Genève : phacochère spirit

Esprit de revanche
Tout a commencé en novembre 2014, à la fin de mon premier marathon. Le chrono est anecdotique (du moins c’est ce que j’essaie de croire), l’important c’est le combat. Malheureusement, je dois bien avouer que j’ai flanché. Je me suis laissé envahir par les pensées négatives et j’ai abandonné la lutte pendant 4 ou 5 km. Evidemment je ne peux pas en rester là. Quelques semaines après rdv est pris avec Genève, le plan d’entrainement est imprimé. On va voir de quel bois je me chauffe !
La prépa s’étant passée pour le mieux, je me rends à Genève avec la confiance et le doute nécessaires. La confiance pour ne rien lâcher sur l’allure et le doute pour ne pas s’enflammer. Les mots de Franz m’accompagnent : respecte le marathon et tiens-toi à ton objectif (merci Franz). Ça me servira pendant les 3 premières heures. Les jours précédents la pression monte, mais une fois le sac à la consigne elle s’efface complètement pour laisser place à une grosse envie d’en découdre.

Rester zen.
Vu le petit nombre de coureurs (environ 2000 participants sur le marathon, 1521 finishers, heureusement que le relais était là pour nous épargner des grands moments de solitude) il n’y a pas de sas, mais les coureurs sont invités à se ranger par objectif. Je reste avec mes potes qui vont faire entre 4h et 3h43 (objectifs remplis) pas très loin de la flamme 3h30. Pour être sur de ne pas me griller j’ai programmé une alarme pour ne pas dépasser les 4’50/km jusqu’au 17ieme km. Le parcours n’a pas l’air plat. Entre 150 et 190m de dénivelé positif (suivant les sources) concentré essentiellement entre le km10 et le 16. La météo n’est pas si mauvaise que prévue et la température est idéale. L’objectif est donc de rester zen de faire ma course à mon rythme et de faire un premier point sur les forces en présences au km 17.

Départ !
Premiers km, les sensations sont bonnes, je laisse le petit groupe du meneur d’allure prendre de l’avance, je serai plus tranquille pour les ravitaillements. On verra si je peux les rattraper à fin. Premier stand, je marche en buvant un ou deux gobelets, ce que je répéterai pendant tout le marathon Quelques secondes de perdues, mais c’est le prix d’une bonne hydratation lorsqu’on n’a pas de bouteilles. Km 5 atteint en 24’58 à ma montre, environ 50m de retard sur le panneau. Les sensations sont bonnes. Quelques bosses pas bien méchants. FCm 79%, un peu haut, je vais quasiment plus regarder la FC avec ces bosses ça rime à rien. Je dois me concentrer sur le temps.
Jusqu’au km 10 on répète les mêmes choses à un arrêt pipi prêt (il faut que je mette un protocole pipi en place avant la course). Deuxième ravitaillement au km 8,8, je m’hydrate sagement. Ces 5km sont effectués en 25’11 Fcm 80% selon ma montre. L’écart avec le panneau est un peu plus grand. On est en pleine campagne au milieu du colza et des haies, un tout petit peu de vent, pluie fine rien à signaler. Un petit coucou à ma famille présente au km 10. Quelques bips me rappellent à l’ordre. Temps officiel au 10km : 50’31. Pas de panique je récupèrerai du temps dans la descente si je peux.
Km 15, jai fais 5km en 25’08. Je suis à un km du point culminant. La FC est stable (80%), tout baigne, le gros du d+ est avalé et la montre bipe de temps en temps je vais bientôt pouvoir détacher ma laisse. 2 ravitos (11,8 et 14, passés au pas de course. On est toujours en rase campagne, il faut se protéger du vent avec les haies.

Préparer la bataille
Arrivé au semi 1:45:37. FCmoy des 6 derniers km à 79% grâce au faux plat descendant. Mais une première grosse portion de chemin non asphalté et de grosses flaques qui nous obligent parfois à courir dans la boue. Un ravito pendant ces 6 km. Je commence déjà à sentir mes jambes et un peu d’inquiétude. Je pensais arriver plus frais. J’essaie de rester sagement autour des 4’55/km travaillés à l’entrainement ce n’est pas encore le moment de s’emballer.
Deux ravitaillements jusqu’au 25km. Malgré cela je récupère un peu de temps grâce au léger dénivelé négatif. 5km en 24’24. FCmoy à 81%. Je sens que je vais avoir un coup de mou à gérer. Pas le moment de flancher je suis venu pour ça, j’aurai ma revanche.

Tempête sous mon crane.
Jusqu’au 30ieme km l’organisation nous a gentiment préparé une deuxième portion non asphaltée identique à la première. La pluie est maintenant drue et le vent s’est un peu levé. Je vois la flamme s’échapper un peu. Les sensations ne sont pas top, mais pas non plus horribles. Je gère comme je peux sans m’affoler. Tout un tas de petites douleurs (pieds talon d’Achille) essaie de me détourner de mon objectif sans grand succès. Je chasse toutes ces pensées négatives. Arrivé au 30ieme en 2:29:18. Contre toute attente j’ai repris du temps, même si la flamme des 3h30 s’est un peu éloignée. Il reste une heure, le combat approche, on rentre dans les faubourgs de la ville.
Je sais qu’après le 30ieme viens une bonne grosse descente d’environ 2 km suivi d’une très longue et redoutable ligne droite d’environ 3,5km avec le jet d’eau en point de mire (et donc l’arrivée). La descente vient en fait après une succession de relances et même une cote courte mais assez sévère ou pas mal de coureurs craquent. Je tente un « elle est dure celle-là » personne ne me répond, certains ont dû me maudire. Je commence à serrer les dents et j’arrive en haut de la descente finalement assez entamé. Je décide de récupérer tout ce que je peux dans la descente. Malheureusement elle est assez raide et sollicite mes quadri. J’entame la longue ligne droite sans jus mais je suis pile dans les temps. 5 km en 24’40, FCmoy. 82%

L’œil du tigre
Pendant 3,5km je suis face à face avec mon marathon de Valence. Je souffre physiquement et chaque foulée je sens que je dois relancer pour garder mon allure proche des 5’/km. (Deux km en 5’03/km) La route est extrêmement large (2x2voies et un trottoir immense) quasiment pas de spectateurs et très peu de coureurs. Je ne vois plus la flamme (à vrai dire je vois surtout mes pieds) et je suis seul dans un combat avec moi-même pas moyen de m’accrocher à quelqu’un. Je me raccroche à tout ce que je peux, je pense même à l’accouchement de ma femme en me disant que ces 30’ qui restent ne sont rien). Je prends le temps de marcher au ravito, repartir en courant me demande un gros effort. T’as pas mal, c’est dans la tête. Puis, la chanson de Rocky retenti (un classique des courses), 1 km plus loin je rattrape ensuite PHB et je comprends que les 3h30 ne sont pas loin et que je rattrape les coureurs du groupe 3h30 un à un, la ligne droite est passée gros coup de booste au moral. Cerise sur le gâteau ma famille m’attend au 39ieme. Contre toute attente je me sens pousser des ailes. 5km en 23’54 FCm 85%. (Km 39 en 4’30 et 40 en 4’24).

Récompense
Je ne lâche rien jusque l’arrivée malgré les nombreuses relances et je double pas mal. Un virage à 180° pour attaquer le dernier km (sadiques) que je passe à bloc et je vois la flamme des 3h30 qui attends les coureurs pour les motiver. (km 41 en 4’20 et 42 en 4’34). Je lève les bras à 200m de la ligne j’ai eu ma revanche.

42,5 km en 3:28:28 à ma montre 4’54/km, étonnement à peine 81,5% de FCmoy. Classement final : 258

seskap écrit:

L’œil du tigre
Pendant 3,5km je suis face à face avec mon marathon de Valence. Je souffre physiquement et chaque foulée je sens que je dois relancer pour garder mon allure proche des 5’/km. (Deux km en 5’03/km) La route est extrêmement large (2x2voies et un trottoir immense) quasiment pas de spectateurs et très peu de coureurs. Je ne vois plus la flamme (à vrai dire je vois surtout mes pieds) et je suis seul dans un combat avec moi-même pas moyen de m’accrocher à quelqu’un. Je me raccroche à tout ce que je peux, je pense même à l’accouchement de ma femme en me disant que ces 30’ qui restent ne sont rien). Je prends le temps de marcher au ravito, repartir en courant me demande un gros effort. T’as pas mal, c’est dans la tête. Puis, la chanson de Rocky retenti (un classique des courses), 1 km plus loin je rattrape ensuite PHB et je comprends que les 3h30 ne sont pas loin et que je rattrape les coureurs du groupe 3h30 un à un, la ligne droite est passée gros coup de booste au moral. Cerise sur le gâteau ma famille m’attend au 39ieme. Contre toute attente je me sens pousser des ailes. 5km en 23’54 FCm 85%. (Km 39 en 4’30 et 40 en 4’24).

Tout est là... C'est ici qu'on tape son objectif ou pas. Toi, tu l'as explosé. Encore une fois bravo, Thomas !

C'est ce que je me suis dit après Valence et encore maintenant, c'est le moment clef ou j'avais laché la première fois. Je sais pas si c'est propre à ma façon de gerer les courses ou physiologique chez moi mais c'est la deuxième fois que j'ai ce coup de mou. Pourtant je ne pense pas que ce soit une fringale et les km qui ont suivi je me suis senti beaucoup mieux.

Je me suis demandé à un moment si c'est pas que je courais en sous régime et que du coup j'etais pas à l'aise. Mais ça me parait un peu présomptueux et puis vu les sensations je vois pas vraiment comment j'aurais pus accélérer.


le lien vers movescount :
www.movescount.com/moves/move61112551
pour ceux qui préfèrent Strava (je sais pas si ça marche)
www.strava.com/activities/297345354

Un grand bravo Thomas
Ce résultat est le fruit d'une belle prépa et d'un mental au top
Un RP qui claque comme on dit !!

j'ai suivi ton parcours sur le live et passage après passage , je te voyais garder ce rythme d'horloge ... suisse !!
Tu l'as parfaitement concrétisé !!

belle réussite que de prendre ta revanche sur Valence, çà a été un sacré ressort gagnant pour la fin de course
je pense que d'avoir un ressort comme çà pour la fin de course est utile, çà aide à penser à autre chose

très heureux pour toi !!

Une super prépa et une grosse motivation pour un super résultat.

Bravo Thomas.

Merci pour le CR et bonne récup.

Ouaouh quel récit, j'en suis tout frémissant.

C'est beau de voir comment tu as gérer ton effort

Bravo à toi