Tour du Mont-Blanc - Etape 3/5
- Xav
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--- Debleu, ici c’est la Suisse ! ---
D’après un très bon ami, finisher de plusieurs ultra trails, et ayant déjà expérimenté les courses par étapes, c’est toujours le troisième jour le plus dur. Malheureusement, je n’échappe pas à la règle. Après une nuit où j’ai pourtant dormi comme un bébé, je me réveille affamé et fourbu. Les premières douleurs font leurs apparitions : ma cheville droite est raide comme un coup de trique, mes chaussures d’ordinaire si confortables accueillent difficilement des pieds endoloris, mes genoux me font mal en descendant les escaliers, et j’ai une irritation au niveau de l’entre-jambe, probablement due aux manchons de compression, que je décide donc de ne pas utiliser aujourd’hui.
Etape 3 : Courmayeur (Italie) – La Fouly (Suisse)
Le profil de l'étape (Ne pas regarder la distance indiquée, j'ai fait ça à la va-vite. Le dénivelé est quant à lui représentatif) :
Profil TMB étape 3
Et le lien Garmin Connect (sans les données GPS, ma montre était à cours de mémoire et a écrasé cette étape... ) :
GC TMB étape 3
9h, je sors de l’hôtel, et il fait déjà chaud. Je passe par une épicerie dans le centre, puis essaie de retrouver le GR quittant Courmayeur, et me permettant d’aborder les deux difficultés (et demie) du jour : le col Sapin, le passage entre deux sauts (c’est la demie difficulté), et le grand col Ferret. Je ne trouve aucune indication pendant presque quinze minutes… Retour à la case départ, où je rencontre un jeune Espagnol aussi paumé que moi. Je passe par l’office du tourisme, et finit par dénicher les panneaux tant convoités. Au passage, je retrouve également le collègue espagnol, avec qui nous allons partager un bout de chemin tout en faisant connaissance. Une route, puis une piste carrossable, et nos chemins se séparent : lui part vers le refuge Bertone, moi vers le col Sapin. Pour l’anecdote, je pensais que l’UTMB empruntait le col Sapin, d’où mon choix. En fait pas du tout, l’UTMB passe par Bertone (les petits joueurs !! ), et le col Sapin me rajoute donc presque 800 m+ par rapport au parcours « classique »… Quand on aime, on ne compte pas !
Après être parti doucement pour tailler la bavette avec mon ami ibère, j’essaie de hâter le pas sur ce petit sentier dont la pente s’accentue régulièrement. Comme lors des deux premiers jours, le soleil cogne déjà fort en cette matinée. Je suis bien heureux de pouvoir profiter de l’ombre salvatrice offerte par une forêt de résineux jusqu’à la moitié du col. Sur la deuxième moitié en revanche, je suis en plein cagnard, la trace devient méchamment raide, je me sens lourd, j’avance au ralenti. En bref, j’en chie grave ! Heureusement, je peux profiter des vues superbes sur la face la plus spectaculaire du Mont-Blanc, ce qui me redonne du baume au cœur. J’atteins enfin le sommet, presque trois heures après avoir quitté Courmayeur. Je me tartine de crème solaire, mange une barre, et repart assez vite. Je préfère ne pas trop trainer ; vu mon allure aujourd’hui, je suis un peu anxieux pour les délais et la grimpette du grand col Ferret.
Un petit bout de descente, ça fait du bien de dérouler. Par contre, je loupe une bifurcation et pars trop bas. Heureusement, je m’en rends compte assez vite et fais demi-tour, mais c’est toujours rageant ! Surtout que j’avais pas besoin de ça aujourd’hui !! La demie difficulté s’avère être un calvaire, et ces malheureux 300 m+ me pompent une énergie folle.
Encore une fois, je bascule vite sur la descente suivante, où je prends pas mal de plaisir malgré la fatigue. Par contre, quelques alertes me rappellent que ma vigilance est sur le déclin : une réception un peu lourde après un « saut de cabri » pour éviter une pierre, un pied qui bute sur un caillou et qui manque de me faire tomber… Attention, l’accident n’est pas loin ! Sur cette descente, je fais un crochet de quelques hectomètres pour rejoindre le refuge Bonatti et remplir ma poche à eau. Il y a très peu de fontaines en Italie, et je préfère ne pas louper cette occasion de faire le plein. Je rejoins enfin le pied de la descente ; en cinq heures de course, je n’ai mangé qu’une malheureuse barre à la banane, et il est grand temps de se sustenter. Enfer et damnation !! Cette maudite tomme italienne n’a pas supporté la canicule : son goût est devenu écœurant, et je n’ai même pas de couteau pour enlever la croûte ! Je savais bien que j’aurais dû m’en tenir aux fromages bien de chez nous !! Quand bien même, je me force à manger avant de partir à l’assaut du grand col Ferret, point culminant de mon TMB avec ses 2537 m.
J’attaque le montée au pire moment : il est 15h passé, la chaleur est écrasante, et pas le moindre arbrisseau sous lequel s’abriter. Le premier tiers, jusqu’au refuge Elena, n’est pas très raide. Ici, j’en profite encore pour remplir ma réserve d’eau. Ensuite, ça devient très très dur, le sentier est pentu, je ruisselle de partout et les grosses gouttes de transpiration qui perlent sur mon front finissent invariablement dans mes yeux, ça me brûlent et m’empêchent d’y voir clair. En gros, je monte avec cette tête : Ces 1h20 de montée m’ont paru durer des siècles, et j’arrive enfin à la frontière italo-suisse, à presque 17h. J'en prends plein les yeux, qui cette fois-ci sont grand ouverts ! La vue ici est juste fabuleuse : d’un côté le val Ferret italien avec le Mont-Blanc, d’un autre le val Ferret suisse avec des sommets à perte de vue. Aussi, l’avantage d’y être si tard, c’est qu’il n’y a plus personne, que je peux en profiter pleinement, et que je vais pouvoir descendre sans gêner les randonneurs. Aller, ciao Italia, tu m’en auras bien fait bavé !!
La descente est superbe, et je retrouve des forces pour m’amuser dans ce petite monotrace, un peu roulant, un peu technique, juste comme j’aime ! Comme hier, c’est avec un large sourire que je dévale ces kilomètres. Le dernier tiers est moins intéressant, sur une large piste gravillonneuse. Les kilomètres finaux, une horreur, sur le bitume et en faux-plat descendant. Mes genoux et mon dos sont à bout, je suis obligé de marcher quand je ne trouve aucun rebord herbeux ou terreux où évoluer.
Ça y est, je vois enfin le gite Edelweiss, où je vais passer la nuit. Repas délicieux le soir, rencontre de cinq personnes vraiment sympathiques avec lesquelles je vais passer la soirée à discuter. Au fond de moi, j’espère sincèrement que mon pote avait raison, et que je viens bien de conclure la journée la plus dure. Parce que demain, ce qui est sûr, c’est que c’est la plus longue qui m’attend, avec plus de 40 km à parcourir. Si les sensations sont les mêmes, ça ne va pas être de la tarte…
Bilan : 37 km, 2200 m+, 1800 m-, 7h37’.
La suite, demain…
D’après un très bon ami, finisher de plusieurs ultra trails, et ayant déjà expérimenté les courses par étapes, c’est toujours le troisième jour le plus dur. Malheureusement, je n’échappe pas à la règle. Après une nuit où j’ai pourtant dormi comme un bébé, je me réveille affamé et fourbu. Les premières douleurs font leurs apparitions : ma cheville droite est raide comme un coup de trique, mes chaussures d’ordinaire si confortables accueillent difficilement des pieds endoloris, mes genoux me font mal en descendant les escaliers, et j’ai une irritation au niveau de l’entre-jambe, probablement due aux manchons de compression, que je décide donc de ne pas utiliser aujourd’hui.
Etape 3 : Courmayeur (Italie) – La Fouly (Suisse)
Le profil de l'étape (Ne pas regarder la distance indiquée, j'ai fait ça à la va-vite. Le dénivelé est quant à lui représentatif) :
Profil TMB étape 3
Et le lien Garmin Connect (sans les données GPS, ma montre était à cours de mémoire et a écrasé cette étape... ) :
GC TMB étape 3
9h, je sors de l’hôtel, et il fait déjà chaud. Je passe par une épicerie dans le centre, puis essaie de retrouver le GR quittant Courmayeur, et me permettant d’aborder les deux difficultés (et demie) du jour : le col Sapin, le passage entre deux sauts (c’est la demie difficulté), et le grand col Ferret. Je ne trouve aucune indication pendant presque quinze minutes… Retour à la case départ, où je rencontre un jeune Espagnol aussi paumé que moi. Je passe par l’office du tourisme, et finit par dénicher les panneaux tant convoités. Au passage, je retrouve également le collègue espagnol, avec qui nous allons partager un bout de chemin tout en faisant connaissance. Une route, puis une piste carrossable, et nos chemins se séparent : lui part vers le refuge Bertone, moi vers le col Sapin. Pour l’anecdote, je pensais que l’UTMB empruntait le col Sapin, d’où mon choix. En fait pas du tout, l’UTMB passe par Bertone (les petits joueurs !! ), et le col Sapin me rajoute donc presque 800 m+ par rapport au parcours « classique »… Quand on aime, on ne compte pas !
Après être parti doucement pour tailler la bavette avec mon ami ibère, j’essaie de hâter le pas sur ce petit sentier dont la pente s’accentue régulièrement. Comme lors des deux premiers jours, le soleil cogne déjà fort en cette matinée. Je suis bien heureux de pouvoir profiter de l’ombre salvatrice offerte par une forêt de résineux jusqu’à la moitié du col. Sur la deuxième moitié en revanche, je suis en plein cagnard, la trace devient méchamment raide, je me sens lourd, j’avance au ralenti. En bref, j’en chie grave ! Heureusement, je peux profiter des vues superbes sur la face la plus spectaculaire du Mont-Blanc, ce qui me redonne du baume au cœur. J’atteins enfin le sommet, presque trois heures après avoir quitté Courmayeur. Je me tartine de crème solaire, mange une barre, et repart assez vite. Je préfère ne pas trop trainer ; vu mon allure aujourd’hui, je suis un peu anxieux pour les délais et la grimpette du grand col Ferret.
Un petit bout de descente, ça fait du bien de dérouler. Par contre, je loupe une bifurcation et pars trop bas. Heureusement, je m’en rends compte assez vite et fais demi-tour, mais c’est toujours rageant ! Surtout que j’avais pas besoin de ça aujourd’hui !! La demie difficulté s’avère être un calvaire, et ces malheureux 300 m+ me pompent une énergie folle.
Encore une fois, je bascule vite sur la descente suivante, où je prends pas mal de plaisir malgré la fatigue. Par contre, quelques alertes me rappellent que ma vigilance est sur le déclin : une réception un peu lourde après un « saut de cabri » pour éviter une pierre, un pied qui bute sur un caillou et qui manque de me faire tomber… Attention, l’accident n’est pas loin ! Sur cette descente, je fais un crochet de quelques hectomètres pour rejoindre le refuge Bonatti et remplir ma poche à eau. Il y a très peu de fontaines en Italie, et je préfère ne pas louper cette occasion de faire le plein. Je rejoins enfin le pied de la descente ; en cinq heures de course, je n’ai mangé qu’une malheureuse barre à la banane, et il est grand temps de se sustenter. Enfer et damnation !! Cette maudite tomme italienne n’a pas supporté la canicule : son goût est devenu écœurant, et je n’ai même pas de couteau pour enlever la croûte ! Je savais bien que j’aurais dû m’en tenir aux fromages bien de chez nous !! Quand bien même, je me force à manger avant de partir à l’assaut du grand col Ferret, point culminant de mon TMB avec ses 2537 m.
J’attaque le montée au pire moment : il est 15h passé, la chaleur est écrasante, et pas le moindre arbrisseau sous lequel s’abriter. Le premier tiers, jusqu’au refuge Elena, n’est pas très raide. Ici, j’en profite encore pour remplir ma réserve d’eau. Ensuite, ça devient très très dur, le sentier est pentu, je ruisselle de partout et les grosses gouttes de transpiration qui perlent sur mon front finissent invariablement dans mes yeux, ça me brûlent et m’empêchent d’y voir clair. En gros, je monte avec cette tête : Ces 1h20 de montée m’ont paru durer des siècles, et j’arrive enfin à la frontière italo-suisse, à presque 17h. J'en prends plein les yeux, qui cette fois-ci sont grand ouverts ! La vue ici est juste fabuleuse : d’un côté le val Ferret italien avec le Mont-Blanc, d’un autre le val Ferret suisse avec des sommets à perte de vue. Aussi, l’avantage d’y être si tard, c’est qu’il n’y a plus personne, que je peux en profiter pleinement, et que je vais pouvoir descendre sans gêner les randonneurs. Aller, ciao Italia, tu m’en auras bien fait bavé !!
La descente est superbe, et je retrouve des forces pour m’amuser dans ce petite monotrace, un peu roulant, un peu technique, juste comme j’aime ! Comme hier, c’est avec un large sourire que je dévale ces kilomètres. Le dernier tiers est moins intéressant, sur une large piste gravillonneuse. Les kilomètres finaux, une horreur, sur le bitume et en faux-plat descendant. Mes genoux et mon dos sont à bout, je suis obligé de marcher quand je ne trouve aucun rebord herbeux ou terreux où évoluer.
Ça y est, je vois enfin le gite Edelweiss, où je vais passer la nuit. Repas délicieux le soir, rencontre de cinq personnes vraiment sympathiques avec lesquelles je vais passer la soirée à discuter. Au fond de moi, j’espère sincèrement que mon pote avait raison, et que je viens bien de conclure la journée la plus dure. Parce que demain, ce qui est sûr, c’est que c’est la plus longue qui m’attend, avec plus de 40 km à parcourir. Si les sensations sont les mêmes, ça ne va pas être de la tarte…
Bilan : 37 km, 2200 m+, 1800 m-, 7h37’.
La suite, demain…
Last Edit:il y a 12 ans 3 mois
par Xav
Pièces jointes :
Dernière édition: il y a 12 ans 3 mois par Xav.
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- deru84
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Réponse de deru84 sur le sujet Re: Tour du Mont-Blanc - Etape 3/5
Posted il y a 12 ans 3 mois #182059
Riiiicolaaaa !
Alors, elle est pas belle la Suisse ?
T'as l'air d'en avoir bien bavé, mais tu es allé au bout, tout seul en plus
La route goudronnée entre les Ars et la Fouly on l'avait faite lors de la Traversée en juillet....mais au début de la course. Après plus de 30 km, je comprends que t'en aies chi... sur ce bout-là même si ça descend
La suite ! La suite !
Alors, elle est pas belle la Suisse ?
T'as l'air d'en avoir bien bavé, mais tu es allé au bout, tout seul en plus
La route goudronnée entre les Ars et la Fouly on l'avait faite lors de la Traversée en juillet....mais au début de la course. Après plus de 30 km, je comprends que t'en aies chi... sur ce bout-là même si ça descend
La suite ! La suite !
par deru84
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- Xav
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deru84 écrit:
Si c'est clair ! Comme je l'avais déjà dit sur mon suivi, c'est vraiment un beau pays.
Par contre, les choses vont un peu se gâter demain, attends un peu pour voir...
Alors, elle est pas belle la Suisse ?
Si c'est clair ! Comme je l'avais déjà dit sur mon suivi, c'est vraiment un beau pays.
Par contre, les choses vont un peu se gâter demain, attends un peu pour voir...
par Xav
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- acera
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Réponse de acera sur le sujet Re: Tour du Mont-Blanc - Etape 3/5
Posted il y a 12 ans 3 mois #182116
Xav écrit:
Je suis sûr que tu auras été en jambe.
Merci et à demain alors.
Ho bah non, faut pas nous casser le suspens...Par contre, les choses vont un peu se gâter demain, attends un peu pour voir...
Je suis sûr que tu auras été en jambe.
Merci et à demain alors.
par acera
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- deru84
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Réponse de deru84 sur le sujet Re: Tour du Mont-Blanc - Etape 3/5
Posted il y a 12 ans 3 mois #182120
Xav écrit:
T'as pas honte de nous laisser en plan comme ça ?!?!?
Sa..dique !
Vivement demain
Par contre, les choses vont un peu se gâter demain, attends un peu pour voir...
T'as pas honte de nous laisser en plan comme ça ?!?!?
Sa..dique !
Vivement demain
par deru84
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- Ymeguira
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Réponse de Ymeguira sur le sujet Re: Tour du Mont-Blanc - Etape 3/5
Posted il y a 12 ans 3 mois #182125
Eh ben, c'était pas de la rigolade cette étape!!!
A demain Xav pour de nouvelles aventures!
A demain Xav pour de nouvelles aventures!
par Ymeguira
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