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100km Millau : Un anniversaire pas ordinaire !!!

100km Millau : Un anniversaire pas ordinaire !!! a été créé par Koeurlent

Posted il y a 10 ans 1 mois #333617
Je préfère vous prévenir, c’est long, j’en suis désolé, mais d’un autre côté, personne n’est obligé de lire, n’est-ce pas ;) ? Pour ceux qui redoutent l’indigestion, rdv au paragraphe « 10h01 » pour une tartine allégée, spéciale « course » :lol: .

Autre option, la version télégraphique : 100km Millau 2014 – STOP – Jour anniversaire 50 ans – STOP – 10h41 mission accomplie – STOP -Champagne – STOP.

Encore trop long ? ok : « C’était SUPER ! :woohoo: »

Sinon, en route pour la version longue… :ohmy:

Les années défilent, le temps perdu n’est pas facile à rattraper, le bougre, il a une sacré VMA… alors il faut savoir mettre parfois un bon coup de tampon pour imprimer des souvenirs mémorables. Je m’étais dit que le cap de la cinquantaine méritait d’être fêté dignement et donc d’avoir sa marque, à l’encre indélébile ! Les neurones mijotent au dernier étage. Parmi d’autres idées, un coup d’œil sur le calendrier des courses, et là, bingo : 27 Septembre 2014, pile poil le bon jour, 43ième édition du mythique 100km de Millau… l’occasion était trop belle, le défi trop tentant !

Il allait donc falloir mettre les petits plats dans les grands, passer du modèle 42 « fillette » (un peu de provoc ;) ) au « pachydermique » modèle 100, le pied quoi… Du balai les repères, trucs et astuces acquis laborieusement au fil des marathons… place aux farces, attrapes, et autres pochettes surprises ! Euh, donc si ça tourne au vinaigre, on pourra toujours passer l’éponge ?

Pas si simple.
Premièrement parce qu’heureusement, on ne repart pas d’une feuille blanche. Une bonne recette reste une bonne recette, même si l’on augmente les proportions ou si l’on change l’accompagnement (à vélo par exemple ?). Remballe ton excuse mon gars :blush:
Ensuite parce que le bonhomme malgré les années se trimballe toujours avec du rab d’amour propre, alors… se planter et transformer un probable pic du bonheur en gouffre d’amertume, jamais, non, jamais ! N’y pense même pas, tu mises gros, mais sois optimiste :whistle: !

Pas d’inconscience pour autant, l’expérience, ça calme. Disons plutôt que relever un défi, se mettre une bonne petite pression sur les épaules, c’est être joueur, mettre de la couleur dans sa vie…

En route pour Millau, donc, mais pas n’importe comment et, de longs mois à l’avance, je me promets de mettre le paquet, de la jouer aussi pro que possible pour me donner les meilleures chances d’y arriver. Nom d’une galette bretonne, chaud devant, le bitume allait fumer :evil: !

Janvier 2014 – Inscription
L’aiguille du motivomètre bloquée à droite, je suis déjà dans les starting-blocks pour l’inscription, résultat, une pioche à deux chiffres qui me fait penser de suite à un vieux dicton du pays de Millau, servi par les Grand-mères aux gamins qui ne regardaient pas plus loin que le bout de leur nez : « A verront en double, c’te gosses ! » :blink: . Le dossard 2*12, ma petite affaire s’annonce bien…
Premier semestre 2014 – Un entrainement à la longue vue
Mon idée est de faire comme d’habitude (t’es sûr toto?), mais en gonflant (sans coup de pompe, de préférence ;) ) le kilométrage global pour devenir si possible plus dur à cuire, du genre « I, robot ». Résultat, 1500kms, trois marathons réussis, ce qui se traduit pour moi par 3h24 (oui, je sais, Einstein, tout est relatif :silly: ), 2 fois et 3h38 en mode binôme. La machine récupère vraiment bien… les feux sont donc au vert. Hop hop hop, je reste lucide, rien n’est acquis pour autant.
Eté 2014 – Une pseudo coupure, ça fait moins mal
D’expérience, la deuxième moitié de saison me réussit un peu mieux, merci la coupure rituelle de l’été, on y croit… Mais cette année il y a un os : la prépa pour fin Septembre rentre en collision frontale avec la séquence « Les bidochons en vacances B) ». Là, je me dis qu’il ne s’agit pas de faire des victimes collatérales : « ne pas jouer au con, promis »… et finalement si… Comme il fait chaud et humide, ce sera « moite moite :P ». Ce qui se traduit par un atterrissage en douceur, le zingue restant en roue libre sur le tarmac, pour un redécollage immédiat… mais pas d’arrêt au hangar pour une révision complète.
28 Juillet 2014 – C’est parti pour 9 semaines de prépa
Pas très rassurant :ohmy: : à peine rechaussé, le touriste est supposé envoyer du lourd. Le changement, c’est maintenant. Comme d’hab, le plan s’inspire d’un modèle « officiel », dont je garde les grands principes, mais auquel j’applique quelques recettes personnelles. Est-ce plus efficace ? En tout cas, cela me permet de m’approprier le programme, de moins le subir. Dernier point en préambule, je me promets de surveiller en permanence les jauges (fatigue, douleurs, motivation) et d’adapter si besoin les séances… merci l’expérience marathon.
Alors ça ressemble à quoi, finalement ? Sans rentrer dans les détails, le mot clé, c’est « volume ». Du volume à toutes les allures, 60-65, 70, 75, et 80-85% de la VMA… mais pour une fois, pas de vraies séances de VMA, ce qui facilite l’assimilation et l’accumulation des kilomètres en limitant les risques de blessure... Ajouter à cela un assaisonnement « spécial Millau » ;) : de longues sorties trail (30kms) avec relief, et de lourdes séances de tapis orientées montées/descentes. Pour finir, relâchement significatif sur les deux dernières semaines, histoire d’être frais comme un gardon le jour J.
Résultat, 400kms en Aout, 250 en Septembre et pas un accro, ni baisse de régime, ni bobo… ça commence à sentir bon… je suis prêt, le poids est optimisé, le moral, gonflé à bloc. Je piaffe d’impatience :lol:
Pour compléter le tableau, un copain de longue date, Franck, m’accompagnera à vélo et tous les choix techniques, tactiques sont faits, il est trop tard pour les challenger… ce qui ne veut pas dire que je ne me pose aucune question… juste des bricoles, du genre « mon allure 100 est-elle la bonne ? :blush: ». Ouaf ouaf, mieux vaut en rigoler. :silly:
27 Septembre – Jour J – La course
Objectif officiel : moins de 11h, je pars en réalité pour faire 10h30 dans des conditions idéales. Le plan de route tient compte du profil spécifique de Millau, où les difficultés principales sont placées dans la deuxième moitié du parcours. La « stratégie » de course résulte de mes nombreuses recherches préalables, elle tient en deux mots : Prudence et feeling. :)
9h, Parc de la victoire, grand beau sur Millau. Moi qui annonçais que le bitume allait chauffer : mon gars, te voilà servi :blink: ! Tant pis, ou plutôt tant mieux, c’est une belle journée qui s’annonce. :lol:
9h30, les vélos sont allés se positionner au km 6-7 et nous partons en procession vers la ligne de départ. Parmi les 1548 courageux ou givrés (à vous de voir), je suis sûr que nous sommes plusieurs à nous dire « mince alors, comme si 100kms, ça ne suffisait pas :blink: ! ». Environ 400 marathoniens nous accompagnerons sur la première boucle.
10h01 – Sur la ligne de départ, je retrouve un collègue expérimenté, Eric, qui vise les 9h. Je bois ces conseils, comme du petit lait : « Surtout ne pas partir trop vite, et en plus, ça va chauffer !». Je crois qu’à peine parti, il mangera finalement sa propre consigne :dry: . Eric se faufile vers les premiers rangs, good luck camarade !
PAN… :huh: le temps de vérifier que je n’ai pas été gratifié d’un deuxième trou de balle (c’est bon ;) ), et me voilà parti pour une sacrée aventure. Première constatation, et première découverte : je suis en course et c’est tranquilou, rien à voir avec le rythme marathon, pourtant déjà confortable en début de course. Profites en mon garçon, pas sûr que ça dure bien longtemps !
Autour de moi les visages sont souriants, ça respire le bonheur et la bonne humeur. Je suis dans le rythme prévu, un peu au-dessus, mais un bon nombre double et je suis surpris de voir autant de coureurs partir sur ces allures… wait & see… B)
Km 6-7, nous retrouvons les suiveurs vélos, une vraie fourmilière, mais heureusement l’organisation est nickel, et ma casquette, orange fluo. Franck, mon suiveur, m’avouera par la suite avoir beaucoup apprécié ce détail, parce qu’à de nombreuses reprises pendant la course, il lui permettra, après les arrêts, de me retrouver facilement parmi les mangeurs de goudron. Bien que n’ayant qu’une sortie commune au compteur, nous nous organisons comme de vieux briscards : « Mange ! Bois ! Prends ta sportenine ! Pête un bon coup ». Oui chef. :)
Les kilomètres défilent et les sensations sont excellentes, ce que confirme mon rythme dans la première petite bosse, aux alentours du semi. Je me force à boire au-delà de mon envie, en pensant aux heures chaudes qui nous attendent, car à l’effort, je transpire beaucoup et n’aime pas trop la chaleur. Et paf. Le chien ? Non, la pause pipi ;) , vers le 23ième, ça ne m’arrive jamais… et ce sera mon seul arrêt de toute la course.
Km 25, rien de spécial, si ce n’est un pointage intermédiaire : 2h18’, 248ième. C’est trop rapide, mais ça va tellement bien… nous sommes dans de petites montagnes russes depuis le 20ième, ça va durer jusqu’au 30ième et ensuite c’est un long faux plat descendant jusqu’à Millau. Malgré un léger recalage de l’allure vers 10,5km.h je dois me rendre à l’évidence, il se passe des trucs : je double, lentement mais surement, je double un bon nombre de coureurs qui ne semblent déjà pas si faciles que ça ! Bon. Pourquoi se faire des nœuds au cerveau, la vie est belle, l’allure est bonne, continuons comme ça B) . En arrivant sur Millau, c’est donc une fin de marathon, je suis euphorique et mon pote me répète plusieurs fois « mollo, mollo »… je l’écoute… presque… ;)
Km 42, 3h55, 152ième. Un passage par la salle des fêtes du Parc de la Victoire et me voilà enfin dans l’inconnu, la vraie course débute… il est 14h, il commence à faire vraiment chaud, le goudron renvoie la chaleur du soleil. Boire, boire, encore boire… sauf que la boisson sucrée commence à me gaver sévère! :S
Km 47, je l’avais dans le viseur depuis le marathon, le pied d’une côte, taille patron, une big boss(e) quoi ! 2,6kms à 5% dont un gros km à plus de 8% sur une route bien large pour arriver à l’aplomb du viaduc. Ensuite, bascule vers la descente qui mène à St Georges. Je me sens guerrier, celle-là, je me suis promis de me la faire version « robocop » :angry: . Premier vrai test. Ca passe, je cours là où beaucoup d’autres marchent, ou alternent. Je ne sais pas qui adopte la meilleure tactique, eux ou moi, mais c’est psychologique, à ce stade j’ai vraiment besoin de me prouver qu’il m’en reste sous la semelle. Dans l’histoire Franck se fait légèrement distancer sur la partie la plus raide, normal, nous venons de remplir les sacoches à Millau, et il est chargé comme une mule. Le viaduc est majestueux, l’ambiance électrique (surtout à l’intérieur du bonhomme :silly: ), je prends mon pied… et le moral est au top :woohoo: . Dans la descente, échange de paroles magiques avec mon pote : «Ca va le faire ». :woohoo:
Km 55-60, les coureurs sont déjà bien éparpillés sur le bitume, nous sommes dans une vallée assez large, en faux plat montant jusqu’à St Rome. Entre 15h et 16h, ça chauffe vraiment et il faut aller chercher les rares coins d’ombre pour se rafraichir. Sinon, la casquette, mouillée à chaque point d’eau, et une serviette également mouillée autour du cou me font le plus grand bien. :) Super bon plan, la serviette, merci à mon suiveur, l’idée vient de lui ! Côté jambes, le rythme est moins enthousiaste, les kilomètres et l’absence de portion vraiment plate depuis le début commencent à peser… un peu normal quand même, mais le plus embêtant, c’est qu’au niveau digestif, ça commence à coincer, le sucré me dégoute :blink: . Heureusement mon suiveur-sauveur me suggère de basculer sur de l’eau gazeuse et ça me fait le plus grand bien, je bois goulûment :) . Par contre pour le solide, plus envie :X , je me dis qu’il faut faire gaffe à la panne de carburant mais on avisera plus tard…
« Début de commencement » d’une crampe en bas du mollet droit à l’arrivée sur St Rome, et donc au pied de notre Everest du jour, la fameuse (peut-être pas pour tout le monde) côte de Tiergues. J’essaie d’optimiser mes mouvements et le truc passe tout seul, trop cool, c’est mon jour :woohoo: … Tiergues, me voilà… On va savoir…
Km 60 Tiergues – 1ière montée (aller) – Effectivement, je suis très vite fixé, le robot a dû perdre quelques boulons en cours de route, ou alors le réservoir est peut-être déjà sur la réserve :blush: ( ?)… toujours est-il que l’élan ne suffit pas et qu’au bout d’une bonne centaine de mètres d’ascension, je me retrouve à marcher !
Premier regret, mon acolyte à oublier d’emporter dans ses bagages un accessoire bien utile :evil: : le fouet à grosse feignasse qui n’avance plus ! Au contraire, il fait dans la calino-thérapie : « pas grave, on est largement dans les temps, tu peux gérer ». Franck a raison, il faut garder la « positive attitude » :) . Après tout, c’est mon anniversaire, je ne suis pas là pour me faire crever la paillasse, ou même pour me mettre minable et finir par exploser en vol un peu plus loin.
"Marche", donc, jusqu’en haut si besoin ! Je m’arrange d’autant plus facilement avec ma conscience qu’autour de moi, beaucoup font de même (mais pas tous, grrr :S , des places perdues), en cohérence avec ce que décrit l’expérience collective du web, à savoir : « mieux vaut marcher pour durer ou ne pas craquer, le résultat final n’en est pas forcément moins bon pour autant ». Suis-je en train de lâcher le morceau ? Le guerrier s’est-il mis aux abonnés absents :huh: ? Je ne sais pas mais ça me va très bien tout ça, et j’y trouve mon compte : marcher, c’est plaisant et ça repose pour la suite. Journée plaisir. :laugh:
Km 62 (pour moi), ou possible tournant de la Course au km 80 (pour eux) – Il ne s’agit plus de ma pomme, bien sûr, mais des gladiateurs qui luttent avec leurs tripes pour la victoire. Instant magique.
Une voiture, un affichage chronométrique qui égrène les secondes au-delà de 6h, et puis une silhouette, entourée d’une grappe de vélo, lancée à bonne allure dans ce qui, pour eux, est une descente. Petit coup d’adrénaline par procuration, j’enfile mon costume de spectateur admiratif :woohoo: … et dire que déjà, j’avais chaud :blush: !
Regain d’émotion, à peine à ma hauteur, le gars s’arrête net, victime d’une crampe :unsure: . Je le reconnais et lui lance « Mais c’est notre breton, bravo, t’es un champion ». Il s’agit de Mickael Jeanne :cheer: . Mon collègue Eric me l’a pointé du doigt sur la ligne de départ, il se trouve qu’il le connait et l’accompagnateur vélo du champion est un copain à lui : « Regarde le bien, il a déjà fait 7h15 sur 100 et il est là pour faire un podium ». Ok, un martien :silly: quoi, mais à l’allure sobre et sympathique. Je m’éloigne alors que les suiveurs s’affairent autour de lui pour faire passer la maudite crampe et déjà un autre bolide surgit pour prendre la tête de course. Il s’agit d’Hervé Seitz :cheer: , un habitué des podiums à Millau. Quelques secondes plus tard, je l’entends dire à notre infortuné breton « Courage Mickael, t’es un guerrier ». Ouah… en plus ces gars-là sont des grands seigneurs, quel bel état d’esprit, c’est ça le sport, le vrai :) . Je suis admiratif, mais pas très confiant pour Mickael. Le reste de leur histoire est public, Hervé ne croyait certainement pas si bien dire, les deux champions se livreront dans les 20 derniers kilomètres à un « mano a mano » acharné, jusqu’à la fin, pour une victoire avec moins de 3 petites minutes en faveur du breton. Incroyable. Respect. :) :)
Km 64, retour avec le commun des mortels, en haut de Tiergues… du coup, ça parait un peu fade, non ? Les cracks m’ont montré l’exemple, il est temps de s’activer les guiboles, alors un peu avant la fin de la bosse (après les lacets), je me remets à courir. La machine fonctionne toujours :) mais la course est loin d’être finie… Au début de la descente vers St Affrique je passe devant mon petit fan club, à qui je lance à la volée : « c’est quand même pas un truc pour les femmelettes :lol: ! ». Descente interminable vers St Affrique mais ça… descend :laugh: , donc ça le fait sans trop de problème, d’autant qu’en bas il y a une belle carotte, mon lapin :lol: ! A St Affrique c’est le demi-tour pour un retour de 29kms vers Millau. Dans ma tête, je sais qu’il ne faut pas se projeter trop loin, au risque de déprimer, alors j’ai trouvé mon objectif : atteindre le début de la côte de tiergues (retour) pour me remettre à marcher. Décidément, quelle feignasse :blush: ! Bon, il faut préciser que le début d’ascension est violent…
Km 71, 7h02’, 106ième… et un billet retour gratuit, un :laugh: ! Franck s’est arrêté à l’endroit où les routes aller et retour se séparent (pour 2 bons kms) pour essayer de voir notre ami Eric, parti pour 9h mais qui visiblement a eu quelques soucis parce que nous ne l’avons pas croisé dans la descente. Finalement, il le verra rapidement :) , je l’ai donc raté de peu :( . Comment dire… nous apprendrons plus tard que la belle mécanique (il est largement plus fort que moi) a eu quelques retours de gazoil dans le carbu, nécessitant quelques pauses techniques :blush: . Voilà, voilà. Bad luck, mais Eric n’aime pas trop la chaleur…
Pour ma part, malgré l’absence de rétros, mon demi-tour s’effectue sans casse ;) et je prends le début de Tiergues (retour) comme une récompense. Mais ce gars-là passe son temps à marcher ! J’avoue, et avec du recul, je n’ose pas compter les longues minutes perdues au total (enfin si, j’ai compté : 1h50 en tout :blush: !)… Clairement, c’est toute la question : et en marchant plus vite ? et en reprenant la course plus souvent ? Comment se serait passée la fin du périple ? Ben je ne saurai jamais !
Km 75, pour l’anectode, nous apprécions le paysage, qui défile len…te…ment (c’est chouette les 100kms de Millau dans ces conditions), quand mon pote Franck aperçoit le panneau « 75 ». Ni une, ni deux, il me passe la consigne et m’envoie au charbon : « allez Alain, vas-y, remets toi à courir, je te filme devant le panneau ». Diable, le bougre, il veut ma mort :angry: … mais ok, je comprends l’astuce, comme ça on pourra dire « le gars il courait encore dans Tiergues, au retour :huh: ». Euh… il est où l’esprit du sport ? Bah, c’est pour le fun tout ça, je m’exécute donc. « Pan » :blink: , mais non, je déconne.
Km 78, en haut de Tiergues (retour). Bien sûr je me suis refait à nouveau un petit intermède « marche » et me suis forcé à manger un peu. Tout bénef, me voilà de nouveau en train de courir, je me sens bien, un petit coucou à la famille et je bascule :silly: dans la descente vers St Rome.
Km 78-82, la descente magique. Dans la côte précédente, un bon nombre de coureurs m’ont dépassé, certains couraient (bravo !), mais dans la descente, c’est pour moi. Est-ce les séances longues (très longues) de descentes sur tapis ? L’effet « pâte de fruit » ? Toujours est-il que je me retrouve avec un péchon d’enfer et des jambes en béton :laugh: . Normalement après 80kms ça doit faire un peu mal, ben là, pas du tout, je vole (Einstein, la relativité 2ième, oui, ok) à plus de 12km.h (wouah) pendant au moins 2kms (monsieur Garmin confirme !). Ridicule me direz-vous ? Oui peut-être, mais croyez-moi, je prends un pied total :woohoo: et partage mon émotion avec Franck « purée, c’est de la folie, même pas mal ». Il me répond « oui, dis donc ça se voit » :) et puis « c’est gagné là » :) . Certains n’avancent pas, plusieurs autres bloquent sur des crampes aux cuisses, nous croisons beaucoup de coureurs qui se dirigent vers St Affrique, certains, probablement un peu étonnés, m’encouragent… tout petit moment de gloire B) … éphèmére :( … ceux que je croiserai quelques kilomètres plus loin n’auront pas du tout le même ressenti :blink: ! En attendant, ce qui est pris est pris, et avec Franck, on en rigole goulûment :woohoo: !
Km 82-90, ou le retour de manivelle… J’ai dû me gouré dans la marque des piles parce que la réserve d’énergie s’est évaporée en deux temps trois mouvements. C’est malin :( ! Bon, ben il faut faire avec… le faux plat descendant entre St Rome et St Georges est interminable, je n’ai plus trop de jus et toujours pas envie de solliciter mon estomac, de peur qu’il joue les rebelles et me renvoie l’ascenseur et tout le reste… on se comprend ;) … moralité j’avance lentement mais régulièrement (ce n’est pas une côte, donc interdiction absolue de marcher, quand même :angry: !) et plusieurs courageux me doublent, de meilleurs gestionnaires, probablement ! Soyons honnêtes, je suis toujours optimiste, le moins de 11h est encore accessible, mais j’en ai marre… finalement, c’est un peu long quand même :huh: , un 100km.
Km 89, St Georges, c’est là que se situe notre camp de base et je lance une blague à mon pote « on va p’tet s’arrêter là finalement ? ». Je me fais recadrer fissa :evil: : « Ca va pas non !». En réalité dans ma tête je me projette déjà dans l’après course, et je me pose de vraies questions existentielles : « Est-ce que le Champagne va passer ? Et le gâteau au chocolat ? ». A ce stade, je me dis que c’est mal barré côté « repas festif » :dry: .
Km 90-92, montée du viaduc retour et dernière vraie difficulté… vous l’avez deviné ? Gagné, je ressors les godillots de marche, et pire, je suis content de moi :P . Coup d’œil sur le chrono, petit calcul mental « yes man, in the pocket ». Voilà qui n’incite pas trop à se bouger les fesses :unsure: ! A propos, une anecdote… dans cette côte, je me fais doubler fastoche par une minette à la silhouette féminine (pas une allumette quoi) qui m’inspire le respect. 90kms au compteur et elle avance en courant sur un rythme très correct :ohmy: . Je la félicite « bravo, vraiment » et lui demande « c’est quoi ton secret ? ». Réponse « je m’entraine en côte »… pouf pouf :blink: , ben moi aussi, mais visiblement pas assez ! Elle me met environ 15’ dans la vue au chrono final (4ième féminine), une paille… :unsure:
Il s’en passe des trucs dans cette côte : je me fais également rattraper par un autre marcheur (genre concours de limaces ;) ) et nous papotons… « On est bien là », « C’est cool de marcher », « majestueux, le viaduc », « C’est ton premier ? », « Moi aussi »… et le temps passe, la nuit tombe gentiment et le symbole de Millau devient une ombre chinoise, magnifique avec les lumières éclairant la partie haute de l’édifice… C’est beau, c’est émouvant d’être à cet endroit-là, à ce moment-là. Nous en prenons plein les yeux. Millau, c’est trop beau ! :cheer:
Km 93-98, au fait, on s’amuse, on visite, mais il ne faudrait peut-être pas tout gâcher sur la fin :blink: … allez hop, je me remets à courir un peu avant la fin de la côte :) . Mon collègue de marche tardera visiblement à faire de même parce que nous aurons un bon écart à l’arrivée (10’). Comme quoi, marche ou pas marche, c’est une vraie bonne question, et je n’ai pas fini de me la poser :huh: ! Nous avons mis les lumières et frontales, il fait frais, enfin, et malgré le manque évident de carburant (mais pas d’hypo, c’est l’essentiel) je me suis remis en mode robot, celui qui ne marchera plus, même dans le dernier petit tape-cul entre Raujolles et Creissels, non mais :angry: … Je ne pense plus qu’à une chose, que ça se termine, j’ai ma dose, mais au moins, je suis motivé pour arriver sans musarder en chemin. :cheer:
Km 99-100, les lumières de Millau attirent les coureurs comme des mouches et ça bourdonne dans la ville. Autant le parcours a été protégé tout du long de la circulation automobile (et c’est top :) ), autant les rues de Millau sont la scène d’un joyeux bazar :silly: où quelques bénévoles essaient de faire cohabiter la famille « Quatpneu » et la famille « Deusmel ». Pas facile tout ça, et ça monte un peu en plus :unsure: , heureusement quelques spectateurs applaudissent et encouragent… J’avais lu plusieurs fois le commentaire suivant : « les derniers kilomètres, il faut savoir en profiter, après c’est fini » et dans ma tête, ça m’amuse, je ne suis pas du tout dans cet état d’esprit. Pour moi, c’est : « vivement la ligne ! » :blink:
Parc de la Victoire, l’arrivée – On arrive au Parc de la victoire, je dis à Franck de partir devant pour immortaliser le passage sous le panneau 100, mais il ne reste plus que 300m environ et je trouve le moyen d’accélérer progressivement pour finir au sprint, à 14-15km.h… :woohoo: ah ah ah… Résultat, le temps pour lui de poser le vélo et de démonter la caméra, je suis dans la boite… mais de dos :silly: . Pas grave, c’est bien et complémentaire avec la photo officielle :) !
10 Heures 41 minutes et 16 secondes, Mission accomplie. Check avec mon pote : on a fait du très bon boulot :laugh: et plusieurs fois je le remercie vraiment pour son aide précieuse. L’occasion de confirmer ce que tout le monde dit : sans accompagnateur, on perd forcement du temps et çà doit être plus dur moralement.
Etonnamment, je ne me sens pas grillé, juste profondément fatigué, une saine fatigue dont on se remet assez vite :) . Côté muscles, squelette, c’est un peu douloureux mais rien qui ne fasse vraiment mal et je m’amuse à sentir que les muscles des épaules ont bossé eux aussi, :huh: c’est une sensation nouvelle. Le seul bug se situe au niveau de l’estomac qui n’est pas dans un état optimal :blink: , malgré tout nous avons visiblement trouvé le bon deal : « je l’ai laissé tranquille, et il m’a foutu la paix » :laugh: .
Pourtant, c’est mon anniversaire, et s’il y en a un pour lequel on a prévu du rab de boulot ce soir, c’est lui ! :silly: Damned. On tente le remède classique ? Allez, 3 ou 4 verres de coca plus loin, je me sens mieux et je vois ma part de gâteau grossir à vue d’œil :woohoo: . Ce jour sera marqué à jamais dans ma mémoire, c’était bien l’objectif, risqué certes, mais atteint : je suis profondément heureux, comblé !
Epilogue, bilan et remerciements – Pour revenir à la course en elle-même, les 100km de Millau, c’est vraiment une belle aventure, un vrai défi, dans un décor très plaisant, parfois magique, une course à partager avec des compagnons de route à l’esprit joyeux et communicatif (moins sur la fin ;) ), et surtout, une course orchestrée de mains de maitre par une organisation sans faille. Bravo à eux :) , bravo également à tous les finishers :) , et à tous les malheureux qui ont dû mettre le clignotant avant la fin :) , ils reviendront très probablement, cela en vaut le coup !
A titre personnel, après une semaine de repos et le sentiment du devoir accompli, je suis dans l’après… et l’envie d’en refaire un (100) sur le plat, histoire de voir ce que cela change :huh: . Le plan a l’air de bien me convenir, probablement pas grand-chose à retoucher, idem pour l’allure de départ (10,5km.h ou un poil plus). J’imagine pouvoir me passer de séquences marche sur le plat, mais c’est juste une hypothèse :huh: , et le vrai point à travailler, c’est l’alimentation :unsure: : se forcer à prendre encore un peu de sucre quand l’estomac me dit le contraire ? Et le coca, pourquoi n’ai-je pas essayé en cours de route ? quel C… ! Prendre autre chose ? Bref essayer de trouver le moyen d’avoir encore de l’énergie sur la fin, vu que tout le reste semble en état de marche (NON, pas ce mot, GRRR :evil: ) !
En attendant, prochaine échéance, le marathon vert (de Rennes), j’y pense déjà avec envie : « c’est-y pas bon signe ça ! »
Un GRAND MERCI à mon accompagnateur, Franck.
par Koeurlent

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Réponse de Ernest FP sur le sujet Re: 100km Millau : Un anniversaire pas ordinaire !!!

Posted il y a 10 ans 1 mois #333628
Salut à toi et respect !
J' ai pris le temps de tout lire car tu as bien pris le temps de l'écrire B)
Millau ? J'en rêve et un jour sûrement !
Si tu es toujours dans le coin, je te contacterai pour de précieux conseils.
Encore bravo en tout cas.
par Ernest FP

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Réponse de jordan40 sur le sujet Re: 100km Millau : Un anniversaire pas ordinaire !!!

Posted il y a 10 ans 1 mois #333637
J'ai tout lu aussi :woohoo: (j'ai droit à un cadeau? )
Grand bravo et respect ça a presque l'air facile à te lire :P

EDIT : BON ANNIVERSAIRE-STOP-en retard-STOP-
Last Edit:il y a 10 ans 1 mois par jordan40
Dernière édition: il y a 10 ans 1 mois par jordan40.

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Réponse de rycker sur le sujet Re: 100km Millau : Un anniversaire pas ordinaire !!!

Posted il y a 10 ans 1 mois #333638
Stop- je lirais plus tard-stop

Mais ça à l'air passionnant :)
par rycker

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Réponse de hayko00 sur le sujet Re: 100km Millau : Un anniversaire pas ordinaire !!!

Posted il y a 10 ans 1 mois #333644
Bravo super récit.
Par contre ducou tu m'as donné envie de le faire, comment je vais expliquer moi qu'il faut que je banalise un weak-end pour aller faire un pas devant l'autre pendant 100 km :)
par hayko00

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Réponse de leti sur le sujet Re: 100km Millau : Un anniversaire pas ordinaire !!!

Posted il y a 10 ans 1 mois #333650
j'ai beaucoup aime le CR, une jolie course et c'est toujours intéressant de connaitre le cheminement d'un programme. bon anniversaire :)
par leti

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