MDP 2014 : jusqu’au bout de soi (et au-delà…)

Bonjour à tous,

Par où commencer mon récit ? Un beau jour de février 1978… Non trop loin…
Et puis, un beau jour d’aout 2011, je me suis mis à courir… non !
Débutons donc le 23 janvier 2014. Ce jour là, l’ami Fabrice annonce qu’il déclare forfait pour le marathon de Paris. Sur une impulsion, je décide de jouer les suppléants d’occasion.

La préparation se passe bien même si je sens bien que je vais être un peu court en termes de kilométrage.
Finalement Fabrice ayant repris confiance, ce sera le dossard de Mikky que j’arborerais fièrement ce fameux 06 avril.

Jeudi 03,
Début de la cure de Malto. C’est pas bon et je m’interroge sur l’efficacité de la chose…

Vendredi 04,
Grande ballade tout l’après-midi dans running expo. J’y croise pas mal de copains runner et c’est un bon moment de convivialité et d’échanges. Je rencontre surtout Mikky qui me prodigue quelques conseils.

Samedi 05,
Repos complet. Je me couche à 22h, pas de stress, juste de l’impatience. Je prépare mes affaires calmement en prenant garde à ne rien oublier.

Dimanche 06,
J’ouvre un œil : « tiens il est 4h ? » Bon, je me connais, la nuit est finie. Je me lève tranquillement et je prends mon temps.
6h, je pars et je me dirige vers le métro. Au fil des stations, je vois fleurir de plus en plus de coureur, la bonne humeur semble de mise et je suis dans le même état d’esprit. Je vais déposer mes affaires (que c’est loin !!) et me rends ensuite au point de rendez-vous CCAP. On discute un petit moment puis chacun rejoint son sas. Je succombe à la mode du selfie et postes sur Facebook une photo de moi avec ce commentaire : » Pour le moment tout va bien ! » Je file ensuite rejoindre quelques amies dans le sas 4h30. Je les perdrais de vue relativement rapidement mais j’ai eu le plaisir de les voir.

Km 0 à 10 :
9h45, départ ! J’ai le sourire, je cours, il fait beau, il fait chaud…
Tiens oui d’ailleurs, il fait pas un peu chaud là ?
Non allez mon gars t’occupes, suis ton plan de course
Ah bon ? J’ai un plan de course ?
Mais oui tu sais bien : tu bois tous les 2km, tu manges un morceau aux 5, un gel tous les 10 et basta !
Ah ok, je me souvenais plus. Par contre, c’est normal que la FC soit si haute alors que je tourne entre 6’30 et 7’ au kilo ?
Mais oui, c’est le stress !
Et les bouffées de chaleur, les jambes lourdes ?
Le stress je te dis !!
Ok, Ok… T’es sur ? Parce que ça me rappelle le semi de Paris 2013 tout ça et tu te souviens comment ça s’est passé… Tiens le ravito du 5è, on prend une bouteille d’eau quand même ?
Mais tu es têtu toi ! On suit le plan !
Bon d’accord… Et mon beau t shirt blanc, je devrais peut-être l’enlever ?
Mais tu le fais exprès ou quoi ? Et comment il va te reconnaitre le fiston au 34ème ? Tu lui as dit que tu aurais un t shirt blanc, si tu ne l’as pas il va être perdu.
Ah ouais c’est vrai tu as raison…

Et les kilomètres passent, et l’allure chute…

Km 10 à 20 :
Bon je savais que j’aurais pas du t’écouter ! Maintenant je suis cramé et j’ai même pas fais 15 bornes ! J’ai l’air de quoi ?
Ben quoi ? Je pouvais pas prévoir qu’on aurait si chaud moi !
Tiens un message : c’est Jordan qui s’inquiète de ne pas m’avoir vu passé au 10ème sur l’appli. J’ai envie de lui répondre que c’est normal, j’allais trop lentement. Je lui dis juste que je suis au 13ème et déjà crevé. Même message pour Mme, histoire qu’elle ne s’inquiète pas…
14ème…
15ème plus aucune honte, je marche un peu
16ème je marche un peu plus
17ème a posteriori, je me félicite d’avoir laissé mon titre de transport à la consigne, sinon je crois que là j’aurais pris le métro…
18ème voilà le moment qui va me permettre de retrouver un peu de vigueur : l’épongeage !! Sur ma gauche, un bénévole me regarde et me fait « oui » de la tête d’un air interrogatif. Je lève le pouce et il me balance alors sa bassine à la figure ! Dis comme ça c’est brutal, mais ça m’a fait un bien fou sur le moment !
Mais ça ne dure pas…

Km 20 à 30 :
Les kilomètres s’enchainent, j’arrive au semi et je continue, même pas l’envie de fêter ce moment : plus longues distances parcourues en course. J’essaye de positiver en me disant que j’ai fait plus de la moitié du chemin, mais ce qui marche très bien sur 10, est beaucoup plus dur à vivre sur marathon…
Et puis ce qui devait arriver arrive : j’ai mal ! D’abord aux genoux (classique) puis c’est mon dos. J’ai beau essayer d’étirer, rien à faire. Alors je trotte, j’essaye de profiter de Paris et des parisiens (-ennes) mais le cœur n’y est pas vraiment. Je reprends mon monologue intérieur…
Je suis complètement cuit là
Mais non, on y va tranquillement mais on avance.
T’es marrant toi, j’ai mes genoux en marmelade, mon dos en compote…
Et les pieds en confiture c’est ça ? T’es très sucre en fait toi !!
T’es con, me fais pas rire, ça aussi ça fait mal !
Les kilomètres passent, je reçois des SMS des copains pour me soutenir, ça fait du bien ! Puis vient celui de ma petite sœur, ma puce et il me fait encore plus de bien celui-là. Je n’avance pas plus vite mais avec plus de détermination !
Plus j’avance et plus je m’approche de ma femme et mon fils et ça aussi ça m’aide à tenir !

Km 30 à la fin :
Ce passage au 30ème me fait du bien à la tête. Même si les jambes ne vont pas mieux, que le dos hurle, que le talon droit s’y met et que je redoute à chaque pas que les ampoules que j’ai à chaque pied n’explosent…
Vient enfin le 34ème et je vois au loin ma femme et mon fils. Leur enthousiasme me réchauffe le cœur et m’aide à avancer, même s’ils m’annoncent qu’ils ne seront pas au 38ème comme prévu car accès impossible en coupant… Tant pis, je suis maintenant convaincu que je vais aller au bout de ce calvaire !
Je marche plus que je ne cours sur cette partie de l’épreuve. Ma petite voix intérieure s’est tue, de même que mon Iphone que je décide de ménager. Il ne lui reste que 7% de batterie, je les gardes en cas de besoin…
Km38 un message : François qui me demande où je suis. Je lui dis et il m’indique qu’il va à l’arrivée. Et là au fond des brumes de mon cerveau je m’inquiète : Pourquoi François est encore là ? Il est blessé ? Il a explosé contre le mur ? Non, c’est juste un gars génial qui a tenu à m’encourager jusqu’au bout !
Km41 :
Je discute vite fait avec un monsieur d’un certain âge et je décide que non : je ne franchirais pas la ligne en marchant. Alors je me lance, j’essaye d’accélérer et les jambes suivent. J’aperçois le panneau 42 et j’entends François qui hurle pour m’encourager, je lâche une dernière accélération et je franchis la ligne !

j’avance et je me répète : je l’ai fait, put… je l’ai fait !!

Voilà, ça y es. Je suis marathonien !

Maintenant, place aux remerciements et à tout seigneur, tout honneur, merci à ma femme et mon fils pour avoir supporté mes gavages de pâtes, mes séances matinales du dimanche suivie de la sieste post déjeuner et pour avoir été là au 34ème et tout au long de la préparation…

Merci à Gilles pour son site et son forum. Merci à vous toutes et tous pour vos conseils et encouragements.

Des remerciements particuliers :
- Fredo : la bouteille de lait, ça sert bien !!
- Fab : promis dès que j’ai retrouvé mes jambes et mon dos, je me mets au gainage !
- Sab : pareil que pour Fab, je me mets au renforcement de mes quadris
- Mikky : je n’ai pas fait le temps rêvé mais j’ai pas voulu te faire l’affront d’abandonner.
- Jordan, Boris : vos SMS furent de vrais moments de réconfort. Merci les gars !
- François : ton message et ta présence ont été pour moi une surprise que je n’oublierai pas.

Cette épreuve, je l’a dédie à deux personnes chères à mon cœur qui en vivent une tout autre actuellement et bien plus difficile…

Je terminerais par une petite citation :
« On peut toujours plus que ce que l’on croit pouvoir »
Joseph Kessel

Merci de m'avoir lu et à très bientôt pour de nouvelles aventures...

Bravo William .
Je ne pensais pas que ça avait été si dur.
Mais au final est ce que cette expérience t'as dégoûté du marathon? Ou tu vas tout casser au prochain?
En tout cas maintenant tu peux aller dans le club d'Éric

Encore bravo finisher!

Bravo William. Quelle humilité et quel courage pour arriver au bout de toi meme et de ces 42 kms. En étant positif. Bravo encore.

Bravo William, bien plus qu'un marathon tu as été au fond de toi-meme

Une superbe preuve de courage dans la souffrance et le doute. Pour l'avoir vecu aussi, je pense qu'il y a dans la vie d'un coureur ( et meme d'un individu ) un avant et un apres marathon

Bravo William, tu l'as fait ! Peu importe le temps rêvé, tu es allé au bout de toi-même et c'est encore plus beau...
J'ai suivi toute ta course sur iPhone et quelle délivrance de voir le 42,195 s'affichait sur l'écran. Que de fierté !

Comme le dit très justement ketshoo, tu verras, il y a un un avant et un après marathon, respect monsieur le marathonien !

Je suis content d'avoir pu faire ta connaissance et comme je te l'ai dit, je suis partant pour boire un verre avec les forumeurs pour écouter vos récits de cette belle journée.

félicitations William , tu as couru 30KM au mental. tu es un guerrier du bitume.
ps : on est né le même jour , allez tourné général lol