Premier Marathon : Venise 2013
- Fredrik
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Un mot d’abord sur mes quatre mois de préparation, basée sur un test VMA réalisé quelques semaines avant. Le test donnant une VMA de 16,5, j’hallucine un peu sur le temps théorique.
Bref, j’en conclue que j’ai un indice d’endurance tout pourri mais je décide néanmoins de baser mes entraînements fractionnés et mes allures spécifiques sur cette valeur.
Alors mon objectif ?
On me posera souvent la question et je répondrai modestement : « Découvrir, prendre du plaisir, finir, et si je peux faire moins de 3h45 ça sera top ».
Nous arrivons, ma collègue de boulot et moi (son 1er marathon elle aussi) en Italie à Ferrara 2 jours avant et, première épreuve : résister, au Chianti, Pancetta, gelati, Prosciutto, Spritz et autres pizza géantes. Heureusement les pâtes, obligatoires, seront grandement appréciées.
Dimanche. Nous voilà donc à Stra, ville de départ, en compagnie de 7000 italiens bien en forme mais aussi de quelques français dissimulés par ci par là. Je vais partir dans le dernier sas, celui des objectifs 6h. Il y a un truc que je n’ai pas du bien comprendre lors de l’inscription....Pas grave, on va doubler un peu. L’attente est longue, il y a du retard à l’allumage et à force de siroter mon Gatorade, voilà que j’ai envie de pisser, bravo, je vais devoir partir comme ça et prévoir 2 minutes d’arrêt.
Enfin le départ est donné. Je cale de suite mon allure entre 5 :00 et 5 :10 mn/km avec l’idée de conserver cette allure le plus longtemps possible et de finir comme je peux. Je lâche assez rapidement ma collègue, sa préparation a été perturbée par une entorse et un récent mal de dos. Elle court sous anti-inflammatoires et n’est pas sûre d’aller au bout. Je l’encourage vivement à atteindre la ligne d’arrivée quoiqu’il arrive et je continue la route seul.
La grande remontée commence, les yeux rivés sur ma Garmin, je rattrape les meneurs d’allure entre 6h et 4h et là, premier imprévu, pas de solide aux premiers ravitos et que de l’eau. Merde, je ne suis parti qu’avec deux gels dont un prévu pour le Km35. C’est assez stressant et je commence à flipper en espérant trouver des bananes ou des pâtes de fruit au prochain ravito mais je vais devoir attendre celui du Km20 pour bouffer ! A cela s’ajoute un étrange sentiment de doute vers le Km10, pensant à tout ce qu’il me reste à courir. Je commence à gamberger, j’ai déjà faim et mon allure baisse sensiblement. Voyant cela je réagis en me passant un bon gros coup d’éponge gorgée d’eau sur la face, histoire de se remettre les idées en place et je repars de plus belle.
Les 20 premiers kilomètres se déroulent comme une lettre à la Poste le long de la rivière Brenta et des anciennes demeures des doges de Venise. Les villages traversés sont bien fournis en spectateurs et leurs Bravi, Grande, FORZAAA ! font chaud au cœur. Cette première moitié de course est aussi parsemée de petits groupes de rock, voir Metal, locaux. Enorme ça ! ça change des fanfares franchouillardes et de Patrick Sebastien ! Je vais donc passer courir au rythme de de Sweet Child of Mine des Guns n roses ou encore de Highway Star des Deep Purple et je sens que ça va me gonfler à bloc pour terminer la course. J’oublie un peu, à ce moment-là, ce qui m’attend dans les derniers kilomètres…
Le décor change à partir du deuxième semi. Un peu de zone industrielle et de longues lignes droites avant d’arriver à Mestre et son public lui aussi venu en nombre. Au Km28 je passe un cap, je n’ai jamais couru aussi longtemps en compétition et je commence à penser à ce que tout coureur redoute : le fameux mur de la mort. Je vois déjà la Faucheuse m’attendant au panneau Km30 de son air narquois en me disant : « Oui Fred, je suis la pour toi Fred, on fini ensemble ou je t’achève là tout de suite ? ». Ça ne rigole plus trop dans les rangs et les visages commencent à être marqués. On me tend une bouteille que je n’ai plus la force de saisir et qui va venir s’éclater sur mes Mizuno. Sourires complices des bénévoles du ravito qui n’en rajoutent pas, ils ont dû en voir d’autres…
Au Km32 je ne suis encore pas trop mal mais là commence la partie la plus difficile du parcours à savoir la traversée du pont de la Liberté qui relie Venise à la terre ferme. Quatre kilomètres d’une longue et éprouvante ligne droite dont on ne voit même pas le bout. J’aperçois à peine Venise dans la brume à l’horizon et j’essaye de me remotiver en me rappelant que je n’ai jamais visité cette cité et que la découvrir de cette façon, en arrivant au pas de course, c’est quand même la classe, non ?
Mes jambes commencent à souffrir vraiment, je fixe mes godasses pour ne pas regarder les bateaux de croisière au loin car à chaque fois que je relève la tête, ils sont toujours aussi loin ! Autour de moi commence l’hécatombe, l’armée des runners en déroute. Des mecs s’arrêtent littéralement, je fais un gros effort mental pour ne pas marcher. Je regarde ma montre et le verdict est sans appel : je cours à plus de 6 mn/km. Nous sommes au Km35 et je viens de me taper officiellement le mur. J’ai la poitrine qui se compresse bordel, je n’ai jamais ressenti ça et je pense à l’accident moi, l’ex-fumeur fan de junk food, sans paniquer complètement pour autant puisque ma FC ne s’emballe pas anormalement. De toute façon je m’en fous franchement, quitte à crever, autant crever en donnant tout.
Au bout du pont, un français qui trainait par-là m’encourage. « Allez Frédéric, encore 5 Km et tu y es ». C’est con mais redonne toujours un peu la pêche. Je dis bien un peu parce que je suis toujours autant à la ramasse. Maintenant je me prépare mentalement à affronter 14 ponts plus ou moins longs, prévus sur le parcours. Heureusement le public est à nouveau là, sur les ponts justement. Ces ponts ne sont pas véritablement violents mais j’en profite pour les gravir en marchant et en me relançant dans la descente. Tactique improvisée qui me permettra quand même de souffler 10 secondes sans perdre trop de temps. Je lève la tête et là devant moi, le Palais des Doges putain, c’est quand même pas dégueu. Une petite émotion m’envahit, je plane complet en traversant la place San Marco et j’ai l’impression d’être aux J.O. Les touristes jouent bien le jeu et c’est franchement énorme. Il reste 1 Km, je ré-accélère un peu, un groupe de Carabinieri traverse la route quelques mètres devant moi et je lâche un gros « FUCK OFF, Barrez-vous !», ou quelque chose comme ça.
Deux ponts encore à franchir…La voilà, la ligne d’arrivée, elle n’est pas si loin et je ne vois plus qu’elle. Un bonheur m’envahit sur le dernier pont et au début de la dernière ligne droite, je suis quasiment tout seul. Je regarde mon chrono (je ne l’avais pas consulté jusqu’à présent) : 3h43’, soit mon objectif « réaliste » !
Une fois la ligne d’arrivée, j’ai encore de la lucidité pour choisir la fille qui va me remettre la médaille qui fait désormais de moi un marathonien. Ma collègue arrive 12 mn après moi et c’est une belle surprise car avec toutes ses galères, faire moins de 4h relève de l’exploit.
Bon, mon marathon n’est pas tout à fait terminé en fait. Il me reste un petit malaise d’effort à subir, je vais donc passer une bonne heure à comater les jambes en l’air avant de prendre le bateau en me demandant à quel moment ou sur qui j’allais vomir…
Voilà, je fais partie du club alors qu’il y a quelques années je crachais mes clopes, incapable de boucler un pauvre tour du parc de la Tête d’or. J’espère que ce récit donnera un peu plus envie aux indécis ou à ceux qui doutent encore, de réaliser ce rêve, cette expérience mémorable que d’ici quelques semaines j’aurais envie de renouveler.
Bref, j’en conclue que j’ai un indice d’endurance tout pourri mais je décide néanmoins de baser mes entraînements fractionnés et mes allures spécifiques sur cette valeur.
Alors mon objectif ?
On me posera souvent la question et je répondrai modestement : « Découvrir, prendre du plaisir, finir, et si je peux faire moins de 3h45 ça sera top ».
Nous arrivons, ma collègue de boulot et moi (son 1er marathon elle aussi) en Italie à Ferrara 2 jours avant et, première épreuve : résister, au Chianti, Pancetta, gelati, Prosciutto, Spritz et autres pizza géantes. Heureusement les pâtes, obligatoires, seront grandement appréciées.
Dimanche. Nous voilà donc à Stra, ville de départ, en compagnie de 7000 italiens bien en forme mais aussi de quelques français dissimulés par ci par là. Je vais partir dans le dernier sas, celui des objectifs 6h. Il y a un truc que je n’ai pas du bien comprendre lors de l’inscription....Pas grave, on va doubler un peu. L’attente est longue, il y a du retard à l’allumage et à force de siroter mon Gatorade, voilà que j’ai envie de pisser, bravo, je vais devoir partir comme ça et prévoir 2 minutes d’arrêt.
Enfin le départ est donné. Je cale de suite mon allure entre 5 :00 et 5 :10 mn/km avec l’idée de conserver cette allure le plus longtemps possible et de finir comme je peux. Je lâche assez rapidement ma collègue, sa préparation a été perturbée par une entorse et un récent mal de dos. Elle court sous anti-inflammatoires et n’est pas sûre d’aller au bout. Je l’encourage vivement à atteindre la ligne d’arrivée quoiqu’il arrive et je continue la route seul.
La grande remontée commence, les yeux rivés sur ma Garmin, je rattrape les meneurs d’allure entre 6h et 4h et là, premier imprévu, pas de solide aux premiers ravitos et que de l’eau. Merde, je ne suis parti qu’avec deux gels dont un prévu pour le Km35. C’est assez stressant et je commence à flipper en espérant trouver des bananes ou des pâtes de fruit au prochain ravito mais je vais devoir attendre celui du Km20 pour bouffer ! A cela s’ajoute un étrange sentiment de doute vers le Km10, pensant à tout ce qu’il me reste à courir. Je commence à gamberger, j’ai déjà faim et mon allure baisse sensiblement. Voyant cela je réagis en me passant un bon gros coup d’éponge gorgée d’eau sur la face, histoire de se remettre les idées en place et je repars de plus belle.
Les 20 premiers kilomètres se déroulent comme une lettre à la Poste le long de la rivière Brenta et des anciennes demeures des doges de Venise. Les villages traversés sont bien fournis en spectateurs et leurs Bravi, Grande, FORZAAA ! font chaud au cœur. Cette première moitié de course est aussi parsemée de petits groupes de rock, voir Metal, locaux. Enorme ça ! ça change des fanfares franchouillardes et de Patrick Sebastien ! Je vais donc passer courir au rythme de de Sweet Child of Mine des Guns n roses ou encore de Highway Star des Deep Purple et je sens que ça va me gonfler à bloc pour terminer la course. J’oublie un peu, à ce moment-là, ce qui m’attend dans les derniers kilomètres…
Le décor change à partir du deuxième semi. Un peu de zone industrielle et de longues lignes droites avant d’arriver à Mestre et son public lui aussi venu en nombre. Au Km28 je passe un cap, je n’ai jamais couru aussi longtemps en compétition et je commence à penser à ce que tout coureur redoute : le fameux mur de la mort. Je vois déjà la Faucheuse m’attendant au panneau Km30 de son air narquois en me disant : « Oui Fred, je suis la pour toi Fred, on fini ensemble ou je t’achève là tout de suite ? ». Ça ne rigole plus trop dans les rangs et les visages commencent à être marqués. On me tend une bouteille que je n’ai plus la force de saisir et qui va venir s’éclater sur mes Mizuno. Sourires complices des bénévoles du ravito qui n’en rajoutent pas, ils ont dû en voir d’autres…
Au Km32 je ne suis encore pas trop mal mais là commence la partie la plus difficile du parcours à savoir la traversée du pont de la Liberté qui relie Venise à la terre ferme. Quatre kilomètres d’une longue et éprouvante ligne droite dont on ne voit même pas le bout. J’aperçois à peine Venise dans la brume à l’horizon et j’essaye de me remotiver en me rappelant que je n’ai jamais visité cette cité et que la découvrir de cette façon, en arrivant au pas de course, c’est quand même la classe, non ?
Mes jambes commencent à souffrir vraiment, je fixe mes godasses pour ne pas regarder les bateaux de croisière au loin car à chaque fois que je relève la tête, ils sont toujours aussi loin ! Autour de moi commence l’hécatombe, l’armée des runners en déroute. Des mecs s’arrêtent littéralement, je fais un gros effort mental pour ne pas marcher. Je regarde ma montre et le verdict est sans appel : je cours à plus de 6 mn/km. Nous sommes au Km35 et je viens de me taper officiellement le mur. J’ai la poitrine qui se compresse bordel, je n’ai jamais ressenti ça et je pense à l’accident moi, l’ex-fumeur fan de junk food, sans paniquer complètement pour autant puisque ma FC ne s’emballe pas anormalement. De toute façon je m’en fous franchement, quitte à crever, autant crever en donnant tout.
Au bout du pont, un français qui trainait par-là m’encourage. « Allez Frédéric, encore 5 Km et tu y es ». C’est con mais redonne toujours un peu la pêche. Je dis bien un peu parce que je suis toujours autant à la ramasse. Maintenant je me prépare mentalement à affronter 14 ponts plus ou moins longs, prévus sur le parcours. Heureusement le public est à nouveau là, sur les ponts justement. Ces ponts ne sont pas véritablement violents mais j’en profite pour les gravir en marchant et en me relançant dans la descente. Tactique improvisée qui me permettra quand même de souffler 10 secondes sans perdre trop de temps. Je lève la tête et là devant moi, le Palais des Doges putain, c’est quand même pas dégueu. Une petite émotion m’envahit, je plane complet en traversant la place San Marco et j’ai l’impression d’être aux J.O. Les touristes jouent bien le jeu et c’est franchement énorme. Il reste 1 Km, je ré-accélère un peu, un groupe de Carabinieri traverse la route quelques mètres devant moi et je lâche un gros « FUCK OFF, Barrez-vous !», ou quelque chose comme ça.
Deux ponts encore à franchir…La voilà, la ligne d’arrivée, elle n’est pas si loin et je ne vois plus qu’elle. Un bonheur m’envahit sur le dernier pont et au début de la dernière ligne droite, je suis quasiment tout seul. Je regarde mon chrono (je ne l’avais pas consulté jusqu’à présent) : 3h43’, soit mon objectif « réaliste » !
Une fois la ligne d’arrivée, j’ai encore de la lucidité pour choisir la fille qui va me remettre la médaille qui fait désormais de moi un marathonien. Ma collègue arrive 12 mn après moi et c’est une belle surprise car avec toutes ses galères, faire moins de 4h relève de l’exploit.
Bon, mon marathon n’est pas tout à fait terminé en fait. Il me reste un petit malaise d’effort à subir, je vais donc passer une bonne heure à comater les jambes en l’air avant de prendre le bateau en me demandant à quel moment ou sur qui j’allais vomir…
Voilà, je fais partie du club alors qu’il y a quelques années je crachais mes clopes, incapable de boucler un pauvre tour du parc de la Tête d’or. J’espère que ce récit donnera un peu plus envie aux indécis ou à ceux qui doutent encore, de réaliser ce rêve, cette expérience mémorable que d’ici quelques semaines j’aurais envie de renouveler.
par Fredrik
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- marcdugaron
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Réponse de marcdugaron sur le sujet Re: Premier Marathon : Venise 2013
Posted il y a 10 ans 10 mois #286517
Salut a toi , un voisin proche de lyon te félicite pour cette belle course. Impression immense de terminer la course au centre de la ville de venise j'imagine.
par marcdugaron
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- david72
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Réponse de david72 sur le sujet Re: Premier Marathon : Venise 2013
Posted il y a 10 ans 10 mois #286535
Félicitations pour ce premier marathon et belle métamorphose aussi !
par david72
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- Patrick57
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Réponse de Patrick57 sur le sujet Re: Premier Marathon : Venise 2013
Posted il y a 10 ans 10 mois #286560
Bravo à toi nouveau marathonien !!
... et bravo à ta collègue également. De belles perfs pour un premier marathon !!
C'est dingue ces ravitos sans aucun solide avant la mi-course
C'était un raté de l'organisation ou c'était prévu comme ça (et tu avais loupé ce point) ?
Bonne récup
... et bravo à ta collègue également. De belles perfs pour un premier marathon !!
C'est dingue ces ravitos sans aucun solide avant la mi-course
C'était un raté de l'organisation ou c'était prévu comme ça (et tu avais loupé ce point) ?
Bonne récup
par Patrick57
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- ladymary
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Réponse de ladymary sur le sujet Re: Premier Marathon : Venise 2013
Posted il y a 10 ans 10 mois #286655
Très beau récit de marathonien! Bravo à toi et également à ta collègue!
par ladymary
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- Cousto91
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Réponse de Cousto91 sur le sujet Re: Premier Marathon : Venise 2013
Posted il y a 10 ans 10 mois #286663
Bravo pour ce marathon,
ça donne envie
en tout cas félicitations à toi et ta collègue.
bon repos et à bientôt.
P.S.: t'as vomi depuis ?
ça donne envie
en tout cas félicitations à toi et ta collègue.
bon repos et à bientôt.
P.S.: t'as vomi depuis ?
par Cousto91
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