Marato Andorra - 42km/3000D+ - La belle aventure!

Tableau de chasse avant la course :

Avant cette belle aventure, je partait avec un palmarès plus que faible… Quelques 10km (PB : 59’40’’) et semis sur route (PB : 2h09), et une petite incursion dans la course nature avec une nocturne de 18km/376D+ et en mars dernier l’Ecotrail de Paris et ses tout juste 30km en 3h38… Autant dire que je ne suis pas un coureur de tête de peloton, mais j’avais quand même un avantage : L’ENVIE!
Et oui, si j’ai chaussé les runnings au départ il y a presque 3 ans, c’était dans l’unique but de me retrouver embarqué dans des aventures trails comme celle là, mais il fallait bien laisser à mon corps le temps de se préparer


Y aller ou Ne Pas Y aller?

Je ne me serais certainement pas inscrit sans une bonne raison Et la voila! Un ami prépare l’UTMB et participera à la Celestrail (80km, 5000D+), une autre course du week-end. Et le voila qui organise un week-end entre amis pour leur faire découvrir le trail, avec notamment le 10km/800mD+ accessible à tous.
Un week-end entre amis? Un trail en Andorre? Que demander de plus!!!


Et la préparation dans tout ça?

Oui, c’est sur, il va falloir sortir et manger des km et du D+, mais l’objectif aide! Mais bon, difficile de concilier préparation du mariage et enchaînement des séances… L’accent est tout de même mis sur les SL, un des points faibles de ma préparation de l’Ecotrail. Notamment quelques séances sympa de 20 à 30km avec à minima 700mD+.

Mais dans la préparation, j’ai aussi 280km de rando dans le sud de la France, en voyage de noces, 3 semaines et 2 semaines avant la course. La semaine d’avant la course, les runnings ne sont pas chaussées et je reste tranquille!

Mais dans préparation, il y a aussi le reste! Le petit-dej de course est validé lors des SL, tout comme le matériel, et le geste des bâtons qui me sera bien utile!


Dernier point de la préparation, quelle gestion de la course?

Elle est simple : y aller mollo jusqu’au point le plus haut de la course (km25) et même jusqu’au dernier ravitaillement au col d’Ordino (km 30) pour lâcher ce qu’il reste sur la fin!
Dans tout ça, le plus difficile sur le papier sera de passer la première barrière horaire à Sorteny, à 20km, et 6h30 de course max.

Et voici le plan de bataille, fait grâce au superbe logiciel CourseGenerator :

NB : Cliquez sur les photos pour y voir quelque chose, c'est plus parlant


L’avant course :

La course a lieu le samedi, j’arrive sur place le vendredi midi, et prend le temps de m’installer avec mes amis sur place, de préparer mes affaires, de découvrir les magnifiques montagnes qui nous entourent
Je colle aussi mon plan de course “pense-bête” sur mes batons, petite astuce sympa qui m’a été donnée au club.
La nuit est relativement bonne, et j’arrive a bien dormir au moins 6h, ce qui pour une veille de course est déjà pas mal.
Les affaires de course sont réparées avant d’aller me coucher (pas si bien d’ailleurs, j’ai oublié mes gants dans ma valise, j’en parlerai plus tard…), et le matin, je n’ai plus qu’à ingérer mon plat de pâtes rituel, et enfiler mes affaires disposez sur le banc la veille…
YAPLUKA !


Kilomètres 0 à 5 : Qui veut aller loin, ménage sa monture...

Nous passons dans le sas 20mn avant le départ. Les coureurs de la Ronda (170km), la Mitic (112km) et la Celestrail (80km) sont déjà partis depuis un moment, et c’est à notre tour de nous lancer!
Les feux d’artifices annoncent notre départ, les concurrents sont lancés… Et moi je mets le frein! Et oui, après mes départs trop rapides à répétition, maintenant je joue l’escargot pour me mettre à mon rythme parmi les derniers concurrents! Surtout que le départ se joue sur 5km de bitume relativement plat, donc beaucoup défilent devant moi, et moi je profite de la fraîcheur matinale
Nous quittons (enfin) le bitume au 5ème kilomètre et je marche dès que cela monte… Et ça commence à monter!


Kilomètres 5 à 12 : Petit aperçu des difficultés

EEeeettt c’est parti! ça grimpe sévère dès le début car nous prenons presque 800m entre 4km. Je monte à mon rythme, en laissant de temps en temps passer les plus rapide, car ce n’est vraiment pas encore le moment de se griller!
Un pas après l’autre dans les montées, en petites foulées sur le plat et dans les descentes lorsque ce n’est pas trop technique, et me voici déjà en face de la grande descente dans un pré avec en face de nous, plus bas, la queue du ravitaillement

Je pointe à Coma Obaga, au ravito, en 2h37, en bonne forme!

Quelques biscuits apéro, un morceau de pain, 2 tranches de jambon cru, je remplies ma gourde de boisson d’effort et repart, en marchant, 2 morceaux de saucisson en poche pour plus tard!


Kilomètres 12 à 20 : Passer la 1ère barrière horaire

En partant le 1er ravito, je garde en tête le 2nd : Le refuge de Sorteny.

Le premier objectif de la course était de passer la barrière horaire de Sorteny en bonne forme. J’ai donc un peu de temps devant moi mais pas de quoi faire du tourisme non plus.

J’attaque, relativement serein, la première grosse descente après Coma Obaga. De nombreux lacets en sous-bois sur un petit sentier technique, pour -350m.
J’entends un petit cours d’eau, je présume donc (à juste titre) que nous descendons jusqu’au pont pour remonter sur l’autre versant. Avec le bruit de l’eau croissant, je sais donc que la descente est bientôt terminée et peut la gérer au mieux.

Le pont passé, il faut maintenant retrousser les manches et grimper un joli single et 450D+ le long du ruisseau. Le temps commence à se gâter, et je mets ma veste à mi-montée.
Le col d’El Quer est passé avec une magnifique vue sur la vallée, et il ne reste plus qu’une descente très tranquille de 500m vers le refuge!
J’arrive donc serein au refuge de Sorteny, après 4h32 de course, et dans les temps (barrière à 5h30), premier objectif atteint!

Kilomètre 20 : Refuge de Sorteny

Je prend une bonne pause à ce refuge, pour le ravitaillement déjà, car je commence à avoir faim. Là encore, jambon cru, pain, un peu de fromage, et le plein de la gourde!
Je fais la causettes avec quelques amis qui courent le 10km le lendemain et qui s’étaient postés ici pour voir les coureurs passer.

Mes bâtons pense-bête les font beaucoup rire!

Je soigne (ou plutôt prévient) un début d’ampoule sur le petit orteil, et repars revigoré vers le second objectif.
J’ai maintenant en tête d’arriver en forme au col d’Arènes, pour entamer la grosse ascension du pic de Casamaya.

Kilomètres 20 à 24 : La découverte de la course en montagne

Je repars de Sorteny relativement en forme, mais je sais ce qui m’attend : 4km de montée pour 700mD+. ça va piquer!

Nous passons un premier cirque magnifique, les sommets autour de nous et la tête dans la brume. C’est costaud, ça passe, mais je sens les cuisses qui chauffent tout de même!

Je passe le col de Ferreroles, et les bénévoles présents m’annoncent 1 à 2km avant le ravito. Je vois au loin le pic de la Casamaya qui me tend les bras :

C’est pas long… Mais c’est hyper technique! 2km dans les pierriers, les appuis fuyant et enfin la délivrance, j’aperçois la tente blanche au loin.

Au col, un vent de dingue! Difficile de profiter du ravitaillement pourtant bien nécessaire! Je rempli ma gourde comme je peux, grignote un peu, et replie mes batons en regardant devant moi la longue file de traileur grimpant la Casamaya… ça va être sport!

L’objectif est rempli : j’en ai encore dans les jambes. J’ai perdu du temps sur mon timing, je passe en 6h48’, mais je sais que je suis toujours large par rapport aux barrières horaires.

C’est maintenant que commence la course : gérer au mieux le passage du pic et dérouler ensuite dans la descente jusqu’au col d’Ordino.


Kilomètres 24 à 30 : Sur le toit de la course!

Sur le papier déjà, les organisateurs nous annonçaient la couleur :
“Pente la plus forte : 21% (+210m sur 1km) du col d’Arenes au pic de la Casamaya”
ça promet…
Et bien nous ne sommes pas déçus!

On passe de la course sur 30m, à de la marche sur 70m à… de l’escalade sur la fin de l’ascension! J’aurai du ranger mes batons avant d’entamer la montée, mais je m’en sors pas trop mal avec même si je perds bien sur du temps sur mon planning de course étant donnée la technicité!

La vue de là haut est vraiment magnifique, je m'arrête pour appeler ma femme pour lui dire que je vais bien et que je sais que je finirai la course. Elle était déjà au courant, car comme beaucoup d’entre vous elle a suivi la course sur le suivi-live!

Je suis donc le chemin de crête, magnifique, et entame la longue descente, pas trop technique mais qui oblige tout de même à être très attentif étant donné les nombreuses pierres cachées sous la poussière.

Les sensations reviennent après ces kilomètres difficiles ascension. Je peux donc dérouler avec le sourire en direction du col d’Ordino. Je prend le temps de discuter avec un de mes voisins de galère, Tony Venzal, qui fait parti du club relativement fermé coureurs s’étant aligné sur 100 marathon. Il m’explique qu’il a déjà effectué pas mal de marathons de montagne, comme le marathon du Mont Blanc, mais que celui-ci est vraiment un niveau au dessus! Héhé, ça fait du bien d’entendre ça alors que (au delà du kilométrage) les principales difficultés sont derrière nous!

Il descend relativement serein, à son rythme, et ça fait plaisir d’échanger un peu car depuis le début de la course, je n’ai croisé que des espagnols ou andorrans, ainsi qu’une lettone, donc la discussion était relativement restreinte

J’arrive donc au ravito du col d’Ordino, 700m plus bas que le pic, après 8h49 de course, et il me reste maintenant 12km de sous-bois à gérer.


Kilomètres 30 à 42 : Des hauts et des bas!

Je quitte le ravito en superbe forme!
Je me sens pousser des ailes et je sais maintenant que je suis tout proche de la fin. D’ailleurs, je vois Ordino et la ligne d’arrivée en bas du col. Mais au lieu de descendre directement, nous faisons le tour du petit massif, soit 12km au lieu de 3. Bon, tayo!

Je branche le MP3 et commence sur ce terrain que je n’apprécie pas tellement : les sous-bois. Pour la tête, c’est vraiment ce que je redoute : je ne me vois pas avancer et n’ai pas de point de repère en terme de distance parcourrue.

Mais bon, j’ai des ailes, je vole! je fais les 6km suivants à 8km/h environ, vraiment top!

Mais ça… c’était avant le drame bien entendu!
Après ce moment de grace, mes jambes durcissent. Je m’en doutais bien, et je m’y étais préparé. Je dois donc reprendre la marche, aidé de mes batons, et lutte pour maintenir un rythme constant pour les derniers kilomètres.

Je reprend un peu de forces en croisant mes potes qui s’étaient postés à 4km de l’arrivée, je discutte un peu mais pas trop avant de repartir, décidé à rallier l’arrivée sous les 12h de course.

Je vous passe donc la fin, sans trop d’intérêt étant donné que les paysages sont masqués par les bois, plutôt difficile étant donné 2 coups de cul de +100m, à remonter pour redescendre vers la ligne d’arrivée, et que je sens bien passer après 11h de course.

Kilomètres 42 : Veni, vedi, vici!

Enfin c’est Ordino, je passe sur le bitume et sais qu’il ne me reste que 200 ou 300m avant la ligne.
Je relance et trottine, heureux, en profitant un max de ce moment que personne ne m’enlèvera.

Je passe la ligne d’arrivée le sourire aux lèvres, la douleur dans les jambes disparaît pendant quelques secondes pour laisser place au plaisir d’être là après cette journée de fou!

Finisher, en 11h50’24’’ !!!

Merci à tous de m’avoir suivi sur cette préparation, et donné de très bons conseils de préparation,
Merci de m’avoir donné de la force sur cette course de fou en me suivant en live,
Merci de m’avoir lu,
Je rend l’antenne, place au repos maintenant!

MErci pour ce CR magnifiquement illustré! et félicitation pour avoir eu le courage de t'aligner sur ce petit trail . Tu as été jusqu'au bout ! bravo !!
Dit moi tes pipettes c'est un coup à se crever un oeil

bonne récup, interdiction de cap pour bien te ressourcer.

Bravo !!! ça avait l'air bien technique !!!
Bonne récup et bientôt le prochain...

42km en presque 12H... on a vu mieux pour un marahton

Félicitations à toi pour ce trail, qui s'est à priori vraiment très bien passé. En plus un compte-rendu bien structuré agrémenté de photos qui donnent vraiment envie

bravo Hadrien, superbe perf et ton CR avec les photos est génial.

Félicitations pour cette belle performance Moi j étrennerai le marathon en montagne en 2015 (marathon du Mont Blanc)