UTMB : il y a 6 ans c'était : "même pas en rêve"
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UTMB : il y a 6 ans c'était : "même pas en rêve" a été créé par Olrik
Posted il y a 7 ans 2 mois #483629
UTMB, il y a 6 ans ce n’était même pas en rêve.
Rappel de mon historique de course à pied :
2002/3 : 1ers dossards sur des courses de 4 à 5 kms
2004/5 : 1ers 10 kms
2006 : 1er semi, 1er Morat-Fribourg
2007 : 1er 20 kms de Lausanne et 1er marathon
2008 : 1er Sierre-Zinal
2011 : marathon de NY et 1ère SaintéLyon
2012 : 1er trail
2013 : 1ère année avec plusieurs trails et 1ère tentative pour participer à la CCC (Courmayeur- Champex-Chamonix)
2014 : 1ère arrivée à Chamonix via la CCC
2015 : 10ème marathon et transmission du virus du trail à Stéphane (Mezos dit Poto) puis 2ème arrivée à Chamonix via la TDS
2016 : 1ers abandons (X-Alpine de Verbier et Echappée Belle) et 1ère tentative pour participer à l’UTMB
2017 : UTMB et 20 kms de Tours
J’en déduis que celui ou celle qui aurait effectué son 1er Sierre-Zinal cette année ou l’effectuera en 2018 peut déjà programmer son 1er séjour à Chamonix pour 2023-2024.
Vendredi 7h30 Chamonix
Le début d’une journée que je craignais longue. En fait je n’ai rien vu passer.
Entre la préparation des sacs, les repas, la ballade aux stands, Facebook, le forum et autres WhatsApp je n’ai pas eu le temps (ni l’envie) d’ouvrir un des nombreux livres que j’avais pris avec moi.
D’autant plus que mon frère Stéphane (avec qui j’ai effectué deux belles sorties de préparation cet été) est venu me rejoindre vers 16h00 afin de m’accompagner jusqu’au départ.
Vendredi 17h30 Chamonix
Quand il faut y aller il faut y aller. Le ciel est couvert mais il ne pleut pas. Des précipitations sont annoncées vers 20h00-20h30. Vu l’ambiance glaciale prévue sur les sommets qui nous attend cette nuit, je pars en long, c’est tout ça de moins dans le sac. J’ai pris une 2ème seconde couche chaude qui me sera fort utile lors de cette première nuit. Et la 2ème aussi d’ailleurs.
La place du Triangle de l’Amitié est pleine une heure avant le départ. Des supporters sont mélangés aux coureurs. La plupart des participants sont debout, quelques uns assis dans les bords. Je choisis cette dernière solution ne me voyant pas stagner sur place pendant 60 minutes.
L’ambiance monte. Le briefing de Mme Poletti a lieu à 18h00. Il se résume à froid-neige-vent-pluie, confirmations des deux principales modifications du parcours et des nouvelles BH.
Mon frère est parti se placer sur la droite de la route à la sortie de Chamonix afin d’espérer me voir passer.
L’ambiance a l’air détendue chez les ténors, KJ n’arrête pas de faire le clown en étant en direct sur Facebook. L’atmosphère est plus concentrée chez les populaires.
18h15, les supporters doivent laisser la place aux seuls forçats qui vont s’élancer tout soudain pour une aventure dont il est difficile d’imaginer ce qu’elle peut donner.
Vendredi 18h30, toujours Chamonix
C’est parti……enfin comme dans tout gros peloton (2537 partants), on n’avance pas tout de suite, puis uniquement au pas quasiment jusqu’à la sortie de la zone piétonne. Ambiance de fou. Comme d’ailleurs dans les prochaines arrivées urbaines (Les Houches, St-Gervais, Les Contamines).
J’arrive sans difficulté à voir mon frère et c’est parti en direction des Houches
Environ 8 kms le long de l’Arve sur le final de la TDS que j’avais emprunté en 2015. On avance correctement, je marche dans les quelques montées, je cours le reste du temps. Les 1ers sont à 15 km/h !!! Je me fais gentiment à l’idée que le podium ne sera pas pour moi. Enfin pas celui-ci……..
Je suis parti en queue de peloton et malgré tout je me fais dépasser par des centaines de milliers de concurrents. En plus je dois déjà m’arrêter pour un besoin naturel.
J’avais prévu environ 1 heure sur cette portion. J’arrive malgré tout à ce 1er ravito à peu près dans ces eaux.
Jusqu’ici tout va bien si ce n’est qu’il a commencé à pleuvoir peu avant. J’ai donc mis ma veste imperméable. Je ne le sais pas encore mais elle ne va quasiment plus me quitter.
Jusqu'ici tout va bien
On voit même mon frère !!!
Arrive, enfin, la 1ère montée. Direction Le Délevret par le col de la Voza. J’avais reconnu cette partie.
Cela m’a servi. Il y a quelques ralentissements au début car les singles apparaissent.
Au 2/3 de cette montée on va passer en mode nuit. J’avais prévu de mettre la petite lampe pour les montées et la grande pour les descentes. Ca c’est la théorie. En pratique je garderai la grande, en variant l’intensité, jusqu’aux Chapieux.
Arrivée au sommet en 2h20 (prévu 2h25) pour ces 14 premiers kms avec 870 D+ et 160 D-
Vendredi 20h50 Le Délevret
Après une partie qui ressemble à du plat c’est direction St-Gervais via une piste de ski droit dans la pente. C’est très humide mais pas encore trop boueux. La piste fait place à un chemin forestier, puis du bitume qui s’éternise avant d’arriver au 1er vrai ravito où je ne passerai pas plus que les 5’ prévues.
1h10 pour cette partie de 7,6 kms 85 D+ et surtout 1000 D- c’est un peu plus que les 55’ prévues
Rien de bien grave, je m’en doutais un peu et repars avec 25’ d’avance sur la BH.
Vendredi 22h05 St-Gervais
En route pour une partie que je ne connais pas entre St-Gervais et Les Contamines un peu plus de 10 kms avec 570 D+ dont une belle grimpette vers la fin et 240 D-. Rien de bien spécial sur cette portion. Chemins forestiers, on n’est pas encore dans la montagne, ça va venir.
Parcours effectué pile dans les temps prévus. J’avais estimé qu’une pause de 10’ devrait suffire. Je n’ai pas dû faire plus. Toujours 25’ d’avance sur la BH.
Et une centaine d’abandons à ce stade
Samedi 00h05 Les Contamines
Encore quelques kilomètres jusqu’à Notre Dame de la Gorge et nous allons entrer dans le vif du sujet.
Lors de la TDS en 2015, j’ai effectué en sens inverse le chemin entre Les Contamines et Notre Dame, j’avoue ne pas m’en souvenir du tout. A ma décharge j’en étais à 24 heures de course et ce n’est pas un bout qui marque les esprits.
Depuis Notre Dame, les choses sérieuses commencent. J’ai reconnu cette partie jusqu’au refuge de la Croix du Bonhomme, cela me sera encore une fois utile pour appréhender les divers changements de pente.
On nous annonce une température négative (moins 9 ressenti !) au col du bonhomme. Après il y a encore 30’ jusqu’au refuge dans une partie un peu plus technique que la moyenne.
Avant ça il faut arrive au ravitaillement de la Balme. Soit 8 kms depuis les Contamines avec 560 D+ et 10 D- effectué en 1h42, chrono à la sortie du ravito sur lequel je n’aurai passé que quelques 2-3’.
Un tout petit mieux que ce qui était estimé. Je sors de ce ravito à 1h48 pour une BH à 2h30.
Samedi 01h48 La Balme
Avant de descendre aux Chapieux il nous faut donc monter jusqu’au col du Bonhomme puis au refuge. C’est 5,6 kms avec 900 D+ et 50 D- (le refuge se trouve peu après le sommet).
C’est en file indienne que nous montons sur de courts lacets d’un chemin pentu et humide pour ne pas dire ruisselant, dégoulinant. Je suis très satisfait d’avoir choisi de mettre mes chaussures Goretex.
Le froid se fait sentir. Je n’ai pas mis de gants, j’aurai pu. Je sais que nous redescendrons assez vite. Je ne m’arrête pas pour les mettre.
Ces quelques kilomètres auront été parcourus en 1h58 pour 1h45 estimé. Retard principalement dû aux ralentissements inévitables dans une file indienne dès qu’un passage un peu plus délicat apparaît.
J’ai bien froid aux mains, promis-juré la prochaine montée je mets les gants.
Mme Poletti avait dit qu’il ne fallait pas s’attarder sur les crêtes. Vu le vent et la température, il n’y a aucune chance.
Samedi 03h46 Refuge de la Croix du Bonhomme
A l’attaque de cette descente de 5 kms pour 900 D- je me demande comment elle va être. Je ne la connais pas et les descriptions des différents récits sont très contradictoires.
En définitive ça ira, cela devient de plus en plus boueux mais on peut gentiment y aller à la lueur de nos frontales.
Je mettrai une heure (59’ pour être précis) et ne passerait que 8’ sur les 15’ prévues au ravitaillement.
Je me sens bien. Je n’ai pas eu de coup de pompe. Le jour va commencer à poindre d’ici 2 heures.
Je repars donc vers 04h53 pour une BH à 5h45
Si ça continue comme ça, que les nouvelles BH du Lac Combal et de Courmayeur sont comptées comme espéré, elles ne devraient plus être une source d’inquiétude pour moi.
Les abandons atteignent maintenant un total de 170.
Samedi 04h53 Les Chapieux
Un gros morceau nous attend. La montée au col de la Seigne à 2’516 mètres d’altitude. Outre les 10 kms, 1070 D+ et 100 D- c’est surtout à nouveau le froid et la neige qui nous attendent.
Ce n’est pas tant la neige au sol qui est dérangeante, elle ne tient pas. Mais bien le grésille que tu reçois dans la figure dont la vitesse est accentuée par le vent.
Au niveau chiffres ce n’est pas impressionnant 1000 mètres de grimpette sur 10 kms. Mais en fait c’est long car peu avant et après la ville des Glaciers ça ne monte quasiment pas.
A noter que je n’ai aucun souvenir de cette « ville des glaciers ». A voir les photos c’est deux-trois bâtisses qui se courent après.
En revanche j’ai un magnifique souvenir de la trace de lumière des frontales que ce soit en amont ou en aval. Cela me laisse voir qu’il y a encore beaucoup de coureurs après moi et qu’ils sont encore très bas.
Lors de cette montée où je pourrai passer en mode jour (ah le plaisir du clic qui éteint ta lampe, c’est une nouvelle journée qui commence), je croiserai quelques concurrents qui descendent. C’est habituel, ils abandonnent en cours de route. Ce qui l’est moins c’est que certains redescendent alors que le sommet est en vue et que le lac Combal semble plus proche que Les Chapieux ????
C’est alors que je remarque que les numéros de dossards que portent ces coureurs sont ceux de…la PTL. Donc ils ne redescendent pas mais entament leur 6ème journée de course !!!!
Et là dans le style « le monde est petit », je croise Valérie et son coéquipier, une participante à cette PTL qui fait partie du même team que mon frère.
Je la hèle péniblement (je n’ai pas ouvert la bouche depuis plusieurs heures) et je me présente.
Un moment très sympa à près de 2'500 mètres d’altitude, dans les bourrasques et une température négative.
Alors, eux, ils en ont bavé au niveau météo. Ils ont d’ailleurs pensé abandonner. Ils sont partis beaucoup trop vite (l’inexpérience de ce genre de courses). Mais là, au point où ils en sont, ils veulent aller au bout. On s’encourage mutuellement en se promettant de tous arriver dimanche à Chamonix.
Ils y arriveront vers 10h20 après plus de 145 heures de course !!!
Je reprends ma route.
Il fait froid, il y a du vent mais la visibilité est bonne et j’ai mis mes gants.
Je pointe au sommet du col à 7h34 après 2h41 de trajet pour 2h50 de prévu.
Jusqu’ici tout va bien.
Samedi 07h34 Col de la Seigne
Place à la descente directement en direction du lac Combal. Selon les divers récits que j’ai lus, la partie instaurée en 2015 via les Pyramides calcaires allongent la course d’environ une heure.
Cette portion est donc zappée car trop dangereuse à cause de la météo.
Il commence à faire beau (si si !!) c’est tout de même agréable. On avait entendu dire que du côté italien le temps était plus clément.
En effet ce lac Combal arrive assez rapidement. Après être descendu de 460 D- sur 2 kms, 2 autres kms de plat nous attendent.
C’est agréable de pouvoir trottiner (je ne peux décemment pas appeler courir ce que je fais).
Arrivée à 8h18 soit 44’ contre 1h50 de prévu sur le trajet initial. Les 60’ retirées de la BH sont bel et bien compensées.
Pour la 1ère fois je prends un bol de soupe chaude. Qu’est-ce que ça fait du bien après cette froide nuit. Je m’allège un peu mais garde ma veste imperméable qui fera office de coupe-vent.
Je pense que je passe une dizaine de minutes à cette étape. Je ne ressens pas le besoin de me reposer plus. Je veux continuer.
En route vers de nouvelles aventures avec une heure d’avance sur la BH. Dès cet instant je ne me suis plus du tout inquiété de ces barrières. Je me calerai dorénavant sur mon carnet de route amputé de 30’ au niveau de l’heure depuis ce point. Une heure de gagnée sur le parcours, 30’ de perdues sur le départ, vous suivez ?
En données corrigées j’avais donc planifié un départ à 8h45 et il devait être 8h30 !
70 abandons à ce lac ! Déjà 10 % des partants au tiers de la course.
Samedi 8h30 Lac Combal
Depuis ici je connais l’entier du parcours soit pour l’avoir effectué en 2014 via la CCC soit via la TDS en 2015 pour le bout jusqu’à Courmayeur (pris dans l’autre sens).
Il y aura bien quelques variantes (la descente de Courmayeur ne se fait pas par le chemin à jeep emprunté pour la montée du début de la TDS, normal vu que la descente est sur un single, pour étirer un peloton ce n’est pas l’idéal).
Bien entendu cela ne m’empêchera pas de me demander sur certains bouts entre Champex et Vallorcine si nous étions vraiment passés par là ou si c’est ma mémoire qui me joue des tours ou si plus simplement le fait d’être depuis plus de 30 heures en course jouerait un rôle.
Il n’empêche, je ne suis qu’au tiers de la course, il reste un peu plus de 100 kms, 6000 D+, 7000 D-, une seconde nuit, mais je sens que je vais arriver au bout.
Le long du lac est plat, j’avance d’un bon rythme (selon mes critères) en marche nordique.
Arrive la grimpette en direction de l’arête du Mont-Favre, environ 2 kms pour 460 D+. C’est efficace.
Il fait bon. Soudain mon prédécesseur se retourne et me dit, en anglais mais je vous fais de la traduction simultanée : « il faut nous dépêcher la neige arrive ». En effet en me retournant je vois de gros nuages dévorer la montagne d’en face et s’approcher de nous.
Bon ben se dépêcher, comment dire, c’est une façon de parler. On ne va pas se mettre dans le rouge.
En définitive nous n’aurons droit qu’à deux-trois flocons qui se sont perdus de notre côté.
J’arrive sans trop de difficulté à cette Arête qui culmine tout de même à 2'434 mètres. Il y fait beau, c’est un des plus beaux points de vue du parcours. Je ne m’y attarde pas, on ne voit pas grand-chose, de l’autre côté c’est bouché.
J’aurai mis 1h05 pour y arriver. Estimation 1h15. 22’ d’avance sur mon carnet de route.
Samedi 9h38 Arête du Mont-Favre
C’est maintenant le col Chécrouit qui est mon but. Il est à 4,4 kms de là avec 40 D+ et 475 D-
Ces légères remontées commencent à faire mal.
J’y arrive tout de même en 47’ (prévu 45’). Je ne m’y arrête pas plus que les 5’ budgétées.
Samedi 10h30 Col Chécrouit
Et maintenant la terrible descente sur Courmayeur. Jen j’ai bien pensé à toi. 4,3 kms 30 D+ et surtout 815 D-.
Très vite nous quittons le chemin à jeep et entrons dans la forêt. Un single agrémenté de racines et de rochers en virages serrés. Ce sera le seul moment où nous mangerons de la poussière.
Plus nous descendons plus la chaleur monte. J’aurai dû enlever mon coupe-vent. Trop tard. On dévale cette pente, pas le temps, on se changera plus tard.
L’arrivée à Courmayeur est un retour à la civilisation après plus de 11 heures dans la montagne.
On retrouve des spectateurs qui nous encouragent.
J’arrive au Forum Sports Center. On me remet mon sac, nous devons encore effectuer plusieurs dizaines de mètres et monter dans une salle à l’étage. Il est 11h15 j’ai 30’ d’avance sur mon temps et 1h45 sur la BH. J’ai donc le temps mais ce n’est pas une raison.
En entrant dans la salle c’est la déception. J’avais lu que les années précédentes, les coureurs assistés étaient en bas et que les coureurs seuls étaient en haut dans une sorte de havre de paix comparé au capharnaüm du bas. Ben c’est raté, tout le monde est en haut. C’est un peu le bordel. Je me trouve tout de même une place sur un banc mais pas de table pour poser mes affaires. Bon je ne suis pas là pour pleurnicher. Je déballe mes affaires et tente de m’organiser. Recharge de la montre et du téléphone, Changement des batteries ou piles de mes lampes.
Changement du haut. Je garde mon bas. Je décide également de changer de chaussures. Mes vieilles Goretex Saucony sont remplacées par de neuves La Sportiva. Je pense que maintenant j’aurai plus besoin d’une bonne semelle accrochant que d’une imperméabilité.
Ce choix se révélera très vite judicieux.
C’est assez sympa de changer de chaussures et de chaussettes qu’on traîne depuis près de 20 heures à côté d’un collègue qui mange une assiette de pâte.
Une fois que je me suis occupé de mon matériel, de mon équipement et mis de la crème solaire je vais refaire le plein d’eau et me chercher une assiette de pâte…….tiède à froide…..
M’en fous je n’ai pas faim, je n’ai pas sommeil, je suis un Spartiate, je veux repartir.
Malgré tout j’y aurai passé 47’ sur les 45’ prévues. A lire cela à l’air OK, mais dans ces 45’ étaient prévues 20’ de sommeil.
Est-ce que j’aurai pu être plus efficace ? Seul je ne pense pas ou peut-être si j’avais pu poser mes affaires sur une table.
Je repars donc à 12h02. 58’ de mieux que la BH et 28’ sur mes temps estimés.
Ici 100 coureurs se seront définitivement arrêtés auxquels il faut ajouter la douzaine du col Chécrouit.
Samedi 12h02 Courmayeur
C’est donc un homme neuf, habillé plus légèrement, qui ressort de ce Forum Sports Center et qui s’arrête pile sur les 1ères marches d’escalier……..
…..Il pleut et il est annoncé la tempête au Grand Col Ferret.
Je remets donc ma couche imperméable et prend la direction des hauts de Courmayeur avant de quitter à nouveau la civilisation pour aller en direction de la Suisse via le refuge Bertone, le refuge Bonatti, Arnouvaz et le redouté Grand Col Ferret.
Une bien belle montée sur ce refuge Bertone, 3 kms 660 D+. Les cuisses brûlent.
Il a déjà arrêté de pleuvoir, il refait chaud mais la température va gentiment baissé. Ce 1er refuge est presque à 2000.
Trajet fait en 1h42 pour 1h45 prévu. 5’ pour boire un ou deux verres de coca, un verre d’eau gazéifiée, manger un ou deux carrés de chocolat, quelques Tucs, du fromage et en route.
Ce menu est quasiment le même depuis le début et sera le même jusqu’à la fin.
Plus de soupe (je ne sais pas pourquoi), pas envie de retenter les pâtes froides. Pas de grands besoins supplémentaires. De temps en temps une barre aux amandes, un Pom-Pot, un Sporténine. On ne peut pas dire que cela ne m’a pas convenu.
Samedi 13h49 Refuge Bertone
Le parcours en direction du refuge Bonatti est une succession de montées et de descentes dont une belle montée juste avant d’arriver. Les traceurs adorent nous faire mériter notre bref repos. 7,3 kms 290 D+ 240 D- avalés en 1h40 pour 1h30 prévu.
Il ne fait pas beau, il pleut, il vente, il fait froid. Tiens il me semble avoir déjà vu ce temps quelque part.
Les bénévoles nous encouragent à ne pas rester pour la bonne raison qu’un arrêt de plus de quelques minutes va nous refroidir et on ne sait pas encore ce qu’il nous attend vraiment plus loin.
J’entends dire que les 3 premiers sont arrivés en moins de 20 heures !!!
Depuis Courmayeur, 22 traileurs supplémentaires auront abandonnés.
Samedi 15h34 Refuge Bonatti
Arnouvaz est le prochain gros ravitaillement. Le parcours qui nous y amène est roulant. 5 kms, 135 D+, 360 D- dont une belle descente sur la fin.
Et c’est ici que les athéniens s’atteignirent. Pour un Spartiate c’est cocasse.
La descente est un véritable bourbier. Sans bouger tu descends quand même tellement ça glisse. Les chutes sont légion (mais pas moi). A l’avant de la file, une concurrente devra penser à s’acheter de nouvelles chaussures car soit elle a vraiment des problèmes d’équilibre soit ses semelles sont lisses.
Nous sommes donc bien ralentis.
J’y arrive quand même. Je vous invite à regarder la Webcam de mon arrivée à ce ravito sur livetrail.net. On y devine le vent, la pluie et même le froid.
Malgré ces aléas j’y arrive dans les temps prévus.
La tente est bondée. J’ai prévu d’y passer 15’ mais je vais ressortir assez vite, il faut que je prenne soin de mes pieds. Je le ferai dehors.
Mais pour sortir il est obligatoire d’enfiler le pantalon imperméable. Ah OK ! Ça s’annonce dantesque le grand col Ferret.
Je mets donc ce pantalon qui sera fort utile. Cette obligation qui nous a été faite est une très bonne décision. Il y a encore des coureurs en court !!!
Samedi 16h50 Arnouvaz
Je sors donc de ce ravito pour m’attaquer à la terrible montée du Grand Col Ferret. 190 !!! coureurs auront abandonnés à ce poste. On dépasse les 20 % d’abandons.
Je pense qu’entre la tempête annoncée plus haut et le fait qu’ici il y a beaucoup de supporters venus en voiture ont dû faire pencher la balance dans la case « abandon » pour une partie des DNF.
Je suis donc sorti de cette tente bondée où on peut à peine se tenir debout pour mieux m’arrêter quelques mètres plus loin afin de soigner mes pieds dont certaines parties commencent à chauffer malgré la température un tantinet frisquette.
Cette opération sera réitérée plusieurs fois ce qui me permettra de finir avec des pieds presque intactes.
J’attaque cette montée que j’ai reconnue il y a peu. Elle est encore très vivace dans mon esprit. La différence est que c’est glissant de chez glissant. Mais mes nouvelles chaussures crochent bien.
J’arrive très vite (dans mon esprit) et quasi sans m’en rendre compte au refuge Elena. En kms on a fait la moitié de la montée, 2,3 sur 4,5 mais en D+…..comment dire…fait 270 sur 746. Reste donc 476 mètres à monter en 2,2 kms. C’est de l’efficace.
La tempête annoncée se fait sentir. Je me réjouis d’être en haut et surtout de pouvoir redescendre vers un temps plus calme et plus clément.
Cette montée redoutée se passe très bien. Vu le vent, c’est le regard fixé par terre que l’ascension s’effectue. De toute façon avec le brouillard on ne voit rien. Soudain je me retrouve face à un yéti qui tend vers moi un bras armé d’une massue.
En fait il s’agit du bénévole qui a dû perdre au tirage au sort et qui est là-haut pour nous pointer.
Ayant fait mon armée dans la montagne et donc effectué de nombreuses heures de garde dans des conditions indescriptibles j’ai une bouffée de compassion pour lui.
Je suis donc pointé à 18h33 soit 1h43 après être sorti de la tente. Toujours dans les temps prévus.
Samedi 18h33 Grand Col Ferret
Place à une longue portion jusqu’à la Fouly 9,5 kms 80 D+ et surtout 1004 D-.
Là aussi ces petites montées font mal. Heureusement je les connais bien, mes reconnaissances me sont utiles. Ce sera la dernière fois avant l’ultime descente.
Le début de la descente sur la Peule est d’abord en pente douce. La visibilité se fait vite meilleure. L’humidité est toujours présente sans de grandes précipitations. Le vent se calme.
C’est long il me faut près de 2 heures (1h55) pour y parvenir.
C’est sur cette portion, vers 20h00, que les 1ères hallucinations arrivent. Si on excepte les 20’ de sieste du début d’après-midi vendredi, cela fait 36 heures que je suis debout. Pourtant je n’ai pas eu de véritables coups de pompe et pourtant…..
….je vois, au bord de la rivière, une femme (qui ressemble un peu à une ancienne collègue) et un enfant dans un bateau, Monsieur le retenant afin qu’il reste au bord. Arrivé à proximité il n’y a plus personne.
Je savais que cela allait arriver mais je ne pensais pas si tôt. Il faudra faire avec je sais qu’elles vont m’accompagner tout le long de la course et qu’elles peuvent perdurer après.
Sur cette partie je verrais encore 3 personnes couchées sur des transats (pour rappel il fait froid et humide) ainsi que 2 voitures parquées dans un ravin.
La nuit va être longue.
Il commence à pleuvoir
Arrêt un peu plus long que prévu, 22’ contre 15’. Passage en mode nuit. Soin des pieds (surtout le gauche).
A noter encore 160 abandons ici. Au deux tiers de la course 85 % des abandons auront été enregistrés.
Samedi la Fouly 20h50.
Pour l’anecdote 1h40 d’avance sur la BH.
Direction Champex mais pas par les bois, par la route. Ce sera bien monotone et inintéressant. Et il pleut toujours.
Mais le jeudi, la rivière a débordé, détruit deux ponts et coupé en plusieurs endroits le chemin.
J’avais en effet entendu dire que la Fouly était coupée du monde mais à aucun moment une information officielle ne nous a été fournie, tout ce que j’avais vu c’était que la BH de Champex était avancée de 30’ mais pas les suivantes ???
En terme de distance 700 mètres de moins et 50 D+ en moins jusqu’à Praz de Fort où nous reprendrons le tracé initial. Les deux ponts ont été très vite remplacés par des ponts provisoires en bois. Du beau travail !
Peu après la Fouly je vois, à un arrêt de bus, 3 femmes et 5 enfants qui y sont assis. Je m’étonne qu’ils n’encouragent pas les coureurs. Et pour cause, il n’y a ni femmes ni enfants, ni arrêt de bus.
Je tente de rester concentré sur la réalité.
A nouveau un bon pas nordique.
Mais il n’y a pas de miracle la monotonie de cette partie alourdit mes paupières.
J’avais prévu des gels de caféine, j’en prends un et très vite cela va mieux.
De plus, arrivé à Praz de Fort , nous attend un ravito sauvage organisé chaque année par un couple du lieu, Un bon café chaud et une discussion avec le maître des lieux finissent par me redonner un bon coup de booste qui va me permettre d’attaquer la partie montant en direction de Champex.
Environ 4 kms avec 500 D+ dans une forêt sombre et humide. On dirait la forêt de Maléfique (la sorcière de la Belle aux Bois Dormant).
Je sais qu’on ressort sur la route environ 500 mètres avant le ravitaillement.
A tout moment je pense y arriver en voyant de la lumière ressemblant à des phares de voiture. Mais c’est la frontale d’autres coureurs.
C’est long, je fatigue, je me réjouis d’arriver à ce grand ravito qu’est Champex. Après il ne reste que 3 montées et 3 descentes (enfin à peu près).
J’y arrive à minuit passé de 8 minutes, j’en ressortirai 26’ plus tard. En rapport avec les 45’ prévues c’est court mais j’avais prévu 20’ de sommeil que je ne fais pas.
Et en plus j’ai perdu du temps et de l’énergie à cause d’un incident perturbant.
Un des mes bâtons refusent de se mettre en place. L’arrêt pour tendre ce bâton ne veut pas ressortir de son trou.
Sans aide puis avec l’aide d’un bénévole je tente de le forcer à sortir au moyen de couteau (suisse bien entendu), tournevis et autres. Rien à faire.
Je me résous donc à ranger mes bâtons dans mon sac. Damned encore 3'000 D+ et 3'500 D- à faire avec un terrain boueux et la fatigue cela va être très dur.
Encore 63 abandons ici. On atteint les 790.
Dimanche 00h34 Champex
Dimanche, nous sommes dimanche. Plus qu’une nuit, un matin et un bout d’après-midi et j’y serai.
Arrivé dans les hauts de Champex je ressors mes bâtons et tente une énième fois sans succès de les ouvrir. Avant de bifurquer dans la descente sur Plan de l’Au je hèle un coureur qui partait tout droit. Il a confondu les bannières fluos du balisage avec les catadioptres des bornes indiquant le bord de la route.
En avant pour cette descente sans bâton. Ça passe, beaucoup de pierres et de racines mais ce n’est pas trop pentu.
Le seul hic est que ma lampe me lâche. Et pourtant les voyants de la batterie étaient tous allumés lors de mon contrôle à Courmayeur. De plus elle était débranchée donc normalement pas d’utilisation à l’insu de mon plein gré.
Arrivé au Plan de l’Au, je prends donc ma petite lampe avec ces piles neuves qui devra donc me durer toute la nuit. Je tente encore une fois de réparer mon bâton, sans succès.
Plus de bâton, une lampe moins puissante, jusqu’ici tout allait trop bien.
De mémoire il a dû arrêter de pleuvoir mais je n’en suis pas très sûr. Il fait froid, la montée devrait me réchauffer.
C’est parti en direction de la Giète à 6,5 kms de là avec 856 D+ et 302 D-.
J’ai également fait cette partie en reconnaissance il y a peu, ça monte tout le long avec quelques passages de ruisseaux et une partie légèrement descendante où le ruisseau est le chemin.
J’avais été jusqu’au refuge de Bovine. De mémoire de CCC, il me semble qu’après il y a une partie plate puis ça part en raide montée sur la gauche et c’est la bascule en direction de Trient.
Sur le moment je n’ai pas fait attention mais légère descente + partie plate ne font pas 302 D-.
J’y reviendrai.
La montée commence, c’est pentu, ça glisse. Je décide de faire usage de mon bâton valide. Ce n’est pas l’idéal mais l’aide apportée est la bienvenue.
Alors que je commence à voir des visages et des personnages sur toutes les pierres (cela va m’accompagner jusqu’à Vallorcine et même une fois après la course) une idée, saugrenue ?, me vient à l’esprit. Mon bâton m’a lâché peut-être à cause du froid et de l’humidité. Je vais donc le prendre en main et le serrer sur la partie censée se clipser.
On arrive au refuge de Bovine où un panneau nous indique que la Giète est à 1,5 km.
Comme dans mon souvenir il y a une partie plate. Au loin, très au loin, je vois une file de frontale qui monte. Mais avant d’y arriver on redescend beaucoup beaucoup et bien entendu dans des conditions glissantes. Mon unique bâton m’était plus utile en montée qu’en descente.
Je ne m’en souvenais pas du tout de cette descente. Petit coup au moral.
Je pense qu’au bout de 30’ j’arrive tout de même à la Giète qui se trouve être une étable où il y a un peu à boire (ravitaillement officieux).
Je m’assois un moment, prend mon bâton plié que j’ai tenté de réchauffer (t’as fait quoi pendant ton UTMB ? j’ai réchauffé un bâton……) je le déplie une ixième fois et tente à nouveau que ce ……..de clip se clipse.
VICTOIRE !!!!
Quel soulagement ! Mais quel soulagement !
Je repars dans la nuit et le froid le sourire aux lèvres.
Je vais finir cette course (ça c’était sûr) avec l’aide de mes deux bâtons (ça ce n’était pas gagné).
Dimanche 4h06 la Giète
J’ai bien entendu perdu du temps sur cette partie. Peu importe, ma marge est encore importante sur les BH. J’ai un peu moins de 4 heures pour atteindre Trient et en ressortir. J’ai prévu 2h05 tout compris.
La descente se passe bien. C’est 5 kms avec 672 D- dont environ 225 dans le dernier kilomètre.
Bien entendu un chouia de remontée (90 D+). On avance prudemment, le terrain est toujours aussi glissant.
Le col de la Forclaz puis la descente sur Trient où on nous fait passer plus bas que le ravitaillement histoire d’avoir une montée supplémentaire. Et hop on y est.
1h28 pour cette portion pour 1h35 de prévu.
Jusqu’ici tout va bien.
Comme en 2014 le speaker hurle mon nom, plusieurs fois, PHILIPPE ETHENOZ DE SUGNENS, IL EST OU PHILIPPE ETHENOZ.
Euh…j’arrive je me sers à boire.
Je vais donc vers lui avec la crainte qu’il me tende le micro. Qu’est-ce que je pourrai dire d’intelligent et surtout d’intelligible à 5h30 du matin après 35 heures de courses ???
Tient au fait mon record de 31h58 est battu depuis avant la Giète. Idem pour les kms, 123 à Champex pour un record à 119 kms et les D+/D- qui culminaient à env. 7000 (tous de la TDS 2015) A Plan de l’Au j’en étais à 7500 D+ - 7200 D-
Le speaker me demande, hors micro, où se trouve Sugnens ? Ça va j’arrive encore à y répondre.
Je ne vais pas faire long dans cette tente qui ressemble à un dortoir très bruyant.
Je ressors et m’installe sur un banc près de l’église afin de prendre soin de mes pieds.
Puis je repars en direction de l’entrée/sortie officielle de ce ravito qui se trouve à quelques dizaines de mètres de la tente.
Je pointe à 5h54 soit 20’ après y être arrivé sur les 30’ prévues.
2 heures d’avance sur les BH qui ne m’inquiètent plus depuis un bon moment.
Environ une vingtaine de minutes sur mon temps estimé. C’est plus difficile à dire car le parcours a été et sera encore modifié par rapport au carnet de route initial.
Encore 30 abandons ici.
Dimanche 5h34 Trient
D’ici une heure environ le jour sera là.
Encore une bonne montée que je connais pour l’avoir reconnue il y a peu.
Ça monte sec jusqu’à un pâturage puis après c’est moins pentu puis ça redescend un peu jusqu’à Catogne.
Carole est bénévole là-bas en haut depuis jeudi et le passage de la course de l’OCC. Elle a eu une petite pause vendredi et c’était reparti depuis samedi pour ceux de la CCC et enfin nous. Je me réjouis de la voir.
Vu le mauvais temps, le pointage a été avancé aux Tseppes, près d’une grange, ce qui a constitué un abri pour les bénévoles un peu plus luxueux qu’une simple tente.
Cette montée sera le temps du délire total.
Je me sens bien mais je suis totalement ailleurs.
Tout d’abord toutes les pierres ont des personnages dessinés dessus.
Il y a des chalets construits dans les pentes de cette forêt.
En plus ma collègue qui est devant moi ne m’attend pas. A chaque virage je regarde si je le vois mais rien. Pourquoi elle ne m’attend pas ?
Enfin je vois les panneaux (cinq) pédestres qui indiquent la bifurcation sur la droite pour atteindre le pâturage.
Rien de ceci n’existe.
Et pourtant les panneaux, je me suis concentré, j’ai baissé la tête, bien respirer et regarder à nouveau, ils étaient toujours là. J’ai bien dû recommencer cet exercice au moins 4 fois. Toujours la même vision, enfin presque, une fois il y a un panneau vert qui est venu s’ajouter.
Ces hallucinations sont juste……hallucinantes.
Enfin j’arrive à ce pâturage où ce sera moins pentu. Et bien pas du tout, ça grimpe presque toujours autant. La perception de la pente après 1h30 de course ou plus de 36 heures est bien différente.
Le jour s’est levé, il fait presque beau. En fait mon soleil ce sera Carole vers qui j’arrive à 7h23. Quelle joie de voir cette femme qui est rayonnante malgré les très nombreuses heures passées à cet endroit dans des conditions difficiles. Ce n’est pas un ravito officiel mais elle a un verre de coca pour moi (et pour les autres s’ils en veulent).
Elle trouve que je suis un véritable métronome, que je n’ai pas une mauvaise mine. Ses paroles me font du bien.
Il reste 150 D+ jusqu’à Catogne puis c’est la descente sur Vallorcine dernier gros arrêt où Marc et Alicia m’attendent.
J’attaque cette descente comme les autres c’est-à-dire prudemment, c’est encore plus glissant que les dernières.
Dans cette partie les coups de pompe se succèdent. Je sais qu’il faudra que je dorme à Vallorcine.
Je suis puis dépasse deux américains dans la partie technique. Arrive enfin une partie plus facile sur la piste de ski qui est un large chemin. Je dépasse encore quelques concurrents.
Au détour d’un virage j’ai la joie de voir (ce n’est pas une hallucination) Marc et Alicia qui sont venus à ma rencontre.
Mon ami Marc est en pleine forme. Il me voit moi aussi en pleine forme. Il me raconte le 1er match de préparation de notre équipe de hockey-sur-glace favorite dans la nouvelle patinoire. Leur présence et conversation me redonne des forces. Alicia va me chercher un bon et long et chaud et mérité café dans la boulangerie la plus proche.
Mon ami Marc.
Ce café et tout le reste me rendent à la vie. L’envie de dormir est passée.
Je vais attaquer cette dernière difficulté le mors aux dents.
Montée au col des Montets, descente sur Argentière et remontée à la Flégère avant la dernière descente sur Chamonix……enfin c’est ce que je crois.
Il est 9h24, il fait encore frais, le soleil arrive, je suis encore bien habillé, pantalon imperméable compris, bonnet sur la tête et même encore la frontale.
Il doit rester environ 18 kms, 1000 D+, 1200 D- soit environ 5h45 selon mon carnet de route modifié.
Dimanche 9h24 Vallorcine
Il m’a semblé avoir passé un bon moment dans ce ravitaillement mais le chrono officiel indiquera 10’ sur les 15’ prévues et surtout les au moins 30’ si j’avais dormi.
Jusqu’ici tout va de nouveau bien.
La montée au col des Montets est agrémentée par le passage du train d’où les passagers nous encouragent. Nous sommes à l’ombre mais c’est bientôt fini.
Arrivée au col en 59’. 3,7 kms 208 D+ et 34 D-. Rien d’impressionnant mais après près de 40 heures de courses je pense que ce n’est pas si mal.
Je pensais que Marc et Alicia m’attendraient à ce point mais ils seront un peu plus bas dans la descente sur Argentières.
Je les vois puis on se reverra à Chamonix.
La descente sur Argentières, parlons-en. Je pensais y aller car jeudi en montant à Chamonix j’ai croisé ceux de l’OCC qui y passaient. Mais pas nous.
Nous traversons la route et montons (déjà ?) en direction de la Flégère.
Un panneau indique ce but à 650 D+ de là.
On monte. Le soleil est là, il fait chaud. Je vais enfin pouvoir m’alléger.
Dans le sac les affaires imperméables, le bonnet et la frontale. Place au Buff sur la tête et au t-shirt ainsi qu’aux lunettes de soleil.
J’avais pris ces lunettes avec moi plus pour masquer mes émotions lors de l’arrivée que parce que je pensais que nous allions avoir un si beau dimanche.
Enfin on voit du paysage. Je m’arrête un moment pour l’admirer. Je ne suis pas le seul. On a le temps autant en profiter.
On continue de monter. Un participant demande à la cantonade si quelqu’un sait à quelle altitude nous sommes. Je lui réponds que nous sommes vers 1’650. Il a l’air soulagé et déclare que ça va il ne nous reste que 200 D+……
En tant que Grand Calculateur je calme sa joie en marmonnant « sauf si on redescend ».
Ben oui, reprenons.
Nous avons commencé de monter peu après le haut du col des Montets soit environ vers 1450 mètres.
La Flégère est à 1860.
Le panneau indiquait 650 D+.
Sachant que 1860 moins 1450 = 410, il manque un bout.
Peu après c’est la « surprise du chef». Nous nous retrouvons devant deux panneaux indicateurs (des vrais, pas des hallucinations). L’un indique sur la droite La Flégère. L’autre sur la gauche Argentières.
Et c’est sur la gauche que nous devons aller.
Nous descendons. Une descente raide dans laquelle nous progressons lentement, désescaladons des rochers avec l’aide des mains. Cette partie est interminable. Tout le monde se pose la question de savoir si nous sommes sur le bon chemin. Devant il y a du monde, derrière aussi, si on s’est planté on est tous dans la même galère.
Un indice laisse penser que nous sommes justes. Les bannières fluos sont bien tournées de notre côté et donc ce ne sont pas celles de l’OCC qui seraient restées là.
On croise un autochtone à qui nous demandons où ce chemin nous emmène.
Il nous dit qu’il nous reste environ 250 mètres à subir cette désescalade puis ça repart en direction de la Flégère. D’abord pas mal à plat ou en très légère montée puis du raide de chez raide.
Enfin nous arrivons à une nouvelle bifurcation qui nous indique notre but. En effet cela ne monte pas beaucoup sur un bon bout. Il me semble que cela fait des heures que je suis parti de Vallorcine et que cette partie est bien plus longue que le tracé original.
Lorsque la pente devient plus efficace nous sortons assez vite de la forêt pour nous retrouver sur la pise de ski. Nous voyons le ravitaillement. Il est haut, très haut, la piste c’est un schuss vertigineux, tout droit mais en montée.
J’atteins enfin ce dernier poste. Il est 13 heures. Dans moins de 2 heures je devrai être à Chamonix.
Il m’aura fallu 3h36 pour effectuer ce trajet. Sur le parcours initial j’avais prévu 3h35.
10.1 kms – 925 D+ - 362 D- contre 10.6 kms – 873 D+ - 274 D- sur le vrai tracé.
Vu ces légères différences et surtout la technicité de la descente cette partie est plus longue que l’initiale. Ce que nous avons gagné entre La Fouly et Champex est compensé.
J’ai donc 1h45 d’avance sur la BH et 25’ sur mon carnet de route.
Je me fais servir un verre de Coca et prends place sur une chaise. Quel bonheur de pouvoir s’asseoir et surtout appuyer le dos !
Cela doit se lire sur mon visage, mon voisin me déclarant : « Enjoy this moment ».
Ah que oui !!!!!
Mais bon comme Chamonix ne vient pas à moi je dois aller à Chamonix.
Je sors de ce havre vers 13h05.
A suivre.........
Rappel de mon historique de course à pied :
2002/3 : 1ers dossards sur des courses de 4 à 5 kms
2004/5 : 1ers 10 kms
2006 : 1er semi, 1er Morat-Fribourg
2007 : 1er 20 kms de Lausanne et 1er marathon
2008 : 1er Sierre-Zinal
2011 : marathon de NY et 1ère SaintéLyon
2012 : 1er trail
2013 : 1ère année avec plusieurs trails et 1ère tentative pour participer à la CCC (Courmayeur- Champex-Chamonix)
2014 : 1ère arrivée à Chamonix via la CCC
2015 : 10ème marathon et transmission du virus du trail à Stéphane (Mezos dit Poto) puis 2ème arrivée à Chamonix via la TDS
2016 : 1ers abandons (X-Alpine de Verbier et Echappée Belle) et 1ère tentative pour participer à l’UTMB
2017 : UTMB et 20 kms de Tours
J’en déduis que celui ou celle qui aurait effectué son 1er Sierre-Zinal cette année ou l’effectuera en 2018 peut déjà programmer son 1er séjour à Chamonix pour 2023-2024.
Vendredi 7h30 Chamonix
Le début d’une journée que je craignais longue. En fait je n’ai rien vu passer.
Entre la préparation des sacs, les repas, la ballade aux stands, Facebook, le forum et autres WhatsApp je n’ai pas eu le temps (ni l’envie) d’ouvrir un des nombreux livres que j’avais pris avec moi.
D’autant plus que mon frère Stéphane (avec qui j’ai effectué deux belles sorties de préparation cet été) est venu me rejoindre vers 16h00 afin de m’accompagner jusqu’au départ.
Vendredi 17h30 Chamonix
Quand il faut y aller il faut y aller. Le ciel est couvert mais il ne pleut pas. Des précipitations sont annoncées vers 20h00-20h30. Vu l’ambiance glaciale prévue sur les sommets qui nous attend cette nuit, je pars en long, c’est tout ça de moins dans le sac. J’ai pris une 2ème seconde couche chaude qui me sera fort utile lors de cette première nuit. Et la 2ème aussi d’ailleurs.
La place du Triangle de l’Amitié est pleine une heure avant le départ. Des supporters sont mélangés aux coureurs. La plupart des participants sont debout, quelques uns assis dans les bords. Je choisis cette dernière solution ne me voyant pas stagner sur place pendant 60 minutes.
L’ambiance monte. Le briefing de Mme Poletti a lieu à 18h00. Il se résume à froid-neige-vent-pluie, confirmations des deux principales modifications du parcours et des nouvelles BH.
Mon frère est parti se placer sur la droite de la route à la sortie de Chamonix afin d’espérer me voir passer.
L’ambiance a l’air détendue chez les ténors, KJ n’arrête pas de faire le clown en étant en direct sur Facebook. L’atmosphère est plus concentrée chez les populaires.
18h15, les supporters doivent laisser la place aux seuls forçats qui vont s’élancer tout soudain pour une aventure dont il est difficile d’imaginer ce qu’elle peut donner.
Vendredi 18h30, toujours Chamonix
C’est parti……enfin comme dans tout gros peloton (2537 partants), on n’avance pas tout de suite, puis uniquement au pas quasiment jusqu’à la sortie de la zone piétonne. Ambiance de fou. Comme d’ailleurs dans les prochaines arrivées urbaines (Les Houches, St-Gervais, Les Contamines).
J’arrive sans difficulté à voir mon frère et c’est parti en direction des Houches
Environ 8 kms le long de l’Arve sur le final de la TDS que j’avais emprunté en 2015. On avance correctement, je marche dans les quelques montées, je cours le reste du temps. Les 1ers sont à 15 km/h !!! Je me fais gentiment à l’idée que le podium ne sera pas pour moi. Enfin pas celui-ci……..
Je suis parti en queue de peloton et malgré tout je me fais dépasser par des centaines de milliers de concurrents. En plus je dois déjà m’arrêter pour un besoin naturel.
J’avais prévu environ 1 heure sur cette portion. J’arrive malgré tout à ce 1er ravito à peu près dans ces eaux.
Jusqu’ici tout va bien si ce n’est qu’il a commencé à pleuvoir peu avant. J’ai donc mis ma veste imperméable. Je ne le sais pas encore mais elle ne va quasiment plus me quitter.
Jusqu'ici tout va bien
On voit même mon frère !!!
Arrive, enfin, la 1ère montée. Direction Le Délevret par le col de la Voza. J’avais reconnu cette partie.
Cela m’a servi. Il y a quelques ralentissements au début car les singles apparaissent.
Au 2/3 de cette montée on va passer en mode nuit. J’avais prévu de mettre la petite lampe pour les montées et la grande pour les descentes. Ca c’est la théorie. En pratique je garderai la grande, en variant l’intensité, jusqu’aux Chapieux.
Arrivée au sommet en 2h20 (prévu 2h25) pour ces 14 premiers kms avec 870 D+ et 160 D-
Vendredi 20h50 Le Délevret
Après une partie qui ressemble à du plat c’est direction St-Gervais via une piste de ski droit dans la pente. C’est très humide mais pas encore trop boueux. La piste fait place à un chemin forestier, puis du bitume qui s’éternise avant d’arriver au 1er vrai ravito où je ne passerai pas plus que les 5’ prévues.
1h10 pour cette partie de 7,6 kms 85 D+ et surtout 1000 D- c’est un peu plus que les 55’ prévues
Rien de bien grave, je m’en doutais un peu et repars avec 25’ d’avance sur la BH.
Vendredi 22h05 St-Gervais
En route pour une partie que je ne connais pas entre St-Gervais et Les Contamines un peu plus de 10 kms avec 570 D+ dont une belle grimpette vers la fin et 240 D-. Rien de bien spécial sur cette portion. Chemins forestiers, on n’est pas encore dans la montagne, ça va venir.
Parcours effectué pile dans les temps prévus. J’avais estimé qu’une pause de 10’ devrait suffire. Je n’ai pas dû faire plus. Toujours 25’ d’avance sur la BH.
Et une centaine d’abandons à ce stade
Samedi 00h05 Les Contamines
Encore quelques kilomètres jusqu’à Notre Dame de la Gorge et nous allons entrer dans le vif du sujet.
Lors de la TDS en 2015, j’ai effectué en sens inverse le chemin entre Les Contamines et Notre Dame, j’avoue ne pas m’en souvenir du tout. A ma décharge j’en étais à 24 heures de course et ce n’est pas un bout qui marque les esprits.
Depuis Notre Dame, les choses sérieuses commencent. J’ai reconnu cette partie jusqu’au refuge de la Croix du Bonhomme, cela me sera encore une fois utile pour appréhender les divers changements de pente.
On nous annonce une température négative (moins 9 ressenti !) au col du bonhomme. Après il y a encore 30’ jusqu’au refuge dans une partie un peu plus technique que la moyenne.
Avant ça il faut arrive au ravitaillement de la Balme. Soit 8 kms depuis les Contamines avec 560 D+ et 10 D- effectué en 1h42, chrono à la sortie du ravito sur lequel je n’aurai passé que quelques 2-3’.
Un tout petit mieux que ce qui était estimé. Je sors de ce ravito à 1h48 pour une BH à 2h30.
Samedi 01h48 La Balme
Avant de descendre aux Chapieux il nous faut donc monter jusqu’au col du Bonhomme puis au refuge. C’est 5,6 kms avec 900 D+ et 50 D- (le refuge se trouve peu après le sommet).
C’est en file indienne que nous montons sur de courts lacets d’un chemin pentu et humide pour ne pas dire ruisselant, dégoulinant. Je suis très satisfait d’avoir choisi de mettre mes chaussures Goretex.
Le froid se fait sentir. Je n’ai pas mis de gants, j’aurai pu. Je sais que nous redescendrons assez vite. Je ne m’arrête pas pour les mettre.
Ces quelques kilomètres auront été parcourus en 1h58 pour 1h45 estimé. Retard principalement dû aux ralentissements inévitables dans une file indienne dès qu’un passage un peu plus délicat apparaît.
J’ai bien froid aux mains, promis-juré la prochaine montée je mets les gants.
Mme Poletti avait dit qu’il ne fallait pas s’attarder sur les crêtes. Vu le vent et la température, il n’y a aucune chance.
Samedi 03h46 Refuge de la Croix du Bonhomme
A l’attaque de cette descente de 5 kms pour 900 D- je me demande comment elle va être. Je ne la connais pas et les descriptions des différents récits sont très contradictoires.
En définitive ça ira, cela devient de plus en plus boueux mais on peut gentiment y aller à la lueur de nos frontales.
Je mettrai une heure (59’ pour être précis) et ne passerait que 8’ sur les 15’ prévues au ravitaillement.
Je me sens bien. Je n’ai pas eu de coup de pompe. Le jour va commencer à poindre d’ici 2 heures.
Je repars donc vers 04h53 pour une BH à 5h45
Si ça continue comme ça, que les nouvelles BH du Lac Combal et de Courmayeur sont comptées comme espéré, elles ne devraient plus être une source d’inquiétude pour moi.
Les abandons atteignent maintenant un total de 170.
Samedi 04h53 Les Chapieux
Un gros morceau nous attend. La montée au col de la Seigne à 2’516 mètres d’altitude. Outre les 10 kms, 1070 D+ et 100 D- c’est surtout à nouveau le froid et la neige qui nous attendent.
Ce n’est pas tant la neige au sol qui est dérangeante, elle ne tient pas. Mais bien le grésille que tu reçois dans la figure dont la vitesse est accentuée par le vent.
Au niveau chiffres ce n’est pas impressionnant 1000 mètres de grimpette sur 10 kms. Mais en fait c’est long car peu avant et après la ville des Glaciers ça ne monte quasiment pas.
A noter que je n’ai aucun souvenir de cette « ville des glaciers ». A voir les photos c’est deux-trois bâtisses qui se courent après.
En revanche j’ai un magnifique souvenir de la trace de lumière des frontales que ce soit en amont ou en aval. Cela me laisse voir qu’il y a encore beaucoup de coureurs après moi et qu’ils sont encore très bas.
Lors de cette montée où je pourrai passer en mode jour (ah le plaisir du clic qui éteint ta lampe, c’est une nouvelle journée qui commence), je croiserai quelques concurrents qui descendent. C’est habituel, ils abandonnent en cours de route. Ce qui l’est moins c’est que certains redescendent alors que le sommet est en vue et que le lac Combal semble plus proche que Les Chapieux ????
C’est alors que je remarque que les numéros de dossards que portent ces coureurs sont ceux de…la PTL. Donc ils ne redescendent pas mais entament leur 6ème journée de course !!!!
Et là dans le style « le monde est petit », je croise Valérie et son coéquipier, une participante à cette PTL qui fait partie du même team que mon frère.
Je la hèle péniblement (je n’ai pas ouvert la bouche depuis plusieurs heures) et je me présente.
Un moment très sympa à près de 2'500 mètres d’altitude, dans les bourrasques et une température négative.
Alors, eux, ils en ont bavé au niveau météo. Ils ont d’ailleurs pensé abandonner. Ils sont partis beaucoup trop vite (l’inexpérience de ce genre de courses). Mais là, au point où ils en sont, ils veulent aller au bout. On s’encourage mutuellement en se promettant de tous arriver dimanche à Chamonix.
Ils y arriveront vers 10h20 après plus de 145 heures de course !!!
Je reprends ma route.
Il fait froid, il y a du vent mais la visibilité est bonne et j’ai mis mes gants.
Je pointe au sommet du col à 7h34 après 2h41 de trajet pour 2h50 de prévu.
Jusqu’ici tout va bien.
Samedi 07h34 Col de la Seigne
Place à la descente directement en direction du lac Combal. Selon les divers récits que j’ai lus, la partie instaurée en 2015 via les Pyramides calcaires allongent la course d’environ une heure.
Cette portion est donc zappée car trop dangereuse à cause de la météo.
Il commence à faire beau (si si !!) c’est tout de même agréable. On avait entendu dire que du côté italien le temps était plus clément.
En effet ce lac Combal arrive assez rapidement. Après être descendu de 460 D- sur 2 kms, 2 autres kms de plat nous attendent.
C’est agréable de pouvoir trottiner (je ne peux décemment pas appeler courir ce que je fais).
Arrivée à 8h18 soit 44’ contre 1h50 de prévu sur le trajet initial. Les 60’ retirées de la BH sont bel et bien compensées.
Pour la 1ère fois je prends un bol de soupe chaude. Qu’est-ce que ça fait du bien après cette froide nuit. Je m’allège un peu mais garde ma veste imperméable qui fera office de coupe-vent.
Je pense que je passe une dizaine de minutes à cette étape. Je ne ressens pas le besoin de me reposer plus. Je veux continuer.
En route vers de nouvelles aventures avec une heure d’avance sur la BH. Dès cet instant je ne me suis plus du tout inquiété de ces barrières. Je me calerai dorénavant sur mon carnet de route amputé de 30’ au niveau de l’heure depuis ce point. Une heure de gagnée sur le parcours, 30’ de perdues sur le départ, vous suivez ?
En données corrigées j’avais donc planifié un départ à 8h45 et il devait être 8h30 !
70 abandons à ce lac ! Déjà 10 % des partants au tiers de la course.
Samedi 8h30 Lac Combal
Depuis ici je connais l’entier du parcours soit pour l’avoir effectué en 2014 via la CCC soit via la TDS en 2015 pour le bout jusqu’à Courmayeur (pris dans l’autre sens).
Il y aura bien quelques variantes (la descente de Courmayeur ne se fait pas par le chemin à jeep emprunté pour la montée du début de la TDS, normal vu que la descente est sur un single, pour étirer un peloton ce n’est pas l’idéal).
Bien entendu cela ne m’empêchera pas de me demander sur certains bouts entre Champex et Vallorcine si nous étions vraiment passés par là ou si c’est ma mémoire qui me joue des tours ou si plus simplement le fait d’être depuis plus de 30 heures en course jouerait un rôle.
Il n’empêche, je ne suis qu’au tiers de la course, il reste un peu plus de 100 kms, 6000 D+, 7000 D-, une seconde nuit, mais je sens que je vais arriver au bout.
Le long du lac est plat, j’avance d’un bon rythme (selon mes critères) en marche nordique.
Arrive la grimpette en direction de l’arête du Mont-Favre, environ 2 kms pour 460 D+. C’est efficace.
Il fait bon. Soudain mon prédécesseur se retourne et me dit, en anglais mais je vous fais de la traduction simultanée : « il faut nous dépêcher la neige arrive ». En effet en me retournant je vois de gros nuages dévorer la montagne d’en face et s’approcher de nous.
Bon ben se dépêcher, comment dire, c’est une façon de parler. On ne va pas se mettre dans le rouge.
En définitive nous n’aurons droit qu’à deux-trois flocons qui se sont perdus de notre côté.
J’arrive sans trop de difficulté à cette Arête qui culmine tout de même à 2'434 mètres. Il y fait beau, c’est un des plus beaux points de vue du parcours. Je ne m’y attarde pas, on ne voit pas grand-chose, de l’autre côté c’est bouché.
J’aurai mis 1h05 pour y arriver. Estimation 1h15. 22’ d’avance sur mon carnet de route.
Samedi 9h38 Arête du Mont-Favre
C’est maintenant le col Chécrouit qui est mon but. Il est à 4,4 kms de là avec 40 D+ et 475 D-
Ces légères remontées commencent à faire mal.
J’y arrive tout de même en 47’ (prévu 45’). Je ne m’y arrête pas plus que les 5’ budgétées.
Samedi 10h30 Col Chécrouit
Et maintenant la terrible descente sur Courmayeur. Jen j’ai bien pensé à toi. 4,3 kms 30 D+ et surtout 815 D-.
Très vite nous quittons le chemin à jeep et entrons dans la forêt. Un single agrémenté de racines et de rochers en virages serrés. Ce sera le seul moment où nous mangerons de la poussière.
Plus nous descendons plus la chaleur monte. J’aurai dû enlever mon coupe-vent. Trop tard. On dévale cette pente, pas le temps, on se changera plus tard.
L’arrivée à Courmayeur est un retour à la civilisation après plus de 11 heures dans la montagne.
On retrouve des spectateurs qui nous encouragent.
J’arrive au Forum Sports Center. On me remet mon sac, nous devons encore effectuer plusieurs dizaines de mètres et monter dans une salle à l’étage. Il est 11h15 j’ai 30’ d’avance sur mon temps et 1h45 sur la BH. J’ai donc le temps mais ce n’est pas une raison.
En entrant dans la salle c’est la déception. J’avais lu que les années précédentes, les coureurs assistés étaient en bas et que les coureurs seuls étaient en haut dans une sorte de havre de paix comparé au capharnaüm du bas. Ben c’est raté, tout le monde est en haut. C’est un peu le bordel. Je me trouve tout de même une place sur un banc mais pas de table pour poser mes affaires. Bon je ne suis pas là pour pleurnicher. Je déballe mes affaires et tente de m’organiser. Recharge de la montre et du téléphone, Changement des batteries ou piles de mes lampes.
Changement du haut. Je garde mon bas. Je décide également de changer de chaussures. Mes vieilles Goretex Saucony sont remplacées par de neuves La Sportiva. Je pense que maintenant j’aurai plus besoin d’une bonne semelle accrochant que d’une imperméabilité.
Ce choix se révélera très vite judicieux.
C’est assez sympa de changer de chaussures et de chaussettes qu’on traîne depuis près de 20 heures à côté d’un collègue qui mange une assiette de pâte.
Une fois que je me suis occupé de mon matériel, de mon équipement et mis de la crème solaire je vais refaire le plein d’eau et me chercher une assiette de pâte…….tiède à froide…..
M’en fous je n’ai pas faim, je n’ai pas sommeil, je suis un Spartiate, je veux repartir.
Malgré tout j’y aurai passé 47’ sur les 45’ prévues. A lire cela à l’air OK, mais dans ces 45’ étaient prévues 20’ de sommeil.
Est-ce que j’aurai pu être plus efficace ? Seul je ne pense pas ou peut-être si j’avais pu poser mes affaires sur une table.
Je repars donc à 12h02. 58’ de mieux que la BH et 28’ sur mes temps estimés.
Ici 100 coureurs se seront définitivement arrêtés auxquels il faut ajouter la douzaine du col Chécrouit.
Samedi 12h02 Courmayeur
C’est donc un homme neuf, habillé plus légèrement, qui ressort de ce Forum Sports Center et qui s’arrête pile sur les 1ères marches d’escalier……..
…..Il pleut et il est annoncé la tempête au Grand Col Ferret.
Je remets donc ma couche imperméable et prend la direction des hauts de Courmayeur avant de quitter à nouveau la civilisation pour aller en direction de la Suisse via le refuge Bertone, le refuge Bonatti, Arnouvaz et le redouté Grand Col Ferret.
Une bien belle montée sur ce refuge Bertone, 3 kms 660 D+. Les cuisses brûlent.
Il a déjà arrêté de pleuvoir, il refait chaud mais la température va gentiment baissé. Ce 1er refuge est presque à 2000.
Trajet fait en 1h42 pour 1h45 prévu. 5’ pour boire un ou deux verres de coca, un verre d’eau gazéifiée, manger un ou deux carrés de chocolat, quelques Tucs, du fromage et en route.
Ce menu est quasiment le même depuis le début et sera le même jusqu’à la fin.
Plus de soupe (je ne sais pas pourquoi), pas envie de retenter les pâtes froides. Pas de grands besoins supplémentaires. De temps en temps une barre aux amandes, un Pom-Pot, un Sporténine. On ne peut pas dire que cela ne m’a pas convenu.
Samedi 13h49 Refuge Bertone
Le parcours en direction du refuge Bonatti est une succession de montées et de descentes dont une belle montée juste avant d’arriver. Les traceurs adorent nous faire mériter notre bref repos. 7,3 kms 290 D+ 240 D- avalés en 1h40 pour 1h30 prévu.
Il ne fait pas beau, il pleut, il vente, il fait froid. Tiens il me semble avoir déjà vu ce temps quelque part.
Les bénévoles nous encouragent à ne pas rester pour la bonne raison qu’un arrêt de plus de quelques minutes va nous refroidir et on ne sait pas encore ce qu’il nous attend vraiment plus loin.
J’entends dire que les 3 premiers sont arrivés en moins de 20 heures !!!
Depuis Courmayeur, 22 traileurs supplémentaires auront abandonnés.
Samedi 15h34 Refuge Bonatti
Arnouvaz est le prochain gros ravitaillement. Le parcours qui nous y amène est roulant. 5 kms, 135 D+, 360 D- dont une belle descente sur la fin.
Et c’est ici que les athéniens s’atteignirent. Pour un Spartiate c’est cocasse.
La descente est un véritable bourbier. Sans bouger tu descends quand même tellement ça glisse. Les chutes sont légion (mais pas moi). A l’avant de la file, une concurrente devra penser à s’acheter de nouvelles chaussures car soit elle a vraiment des problèmes d’équilibre soit ses semelles sont lisses.
Nous sommes donc bien ralentis.
J’y arrive quand même. Je vous invite à regarder la Webcam de mon arrivée à ce ravito sur livetrail.net. On y devine le vent, la pluie et même le froid.
Malgré ces aléas j’y arrive dans les temps prévus.
La tente est bondée. J’ai prévu d’y passer 15’ mais je vais ressortir assez vite, il faut que je prenne soin de mes pieds. Je le ferai dehors.
Mais pour sortir il est obligatoire d’enfiler le pantalon imperméable. Ah OK ! Ça s’annonce dantesque le grand col Ferret.
Je mets donc ce pantalon qui sera fort utile. Cette obligation qui nous a été faite est une très bonne décision. Il y a encore des coureurs en court !!!
Samedi 16h50 Arnouvaz
Je sors donc de ce ravito pour m’attaquer à la terrible montée du Grand Col Ferret. 190 !!! coureurs auront abandonnés à ce poste. On dépasse les 20 % d’abandons.
Je pense qu’entre la tempête annoncée plus haut et le fait qu’ici il y a beaucoup de supporters venus en voiture ont dû faire pencher la balance dans la case « abandon » pour une partie des DNF.
Je suis donc sorti de cette tente bondée où on peut à peine se tenir debout pour mieux m’arrêter quelques mètres plus loin afin de soigner mes pieds dont certaines parties commencent à chauffer malgré la température un tantinet frisquette.
Cette opération sera réitérée plusieurs fois ce qui me permettra de finir avec des pieds presque intactes.
J’attaque cette montée que j’ai reconnue il y a peu. Elle est encore très vivace dans mon esprit. La différence est que c’est glissant de chez glissant. Mais mes nouvelles chaussures crochent bien.
J’arrive très vite (dans mon esprit) et quasi sans m’en rendre compte au refuge Elena. En kms on a fait la moitié de la montée, 2,3 sur 4,5 mais en D+…..comment dire…fait 270 sur 746. Reste donc 476 mètres à monter en 2,2 kms. C’est de l’efficace.
La tempête annoncée se fait sentir. Je me réjouis d’être en haut et surtout de pouvoir redescendre vers un temps plus calme et plus clément.
Cette montée redoutée se passe très bien. Vu le vent, c’est le regard fixé par terre que l’ascension s’effectue. De toute façon avec le brouillard on ne voit rien. Soudain je me retrouve face à un yéti qui tend vers moi un bras armé d’une massue.
En fait il s’agit du bénévole qui a dû perdre au tirage au sort et qui est là-haut pour nous pointer.
Ayant fait mon armée dans la montagne et donc effectué de nombreuses heures de garde dans des conditions indescriptibles j’ai une bouffée de compassion pour lui.
Je suis donc pointé à 18h33 soit 1h43 après être sorti de la tente. Toujours dans les temps prévus.
Samedi 18h33 Grand Col Ferret
Place à une longue portion jusqu’à la Fouly 9,5 kms 80 D+ et surtout 1004 D-.
Là aussi ces petites montées font mal. Heureusement je les connais bien, mes reconnaissances me sont utiles. Ce sera la dernière fois avant l’ultime descente.
Le début de la descente sur la Peule est d’abord en pente douce. La visibilité se fait vite meilleure. L’humidité est toujours présente sans de grandes précipitations. Le vent se calme.
C’est long il me faut près de 2 heures (1h55) pour y parvenir.
C’est sur cette portion, vers 20h00, que les 1ères hallucinations arrivent. Si on excepte les 20’ de sieste du début d’après-midi vendredi, cela fait 36 heures que je suis debout. Pourtant je n’ai pas eu de véritables coups de pompe et pourtant…..
….je vois, au bord de la rivière, une femme (qui ressemble un peu à une ancienne collègue) et un enfant dans un bateau, Monsieur le retenant afin qu’il reste au bord. Arrivé à proximité il n’y a plus personne.
Je savais que cela allait arriver mais je ne pensais pas si tôt. Il faudra faire avec je sais qu’elles vont m’accompagner tout le long de la course et qu’elles peuvent perdurer après.
Sur cette partie je verrais encore 3 personnes couchées sur des transats (pour rappel il fait froid et humide) ainsi que 2 voitures parquées dans un ravin.
La nuit va être longue.
Il commence à pleuvoir
Arrêt un peu plus long que prévu, 22’ contre 15’. Passage en mode nuit. Soin des pieds (surtout le gauche).
A noter encore 160 abandons ici. Au deux tiers de la course 85 % des abandons auront été enregistrés.
Samedi la Fouly 20h50.
Pour l’anecdote 1h40 d’avance sur la BH.
Direction Champex mais pas par les bois, par la route. Ce sera bien monotone et inintéressant. Et il pleut toujours.
Mais le jeudi, la rivière a débordé, détruit deux ponts et coupé en plusieurs endroits le chemin.
J’avais en effet entendu dire que la Fouly était coupée du monde mais à aucun moment une information officielle ne nous a été fournie, tout ce que j’avais vu c’était que la BH de Champex était avancée de 30’ mais pas les suivantes ???
En terme de distance 700 mètres de moins et 50 D+ en moins jusqu’à Praz de Fort où nous reprendrons le tracé initial. Les deux ponts ont été très vite remplacés par des ponts provisoires en bois. Du beau travail !
Peu après la Fouly je vois, à un arrêt de bus, 3 femmes et 5 enfants qui y sont assis. Je m’étonne qu’ils n’encouragent pas les coureurs. Et pour cause, il n’y a ni femmes ni enfants, ni arrêt de bus.
Je tente de rester concentré sur la réalité.
A nouveau un bon pas nordique.
Mais il n’y a pas de miracle la monotonie de cette partie alourdit mes paupières.
J’avais prévu des gels de caféine, j’en prends un et très vite cela va mieux.
De plus, arrivé à Praz de Fort , nous attend un ravito sauvage organisé chaque année par un couple du lieu, Un bon café chaud et une discussion avec le maître des lieux finissent par me redonner un bon coup de booste qui va me permettre d’attaquer la partie montant en direction de Champex.
Environ 4 kms avec 500 D+ dans une forêt sombre et humide. On dirait la forêt de Maléfique (la sorcière de la Belle aux Bois Dormant).
Je sais qu’on ressort sur la route environ 500 mètres avant le ravitaillement.
A tout moment je pense y arriver en voyant de la lumière ressemblant à des phares de voiture. Mais c’est la frontale d’autres coureurs.
C’est long, je fatigue, je me réjouis d’arriver à ce grand ravito qu’est Champex. Après il ne reste que 3 montées et 3 descentes (enfin à peu près).
J’y arrive à minuit passé de 8 minutes, j’en ressortirai 26’ plus tard. En rapport avec les 45’ prévues c’est court mais j’avais prévu 20’ de sommeil que je ne fais pas.
Et en plus j’ai perdu du temps et de l’énergie à cause d’un incident perturbant.
Un des mes bâtons refusent de se mettre en place. L’arrêt pour tendre ce bâton ne veut pas ressortir de son trou.
Sans aide puis avec l’aide d’un bénévole je tente de le forcer à sortir au moyen de couteau (suisse bien entendu), tournevis et autres. Rien à faire.
Je me résous donc à ranger mes bâtons dans mon sac. Damned encore 3'000 D+ et 3'500 D- à faire avec un terrain boueux et la fatigue cela va être très dur.
Encore 63 abandons ici. On atteint les 790.
Dimanche 00h34 Champex
Dimanche, nous sommes dimanche. Plus qu’une nuit, un matin et un bout d’après-midi et j’y serai.
Arrivé dans les hauts de Champex je ressors mes bâtons et tente une énième fois sans succès de les ouvrir. Avant de bifurquer dans la descente sur Plan de l’Au je hèle un coureur qui partait tout droit. Il a confondu les bannières fluos du balisage avec les catadioptres des bornes indiquant le bord de la route.
En avant pour cette descente sans bâton. Ça passe, beaucoup de pierres et de racines mais ce n’est pas trop pentu.
Le seul hic est que ma lampe me lâche. Et pourtant les voyants de la batterie étaient tous allumés lors de mon contrôle à Courmayeur. De plus elle était débranchée donc normalement pas d’utilisation à l’insu de mon plein gré.
Arrivé au Plan de l’Au, je prends donc ma petite lampe avec ces piles neuves qui devra donc me durer toute la nuit. Je tente encore une fois de réparer mon bâton, sans succès.
Plus de bâton, une lampe moins puissante, jusqu’ici tout allait trop bien.
De mémoire il a dû arrêter de pleuvoir mais je n’en suis pas très sûr. Il fait froid, la montée devrait me réchauffer.
C’est parti en direction de la Giète à 6,5 kms de là avec 856 D+ et 302 D-.
J’ai également fait cette partie en reconnaissance il y a peu, ça monte tout le long avec quelques passages de ruisseaux et une partie légèrement descendante où le ruisseau est le chemin.
J’avais été jusqu’au refuge de Bovine. De mémoire de CCC, il me semble qu’après il y a une partie plate puis ça part en raide montée sur la gauche et c’est la bascule en direction de Trient.
Sur le moment je n’ai pas fait attention mais légère descente + partie plate ne font pas 302 D-.
J’y reviendrai.
La montée commence, c’est pentu, ça glisse. Je décide de faire usage de mon bâton valide. Ce n’est pas l’idéal mais l’aide apportée est la bienvenue.
Alors que je commence à voir des visages et des personnages sur toutes les pierres (cela va m’accompagner jusqu’à Vallorcine et même une fois après la course) une idée, saugrenue ?, me vient à l’esprit. Mon bâton m’a lâché peut-être à cause du froid et de l’humidité. Je vais donc le prendre en main et le serrer sur la partie censée se clipser.
On arrive au refuge de Bovine où un panneau nous indique que la Giète est à 1,5 km.
Comme dans mon souvenir il y a une partie plate. Au loin, très au loin, je vois une file de frontale qui monte. Mais avant d’y arriver on redescend beaucoup beaucoup et bien entendu dans des conditions glissantes. Mon unique bâton m’était plus utile en montée qu’en descente.
Je ne m’en souvenais pas du tout de cette descente. Petit coup au moral.
Je pense qu’au bout de 30’ j’arrive tout de même à la Giète qui se trouve être une étable où il y a un peu à boire (ravitaillement officieux).
Je m’assois un moment, prend mon bâton plié que j’ai tenté de réchauffer (t’as fait quoi pendant ton UTMB ? j’ai réchauffé un bâton……) je le déplie une ixième fois et tente à nouveau que ce ……..de clip se clipse.
VICTOIRE !!!!
Quel soulagement ! Mais quel soulagement !
Je repars dans la nuit et le froid le sourire aux lèvres.
Je vais finir cette course (ça c’était sûr) avec l’aide de mes deux bâtons (ça ce n’était pas gagné).
Dimanche 4h06 la Giète
J’ai bien entendu perdu du temps sur cette partie. Peu importe, ma marge est encore importante sur les BH. J’ai un peu moins de 4 heures pour atteindre Trient et en ressortir. J’ai prévu 2h05 tout compris.
La descente se passe bien. C’est 5 kms avec 672 D- dont environ 225 dans le dernier kilomètre.
Bien entendu un chouia de remontée (90 D+). On avance prudemment, le terrain est toujours aussi glissant.
Le col de la Forclaz puis la descente sur Trient où on nous fait passer plus bas que le ravitaillement histoire d’avoir une montée supplémentaire. Et hop on y est.
1h28 pour cette portion pour 1h35 de prévu.
Jusqu’ici tout va bien.
Comme en 2014 le speaker hurle mon nom, plusieurs fois, PHILIPPE ETHENOZ DE SUGNENS, IL EST OU PHILIPPE ETHENOZ.
Euh…j’arrive je me sers à boire.
Je vais donc vers lui avec la crainte qu’il me tende le micro. Qu’est-ce que je pourrai dire d’intelligent et surtout d’intelligible à 5h30 du matin après 35 heures de courses ???
Tient au fait mon record de 31h58 est battu depuis avant la Giète. Idem pour les kms, 123 à Champex pour un record à 119 kms et les D+/D- qui culminaient à env. 7000 (tous de la TDS 2015) A Plan de l’Au j’en étais à 7500 D+ - 7200 D-
Le speaker me demande, hors micro, où se trouve Sugnens ? Ça va j’arrive encore à y répondre.
Je ne vais pas faire long dans cette tente qui ressemble à un dortoir très bruyant.
Je ressors et m’installe sur un banc près de l’église afin de prendre soin de mes pieds.
Puis je repars en direction de l’entrée/sortie officielle de ce ravito qui se trouve à quelques dizaines de mètres de la tente.
Je pointe à 5h54 soit 20’ après y être arrivé sur les 30’ prévues.
2 heures d’avance sur les BH qui ne m’inquiètent plus depuis un bon moment.
Environ une vingtaine de minutes sur mon temps estimé. C’est plus difficile à dire car le parcours a été et sera encore modifié par rapport au carnet de route initial.
Encore 30 abandons ici.
Dimanche 5h34 Trient
D’ici une heure environ le jour sera là.
Encore une bonne montée que je connais pour l’avoir reconnue il y a peu.
Ça monte sec jusqu’à un pâturage puis après c’est moins pentu puis ça redescend un peu jusqu’à Catogne.
Carole est bénévole là-bas en haut depuis jeudi et le passage de la course de l’OCC. Elle a eu une petite pause vendredi et c’était reparti depuis samedi pour ceux de la CCC et enfin nous. Je me réjouis de la voir.
Vu le mauvais temps, le pointage a été avancé aux Tseppes, près d’une grange, ce qui a constitué un abri pour les bénévoles un peu plus luxueux qu’une simple tente.
Cette montée sera le temps du délire total.
Je me sens bien mais je suis totalement ailleurs.
Tout d’abord toutes les pierres ont des personnages dessinés dessus.
Il y a des chalets construits dans les pentes de cette forêt.
En plus ma collègue qui est devant moi ne m’attend pas. A chaque virage je regarde si je le vois mais rien. Pourquoi elle ne m’attend pas ?
Enfin je vois les panneaux (cinq) pédestres qui indiquent la bifurcation sur la droite pour atteindre le pâturage.
Rien de ceci n’existe.
Et pourtant les panneaux, je me suis concentré, j’ai baissé la tête, bien respirer et regarder à nouveau, ils étaient toujours là. J’ai bien dû recommencer cet exercice au moins 4 fois. Toujours la même vision, enfin presque, une fois il y a un panneau vert qui est venu s’ajouter.
Ces hallucinations sont juste……hallucinantes.
Enfin j’arrive à ce pâturage où ce sera moins pentu. Et bien pas du tout, ça grimpe presque toujours autant. La perception de la pente après 1h30 de course ou plus de 36 heures est bien différente.
Le jour s’est levé, il fait presque beau. En fait mon soleil ce sera Carole vers qui j’arrive à 7h23. Quelle joie de voir cette femme qui est rayonnante malgré les très nombreuses heures passées à cet endroit dans des conditions difficiles. Ce n’est pas un ravito officiel mais elle a un verre de coca pour moi (et pour les autres s’ils en veulent).
Elle trouve que je suis un véritable métronome, que je n’ai pas une mauvaise mine. Ses paroles me font du bien.
Il reste 150 D+ jusqu’à Catogne puis c’est la descente sur Vallorcine dernier gros arrêt où Marc et Alicia m’attendent.
J’attaque cette descente comme les autres c’est-à-dire prudemment, c’est encore plus glissant que les dernières.
Dans cette partie les coups de pompe se succèdent. Je sais qu’il faudra que je dorme à Vallorcine.
Je suis puis dépasse deux américains dans la partie technique. Arrive enfin une partie plus facile sur la piste de ski qui est un large chemin. Je dépasse encore quelques concurrents.
Au détour d’un virage j’ai la joie de voir (ce n’est pas une hallucination) Marc et Alicia qui sont venus à ma rencontre.
Mon ami Marc est en pleine forme. Il me voit moi aussi en pleine forme. Il me raconte le 1er match de préparation de notre équipe de hockey-sur-glace favorite dans la nouvelle patinoire. Leur présence et conversation me redonne des forces. Alicia va me chercher un bon et long et chaud et mérité café dans la boulangerie la plus proche.
Mon ami Marc.
Ce café et tout le reste me rendent à la vie. L’envie de dormir est passée.
Je vais attaquer cette dernière difficulté le mors aux dents.
Montée au col des Montets, descente sur Argentière et remontée à la Flégère avant la dernière descente sur Chamonix……enfin c’est ce que je crois.
Il est 9h24, il fait encore frais, le soleil arrive, je suis encore bien habillé, pantalon imperméable compris, bonnet sur la tête et même encore la frontale.
Il doit rester environ 18 kms, 1000 D+, 1200 D- soit environ 5h45 selon mon carnet de route modifié.
Dimanche 9h24 Vallorcine
Il m’a semblé avoir passé un bon moment dans ce ravitaillement mais le chrono officiel indiquera 10’ sur les 15’ prévues et surtout les au moins 30’ si j’avais dormi.
Jusqu’ici tout va de nouveau bien.
La montée au col des Montets est agrémentée par le passage du train d’où les passagers nous encouragent. Nous sommes à l’ombre mais c’est bientôt fini.
Arrivée au col en 59’. 3,7 kms 208 D+ et 34 D-. Rien d’impressionnant mais après près de 40 heures de courses je pense que ce n’est pas si mal.
Je pensais que Marc et Alicia m’attendraient à ce point mais ils seront un peu plus bas dans la descente sur Argentières.
Je les vois puis on se reverra à Chamonix.
La descente sur Argentières, parlons-en. Je pensais y aller car jeudi en montant à Chamonix j’ai croisé ceux de l’OCC qui y passaient. Mais pas nous.
Nous traversons la route et montons (déjà ?) en direction de la Flégère.
Un panneau indique ce but à 650 D+ de là.
On monte. Le soleil est là, il fait chaud. Je vais enfin pouvoir m’alléger.
Dans le sac les affaires imperméables, le bonnet et la frontale. Place au Buff sur la tête et au t-shirt ainsi qu’aux lunettes de soleil.
J’avais pris ces lunettes avec moi plus pour masquer mes émotions lors de l’arrivée que parce que je pensais que nous allions avoir un si beau dimanche.
Enfin on voit du paysage. Je m’arrête un moment pour l’admirer. Je ne suis pas le seul. On a le temps autant en profiter.
On continue de monter. Un participant demande à la cantonade si quelqu’un sait à quelle altitude nous sommes. Je lui réponds que nous sommes vers 1’650. Il a l’air soulagé et déclare que ça va il ne nous reste que 200 D+……
En tant que Grand Calculateur je calme sa joie en marmonnant « sauf si on redescend ».
Ben oui, reprenons.
Nous avons commencé de monter peu après le haut du col des Montets soit environ vers 1450 mètres.
La Flégère est à 1860.
Le panneau indiquait 650 D+.
Sachant que 1860 moins 1450 = 410, il manque un bout.
Peu après c’est la « surprise du chef». Nous nous retrouvons devant deux panneaux indicateurs (des vrais, pas des hallucinations). L’un indique sur la droite La Flégère. L’autre sur la gauche Argentières.
Et c’est sur la gauche que nous devons aller.
Nous descendons. Une descente raide dans laquelle nous progressons lentement, désescaladons des rochers avec l’aide des mains. Cette partie est interminable. Tout le monde se pose la question de savoir si nous sommes sur le bon chemin. Devant il y a du monde, derrière aussi, si on s’est planté on est tous dans la même galère.
Un indice laisse penser que nous sommes justes. Les bannières fluos sont bien tournées de notre côté et donc ce ne sont pas celles de l’OCC qui seraient restées là.
On croise un autochtone à qui nous demandons où ce chemin nous emmène.
Il nous dit qu’il nous reste environ 250 mètres à subir cette désescalade puis ça repart en direction de la Flégère. D’abord pas mal à plat ou en très légère montée puis du raide de chez raide.
Enfin nous arrivons à une nouvelle bifurcation qui nous indique notre but. En effet cela ne monte pas beaucoup sur un bon bout. Il me semble que cela fait des heures que je suis parti de Vallorcine et que cette partie est bien plus longue que le tracé original.
Lorsque la pente devient plus efficace nous sortons assez vite de la forêt pour nous retrouver sur la pise de ski. Nous voyons le ravitaillement. Il est haut, très haut, la piste c’est un schuss vertigineux, tout droit mais en montée.
J’atteins enfin ce dernier poste. Il est 13 heures. Dans moins de 2 heures je devrai être à Chamonix.
Il m’aura fallu 3h36 pour effectuer ce trajet. Sur le parcours initial j’avais prévu 3h35.
10.1 kms – 925 D+ - 362 D- contre 10.6 kms – 873 D+ - 274 D- sur le vrai tracé.
Vu ces légères différences et surtout la technicité de la descente cette partie est plus longue que l’initiale. Ce que nous avons gagné entre La Fouly et Champex est compensé.
J’ai donc 1h45 d’avance sur la BH et 25’ sur mon carnet de route.
Je me fais servir un verre de Coca et prends place sur une chaise. Quel bonheur de pouvoir s’asseoir et surtout appuyer le dos !
Cela doit se lire sur mon visage, mon voisin me déclarant : « Enjoy this moment ».
Ah que oui !!!!!
Mais bon comme Chamonix ne vient pas à moi je dois aller à Chamonix.
Je sors de ce havre vers 13h05.
A suivre.........
Last Edit:il y a 7 ans 2 mois
par Olrik
Dernière édition: il y a 7 ans 2 mois par Olrik.
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Réponse de Olrik sur le sujet UTMB : il y a 6 ans c'était : "même pas en rêve"
Posted il y a 7 ans 2 mois #483630
Dimanche 13h05 La Flégère.
Mais avant d’entamer cette descente triomphale, il faut que je m’allège.
Heureusement nous sommes à l’arrivée de plusieurs installations et il y a tout ce qu’il faut en suffisance.
Je ne suis pas le seul mais l’attente est de quelques secondes.
Une bonne chose de faite.
J’attaque cette descente confiant et serein.
Le seul truc est de ne pas se planter contre une des nombreuses pierres et/ou racines qui jalonnent ce parcours.
J’y vais tranquille derrière deux italiens.
Nous nous faisons dépasser par une foule d’asiatiques qui dévalent cette pente comme si rien ne pouvait leur arriver.
Les italiens et moi ne nous comprenons pas au niveau du langage vocal mais dans le langage visuel et gestuel nous étions parfaitement en phase. Ils prennent des risques inutiles.
Je connais cette descente, je l’ai faite deux fois.
Une 1ère courte partie sur la pise de ski puis entrée dans la forêt. Après avoir traversé une fois la piste c’est direction le chalet de la Floria.
Il s’agit d’une buvette où le chemin traverse la terrasse. Je vous laisse imaginer l’ambiance.
Après c’est un long chemin large et un peu chaotique qui peut permettre de courir (trottiner) si on a encore un peu de force.
Je trottine – je marche – je trottine – je marche.
Les spectateurs venus à notre rencontre nous encouragent surtout à bien apprécier ce moment.
Je le sais pour avoir déjà eu le privilège de finir deux fois à Chamonix. Je sais aussi qu’il faut garder un peu de force pour courir les dernières centaines de mètres.
Chamonix est en vue. Il reste environ 1500 mètres dont 750 dans des rues peu fréquentées.
Les émotions montent en même temps que le brouhaha des supporters massés dans le centre.
Ca y est, je vois le gymnase, c’est un virage sur la droite, un long bout droit en faux-plat montant le long de l’Arve. Quelques mains se tendent sur mon passage.
Un nouveau virage à droite, traversée de la route, encore du faux-plat montant, il y a de plus en plus de monde.
Virage à gauche et entrée dans la zone piétonne. C’est noir de monde, c’est de la folie. Le 1347ème que je suis est acclamé comme les premiers.
Marc est là, il m’accompagne. Virage sur la gauche puis une boucle de quasi 360 °. Ma femme et une de mes filles sont là. Marc leur cède la place.
Afin de pouvoir taper dans quelques mains à droite et à gauche, je dois changer mes bâtons de mains à chaque modification de direction.
On finit cette boucle et on entre dans LA dernière ligne droite.
C’est juste indescriptible.
Nous passons la ligne un peu plus de 44 heures après que j’ai quitté cette place.
Il fait beau, Ma femme et mes filles (mon autre fille était là aussi, je pensais qu’elle travaillait) sont présentes. Alicia et Marc aussi.
J’ai fini l’UTMB. Il y a 6 ans ce n’était même pas en rêve.
Carole
En pleine forme le Fifi
Vous avez vu j'ai du ventre
Quelques chiffres :
2537 partants dont moins de 10 % de femmes.
1688 finishers. 33.46 % d’abandons. 45,85 % dans ma catégorie (199 sur 434)
Sur ces 849 abandons environ 200 le sont par les BH.
Je fini 1348ème, 168ème de ma catégorie et je fais un podium, 3ème VH2 suisse !!!!
Sur les 44h04 j’aurai passé environ 3h20 aux ravitos
Selon le carnet de route modifié cela donnait 44h35 avec 3h55 de pause dont 2 x 20’ de sommeil.
Merci à tous pour votre soutien. Famille, amis, coach, membres du Forum, contacts WhatsApp, amis Facebook, collègues et tous les autres qui d’une manière ou d’une autre m’ont aidé et accompagné dans cette aventure.
Mais avant d’entamer cette descente triomphale, il faut que je m’allège.
Heureusement nous sommes à l’arrivée de plusieurs installations et il y a tout ce qu’il faut en suffisance.
Je ne suis pas le seul mais l’attente est de quelques secondes.
Une bonne chose de faite.
J’attaque cette descente confiant et serein.
Le seul truc est de ne pas se planter contre une des nombreuses pierres et/ou racines qui jalonnent ce parcours.
J’y vais tranquille derrière deux italiens.
Nous nous faisons dépasser par une foule d’asiatiques qui dévalent cette pente comme si rien ne pouvait leur arriver.
Les italiens et moi ne nous comprenons pas au niveau du langage vocal mais dans le langage visuel et gestuel nous étions parfaitement en phase. Ils prennent des risques inutiles.
Je connais cette descente, je l’ai faite deux fois.
Une 1ère courte partie sur la pise de ski puis entrée dans la forêt. Après avoir traversé une fois la piste c’est direction le chalet de la Floria.
Il s’agit d’une buvette où le chemin traverse la terrasse. Je vous laisse imaginer l’ambiance.
Après c’est un long chemin large et un peu chaotique qui peut permettre de courir (trottiner) si on a encore un peu de force.
Je trottine – je marche – je trottine – je marche.
Les spectateurs venus à notre rencontre nous encouragent surtout à bien apprécier ce moment.
Je le sais pour avoir déjà eu le privilège de finir deux fois à Chamonix. Je sais aussi qu’il faut garder un peu de force pour courir les dernières centaines de mètres.
Chamonix est en vue. Il reste environ 1500 mètres dont 750 dans des rues peu fréquentées.
Les émotions montent en même temps que le brouhaha des supporters massés dans le centre.
Ca y est, je vois le gymnase, c’est un virage sur la droite, un long bout droit en faux-plat montant le long de l’Arve. Quelques mains se tendent sur mon passage.
Un nouveau virage à droite, traversée de la route, encore du faux-plat montant, il y a de plus en plus de monde.
Virage à gauche et entrée dans la zone piétonne. C’est noir de monde, c’est de la folie. Le 1347ème que je suis est acclamé comme les premiers.
Marc est là, il m’accompagne. Virage sur la gauche puis une boucle de quasi 360 °. Ma femme et une de mes filles sont là. Marc leur cède la place.
Afin de pouvoir taper dans quelques mains à droite et à gauche, je dois changer mes bâtons de mains à chaque modification de direction.
On finit cette boucle et on entre dans LA dernière ligne droite.
C’est juste indescriptible.
Nous passons la ligne un peu plus de 44 heures après que j’ai quitté cette place.
Il fait beau, Ma femme et mes filles (mon autre fille était là aussi, je pensais qu’elle travaillait) sont présentes. Alicia et Marc aussi.
J’ai fini l’UTMB. Il y a 6 ans ce n’était même pas en rêve.
Carole
En pleine forme le Fifi
Vous avez vu j'ai du ventre
Quelques chiffres :
2537 partants dont moins de 10 % de femmes.
1688 finishers. 33.46 % d’abandons. 45,85 % dans ma catégorie (199 sur 434)
Sur ces 849 abandons environ 200 le sont par les BH.
Je fini 1348ème, 168ème de ma catégorie et je fais un podium, 3ème VH2 suisse !!!!
Sur les 44h04 j’aurai passé environ 3h20 aux ravitos
Selon le carnet de route modifié cela donnait 44h35 avec 3h55 de pause dont 2 x 20’ de sommeil.
Merci à tous pour votre soutien. Famille, amis, coach, membres du Forum, contacts WhatsApp, amis Facebook, collègues et tous les autres qui d’une manière ou d’une autre m’ont aidé et accompagné dans cette aventure.
Last Edit:il y a 7 ans 2 mois
par Olrik
Dernière édition: il y a 7 ans 2 mois par Olrik.
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Réponse de rycker sur le sujet UTMB : il y a 6 ans c'était : "même pas en rêve"
Posted il y a 7 ans 2 mois #483637
Bah dis donc la tartine , bon je m'y colle
par rycker
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Réponse de Vince1987 sur le sujet UTMB : il y a 6 ans c'était : "même pas en rêve"
Posted il y a 7 ans 2 mois #483639olrik écrit: Je m’assois un moment, prend mon bâton plié que j’ai tenté de réchauffer (t’as fait quoi pendant ton UTMB ? j’ai réchauffé un bâton……)
Bel échauffement pour Tours
Merci pour ce magnifique récit.
Une horloge...suisse bien sûr !!
Encore toutes mes félicitations !
A bientôt pour l'objectif principal de l'année
par Vince1987
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Réponse de samoyede sur le sujet UTMB : il y a 6 ans c'était : "même pas en rêve"
Posted il y a 7 ans 2 mois #483640
j'en ai les larmes aux yeux et pourtant j'ai lu assez vite .
Reviendrais lire ça une deuxième fois plus calmement mais merci à toi et surtout un ENORME BRAVO CHAMPION
Reviendrais lire ça une deuxième fois plus calmement mais merci à toi et surtout un ENORME BRAVO CHAMPION
par samoyede
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Réponse de rycker sur le sujet UTMB : il y a 6 ans c'était : "même pas en rêve"
Posted il y a 7 ans 2 mois #483646
39 minutes pour lire ton beau Cr , record battu ^^.
Philippe une nouvelle fois bravo pour ton Utmbe et merci pour le partage , ça me fait toujours vibrer de lire cela, comme si j'y étais....mais ce n'est qu'une hallucination pour moi aussi , dommage.
D'ailleurs comment savoir si le fléchage sur la fin est le bon ,compte tenu de tes nombreuses hallucinations , c'est des coups à s'embarquer sur une fausse direction , se perdre ou se rallonger ???
J'ai hâte d'être la semaine prochaine pour pouvoir dire à tout le monde que j'ai couru au côté du champion Suisse Philippe et ça ce ne sera pas un mirage
Philippe une nouvelle fois bravo pour ton Utmbe et merci pour le partage , ça me fait toujours vibrer de lire cela, comme si j'y étais....mais ce n'est qu'une hallucination pour moi aussi , dommage.
D'ailleurs comment savoir si le fléchage sur la fin est le bon ,compte tenu de tes nombreuses hallucinations , c'est des coups à s'embarquer sur une fausse direction , se perdre ou se rallonger ???
J'ai hâte d'être la semaine prochaine pour pouvoir dire à tout le monde que j'ai couru au côté du champion Suisse Philippe et ça ce ne sera pas un mirage
Last Edit:il y a 7 ans 2 mois
par rycker
Dernière édition: il y a 7 ans 2 mois par rycker.
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