MDP 2013 ou comment vivre l enfer tres vite......

Allez je me colle à mon CR du marathon de Paris....
Pour parler rapidement de ma prépa, j’ai démarré début janvier le plan du site 12 semaines, 3 sorties/sem. Je termine globalement la prépa avec 400 kms et pas de soucis particulier sur cette prépa. J’ai trouve que c'était plutôt facile et que la charge autour de 40kms semaine n'était pas trop difficile à encaisser. Pour info je cours depuis 2 ans après une interruption de 7 mois a cause d’une déchirure du croisé antérieur du genou gauche. Mes perfs sont 1H10 sur 15km, et 1H34 sur le dernier 20kms de Paris.

En fonction de ces résultats, je suis donc parti sur un objectif de 3H45.

Pendant ma prépa, j ai lu des livres, des revues, les sites etc etc etc afin de trouver les meilleures info de prépa. J ai été complètement avalé par cette folie du besoin d infos, pour essayer de palier le stress et l’angoisse du jour J.
Evidemment, on ne trouve jamais vraiment ce qu’on cherche, on se sait d’ailleurs pas vraiment ce qu’on cherche....à part tenter de se rassurer. Bref....j’ai tout fait comme un bon élève....j’ai fait super gaffe à la bouffe, j’ai avalé 1,5l de malto pendant 3 jours, j ai mange du gatosport le matin de la course, j’ai pris ma boisson d’attente dans le SAS, j’ai beaucoup bu 1 semaine avant la course, enfin je me suis donné les moyens de réussir et de finir dans le temps prévu. (pour info c'était mon 1er marathon).

Alors voilà, le mercredi avant la course en me levant, je ressens une bonne vieille douleur en haut du moyen fessier (côté droit) et plus les heures passent et plus j’ai mal. Je n’arrive plus à me pencher en avant, je n’arrive plus à lever la jambe, je n’arrive plus à rester assis ni même allongé....je rentre donc dans une phase terrible de doute, car comment courir un marathon avec ce truc !!!! j essaye de consulter mon osteo le samedi car les choses ne s’améliorent pas, mais il ne bosse pas ce samedi. J’essaye les patchs dès le vendredi, les crèmes, les antalgiques, l’homéopathie etc...pas d’amélioration...bref je me dis que de toute manière je ne peux plus faire demi tour. Je pense avec le recul que je me suis mis tellement la pression que j’ai somatisé. Comme je n’ai quasi pas couru les 2 dernières semaines pour faire du 'jus", je n’ai pas pu me blesser à cause de la CAP, donc je ne vois que cette possibilité.

Je me lève donc le dimanche à 5H15. une bonne douche, on s’habille (en galérant), on petit déjeune et hop c'est le départ de la maison à 6H20. Il fait 2 degrés ce matin...l attente va être longue et fraiche....

Je rejoins mes petits camarades de courses à 7H (je cours avec une asso). On se prépare, on se motive, j’essaye d oublier cette blessure et tranquillement on se dirige vers le SAS.

Un gel anti oxydant avant de partir et c'est le départ vers 9H/9H15 environ. C'est parti....on descends les champs....c'est top....la foule des coureurs, l’envie….les 5 1er kms se passent bien. Je suis super content car mon dos ne me fait pas souffrir (pour le moment!!!!!). Je passe les 5kms en 27', je zappe le 1er ravito, j’avais prévu cela, j avais avec moi une gourde, et une ceinture avec gels et barres.

On déroule tranquillement mais je sens bien dès le départ que je ne trouve pas ma foulée. J’ai le pied droit super lourd, et je n’ai pas de bonne sensation. J’ai l’impression que mon pied droit tape a chaque contact sol, et je n’arrive pas à globalement être léger. J’essaye de faire abstraction et je passe le 10e en 54'. Je suis régulier. Je prends 2 sucres et je bois régulièrement et on continue. Le problème commence doucement à s’installer à partir du 13e kilo. Je me rends bien compte que mon pied droit part sur le côté droit, et que la position n est pas naturelle, et je commence évidemment à avoir des douleurs dans la cheville, dans le pied bien sur, mais aussi dans le genou et dans la hanche....ma jambe compense je me dis que c'est mal barré.

Il me reste juste 30 bornes, et si j’ai déjà mal au 13e, a quoi vais je ressembler...mais j’essaye d’oublier…de ne pas me mettre de mauvaises images en tête, et de plutôt me concentrer sur ma course.

Je passe le 15e en 1h21, je suis donc encore régulier en 27' par tranche de 5kilo. Je prends 1/2 barre énergétique (j’ai acheté chez décat le pack marathon d’isostar) et on essaye de dérouler sans trop se poser de questions....la douleur reste présente mais gérable. J’ai toujours en visu depuis le départ le meneur d’allure 3H45 donc je suis content, c’est rassurant. Je le perds au ravito du 20e que je passe en 1h48. Je prends une barre énergétique, je bois toujours régulièrement et je passe le semi en 1h54.

Ca y est j’essaye de positiver en me disant que j’ai fait la moitié, et que maintenant on se rapproche de l’arrivée. Plus que le retour à faire....Petit arrêt rapide au ravito powerade au 23e, et là c’est le drame….la relance est super hard. Je commence à avoir vraiment du mal à courir. J’ai de plus en plus mal aux jambes, à la hanche, à la cheville, et petit à petit ma jambe droite se transforme en jambe de bois....je commence à avoir une course en boitant et je passe péniblement le 25e en 2H18.

Rapide calcul 2H18 au 25, il me reste 17 bornes, je me dis que je vais ralentir pour me refaire, et en gros à 6 du kilo, il me reste en gros 1H40/1H45, donc encore jouable pour être autour de 4H. Présomptueux que je suis....on rentre sur les quais de seine, j’avale ma demi barre du 25e, du sucre et je rentre en lutte. Je n’arrive quasi plus à courir....je suis obligé de m’arrêter de courir une 1ere fois dans le 1er long tunnel je crois au 26 ou 27e....ca y est j’en ai ma claque....j ai les boules...putain je suis entrain de marcher. !!!!!...

je passe par tous les stades de motivation en pensant à la famille, les amis, les gens au boulot que j’ai saoulé depuis des mois avec mon marathon, bref j’essaye de me raccrocher à ce que je peux. J’essaye de reprendre un truc qui ne ressemble plus du tout à de la course à pied. J’essaye de trottiner, et de marcher dans les 2 montées des quais. Il y a d autres coureurs qui marchent. J’ai vraiment les boules....je me dis que ce n’est pas possible, pas maintenant, pas déjà....je ne suis même pas au 30e que je suis flingué.....je me dit que c'est vraiment dégueulasse....j’ai tout fait pour y arriver et même avec tous ces efforts, je n’y arrive plus....

Je passe par les mêmes sentiment que runningzap...j’ai honte....honte de marcher, honte de ne pas trouver les ressources pour continuer à courir, honte de moi, je n’ose pas regarder les gens dans les yeux (même celles et ceux qui m’encouragent)....les encouragements deviennent presque des agressions...je suis vraiment dans un bad mode.....je me colle de la musique à fond dans les oreilles et je me mets dans ma bulle tel un galérien qui tente d’oublier sa condition...je me replie sur moi même mais à aucun moment je n’envisage l’abandon...c'est hors de question...même en rampant je le finirais ce marathon....

je passe le 30e n’importe comment...j’ai mis 40 minutes pour faire 5 bornes.....je prends un gel mais je sais que de toute manière ca ne changera plus rien, mais je l’ai donc je le prends.....on rentre au 32 dans le bois....bizarrement je suis content car je me dis que dans le bois, il y a moins de monde et que je vais pouvoir me cacher pour marcher.....alors je marche, je tente de courir 200m, je m’arrête car j’ai trop mal....même en marchant je boite....il me reste 10 bornes....je vais finir en 5H si ca continue.....c'est horrible....tout ça pour ça.....merde !!!!!

je passe le 35e en 3H41 donc encore 40' pour faire 5 bornes....et la gros coup dans la tête car je me dis que mon objectif qui était de 3H45 je l’ai fait mais pour 35 bornes!!!! je n’ose même plus me retourner, car les meneurs d’allures 4H me laissent sur place....j’ai l’impression que les mecs sont dans une F1et que moi j’ai des pieds de plombs…que je suis collé au sol....rapidement je vois les meneurs d’allures 4H15 qui me dépassent tels des fusées et moi je ne sais plus quoi faire.....je suis avec l’armée des morts.....ca me fera rire d’ailleurs....j’ai l’impression d’être dans un film zombie...beaucoup de coureurs souffrent, ont des positions de courses comme la mienne (qui n’en est plus une depuis déjà longtemps), y en a qui vomissent, qui ont des crampes, qui sont à l’arrêt, qui téléphonent pour chercher du réconfort ou penser quelques instants à autres choses, d’autres qui sont allongés sur le bord de la route, bref c'est vraiment un programme hallucinant qui est devant moi....
je parle un peu avec un Anglais qui est en galère aussi…je me fais des amis zombies….J’essaye de faire la course avec d’autres zombies marcheurs. Ca me fera d’ailleurs passer le temps, car ca devient vraiment très long. Je suis à + de 4H de course et je glande au 37e, je n’avance pas....j’ai l’impression que ca ne finira jamais. Chaque kilo devient une éternité...mais qu’est que c'est long......enfin le 40e que je passe avec l’armée des ombres en 4H31....putain il reste encore 2 bornes 195.....20 minutes en gros....41e, yessss encore 1 borne et avec la clameur de l’arrivée je me remets à courir enfin plutôt à boiter à 6 ou 7km/h avec mon armée de zombie… Bienvenue dans The Walkind dead…ou dans le clip Thriller ?
la ligne est devant moi, je ne vois plus rien, j’avance…

je fixe l’arrivée que je passe enfin péniblement en 4H51....à 20m de l’arrivée j’ai une montée d’émotion incroyable ou je craque (je n’aurais jamais pensé avoir ce type d’émotion). J’ai du mal à être content...content oui car c'est enfin terminé, mais pas content car je n’éprouve pas de plaisir...j’ai tellement lutté et souffert, que je prends mon tshirt et ma médaille de manière automatique sans satisfaction. 1H de plus que mon temps prévu.....p….. de blessure ou p…. de mur ou les 2 cumulés, je ne sais pas trop.....pourtant j’avais tout prévu. J’avais essayé de tout anticiper, mais ca n’a pas suffit. Une fois à la maison, il y a une évidence, c'était mon 1er et mon dernier marathon. J’ai trop souffert, je ne sais plus marcher. La moindre marche d’escalier devient une torture. Je passe l’après midi et la soirée dans mon canapé avec mes jambes de bois et mon dos en compote....

Je regarde le replay de F3…ils sont beaux les elites….20 kms/H….Ca c’est du sport….je me blinde de doliprane et j’irais me coucher ruiné à 20H. Le lendemain j’ai 103 ans. Je mets 20mns pour m’habiller. C'est une horreur....bref je vous passe la galère du lendemain et aujourd’hui c'est encore pire une seule chose à pourtant changé, c'est mon état d’esprit. Cinglé que je suis, j’en referais un c'est maintenant sûr...je ne peux pas rester sur un échec à 4H51.

J’ai beaucoup appris sur moi même, sur les ressources à aller chercher …sur dépassement de soi.....donc tout n’est pas finalement si mal que ça.....Je sais ce que veut dire être marathonien ? et ça ça vaut bien toutes les souffrances ?

Bonjour Mrvince,

Félicitation pour le Marathon
J'ai lue ton CR mais je pense que tu devrais l'aérer un petit peu si tu veux qu'il soit plus agréable.

Sur le coup on dirait un pavé de Paris Roubet

Il y a certains récit qui montrent bien la difficulté du marathon, celui là (comme celui de RunningZap) rappellent à tous que même pour quelqu'un d'entrainé, terminer un marathon n'est pas une simple formalité !

Il t'aura fallu bien du courage pour arriver au bout de ce MDP 2013 et félicitations pour ça ! Certes le temps est loin de tes espérances mais maintenant tu sais ce que c'est qu'un marathon !

Merci pour ce récit, repose toi bien et bonne préparation pour la suite la motivation sera d'autant plus forte pour les prochains RDV !

bravo à toi mrvince et c'est çà qui est bon > même si sur le coup tu es très déçu et que tu as galéré ,eh bien le lendemain on en redemande
c'est une bonne drogue la course à pied

bravo à toi, le ppal est de se faire plaisir et de regarder droit devant !!

Moi je l'aime bien comme ça ton compte rendu .
C'est un pavé en effet, comme un biscuit trop épais, dur à avaler mais c'est un compliment : il traduit finalement très bien ton état d'esprit mitigé à l'issu de ce marathon, il colle à ton long calvaire.

Bin oui, on ne se souhaite ça pour rien au monde mais c'est ça aussi le sport : les jours sans, le corps qui dit non, la tête qui l'emmène malgré tout bien plus loin que ce dont il aurait a priori été capable.
J'étais content à la fin de ton compte rendu que tu songes à recourir un marathon. Un instant j'ai cru que vraiment tu en étais dégoûté au delà de tout.
OK tu ne voulais pas le vivre comme cela mais moi j'y vois une expérience de vie unique et librement consentie. Ce que tu as vécu est énorme et tu sauras y voir du positif avec un peu de recul. En te remémorant tout cela, tu pourras t'y découvrir tout un tas de qualités que l'on a pas l'occasion de souvent solliciter dans nos vies modernes, sédentaires et plutôt confortables (du moins pour nous qui avons des loisirs) : la ténacité, le courage, la solidarité (avec les autres zombies ), l'humilité.

Tout ça prouve que t'es en vie et que t'as l'énergie d'avancer. Je ne vois nullement un échec (une déception, ça je comprends...)
T'as peut être pas eu de chance. Il faut retenter le marathon et écouter son corps à l'entrainement pour en faire un partenaire; le beau chrono est au bout

hou la la....ça fait réfléchir quand même !!...

Bravo pour ton courage !
Bonne récup !