis satisfait d'avoir un petit matelas en cas de coup dur en fin de course. Je suis toujours au contact des 2 Français mais petit-à-petit ils vont creuser un écart de quelques mètres. Je consulte ma montre et vois que ce sont eux qui ont accéléré et que mon rythme reste régulier. (21-25 km : 25'43 – total 2h09'27).
J'ai eu raison de ne pas m'accrocher à eux car au ravitaillement suivant, ils ralentissent alors que moi, grâce à la bouteille que j'ai à la main, je ne dois pas m'arrêter. Je reviens donc sans effort dans leur sillage. Au 26e, je repasse devant ma famille et mon fils me donne une nouvelle bouteille que je garderai jusqu'à la fin. Les 2/3 de la course approchent et le cardio franchit la barre des 150 pulsations. La fatigue s'installe insidieusement, mais la tête est bien décidée à tenir. Maintenant, c'est kilomètre après kilomètre. Chaque panneau franchi en ayant réussi à garder mon rythme me rapproche de l'objectif. Je passe au 30e en me sentant capable d'aller au bout et en étant certain d'y arriver en moins de 4 heures. (26-30 km : 25'44 – total 2h35'11).
Les choses sérieuses commencent
Je poursuis mon décompte kilomètre par kilomètre. Cette fois, ils défilent moins vite dans mon esprit. Je commence à dépasser des concurrents à la dérive et cette fois c'est moi qui distance mes 2 compagnons de route de l'Aisne. Un coup d'oeil derrière moi me permet de constater que la distance qui me sépare du peloton 3h45 s'est agrandie. Je commence à croire aux 3h45. Au 35e, je suis toujours bien dans les temps, mais les jambes se mettent à couiner et je dois forcer pour tenir le rythme. (31-35 km : 25'44 – total 3h00'55)
Le 37e kilomètre marque un tournant car je commence insensiblement à faiblir. Galvanisé toutefois par la perspective de réussir mon objectif le plus ambitieux, je m'accroche, je relance dès que je suis dépassé par un coureur plus frais que moi. Cela devient vraiment dur, mais je me visualise sur la ligne d'arrivée levant les bras au ciel avec mon objectif dans la poche. Cette image mentale positive m'aide un peu à surmonter la douleur qui devient réelle. J'arrive à limiter la casse jusqu'au 40è, même si mon allure flanche un peu. (36-40 km : 27'02 – total 3h27'57)
Le final
La fin, 2,5 kilomètre à peu près à ma montre, n'est plus qu'une bataille mentale. Je sais que si je continue à courir jusqu'au bout, même en craquant, j'aurai atteint mon Graal. Chaque foulée m'amène vers la délivrance et la vue du Beffroi de Bruges qui se rapproche me permet de m'accrocher. Au plus je suis proche de l'arrivée au plus mes jambes me font mal et juste au moment où je franchis la ligne d'arrivée, une crampe m'assaille. C'est donc clopin-clopant que je vais chercher ma médaille et le ravitaillement avant de m'asseoir sur la première bordure libre. Je peux enfin savourer ma course et les larmes de joie me montent aux yeux. (41-42,6 : 15'03 total 3h43'04)
J'aperçois alors ma compagne de route qui a fini dans le même temps que moi, record battu pour elle aussi. Par contre, son compagnon de club a craqué.
Après la course
Mon pote Nico faisait également le marathon et visait 3h30, objectif plus que rempli avec 3h25. Nos femmes vont nous chercher une bière bien mérité et tout en la dégustant nous parlons déjà du prochain... Berlin 2019, si le tirage au sort nous sourit.
par joelDi
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- Patrick57
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Réponse de Patrick57 sur le sujet Marathon de Bruges sous le soleil
Posted il y a 6 ans 3 semaines #503996
Superbe récit et superbe course Joël !!
Enfin tu as atteint ton objectif tant désiré et tellement mérité !!
Une bien belle gestion de course et une météo idéale qui ne t'aura pas handicapé ce coup-ci.
Un grand bravo à Nico aussi, une superbe perf à son actif également !!
Encore bravo et bonne récup à tous les 2 !
PS: ... on croise les doigts pour Berlin
Enfin tu as atteint ton objectif tant désiré et tellement mérité !!
Une bien belle gestion de course et une météo idéale qui ne t'aura pas handicapé ce coup-ci.
Un grand bravo à Nico aussi, une superbe perf à son actif également !!
Encore bravo et bonne récup à tous les 2 !
PS: ... on croise les doigts pour Berlin
par Patrick57
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- Kélilan
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Réponse de Kélilan sur le sujet Marathon de Bruges sous le soleil
Posted il y a 6 ans 3 semaines #504010
Bravo pour cette grosse perf, et enfin un chrono récompensant ta prépa !
par Kélilan
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- Cyril27
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Réponse de Cyril27 sur le sujet Marathon de Bruges sous le soleil
Posted il y a 6 ans 3 semaines #504014
Merci beaucoup pour ce jolie récit, et encore bravo pour cette course maîtrisée de bout en bout!
par Cyril27
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- luc33
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Réponse de luc33 sur le sujet Marathon de Bruges sous le soleil
Posted il y a 6 ans 3 semaines #504039
belle course et beau récit ! bravo
par luc33
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- Cousto91
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Réponse de Cousto91 sur le sujet Marathon de Bruges sous le soleil
Posted il y a 6 ans 1 semaine #504508
Ouah j'avais loupé ça, merci pour ce superbe récit Joel, et quel plaisir de lire battre ton RP.
Bravo
Bravo
par Cousto91
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